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instants philosophie

L’historicité et la France

29 Septembre 2018, 06:56am

Publié par pascal doyelle

Et l’ontologie du devenir (et accessoirement de Zemmour). 

Il faut considérer que la réalité immanente et générale du monde c’est la difficulté et la survie, et ensuite que l’histoire, c’est la violence et l’exploitation.

Mais il intervient parfois, ici et là, des éclaircies, des éclaircies ontologiques, des illuminations qui outrepassent tout ce qui est. Tout ce qui est : ce qui veut dire que les illuminations (ou individuellement les extases) sont en plus, en plus du monde et de l’histoire (et les extases en plus de votre vie, et qui bouleverseront votre existence, si vous avez du bol).

Dieu et les juifs, la première nation : qu’ils aient à se décider pour faire nation et se transporter au-delà du désert, et que le « peuple » soit astreint mais déduit à partir d’une alliance et non pas qu’il soit surnaturellement dans tel monde donné et donc très logiquement que le dieu unique soit celui qui crée, de l’extérieur, un monde unique et donc que ce dieu et que ce monde soient universels (il n’y en a pas d’autre).

Les grecs et l’universel qui énoncent que l’être il y a (si il y a l’être, il est idée et il est un ; universellement pensable, par chacun qui se convertit à la pensée de la pensée).

Le christique et le corps qui chacun tel que dé-placé dans le regard de l’autre-tout-seul (celui qui meurt-tout-seul mais aussi celui qui est-en-plus de dieu, qui est le premier surdivin, qui vient-en-plus du dieu unique).

Enfin des tas d’autres réalisations mais fondamentalement la révolution ; soit d’abord celles de la liberté (anglo-saxonne) et ensuite celle de la liberté-égalité, française.

On va résumer (un peu et tout généralement) l’interprétation de Zemmour à propos de l’historicité de la France et mêler ces positions avec plus ou moins la galaxie interprétative qui eut effectivement lieu ou encore  l’interprétation générale potentielle hypothétique ici même.

La France est une construction ; inutile de  taxer le Z  de raciste ou xénophobe, ou pratiquant l’idée éternelle de la « France », il tente d’en décrire le devenir au contraire, et qui dit construction annule de fait qu’il y ait une identité-ethnie qui serait française ; il y a une identité mais elle est structurelle ; n’importe qui peut devenir français (et de toute manière toute le monde est déjà qu’il le veuille ou non, français, parce qu’individuel d’une part et organisé, peu ou prou, d’autre part, organisé veut dire « qui a conscience de l’autre » comme autre liberté). Une construction très spéciale ; elle a créé l’idée de nation, de nation non pas comme hallucination patriotique ou comme une extension naturaliste (et raciste) mais en tant que construction politique ; elle, la France, tire ce principe à la fois des romains et du christianisme ; le pape et le roi, c’est une liaison sur-historique et française (les allemands et les anglais se rendent indépendants, et un temps l’Espagne a voulu reprendre la logique en se voulant très chrétienne).

Ici il faut bien comprendre le « truc », l’astuce historique, proprement insensée, au point que ceux-là même qui l’ont inventée, dans l’historicité, furent dépassés par l’inspiration (de là que ça venait de dieu, du christ, de l’esprit hégélien, de tout ce que l’on voudra de « magique » et que cela a du s’inscrire dans les esthétiques, les récits, les poésies, les imaginaires, les inspirations supra historiques, comme de présenter la France comme l’Israël, le peuple élu, etc) ;

le mélange, inventé, créé, à partir des romains et du christianisme ; rappelons qu’il ne s’agit pas d’ethnie, de race, de couleur de la peau, mais d’une création et volonté politique (du statut du « citoyen » à l’organisation de l’Etat et du cœur individuel que crée le christique, en et par chacun, chaqu’un, qu’il soit homme, femme, riche, pauvre, esclave, homme libre, tous un en christ – Saint Paul ; on voit bien que si l’on retire toute qualification il ne reste que le sujet, le sujet formel). Ou encore : si Rome a pu régner sur la méditerranée, c’est parce que Rome a créé une formulation de la réalité humaine suffisamment universelle et donc applicable (et compréhensible). Par formulation c’est non seulement « ce qui fut formulé, exprimé », mais cela qui fut formulé dans une nouvelle manière de signes, de significations, de lois et de corps tout à fait originaux ; il est supposé en somme que la logique de réalisation a pu s’incarner, se manifester en corroborant à la fois la liberté de chacun et l’universalité de chacun (sans que, en France, l’une des parties prenne le pas sur l’autre et l’une et l’autre recherchant constamment un équilibre, sans que véritablement on veuille supprimer l’un ou l’autre, sauf les traitres à eux-mêmes).

