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instants philosophie

Pourquoi serions-nous égarés dans un monde étranger ? (1)

22 Février 2020, 08:22am

Publié par pascal doyelle

Il s'agit donc de dessiner la dimension, celle qui s'impose en et par le présent, en tant que le présent est l'origine de tout ce qui est, le présent est la finalité, le présent est la porte, il est la source et le terme. Ce qui veut dire que la finalité est ici même et interne à tout cet Externe monumental et probablement infini ; il y a une infinité de réalités, et un seul présent pour les entourer toutes.

Autre manière de dire que le présent est en lui-même La Dimension unique (et qui crée exclusivement de l'unicité, toujours constamment partout).

Et évidemment cette forme qui entoure toutes les réalités n'abandonne jamais celles-ci ; il n'est aucune réalité qui soit hors du présent ; le présent accompagne tout. Le présent est en lui-même la Dimension.

Autrement dit l'être est toute la détermination, les réalités, les univers, les mondes, tels que toutes ces réalités sont déroulées au fur et à mesure par, dans le présent ; le présent est le fait absolu, formel, invisible qui crée (si l'on peut dire) toutes les réalités ; le présent ou donc l'exister ; l'exister est plus grand que l'être, la forme Réel est plus grande que les réalités (toujours déterminés et limitées).

Dit encore autrement le réel est intégralement et de A à Z d'une positivité radicale. Tout est absolument d'une positivité parfaite, le réel (et les réalités qui en découlent) est parfait. La perfection du réel tient en ceci qu'elle est mouvement et qu'elle se veut et veut encore pluriellement afin de toujours se parfaire encore plus loin et de façon plus exacte et précise.

On a dit précédemment ; chacun a déjà éprouvé sa destination, la forme de son arc de conscience. Chacun l'a rencontré en une œuvre, un regard, une révolution, une éthique, une foi, une conversion, etc. De même que le présent accompagne et entoure toujours et immanquablement toute réalité, pareillement chaque arc de conscience est déjà l'arc qui cherchera et trouvera son architecture (et notamment comme architexture du corps, le corps en tant qu'il est créé comme une surface-autre qui supporte, porte les signes, les langages, les œuvres, éthiques, esthétiques, politiques, idéelles, philosophiques, etc).

Cela veut dire, aussi, que la dimension n'est nullement un « état » de repos, de réconciliation, de bonheur, etc ; mais la continuation, la continuité du mouvement. Toutes les réalités sont en mouvement, et ce en quoi elles sont (soit donc l'exister) est lui-même encore plus mouvementé. Si le réel est le présent (qui donc est l'exister, hors temps) alors il est mouvement, et il est ainsi recommandé, ici, dans le monde, dans le vécu, de perfectionner sa capacité de mouvement, de rapport.

Rappelons la finalité interne à tout ce réel (qui comme réel est intégralement externe, jeté dans l’externalité de son possible) est « le réel est plus grand que lui-même ». Ou donc le réel crée dans le réel les possibilités de sa plus grande, encore plus grande possibilité. Ainsi Platon ou le christique ou Descartes ou Lacan non seulement pensent le réel donné là (dans son organisation, sa cohérence, etc) mais aussi rendent-possible, rendent possible encore plus de possibilités ; tout texte (ou toute éthique ou politique ou esthétique ou idéel) qui ferme les réalités et/ou le réel abaisse le niveau de possibilité (jusqu'à l'annuler, l'enclore dans des immédiatetés, des parties de monde et non plus de parier pour la forme de toutes les réalités).

 

En somme il faut chercher dans sa propre vie le, les signes qui ont orienté, déjà, ce vécu ; et ceci ne se perçoit pas du tout aisément, mais il est un raccourci qui consiste à comprendre que tout moi, tout vécu est rendu possible par le sujet ; le sujet que l'on existe déjà sans l'être ; et que l'on ne sera, du verbe être, jamais ; le sujet n'est absolument pas destiné à « être » ; il est, le sujet, le point, le Bord à partir duquel on (se) perçoit. Cad le Bord à partir duquel on perçoit et à partir duquel on se perçoit (comme moi) et à partir duquel le sujet se perçoit ; ou donc pour cette dernière remarque le sujet doit percevoir le sujet mais comme il n'est pas du monde, du vécu ou du corps, c'est très difficile (tout le monde sait très bien qu'il est très difficile de vivre ou d'exister, inutile de se le cacher).

