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instants philosophie

Antérieurement à ce qui est

9 Juillet 2022, 08:50am

Publié par pascal doyelle

Le réel, image et miroir

Que notre être soit purement un rapport intentionnel est quand même troublant.

Outre l’inquiétude qui surgit dans la cervelle d’un être vivant, qui, lui, est toujours occupé, et qui n’aura pas d’inconscient (sinon par côtoiement de l’espèce humaine, parait-il). De m^me qu’une « conscience » s’impose à un corps vivant noie ce dernier dans une panique totale, puisque il se sent « observé », pour ainsi dire, et que pour le vivant un regard extérieur est en soi menaçant ; et cela pousse chacun dans une paranoïa fondamentale (voir la thèse de Lacan, De la paranoïa) ; qio sera également la capacité d’interpréter des signes, seraient-ils faux.

Dans tous les cas l’arc de conscience s’impose comme autre et de toute manière il est non seulement autre pour ce monde et autre pour ce vivant mais autre en soi, en lui-même, de par sa nature même ; puisqu’il jette y compris sur lui-même (y compris sur lui-même) constamment un regard absolument externe … il se-voit et c’est un rapport qui naît du rapport qu’il est, c’est pour cela qu’il ex-siste et qu’il n’est pas, il n’est pas déterminé étant purement formel ; la nature, la réalité, le donné, la détermination ou dieu ayant créé un moyen détourné pour que dans tout l’océan des choses et des êtres qui sont (qui sont cela qu’ils sont, déterminés donc) il existe au moins un être qui n’est pas la détermination qu’il est mais se sert de cette détermination avant d’introduire dans la réalité un caractère purement formel (le rapport de conscience de (soi) ou un être qui est en tant que mouvement sans rien ; qui n’est aucun des contenus qu’il peut, par ailleurs reprendre du monde et du vivant ou créer de son activité.

Tout arc de conscience, toute conscience de soi est une conscience de (soi), cad un rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est non une identité mais le rapport lui-même ; on a conscience de la conscience que l’on est ; et donc on porte au deuxième degré, au niveau de l’existence l’être, que l’on cesse d’être, pour ainsi Exister ; thèse de Sartre évidemment. Exprimer de manière plus compréhensible ; c’est ce que l’on fera de ce que le monde, autrui ou nous-même avons fait de nous, qui compte. Puisque pareillement autrui ou le monde et « la vie » nous malmènent ou risquent de nous annuler, de même ce moi que l’on est, qui est à la fois significatif et bricolé, dans l’urgence, la nécessité, les contraintes, etc, et quantité de déterminations dont on ne sait pas du tout quoi faire a priori. Soit on en cherchera la résolution (au cours de la vie, ou en psychanalyse, par ex), soit on tentera d’élever le débat pour ainsi dire, ce qui signifie porter plus haut le problème (plutôt que de le « résoudre » on le déplace sur un autre plan, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas de facilitations admissibles, mais que le centre est hors-monde, hors-vécu, réclame une plus grande structure, stratégie).

Et effectivement c’est ce à quoi l’on s’est employé durant des siècles ; étant entendu que notre être, qui n’est pas un être (mais un rapport), est mouvement et qu’il téléporte la détermination dans le Possible ; aussi la détermination (dont on ne garde aucune trace intérieure) doit être reprise, data après data, détermination après détermination et recalculée ou pensée dans la représentation (comme son nom l’indique ; la re-présentation mais dans le flux intentionnel qui doit d’abord découper, séparer la réalité, via des signes). On s’est employé donc à ne plus se référer au donné là, au corps, au vivant seulement mais à imposer dans la réalité la quote-part du réel pur ; l’arc de conscience est le levier qui soulève, élève la réalité dans le réel, ce qui veut dire dans l’hyper activité du rapport, produit des objectivités et des subjectivités qui réemploie la réalité ou la vie.

Les sociétés humaines croyaient percevoir la vérité en tant que réalité et telle quelle et en tant que tel monde (maya par ex). Depuis dieu, la pensée, le sujet et le réel on sait que nous produisons ces contenus, mais aussi que dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont devenus encore plus des interrogations.

Pourquoi ?

On a vu ; afin que le possible ne se concrétise par seulement en une réalité donnée là (qui finit ou finira par s’effondrer ou disparaître, entièrement) mais que la réalité soit reprise dans « un plus grand mouvement ». Que l’on nomme cela dieu, la pensée, le sujet ou le réel (dimensionnel). Dit autrement la réalité (déterminée) se pousse encore plus loin lorsque naît la possibilité du rapport ‘en personne’, puisque seul un sujet peut dépasser les contraintes et reconditionner son être (comme disait Kant, modifier les conditions, les causes et donc les effets puis des nouveaux effets reprendre les causes, etc). Notons bien ceci ; le possible n’est pas ce qui arrive à une réalité, il y a une réalité parce qu’antérieurement, cad ontologiquement, il existe Le Possible. C’est le possible qui devient ; les réalités ne sont que les effets et tombent, constamment, dans l’indistinction, sans qu’il n’y ait jamais « rien », mais juste une extension toujours plus lointaine de la réalité distendue.