C’est bien pour cela, entre autre, que Zemmour est hégélien ; il croit en l’esprit, une sorte d’esprit qui conduit l’histoire et il trouve que la France est justement cette société humaine qui s’est, volontairement et en conscience (bien que dépassée par sa propre intuition), s’est organisée politiquement et de ce fait fut à l’origine de toutes les formes étatiques organisées en nation (de volontés accordés les unes par les autres, le patriotisme est l’assemblée des volontés, égales, toutes et une par une, qui va-t-en-guerre parce que toute l’Europe des royautés se coalise contre sa révolution ; tandis que la révolution anglaise tout le monde s’en fout, elle fut en partie décidée par les féodaux, les français bien trop brouillons pour se coaliser) et que donc la France s’est organisée politiquement (aussi existe-t-il un lien entre le roi et le peuple, qui se méfie quand même des élites françaises ayant une fâcheuse tendance à trahir, par intérêt et donc par imbécilité) ; « politiquement »  pour un français, après la révolution, cela veut dire tout, absolument tout ; c’est pour cela que « français » ça n’est pas une ethnie mais une volonté individuelle et commune d’adhérer à un projet global de mise en forme du monde, des corps, individualisés, ce qui est le politique lui-même, son essence au sens de sa structure, c'est cela même qu'est devenu le politique  en tant qu'il fait naitre humanisation elle-même.

En gros cela veut dire ceci ; pour un français tout le monde est ou doit être français ; puisque c’est la mise en forme individuelle qui, tout en tenant sa liberté pour la structure même, sait aussi que chacun est égal à tout autre (ce qui est proprement christique et ce d’autant plus qu’on trouve d’un côté les francs, qui veut dire libres, et de l’autre Rome qui implique l’Etat et le droit, les citoyens). On notera son idée centrale ; que si la France penche vers le christique elle se dissout dans l’affect, et l’affect est l‘individualité, le corps, le compassionnel et si elle penche de l’autre côté elle est saisie de puissance non pas particulière mais universelle d’un Etat et d’une nation ; si on affirme exclusivement les droits de l’homme, individuels, on perd l’étendue mentale que l’idée « France » présuppose ; et qu’il s’agit d’un Etat-nation, d’un peuple voulu et décidé et ayant forme universelle (qui a créé littérature et esthétiques, bref toute une civilisation en propre, une construction étendue et extensible).

Mais pour ce qui est de l’inscription d’un corps qui soit individuel et libre, ça ne s’instancie pas si aisément que l’imagine (l’imagine et non pas le pense) le libéralisme et requiert précisément une civilisation. Et une civilisation qui requiert non pas seulement un Etat et soutenu, mais un corps, et individuel, mais également et plus encore un relationnel des volontés, des intentions, des intentionnalités ; c’est simple (si l'on peut dire) cela requiert une littérature, un imaginaire, un récit, quantités d’esthétiques, quantités de sujets ayant dominé l’universalisation et instancié cette universalisation dans des œuvres ayant formes individuelles et libres et ouvertes sur les réalités et sur le réel du monde donné et de l'humain (puisque c'est sa finalité), ou tout autant qui se sait se déplacer dans l’histoire elle-même ;  qui réclame donc ce qui se nomme, de fait, une civilisation (et là Zemmour marque incontestablement un point).

Ce que ne comprend plus du tout le libéralisme des droits abstraits de l’individu, qui pense appliquer extérieurement le droit, et n’est alors que violence du monde et non plus construction de l’histoire. Du temps.

En somme la « France » c’est le pays étrange qui a détenu, souvent malgré lui, une formule, mystérieuse, une formule qui s’est déployée sur le monde (de même qu’Israël ou que la Grèce). Bien sûr d’aucuns diront que c’est regarder le monde du seuil de sa porte, sauf que c’est une mise en œuvre qui s’est répercutée partout sur la planète ; la forme Etat et constitution et droits de l’homme est universelle, de part la liberté mais également selon l’égalité (qui implique une redistribution organisée, et pas seulement la charité et la bonne volonté). Et on dira également que la liberté est anglo-saxonne, mais de même l’Etat est romain et le christ est chrétien, c’est ce que l’on en a fait qui change, et suffisamment pour que l’on puisse dire que ce que l’on en a fait modifie la donne (étant entendu que c’est « cela » qui c’est propagé comme liberté-égalité, et cette vérité qui s’est partagée).

