L'impossible coïncidence
On ne trouvera nulle part dans le monde, le vécu ou selon le corps la satisfaction de notre être, puisque cet être n'est pas un être, mais une structure.
Rappelons que la dite structure est nommée intentionnelle ; elle n'est pas dans un état donné, figé, déterminé, mais de et par l'intentionnalité, qui consiste, en gros, à lancer un signe qui attrape dans le monde donné « là » ceci ou cela ; une couleur, une action, une direction, une émotion, etc. Ce qui en veut pas dire que cette énonciation de signes dépende du langage, bien que celui-ci forme évidemment système (sinon nous serions dans l'incapacité de le mémoriser, communiquer entre soi, transmettre d'une génération à l'autre, traduire d'un système en un autre, etc), et cette structure ne dépend pas du langage, donc, parce que le langage est justement (c'est son utilité) de situer toujours dans l’actualité des inattendus, des possibilités, des transmissions (qu'autrui de fait ne connaît pas d'avance nécessairement) et cent autres manières d’utilisation ; le langage (aussi systémique soit-il) est basculé toujours sur l’horizon du donné « là » et donc utilisé par chaque arc de conscience en son lieu, son acte, sa temporalité.
Et utilisé sur le devant, dans l'au-devant du monde, du donné, de la perception ; c'est bien parce que l'intentionnalité se déploie sur l’horizon du monde, selon le bord des réalités (monde, donné, vécu, corps, langage, cervelle ; il n'y a qu'un seul Bord) que tout peut apparaître à nos yeux ; si vous ne nommez pas votre corps il n'est pas le vôtre ; l'avoir est la plus certaine des certitudes, parce qu'elle implique une distance dans laquelle seule apparaissent les choses et les êtres (sinon vous êtes un vivant et rien que vivant qui vit en son milieu et non pas selon l'horizon ; seul un existant (qui se-sait) peut non pas percevoir l'horizon mais se percevoir selon l'horizon, cad l'être, dieu, le sujet ou le réel).
Donc notre être qui n'est pas un être est une structure, dite intentionnelle, qui rapporte perception et signes (le signe étant ce par quoi il apparaît des perceptions, telles que nous les éprouvons ; nous ne sommes pas codés par l'adn ou selon l'atomique uniquement mais par l'actualité des signes).
Ce qui veut dire que nous naissons dans et par l'actualité (à l'adolescence par exemple, lorsque nous cessons de nous prendre pour le tout, et que nous nous percevons, ce qui veut dire non pas que nous nous percevons nous-même, mais que nous nous percevons à partir du Bord, de l’horizon, d'un point-autre en dehors, à jamais hors de « nous-même » ; ce nous-même n'est pas, il croit seulement, il imagine qu'il est ;l'être est une supposition imaginée et non une idée ou plus exactement l'être est une internationalisation qui se compte comme consistante ce qu'elle n'est pas, elle est juste le mouvement de désigner « l'être », de même on ne peut pas chosifier dieu, il est forcément vivant, une Intention, et même l'Intention elle-même, celle qui, dans cette version là (révélée ou non) est antérieure à tout ; fixant l'être comme compté il croit pouvoir l'enregistrer dans un raisonnement ; ce qui est impossible ; il est impossible de compter l'être, sauf à l’imaginer, comme un ; qu'il soit le Un n'est pas le compter comme un ; et de toute manière cela se remarque immédiatement de ce que agglutiner dans une raison on perd structurellement sa possibilité...
et donc il faudra en rajouter qui ne sera déterminé que comme succédané. C'est pour cela que dieu, l'être (le Bien, la pensée de la pensée, le Un), le christique ou le sujet, le réel ou l'exister sont des mouvements ; c'est le mouvement entant qu'il est articulé qui se pense et la pensée en est prise dans et par le mouvement ; autrement dit la pensée sert à opérer encore-plus de distinctions dans le mouvement et pour le mouvement lui-même ; soit donc la perfection réelle (et non pas celle imaginaire et figée).
