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instants philosophie

L’exister originel

25 Juillet 2015, 06:24am

Publié par pascal doyelle

Nous ne sommes que des mois ; le moi est la création, l’incarnation la plus poussée de la structure (vide et formelle) de conscience (de la conscience qui n’est pas le conscient). Mais la structure de conscience ne peut pas être déterminée par avance dans le donné ; une structure, un rapport à (soi) (ce qu’est une conscience) s’acquiert de par elle-même, elle puise dans la ressource qu’elle est, en ceci qu’elle crée le ressort de son exister ; sinon elle ne serait pas une structure mais une chose, elle serait une identité et non un rapport (et on ne voit pas pourquoi le donné, la réalité aurait inventé une « conscience » si c’était pour qu’elle dépende d’autre qu’elle-même, outre que cela serait absurde et illogique ; une « conscience » est précisément « ce qui a rapport à (soi) » ; (soi) entre parenthèses puisque c’est justement ce (soi) que le rapport crée …)

Alors quand la raison, le naturalisme et le moi se projettent vers le donné là (ce qui est leur fonction) et lui stipulent un idéal, il est bien compréhensible que cet idéal n’y suffit pas ; ça déborde de toutes parts ; la conscience est plus grande et autre que le conscient. Ça déborde sur le corps, particulièrement (puisque outre que la « conscience » nait de la cervelle même vers le réel, il n’est de fait et en réalité qu’un corps qui soit effectivement réel, réellement stable, repérage massif, le reste ce sont des idées, des images, des signes, des mémoires, etc).

Le moi n’est pas dupe, dans le fond. Parce que le moi c’est une conscience-en-un-moi. Un moi n’est pas le sujet de réflexivité (de même que la conscience n’est pas le conscient) ; il faut apprendre à ne pas confondre le moi et le sujet ; le moi ignore son sujet (et il n’a pas grand mal ni tort puisque le sujet est impossible, mais l’effort qui remonte le long de l’acte de conscience est bien réel et produit, cet effort, quantité de vérités et de réalisations).

Le sujet est à l'inverse une re-construction intellectuelle ou intellective, tentée par cent et mille sujets (quitte à ce que ces sujets impossibles démolissent leur moi ou leur humanité ou leur identité ou leur corps) ; le sujet est une lente ou périlleuse remontée à partir de ce corps ou du monde donné là ou de ce moi tout emprunté (le moi est une synthèse élucubrative rassemblant comme il peut sa naissance et ses habits du dimanche, son corps et ses mémoires), remontée vers l’origine structurelle interne à la cervelle ; cervelle qui produit cet arc de tension, arc réflexe, vers le réel ; une conscience est vers le réel arcboutée, et elle est ainsi "à demie" ; toute cervelle est productrice d’un arc tendu vers le « là » du donné.

Un moi ne peut pas se lancer dans la restructuration de cette pointe de conscience dans le réel étirée ; aussi se postule-t-il de fait une identité ou plutôt elle lui est postulé (par la vie, le donné, le corps, les autres, et surtout par sa propre reconstruction antérieure par laquelle tout moi est obligé de se supposer à être « un-tel », sinon il ne peut rien unifier ou semblant d’unification).

Mais outre ce moi, qui est tout à fait une structuration effective dans la réalité, la vie, le corps (qui est la réflexivité intérieure à la déjà réflexivité qu’est l’humanisation universaliste de la révolution) il est un activisme spécifique qui s’est incarné, qui fut voulu par quelques uns, les grands sujets, entendant s’en prendre à leur être, ne sachant pas par quel bout y accéder (de Descartes à Lacan, de Sade à Rimbaud ou Ph K Dick, etc), et on nomme « sujet » l’ensemble de ces attachement supra normaux ou inhumains, incroyablement difficiles et parfois difficilement compréhensibles, tant la remontée dans notre être ou plutôt sur la pointe de notre être (« conscience » étant un réel extérieur à tout) aboutit à des zones bizarres dans un réel devenu étrange.

Comprenons

Descartes est le sujet fondamental parfaitement posé, exposé là, décrit avec lucidité et hyper objectivité ; structure de conscience qui sera développée par Kant (et Hegel dans ses devenirs de la négativité), cela selon l’externe, et par Husserl, et cela selon l’interne ; la structure en et par elle-même, indépendamment du monde, alors que Kant planifie, décrit la suréminence, celle qui surplombe l’accession au donné, la planification des consciences entre elles régulées par l’aperception transcendantale, à qui l’on doit tout.

