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instants philosophie

Autour, la nuit noire

12 Novembre 2022, 11:51am

Publié par pascal doyelle

Rappelons que l’on considère toute expérience comme phénoménologiquement donnée telle quelle, telle qu’elle se donne, on va voir cela. Aussi notre « conscience », cette structure, n’est pas abstraitement transparente ; elle est un rapport, dont l’autre côté perçoit plus que ce que l’on voit soi-même ; il existe un inconscient par ex, ou telle œuvre ou telle passion nous animent, plus que toute autre, ou on aime telle personne sans raison accessible ou dieu nous parle (prophétisme) ou l’on sait déjà la raison. Parce que l’on est de l’autre-côté, ne serait-ce qu’une seconde ; quelque réel, quelque supposition sont intuitionnés, visualisés, éprouvés de l’autre point.
Le monde est une partie du divin.
Le monde délimité par le Bord.
Et le Bord du monde est le présent.
Aussi faudra-t-il s’attendre à une infinité, une non-finité, de destins, et qui cependant pour quelques-uns de ces destins se vivent et s’éprouvent déjà ici.
Pourquoi voudriez-vous que dieu soit limité ?

Dieu ou, si on n’aime pas la religion, la dimension, la dimension en laquelle tout est ; rappelons que le rapport, qui contient tous les contenus, n’est contenu en aucun ; il y a toujours un plus grand (outre que par ailleurs on sait bien que tous les contenus sont eux-mêmes « de petits rapports » et ce sans jamais aboutir à une solidité, une consistance originelle ; ce qui est originel c’est le rapport, cad le futur, l’à-venir, le possible, le non-temps ou le rapport ; le possible est le rapport, le rapport est le possible, rien ne le limite et l’essence, le principe, la structure du réel est le possible ; ou dit par l’autre bout, ce qui devient c’est le possible ; le possible est de plus en plus grand ; c’est l’unique description, l’unique finalité suffisamment digne, la logique même qu’il y ait une réalité (déterminée) et un réel (la forme des déterminations).

De même que dieu est une infinité de divin, de dimensions dans la dimension, ou de capacités divines (le père, le fils et le saint-esprit, qui veut dire « tout le monde ») ou de noms divins ou d’attributs infinis, tout ceci se comprend si l’on admet la définition du réel comme rapport, qui en lui-même, ne « consiste » pas, il ex-siste, ou dit autrement il produit, invente, crée des rapports et le « rapport » lui-même est la concrétisation du principe, à savoir le rapport est la traduction du possible-même ;
et pareillement nous sommes une infinité, une non-finité de je(s).
Et la question est ainsi, à notre mesure (mais quelle mesure ? Comment mesurer la mesure ?
C’est ce que l’on essaie d’établir, depuis 3 500 ans, et plus)
la question est donc ; dans quelle mesure est-on capable de coudre ou de tisser des rapports ?

La dimension, ou le divin, des plus grands ou des plus précis, des plus distingués rapports possibles.

Ou, version ici-bas et hors dimensionnel ; combien de je(s) peut porter un moi ? Et à quel point, étendue, capacité, motivation, ampleur ou ambition peut-on éprouver l’existence ? (étant entendu qu’il vaut mieux, a priori, éprouver au plus haut d’exister que de périr n’ayant rien expérimenté et l’ensemble de l’historicité est l’ensemble des possibilités acquises (et non pas de ces états dépassés et négligeables, au prix de laquelle considération méprisante nous ne sommes plus que de pauvres mois dépourvus ; et à l’inverse de quoi, doué, doté de cette historicité, nous ne sommes pas sans rien, mais absolument déployés sur toute la longueur des siècles).

Pour résumer ; si on admet que le réel est le rapport (qu’il soit de fonction ou de dimension, et dans tous les cas structurel) alors il faut tenir la théorie du « rapport » tel qu’en lui-même (dieu, pensée, sujet, réel). En somme non pas ce qui est, qui ne peut être que l’objet d’une recension, mais le possible-même, ou donc l’actualité, le présent comme source du possible qui-va-se-créant, continuellement ou non (dimension ou fonction).

Rappelons, donc, que l’on admet et considère les finalités telles qu’elles se donnent ; en tant que phénoménologiquement données telles que là ; phénoménologie selon le dieu un tout-autre, phénoménologie selon la pensée de Platon à Plotin, de la théologie, du sujet individué de Descartes à Lacan en passant par Nietzsche ou Heidegger, et comprenant alors toute cette société humaine telle qu’elle s’est produite, de la société civile aux sciences, des technologies aux mass et micro médiatisation (du cinéma à internet en somme, via la télévision, etc), et en bref de la concrétisation totale, complète de toutes les intentionnalisations possibles par un, puis par des sujets ; c’est pour cela que l’on unifie Descartes et le sujet et la révolution, qui rend possible un monde humanisé (selon la liberté et l’égalité et non selon la liberté seule) qui se donne tel qu’il paraît ici et maintenant, concret, et la révolution qui met en forme, informe tous les sujets, déclaration des droits de l’homme, abstrait, et du citoyen, individué ; depuis Descartes tout se concrétise ; non qu’il crée toute cette historicité évidemment, il marque, signifie, repère, désigne juste le mouvement bien plus ample et dans tous les sujets, et exprime ce mouvement général, et ainsi l’exprimant il l’accélère de fait, il y a des sujets parce qu’il y a des sujets ; le regard ou le miroir jouent absolument, puisqu’il s’agit d’un réel formel.

