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instants philosophie

La force organisationnelle (en question)

29 Mars 2011, 22:27pm

Publié par zwardoz

La force de l’organisationnel.

On peut penser les empires de domination et de puissance comme de terrifiantes organisations mafieuses, auto entretenues. Empires financiers, ou industriels, ou d’échanges. Toutes les organisations tendent naturellement à l’ordonnance mafieuse ; naturellement désignant ici non pas une spontanéité de bon aloi, mais d’écrasantes nécessités, qui par ailleurs dérivent en hiérarchies dures ou invisibles (et acceptées si communément).

La réalité est peut-être autre. Et sans doute plus terrifiante encore.

C’est que lesdits empires organisationnels tiennent non pas de ce qu’ils s’imposent par la force (ce qui est vrai du point de vue précédent), mais qu’ils s’augmentent nécessairement de ce qu’aucune autre organisationalité ne trouve son chemin ; qu’il n’est aucun autre mode de mise en ordre (du donné , du divers, du monde, des possibles) qui puisse remplacer tel dynamisme monétaire, telle appropriation des choses et des êtres, tel système privatisé des échanges. L’argent, par exemple, mais pas uniquement, fait office de mode organisationnel … Autant dire que a contrario de toute la complexité qu’il impose, il fonctionne de par la simplification coutumière irréfléchie, et non pas du fait de notre grande intelligence…

Ça n’est pas donc seulement que la force s’accumule à la force pressante. C’est qu’il n’est pas de mode opératoire autre que celui de la force, de l’argent, de la puissance, fut-elle injuste (ou même peut-être justifiée ici et là, quoi que rarement) qui puisse se substituer suffisamment à cet ordre nécessitaire.

Il est clair que la redistribution démocratique du pouvoir politique (qui sinon serait resté privatif…), s’est inventé une capacité de réordonner ce qui auparavant se fonder en mise en ordre mafieuse (la légitimité s’y décrivant selon une naturalité du sang des familles royales, et de l’hérédité des puissances familiales). De même, est invoqué comme ultime justification que l’ordre propriétaire est fondé en nature de par soi. Cette mise en forme totale de la réalité est simplement impensée.

Pensée, elle serait soulevée par plus grand qu’elle et introduite dans la non-nécessité ; celle du libre. Ce qui ne signifie pas un communisme, mais la régulation à un niveau organisationnel plus élevé, et hors d’une soumission au monde tel quel. Et régulation ne signifie pas ; arrangement de ce qui est mais autrement, mais comme démocratiquement, inventivité de capacités autres, qui ne furent pas antérieurement à leur création.  

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Continuité de Kant (le sujet par en-dessous)

28 Mars 2011, 20:15pm

Publié par zwardoz

Continuité de Kant.

Il est une limité dressée ; on ne peut pas parler hors du monde ; le monde est tout ce qui est. Sauf que l’on en a conscience, et que cette distance suffit pour que s’introduise dans le monde un plan autre que celui du monde.

Depuis que l’on se débat avec Kant, on ne cesse de renouer avec l’interdit ; on conclut tout et n’importe quoi, et cette fois comme la rigueur métaphysique est destituée, on en conclut hors, voir sans la raison. D’intuitions en a priori, de poésie en linguisterie, d’évidences matérielles tels la pulsion ou l’instinct aux parties du monde (la Société ou les résultats relatifs des sciences).

Or cependant, il est également malgré le largage hors de la rationalité, quelques-uns continuent d’une vraie logique d’interroger par-delà le kantisme.

C’est que le kantisme s’applique à une entreprise qui veut déduire de la pensée « ce qui est ». Or suite à l’apogée hégélienne, on sait que la pensée veut revenir à elle-même comme source et cause et effectivité de tout ce qui est. C’est chose faite et cela ne satisfait pas ; on a pu caractériser cela comme « fin de l’histoire ». Et il est bien clair que c’est autre chose, une autre logique qui débute.