On remarquera qu'annoncé que l'être est la substance ou l'esprit ou la volonté c'est encore fixer l'indéfinissable (puisque la finalité n'est pas d'imposer ou d'instiller dans l'esprit d'autrui quelque réalité mais de rendre à chacun sa capacité, sa Capacité ; son jugement, sa décision, son intention, son intentionnalisation) ; certes à chaque fois selon la substance ou la volonté on admet un peu plus de possibilités par ci par là, mais pour l'annuler.
Dieu, l'être, le sujet et le réel seuls introduisent au mouvement pur et brut. Vides. Mouvementés. Ce qui veut dire qu'il faudra encore amener encore plus de distinctivité ; et ce jamais sans l'arc de conscience lui-même. Puisque de tout ce que l'on connaît dans ce monde, il existe effectivement des consciences, ce qui veut dire 'ce qui a rapport à soi ' mais à 'soi ' en tant que ce soi est le rapport lui-même et non une identité quelconque, identité toujours quelconque excepté qu'il y a un corps (un vivant, ayant une peau et une unité en elle-même, un auto-mouvement).
Évidemment on entend par dieu, l'être ou l'universel, le sujet ou le réel non pas telle ou telle version, (et encore moins telle institutionnalisation), mais les Positions que ces signes effectuent, rendent réelles, activent dans l'actualité de l'intention et de la conscience ; sous-entendu ni l'être, ni dieu, ni le sujet, ni le réel ne prendront place dans le monde donné là ou le vécu ou le corps (on rejoint par là Kant ; ça n'est pas du monde, du phénomène, et on ajoute ; cela signifie la forme qui entoure les réalités, et non ces réalités même. Ce faisant on entend se situer dans ces immenses mouvements, ces vagues structurelles que sont dieu, l'être, le sujet et le réel ; inutile donc de se croire ou s’imaginer en et par les effets que rendirent possibles ces causes structurelles.
On comprend bien que l'impatience puisse pousser à définir comme ci ou comme ça le structurel ; mais cette impatience couvre également des intérêts, des intérêts du monde, du vécu ou du corps. Et encore une fois il ne s'agit pas de nier ces intérêts mais de les réguler par plus grand qu'eux. Et il n'est de plus-grand que les formes de structure. Sauf que l'on ne peut pas investir (une quantité d’énergie) à la fois dans les intérêts du monde et dans la forme de structure …
c'est pour cela que l'on déteste ou ne saisit pas ou répudie dieu, l'être, le sujet ou le réel. Vouloir un but déterminé c'est le désirer (sinon on perd toute motivation) mais le désirer c'est mélanger la capacité structurelle et l'objet déterminé ; soit donc se finaliser vers la Chose (en soi, comme si elle pouvait paraître dans le monde ; ce que l'on sait, depuis Kant, impossible). La chose est, prétendument, en elle-même désirable. Or elle ne l'est plus si l'on connaît que dieu, l’universel (l'être), le sujet (ou la liberté), le réel (ou la structure autre, le Bord) sont incommensurablement plus réels que n'importe quelle chose (imaginée, rêvée, mélangée, attirante).
Donc nous voici coincé ; un créateur, un artiste ne produit pas une chose, mais une œuvre ; qui indique non pas elle-même mais d'une part le spectateur, le lecteur, et ce lecteur de plus supposé sur l’horizon réel du monde, du vécu ou du corps ou donc supposé par la perception de structure, c'est bien pour cela qu'elle est esthétique ou qu'elle est « pensée » ou posée là dans le monde, pour le dépasser en et par chacun.
Ce qui se réalise dans le cœur de chacun, c'est ce qui se réalise dans le cœur de chaque un. Chaque un en tant que séparé (par dieu, l’universel, le sujet ou le réel) mais re-lié plus loin, beaucoup plus loin (on en peut pas faire le tour de la ré-liaison, elle s'étend infiniment, au-delà, en plus, formellement, au contraire de toutes les choses données ou désirables). Tout désir croit qu'il va se réunir, s'unir à son objet, formant la Chose. C'est évidement totalement illusoire parce qu'impossible ; structurellement impossible.
