Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

L’histoire et la Porte du réel

, 01:58am

Publié par pascal doyelle

En supplément à Zemmour - Le suicide français

Zemmour est caractérisé comme réactionnaire, à juste titre et il le revendique. On suivra Badiou qui annonce que l’on peut se fier aux réactionnaires qui pointent très exactement le mouvement, le devenir, le possible ; le possible perçu du point de vue d’avant. D’avant la catastrophe que constitue, pour le réactionnaire, le réel.

L’hypothèse de Zemmour (il existe un esprit du temps, de l’histoire, et surtout d’un peuple ou d’une nation, ou d’un homme, son Bonaparte, qui crée la réalité humaine) l’incline à comprendre que l’ordre ancien (qu’il fixe sur De Gaulle et le PC d’après-guerre dans l’équilibre état-social, Etat-providence, mais qui remonte à Colbert-Louis XIV, etc) cet ordre ancien a été déchiqueté par une montée de divisions ; Mai 68 et l’individualisme qu’il caractérise comme hédoniste, égoïste, et donc d’une perte conséquente du collectif (soit le peuple, soit la nation), l’Europe et l’abandon de souveraineté, et plus largement le jeu des empires, et dessous encore, le capitalisme mondialisé, le libéralisme qui par la mondialisation retrouve la sauvagerie de celui du 19éme, que les Etats, les nations, les peuples essayaient tant bien que mal de maitriser. Zemmour interprète cet effondrement du collectif (nation et peuple) en identifiant individualisme et mondialisme ;  lâcheté des élites, délaissant les peuples, et détérioration des personnes (notamment des rôles, comme homme et femme, et plus généralement de la facilité des plaisirs, amollissement des volontés) allant de pair.

Ce faisant donc il mêle par une sorte de logique de synthèse (qu’il est toujours difficile de contrôler lorsque l’on théorise) les femmes, les Lgbt, les immigrés, les « jeunes » (devenus vieux évidemment), bref tout ce que sur les plateaux télé ou radio on lui reproche, sans jamais aborder le débat de fond ; que l’ultralibéralisme est effet fondamental et effet-cause fondamentale de tout cela, société séparée dans la société humaine générale, médiacratie et médiocratie, oligarchie et concentration et vol de la puissance par quelques-uns, envers et contre les gens, le peuple et contre la nation, l’esprit d’un peuple. Il croit que l’esprit du temps a rendu possible l’ultralibéralisme, mais il est presque clair que ce serait plutôt l’inverse ou plus exactement encore une troisième cause ; à savoir que l’universalisme précédent fut dépassé très sensément par la personnalisation adéquate mais une personnalisation inadéquate ; gaspilleuse et aveugle, qui plutôt que de nous libérer, et nous ayant effectivement délivré de quantité de nécessités, très désagréables, nous a dans la réalité enfonçés dans l’immédiateté … dont elle aurait du nous tirer…

Les femmes ou les immigrés ne sont pas vilipendées ; ils sont seulement pris, comme tout le monde, comme les égoïstes ou les ultralibéraux, dans les effets ou en tant qu’effets-de (le patronat fait appel aux immigrés pour réduire les coûts et faire reculer les revendications des ouvriers nationaux ; Zemmour est totalement marxiste, le PC ne disait un temps pas autre chose, sauf que pour Z  le prolétariat est comme une version rabougrie d’un être, d’un esprit plus profond, à l’inverse de Marx, à savoir le peuple français, les gens eux-mêmes) ; pris, tous, dans le déploiement sans précédent de puissances du monde, de causes réelles et sérieuses, et d’un empire libéral-mondialiste, qui se développe sans raison, sans prévision, sans ordre, sinon qu’il s’incarne dans des effets et que ces effets n’admettent plus la loi de l’universel, la loi de l’Etat, celle de l’humanisme (et commence de naitre des antihumanismes, des non humanismes). Il existait un ordre de prévoyance, la nation, lauqelle fut débordée dans tous les sens par toutes les parties de la réalité, sans que cet éparpillement parvienne à un quelconque sens ou régulation, sinon un rêve fumeux d’universalisme abstrait, lequel n’est rien que le cache-misère de la fureur des pouvoirs (égotistes et des intérêts particuliers).

