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instants philosophie

La douleur insaisissable

29 Juillet 2017, 11:26am

Publié par pascal doyelle

L’occidentalisation c’est ce processus qui a sorti l‘articulation de notre être, face au réel, hors de tout monde particulier, de tout monde cyclique, et processus qui a commencé d’identifier à la fois le réel et notre être et cette articulation de l’un à l’autre.

Et cette expérimentation peut être figurée très étrangement comme suit ; « je suis Jean-Pierre », on voit bien qui est Jean-Pierre, mais qui est « je » ? Autrement dit quel est le point qui perçoit ? De où perçoit-on ? C’est d’entrer, de pénétrer dans cette fonction, à l'intérieur de cette forme (par laquelle tout le reste apparait ou disparait) qui est exploré par l’occidentalisation. Que dieu soit le regard ou que la pensée soit la distinction de tout ce que l’on peut percevoir (une idée est la distinctivité en marche) ou que le sujet soit le retour sur ce regard par lui-même et que l’altérité soit l’immersion du regard dans le monde donné là, monde aveugle, brutal, inhumain et autre.

On saisit par là qu’avancer dans la découpe du regard, qui expose tout cela, c’est passer du visible à l’in-apparaitre, à ce qui ne passera, ne se produira jamais dans le monde, mais c’est aussi ce par quoi il existe un monde, un vécu, un corps, une pensée, etc. L’in-apparaitre veut dire à la fois ce qui n’apparait pas, jamais, et ce dedans « en quoi » il apparait tout cela qui est exposé, vécu, perçu, ressenti, décidé, désiré.

Soit donc l’articulation extraite par l’occidentalisation, celle de notre être, d’une part, au réel, d’autre part : cette articulation prît le nom de dieu, de la pensée, du sujet et de l’altérité, en tant que ces quatre là imposent une Exigence, et forcent notre être à sortir de tout retour sur soi clos et cyclique et en tant qu'ils s'imposent à l’historicité… et qu’elle soit précisément historicité, puisque non cyclique et ayant valeur d’interruption formelle du monde-comme-il-va, abandonnant aussi bien le cyclique que le délaissement au monde des intérêts immédiats, des égoïsmes, des égocentrismes, des identités faciles. En bref le christique ou le grec comme interruption des mondes précédents, par l'accès au monde (grec) et au corps (christique, une variante, dont je ne connais pas grand chose, serait la communauté, l'islam, et le judaïsme manifestant bien avant tout le monde le Un tout-autre absolument formel).

L’occidentalisation est non pas l’occident mais l’objectivité et même bien plutôt l’hyper objectivité en tant qu'observant cet être tel que "là". Cet être "là" qui est antérieur à tout monde humain, tout langage, tout corps, puisqu’il ne s’agit pas seulement de produire ou construire des objets mais de se tenir soi comme étant un « être-là » dans/sur le « là » du donné (le sujet cartésien sur l’étendue du monde, par ex, le pour-soi sartrien face à l’en-soi du monde et des choses) ; ou donc notre-être/dans l'être, cette articulation.

Dieu monothéiste et christique, sont des interruptions du donné, du monde, du corps collectif ou évidemment individuel (qu’il soit homme-femme, riche-pauvre, esclave-homme libre, etc). Pensée grecque du monde tel que « là », et non plus de tel monde particulier, du monde unique donné là et  universel et fondation de l’humanisme sur l’accès, volontaire, de chacun à l’universel. Sujet et révolution, inaugurant que le libre, puisse exister avant la pensée, ce que signifie que la pensée puisse s’originer en un sujet, cartésien, kantien, nietzschéen, sartrien, etc. Altérité et déploiement du sujet et des objets de ce sujet (l’objet produit ou celui scientiste, ou objet de désir, puisque dans ce cas le sujet est rétrogradé et passe ou croit se saisir dans l’objet de son intentionnalité) ; mais absorbé par ses objets, le sujet éprouve aveuglément son vide et ne sait pas que ce vide est formel.

Il interprète ce vide comme désir d’un objet, peut-être inconnu et mystérieux, et même magique (l'amour pour le moi, l'ICS pour la psychanalyse) et voudrait le soutenir du corps, des neurones, ou de l’état de l’humanisme (le communisme par ex), de l’aliénation sociétale (mais il est le premier à désirer acheter et consommer et se divertir à tout bout de champ), et il ne lui vient pas à l’esprit qu’il n’est pas ce « moi » mais qu’il est un sujet et qu’il lui reviendrait, de droit et d’ontologie, de récupérer à son compte l’énorme devenir, la totale potentialité que tous les autres sujets, ses alter-ego, l'ampleur fondamentale de toutes les expériences et explorations ontologiques de A à Z, puisque c'est une seule et même structure qui Agit, alter-egos qui eurent à cœur d’explorer, de creuser, d’approfondir, de cartographier et parcourir en tous sens et de bas en haut ; tout cela le moi le néglige si totalement qu’il ne lui reste plus que la pauvre croyance de sa nature réaliste, son naturalisme et son scientisme (qu’il y ait science est une chose, qu’il n’y ait que science ou Etat ou économie ou psychanalyse c’est en une autre).