Aussi est-il nécessaire de produire l’infrastructure, pour ainsi dire, structurelle (créant la « motivation » adéquate, à dieu, à l'universel, au sujet, au réel) mais également par ailleurs de comprendre que les causes de structure auront non seulement un mais des effets en quantité dans le monde (grec), le vécu (monothéisme) et le corps (christique). Cette adéquation emprunte le chemin de la significativité et non de la définissabilité ; mais de fait toute signifiance engendre une quantité astronomique de définitions possibles ; puisque tout l’ensemble est originellement structurel, cad antérieur, antérieur au sens de reprenant toute possibilité dans le monde jusqu'alors donné, tandis que l'on nous éveille en nous révélant qu'il est créé (dieu), pensé (universel), libre (le sujet) ou autre (réel).
Ceci nous indique une logique absolument essentielle ; il n'est pas nécessaire de penser la totalité pour exister …
C'était sans doute l'idéal des grecs (encore que), mais si l'on attendait de connaître pour être libre par ex nous ne serions jamais libres (on peut se libérer de ceci ou cela par la connaissance mais on n'obtient de connaissance, quelle qu'elle soit, que parce qu'antérieurement déjà libre, c'est la différence entre Descartes et Spinoza-Leibniz par ex ; s'engageant dans la connaissance seule on s'égare en contradictions et impossibilités ; rien ne peut jamais débuter, or pourtant nous initialisons constamment et le monde invente continuellement, à son échelle). Or si ça ne passe pas nécessairement par la connaissance, pas forcément, c'est que ça se déroule partout et en tous les sens, toutes les directions possibles... y compris la connaissance. Esthétiques, éthiques, politiques, poétiques, récits (romans), idéels et philosophie et tout le reste ; tout le reste parce que l'introspection qu'initie le christique ; quelle est ma véritable intention et que veut-elle de dieu, et dieu que me/nous veut-il? Fondamentale interrogation judaïque. Que signifie l’universel ? Qu’est-ce que le sujet que Je suis ou que Je est ? Et ces questions commandent tout le reste ; le marxisme par ex est une version de l’universel, le moi libéral est une version du sujet, etc.
On saisit bien que la compréhension (au sens de structurel, cad de la position qui est enregistrée dans le champ de structure de la conscience dans l'exister ou l'existence) de ce qui existe structurellement (le sujet devient le moi, l'universel est soit le désir libéral, soit le besoin communiste) peut alors transparaître en toute augmentation, intensification, accélération ou concrétisation (de l'intentionnalisation ; les grecs par ex augmentent l'intentionnalisation commune en créant la philosophie ; plus de mots, plus de perceptions, qui autrement n’apparaîtraient pas ; de même en esthétique, plus de signes (une statue et toutes ses significations manifestes) et plus de mises en forme ; le christique multiplie quantité de signes et de signes potentiels, à venir, à partir du corps et du Corps du christ, cad de l'alpha et oméga du temps, Descartes insert le signe du Je et accélère, puisque l'on n'est plus dès lors un animal raisonnable (grec, aristotélicien), mais un sujet, dont la fortune sera immense ; le moi, et surtout depuis les années soixante, est le nouveau-sujet mais évidemment bien qu'il concrétise le dit sujet, manque cruellement d'assurance ; sa concrétisation tend à l'irréalité, et donc il fait-face soudainement au réel brut, existentiel « ça existe », « le réel est « là »).
or pourtant si la compréhension nous vient et même parfois un saisissement à propos d'une œuvre, une poésie, un mélodie, un signe séparé, il ne faut cependant pas rêver ; c'est toujours en et par une compréhension effective et très soutenue... Pourquoi croyez-vous que le christianisme (la suite du christique pur et brut, ce largage de vérité de structure balancé en une seule fois dans l'histoire humaine en transformant tout en historicité réelle et agissante), le christianisme donc pourquoi croyez-vous qu'il a immédiatement commencé de nous éduquer ? De reprendre, par ex, toute la philosophie grecque, et de se traduire du reste d'abord en langue grec ?