Et on ne lui donnera pas tort … sauf ceci que débutèrent les lancées de l’individualité libre, ce que signifie mai 68, les années soixante, et conséquemment le règne du libéralisme tout crin, le déploiement ininterrompu de l’individualisme comme de l’égoïsme autant que des revendications justes singulières. Ce que tente de dénouer Zemmour et qui ne peut l’être, c’est ce mélange absolu du corrosif individuel, alien au sang acidulé, et de son exigence pourtant universelle ; corrosif qui pour toute finalité dans l’existence consomme la réalité, la dévore, et universalité qui n’obtint pour synthèse que les giga-entreprises privées et rien d’autre, que chacun vient à nourrir de sa substance même ;  mélange impossible et horriblement dispendieux, un gaspillage effarant, celui qui soumet le monde à une exploitation de plus en plus approfondie et un rapport excessivement tordu avec soi-même comme moi (et non comme sujet). Le manque d’un sujet est fondamental ; le cadre général n’est pas parvenu à créer une vision du sujet même et ce manque c’est transformer en néant dissolvant de toute réalité parce qu’il est l’absence de toute structure réelle ; il n’est que le cadre, la porte historique qui tienne structurellement, mais décomposée par tous les effets incontrôlés, sortis du rayon de la maitrise, que pourtant cette puissance du cadre général du monde réclamait.  

Qu’il puisse exister une structure antérieure, la domination même, telle que la suppose le marxisme, est une possibilité intéressante … mais visiblement il n’est de passage au travers de cette domination que via le cadre (dit abstrait dans le marxisme) de l’Etat et du droit de chacun. Hors cela ça ne peut pas - ne peut pas se résoudre.

L’autre voie qui aurait du être empruntée, eut été de non seulement assurer l’humanisation, l’humanisme et l’universel, mais aussi d’affirmer effectivement l‘individualité et la personnalisation, et enfin et surtout de transformer, plus ou moins, les mois (les langage-corps) en sujets. C’est cette sorte de sujet, au fond, qu’attendait Nietzsche ; ou Heidegger dans son genre ou Sartre de par son Exigence morale, éthique, ontologique autrement dit ; seul Lacan échappe, et voulût un sujet très-étrange, comme aurait dit Rimbaud). Le  surhomme nietzschéen est un tel sujet, imaginé, dont on voit bien que la maitrise est assurée par une torsion ni plus ni moins qu’ontologique. C’est ce sujet, dégagé, que voulurent quelque part les années soixante dans leurs visions plus ou moins célébrées vécues.

La question du sujet réel est la plus fondamentale qui soit, exception faite de celle de la nature du réel, de la compréhension de ce que « présent » est (et pour cause le présent n’est pas, il existe).

Ce mouvement général, à savoir le dépassement de l’humanisme et de l’universel par le personnalisme et le singulier, aurait dû tout autant s’instancier universellement, et non pas choir dans le royaume exclusif du libre pur, qui ne signifie rien livré à lui-même (Rimbaud est singulier parce qu’il est individué et universel, et ceci est quasiment un mystère dont il faudra pourtant s’approcher, transmettre l’équation impossible). Sans l’universel, le collectif, le réel, s’installe invinciblement le glissement dans les immédiatetés, les petits intérêts, et les grands intérêts des pouvoirs au mépris de l’universalité elle-même, et cette universalité n’a aucune autre désignation que celle de l’égalité (et donc, dans l’ignorance, s’additionnent alors les inégalités comme déconstructions du monde réel humain au profit des petites réalités en fragmentation et en concentration objectivement de purs pouvoirs brutaux). Et cela signifie pour chacun, individuellement, que son vécu tombe « dedans » le monde, et qu’il n’y a plus de rappel ; on tombe, indéfiniment, sans recours ni secours et on s’environne de néant, sous la forme de dissolution, de dissolution de la détermination des corps, qui se fractionnent indéfiniment (puisque la structure du monde est le réel et non la réalité et que se confier à la réalité c’est se perdre de vue parce que perdre la vue).

Autrement dit : une porte était ouverte, celle du dualisme liberté-égalité (et plus loin fraternité comme acquisition des deux autres), mais comme on a négligé cette ouverture historique, et créée par l’historicité même, nous nous sommes vautrés. On a rétrogradé historiquement, humainement, individuellement.