Ce que par ex le christique (qui initie qu'il y ait un « sujet », le christ crée votre intention lorsque vous croyez en son Intention, ou les juifs se savent lorsqu'ils se confient à dieu, ou les français se signifient lorsqu'ils révolutionnent, etc, ou Rimbaud devient « Rimbaud » lorsqu'il Voit-écrit La saison ou Les illuminations). Ceci pour prendre des exemples manifestes mais cela vaut pour et par chacun ; il n'y a pas que Rimbaud ou Jésus qui existent... c'est évident, mais il faut le dire ; tout arc de conscience est branché instantanément (de là, de cette instantanéité qu'il ait une destination qui se-sait), branché instantanément à cet autre arc absolument titanesque (cad infini) qu'est le présent. Aussi le présent contient-il les possibles (du monde et du vécu, de la réalité donc) et les possibilités (du réel et de la structure) ; soit donc les tactiques (relatives) et les stratégies (absolues, ce qui veut dire formelles).

Les stratégies absolues sont incomparablement difficiles... Les révolutionnaires français ne savent presque pas ce qu'ils font vraiment, mais ils le décident pourtant : « ça se décide ». Rimbaud ignore en terme de connaissance ce que pourtant il Sait. C'est pour cette raison que l'on introduit le se-savoir (de la structure, du sujet, du réel ou de dieu si l'on est croyant) ; tout à fait distinct de la connaissance. Mais bien sur le se-savoir emporte, charrie, embarque la, les connaissances ; Rimbaud connaissait la Poésie (des grecs aux contemporains). Le se-savoir est en-plus et toujours bizarre, et lorsqu'on l'aime cette bizarrerie est dite « étrange ». Si l'on ne comprend pas le christique il est bizarre, si on commence d'y avancer il devient absolument étrange ; on ne comprend plus du tout comment il se fait que tout cela s'instaure en si peu de temps et de et par cette cohérence (tellement imposante qu'elle crée toute la possibilité et tous les possibles historiques qui suivront). On ne peut pas comprendre (selon la connaissance) parce que tout ces faits majeurs inaugurent des possibilités et que c'est à partir de ces initiateurs, opérateurs que l'on comprendra, qu'il y aura connaissances ; les fait structurels monumentaux rendent possible la compréhension. Et ces opérateurs ne se situent pas dans le donné, même une fois signifiés, parce qu'ils sont de structure ils sont installés dans, sur le Bord (du monde, du vécu, des corps, de la réalité). On peut infiniment interpréter Kant ou 1789 ou mai 68, parce qu'ils sur-existent

cad en fait ils existent tout court et le reste est du monde, du monde des effets, des conséquences, des possibles, attendant non plus d'autres possibles mais d'autres possibilités qui permettront à leur tour de réinterpréter, en enroulement ; Hegel permet de comprendre Kant par ex, dans une certaine mesure et une mesure certaine, Lacan Sartre et tout le monde qui s'y emploie Rimbaud ou le christ ; en philosophie la réinterprétation, qui n'est pas une « interprétation » subjective, est relativement facilitée ; puisque la philosophie a pour finalité de penser, de manifester « ce qui est arrivé » à l’humain depuis la méditerranée ; pourquoi est-il possible de « penser » ? Ou depuis Descartes « pourquoi sommes-nous conscience-de ?

