L’horizon du corps et du réel
Évidemment il y a une version tout à fait convaincante et pour ainsi dire commune quant à l’explication du développement humain. Il s’agit d’un animal vivant doté d’un plus gros cerveau, qui crée une culture, et un langage, et ainsi son corps, d’animal vivant, peut augmenter sa consommation de réalités, s’adapter un peu partout, et apparemment en différentes aires, non limité donc à son « milieu », puisque son milieu c’est le monde (ou l’univers).
Ce qui déjà est plutôt étrange. Comment traiter de n’importe quel milieu, naturel ou sociétal, alors que l’on est soi-même déterminé, que ce soit par un substrat matériel (une cervelle, l’adn, etc), ou par une interpolation idéelle, la raison, les mathématiques, la logique, etc, qui existeraient en dehors on ne sait où et qui commanderait de tout en-haut tout ce qui est la réalité obéirait à un corpus.
Toutes invraisemblances qui tombent si l’on admet que les choses elles-mêmes sont des rapports, et assujetties en tant que tels, en ce qu’elles sont en tant que rapports et sujets du devenir, et douées donc de leur propre activité qui se mélange sans doute les capacités, lesquelles disparaissent, et qui peu à peu s’élaborent ; sinon les rapports sont incohérents et ne survivent pas, se défont ; c’est parce qu’il y a la matière, fortement organisée par tous ses liens tissés, qu’il apparaît « la vie », laquelle est quasiment sans aucun doute, le prolongement hyper actif d’une réalité matérielle déjà suffisamment organisée ; ce qui est organisé dure et ce qui est organisé permet que les niveaux d’organisation se superposent ; la vie naît dans un monde composé et est elle-même hyper composition. Il est une téléologie, un finalisme de fait, parce que dans les faits eux-mêmes ; l’activité (et non pas l’être) se déploie, et se déploie selon cette mise en forme du rapports ; l’intellectif se pense de et par les choses, qui se-voient, elles se-voient elles-mêmes et ainsi tissent.
Mais l’autre version consiste à intercaler une dimension en plus ; la « raison » ou la « cervelle » sont une augmentation, certes, mais sont elles-mêmes causées d’une structure bien antérieure.
De même il est impossible de comprendre la raison par elle-même (comme les mathématiques ou la logique du reste).
Cette interposition débarque nue et sans rien, parfaitement vide et formelle ; l’arc de conscience est purement intentionnel. Dieu est purement intentionnel, la forme antérieure aux signifiants. Ce qui veut dire, en retour, que la forme doit s’adapter et étant formelle, s’adaptera en quantité de milieux, de mondes, de donné et de données.
Schématiquement une pensée ne contient pas « de la conscience », c’est la conscience qui produit, entre autres, de la pensée, et plus généralement des signes, puisque les signes sont eux-mêmes des rapports. Un système, philosophique, représente via des champs intentionnels des réalités ou des réels, mais tous systèmes positionnés par l’arc de conscience (lui-même existant dans l’horizon de la réalité donnée là, ou le réel, par ses quatre structures, dieu, l’universel, le sujet et le réel comme présent et exister), de même que le conscient ou le moi sont installés dans la limite du corps, qui re-vient sans cesse (psychanalytiquement, qui se situe, elle, sur le bord du corps, tel qu’elle l’a ou que Lacan a tenté de la cartographié, littéralement cartographié, le corps faisant office équivalent de dieu (qui du reste fut le corps du christ), du monde, de l’horizon ou du réel).