Et précisément c’est bien parce qu’il s’agit d’un réel formel qu’il en existe des phénoménologies ; la conscience de moïse ou de Platon est rigoureusement la Même. Il n’existe qu’une seule forme de structure de conscience (posée sur un seul et même monde donné là) ; c’est bien pour cela que l’on comprend les langages (systèmes de signes, pour des sujets, qui font-signe vers le même-monde, le même-corps vivant, etc).

Les phénoménologies sont des expérimentations du possible (des consciences possibles), des explorations (de la réalité, des réalités et du réel), des descriptions (rendues possibles, cad accessibles, de ceci que notre être n’est pas un « être », qui serait cela qu’il est, mais un mouvement, un rapport et donc assiste lui-même à lui-même ; ce rapport perçoit ses capacités, possibilités, orientations, etc, et remarque, signale, signifie le moindre de ses soubresauts).

Tout indique donc que précisément ce que l’on va nommer l’occident va chercher à définir le lieu et le moment lorsque tout agit et lorsque tout est précipité dans l’agissement et l’actualisation.

Précipité au sens chimique ; ça se cristallise tel quel. Et ensuite, puisque l’on a actualisé le réel, on pourra de plus et en ajout agir sur cet agissement.

En ce qui nous concerne tous absolument ; la révolution a une ambition universelle, et définit l’homme en soi, l’humain si l’on préfère (mais ça risquerait de n’avoir pas le sens adéquate, puisqu’il s’agit,r appelons-le, de l’homme au sens neutre, et donc chaque je, quel qu’il soit) ; mai précipité du précipité, cette universalité de l’homme obtiendra par l’historicité, un ajout structurel neuf et émergent ; l’individualité de cette universalité ; dit autrement le moi est encore-plus grand que le je universel (mais plus petit que le je singulier, on dévoile de cette manière la hiérarchie ; le je universel, abstrait, le moi concret, non seulement la société civile, comme tentait de la localiser Hegel, ou Marx, ou Freud le moi parvenant si difficilement à se sublimer dans l’universel, le je universel donc, le moi concret, qui se dévoile dans l’explicitation dès le début avec les romantismes divers, les poètes, les littérateurs, tous les devenirs personnels, mais culmine historiquement par et dans les années soixante, qui démocratise, puisque c’est de cela dont il s’agit, et qui mondialise, qui se déploie dans tous les sens admis, dès lors, a priori, dans sa validité et légitimité et représentativité et donc dans ses multitudes d’expressions de ‘soi’, en quoi consistent les dites années. Et enfin supposément, le je.

Le je qui suit le moi qui lui-même suit le je abstrait, ce je réel donc, plus-que-concret, on ne sait pas du tout si il est possible … en ceci qu’il se peut qu’il se réserve si absolument pour lui-même et lui seul, qu’il n’existe aucune représentation (collective donc, communément parlée, universellement exprimée) de sa finalité très étrange ; puisqu’il est, ce je, le rapport même. Celui qui est à la fois illumination, extase, dépression, existentialisme, célinien (puisque Céline effectue précisément ce délicat passage de l’homme universel à cette étrange, et en ce cas, catastrophiquement désespérée individualité, Bardamu l’individu paumé, égaré et pourtant lucide ; il ne connaît pas encore l’exubérance et l’enthousiasme, ou la richesse libérale des années soixante, Houellebecq ne la connaissant que trop, et lui ne désespérant pas seulement mais surtout déprimant constamment, selon non plus le je universel abstrait mais selon la « pauvre » dépression du moi-même, qui est largement partagée à vrai dire). Et autres qualifications potentielles (l’hyperbole nietzschéenne par ex).

Le je libéré (tout relativement, puisque l’arc de conscience qui est actuellement là sur le divan, n’occupe jamais que le Bord du cops, l’autre-surface telle que perçue d’un point-autre, raison pour laquelle il doit, impérativement, y avoir un psychanalyste, assis juste là, tout aussi actuellement, ça n’est pas de la magie mais la structure même de la conscience en tant que rapport qui (se) suppose toujours, dieu ou Lacan, etc) de Lacan (qui est très prudent et qui de toute manière ne cible pas un je idéal, il en est revenu, mais pourtant ne cesse ses allers et retours dans l’histoire de la pensée, l’histoire tout court, y compris les religions, et particulièrement la religion chrétienne, voire catholique), le je sartrien sont d’immenses monuments du je tant que possible ; mais jugulés ou limités l’un par l’extériorité (le regard, autrui, le monde et les choses, le corps, l’histoire, marxiste à terme) et l’intériorité elle-même (on en peut pas revenir sur la séparation qui crée le moi, et donc le je, et on ne peut pas recoudre cette coupure par quoi que ce soit, à cela on ajoute que précisément c’est pour cette raison qu’il faut regarder en-avant ; suivant ceci que l’à-venir, non pas seulement l’avenir mais le possible créent le donné et non le passé ou les causes). Et surtout qui l’un et l’autre se représente le dit je en tant que conscient. Ou alors idéalistement.

