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instants philosophie

L’absolument vivant

21 Janvier 2023, 10:11am

Publié par pascal doyelle

On nomme absolument vivant cela qui ne s’éteint pas dans le devenir et se formule dans la plus immédiate ou même instantanée évidence qui soit ; le présent.

Le présent nous précède et tout ce qui est est accroché à sa puissance. Le présent est la potentialité qui déroule la totalité ce qui fut, est, sera.

On a vu que l’on tient, ici, la forme de ce qui est comme plus grande que n’importe quelle réalité donnée. Toute réalité apparaît puis disparaît ; rien de ce qui est déterminé ne dure, sauf le présent, précisément indéterminé. Comme il était dit jadis tout ce qui est, est fini, et pourtant seul l’in-fini nous intéresse vraiment.

On a vu que ce que nous prenons pour l’infini c’est justement le rapport qu’est notre être ; à savoir cette conscience, cet arc de conscience qui étant en soi-même le rapport à soi, se donne, se prête, se suppose ou s’imagine comme non-fini ; puisque nous sommes en mesure de faire rapport avec-nous-même, nous nous apparaissons éternels.

Ça ne serait donc qu’une illusion, un effet adjacent du fait de conscience, qui est un mini-système (le plus petit et immédiat possible) qui vient en secours du vivant, en court-circuitant l’adn, et en établissant, dans le monde donné là, une autre-mémoire ; une mémorisation accélérée qui d’abord s’est implantée et déployée dans les groupes humains, et ensuite, ces groupes grandissant et s’organisant, implantée en et par chaque individu ; il faut donc alors que les dits groupes humains, ces communautés puissance deux, soient en mesure de supporter l’augmentation de ses unités de réflexion (on ne pense plus tous ensemble dans un langage-culture-parole-etc, mais chacun augmente potentiellement la réflexion de tous par son invention propre, personnelle, son exploration, son projet, etc).

Répétons ; une civilisation doit être parvenue à ou suffisamment certaine d’elle-même, de son niveau organisationnel pour supporter l’introduction de l’individualité dans la « communauté ». et donc cet organisationnel doit être programmé, pour ainsi dire, afin de porter ces individualités.

Ces programmations se désignent comme dieu, la pensée et l’universel, le sujet et enfin le réel.

Et ce dans une gradation, une progression mais qui s’élabore dans la même structure ; puisque dieu est l’intention, la pensée le réseau intentionnel, le sujet est le je (en tant que rapport à (soi), le réel est l’actualisation de toutes les intentions dans le « là », mystérieux, du monde, du donné, de la vie vécue, et du corps.

Une progression qui amène l’arc de conscience là où il est, là où il existe.

Et qui du je passe au moi, à cette représentation personnelle (qui nourrit un développement considérable du monde humain, dont l’axe n’est plus même l’universel et l’humanisation (à chacun selon ses besoins) mais bien la personnalisation (chacun rêve ses désirs).

L’arc de conscience est un rapport, c’est même le rapport le plus abouti que l’on connaisse, expérimente, ou que l’on puisse signifier, et il passe au long du temps du rassemblement d’un groupe humain à partir de l’Intention pure (et formelle) dieu, à l’inscription en et par ce corps vivant coupé en deux par, dit-on, le signifiant, qui pour sa part est lui-même effet de rapport (un signe est une intentionnalité qui se marque, d’un trait lui permettant de se distinguer d’autres traits, etc) ; et signe qui étant non pas un « mot » (sorte de magnétisme magique chosifié) mais un rapport est, ce mot, instantanément universel.

Mais il naît de la division du corps vivant par le signifiant lequel est créé de l’arc de conscience (il n’est pas dans la capacité du signifiant de produire « une conscience »), et l’arc sépare donc ce vivant de lui-même, non sans néanmoins tenter de recoudre ce corps ; dans la satisfaction hallucinée, l’hyper satisfaction (ce qu’ignore les vivants, les animaux), et que Lacan nomme la jouissance. La jouissance pour l’humain est l’horriblement vivant, mais c’est aussi ce qui ancre la structure de conscience. C'est ainsi que Lacan tient fort à ce sujet-inconscient.

La structure de conscience est l’absolument vivant.

Tout mouvement de conscience est au minimum universalisation ; et donc ce que l’on a nommé des siècles durant la pensée, l’esprit, le langage, etc, est un rapport de conscience et l’universel est pris-dans bien plus grand ; la désignation qu’opère l’arc de conscience à partir de l’antériorité formelle qui lui permet de signifier à chaque fois des horizons ; cad des lignes de fuite à partir desquelles positionner les signes (si un horizon devient un signe, c’est qu’il est pris dans un autre ou nouvel horizon). Dit autrement le moindre signe (qui lie des signifiants à des données, ou à des signifiants qui représentent des données ou à un moi qui représente un corps, etc) le moindre signe est déjà universalisation.

