Un + Un = Un
La philosophie n’est absolument ce que l’on croit ; il ne s’agit en aucune manière de résoudre les réalités à une unité close. La philosophie a inventé ou plus exactement promu le Un comme idéal, mais cela ne peut pas être entendu comme le Un qui résumerait tout. Ça n’est pas le rouleau compresseur ; c’est ensuite seulement que, peut-être, des dogmatismes ou de certaines philosophies officielles, en usent à d’autres fins que philosophiques ; sociétales essentiellement ou sectaires.
Mais de par lui-même, le Un n’est pas l’objet tel que désiré par la philosophie, mais est l’outil qui permet de déplier les réalités ; depuis que la philosophie lance le projet, il n’y eut jamais autant de réalités reconnues dans leurs unités propres. Quelles que soient les déclarations et prolégomènes de toute pensée (de l’arbre de toute science au savoir absolu) , de toute œuvre, ce qu’il faut noter, c’est le résultat de toutes ces avancées ; de ce que l’on définisse que le Un c’est ceci ou cela, il en résulte que l’on expose tout à la contradiction et donc à exprimer encore et ailleurs et autrement d’autres manières d’y être, engendrant la multiplicité.
Le un est ce qui brise la parole ; sa forme exacte est l’écrit ; ne s’adressant à personne en particulier, l’écrit est de fait universel. Il faut donc apposer côte à côte la parole qui est tout, qui parle-tout à quelqu’un en particulier liant des échanges et globalisant, calculant les échanges d’une communauté donnée, au Un qui écrit. En fait au Un qui dispose de signes en système cohérent et qui tient de par soi ; mais à cette condition ; que le dit système soit en accord non avec une expérience humaine partagée (qui trouve toujours sa synthèse dans la transmission et non dans la véridicité) mais avec l’expérience du monde même.
Ce qui implique donc que l’individualité, la séparation, la division selon le Un, c’est cela qui fait-exister le monde pour nous. Un monde qui n’est pas pris dans l’échange global ; mais qui de ce fait permet la multiplication indéfinie des échanges , froids, extérieurs, non sensés, qui ne se pensent plus globalement (comme la parole anthropologique pensait globalement toute la réalité).
Le un est en l’écrit, ce qui pousse à l’exigence ; que les signes d’un système cohérent élaboré individuellement (esthétiquement, éthiquement, législativement, mathématiquement, conceptuellement, etc) que ces signes soient tous, séparément, uns.
Or il se trouve que le Moi, psychologique, ne sait pas exister selon le Un ; il est encore selon la Parole.