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instants philosophie

Le mécanisme qui nous joue

1 Octobre 2014, 08:07am

Publié par pascal doyelle

Que ça n’a pas de sens, parce que "ça" est le sens.

Ce qui est apparu, par les grecs et les chrétiens, s’existe donc comme articulation au réel. Il est hors de question d’annuler ce qui s’est écrit comme raison ou rationalité, mais d’être saisi de ce qui a produit l’ensemble de l’acculturation (qui est une culturation hors sol, pour ainsi dire, à la fois la culturation universelle d’un monde unique fondé sur notre-être, unique en tout et partout, et une acculturation, la privation de toute culture localisée en un monde particulier humain, en une immédiateté donnée là, au profit de l’unique monde réel).

Il y eut une telle saisie antérieure à l’humain par Heidegger ; qui a su percevoir comme notre-être n’est pas le nôtre mais que nous lui appartenons, que nous en sommes les effets, qu’il est un décalage ontologique fondamental. Mais d’interpréter que cette dimension ontologique outrepassait l’humain, et la personnalisation, l’a fourvoyé dans une non rationalité, voir une irrationalité (bien que comme tout philosophe, il soit tenu de par sa structure même à rendre compte objectivement de l’établissement ontologique, que l’écriture l’astreigne à une exposition, une exhibition, une re-présentation de cet-être dans son « là », son lieu, le lieu ontologique qui se prédispose à accueillir notre-être).

Cela revient à dire que si ce qui apparait par les grecs et les chrétiens est la réflexivité, l’installation de la forme vide mais qui n’est pas rien, qui est en sa nature un être spécifique (la conscience-de débarrassée de tout contenu, qui ne se connait plus comme contenu mais se sait comme structure, qui se-sait), si ce qui apparait est la réflexivité, celle-ci n’est ni rationnelle ni irrationnelle ; raison et pensée sont des effets de sa potentialité, de même que l’humain et la personnalisation sont des effets, des résultats de l’articulation au réel, de notre-être.

Dénommer notre-être par un tiret, c’est à la fois avancer que c’est le nôtre et qu’il est existe en nous ou par nous (comme un être spécifique qui n'est pas "nous", il se-tient par le tiret). Mais ne nous ressemble pas. Pour la raison qu’il ne ressemble à rien. La réflexivité est ce qui a un rapport vide à (soi) ; un tel être est et n’est que ce rapport qui exclut tout les autres. Ce rapport supporte les sus dits effets, l’humain et la personnalisation, la pensée ou l’acculturation, etc, mais il est et n’est que le rapport à (soi). Le soi est entre parenthèses, puisque l’on ne sait pas ce qu’est ce (soi). On peut le nommer esprit ou âme ou sens ou sens de la vie, ou identité du moi, ou sujet au sens caricatural (qui n’a rein à voir avec son sens réel, qui est impossible), mais ce sera du remplissage de la formule vide de notre être.

Rappelons que « vide » signifie vide de contenus (aucun contenu n’est égal à son origine, n’est plus grand que sa cause), mais que ce vide est une structure, un être réel (qui ne parvient pas, ne peut pas s’écrire, se dire, se représenter ou se satisfaire en quoi que ce soit, et pour cela notre-être épuise toutes réalités, naturelles ou humains ou personnelles, le moi , de chacun, étant lui aussi travaillé, torturé par cet-être).

On peut supposer qu’il existe un contenu ou qu’il existe une « conscience » qui soit comblée. On peut même l’imaginer (en réalité on en peut que cela ; l’imaginer). Mais tout contenu imaginé est pris entre la conscience et "elle-même" ; or il n’y a pas de cet "elle-même", de seconde conscience qui double la première. Il n’est que la première. Ce mouvement revient sur le contenu ; en réalité il n’est qu’un seul départ, toujours le même, et le retour n’est jamais accompli ; aucun contenu ne se referme sur lui-même, la conscience traverse constamment tout contenu. Elle surgit dans la cervelle s’englobe d’un contenu, et croit ce contenu ; en réalité elle revient toujours identique et vide en son départ (qu’elle ne quitte, en vérité et en réalité, jamais). Elle est uniquement une source, qui tente de se supporter (au deux sens) en s’imaginant être.