La réinterprétation doit se tenir non pas du subjectif ou de la création « sans raison » (genre nietzschéenne), mais doit autoriser de saisir au même degré. On ne peut comprendre le christique que de se placer au même niveau, et au même niveau ontologique ; cad relativement au degré de réel, absolu, formel ; autant dire que, visiblement, ça n'est pas vraiment possible ; le christique excède de toute part. Mais cela vaut structurellement pour toute avancée, plongée dans le point extrême d'existence ; par quoi il fallut à Rimbaud une époustouflante audace (au sens de Plotin) dont il fit les frais (et il devait n'être qu'un grand adolescent, afin que tout son corps puisse accepter, accéder, s'emplir de la vision, des innombrables visions qui foudroient toute l'écriture).

Et ce qui vaut pour les points extrêmes qui furent créés, vaut également pour le sujet dans le moi ; le sujet est de structure et n’apparaît pas et ne peut pas apparaître ; il n'est pas de l’ordre du monde ; il est le point que crée l'intentionnalité lorsqu'elle ouvre un champ de perception qu'elle balise par des signes (qui ne sont pas seulement ceux du langage).

Ce point extrême est peut-être juste un balisage et le présent un effet parmi d’autres. Mais l'hypothèse ici est que ce point et ce présent formule une dimension ; et que loin d'être effets, ils sont causes. Causes des effets, des réalités, du moi, des mondes humains. La technicité du point de conscience qui est situé dans le « là » du donné, dans le réel du monde, veut dire par ailleurs que le corps, le biologique, l'adn, la perception du vivant, etc, sont repris de fait dans et par l'intentionnalité, qui est un rapport et non un être ; de sorte qu'il n'est pas lieu du tout d’opposer l'esprit et la matière ou le donné, par exemple ; puisque l'esprit en l’occurrence n'est pas un être mais une structure ; et en tant que rapport il permet de ré-autoriser toute espèce de rapports qui existent déjà, qui entrent et sortent de la perception, il n'y a aucune contradiction entre la perception et l'intentionnalité, qui est faite pour, littéralement, reprendre tout ce qui vient (sinon à quoi servirait une technologie telle que « la perception » ; l'intentionnalité est perméable, la perception également, et elle n'est plus, pour nous, codée par l'adn mais par la mise en forme culturelle, selon tel ou tel groupe, et ensuite l’acculturation, qui ajoute et traverse le groupe et la culture, et ce par la ré-anthropologisation, grecque et christique, et autres, le droit romain, etc ; même un vivant est en partie, plus ou moins, capable d'accéder au donné tel que « là », au champ, neutre, formel, votre chien, votre chat perçoivent, tout court, même si leur adn retient et codifie, ils possèdent une auto-mémoire, qui est évidement sur-décuplée chez l'humain et réutilisée alors tout à fait autrement par la systématique intentionnelle, l'arc de conscience qui s'ajoute et s'instancie en plus, qui permet de produire une mémorisation actuelle, ce qui est contradictoire et effectif, qui est forcément en-plus puisque son propre est de créer une unité ouverte et actuelle).

Donc structurellement il s'agit de décrire la forme du Bord du monde, du donné, du vécu et du corps. Et donc l'hypothèse est de tenir que l'arc de conscience (qui est formel, cad est un rapport) et le présent (présenté ici comme étant un arc) existent en tant que dimension. Sinon on peut tout à fait n'admettre que le donné, la détermination et des sortes de « super effets » dans l’ensemble des effets et des causes, et avouer filialement que toute la réalité terminera dans le vide intersidéral, la glaciation de tous les soleils, le vide infini entre toutes les galaxies, etc, et que tout, en gros, est destiné au néant, l'oubli, à l'effacement. Au choix. Les 400 000 ans de l’espèce humaine comptent pour quasiment rien sur la ligne de milliards d'années de cette réalité et en ce cas tout ce que nous faisons voué à disparaître dans l'oubli, l'inexistence.