Bref.

L’arc de conscience descend soudainement dans et par la cervelle, mais peu importe puisque l’arc de conscience qui est rapport à (soi), duquel rapport et bien qu’existant le soi s’absente, disparaît, cet arc extériorise absolument toute l’unité du vivant, de ce corps-vivant ; qui se perçoit du dehors, à partir d’un horizon toujours autre et sans cesse recréé Autre ( c’est aussi la coupure du corps par le signifiant qui génère un « moi » qui n’existait pas avant le signifiant, l’inconscient étant produit par l’effet « horizon », métaphore ou métonymie peu importe, qui recule toujours, puisque l’essentiel n’est pas ce qui refoulé mais qu’il y ait refoulement ; cela seul étant en mesure de créer le vide, l’espace, la coupure, qui rend possibles « des signes »).

cette cervelle crée, rend possible, admet, comme on veut, l’arc de conscience, cad le rapport qui existe inversement… Il existe à l’envers du temps, il se prend du présent en tant que le présent vient de l’avenir, ce qui signifie du Possible. L’arc n’est pas accroché à un donné mais tenant dans sa vue, par l’intentionnalité, le champ intentionnel, ce qui est (qu’il a recomposé, représenté) il impose la forme d’un « Possible » ; la forme « Possible » est plus grande que le donné, de même que l’universalisation ouvre grand le donné perçu ; ou que les maths sont plus étendues que les calculs effectifs utiles dans ce monde (puisque les maths déploient les rapports purs dans tous les sens ; un étant égal à un, deux étant deux fois « un », etc, et « un » signifiant seulement l’identité formelle d’un objet avec lui-même).

Donc la réalité s’ouvre par le devant et pour nous ce qui « est » en fait « existe » et vient du possible (qui n’est pas limité au futur ; le possible est non seulement une catégorie mais La catégorie ; le possible est pour nous la capacité-de ; la plus grande version de nous-mêmes (collectivement) et de nous-même (individuellement).

Dit autrement ; on ne sait pas dans quel sens existe un rapport.

De même une conscience ignore où est la conscience (elle s’occupe du contenu mais ne sait pas de « où » est vu ce contenu, pareillement on ne peut pas saisir l’horizon (sur lequel on pose les objets), sinon cet horizon serait un objet sous un autre horizon).

Elle ignore où est la conscience, ce qui revient également à dire qu’elle se place sous la netteté de l’universel ou du singulier absolu (le sujet qui est absolument le rapport qu’il existe est plus grand que l’universel tel quel, puisqu’il peut, lui, re-venir sur les conditions, les causes, tandis que l’universel met en forme les conditions, les causes, les notions ; le sujet modifie les notions, les agrandit).

Mais donc le je ne sait pas qui le perçoit ou de où il est perçu, se perçoit, perçoit le monde ; c’est en cela que le « rapport » contient tout ce qui est signifié ici comme « réel » par rapport aux réalités ; réalités qui n’apparaissent, pour l’être humain, que dans le champ intentionnel, cad les signes qui sont en eux-mêmes déjà des universalisations. C’est aussi pour cette raison que s’interrogeant sur quelque ceci ou cela, on pose toujours la même question unique ; qu’est-ce que le réel ? Il n’y en a qu’une ; on s’élève instantanément à l’absolu puisque c’est à ce niveau que l’entrée dans le rapport nous oblige. Et nous existons de, par et peut-être pour le rapport.

Pourquoi existerions-nous « pour » le rapport ?

Parce qu’il serait ou sera le seul à nous le rendre. La nature du rapport est structurellement externe, dirigé vers et pour le mouvement.

Aussi dans la même logique si on ignore de où la conscience perçoit, c’est que le rapport est en « en forme de miroir et d’image ». On ne sait si il est le miroir ou l’image, l’image ou le miroir. Et il est un présent qui existe, structurellement, de cette manière-là ; on se perçoit à partir de « ce qui sera » ou de « ce qui est possible », à la fois image et miroir de la réalité et du réel.

Ce qui entre dans la structure « réel - réalité » est à la fois le miroir et l’image dans le miroir, mais en ce sens très étrange que l’image fonctionne à terme en tant que miroir ; le miroir regarde le miroir, face à face ; la finalité n’est pas que l’image soit modifiée mais que le miroir soit modifié ; que dieu, l’universel, le sujet, le réel soient plus grands à la fin qu’au début.

