La richesse des signes
Notre être n’est donc nullement un pathos. Ça n’est pas une soumission ou une dégradation ou un désespoir. Notre être est intégralement ce qu’il est, puisque notre être n’est pas une composition, mais une forme sans contenus, et c’est cette forme qui est l’articulation fondamentale vers le donné « là », en tant que la conscience sort de la cervelle et est arcbouté sur « ce qui est ».
Ni de ce qui est, ni de notre être on ne saurait décrire, penser, imaginer ce qu’ils sont ou ce qu’ils peuvent devenir. il est manifeste que tout ce qui est, nous y compris, sommes en mouvement ; l’univers, la réalité, l’être est un devenir, mais un devenir en cours, un devenir dont on ne peut pas définir qu’il est « devenir », et s’en tenir là ; nous sommes en, dans, par ce devenir, il est en cours de réalisation et cette réalisation ne peut pas être figée, même en la pensant comme « devenir » ; tout ce que l’on en pensera est déjà-encore dans le cours de ce qui est.
Or pourtant il est apparent que notre être comme forme sans contenu, est tout à fait adéquate à ce mouvement ; il faut un être purement formel pour tracer ce devenir lui-même ; toutes les compositions passent, et notre moi lui-même est variant. Pourtant donc l’identité parce que formelle, demeure. C’est cette articulation qui joue aux fines pointes éloignées de ce qui est, de ce qui se présente à nous de ce qui est. Et pour cette raison il faut se subtiliser, se rendre subtil, et il n’est rien de plus subtil que les signes qui sont des rapports qui engendrent de la conscience modifiant en intensité et en extension son Possible.
On ne sait pas quelle sorte de conscience engendreront tels ou tels signes, et ce sont de leurs sens que l’on s’orientera ou désorientera plus tard, plus loin, autrement.
La conscience est donc « cela qui est adéquat » au mouvement même de ce qui est. et l’on ne put décrire maintenant ce qu’elle sera ou pourra être, mais il nous est admis que l’on soit l’attention portée aux signes qui orientent ou désorienteront notre être ; la conscience est une forme, une et parfaite (puisque forme) mais qui (parce que forme) peut devenir ; c’est la qualité, l’intensité, l’extension de la conscience que l’on a des distinctions et donc des signes dans le monde, qui fait devenir cette forme au travers de ce qui est. Autrement dit on ne devient pas sans devenir en conscience. Cela même sur quoi nous avons accès ; on ne peut pas vouloir ce que l’on veut (il est mille résistances et cent mille impossibilités), mais on peut orienter antérieurement ce qui est possible.
Le moi désire. Il désire une fixité, un « être » qui ne peut pas se trouver ; parce que contrairement à ce qu’il croit, le moi est et n’existe que par son sujet, par son être de conscience volatile, laquelle n’est pas une solidité mais une forme. Autant il voudrait reconnaitre son visage, autant notre être n’a pas de représentation, de visage, d’identité qui serait déterminée ; le un de la conscience est purement un individué. Non pas individuel, au sens d’individualité (elle n’est rien), mais individuel au sens d’individué radicalement un puisque seulement et rien que formel. Mais elle « est » cette unité ; elle n’est rien mais elle est. Elle ne contient pas de programme mais parce que sa structure est le programme ; ce qui est, obtient là donc d’inventer un être qui sans être quoi que ce soit, est structurellement son information et ceci parce que cette structure est une mise en forme ; nous engendrons en tant que forme parce que nous sommes la, les mises en forme ce « ce qui est ». Notre être est attaché, acharné à l’être, à « ce qui est », et adore la multiplicité et les variations, les intensités et l’extensionalité de notre être, de notre possibilité, et devrait tendre à se rendre subtil, à splitter les apparences, les apparescences, les remontées multicolores de ce qui est.