Par « conscience » on entend habituellement un contenu (conscience morale, pensée, conscience de soi, et non de (soi), signification ou sens de la vie, etc, mais aussi un contenu subjectif ou objectif), mais c’est uniquement un mécanisme. Ce que l’on nomme sens, esprit, âme, etc, est seulement la même conscience supposée par devant elle-même, mais en réalité elle suppose et exclusivement du même point premier ; il n’y a qu’un. Ce qu’elle forme dans le retour vers ce point originel elle se le prête comme sens (d’une manière générale) mais il ne se substitue jamais à l’originel.

Et cette structure originelle est ce en quoi avance la philosophie.

Tout ce que l’on va se prêter comme sens (de manière générique et ce qui dénomme tout, littéralement, tout contenu, qui ne remonte jamais jusqu’à la structure) est imaginaire (ce qui veut dire reconstitué à partir de déterminations), mais le mouvement qui distribue et crée ou réoriente ces significations, est lui-même « ce qui est atteint » par la philosophie, soit donc le système formel tel que s’épurant au fur et à mesure de systèmes qui avancent non dans les contenus mais dans l’architecture du mouvement, le système formel est par la philosophie ce qui parvient à soutirer au fur et à mesure les indications qui supervisent toutes les significations, qui parvient à identifier que notre être est « ceci », un tel mouvement de structure (soit donc la conscience-de, forme vide, mécanisme, articulée au réel, qui la position toute autre sur quoi l'arc réflexe de la cervelle s'arcboute, la pure est simple position du réel unique).

La technique qu’est la philosophie, qui a maintenu rigoureusement son objectivité, est cela même qui expose, montre, décrit cette technologie inventée par la nature ou plutôt le donné-là, (et même le « là » de ce donné). La philosophie ne s’est jamais écartée de la prononciation la plus exacte possible au fur et à mesure de l’exploration qu’a entamée notre-être, cette étrangeté, ce rapport impossible et réel, l’exploration par cet-être, vide, de ce monde donné là.

De là que les explorations dernières paraissent à ce point étranges, étrangères, autres, tordues, difficiles, incompréhensibles, engageant sur des territoires non connus, effectuées par les grands sujets ; ceux qui prenant acquis le fait, l’os, le roc cartésien (ce que l'on nomme l'ontos), prolongent et réarticulent le sujet, impossible mais réel, ou le tentent ; depuis Descartes mais aussi depuis Stirner ou Nietzsche ou Heidegger ou Lacan, l’incompréhension règne puisque l’on est effectivement passé outre le barrière ; de même que les grecs ont outrepassé tout groupe-langage-monde immédiat. Cette étape du sujet est particulièrement horrifique ; parce que la structure est capable de dépecer et l’humain et le moi, la personne, son corps, son donné là.

Remarquons ceci ; ce que décrit Descartes ça n’est pas une idée, mais un être, il n’y a nul besoin d’être cartésien pour l’être … Descartes décrit un « être réel» qui s’existe en tout individu (et qui sera définitivement acté par la révolution unique, celle qui parcourt le monde universel, et acté par quantité d'expériences, d'empiries activistes d’éthiques, politiques, et plus encore esthétiques). C’est en ce sens là que la philosophie décrivant « ce qui arrive à l’humain » (au sortir de tous les mondes particuliers) est la réflexion, la discipline qui rend compte objectivement (ou hyper objectivement si l’on veut) de notre-être en état de marche (qui a cessé de relever des contenus et a commencé le système formel, de la vérité, de la liberté, de l’être-le-là).

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