L’ensemble des extensions de conscience sont peu à peu décrites, montrées et démontées ; N’oublions pas, par ailleurs, que « conscience » est une forme et n’a pas de représentation ; elle ne correspond à rien dans le monde ; on peut l’écrire comme volonté, raison, désir, dieu ou inconscient et ce outre les approches très exactes, les méta-figures de Descartes, Kant, Hegel et Husserl (puis Sartre avec sa dureté et netteté, qui relance l’aperception externe, dans le monde, les autres, le corps, l’ensoi, etc, après le retour interne sur elle-même que fut Husserl), les figures de la volonté et du désir, de l'angoisse et du délire, du corps maltraité et de l'humain bafoué s’emploient à non plus dessiner mais éprouver les mille et uns contours de l’activiste au vif de la conscience.

L’expression de l’impossible structure

On notera deux instanciations (dans le réel) parfaitement instantanées (dans ou hors du temps); depuis longtemps Eckhart et puis Nietzsche. Ici l’être de conscience n’est pas découpé, démonté, objectivé, mais vécu et ce qui est vécu c’est l’intuition directe de notre être, son lieu invraisemblable, son espace interne-externe ; ils développent l’expérimentation affolante et instanciée qui puise son épreuve non dans les caractères tout faits du monde, du moi, du corps, de l’humain, etc mais par-delà ou en-deçà dans l’intuitionnelle structure elle-même ; notamment en ceci ; l’immédiateté à lui-même du temps, la concaténation, l’engrenage qui n’obtient dans le monde, donné là vécu humain immédiat, aucune représentation ni aucun signe ; il faut créer structurellement les signes qui seront capables de mener du monde et des mémoires données là, à « ce qui n’a aucune mémoire ni aucun signifiant pour se dire". Eckhart et Nietzsche foudroient à partir du centre structurel même.

La difficulté est quasi invincible d’exprimer le réel et la structure qui n’ont aucun référent dans la réalité et le monde, le langage et les humanisations diverses (en aucun monde humain).

Inutile de chercher à vouloir déduire cet être de « conscience » d’un quelconque agencement dans le donné (langage, émotion, imaginaire, tout ce que l’on voudra) ; la structure « conscience » est en elle-même une émergence pure et simple ; c’est un fait pur et dur ; c’est un réel au même titre que le donné là ou plus exactement comme le « là » du donné. Autrement dit que pouvait-il arriver au réel sinon de se retourner sur et vers lui-même en inventant une telle structure de « conscience » ; autrement dit d’inventer un être ayant rapport à (soi) et inventant un tel être celui-ci ne pouvait s’affecter d’une ressemblance avec quoi que ce soit, puisqu’il est la ressemblance à (soi), et ce (soi), alors, est une forme pure et simple ; le (soi) manque toujours dans « conscience de (soi) » puisque le soi est justement et n'est que le dit rapport lui-même ; dans rapport à (soi), le soi en question est le rapport et non ce qui ici ou là en tient lieu.

L‘absence de négativité

Ce que l’on a nommé infini, éternité ou idéal (ou comme ici Altérité radicale) est la question de cet être ayant rapport à (soi) qui annule tous les autres rapports, non en ceci qu’il les éjecte mais en cela que ce rapport étant vide et formel, les autorise tous. Si il n’était pas « manque » aucune possibilité n’émergerait ; et de ce fait il n’est pas « manque » du tout, il n’est pas néant mais surcroit, en-plus, suréminence. Il n’est pas manque à être ni donc désir d’un objet infini ou quoi que ce soit du même genre, mais parfaitement et également ce qu’il est en tant que structure ; qu’il cherche à se motiver à être en laissant miroiter un objet quelconque ou infini, pourquoi pas … mais ça ne correspond en rien à la certitude interne de cette structure en forme de « rapport ». Et comme tel ce rapport s’utilise comme il se doit ; il produit, il se déverse, il transcende, il surexiste.(au lieu de s'enfermer dans un gourpe langage monde ou dans un moi).

La structure en une fois du réel

Si la structure n’est pas un manque à être ou un "néant qui néantise", alors elle se déplace dans une dimension existant étrangement ; et on a reconnu que cette dimension est ce dont nous sommes le moins du monde séparés, la dimension qui ne nous quitte jamais ; le présent. Que notre-être soit cet-être (par Descartes qui le pose « là » sur l’étendue du monde, sur l’étendue de l’être en installant au bord du monde un Exister qui se-sait), cette conscience de pure Altérité (puisque autre que tout ayant rapport à (soi) et le (soi) pas même identifiable, donc Altérité brutale et sauvage ontologiquement), signifie que d’une part le monde est ce donné là, cet océan gigantesque de déterminations immanentes, et donc entièrement positivement réel (bien que d’une manière singulièrement étrange et non humaine, que l’on songe aux quantités d’univers potentiels, par ex, mais un seul suffit), mais que d’autre part le « vide » que nous sommes, prétendument, n’en est pas un mais une positivité accrue, un ajout dans l’ensemble de tout, un en-plus qui imperturbablement installe son déversement fou et retors (puisqu’il fait-retour), au sein même d’une réalité effarante et non-humaine.

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