Parallèlement à l’hypothèse générale ici on considère réellement pourtant que supposer que l'arc de conscience et l'arc du présent ouvrent sur une compréhension et une mesure, une prise en compte de l’organisation du réel ; seule l'intentionnalité par exemple permet de distinguer le vivant et l'humain, et le pont, le passage entre les deux ; sans pour cela « tomber » dans l’explication dont on en peut pas sortir de supposer un « esprit » (ou quelque variantes) qui contredirait, qui opposerait deux sortes de « réalités » frontalement . Mais de même, et en avançant, si il est une dimension et si de plus on suppose que cette dimension s'étend, si l'on peut dire, alors il faut en déduire que cette continuité de la vie vers une Existence (plus précise et plus grande) ne reproduirait pas « un même monde », un « paradis », une version améliorée de ce monde-ci ; si la dimension est La Dimension alors elle continue « autrement » ; il n'existe ici et maintenant comme extrémités et extrémismes éprouvés ici bas, que les prémices de « ce qui sera ». au sens très bizarre ou très étrange que l'on trouve dans la bible que dieu est « celui qui sera » ou, mieux, « celui qui est en cours » (puisque l'hébreu, parait-il ne dispose du futur que selon le mode de « cela qui vient », ce qui est en cours de devenir).

Mais ce dernier point est tout à fait une encore plus hypothétique, sauf qu'il permet d'encore plus préciser et distinguer et expliciter, ou peut-être expliquer (dans la mesure délicate de notre activité oud e notre présence), expliciter donc ces étrangetés des accès soudains à la réalité via des « extrémismes », éthiques, théoriques, politiques, mystiques, poétiques, idéel ou philosophiques, etc. L'extrémisme est ici Pourquoi nous vient-il parfois des éclairs qui, une fois soupçonnés, semblent naître à un tel degré du possible, du « futur », recelant en quelques dizaines d'années pour le collectif, et quelques secondes pour l'individuel, une richesse qui se déploiera ensuite en sa conséquence, selon sa vision, et en conséquences, indéfiniment variées ; le propre du structurel est d'engendrer. De même que le présent, l'exister, engendrent.

Et donc la vérité n'est nullement en tel ceci ou cela, mais simplement dans la forme. La forme n'est pas un programme caché, mais une structure ; n'est pas un corpus, une seconde réalité, un concentré de déterminations, ça n'aurait aucun sens (que le monde donné soit doublé par une autre sorte de détermination) mais est, le programme, la forme même ; soit donc un rapport, un mouvement. On ne peut pourtant pas se satisfaire de seulement désigner « la forme » ; il faut s’introduire en elle ; et donc opérer des distinctions, marquées par des signes, dont on ne constate que ses effets dans le monde, le vécu ou le corps.

En ce sens la forme (qu'est le réel /des réalités) crée l’hypothèse de dieu, des idées, du sujet et du réel. Autrement dit l'intention, l'universel, le sujet et l'exister. L'exister dont la manifestation urgente fut celle de l'existentialisme en général ou si l'on préfère sa traduction mondaine et humaniste, l'a-humanité, l’inhumanité, la bizarrerie, la brutalité du réel, par exemple le déploiement totalement fou de la réalité comme univers infini ou indéfini ou tellement immense que c'est à en perdre la tête.

Parce qu'il est quand même tout à fait clair que l’immensité et la violence de la réalité, ce gaspillage insensé d'énergie, cette étendue inimaginable, paraît nous éjecter en plus de nous ignorer ; qu'est-ce qu'un être vaguement conscient de soi perdu au sein d'une telle masse de réalités diverses et hors de toute proportion ?

Il est ainsi postulé une dimension dont l'acte assume tout le développement, mais cet acte (sans évoquer quelque dimension que ce soit) est à lui-même son propre accès. Il faut admettre un principe, une logique : que nous sommes passés de l'irréalité à la réalité brute. Que par exemple les corps appartenaient au groupe et à la représentation collective, et qu'en bout de course chacun soit à lui-même son propre corps, et rien que. C'est pour cela que les mois meurent ; évidemment tout le monde est mort depuis toujours, mais les mois, eux, ils le savent. Parce que leur regard cherchant à organiser la perception et a supporter tous les champs nouveaux découverts se confie à l'être vivant qu'ils sont déjà et suit la satisfaction ; et ça n'est pas rien parce que c'est précisément cette bizarrerie de la « satisfaction » sur laquelle reviendra Lacan.

