Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

Exigence interne

14 Janvier 2023, 11:32am

Publié par pascal doyelle

Sait-on ce que l’on veut ?

On rassemble donc tout entièrement dans la notion de « rapport » qu’il y ait un réel, un sujet, la pensée, dieu (et leurs variations), et accessoirement tout ce que l’on sait de l’indétermination formelle antérieure à tout.

Cette notion de rapport est bien pratique.

Inutile, ou utile, de dire qu’elle se représente magnifiquement par la Trinité et la relation, constitutive, des trois personnes… le Père n’tant père que vis-à-vis du Fils et réciproquement et le Saint-esprit effectuant le Lien, le Lien tout court ou tout général ; le Lien-entre-tout-et-tous. Puisque nous participons via le Saint esprit à la vie divine, au divin, à la pensée, substance, au Un, ce que l’on voudra. Rappelons que le Saint-esprit est envoyé par le Fils, une fois celui-ci glorifié, ce qui veut dire sorti du monde ; « lorsque je serai monté, je vous enverrai le paraclet, l’esprit et la compréhension ». Le divin, le Fils ne pouvait pas rester dans le monde ; pourquoi ?

Et ceci qu’on l’on y croit ou pas, insistons ; il s’agit avant tout et a priori d’une logique d’historicité qui implante un réel qui devient.

Pourquoi le divin Fils ne pouvait pas rester ici dans ce monde ?

Parce que ce qu’il lance, dans l’historicité, et donc dans l’humanisation, ce sont des rapports, et que tout rapport vaut par et pour lui-même, sinon ça n’est pas un rapport. Pour chacun, pour tous via chacun et réciproquement, et l’indépendance de ces rapports est précisément la poussée même de toute l’historicité (par ex les échanges deviendront tôt ou tard libres … mais de même l’acculturation passera par Montaigne jusque Rousseau et la révolution, etc)

Et comme tel l’esprit (au sens tout à fait large mais singulier, ce qui veut dire individué) va se déployer en et par chaque un. Chacun va être l’auteur de son propre rapport, en commençant par quantité de petits rapports, évidemment, mais cependant sans perdre de vue le rapport exclusif, unique, général, qu’en tant que je, il existe ; et il ne peut pas le perdre ce rapport unique (de tous les petits rapports qui emplissent chaque vie vécue), puisque ce rapport n’est pas une idée, noyée dans toutes les images et phrases et mots, mais est l’arc même antérieur à toutes les idées ; ce rapport existe comme tel.

Or donc ce rapport, que l’on est, existe de son apparition. C’est au moment où il apparaît (sur la scène du monde, de la réalité, du réel) que, au présent de son apparition, ce je existe. Il dépend structurellement de lui-même qu’il soit un tel je.

Sartre ne posait pas pour rien la question de la mauvaise foi (à savoir que l’on fait semblant de ne pas savoir, pour éviter notre existence, au point que la mauvaise foi est constitutive ; on ne fait que se détourner, au deux sens détourner les yeux et détourner le cours de la vie, laquelle est grosso modo subie, on n’a rien demandé) ; on ne peut pas dire, exprimer, voir, décider, imaginer « cela que l’on est » ; si on existe en tant que rapport, ce rapport toujours va s’exclure de ce qu’il prononce, de ce qu’il perçoit ; il voit, mais ne se voit pas ; en conséquence de quoi il se suppose (il suppose qu’il y a quelqu’un qui existe, un je). C’est très bizarre de nier qu’il y ait un je, en prétextant qu’on ne le perçoit pas, puisque, quand même, c’est de la certitude de ce je que débute Descartes et qu’il relance toute la philosophie (passant de la métaphysique des idées à ce sujet qui a, entre autres, des idées).

Et Sartre débarque avec la mauvaise foi. La foi mauvaise.

On a dit déjà que la morale sartrienne est exigeante, et dure. Ici on retrouve la distinction christique de la Loi et de la foi. Le christianisme ne demande pas, plus de se soumettre à la loi. Le christ nous arrive bien (révélation ou historicité brute, on choisit) comme imposant la foi au-dessus de la loi ; ou donc l’intention plutôt que la faute (ou l’erreur ou l’égarement ou l’imbécilité, ou la connerie pour Lacan ; on ne cesse pas de déconner, parce que le rapport qui existe formellement ne peut pas passer dans la réalité, le monde, la vie vécue, le relationnel ou le corps, ne peut pas s’exprimer ni se décider (de la manière consciente que l’on sait, la conscience, intentionnelle, n’est pas le conscient).

