Du devenir archi réel
Chacun est donc l’expérience mené par son existence propre dans le monde, le donné, le vécu. Puisque l’on a inventé la personnalisation, cela consiste à amener notre être réflexif qui s’isolait auparavant dans l’universel, la vérité, l’intellectif, à l’amener dans le concret, dans le vivant, dans l’éprouvé. Au principe directeur de la vérité succède le second : le libre pur. Ce qui renvoie chacun à son être en propre.
Par cela la personnalisation est effets indéfinis, innombrables, de notre être ; ce par quoi chacun cherche à devenir l’être qu’il est. Comme le libre existe en et par lui-même, il se sépare de fait de l’universalité ; il devient sa propre charge mais puisqu’il est libre, il contient déjà la vérité et l’universel comme exigences, il est assujetti à la vérité et à l’universel, et son être tout libre qu’il soit, n’existe pas, ne pourrait pas exister sans (se) garantir (de) la vérité ou l’universel. Ce qui va contre toute l’expérience immédiate de sa liberté ; il lui faut un effort pour passer outre sa possibilité, et remonter jusqu’à l’universalité dont il est issu.
Sujet de vérité et sujet de liberté. Conditions de vérité et conditions du sujet. Par quoi l’on voit que conditions de vérité ne signifie pas seulement conditions techniques, logiques, de vérité mais conditions qui permettent la réalisation d’un être-qui-pense ; conditions qui doivent rendre compte de « pourquoi existe la pensée », de même que plus tard ; à quelles conditions existe un sujet libre ? Ce qui vaut de Descartes à Nietzsche ou Sartre, de la psychanalyse à Marx. Etc.
Dans la mesure où la pensée (réflexive) n’est pas la raison (système dogmatique qui croit qu’il est le vrai, qu’il est La vérité, ce qui ne se montre pas dans les textes réels, qui atermoie constamment et ne sont pénétrables que de se tenir à distance, et que par exemple le doute est inséparable du cogito, que ça n’est pas le cogito qui formule la pensée cartésienne mais le doute-cogito-infini-étendue-corps, tout ensemble, chaine de raisons et chaine de réflexivités ),
de ce qu’elle est réflexivité (réflexivité sur la réflexivité généralisée qui remplace les mondes particuliers par le monde unique, universel), la philosophie n’impose pas une vérité mais remonte dans la réflexivité même et installe les conditions de cet être spécifique. De sorte que la vérité élabore peu à peu un système formel de même que les sujets, suite de Descartes, proposent les conditions de sujets. Ce par quoi l’on voit que ni la vérité ni le libre ne sont évidemment contraignant ; ils font-être. Ce qui se voit partout ; la vérité comme principe impose ceci « que la vérité soit, en quantités », ou le libre que chacun soit à lui-même ce qu’il devient, innombrablement.
C’est que l’universalité et la vérité ne s’établissent pas comme résultats et rouleau compresseur, mais comme système formel de la vérité (celui qui rend les vérités possibles, qui permet, autorisent les vérités à se produire), et cette vérité-et-universalité a créé, inventé, construit un être réel ; un être pour la vérité ; de même que plus tard sera créé un sujet de liberté.
Dans la mesure où la philosophie remonte dans la réflexivité (la philosophie est ce qui réfléchit, ce qui pense « ce qui est arrivé » à l’humanisation, qui se dispersait dans des mondes particuliers, et qui au sortir de ces mondes, découvre qu’il faut réfléchir ce que l’on fait … ce qui donne la politique, l’esthétique, l’éthique, l’idéel et la connaissance, mais aussi l’humanisation et la personnalisation qui se lancent tous à ce moment là, la réflexivité existant de fait vers elle-même, la réflexivité réfléchit et donc se réfléchit a fortiori instantanément),
dans la mesure donc où elle remonte dans la réflexivité, la philosophe élabore les conditions de la réflexivité ; non seulement selon la vérité mais aussi plus tard, à partir de Descartes, les conditions de la liberté ou conditions du sujet. Il ne faut pas lire autrement (du moins essentiellement) les sujets qui suivirent Descartes ; remonter dans les conditions d’exercice de la pensée, tel Kant ou de son devenir, tel Hegel, c’est élaborer les paramètres des sujets de liberté. Mais tout autant lorsque Nietzsche veut comprendre comment devenir « qui il est », et aussi révoltées et existentielles et séparées soit ces réflexivités ; le libre, le sujet libre est essentiellement séparé et autre ; il ne peut plus subir la raison, mais il est toujours acquis à la vérité et à l’universalité.
Ce qui se résume par : la vérité se partage, la liberté se propage. Ce qui revient au même, sauf que la liberté venant en seconde part, elle doit continuer, maintenir la vérité.
La vérité comme principe et donc comme être réel, et la liberté comme être réflexif en et par soi, ne sont nullement des facilités et s’usent à épuiser les vérités et les choix ou les inventions de personnes. Il nous est donc un devenir de devenirs, ce qui n’assure aucune tranquillité ou aucun bonheur ou aucune plénitude.
Cependant il est un être réflexif (qui crée des contenus, des milliers de contenus et des milliards de sujets), mais il existe. Autrement dit cette réflexivité, même si elle n’est rien, qu’elle est formelle, est un être ; spécifique qui non pas contient un programme (elle ne contient rien du tout mais utilise les contenus, la détermination, le corps, les sociétés humaines, les langages), non un programme (comme anciennement ce que l’on croyait de la raison, bien que dans les textes la « raison » parait plutôt la complexification d’une exigence qui éreinte ce qu’elle pense), non un programme mais son programme est sa structure. (elle ne s'embarasse pas de valises en fait)
Il existe donc en cet être, une structuralité dont on ne sait pas comment et où la caser ; l’élaboration d’une ontologie de cette structure est ainsi la suite de la question « qu’est-ce que penser, que peut ou veut-elle ? » du monde grec, par qu’est-ce que cet être et que veut ou peut-il ? Ce dont on ne sait rien très précisément.