Aussi chacun, chaque moi (cette acquisition récente, en ceci qu’elle est entrée dans le champ humanisé depuis peu, et même depuis lourdement les années soixante, lourdement si l’on peut dire parce que le tissage gigantesque de chaque conscience devient de la dentelle, et donc d’autant plus complexe et ainsi fragile ; il est difficile d’être un moi perfectionné, aussi les mois se soutiennent-ils d’une multitude de mises en scène… mass et micro médias) chaque moi alors se tient tout proche de l’arc ; ou donc chaque moi est à partir de son je. Un moi a du déjà et avant tout se saisir, se projeter, se visualiser ou viser comme « je », et ce sous telle ou telle formulation ; la plus habituelle pour un moi-même étant autrui, et donc le tomber-amoureux, entre autres, mais aussi bien la révolution ou la religion ou la poésie, etc, pourvu que l’arc puisse se tendre, ce qui veut dire … se saisir d’un autre-point. Cette vision d’un autre-point (dont l’architecture peut passer par dieu, la pensée, le christique le sujet, le réel le projet et sa réalisation) crée l’arc lui-même ; étant un rapport il n’est pas (ceci ou cela) mais le mouvement (vers ceci ou cela) ; il est, en même temps qu’universel instantanément, né d’un plus grand que lui ; cad d’un rapport encore-plus-étendu, ce sur la piste de quoi nous insistons. Une conscience est un arc, ce qui veut dire une tension, électrique si l’on veut, et contrôle (très relativement) les entrées et sorties de la mémorisation.

Très relativement (c’est un mini système de rien du tout), mais peu importe parce qu’ici ce qui compte ça n’est pas ce qui se répète ou est causé ou appartient à un système massif, mais ce qui dénote ; ce qui dénote différencie la réalité d’elle-même et ainsi le possible, et donc la Possibilité, entre dans le monde, dans le donné là, dans l’organisationnel humain, dans la vie vécue, dans le corps même.

Absolument vivant ce que l’on a généralement nommé comme « infini », puisque le rapport (tenu tel qu’en lui seul) ne cesse pas ; au lieu que les choses détiennent les rapports, en vérité c’est l’inverse. De fait une chose n’est guère saisissable ; elle se décomposent en éléments et ces éléments sont eux-mêmes des rapports. De sorte que, comme c’est tellement visible, tout est mouvement et tout est mouvements parce qu’alors les choses étant des rapports deviennent ; ce qui veut dire que le rapport implique qu’ils, les rapports, se tissent et que leur nature, leurs essences (dans toutes leurs diversités) s’auto-constituent. Ou encore, si l’on est croyant, dieu ne crée pas des « choses » inertes ou en soi, mais des rapports vivants, des liens ; ce qui hausse considérablement le niveau… puisqu’alors on ne peut pas dire qu’il crée une machine intelligente, parce que si elle est intelligente elle n’est pas une machine, mais l’ensemble est une activité d’activités ; on ne connaît pas encore les liens indissociables qui intriquent un arc de conscience et son corps.

Quel est l’effet sur un corps, vivant, de cette autre-surface, écrite de signes, et qui ne perçoit qu’elle-même et perçoit au travers d’elle-même en tant que moyen (de sorte que le corps, le vivant est repoussé du côté non conscient) ; mon-corps n’existe que via le champ intentionnel (serait-il perçu d’un autre, sociétalement, d’autrui, psychologiquement, de l’Autre, qu’est le signifiant, et ce psychiquement) ; à quel point ce corps est-il atteint et modifié.

D’une part cette distance est repérée, cartographiée par la psychanalyse, et d’autre part sa possibilité (et donc non pas son « être ») se tient au-devant, en-avant.

L’arc de conscience se plante instantanément au cœur de ce qui est ; le présent. Son actualité coïncide absolument, formellement avec le présent lui-même (une conscience existant « en présence de soi » est toujours actuelle, de là que Spinoza se sente éternel et que Kant admet la logique d’un devenir in-fini, tout rapport étant autre et supérieur à ses contenus, sinon il n’en supporterait aucune et disparaîtrait dans ses internationalisations).

Si notre être est un mouvement (ce qui lui permet de varier de tous les contenus liés et déliés par ce rapport) il s’éprouve comme une possibilité infinie mais alors il faut penser et catégoriser et élaborer cad créer ce mouvement en tant que mouvement (et non selon tel ou tel résultat toujours limité), et comme une compossibilité, de tous les domaines phénoménaux et tout autant phénoménologiques (relatifs à notre activité). Comment augmenter l’infini ? Mais c’est le caractère formel de notre être qui doit s’étendre ; l’infini est un qualificatif, le formel est seul un réel, et qui plus est la structure-réel, et elle seule peut devenir, puisque les choses et les êtres donnés sont composés, et non pas formels, et qu’ainsi ils disparaissent, tous, mais non pas la forme.

Si notre être est mouvement il n’est accessible (et sous d’extra-ordinaires conditions et insufflant de difficiles affects) que de s’y engager. Or dans le même temps on y est, de fait, toujours engagé, mais seulement est-ce avec ou contre nous-même ? Avec ou contre le réel ?

Tout moi (cette construction à partir du sujet structurel, l’arc de soi, dans lequel la possibilité est bien plus grande que le dit « moi », à quoi voulait nous confronter Sartre… soit dit en passant), tout moi donc sait bien qu’il se vit bien en dessous de sa possibilité ; il faut qu’il s’hallucine constamment pour l’oublier, et que par ailleurs il renie continuellement dieu, la pensée et l’universel, le sujet, la révolution ou le réel.

Puisque originellement nous sommes nés de la jouissance hallucinée et donc dans, de l’irréel, vers laquelle nous risquons bel et bien de glisser, d’un signifiant à l’autre, si rien n’est tenu, si l’arc ne s’ancre pas à l’autre bout, non en son origine mais vers la Possibilité, la possibilité des articulations.

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