La résolution, schématiquement, suppose non pas qu’il existe un concept de tous les concepts, ce qui est en soi absurde, ni qu’il existe une réalité de toutes les réalités (qui se situerait où, dans la réalité, en dehors de la réalité ?), ni encore qu’il est une complexité cachée dans la complexité, mais bien que les réalités, les concepts et les logiques sont des rapports. Une chose, un être tissent leur unité de leurs rapports ; la logique est un détour par la tenue des rapports ; l’idée est un rapport, un signifié … mais de signifiants (idée qui n’est elle-même consistante que des relais signifiants, qui renvoient à encore d’autres liaisons, et pour finir à une chose, un être ou un corps, et pour le moi son propre corps, raison pour laquelle sans doute c’est le corps psychanalytique, il n’y en a qu’un pour chacun, de corps, et qu’il supporte tous les signifiants ; est-ce pour cela qu’il fut, divin, le corps du christ ?
C’est tout aussi étrange. Le corps est, pour chaque moi, l’horizon sur lequel se produisent les signifiants, aussi est-ce par, sur, via le corps qu’ils, parfois, se manifestent. Le corps est pour chacun comme le point aveugle, et aussi celui qui voit (en tant que vivant et en tant que porteur des signifiants). Et il est lui-même, chaque corps, le signifiant du rapport ; que celui-ci ne peut pas atteindre puisqu’il ne peut être ramené à l’état spécifique de signifiant ; malgré que le moi, la f
Rappelons qu’il vint à Freud, en rêve, la solution de tous ses problèmes, L’injection faite à Irma ; « Irma va mal, elle souffre de la gorge, du ventre, du nez ; Freud l'examine malgré sa résistance, il est inquiet, se demande s'il a commis une erreur médicale, appelle en consultation deux amis médecins, M. Et
Otto ; ceci débouche sur un diagnostic absurde où il est question de triméthylamine. »
La formule chimique qui ne représente rien, sinon ceci qu’elle était une ‘formule’, ce qui veut dire un « mot ». Un signifiant. L’inconscient, qui n’est pas du tout limité au subjectif, lui livrait là le résultat de ses réflexions parallèles (parallèles au moi) ; que l’inconscient est structuré comme un langage ; il se sert de repérages ; il n’est pas le langage, mais « comme » un langage.
Et que le sujet-inconscient pensait. C’est ce qui a sidéré Lacan.
(en vérité il semblerait que Lacan comprenait ou envisageait certaines formulations, tout à fait connues comme « je suis celui en cours d’exister », « l’être est, le non être n’est pas », « je pense, je suis », etc, comme de telles formules, de là son attachement viscéral à la philosophie ou aux signes, et comme bien au-delà de nos capacités … et qui pourtant nous viennent quand même, viennent vers nous)
Mais si l’être de la conscience n’est pas du tout le conscient (et les idées ou plus bas les représentations, ou encore le langage, etc), alors le réseau intentionnel ou plus exactement le tissage intentionnel, la formulation de rapports qui positionnent les réels, les points réels (tel dieu, l’être, le sujet, etc) la formulation s’étend bien plus loin qu’initialement ; pour lui la coupure du signifiant est infinie et caractérise son ontologie (ce que, un temps, il nomme le symbolique, ou comme on préférerait ; le signe).
Ce qui est en soi tout à fait saisissable, mais saisissant ; si l’intentionnelle conscience peut admettre, absorber, quantité de signes, c’est dans tous les domaines… aussi bien mathématique que philosophique ou subjectifs ou objectifs, de la perception venue de ce corps vivant (et perceptions parce qu’il est vivant ; un caillou ne perçoit pas) à l’imaginaire de tel auteur, à tout autrui qui nous parle. L’arc de conscience occupe immédiatement ou parfois instantanément tous les lieux ; il n’a pas de lieu. Puisque le présent est son lieu bien effectivement réel et qu’il ne quitte jamais.
Rappelons ; l’arc de conscience est le seul être de rapport dont l’essence, la réalité, la détermination est non pas un ceci ou cela (la raison par ex ou l’esprit ou on ne sait), mais dont l’essence est le rapport lui-même ; « il se-sait ».