Répétons ; un cadre général qui seul autorisait un développement relativement correct de l’histoire humaine. Il n’y a pas de doute que si, dans l’historicité, il fut inventé ce cadre-là de l’Etat humaniste et individuel mais universel, de l’Etat-providence, c’est parce que ceci était la Porte.

Remarquons ; la seule contradiction envers cet Etat-providence consiste en ceci ; que la réalité exige que les choses soient rentables. Et elles ne le sont pas dans le libéralisme si l’on s’en tient à l’Etat-providence, parce que l’on trouvera moins cher ailleurs ; parce que l’on pourra toujours exploiter plus durement tel ou tel peuple et que ce déséquilibre annule que l’Etat-providence soit rentable ; il est clair qu’alors les dés sont tous immédiatement pipés. C’est uniquement par le vol et la rapine, envers toujours d’autres exploités, que les Etats furent écartés de l’organisation du monde réel au seul avantage des injustes.  

Ce que contredit apparemment le développement extraordinaire (de tout, technologies ou relations humaines, échanges ou  images) mais ce déploiement s’est  effectué et fut rendu possible à partir du cadre historique, et utilisant ce cadre on a constamment voulu le figer, en rapport des intérêts momentanés en place et relatifs au monde ; alors que si le cadre existe activement l’historicité, c’est le monde qui est, qui tend continuellement à tourner à son seul rythme de pesanteurs, et d’intérêts et d’immédiatetés, cercle rond que l‘historicité ouvre de temps à autre, pour se refermer aussitôt de sa mâchoire par les considérables pouvoirs horribles et malsains. Le monde dévore sans cesse l’historicité, jusqu’à ce que l’historicité puisse créer un nouveau cadre.  Le cadre du 18éme fut si réel et vrai qu’il permit toute cette richesse, mais cette richesse s’est retournée contre la structure, en l’exploitant au maximum et aveuglément. Et les pouvoirs se tiennent du monde, donné, toujours prégnants, tandis que l’historicité et le cadre universel et libre et d’égalité est d’exister sur le Bord du monde et au Bout de chaque corps, jamais évidents du tout.  

Le reste ce sont soit des dérives appauvrissantes, soit des égarements et des replis, des rétrogradations. Le communisme était un appauvrissement. Le nazisme était un délire effroyablement rétrograde. Le libéralisme est une petitesse, qui assure seulement un empire (anglais ou US), un empire qui profite de l’acquis du cadre universel (dans sa version anglo-saxonne) mais qui ne cherche pas du tout à étendre, perfectionner, rendre réel toute la potentialité structurelle du cadre général universel réel. Pour le dire au clair, l’Etat français était, libéral et social, celui qui s’approchait le plus intimement du sens absolu, formel et réel de l’historicité. Kant qui guettait les nouvelles de la révolution ne s’y est pas trompé, Hegel qui se comparait à Napoléon non plus (les allemands ragèrent que les français réalisèrent effectivement l’histoire, et pas eux).

C’était la Porte.

Comme elle ne fut pas retenue par l’immense majorité du monde, des nations, des peuples, et bien voilà, l’histoire va se refermer de plus en plus et agonir. Mais pourtant la forme Etat et droit fut fondamentalement copiée partout et par tous, elle est la forme même de l’historicité. Immanquable mais hypocritement dissimulée, recouverte, défigurée.

C’est exactement comme un logiciel, sauf que c’est le logiciel du réel. Pas de telle ou telle réalité (il est des tas de réalités, à chaque fois déterminées et localisées) mais du réel même. De même que le christique était le système, le méta système qui autorisait l’ouverture du possible ; pourquoi le christianisme a-t-il pu reprendre et poursuivre le système grec ? Croyez-vous que ce fut un hasard ?

Le réel comme les réalités, obéit à un système, un mécanisme, une machinerie ; il y a les lois physiques ou chimiques, et quantité de mini-systèmes déterminés, et il y a les lois des sociétés, dont on peut décrire toutes les causalités, mais il existe également le méta de l’humain comme tel ou plus exactement de « cela » qui rend possible que l’humain soit. La remontée hors du monde vers le Bord du monde, vers ce qui structure les réalités ; le cheminement entrepris par la méditerranée, via dieu, la pensée, le sujet et l’altérité, et donc la révolution comme historicité.   