Peu importe l’absence de rigueur, pourvu que vous assuriez l’intention ; ce qui est une impossibilité manifeste (il fallait que ce soit le Fils, cad dieu, puisque le rapport, l’arc de conscience est en lui-même infini, sinon peut-être le seul réel infini qui soit).

De là que le christ, tout autant, aboli le pur et l’impur, les sempiternels règlements, les règles découlant de la loi ; tous sont égaux et tous sont également purs ou impurs (nous ne sommes plus dans le même registre, et donc plus dans la même communauté humaine, ce qui es évidemment absolument fondamental, même si ensuite les églises retomberont dans des réglementations, plus ou moins, jusqu’à ce que l’ordre sociétal lui-même soit réimposé comme structurel, idéalement, de liberté, égalité et fraternité).

Bref.

Sartre est beaucoup plus exigeant selon la réalité et le monde et la vie vécue et l’histoire, parce qu’il se réfère encore à l’universel (qu’il prendra comme marxisme, qui quoi qu’il soit est encore du monde, de la détermination, et donc vous jugera selon le monde). Le champ intentionnel n’est pas monolithique et le conscient n’est pas une forteresse dans le champ ; le conscient est lui-même orienté (comme signe, de même que l’on peut penser, calculer les infinis en les ramenant aux uns, qui entre dans un calcul) par l’arc de conscience arc-bouté au monde, au donné là, à l’horizon du réel ou aux horizons divers et variés ; tel autrui par ex, ou tel concept ou tel domaine, la poésie ou le droit (il y a des mots afin de délimiter des domaines dans les champs).

Lacan impliquant au terme de soi une éthique, de la vérité ; sur ce que l’on veut vraiment. Ce qui ne désigne pas une vérité importé dans le je, mais la longue trame de l’arc de conscience qui continue ou trouve le moyen de continuer son désir, ses désirs, en cessant de tourner en rond par ex, et continue de broder sur la déchirure (déchirure du corps vivant, qui n’y peut mais, causée par le signifiant, cad le rapport qu’un signifiant).

Évidemment il devient alors possible, potentiel si l’on peut dire, d’élever ce désir comme élaboration de plus en plus haute et singulière ; rappelons ; Arthur est-il moins Arthur que de s’être voulu Rimbaud ? Non (même si il a tenu trois ou quatre ans à l’extrême de lui-même).

Mais en un sens seulement, parce le christique mène une exigence peut-être faussement « cool » mais en tous les cas infinie, et qui engage donc tout le possible ; ce qui eut lieu, puisque l’individualité s’est vue attribuée le temps lui-même ; et au fond on ne sait pas, personne ne sait qu’elle est cette Intention. Qui ne se limite pas du tout à la « morale » (et ne s’illimite pas à la salvation, pour ainsi dire ; étant la formulation définitive du rapport, elle s’introduit dans tous les rapports,remodelant la pensée grecque ou le droit romain, la communauté ou l’historicité, etc).

Rimbaud veut-il vraiment la poésie ? On sait bien que oui et qu’on l’ignore, à la fois ; il s’est renié, probablement, on ne sait pas ; ou peut-être exprimé tout l’exprimable en lui. On ne peut pas penser une intention structurelle (sinon d’être le Fils) En quelque intention avance-t-on réellement jusqu’au bout, jusqu’au Bout du Bord ?

Il est inutile de se masquer les yeux ; depuis le début, depuis le christique (qui inaugure notre civilisation, notre acculturation générale et particulière et singulière) c’est la question, absolue, cad structurelle, formelle, qui est posée. Que veut-on vraiment ? Et comment distinguer ce que l’on peut vouloir, éventuellement, si on s’y met, à quel degré d’investissement ? Ou christiquement quelle est votre véritable Intention, l’intention de votre existence ?

Il est clair que la philosophie sous couvert de l’universel ou de la connaissance, tient intégralement en ce point définitif ; comment distinguer ?

Le bien, certes, mais aussi le vrai ou le beau (ou le spécifiquement signifiant, histoire de ne pas perdre son temps avec des idioties, par ex).