Rappelons que contrairement aux allemands (Nietzsche et Heidegger qui privilégient une résolution semi imaginée) les français Sartre et Lacan reprennent tel que là, ici et maintenant l'analyse de notre être ; à la suite de Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Maine de Biran, Bergson, etc. En réalité l'attention se dirige vers l’articulation qui nous tend les bras ; autrefois dieu, et depuis Descartes notre être (on a cru un temps que la raison pouvait faire office de moyen, médiatisation, ce qui est vrai mais non suffisant ; la constitution de la révolution ne définit pas chacun comme étant « en raison », mais en capacité de raison, ce qui signifie selon le jugement de chacun, l’exercice de sa liberté et non de sa pensée au sens universel, et c'est ce statut de citoyen, de sujet, qui est en jeu).

Et donc Lacan explore l’organisation d'un moi ; il interprète à tort que la «conscience » est le « conscient » (mais de son point de vue c'est absolument légitime) ; le moi croit relever du conscient, de son identité de moi-même ; bien sur il se trompe, le conscient est en bout de course et il est noyé dans l'imaginaire, lequel est juste une perception et perçu d'un point-autre ; le « moi » est jeté en pâture à l'autre (accessoirement dans on propre passé à tel ou tel autrui, peu importe parce que c'est l'altérité qui compte, que ce soit un point, un regard-autre ; et ce regard-autre, pour ceux qui suivent, est en tant qu'Autre des « signes » ; l’inconscient (de chacun) est structuré comme un langage ; « comme » et non pas en tant que langage ; c'est pour cette raison que chacun possède en quelque sorte « son » langage, et non pas seulement relatif au langage commun.

Or donc pour en revenir à la satisfaction et à l'intimation qui veut que tout moi se con-fie à son corps, le moi croit ou désire retrouver un bien-être ou une plénitude ; et cette imaginaire jouissance il va croire la retrouver un peu partout et constamment ; elle est incrusté dans le corps, le corps, en tant que vivant et en tant que vivant contrarié (par le langage, dans l’interprétation de Lacan, et pour nous par cet arc qui sort, littéralement, de la cervelle, vers le donné, oui, mais vers le donné « là », cad la position bizarre et insupportable 'qu'un réel il y a', qui brise le vivant et dont l'ombre portée est le langage, l'effet de cette cause qu'est l'arc est le langage) et revient continuellement. Et d'autre part se retrouve partout ; dès qu'il y a intentionnalité, « on » veut boucher le trou, qui est imbouchable (ce qui pousse à la névrose ou à la psychose, de l'objet a navigant un peu partout) et nous ouvre toujours hors de nous, et à propos, donc de tout et n'importe quoi ; ce qui revient aussi à dire que l'on ne sait pas « qui regarde » … on croit maîtriser l'intentionnalité, l'activité de conscience, mais en vérité « on est regardé » ou « regardé regardant », parce que l'on recherche comme disait Hegel la reconnaissance, ou Sartre d'être considéré comme sujet alors que l'on est perçu comme objet ou comme Lacan que si l'acte de conscience n'est pas, qu'il n'est que ses contenus, alors ces contenus sont posés tout extérieurement sous le regard d'un « autre » ; on ne sait pas « qui » regarde.

Lacan examine tout objectivement le déroulement des contenus et les contenus qui concernent le moi (qui se re-présente lui-même et croit en cette représentation) glissent d'un signe sous un autre signe et donc disparaissent du champ. Et ce, donc, répétons-le, dans le registre très intime ; qui est de ce fait extime, hors de soi, hors de nous-même ; on est-perçu, on a été perçu dirait Freud, Lacan resserre encore l’altérité du regard ; la causalité est toujours active puisque le langage transporte l’altérité qui dirige votre attention, et cela est (relativement) vrai ; dans l'intime du moi il est une impossibilité de détenir la conscience que l'on en est ; ce que l'on est, on ne l'a pas.