Ne pas chercher à comprendre cette historicité c’est se couper les jambes, originellement et ontologiquement. Il suffit par exemple de se rendre compte comme Kant guettait les nouvelles de la révolution et comme Hegel prenait Napoléon pour son alter-ego (à lui l’action, pour Hegel la pensée de cette action). Ou encore il faut détester Descartes et l’anéantir pour penser comme Heidegger que le peuple est une entité qui se tient du langage et non de sujets, ce qui veut dire d’une langue spécifique et que hors de cette ethnie (voire race), il n’y a point de salut (dont on ne sait pas du tout ce qu’il signifie en ce cas, H s’est complètement arraché les ailes, il ne va nulle part). Ici il ne s’agit pas d’une essence mystérieuse mais d’une structure acquise (et pouvant être acquise par quiconque et ne tenant pas d’une ethnie).

Le défaut de Zemmour est qu’il veut échapper à la logique … Il ne croit pas que liberté et égalité soient l’aboutissement de ce qu’antérieurement il comprend, très justement, comme le mélange du christique (individuel) et de Rome (l’Etat universel). Il veut se référer à une identité historique de la France mais celle-ci est supposée en substitution ; autrement dit pour lui l’Etat, la nation, le peuple ne parviennent pas à se retrouver dans l’égalité, l’universalité réalisée, mais dans la nation, la civilisation exclusivement dite française (ce qui n’est pas faux mais insuffisant) ; donc il n’est pas jusqu’au bout hégélien ; pour lui Napoléon est évidemment le grand homme, mais pour Hegel Napoléon est pris dans un horizon (qui pour Hegel est Hegel lui-même ... ou donc « la pensée elle-même sujet », non pas une subjectivité « Hegel » mais une hyper objectivité qui inclut toutes les autres et toutes les subjectivités).

Il estime donc que la liberté s’inscrit dans une identité, ce qui est contradictoire(même si effectivement une civilisation est nécessaire pour rendre possible les libertés et l'égalité, on n'impose pas la démocratie d'en haut, et c'est bien en ceci que réellement il est une énigme  et une civilisation dont le secret demeure caché) mais en même temps il sent bien que liberté-égalité ne se rendent pas réels abstraitement … c’est ce que l’on pourrait appeler une civilisation, française, ou, si l’on a l’esprit large, européenne (ce que l’on a nommé l’acculturation généralisée qui se découvre et s’invente autour de la méditerranée, via le monde universel grec et via le monothéisme et le christique selon le corps individué) ; que l’on se veuille plus zemmourien que Zemmour (accordons lui) ou musulman ou juif ou communiste ou financier et président, ou oligarque et président, quelque division qui se prétendrait plus essentielle que la forme structurelle, qui se prétendrait plus réel que l’équation liberté-égalité est absurde et même si jadis il fallait lutter pour imposer la France (par la royauté ou la nation révolutionnaire), l’histoire ne s’y trompe pas … ce qu’elle a réalisé autant que possible c’est cette équation liberté-égalité … malgré les divisions et les identités concrètes ou imaginaires, qui sont toutes des découpes dans l’arc de structurel de conscience ou des intérêts du monde ; dans le réel (le lieu même inaccessible de l’historicité) ce qui ne pouvait que se rendre réel c’était le réel lui-même, soit donc l’équation ; parce qu’être français c’est être selon une formule autre que toute partie de monde, que toute communauté, que tout attachement à quoi que ce soit , y compris à soi-même ; ce par quoi  cette formule ne tombe pas dans le compassionnel, l’affect, l’hystérique (les femmes),  le sentiment, autrui et la repentance, etc, Zemmour se trompe en ceci que déjà le christique n’est pas lui-même la compassion ; la compassion ou l’affect ou l’angélisme, qui sont seulement des effets d’une force, d’une puissance structurelle bien autrement architecturée et pour le dire architexturée comme corps réel et concret.