La nécessité interne d’en revenir à Descartes signifie qu’à ce moment précis la volonté contrebalance encore la pensée ; puisqu’aussi bien Descartes recompose autrement l’empire notionnel scolastique (qui se fondait dans un discours-seul de connaissance), et que forcément Descartes débouche sur le dispositif complet de l’être de l’homme ; le dispositif volonté-pensée-perception. Là où les clôtures qu’il lui impose, à ce dispositif, sont loin de réellement recoudre les déchirures ; les déchirures ontologiques que sa réflexivité introduit dans le discours tout-un scolastique et qu’elle continuera de provoquer longtemps encore dans les autres sortes de discours tout-un.

Qui se recomposent, à grand efforts, et ayant introduit la déchirure dans la pensée, sous la forme de la variation du possible de Leibniz ou le monolithique Un spinoziste. Mais que d’autres tenteront de reconstituer comme dogmatisme ou absence empiriste et sensualiste de Sujet. La complexité soudaine du sujet kantien déborde comme à la fois Sujet (qui est non individuel et de par sa puissance surpasse le subjectif, devient tel que Descartes l’impose comme plus-que-raison) et comme monde inconnu ; le sujet kantien est celui qui a l’intuition du nouménal.

Le nouménal des choses et noumène de sujet d’une part, les idées de l’âme, du monde et de dieu d’autre part. Il est bien apparent que dès lors c’est le nouménal des choses, si proches, et du sujet, si immanent à lui-même, qui prendront le pas sur les Idées de la raison.

L’intuition du nouménal expurge, mais amplifie le sujet de sa concentration cartésienne ; de même que l’exploration du dispositif de sujet cartésien (volonté, jugement, perception, passion, sentiment, imagination, pensée dans sa globalité non distincte, mais non pas confuse) abonde sur le monde : comme donné-là, pour les mesures et non plus les idées du discours. Le réalisme domine, au sens où « on ne sait pas ce que la réalité est », cartésiennement et kantiennement, et ce envers et contre l’idéalisme (le discours se déduirait de lui-même comme Idées et se déduirait le monde, comme tout en une unité en soi ; dieu).

De même que Descartes nous montre le monde, là, mesurable et perçu, de même Kant enveloppe le donné perçu et imaginé et agi, d’une structure nouménale d’une part  et idéelle d’autre part. Perception, imagination et l’action comme le vécu, sont plongés dans l’intuition spécifique qui nous anime, qui nous existe ; le sujet transcendantal, le nouménal des choses.

Si Descartes affirme absolument la volonté (et le jugement donc, et sa suspension et ce que cela suppose, implique, impose), Kant immerge le sujet dans la présence des choses et dans l’étrangeté à soi du sujet ; le sujet s’échappe par le dessous. Il existe, généralement parlant, un dessous du monde que les Idées de la raison ignorent : le monde comme tout unifié n’est pas, l’âme comme Une et substantielle se disperse dans les structures du sujet transcendantal, et dieu est seulement supposé par la raison.

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Le démocratique (13)

19 Mars 2011, 15:48pm

Publié par zwardoz

Nommons « démocratie » l’ensemble enveloppant qui crée ou est produit d’un nombre considérable de dispositifs ; en nombre inassignable, puisqu’il est de l’ordre du démocratique de se diversifier et de s’étendre. Il n’est donc pas de bornes qui circonscrivent le démocratique.

Il est particulièrement clair que si la démocratie est une forme, cad également une Idée, elle dépend de ses contenus ; non en tant qu’ils l’emplissent, mais en tant qu’elle les réforme. Si la démocratie est une forme, (et elle l’est structurellement puisqu’elle a pour finalité déclarée la liberté, qui est l’indépendance et la pluralité), cela ne signifie pas qu’elle ne soit rien en tant que forme, mais que celle-ci est en propre une restructuration complète de ce qui lui tombe sous la main.