Dans ce « il se-sait », et puisque le signifié est le rapport lui-même (qui se-montre-à-lui-même), alors ce signifié est substituable par n’importe quel contenu, n’importe quel signifié en tant que signifiant ; c’est le rapport comme réel-en-acte, qui rend possible les signifiants, qu’il y ait même un « signifiant ». Il ne désigne « rien » et donc potentiellement tout ou au moins n’importe quoi, et au-delà (puisqu’il existe forcément un au-delà de son être, étant entendu que le rapport qu’est la conscience n’est pas fixé, de quelque manière que ce soit ; ce qu’il désigne est « lui-même » en tant que rapport).
Et donc tout aussi bien l’universel. L’immédiateté est la détermination (telle chose ou être) ; l’arc de conscience installe tout de suite la réalité dans le réel, cad dans le signe (qui relie des différenciations). Mais la détermination n’est pas en tant que chose ; au contraire une chose est un ensemble de rapports (qui la définissent et qui existent activement ; les choses ne sont pas produites par une « essence » ou un ordre supérieur, mais en tant qu’activités, de là qu’elles s’inventent), repris par un ensemble de signes, pour nous, et imaginée comme « une ». Elle n’a en fait aucune consistance (la métaphysique décrit mais en plus l’intentionnalité lui fournit une densité imaginée) ou a autant de consistance qu’un atome, et un atome se meut, est un mouvement. La matière étant un refroidissement et une inertie de l’énergie (quant à comprendre ce qu’est l’énergie…)
Le rapport est antérieur et donc plus grand que l’universel, le rapport en tant que tel ; c’est pour cela que la raison ne parvient pas à poser son propre horizon ; elle est posée, d’un externe.
Il est clair, ici, que l’on suppose l’arc de conscience, cad l’intentionnalité, ou donc le rapport comme l’horizon interne qui existe en et par lui-même ; puisque seul le rapport (cad le sujet pur et brut) peut re-prendre le principe du réel, à savoir le possible. Aussi le rapport le plus instancié est celui qui est son propre possible mais encore plus qui est le possible-même ; celui pour qui le possible est son devenir même (étant entendu que seul le formel, la structure, devient, le reste, le déterminé, périt).
Est-ce à dire que l’universel est ramené au rapport dont la plus spécifique exemplarité c’est ce rapport qu’est une « conscience » (laquelle est indérivable, de même que l’exister, ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas la comprendre) ? Oui le rapport, l’arc de conscience, le sujet est une forme antérieure in-finiment plus étendue que l’universel seul (qui est ainsi une universalisation, un processus, un procédé, celui d’un sujet) ; puisque l’on applique cette logique du rapport à tout, y compris aux mathématiques et aux choses, au monde et au présent de ce monde et de chacune des vies (ce qui ouvre une ampleur considérable, excessif).
Et la forme antérieure à tout se situe pour nous dans le possible, dans la capacité, en ce que la capacité est la finalité même du devenir ; ce qui est devient non afin de réaliser ceci ou cela (qui disparaît) mais afin que la capacité soit toujours plus grande.
Dieu existe afin de créer (il est là pour cela) une possibilité humaine qui ne soit pas angélique mais libre, et donc comporte le mal, l’erreur, l’égarement, la folie, la bêtise, etc, mais qui de cela sera encore-plus-grande que l’angélique, et de fait encore plus grande que dieu (ce que révèle le christique et le saint esprit, qui cumule dieu, le fils, et la communauté des croyants).
Une société humaine selon la liberté et l’égalité existe afin que se renforce et se décuple la liberté et l’égalité, leur nœud très réel, et ce jusqu’au cœur (au corps) des mois, des sujets, des je ;
et que donc le je qui se tient tout au bout de mon moi (qui est tout à fait particulier, et souvent embarrassé de ce particularisme, qui en même temps tient sa singularité de base) au bout de mon moi s’organise le je. Ou la coupure du signifiant tel qu’il se peut, peut lui-même étendre sa vigueur, sa rigueur.