Comme le réel existe en-avant, il faut le lire inversement ; il y a une image afin que le miroir se modifie. Que les images (les choses et les êtres) changent est tout à fait évident ; jusqu’à disparaître au fur et à mesure. Mais ce qui compte c’est le cadre général de ce qui est ; c’est lui qui devient.

Lorsque l’énergie brute se transforme en matérialités, le flash du big bang en univers, le point en espace et temps, alors l’exister (le cadre général, le réel des réalités) devient.

L’exister est cela même qui se transforme jusqu’à aboutir à ce champ actuel, à ce champ de l’actualité ; il existe un « là » que spécifiquement les vivants et les conscients ont accès fondamentalement. Ce qui est « vivant » perçoit le donné en lequel il est ou existe ; son milieu (et donc non plus son milieu mais le-monde pour les conscients, qui, eux, se perçoivent à partir de l’horizon).

Dans les sociétés humaines cycliques, holistiques, le cadre général ordonne la réalité perçue, échangée, partagée. Dans les sociétés historiques les images (et donc les idées, littéralement) remontent vers le cadre général et ce jusqu’à modifier les sujets ; les mass et micro médiatisations avaient pour finalité que chacun et que tous (à la fois) se transforment.

Si la réalité est hors d’elle-même, c’est afin qu’il y ait réalité ; sinon tout serait monolithique, ce qui n’aurait aucun sens. Pareillement la seule finalité admissible et de niveau au Possible en tant que règle absolue de « ce qui est », la seule finalité digne pour ainsi dire est de modifier la qualité, la capacité du possible lui-même. Il n’existe donc que le Possible et le Possible seul devient (le reste tombe, vers le bas).

Lorsque l’on choisit, décide, et plus réellement (puisque choix et décision sont des notifications abstraites, qui correspondent au conscient, non à l’arc de conscience) plus réellement donc lorsque l’on intentionnalise (et que l’on commence même de sélectionner la perception, le perçu et que l’on se met soi-même en jeu, avec plus ou moins d’intégrité ou de passion interne) on provoque l’image, la réalisation, le champ intentionnel, qui permettra d’augmenter, d’agrandir, d’intensifier, d’accélérer l’intentionnalité, l’arc de conscience.

Ou non.

Viennent au-devant de nous les images, les possibilités, les idées, les intentions : il se peut que l’on ne les saisit pas, que notre passion soit minorée, réduite, déroutée vers le bas ou vers le passé, que l’on ne soit pas attentif à la Possibilité, parce que l’on n’aura probablement pas élaboré, conditionné notre intention dans la foi, la conversion, l’attention, l’illumination, la réalisation, soit donc la passion du structurel. Que cette intention, ce champ intentionnel réclame une stratégie.

Que notre être soit libre, qu’il soit non un être mais un rapport, implique qu’il est non achevé. La réalité est non achevé et donc se déploie, afin que le Possible (de tout) soit toujours-plus-grand ; que la capacité de devenir se relève elle-même.

Le regard, l’arc de conscience, le flux de conscience on ne sait jamais de « où » il regarde, parce que sinon il serait seulement un ici ou un là, déjà mort, déjà devenu ; mais comme c’est lui qui deviendra plus grand que sa capacité initiale, il lui est donné une vie, une existence afin qu’il prenne bien la mesure de non pas ce qu’il est, sera ou a été, mais de ce qu’il peut être, de son ex-sistence. La foi (ne dieu, dans le christique), la conversion (vers la pensée, l’universel qui vous décentrent), la conscience de soi (depuis Descartes jusque Lacan en passant par Kant ou Nietzsche, etc), l’Évidence de l’existence (depuis qu’il est des mois qui se heurtent au Fait brut du réel donné là) impliquent le poids, la pesanteur du réel (du souci dirait l’autre, de l’angoisse ou l’enthousiasme ou la générosité et l’estime mesurée de soi, ou l’illumination, etc).

Parce que le réel, de par lequel rien n’est (l’être est toujours second, l’exister est son Bord qui est premier), est un mouvement et existe en tant que mouvement ; et non comme un quelque chose qui viendrait à se mouvoir ou s’agiter, c’est le mouvement qui devient, se déplace en et par lui-même puisqu’il est cette réalité, cette image et qu’il est lui le miroir, le réel.

Si l’on comprend que l’on n’est pas, jamais, mais existe exclusivement suspendu, et en cette suspension pur mouvement, alors on admet que l’on ne saisit jamais quoi que ce soit, mais que l’on est saisi, et qu’il devient possible de modifier non ce que l’on est (qui est tout à fait second) mais modifier la possibilité même, l’ontologie possible de notre existence.