C’est au fond, le débat sur la morale et la politique ; pour Zemmour la politique n’est pas la morale alors qu’en fait et en structure la morale est la finalité de la politique (sinon cette nation est une puissance, parmi d’autres ; elle rayonne par sa puissance et non par l’esprit, or c’est l’esprit qui traverse les espaces et les temps, toute puissance du monde s’effondre) ; ou donc, si l’on préfère, le christique est la finalité de cette reprise de l’Etat et de Rome. Mais si la morale et le sujet christique sont la finalité ou la régulation (kantienne) de la politique, ce sera au sens que passant via la politique la morale se modifie ; elle s’amplifie (de même que passer de Kant à Husserl ou de Husserl à Sartre modifie la structure de conscience) et s'approfondit et instancie des enjeux ontologqiues, réels, 

On a dit déjà que le christique était la réflexivité dans la réflexivité déjà acquise du théos juif et formulait le surdivin, mais on peut tout aussi bien avancer que le christique est la réflexivité dans l’Etat romain.

Or cependant il ne faut pas espérer ou croire ou comprendre que l’on peut abstraitement plaquer la morale ou plus largement la liberté-égalité-fraternité sans que par ailleurs et bien plus complètement ne soit incarnée la dite civilisation, la civilisation cachée en partie, la civilisation dite « française » (et plus globalement européenne, mais quand même la France est, quoi que l’on pense, parfaitement spécifique). L’équation liberté-égalité-fraternité ne fonctionne pas en dehors d'une adéquation civilisatrice, qu'elle soit française ou anglo-saxonne (des deux empires britannique et américain) et c’est l’absorption de l’égalité dans la liberté, par quoi on ne se soucie plus que de liberté (en croyant naïvement que la dite liberté implique, tôt ou tard, l’égalité et la fraternité, alors que c’est de tenir la séparation dynamique des deux qui dialectise le réel), c’est cet effacement de l’égalité de tous, de la nation-peuple des volontés, que redoute Zemmour ; la transformation de l’inclusion française, dans une seule société équilibrée, vers une modulation anglo-saxonne, ou à la suite plus particulièrement communautariste, mais surtout consumériste, hyper libérale, en laquelle les puissants soumettent l’Etat, dont la méga culture tout à fait fantasque (hyper et vide) anéantit toutes les cultures réelles, et qui certes se fonde sur l’individualité

mais une individualité de patchwork et non pas une individualité en forme de sujet ; en laquelle seule la liberté de faire ce que l’on veut, sous réserve évidemment que ça ne nuise pas et effectivement ça ne nuit pas en soi mais par laquelle liberté vide se perd, dissout le commun, et dissout la participation/dans la consommation, la solidarité/dans la perte sèche du moi, se volatilise le récit/par les images, le passé et donc l’avenir/dans l’immédiateté de tout, et pour le dire si la vie consiste seulement d’en « profiter », il n’y a plus de destin commun et donc, ce que l’on n’aperçoit même plus, il n’y a plus de destin tout court ; en prétendant se réaliser, se sur-réaliser l’individualité et la religion de la liberté brute, finalement non civilisée (illusoire et imaginaire) abolit le sujet lui-même, ne reste que le moi dépenaillé ; ce qui revient à abandonner le réel aux réalités (aux identités fades, fausses ou passéistes, dont relève peut-être en partie  Zemmour lui-même) ; on ne peut pas vivre ensemble si l’on réduit sa liberté à n’être que soi, quel que soit ce soi, cette identité, parce que d'une part la liberté n'est pas une identité ni le faire valoir d'une identité et ce pour la raison que la liberté est vécue, élaborée et éprouvée telle quelle ; le libre existe en lui-même, et crée une dimension. La liberté n’est pas seulement une forme vide, qui s’appliquerait n’importe comment, suivrait n’importe quel désir, n’importe quelle imagination ; qui croit cela ? Tout le monde.

Mais la liberté est une forme pleine (et Zemmour croit que la civilisation française est son contenu électif, ce qui n’est pas absolument faux) et la forme liberté de structure crée ses propres affects, ses propres manières de désir, ses propres finalités dans le monde (que Z et d'autres relèguent comme christique et éthérés, alors qu'il s'agit de la seule part active de notre vécu, le reste étant soumission au monde, aux intérêts et à la mort).

La liberté entendue pleinement est d'une part regard acéré sur le monde, le donné, le vécu et le corps (le moi et l'humanisation), depuis Don Quichotte par ex pour le récit lucide et cruel sur la vie,  et d'autre part stratégies d'envergure qui permettent de relier les arcs de conscience tels qu'ils s'élèvent et outrepassent. 