L'avoir est fondamental en ce cas ; parce que par ex on a un corps, on ne l'est pas ; on le perçoit de l'extérieur, on l'a marqué de signes et tenu à distance, sauf que le corps lui-même ou l'identité du moi ne sont pas et ne peuvent pas, ne peuvent plus passer dans la forme de l'objectivation ; il y aura toujours un point par lequel « vous êtes perçu » et pour comprendre cela il faut également prendre la contraposée ; à savoir que le sujet ne consiste pas du tout à résoudre le moi …

le sujet vient en plus pour assurer le réel et non pas résoudre la réalité ; c'est en ce sens que dieu ou le christique ou le sujet ou la révolution résolvent la réalité non pas seulement en régulant celle-ci mais en tenant la solidité de l'intentionnalité et ce envers et contre les doutes épouvantables du moi, les doutes … cad les angoisses absolument impitoyables qui détruisent le moi, l’identité psychique, psychologique, mentale, celle qui lie la satisfaction et le corps et la représentation de soi ; laquelle ne tient, véritablement, ne tient que si elle est toujours active, ce qui veut dire désirante … Sans c esse il faut réanimer l'intentionnalisation du moi (qui n'est que par là, il s’imagine « être » mais en réalité il se meut et ne se meut que dans le mouvement qu'il nomme désir, et s'angoisse, et ce sur un mode extrêmement profond et complexe sur lequel on en s'étendra pas maintenant).

 

Le sujet donc permet de stabiliser en quelque sorte l'intentionnalité qui sinon dérive à jamais en intentionnalisations à tout bout de champ ; d'un bonheur ou d'une satisfaction qui comblerait et qui n'arrivera jamais parce qu'elle est imaginée. Et le sujet vient nous dire ; ça n'est pas ça. Ça n'est pas cela que vous attendez ; vous n'attendez pas la résolution d'une équation posée imaginairement par le moi, parce qu'il y a une problématique en plus ; la philosophie comme dieu ou le christique ou la révolution ou le sujet permettent de supposer qu'il existe une compréhension qui n'est pas de l’ordre de l’imaginaire (imaginaire s'entend comme image-de-soi, et non comme fantaisies ou rêveries, mais bien comme rêves, rêves de l’inconscient, de celle dont Freud disait que lorsque vous vous réveillez d'un rêve ou d'un cauchemar, c'est à ce moment là, du réveil, que vous vous endormez... parce que le rêve était plus-réel, pour le moi, que la station diurne, éveillée, qui est un étouffement de votre vrai-désir et comme tel effroyablement angoissant). On ne supprimera pas l'angoisse (qui peut mener à la dépression mais aussi aux obsession ou à la folie, si l'angoisse remonte à loin dans le passé) mais le sujet permet de réorienter l'intentionnel et montrer au moi qu'il existe bien plus d’enjeux qu'il ne croit et que son être n'est pas le bout du bout, qu'il est, le moi-même, une petite partie de ce qui peut Exister.

C'est l'injonction du « bonheur », de la réussite, de notre être comme donné (et donc qui trouverait nécessairement sa satisfaction dans le monde, sinon c'est de votre faute, c'est votre échec) et d'un être qui serait adéquat à quelque partie du monde donné vécu, ce qui jette toute personnalisation dans un abîme de perplexité, ce qui veut dire d'angoisse. Puisque par ailleurs on sait que plus ou moins tout se passe très mal, au cours d'une vie, et que cela se termine tout à fait désagréablement. Il n'est pas seulement dans l’angoisse mais dans l’incompréhension la plus radicale, à la racine. Il ne peut s'empêcher de tendre vers la « perfection » à propos d'un monde, d'une réalité de déterminations, constitutivement limitées, limitatives, fragmentaires, morcelées, dispersées.