C’est pour cela que le christique nous indiquait bien que nous serons « jugés » sur notre Intention, ce qui veut dire que nous ne serons pas jugés, nous nous jugerons nous-même, selon l’intégrité de notre intention (qu’elle ait échoué ou non).

On ne cache pas du tout ici qu’il faut décider ;

soit on croit que la forme, le réel, le présent fonctionnent comme articulation afin qu’une réalité soit (qui finira dans les ténèbres) ;

soit on admet que la forme (le réel, le présent) est seule existante et alors s’ouvre ainsi cette dimension ;

que l’on définit par ailleurs comme Possible et Possible qui devient ; en tant que Possible suspendu dans le Possible-même ;

au sens où le Possible est en question dans le possible même, petit « p » ;

le réel n’est nullement l’être, cette image-idée fixée, voire figée, qui s’étalerait pour un sujet abstrait, pur regard quasi indifférent,

mais est le devenir, ce qui signifie le devenir de tout, y compris du sujet ; si le devenir est le réel, rien n’échappe ; on est renvoyé, rejeté au Bord de tout, antérieurement à tout ; on atteint en somme la source du « vivant » (tel que dénommée avec le dieu vivant, ou par le chemin, la vérité et la vie christiques, ou le sujet qui se suspend lui-même ou la révolution qui voudrait se poursuivre, en chacun et en tous) ou si l’on préfère on atteint le Bord en tant qu’ex-sistant, en tant que « ce qui demeure dans la suspension du Possible », de ce qui Ex-siste ; ce qui sort de (soi) en tant que Possible.

C’est ce qui est réclamé, appelé, entendu (en tant que Voix), impliqué par dieu, la pensée, le sujet et le réel, à savoir que l’on revient tout à coup antérieurement afin de re-décider de tout ; re/décision afin d’expérimenter, d’éprouver « ce que l’on peut », «  ce qui peut exister » et dont le terme n’est pas fixé  (sinon on retomberait dans l’être paralysé).

Schématiquement il s’agit de remonter jusqu’au re-commencement, afin que celui-ci s’augmente ; afin que le Commencement s’accumule lui-même

(puisque sinon une fois déterminé le commencement s’enfoncerait sous son propre poids).

Ce qui est une manière de s’approcher au plus près de ce qui nous échappe ; en tant que, mouvement, on ne peut pas le fixer, et que nous sommes pris « dedans ce mouvement » et qu’il s’agit de découvrir une astuce afin d’y entrer ; qu’il y ait un dedans du mouvement, c’est ce qu’implique dieu, la pensée, le sujet et le réel, jusqu’où il existe est la différence que l’on acte ici entre fonctionnel et dimensionnel ; et qu’il n’est aucun moyen de contourner la difficulté, sinon de ne pas comprendre qu’il s’agit d’un mouvement et de chosifier l’exister en être ; le discours sur l’être devenant incompréhensible à ses propres yeux lorsqu’il aboutit au Un, à dieu, au sujet, au réel ; il se mord la queue si l’on peut dire, il ne peut plus fier le terme et admet un « signifié » qui serait en-soi. La pensée accordant à l’être une consistance qui est imaginée et non plus pensée. Aussi cesser de dire « l’être est l’être parce qu’il est l’être » n’avance en rien, mais avancer que le réel est le sujet cartésien, ou kantien, etc, ou est le présent cette articulation actualise la réflexivité elle-même ; elle découvre un point, une jointure, un déplacement qui éclaire le surgissement de « ce qui est » en tant que cela « existe ». On ne mesure pas encore à quel point la constatation cartésienne révèle, implique l’existence sur et par un point tout à fait exogène, hors-de, inégal et introductif, qui déplace la notion même de toute « notion », déplace toute pensée ; on n’a pas encore recousu le hiatus, le décalage et pour cause, on ne le peut pas. Si on ne le peut pas c’est qu’il faut intégrer la différence, le distinction ontologique en tant que telle, sans la trahir.

Et si on suppose que c’est le mouvement qui existe alors il occupe tout le réel, puisque si on définit « ce qui est » comme Possible, on est déjà dans l’occupation de tout le réel et que ce qui se meut meut tout le possible.

Et tout ceci afin de lui, de nous imprimer une logique qui correspond non à la logique d’une chose ou d’un objet (ce qui serait croire que l’on « est » ou que le réel est, succombant à l’imaginé, et devenant incapable du signifiant) mais une logique que notre arc, notre acte de conscience saisit puisqu’il lui est semblable.

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