Et donc se pose la question qu’est-ce que cette civilisation ? (que l’on nomme ailleurs originellement acculturation ; le monde universel des grecs et le corps unique de chacun tenu du christique). Et pourquoi est-ce justement une telle acculturation ou civilisation qui s’effondre sous les coups de butoir de la liberté exclusive obsessionnelle, qui croit tout résoudre de se fier seulement à son véridique mais trompeur trait de liberté, liberté rendue abstraite et qui se prétend matériellement tellement concrète, illusionnant ainsi tout le monde et croyant remplacer le sujet (finalité ouverte de la liberté-égalité) par telle ou telle identité, supposée « authentique », naturelle ou spirituelle ? De la liberté vide en tant qu’elle n’implique pas l’égalité, ni le partage – il n’y a littéralement plus Rien à partager et donc bientôt ces libertés se déchireront pour le monde –  et qui continue de tout séparer, tout diviser – et dont la forme abstraite est le destin, tel qu’il ne se comprend pas et donc s’effondre.

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Le Rapport enchanté

23 Septembre 2018, 08:20am

Publié par pascal doyelle

Il faut entendre que la réalité, la réalité tellement brutale, n’est pas un champ unifié qui se résoudrait en une unité fixée, mais que le Un en question est justement un rapport, et que comme rapport il se diversifie instantanément et immédiatement en rapports (toute réalité est un ensemble de rapports et de ce fait non stable).

Cela revient ni plus ni moins à dire que la logique du « réel » est l’altérité ; ça n’est pas l’altérité qui s’appliquerait à un quelque chose préalable, c’est l’altérité qui est constitutive des choses, de toute réalité ; et réalité s’entend comme « ce qui est déterminé » et ce qui est ce sont des choses déterminées, sauf le Bord, qui, lui, existe ; le Bord des choses déterminées est indéterminé ; il est la surface (le présent)  sur laquelle sont les choses, les êtres et, ensuite et de plus, les rapports spécifiques qui sont le rapport qu’ils ont et qui ne sont pas l’être. Soit donc ces arcs de conscience qui sortent de la cervelle vers le donné là.

Et donc par ce jeu de rapports, il se crée ou cherche à se créer d’autres nouveaux rapports, eux-mêmes "infinis" (cad distincts) selon leur nature propre. Dans l’ensemble le réel est « ce qui est plus grand que lui-même », est un infini qui crée des infinis. Il se trouve que nous connaissons au moins un de ces rapports spécifiques ; l’activité de conscience qui est, effectivement, non ce qu’elle est mais ce qu’elle a. Entièrement dévouée à l’altérité étant « rapport » ; conscience de. Ce ne sont pas les "quelque chose" qui constituent l'essence de l'arc de conscience, mais l'arc de conscience, ce rapport, qui traverse tous les contenus.

Pareillement - il n’est aucun être stable de base mais seulement du mouvement - il n’est pas d’unité terminale qui serait inerte ou figée : le Un qui-vient est absolument, de haut en bas, de gauche à droite, en mouvement. 

Ce qui veut dire que au plus loin, le Un n’est pas figé ni fixe mais est lui-même encore un mouvement, le mouvement qui se meut et qui entraine et surtout réentraine continuellement tous les rapports ; le réel est un mouvement qui se crée depuis le début et continue de déployer son visage en tant que mouvement

(ce qui veut dire en tant que possibilité, voire Possibilité ; il n’est de possibilité possible, pour ainsi dire, que dans l’altérité, et d’altérité que dans et par et en tant que rapport).

Il est le Bord de toutes les réalités, le Présent agissant, qui non seulement déroule les réalités mais revient du point le plus éloigné pour se modifier ; de sorte que la dimension du présent est en elle-même la plus fondamentale et la plus énigmatique qui soit ; nous existons sur le Bord même de cela qui se crée ; chaque point partout est au plus près du Un intensément et extensivement mouvant (en vérité il n’existe rien d’autre, parce que tout le reste est sur la surface du Un ; l’exister est infiniment plus grand que l’être ; ce que Heidegger, sa seule grande idée, nommait l’être contrairement aux étants, il faut les nommer respectivement comme exister et êtres ; il n’est d’être que déterminé et donc en tant qu’êtres, l’unité étant l’exister, le un qui se meut). Il faut prendre en considération que le Bord de la réalité, du monde, du vécu, du corps est littéralement le « lieu » où tout se décide.