La démocratie est donc une dynamique, en production constante et qui n’a pas de borne. Elle n’est pas plus libérale que collective, plus mass médiatique que culturelle, plus émotionnelle qu’intellective, plus subjective qu’objective ; elle déconcentre tout cela et en produit les devenirs. La subjectivité comme l’objectivité progresse de son poids, de sa puissance structurelle. Elle n’est pas l’affrontement des opinions dépenaillées, mais la propension à se dépasser des opinions en tant qu’au fondement démocratique existe l’affirmation solennelle des valeurs formelles ; le libre ne veut rien dire, sinon qu’il redésigne la réalité. De même la vérité ou l’égalité ne signifient rien sinon la recomposition du donné, du vécu, le déballage du relationnel, la remise en cause des identités.  

Mais de quelle cause s’agit-il ? Si le démocratisme connaissait la réponse, il n’adviendrait pas. Son être est de ne pas exister, mais de précéder qu’il y ait non plus une mais des réalités. C’est parce que le démocratisme dessine préalablement une forme idéelle difficilement précisable, mais qui littéralement existe.

La remontée du donné tel que représenté, puis exprimé puis pensé ; que cette pensabilité du donné puisse s’effectuer vers et puis à partir de la disposition démocratique qui dans l’effectivité restructure la transmission interne du groupe (cad toute la pensabilité), ce vaste déplacement forme en lui-même une logique.

La représentation, de soi, de l’ouverture démocratique est donc essentielle ; en tant que formelle, elle n’existe, se sur-existe que de se dire ; de se voir tout autant. Elle prédomine comme institution, mais elle n’éprouve de contenu que comme peuple et plus encore comme masse. Les mots trouvent à point nommé leur signification ; la masse (de tous ceux qui existent) veut, doit se percevoir. Et tous les modes sont affectés ; de l’intellectualité aux comportements béhavioristes, des pensées aux gestes, des choses esthétiques aux objets industriels. La totalité du spectre est couverte ; elle manifeste entièrement un monde complet de perception de soi.

Il ne faut donc pas se laisser égarer ; on ne peut pas admettre une réduction de l’ensemble à l’une quelconque de ses parties. Et le concept majeur n’est pas plus le libéralisme que le collectivisme de tout Etat, l’individualisme plutôt que la masse, la personne plutôt que la transmission accélérée. De même que le concept de l’intentionnalité n’est pas réductible à celui de raison, ou de conscience de soi, de même le démocratisme n’est pas tel Etat effectif, ou n’est pas seulement le droit privé ou public, ou n’est pas la nation, ni telle culture déterminée, mais est en plus et désigne un autre règne ; que l’on obtient par le concept adéquat seul.  

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Centre philosophique du réel

9 Mars 2011, 21:19pm

Publié par zwardoz

Si l’on s’en tient à la stricte observance du devenir philosophique, (qui détient la vérité des siècles, en ceci que philosophiquement seulement s’énonce la position de notre être au sein de ce monde-ci ; laquelle position peut être vécue, et intensément, de multiples façons, mais c’est philosophiquement qu’elle se met en forme à peu près adéquate ou en tout cas au plus proche), il apparait que l’on est passé du discours cohérent valant en soi, au sujet comme opérateur d’un tel discours puis au développement sans précédent de ce même sujet en et hors du discours, sans pourtant que ce sujet n’abandonne la cohérence.

Ce qui veut dire que des paroles furent déployées, acharnées en une cohérence, qui n’était pas nécessairement limitée à produire un discours rationnel, mais à créer une cohérence manifeste.

La figure absolue de notre historicité est le créateur ; cad celui qui invente une vérité. Au fond cela revient à poser un sujet comme créateur de l’être même. Notre fascination pour l’artiste, la révolte ou la véridicité, revient à affirmer que l’individualité humaine et elle seule, permet à l’humanisation de se développer. Il n’est pas d’humanisation symbolique ou de surhumanité ou d’humanité générique ; toutes elles doivent être perforées par l’individualité pure.

L’effet démocratique de cette perforation, le moi s’en connait lui-même ; la personnalisation est l’aboutissement (au 20ème seulement, acquérant la lecture et l’écriture des signes), de la métamorphose du ; langage du groupe au langage privé. Le tour de force décisif, pour chacun, est de comprendre ce que l’autre, tout aussi acharné, dit. Ce que l’un arrache de ce qui est exprimable, chacun a à charge de se le redire.