Le sujet c'est l'articulation même (qui prît comme dieu, pensée, sujet, altérité) et c'est son activisme qui transforme tout en symptômes de son exploration ou, si l'on préfère, tout en signes vers l'arc arcbouté au réel tel que "là". Toute lecture de signes trame l'architecture de la structure activiste dans le pur et brut réel ou dans l'architexture du corps même.

Ou alors il interprète ce vide toujours sous le principe des contenus mais, comme ça ne correspond guère, croit constater que le néant (un vide de contenu, une théologie négative, un Etre qui n’est pas les étants, un rien négatif et rendu à une simple fonction à la manière hégélienne) que le néant donc emplit son être et que ce néant c’est l’Etre ou dieu ou le diable ou la mort ou le désir ICS ou ce que l’on veut de tiré par les cheveux. Il n’en est évidemment rien.

C’est bien plutôt que la forme de la réalité n’est pas elle-même déterminée, ni cette forme n’appartient au monde, mais parce que le monde ne s’arrête pas au monde ; il est une limite, un forme, une borne, un Bord du monde et c’est de ce Bord que se prend l’acte de conscience ; et raison pour laquelle cet acte est formel et qu’il ne sert strictement à rien de définir, de déterminer  cette forme ; elle n’est rien de ce que l’on peut en dire et la nommer « conscience » signifie qu’elle est un rapport et spécifiquement qu’elle est le rapport à (soi) en ceci que le « soi » est le rapport lui-même ; la forme singulière « conscience-de-soi » est une non parce que substantiellement une mais une comme arcboutée au réel tel que donné « là » ; autrement dit nous ne sommes pas, nous Existons (en fait rien n’Est, le seul être qui soit est pris dans la forme Exister, et de ce que nous en connaissons la forme de l'Exister est le présent ; le présent est cela seul qui existe et cela par quoi toute réalité passe ; les réalités sont comme des versions du Même Présent, c'est une image imparfaite).

Qu’elle ne soit pas déterminée veut dire tout spécialement qu’elle n’est pas non plus esprit ou âme ou identité. C’est bien de poursuivre la piste d’une étrange formule du réel que l’on définit l’occidentalisation, formule qui échappe au monde donné, au corps, au vécu.

La version la plus exacte est cependant dessinée par la technologie de l’hyper-objectivité (la pensée, la réflexivité, le retour sur cette structure en son activité décuplée) ; ce qui se présente par toutes les variations de la pensée, puis du sujet. L’ontologie sartrienne peut paraitre la plus sèche et la plus dure d’entre toutes, mais Sartre atteint l’ontologie extrême et nue et sans rien qui couvait sous les présentations précédentes.

Et, occidentalisation, d’être en mesure de poursuivre au plus précisément possible le décalage qu’est notre être, ce qui veut dire cet-être à partir duquel nous, nous existons ; le moi est effet de la structure du je, l’humain est effet de la structure de conscience (qui crée l‘universalisation), tout monde humain est effet de la forme de conscience instanciée dans et par le présent ; il est juste des sociétés humaines qui intègrent l’articulation dans un contenu (cyclique), et des sociétés humaines qui sortirent cette articulation, et cela via, par le monde universel et le corps unique, et sur laquelle sortie elles élaborèrent une coordination qui n’était plus une organisation organique, si l’on peut dire, mais une coordination concertée, réflexive, difficile, qui usèrent donc de dieu, de l'universel, du sujet, de la révolution, mais aussi des esthétiques-éthiques-politiques-idéels, en laquelle chacun revient sur soi et est en capacité d’abord de maintenir un niveau d’universalisation (sans quoi il n’est plus même de liberté, la liberté retournerait à l’égoïsme, sans intelligence cad sans intellect, acculturation, se privant de la Possibilité même) et ensuite d’être en mesure de  poursuivre l’universel pour soi-même, en tant qu’individu qui doit prendre sur soi l’articulation, aussi difficile et aussi impossible soit-elle. Puisque l'universel est le moyen d'un sujet auquel le dit sujet ne se limite pourtant pas ; le sujet c'est ce qui existe après et compte tenu de l'universel.

et la pensée, la philosophie n'est pas seulement la mise en avant de l'universel mais la description du sujet qui est-en-plus de l'universel ; et plus extrêmement depuis Descartes jusque Lacan. C'est cela l'approfondissement du hiatus, du décalage ontologique qui nous crée.

Le problème en cela est que si les individus manœuvrent sur une petite surface ils seront dans l’impossibilité d’organiser, de coordonner l’articulation dans son ampleur sidérante et se contenteront de s’imager en ceci ou cela, sans qu’aucune de ces images ne puissent remonter dans la structure (elles sont effets et non pas accroche de la structure par elle-même). Si à l’inverse les sujets commencent de réintégrer la totalité du possible tel qu’il fut ouvert et exploré et cartographié depuis 2500 ou 3000 ans, chacun est alors en mesure de se dresser en sa juste place, son lieu ontologique réel. L’ensemble de tous les développements ontologiques qui se sont encastrés dans et par l’articulation de notre-être/dans l’être sont effectivement les parcours réels et réellement observables qui structurent l’ensemble de nos possibilités ; et ce de manière non exhaustives ; ce sont des explorations, des possibilités d’une structure et la liste n’en est pas close ; par ex on peut comprendre Kant comme ceci et puis soudainement apparait la possibilité de le re-comprendre à neuf tout autrement.