Rien ne lui indique plus que la perfection justement est tout à fait autre et bien autrement que « selon le monde, le vécu ou le corps ». Les héroïsmes déjà passés, érodés, fantasmatiques, de transgression et de prétendument « vérité » découverte par dessus les anciens totems, les maîtres du doute (Marx, Freud, Nietzsche et leurs épigones), les post-vérités et post-humanismes, participent tous de la même dissolution, dont on peut dire qu'elle est passée du spirituel et du sujet au mental et au développement personnel mais également s'est effondrée dans les obsessions et les perversions ; parce que tous ceux là s’ennuient. Ils s'ennuient tellement de ne plus croire en rien (cad de parier sur l'impossible, ne comprenant pas que la réalité qui est (du verbe « être ») existe (de l'exister et du présent son délégué) la réalité dans le réel est précisément la machinerie gigantesque qui rend possible l'impossible et requiert la foi, ni plus ni moins, tout le reste est faiblesses, quantité de sortes de faiblesses ; comme par exemple de dénigrer toutes les philosophies, excepté la sienne propre, comme Heidegger, ce qui est ridicule, le contraire consistant à valider l’ensemble des possibilités ouvertes par les systèmes, une par une, ou par le christique ou par la révolution, autant de structures en elles-mêmes inépuisables, littéralement, puisqu'elles existent antérieurement au monde, au donné, et aux effets ; et nos jolis transgresseurs, maîtres du doute et anti humanistes et anti sujets (on n'en finirait plus d'énumérer leur « anti » position qui couvre simplement leur ego) ne présentent au regard que des intentionnalités biaisées, tordues vers le bas, finalisées par telle ou telle partie du monde, ayant aboli qu'il y ait une structure universelle, dont les universalités de jadis tiraient leur légitimité mais surtout leur possibilité même. Retirant la structure universelle plus rien n'est possible dans le monde, le vécu ou le corps et tout s'offre à la dispersion, à la déperdition mentale, et par la souffrance abyssale des mois.

Lacan se trompe (en pointant la « conscience » comme si elle était le « conscient » soit donc un être déterminé). Enfin de son point de vue il ne se trompe pas, de même que Descartes ne se trompe pas. Parce que la réalité est dans une structure que l'on ne peut pas dire ni éprouver (elle outrepasse la diction et le corps d'un vivant, jusqu'à lui faire mal, le déchirer de haut en bas et de gauche à droite). On ne peut pas dire la structure mais la signifier ; ce qui veut dire que quelqu'un qui lirait extérieurement n'y comprendrait rien, tandis que quelqu'un qui s'y investit commence de comprendre ; ça s'adresse toujours, les signes, à vous-même comme intention et renvoie à votre jugement (personne ne peut vous juger extérieurement et vous ne devez votre accès au christique, à dieu, à l'universel ou au sujet ou à la révolution, comme structure historique, qu'à vous même et vous seul, de même qu'une psychanalyse n'existe qu'en tant qu'elle est la vôtre, par contre une psychologie ou une pharmacopée sont extérieures). Et si il n'y a que des signes, cela veut dire que la structure est inépuisable ; on ne peut pas faire le tour du christ, de Platon, de Nietzsche ou de Lacan. Inépuisable et inaccessible (extérieurement) sauf donc à vous transformer. Et à transformer non pas votre identité, votre moi, votre passé, héritage, etc, mais à modifier votre attention, votre intention, votre intentionnalité ; votre sujet, sa présence arcboutée au donné là réel, et aux réalités telles qu'elles apparaissent dans le champ de perception.

Lacan a tort de situer la conscience comme conscient ; le conscient se croit lui-même, il croit encore plus qu'il s'agit d’une solidité ou d'une consistance ou d'une universalité en soi ; cette croyance est une imagination (il croit en « l'être », et donc à son bonheur ou la satisfaction selon le corps). Tout l'enjeu consiste justement à « ne pas comprendre » ; mais à signifier. Rendre encore possible la signification ; contre tout ce qui veut vous définir, et en l'occurrence pour nous emplir votre imagination ; toute la médiatisation est un immense stroboscope qui dévore votre imagination, alors que le réel de notre « être » est hors monde, affecter de et par la structure qui n'est nulle part. En quoi donc le réel a déjà commencé ; à partir du moment du christique (ou des grecs et du décentrement universel ou de quelque position mystique, religieuse ou théorétique, les Védas par ex, ou du statut de citoyen de la révolution) vous basculez et irrémédiablement dans et par la structure.

