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instants philosophie

L'horrible sujet (n'est pas le moi)

18 Juin 2014, 09:10am

Publié par pascal doyelle

Il n’est donc en aucune manière question d’un manque qui nous creuserait par en dedans, glapissant ici et là en demande d’on ne sait quoi.
La réalité est plutôt que nous ne comprenons pas ce que nous sommes, et que l’immédiateté nous oriente hors de notre structure ; puisque cette structure est non visible et qu’elle n’est pas destinée du tout à être représentée. L'immédiateté est ce que l'on voit, ressent, ce corps ou via ce corps.
Alors le moi, soit donc la formulation actuelle de cette structure (qui auparavant se créait comme pensée, puis comme sujets, grands sujets), le moi recherche abusivement dans une composition ce qui existe formellement et ne pourra jamais entrer en quelque composition que ce soit.
C’est ce que signifie que la philosophie soit incompréhensible ; il faut l’actualiser en sa propre structure pour qu’elle devienne agissante. De même qu’une œuvre, une esthétique nous passionne en ce qu’elle lance notre articulation dans le réel, ou que la révolution agite notre possibilité au-delà du donné, ou que l’éthique dessine une vie mesurée au plus haut d’elle-même (fut-ce dans un dés-ordre, l’éthique n’est pas la morale).
Pareillement nous ne sommes pas forcés de véhiculer un moi normé, et l’on voit bien que les personnalisations partent parfois en tous sens, deviendraient-ils alors invivables. Les désordres du moi manifestent les possibilités, de la dégradation à l’amplification, de la structure agissante en un corps.
C’est la dose surabondante de notre être structurel qui travaille la réalité, la réalité humaine ou personnelle. De cet être formel, sans manifestation mais qui provoque à être, indifférent quasiment au bonheur ou à l’humanisation (puisqu’il surgit après la révolution universelle qui a réordonné l’humain, ayant fondation d’universalité, et que réalisé, il pousse chacun vers l’accentuation de la réflexivité là où il est ; dans son vécu même, dans ce corps).
C’est donc que depuis les grecs, ensuite des chrétiens, ce qui est apparu dans le monde est notre être même (et non pas une idée de notre être). Qu’ainsi nous sommes toujours constamment au bord du monde, de la réalité, de l’humanisation, de la personnalisation, et au bord de notre moi ; prêts à basculer.
Mais cela ne peut se faire ; parce que le bord est la structure et qu’elle ne se réalise pas elle-même comme détermination, qu’elle est formelle et entoure la réalité ou plus exactement se lance comme réarticulation ; elle observe absurdement, inhumainement « ce qui arrive » en réorientant ou désorientant la réalité donnée, déterminée ; elle lance les dès. En ceci la science a raison et le moi également de se connaitre comme étant cette personnalité là, précise ; il n’existe que de la détermination, objective pour les sciences, objectale pour les mois ; sauf la structure.
Qui n’appartient à rien, à personne, ni n’appartient pas à elle-même ; sinon elle serait composée et donc limitée et donc inexistante, non viable, inutile ; c’est parce qu’elle est la fonction de conscience qui surgit de la cervelle vers le donné là, que la conscience fut « inventée » non par la nature, (ce serait soumettre une trop localisée pensée) mais par le donné ; le donné « là ».
Le sujet est celui qui ne veut pas se substituer au départ de conscience (c’est impossible ; on ne peut pas « se » remplacer, remplacer cet être qui surgit de la cervelle, diable dans la boite), et il est en partie faux et en partie vrai que la philosophie veuille circonvenir cet être de départ, le départ de conscience ; elle imprime que ce serait la pensée, mais comme la pensée est bien complexe, voir tordu (par les grands auteurs, ceux qui pénètrent suffisamment dans l’archi –architecture sous les idées vers l’Idée des idées, le Un qui n’a pas d’être de Plotin, l’esprit hégélien qui n’est en aucune de ses œuvres, la volonté de la volonté par en-dessous, etc), ça n’a plus rien à voir avec l’interprétation de la pensée comme raison (étale et là au devant, objectivement).
Le sujet ne veut pas se substituer au départ de conscience mais l'existe, mais par contre admet que « ça surgisse », et que ça n’appartient pas, ça définit mais ça n’est pas définissable (il faut donc parvenir à maintenir, nécessité impérative, toute la définition, le définissable d’un monde, d’une identité pour passer outre ; il faut penser tout, pour extraire le sujet qui ne pense pas, ça en revient pas à « ne pas penser » mais à épuiser le monde ou le donné (pour la science) ou la psychologie (les mois parfois veulent épuiser leur moi, fut-ce tragiquement, horriblement) ; la structure est en-plus (il faut connaitre l’antérieur monde) et par ailleurs (admettre que l’être est structurel, qu’il est l’autre absolu et indescriptible, selon le un au-delà de l’être ou l’idée des idées ou selon la volonté cartésienne antérieure à la raison, ou selon la volonté de la volonté).
Le sujet n’est donc pas une facilité, mais le basculement d’un monde, d’un moi, d’un donné. le moi est lui aussi le basculement de sa personnalité même, l’envers de son identité ; il se fascine par son conscient, son exprimé, mais il pense, il pense quantité de mouvements irréguliers, il lui vient des tas d’idées qui sont aussi des mouvements du corps, des appels soudain ; est-ce que l’on s’occupe la cervelle uniquement de ce que l’on « dit » ? Est-ce que l’on ne pense pas, n’invente pas des tas de possibilités au cours d’une même journée à propos de tout et n’importe quoi ? N’est-ce pas cette invention du moi continuelle, l’océan de variations qui malmène, éperdue, un conscient lui défini et que seul on retient, que seul on mémorise, qui confectionne une identité mais égarée sur l’océan des « idées-images-vairations- gestes » qui nous viennent ? On oublie constamment ce que l’on est.

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