Alors évidemment on ne peut pas saisir le Bord, le présent, tels quels ; il faut un détour ; il faut une itération superlative pour ainsi dire, une récurrence, « qui fait signe » et qui revient quoi que l’on fasse ; on a visualisé cela par dieu (à moins que ce soit une révélation, on ne sait pas), par la pensée, par le sujet, par l’altérité (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan) ; dieu est mort et remords et remord, nous remord à nouveau, parce que comme le christique ou la pensée ou le sujet, on ne peut pas se débarrasser du Bord . C’est bien l’illusion que de croire remplacer la structure par quelque contenu déterminé pêché dans le monde, le vécu ou le corps ; il y a de l’indéterminé et dieu, l’être ou le sujet ou enfin l’altérité (Nietzsche-Heidegger-Sartre-Lacan) s’utilisent afin de nommer et donc d’être en mesure d’utiliser le Bord ; sans cette dénomination on en est la proie, on se noie dans la détermination ; ce qui veut dire que l’on va désirer dans le monde, le vécu ou le corps une puissance qui se tient en dehors ou à l’externe du monde ; on mélange alors la détermination et l’indétermination et non seulement on épuise la détermination mais de fait on n’y retrouve absolument pas ce que l’on désirait, et on devient fou.

Qui relève de la seule structure du rapport et non des contenus. Il n’y a, il n’existe que de l’infini, cad des rapports. Il n’existe peut-être qu’un seul rapport terminal mais alors il suppose, implique, produit tous les autres, qui se déroulent ‘dedans’.

Comme le bord du monde doit être représenté il faut comprendre qu’il ne peut l’être que signifié ; signifié en et par une intentionnalisation, un arc de conscience et le Bord du monde, du vécu et du corps nous convoque en personne, en tant que je, dont on ne peut pas dire qu’il soit un « moi », une subjectivité, mais bien plutôt non seulement un sujet au sens objectif (il existe effectivement un être qui est le rapport qu’il a ; puisque c’est un rapport il ne peut pas « être », mais est exclusivement un mouvement, et donc une relation entre deux éléments, un signe une perception, un signe et un autre signe, un signe et un sens) mais une structure-sujet, et au sens hyper objectif ; en ceci que le sujet nait dans l’actualité la plus brute et réelle au contact du monde et re-vient toujours du monde donné là qui ne lui apparait que dans et par son activité ; c’est un mouvement donc il s’active, et tout ce que l’on perçoit est construit, non pas artificiel mais construit et c’est bien pour cela que l’on peut parcourir toutes les images, représentations, désirs, signes, idées que l’on voudra en vérité et en fait il n’y a qu’une seule orientation : l’arc lui-même ; toutes les surfaces, mouvantes, sur la surface unique du présent. 

et que se pose des unités (révélées ou créées selon que l’on y croit ou non)  ; que l’on se tienne de la pensée et de l’universel ou du sujet ou du sujet explosé de l’altérité ; Nietzsche, explosé flamboyant, Heidegger, explosé d’effondrement dévoré par l’évidence de l’altérité de l’être comme Autre (qui entre en concurrence avec l’être grec ou l’être dieu), et analysé par Sartre et Lacan qui pour le coup explosent littéralement la structure même du regard du dit sujet ; c’est uniquement et exclusivement dans la perception de structure du sujet, du rapport de conscience, qu’apparait le réel ; puisque tout autre attitude intentionnelle se fige sur une détermination, fixation qui ne permet plus de revenir par le biais de la structure.