On a vu, mille fois, que le je n’est pas du tout idéaliste (qui n’en est qu’une version) et que, au moins, depuis Descartes notre être s’est glissé vers la « volonté » ; aucun contenu, aucune idée idéelle ne dépasse la volonté et qui plus est ce qui caractérise absolument notre être est précisément qu’il se crée d’un champ intentionnel (il se perçoit à partir de l’horizon et non pas « l’idée d’horizon », une idée est elle-même un ensemble de signes, de rapports. C’est bien pour cela que le cogito ne prouve rien idéellement ou métaphysiquement ; ça n’est pas ce qu’il inaugure ; il inaugure tout le reste de la philosophie qui viendra.

On nomme occident non pas une confluence de forces politiques mais affluence de potentialités ; puisque justement c’est de la capacité de tout modifier dont il est question.

On a vu pourquoi ; autour de la méditerranée quantité de sociétés et de communautés dont la résolution est en soi impossible, mais qui dès lors découvre deux évidences ; le monde, et la pensée universelle de ce monde donné « là » unique (l’être en tant que concept et l’humanisme en tant qu’universalité) et le corps, en tant que sujet se percevant au Bout, au-delà du segment naissance-mort, et donc christique, se permettant alors de tout percevoir à partir d’un point tout à fait Autre.

Le monde (donné là qui reçoit par ailleurs tous les mondes humains devenus particuliers que l’on voudra) et le corps (de chacun, indépendamment de tout groupe humain et soutenu du regard du dieu unique antérieur à tout, et autre que tout ; on l’oublie trop souvent, si l’on peut dire, le christ est dieu).

On suivra la même logique ; ce qui viendra ensuite, après le monde universel et le corps de chacun en tant que chacun, a été désigné comme étant le saint-esprit, ou si l’on préfère la démocratie, que l’on mécomprend singulièrement si on croit qu’elle consiste à choisir l’ordre présidant à la société humaine, alors qu’elle (et que jadis le saint-esprit) veut dire d’une part l’inspiration (individuelle) et d’autre part la communauté des nécessités ; et impose en tant qu’individu qu’ici et dès lors on se considère comme jeté-là dans le monde donné tel quel et que c’est le fait immédiat qui structure la possibilité de devenir. Puisque l’on n’est « rien » de spécial, et que l’on doit, devra en décider.

Autrement dit le moi est livré à la mort (ou la souffrance incommunicable ou le désespoir sans réparation ou la dépression structurelle).

Et donc livré à l’activité, l’activisme selon le monde, le vécu ou le corps, puisque c’est insupportable que de n’être rien ou bien peu.

Ce faisant remarquons tout de suite que livré au pas-grand-chose, le moi s’évertue (et c’est sa vertu dans l’historicité) de s’accrocher aux objets en lesquels il place, ou déplace, tout la valeur possible, ce qui veut dire aussi capitalisable (ça n’est pas pour rien). Des vases communicants et des « communicants » tout aussi bien ; soit le royaume ici-bas sur terre du faire-semblant. De même que «l’on déconne, on ne fait même que cela », on fait-semblant d’être.

Or pourtant, à l’inverse, on n’est pas (en fait l’être n’est pas), c’est beaucoup mieux que cela ; on existe.

Mesure-t-on le chemin parcouru ? C’est très difficile, parce que le monde et la vie des mois (à quoi aboutit la démocratie comme royaume effectivement réalisé dans l’historicité, le monde et parmi les corps, qui reste et restera toujours ce par quoi on définit un moi, mieux ce par quoi un moi se discerne lui-même, plaisir ou souffrance cela reste de l’ordre de la peau, qui sépare celui-ci du reste, du reste de tout ce qui est) parce que le monde et la vie des mois se sont imposés si résolument et absolument qu’ils apparaissent si parfaitement naturels. Le désespoir ou l’espoir se formulent selon le corps, depuis le christique on devrait le savoir (ou le reconnaître quant au christ, puisque beaucoup n’ont toujours saisi qu’il voulait élevé le corps lui-même), or la démocratisation, cad non pas la délibération quant au choix de société, mais le régime général de l’individualité, ou du désir, soit donc du projet (Sartre) ou de la dépression (Lacan, voire pire). Aussi autour du possible, si exigu, la nuit noire.

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