Ce qui ne dispense pas et exige même de fait de comprendre Kant, de prendre la forme de Descartes, de se fondre dans le christique, de percevoir selon Aristote ; les expériences sont à chaque fois tellement réelles et emplies de leur propre vue et ce à partir de la Même identique position, celle ontologique de l’articulation de la structure-de-conscience au réel. L'ensemble constituant les extases possibles sur l'arc du réel, non exhaustivement.

La structure de l’arc s’établit abstraitement selon l’être puis selon l’exister ; on a basculé dans, vers, par l’exister évidemment depuis la pensée christique et surtout depuis que Descartes origine la pensée (qui était auparavant l’horizon indépassable) en un être spécifique ; un sujet effectivement existant tel que « là ». mais l'exister est déjà ce qui se nomme comme "être grec" ; le pourquoi de l'apparition de la chose là où elle est, interrogeant tout l'apparaître lui-même ; il ne faut pas lire que la pensée exprime la chose mais que la pensée (et ses catégories et possibilités) approche la chose et la perception étendue, augmentée de cette chose là ; l'énorme pensée du Bien ou du Un s'utilisant afin de paramétrer le coeur apparescent de tout, finalité absolue de l'extase, de la conscience prise dans et par l'être. 

Cet Exister était auparavant lui-même lancé tout au travers de toutes les réalités que la pensée faisait apparaitre (seule la pensée fait paraitre le donné à nos yeux, le développement universalisant à partir du monde donné là en surintentionnalisations grecques par delà le langage commun) et sous la formule du Bien, de l’être ou du Un, qui concentraient littéralement l’altérité pure.

Mais déjà l’hyperintentionnalisation christique (par delà l’immédiateté, le vécu et le corps) impose l’actualité absolue ; c’est en existant que cela surgit et c’est en existant parce qu’il faut en suractiver la conscience que l’on en a (et on ne peut pas être plus concerné que via la mort et le corps) ; il est un point-autre à partir duquel il faut commencer de se réorganiser intérieurement, ce qui veut dire du dedans l'attention, de l'intention, de la volonté.  

La recherche de l’occidentalisation est ainsi de creuser à même ce qui est là tel que « là » ; ayant supprimé tout contenu et ayant non seulement créé l’ensemble des représentations hyper objectives (qui réclament pour être saisies que vous deveniez universels, christique, cartésien et sujet, révolutionnaire et autres, existentialistes par ex, ou que vous soyez envahis par l’angoisse psychologique ou la bizarrerie du désir ou de la sexuation) mais ayant également développé et élaboré le décalage lui-même, et s’efforçant dans la douleur même de la séparation, de la division qu’implique l’absence de contenu et l’altérité,

alors tout le monde eut tendance à n’y plus rien comprendre… En ceci que l’on a continué de croire en une unité, une réconciliation, un bonheur, une plénitude alors que la structure (celle que découvre les grecs, les monos, le christique, Descartes et les pensées de l’altérité) est d’une dureté absolue. Dieu, le christique, la pensée, le sujet et l'altérité séparent et exigent une autre sorte non d'organisation organiciste mais une coordination face à face et distincte.

Admettre le sens très étrange de la structure de division de tout ce qui est (et non seulement de notre vécu, de notre corps, de notre humanisme et psychologie) ça ne sera pas de toute manière une unification ; la question est quelle sorte de division, et de violence, peut se rendre elle-même non seulement supportable mais enrichissante, survoltée, activiste, révolutionnaire, potentielle au sens de puissance réglée ?

L’enjeu est très précisément de littéralement sublimer la dureté et la brutalité de l’altérité qui régit intégralement tout ce qui est (le non sens du réel, son inhumanité déclarée et explicite) ; la structure de conscience est une possibilité dans le réel qui assume l’altérité et relance le processus général de distinctivité, de là que l’on n’y comprenne rien et se perde dans la souffrance ; et d’autant plus que cette douleur ne vient pas du corps ou de la représentation ou de l’infini, ou du néant, mais de la divisibilité indéfinie de l’acte de conscience (qui touche donc tout ce qui entre et sort en nous) et que cette sorte de logique interne de la structure est incompréhensible pour qui se tient du monde, du corps, du moi, du contenu.

Et c’est justement ce que veulent analyser Sartre et mais aussi Lacan, que notre être soit d’abord une structure et d’autre part que cette structure soit la division, l’altérité même, la reprise de l’altérité qu’est en son fait même le présent mais relancé encore plus loin par chaque arc de conscience. Nous sommes engagés depuis belle lurette en cette douleur non-compréhensible. Tant que n’aura pas été poursuivie l’analyse ontologique.

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