Lacan a tort mais il a raison en ceci que ce qu'il observe, et analyse, c'est le moi qui croit à la représentation, sans voir que celle-ci est toujours limitée et entourée par les signes qui glissent les uns sous les autres et de la sorte que « l'on est perçu » plus que « l'on se perçoit ». Et jusque dans les options de raison ou de science ; on ne tient pas son « moi » de la science, et pas plus de la raison, sauf comme idéal (qui servira de justification en fait à des faiblesses quelconques ; la raison est très extérieure tandis que le moi, démonté en tous sens par Lacan, est le centre et donc tout le reste est justifications ou effets de ce cœur in-connu). C'est un horizon tout à fait pessimiste et « anti », anti-philosophique, anti-humaniste presque (en réalité c'est plus compliqué et beaucoup moins tranché, ce serait même un humanisme « délivré » du poids et de l’influence toute-puissante mais non de la problématique, qui est intrinsèque ; on ne peut être qu'un moi et le sujet est compris par Lacan comme un « conscient », une partie dans une partie, le tout (des parties) étant absent et seulement imaginé ; or on avance ceci que le moi se tient du sujet, potentiel, impossible, qui relève de la forme des réalités et non de celles-ci).

De prendre pour argent comptant l'évidence qui nourrit le moi (rappelons que le moi ne peut pas s'interroger sempiternellement, il doit se considérer lui-même comme « évident » et son bonheur comme promis ; il est, ce moi, un centre de gestion, et aussi un bricolage vite fait, et un moi ne peut être que tel, malgré qu'il croit ou aimerait que s’impose une logique, une destinée jadis, un idéal), d’admettre l'évidence naturaliste ou à tout le moins réaliste du moi amène à conclure que décidément on a tout oublié de la structure (dieu, christique, universel, sujet, révolution) sauf que Lacan aboutit au réel... et ne méconnaît ni la philosophie, ni le christianisme, ni Descartes, ni l'universel.

Il faut en conclure qu'il lui paraissait au-delà de notre capacité de réintroduire dans la réalité et donc dans le réel (sur lequel on bute) ce qui, par la structure, était envisagé, à savoir le réel visage de sujet, cela même que la mise en forme du moi, du moi-même, ne peut admettre, tant et si bien que c'est tout un siècle qui s'est précipité à fermer, boucher l'horizon, ce qui veut dire à prétendre « profiter » du monde, du vécu et du corps. Évidemment cette fermeture sur, vers, dans la réalité au détriment du réel, opération généralisée qui s'est concrétisée au 20éme et même dans la deuxième partie du 20éme (après guerre et années soixante) est aussi ce qui mit un terme à la dernière évocation du réel, à savoir la révolution (comme horizon dérangeant ou élevant ou transcendant la réalité, effort qui rendait accessible le formalisme, l'absolutisme de l'intention stratégique, au lieu de simples tactiques dispersées, à quoi se réduit le « libéralisme », qui ne peut tenir l’histoire seul ; c'est pour cela que la société et l’État français a bel et bien mené une méta-organisation potentielle, après guerre, reprenant toutes les lignes de forces de ses deux derniers siècles).

Et la limitation du moi ne mène pas bien loin. Ça mène juste à la mort, et auparavant à la dispersion effrénée et indéfinie, à « ce qui n'en finit pas de se désagréger » mentalement et physiquement. La baisse de la capacité intentionnelle, l'impossibilité de coordonner l’humanité, de rassembler les faisceaux d'intentions, le glissement dans toutes les diverses irréalités.

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