Ce méta, cette forme, ce système qui permet que l’humain soit, que ce monde humain tel qu’actuel existe. Il faut qu’il y ait un méta puisque sinon on tombe dans le défini et que le défini est indéfiniment défini et ne peut pas être source de loi, de droit, de logique, de réel. L’indéterminé par contre permet seul que la structure de chaque arc de conscience soit renvoyée à elle-même et que ce qui prévaut en chacun soit non pas son identité mais son regard.

C’est bien en cela que les esthétiques, les poétiques, les récits furent créés ; instancier le regard de et par chaque’un. De même la philosophie qui suppose que l’autre se convertisse et cesse d’être seulement un tel, un particulier, et qu’il devienne non pas seulement universel (au sens où il existerait un regard uniforme) mais individuel (au sens où le singulier est son propre regard vide, ce qui veut dire formel).  Qu’il y ait une pluralité d’esthétiques et de poétiques veut dire que la structure du réel est non pas seulement universelle mais singulière et se sépare, se partitionne, se divise, se scinde à partir de là, à partir du un existentiel ; existentiel au sens de l’exister pur et brut, de l’immanente actualité du réel.

Rappelons que la transcendance est ce en quoi est l’immanence ; tout ce qui est, est immanent, dans l’acte de transcendance du réel, du présent, dont on ne sait pas « où » il va.  

Remarque : c’est bien pour cela qu’il ne suffit pas d’être intelligent, il faut également et surtout savoir s’orienter, réfléchir, décider et cela veut dire : ne pas tenir à ce qui est, mais décider de ce qui Existe (mais n’est pas). Et le truc est évidemment que tout en décidant (ce qui parait une motion subjective) en vérité on décide du réel ; parce qu’il n’y a nulle part où aller sinon dans le réel. Celui qui se psychanalyse voit bien qu’il est le rapport et que le rapport lui est antérieur et n’est rien de déterminé, mais une manière de déterminer. Percevoir et vouloir à partir du Bord qui n’est nulle part dans le monde, le vécu ou le corps. Percevoir à partir du cadre formel inventé historiquement comme révolution et Etat (et constitutionnalité et droit, et citoyen et liberté-égalité, et récit, esthétiques, éthiques, idéels, etc).

Zemmour est profondément amoureux de cet esprit, et abomine ceux qui croient que cet esprit soit seulement une formule vide qui fonctionne comme universalisme ; alors qu’il s’agit d’un corps réel qui est une civilisation intégrale ; la France du 18éme est dans la position d’Athènes au VI ou Véme siècle. En s’abstrayant le cadre  structurel créé s’est affaissé et tombé dans le monde. Dont on ajoute qu’il aurait dû créer des sujets et non des mois (on a dit ailleurs que la mass et micro médiatisation devait accoucher d’une mass et micro médiation, de soi par soi, des autres et des regards, des images-idées aux idées-images, de la réflection à la réflexion ; c’est pour cela qu’il y eut une telle profusion d’images, de perceptions).

On peut admettre qu’il n’y eut pas de nœud grec-christique … mais alors qu’est-ce qu’il y eut à la place ? Pourquoi le christianisme, comme l’avait tenté également l’islam, a-t-il repris intégralement toute la pensée grecque ? Qu’est-ce que l’on va considérer d’importance en lieu et place de ce qu’effectivement il se réalisât ? Il n’y a pas une nature humaine, et donc une composition de çi et de ça, dans les données du monde ; il existe une structure , de conscience intentionnelle (quelle que soit l’humanisation en cours) et un réel (quel que soit le monde), et entre les deux des constructions. Mais sitôt passé le moment de construire telle ou telle synthèse à laquelle on croit, on s’aperçoit qu’elles sont créées et donc pas la vérité, par contre qu’il y ait une telle structure qui crée n’importe quelle construction, est la vérité, le réel ;  et c’est cette structure qui est passée dans la réalité (alors qu’elle se tient dans et du réel) et qui s’est nommée le un tout-autre et dieu, la pensée (et l’être), le sujet et la révolution, et l’altérité et l’exister ; le sujet posé « là » dans l’altérité totale du monde, l’altérité de cet univers, de cette historicité violente, de ces nécessités et égarements.