Depuis que la structure de conscience est passée au devant, de la scène, et que donc elle ne dispose plus de contenus spontanément, naturellement ou humainement évidents (comme en telle ou telle communauté soudée, forcément soudée, question de survie, de transmission rigoureuse), cet arc de conscience, à nu (dieu est la nudité même de l’arc de conscience, pure Intention, pure intention … de tout le reste, y compris de ces petites intentions en tant qu’individus, indivisibles, étant formels et non pas composés comme des parties de monde) cet arc nu ne peut pas ne pas se poser la question de ce qu’il distingue (dans le monde, dans le relationnel humain, dans la signification du devenir, cad du temps, dans la division de l’espace, la nation par ex ou les mathématiques) ; puisque dès lors, nu, il doit distinguer activement et continuellement et explicitement (ce qui veut dire en prenant conscience effective de distinctions, de rapports, explicites, manifestés, exprimés et exprimés face aux autres consciences ; l’accord entre tous faisant l’objet d’une concertation, laquelle n’est pas seulement rendue possible par les petites parties de monde, les échange par ex, mais parce que l’on peut, à tout le moins, se mettre d’accord sur le cadre universel et structurel ; ce qu’exprime et imprime la révolution ; qui considère le formel avant tout contenu, le formel qui prédétermine tout le reste, et qui, donc, ne « détermine » rien mais origine, et en l’occurrence origine, une fois encore, l’historicité.

Dès que l’on entre dans le déterminé, on se perd. Si notre être est le besoin (communiste) ou le désir (libéral), on se perd. C’est bien pour cela que le christique est hors-monde ; comment en aurait-il pu être autrement ? Mais dieu, la pensée, le sujet et le réel sont hors-monde.

Qu’il soit la révélation ou qu’il fut élaboré par nos consciences au fur et à mesure de l’expérimentation existentielle lancée puis s’amplifiant, étendant son rayon, on ne sait. Nos conscience s’arc-boutant au Bord et revenant sur sa capacité, n’en croyant pas leurs yeux, puisque le rapport ne rentre pas dans le monde, il se situe au Bout.

Et c’est de là que l’on perçoit, au bout de tout champ intentionnel.

Puisque d’une part ce qui existe en tant que rapport est un se-savoir contigu à sa propre existence,
et que d’autre part étant rapport il existe en tant que, forcément,
en vue de plus-grand-que-lui-même ; un rapport est toujours, parce que structurellement, plus grand que lui-même. Il indique que le réel ne se limite pas à la réalisation déterminée, et que la structure du réel est non finie et donc que le réel ne relève pas de l’essence déterminée.

Quant à Sartre, le champ intentionnel admis comme champ impersonnel (afin de ne pas le déterminer, ni par le conscient, ni par l’inconscient et le garder comme libre, il est libre par soustraction en somme, on n’y trouve pas même de « moi »)

trouve de ceci ses limites.

Il faut parier inversement ; le champ intentionnel est personnel, ou bien mieux le champ intentionnel n’existe que d’un sujet, d’un je structurel (parce qu’un rapport est toujours en lui-même singulier ; s’il ne se tient pas de son mouvement, il n’existe évidemment pas),

et sa liberté n’est pas soustractive mais additionnée… à elle-même.

(c’est pour cela qu’elle ne renie pas ce qui fut jusqu’alors, mais le récupère, le reprend, le porte plus loin, assumant la contradiction ontologique absolue, cad formelle).

Sartre ne place pas un sujet parce que, pour lui, cela équivaudrait à déterminer la conscience (ce qu’il ne veut pas à juste titre), et que par ailleurs il dispose d’une notion close de ce qui est déterminé ; ce sont des « totalisations » qui s’impriment dans le champ intentionnel. S’il positionnait un sujet, structurel s’entend, il comprendrait ceci que le sujet n’est pas là, donné, mais en plus et par-dessus ; ou dit autrement on peut se déterminer (en quelque totalisation que ce soit), il y aura toujours « la conscience en plus », parce que l’arc est premier et dernier, alpha et oméga (de tout).