C'est seulement pour-nous, cad au 21éme ou au 20éme, que ces aptitudes semblent évidentes et « naturelles » (l'étaient-elles à ce point au 19éme, qui lutait encore pour la démocratie, la justice, ou plus exactement contre une injustice criante et une proximité de la hiérarchie injuste, qui ne manque pas de revenir actuellement, qui n'a jamais cessé ses assauts contre la structure révolutionnaire, ce qui veut dire sainte, justice signifiant « sainteté », justification, le juste est justifié-au yeux de dieu) ; pourquoi, croit-on, n'importe qui, n'importe quel être humain sur la planète n'admettrait-il pas la démocratie ou la liberté individuelle ?
Mais ça n'est absolument pas vrai ni réel … quantité d'êtres humains ne comprennent pas, parce qu'ils n'ont pas intégré cette démocratie ou cette individualité telle que nous l'entendons (ça ne veut pas dire qu'ils soient disqualifiés). Cela nous paraît donné d'avance parce que nous y sommes nés, en sommes nés ; les conditions même d'exercice formel (de la vie) nous sont acquis d'une part et partagées et agissantes dans nos relations réelles, parmi les autres ; concitoyens par ex ou encore dans les récits, dans la représentation de « soi » ; qu'il n'y ait en particulier pas de « facilité » ou immédiateté, mais que tout soit au travers d'images dans le miroir (d'une profusion de récits et de représentations, d’esthétiques et d'éthiques, etc, profusion en laquelle nous nous vivons) et d'images bifurquées de un ou deux ou plusieurs miroirs, de telle sorte que l'on saisisse bien comme c'est complexe et même retors, passant d'un point de vue à l'autre, à l'altérité (l'Autre) et cette divisibilité dans le roman lui-même, au sein du tableau, au cœur de la mélodie et de l'harmonie.
Et que dire de la sexualité … de la sexuation même ; il est extrêmement complexe pour un arc de conscience (qui n'est ni homme ni femme, et par ailleurs ni riche ni pauvre, ni esclave ni libre, St Paul, et qui a valeur ontologique absolue, cad formelle et s'étend bien au-delà de ces oppositions), extrêmement difficile de comprendre le « sexe », et d'un autre point de vue encore de comprendre ce que « désir » veut dire ; puisqu'en vérité il n'en est qu'un seul, celui pour dieu (ou le christ) mais on ne le sait pas et on ne sait pas l'inscrire dans le monde (bien que le christique soit venu à cette fin … mais seulement pour nous lancer sur la piste, sur le chemin, la vérité et la vie ; le reste, tout le reste du travail nous revenant, par la révolution par ex et évidemment le travail sur soi, l’attention soutenue et difficile sur « notre vraie intention », sachant que Dieu, le père, est pure Intention (envers les juifs et l'humanité et le monde, la création, et que le christ nous pousse à enquêter sur ce que nous désirons Vraiment, initiant tous les récits, complexes et retors, au sens logique, de logique réelle, existentielle, de miroir dans le miroir, du miroir qui cherche à 'se' voir, lui-même et celui d'autrui, de l'humanité et de dieu, et ce en orientant le miroir, que chacun existe, par des signes).
Bref.
Nous sommes de fait et structurellement complexes et difficiles et logico-existentiellement pliés, situés dans un Pli, et donc dans le Pli absolu, formel qu'est le Réel en tant qu'il est lui-même articulation (et non un « état donné là » bêtement) ; cette effarante et effrayante et invivable difficulté (surtout pour un être vivant, un corps n'est pas a priori destiné à recevoir cette Puissance, cette toute-puissance, ce pli qui l'auto-distingue, ce qui est aberrant et c'est pour cela que l'on retourne toujours dans la définition, dans la définissabilité ; ce qui structurellement veut dire dans l’imaginaire ; on imagine la « chose » complète, ou le moi parfaitement lui-même, ou sa propre vie ou la vie des autres ou leur être ou l'image publicitaire ou le cinéma comme parfaitement « là » ; mais rien n'est « là », il n'existe que le mouvement.
Cad dieu, l’universel, le sujet et le réel. Ce sont les structures du pli.