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instants philosophie

L'être de conscience comme non-humanité

19 Octobre 2013, 10:38am

Publié par pascal doyelle

La réflexivité est donc ce qui est arrivé à l’humain. Ça ne se comprend que de la sortie des mondes particuliers, qui se fondent sur une synthèse immédiate ; ce qui apparait est vrai, est vraiment tel que cela se montre, puisque en ce cas l’apparition des choses et des êtres est aussi « comme ils sont dits, parlés », et que la parole est aussi « ce qui est échangé ». Parole-groupe-monde se composent synthétiquement.

On présente habituellement la révolution interne (quoi qu’en réalité elle soit externe, on y est projeté dans l’externe, le dehors) comme étant celle de la raison ; mais la raison est philosophiquement plutôt la théorie de ce qui arrive partout tout à coup à l’humanisation ; la philosophie est la réflexivité sur la réflexivité qui commence à se propager en tous domaines. Comme telle elle accélère mais aussi produit un surcroit de réflexivité.

Cela permet de réintégrer la pensée chrétienne dans le pensable ; mais évidemment alors ce que l’on nomme « raison » devient une partie de la réflexivité généralisée. Et par exemple il n’est plus question d’être en mesure de rassembler tout le devenir sous le concept hégélien ; qui présente que la réflexivité débouche, aboutit, se réalise comme savoir absolu. La conscience n’est pas le conscient.

Mais de même la conscience n’exclue pas du tout le conscient ; pareillement le libre pur initié par Descartes ne s’oppose en rien à la vérité (comme horizon idéal présenté par le Pensée dont l’universalité serait la borne, l’essence même de l’homme ; en tous cas de l’homme comme animal raisonnable, ce que depuis les chrétiens on a dépassé de fait, pour qui l’homme est l’individualité retournée par le regard indéfiniment réel, retourné au sens propre comme figuré).

C’est qu’il faut concevoir que la conscience n’exclue pas le conscient, la pensée, etc, (ni la mémoire ou le corps d’un autre point de vue) ; elle est, conformément à la description cartésienne, le dispositif des dispositifs.

Or cependant elle n’exclue rien, mais ce mécanisme (sans doute produit par et dans la cervelle mais qui se lance vers le monde « là » donné surface étendue autre, que l’on connait pas a priori) bouleverse intégralement ; dépasse le langage, le commun, requiert des phrases pour s’exprimer et non plus seulement des mots (qui tombent eux dans le domaine public pour ainsi dire, qui montre des choses, or le réflexif ne se montre pas, il s’élabore de sa forme vide), et comme le dit mécanisme admet toutes les altérités possibles (il n’adhère en aucune, il n’est pas composé en lui-même et donc peut entrer en composition de tout ; des physiologies aux signes), ce mécanisme produit ; il produit des articulations.

Articulations que sont les universalités (grecs par ex, puis des sciences objectivistes, le droit, etc) ou les devenirs consciences de l’acculturation chrétienne (sous le regard indéfiniment réel de dieu, qui a-déjà-fait-retour en chacun, par le christ, insufflant un parcours interne en chacun), mais ce sont aussi à partir de Descartes qui en est la première conscience unique et immanquable, la propagation de fait des consciences premières ; et là il en existe des tas ; ce qui se dit « conscience première » est indéfiniment et creuse à même son être, subissant le poids de l’exigence, de l’exigence structurelle de la réflexivité.

Chacun le sait bien ; il subit ce poids, le poids du mécanisme de conscience. Lequel est d’une si absolue positivité (il absorbe tout et n’importe quoi, conduit partout et n’importe comment, transmute et relève tout ce qu’il rencontre) que, produit de la cervelle, il surgit toujours parfaitement identique formellement à lui-même. Il ramène sans cesse le Même, et on ne peut en rien le contredire puisque c’est une forme pure sans rien, sans contenu, qui s’joute à n’importe quel donné ; il ne ramène pas le Même contenu ou la même intentionnalité précise ou le même horizon projeté ou reçu, il est purement mécanique.

Le problème est que tout mécanique qu’il soit, il est un se-sachant. C’est cela même qui le rétablit constamment comme lancée vers le monde donné « là » ; il est clair qu’il ne peut pas s’élancer vers le monde, sans se garantir d’une unité de soi-même, mais celle-ci est évidemment vide ; tout comme il est un rapport-vers-le monde donné, il est un rapport-vers soi. Lequel ne contient rien.

Autrement dit on ne peut pas dériver la conscience-de de quoi que ce soit ; elle est un Réel, de même que l’on énonce ; l’être est, et on ignore « ce que » cela est. On les constate tels quels. Elle est un être indérivable (et non une notion, une idée ou un concept, ni même une intuition à proprement parler, ni un idéalisme ou une identité). En tant que telle, la conscience est a-humaine ou non-humaine ; l’humain est un effet de son être.

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