La philosophie ou la forme abstraite de tout
La pensée philosophique n’est pas une pensée, c’est une intention ; et comme telle arbitraire et interprétative ; le problème est … qu’il n’y en a pas d’autre.
Il faut donc entendre la performance philosophique comme la tentation du plus grand système de signes possible ; étant donnée la plus grande combinatoire possible, il n’est pas d’autre solution que celle non pas qui va imposer une ordonnance spécifique, mais celle qui rendra toujours possible n’importe quelle ordonnance. Le tour de force n’est pas d’imposer une vérité, mais de formaliser « ce pour quoi la vérité est toujours possible ».
En quoi on s’aperçut que si la vérité est relative ; à un monde humain, certes, on le sait, mais relative est essentiellement cette vérité à son expression ; laquelle est toujours de ce monde : tandis que notre volonté n’en est pas, elle est déjà -toujours au-delà ou en-deçà de ce qu’elle dit (puisqu’elle le dit et en est donc déjà à distance), dans l’autre côté : si la vérité est relative, notre être de là où il parle puisqu’il se dit maintenant formellement, se sait comme forme pure et simple et cette forme n’est pas relative.
La forme et les contenus ; la démocratie et les besoins exacts, l’Etat et la société civile, le citoyen et les vécus possibles, la science et les réalités du monde, le sujet et la culture des signes libérés, le moi et l’ensemble des perceptions. Tout sort de la formalisation abstraite qui pose des structures vides, formelles, dont les contenus sont la pluralité et la multiplicité du monde, là, donné, immédiat ; avant de l’éprouver dans tous ces vécus, libres théoriquement, on ne savait pas ce qu’il en était du monde possible éprouvé individuellement.
D’une manière générale, la précision du concept (qui ne parle pas pour dire la vérité partagée illusoirement mais humainement, mais les réalités) vient chercher le monde dans ses déterminations réelles. Et ses agents sont les vécus, les mois, les personnalisations.
Et qu’est-ce que serait un monde qui ne serait pas éprouvé individuellement ? Ce serait un monde humain traditionnel, dans lequel la vérité imposée d’en haut, du symbolique commun, façonne les réalités dans un verbiage, qui conditionne l’apparition même des réalités, jusqu’à leur perception ; pour qui les réalités n’existent pas, seule leur énonciation humaine existe dans des séries de transmissions, d’échanges, de rivalités internes au processus humain.
Or la science du monde même ou la politique d’Etats, distincts et respectueux dans un environnement explicite de lois, ou la culture en tant qu’expression individuée, ou les vies en tant qu’éprouvées hors des contraintes et selon leur vouloir autonome, nous montre que le monde peut advenir, remonter dans l’humanisation ; il ne s’agit plus de déterminations parlées puis vécues, mais d’expressions tendant au plus juste de leur réalité.
L’œuvre d’art s’émancipe est devient-là, elle existe de par soi ; et modifie non plus seulement la représentation mais la perception elle-même, ou la position du corps dans son espace ou son temps. Les moyens se rapprochent de la chose, à photographier par exemple ; les moyens font percevoir la chose comme chose (et non plus comme objet d’échange réglé, d’images idéales qui signifient aux autres, mais d’images nues). La musique devient mouvement du corps dans son énergie fluide. L’esthétique en général devient ce qu’elle est ; non pas représentation d’un symbolique et qui faisait voir des objets idéaux, mythiques, religieux, pris dans un verbiage, mais des choses, de la perception, du temps pur, de l’espace déconstruit.
Or même dans le symbolique à quoi assistait-on ? Non pas à l’oppression d’une réalité sous le verbiage, mais à l’expression pourtant réelle mais « de la réalité pour-nous » ; qui se donnait seulement « comme évidente » et partagée unanimement, et échangée comme choses réelles. Et dont la régularité de l’échange formait la vérité, tandis que nous désirons maintenant qu’en plus l’objet échangé soit réel en plus d’être vrai ; dans le monde en plus que d’être humainement pour-nous. Si nous remplaçons le mythique, le symbolique par le réalisme, c’est parce que la chose (là, existant par elle-même, l’œuvre ou le corps ou la perception à même la réalité) nous ouvre la vision de la pluralité des fibres dont est constituée la réalité ; l’imaginaire réel en lieu et place de l’imaginaire scénarisé du verbiage symbolique.