Pareillement, il admet la conscience comme néantisation, et ne voit pas que l’arc de conscience dissout le monde ou le vécu (ou reste en capacité d’opérer cette liberté pure parce que brute), non parce que constant et imperturbablement lui-même, bloc ou forteresse, mais justement parce qu’il n’est jamais ce qu’il est et qu’il est en plus ; le rapport est toujours autre et en plus de tous ses contenus et absorbe les données, les datas, les perceptions (du vivant ou de telle humanisation, de son passé ou de ses pulsions) ; il est absolument et intégralement perméable, poreux, puisque de toute manière il n’est pas ‘du monde’ et donc demeure intouché et intouchable (ce qui lui cause des angoisses et des difficultés). Que la conscience soit par-dessus et en plus, veut dire qu’elle est cet arc arc-bouté au présent, qui donc peut tellement souvent créer des horizons, quand ça lui prend.

Si aucune détermination n’éteint le feu de l’arc de conscience, on peut bien se fondre dans ds totalisations et cependant surnager ; parce que l’on est fait pour cela ; que l’arc soit toujours attentif au tigre à dents de sabre ou au mammouth déboulant dans la plaine (elle a été « inventée » pour cette raison, pour répondre aux urgences et mémoriser autrement que via l’adn du seul vivant).

Si l’arc de conscience était à ce point, sartrien, piégé dans ses totalisations ou purement rien et négatif, on ne verrait plus sa grande capacité de créer l’horizon (que dès lors on subirait sans être en mesure de le prendre sur soi ; or Rimbaud par ex prend sur lui toute la poésie, et ça ne s’explique pas, parce que c’est lui qui a Vu, et que l’on est à la peine de ce qu’il a Vu, mais lui-même est à la peine de sa Vision, de sa Perception, littéralement, de ce monde qu’il Voit, que son arc brut perçoit). En somme la « pensée de soi » (ou lorsque Sartre pense Flaudert, par ex ou de tout discours extérieur) réclame le poids du passé, mais l’arc de conscience est articulé au réel afin d’y répondre, dans le présent tel quel.

En effet, dans le mouvement absolu formel du champ immédiat intentionnel via le conscient et l’inconscient, et jusqu’aux positionnements que sont dieu, la pensée, le sujet et le réel (qui ne se font pas sans je, qui ne se font pas sans moi, ça n’aurait aucun sens et forment un seul tissage dont les rayures dessinent le réel au sens de mouvement du réel, mouvement continué, le réel n’existant que comme mouvement)

le rapport de conscience (en quoi consiste celle-ci)

- vient du Bord du monde (le présent qui vient d’en-avant)

- du Bout de la vie vécue, étendue bien au-delà d’elle-même (puisqu’elle se-voit)

- et s’impose En-plus, en plus du temps :

mouvement et continuel ajout, surajout et toujours encore-plus, à nouveau (le rapport ne peut pas - ne peut pas - s’épuiser)

Le réel n’est pas de conformité à un ordre, mais re/création à nouveau, à neuf

et re/création continuée donc d’une super-méta-méga cohérence (puisqu’elle se travaille, s’œuvre toujours à nouveau et à neuf, le possible est ce qui devient, autrement dit il s’étend, le réel est plus grand que lui-même, et ainsi rien n’échappe à la re-création continuée, le possible ne cesse pas puisqu’il est la structure même).

C’est pour cela que le je n’est pas originellement « subjectivisme », mais produit subjectivités et objectivités, et tout le reste. L’arc originel, antérieur, est en-avant ; c’est cela l’inversion du temps (qui existe comme, et en tant que présent, hein plus étendu que le présent commun).

Le subjectivisme est à la fois la plus formidable invention des deux derniers siècles, et le piège qui constamment détermine les mois (et dont le communisme et surtout le libéralisme se sont emparés comme production et consommation d’objets et d’images), et sans lesquels, pourtant, aucun je n’est réalisable, accessible (de même que mass et micro médiatisation étaient destinés à une mass et micro médiation, de soi à soi, de soi à autrui, de soi vers tous les autres et inversement, offrant somme toute une image sensible et émotionnelle, au lieu de seulement une idée abstraite) ;

et ce alors même qu’inversement nos « ancêtres » n’avaient de cesse d’élever instamment leur je à eux jusqu’à et à partir de dieu, de la pensée, du sujet (christique et cartésien), et enfin du réel (Kierkegaard, Nietzsche et Heidegger, Sartre et les existentialistes).

Commenter cet article