Sauf qu’en plus d’être un sujet dans l’altérité, il se trouve que le sujet lui-même est absolument Autre ; autre que lui-même ; autrement dit il n’y a pas de « sujet » au sens de substantiel, mais notons bien que le dit sujet est déjà très exactement insituable dans les vrais systèmes (de sorte que l’on a affaire à une caricature des systèmes et non aux systèmes eux-mêmes) ; Kant ne dit rien d’autre que le sujet passe dessous la barre et est supposé seulement (ce qui veut dire en clair qu’il est comme structure ou donc qu’il n’est pas mais Existe, nouménal dit-il).

La remontée du monde vers la forme, antérieure au monde, du moi au sujet, du donné à l’exister (ou dans les présuppositions imaginées que furent la Volonté nietzschéenne ou l’Etre de H) est aussi la mise en cadre de la révolution en Etat et en un Etat humaniste ; lequel se paramètre selon la liberté et l’égalité.

La liberté n’est nullement le cadre « formel » au sens d’abstrait qui autoriserait quiconque à « faire ce qu’il veut » ; mais ça n’est pas non plus que chacun soit astreint à une identité rationnelle ou étatique ; ce qui se définit comme être-libre c’est précisément ce qui est recherché et augmenté et accéléré par l’acculturation généralisée qui se déroule depuis 25 ou 30 siècles ; comment un individu, un corps humain, un corps-langage peut-il se réaliser lorsque d’une communauté (qui lui conférait une essence) il n’est plus question ? Comment se comporte un sujet livré dans le monde ?

Si il ne s’agit pas d’une abstraction formelle du n’importe quoi, il n’est pas non plus question d’une abstraction qui cacherait l’aliénation, puisque cette aliénation elle-même ne peut être accessible, et accédée, que via et respectant le cadre de l’être-libre de chacun ; sinon ce serait remplacer la liberté de chacun par la définition de son être (une religion, un étatisme, un communisme, un nazisme, etc, avec toutes les gradations imaginables). Si donc la Possibilité même de dénouer l’aliénation est maitrisable c’est à partir et par ce cadre universel du singulier : aucun autre.

Ce en quoi voulut s’engouffrer le social-libéralisme ; mais en oubliant l’universel, absolument constitutif. Cela se résume à « si chacun doit être libre que chacun se débrouille », ce qui n’est rien de plus que le concurrentiel (par quoi le plus gros mange tous les autres). Et par quoi la liberté se facilite la vie en supprimant l’égalité. Tandis que s’éloigne la fameuse fraternité. L’impossibilité de revenir vers les autres s’étant engagé dans la liberté brute équivaut à l’impossibilité pour ces libertés de (se) concevoir. On se contente de profiter du monde et on ne conçoit plus et on ne prévoit plus ; au-delà du cercle restreint de sa conscience, lorsqu’elle retombe au niveau de ses immédiatetés ; le Bord du monde et du vécu et du corps rentre-dans le donné et le monde et le vécu, et y étouffe et évidemment on ne s’y retrouve plus du tout ; c’est jusque dans les corps eux-mêmes, et non seulement dans la perception, c’est physiquement que nous nous effaçons dans une infra-intentionnalité, de petites tactiques qui n’ont aucun goût de réelle stratégie.

On a vu déjà que la perception pour un être humain est l’autre-surface du corps et non pas seulement une fonction dispersée de désirs ou d’objets.  

N-B. On considère donc ici mais peut-être est-ce une illusion qu’il y eut au moins une nation qui s’est créée comme nation ; à savoir unité des volontés libres et égales ; et que cette nation fut française. Sa spécificité confine à l’incompréhensible : qu’il s’y incarnât les lois de l’équation, résumée par liberté-égalité, équation impossible, mais de fait dynamique (ce en quoi consiste le réel, en tant qu’exister, présent et donc mouvement brut). Il ne s’agit pas d’un dynamisme selon le monde ou le vécu, à quoi suffirait bien la liberté toute seule.