Hors cela, il faudrait écarter la poésie, l’art ou la- les littératures, de la réflexion … Ce qui est absurde ; c’est d’un seul cheminement, plein  et unique, que de la pensée de l’être, d’un sujet universel, on aboutit à la saisie de l’être par tout sujet, bien singulier.

En retour ; le sujet singulier (disposant de littérature, d’esthétiques, de conceptualisations, de scientificités, etc) n’est pas non plus le moi individualiste si limité du libéralisme. Et ceci n’est pas accessoire ; le libéralisme est la pensée naturaliste (qui ne découvre sa fondation que dans une supposée naturalité), de réduction de cette immense inventivité qu’est politiquement le démocratisme.

La démocratie est plus vaste que ses réalisations ou traductions. Le moi, pour nous, inachevés, tous, fait figure du sujet, singulier, et non pas naturel, que l’on n’est pas, et que le moi s’image-être.

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Céline L-F

3 Mars 2011, 22:02pm

Publié par zwardoz

Il faudrait penser Céline, peut-être, mais  il va plus loin, de toute manière, quoi qu’on dise, il est en avant, bien loin au-devant de tout.

Le petit-bourgeois.

C’est ça un petit-bourgeois. Un petit-bourgeois, français, avec tout l’esprit français imaginable, extrapolé de toute cette littérature, de cette révolte native qui ne sait pas du tout à qui, à quoi s’en prendre. Aux juifs, aux chinois, aux humains, au fatras généralisé de temps de guerre ou bien fadasse mais crochu des temps de paix. L’agressivité, la haine, la rage comme un vaste tourment incompréhensible, qu’il ne comprend pas lui-même. Qui est de toute façon incompréhensible, dans l’injustifiable. L’injuste Céline.

Sauf que cela fait voir, entendre, sentir, éprouver. Du dedans, du dedans d’un petit-bourgeois bien mal embouché, un cra-cra. Le monde à raz de terre. Le monde de la conscience minable, la malvenue. Aussi l’antisémitisme, la chinoiserie, le pleurnichard, le sur ses gardes, la méfiance petite, si petite, tout cela qui ne mène nulle part, qui replie le petit bonhomme sur lui-même.

Mais de ce point de vue là, on découpe avec acharnement tout ce qui tombe sous la main.

Le style ? Mais le style, c’est la mesure même d’une pensée haineuse ; que ça fasse voir les choses comme elles sont, comme elles sont pour un petit-bourgeois bien fadé. Et le petit-bourgeois il ne juge pas du haut de je-ne-sais-quoi, une hauteur qu’il lui est bien indifférente, il n’a pas d’idée, parait-il, mais il a des goûts, bien ramassés, et des dégoûts, ça varie, ça dépend, mais se nourrissant de haines diverses, de mordreries, de déboires et de fatigues. Un petit-bourgeois ça parle de ses tripes, de son ressenti à peine pensé ; la haine lui fait figure de penser ; aussi le style doit-il, c’est impératif, poursuivre le ressenti de cette pensée assoiffée, qui assèche elle-même toutes les attitudes que sa haineuse, jubilatoire, danseuse pensée déglingue. L’épopée du pur et simple scepticisme total, l’ignorance de toutes les justifications, mais peut-être plus encore et surtout l’inanité de toutes les justifications ; il n’y a que des corps qui souffrent et aveuglés de bêtises et de méchancetés. Le petit-bourgeois ignore l’universel, il s’en mord les doigts et s’en défend de l’être, universel. Mais en tant que style il fait exister l’être de l’ego le plus immédiatement fondamentalement là. Pour cette raison il est le plus extrêmement existentiel.

Et si l’universel n’est pas (sinon dans le « style ») la biophysique des humains est le fond de tout ; et plus largement il faut ramener toute aspiration au plus près du nivellement généralisé. Le territoire donné, le là du vécu si immédiatement matérialités, absorbe toute tentative ; dévore les attentes, mais également renvoie les possibilités de fuite : les échappatoires n’en sont pas.

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