C’est généralement ce que l’on reproche à la philosophie (d’être abstraite ou vide ou indéterminée ou tautologique ou illusoire) et qui consiste au contraire à repérer le réel ; on ne voit pas pourquoi Aristote nommerait cela pensée de la pensée, sinon de ceci que d’abord au moins ce retour de la pensée manifeste le court-circuit qu’opère non pas la pensée mais l’intentionnalité dans le monde (et le langage, etc), ce par quoi elle se repère elle-même dans le repérage (il faut signifier que l’on pense puisque penser ça n’est pas parler ; pensée est explicitement visé comme étant pensée, ce qui veut dire intentionnalisé et qui implique que soit nommé l’être, le réel, puis dieu sous l’apparence du corps, christique, puis l’altérité ; on ne peut poser un contenu, quelconque, que sous un horizon et l'horizon créé ce sera le monde universel ou le corps réel) ; ce serait absurde que ce qui pense ne soit pas lui-même notifié et délimité et d’autre part que de fait ayant à se notifier elle doit développer « ce en quoi » ou « par quoi » elle est repérable, l'horizon réel ; il est clair que le fait même qu’il y a pensée ou qu’il y ait intentionnalité dans un corps (vivant, et vivant dans un monde) ne peut pas, ne peut pas être admis ou imaginé (parce qu’alors c’est de l’imagination) comme simplement un regard tout à fait éthéré et pour ainsi dire inexistant ; c’est pourtant ce que présuppose la scientificité ou plus précisément le rationalisme ; comme si donc « quelqu’un d’immuable regardait le donné » sans qu’il y ait quelque intérêt que ce soit à l’interroger.

Or c’est justement pour déloger ce regard éthéré et l’attirer dans le réel et donc de préciser ce que l’on peut percevoir du réel brut, que pense la philosophie ; puisque de fait c’est de perception, structurelle, active et qui veut à partir du donné remonter jusqu’à l’être, jusqu’à dieu, jusqu’au sujet, ou au sein même de l’altérité. Non seulement pour connaitre le Bord mais parce qu’étant rapport c’est sa nature même de rapport que de se connaitre comme tel.

Il n’est pas question de remettre alors en cause la scientificité, mais de poser le problème ; penser objectivement limite l’interrogation, ce que n’admet pas la philosophie ; son registre est d’enquêter sur l’ensemble du problème ; de notre être/dans l’être, par les grecs, ou du sujet comme structure (depuis Descartes) situé en un lieu effarant ; l’étendue du monde, l’ensoïté des choses, l’autre-volonté nietzschéenne, l’être de H, l’existence sartrienne, le corps lacanien. 

Et, contrairement à ce qui se dit, la trajectoire (de la pensée, de la réflexivité, du retour sur cet être tel que là, actuellement il se met en œuvre) la trajectoire fut toujours parfaitement adéquate ; comment en aurait-il été autrement puisque c’est cet être qui s’expérimente et qu’il n’y a rien d’autre à expérimenter ? On ne peut pas se tromper structurellement de réel : il n’y en a qu’un. Et ce sera lui qui vient. Ce sera lui (au futur) qui vient (là maintenant). On ne s’est jamais trompé ; mais lorsqu’elles tombent vers le monde, les idées, les intentions (christiques, éthiques), les perceptions esthétiques s’affaiblissent et se déforment, reprennent la forme du monde, s’affaissent et se dissolvent ; de conscience à consciences l’idée devient matières.

Et l’intentionnalité devient intérêts. Aussi y eut-il quelques moments seulement qui soulevèrent le monde, les vécus, le relationnel, la matérialité (donnée) et la matérialisation (des intentionnalités tombant dans le monde). Ce qui revient à dire que l’horizon du monde, de notre réalité en ce monde est la mort, la destruction, la violence ; unanimement toute intentionnalité entrant en concurrence et rareté, agressivité et survie, lutte et rivalité et la ligne atteint tôt ou tard l’enjeu maximal, surélève l’investissement ; dans la confrontation, si rien ne vient médier, chacun poussera l’autre jusqu’à la mort ou l’exploitation ou l’humiliation. De même que les désirs se renouvellent indéfiniment et impliquent l’épuisement des mondes.

Ça n’est que du dedans que la puissance, la toute puissance de la structure peut de par soi se réguler. Ou ce que l’on a tenté depuis l’Etat et la révolution, que la logique liberté-égalité-fraternité jugule et surtout canalise, réordonne et laisse à chacun la possibilité de se mesurer, de mesurer ses intentionnalisations (compte tenu de tous les autres et de soi) ; seule cette structure intentionnelle peut atteindre la précision et la significativité requise pour déployer et organiser les intentionnalisations, ce qui ne peut se contrôler de l'extérieur, ni de l'extérieur des autres, ni de l'extérieur en soi-même du moi conscient ; une telle mise en opérativité de l’intentionnalité ne peut pas en passer par la « volonté » et le « conscient » ; de là que Nietzsche soit amené à supposer une autre-volonté ou que Sartre se démène pour penser l’altérité de l’acte même de conscience, qui n’est pas le « moi », ou qu’évidemment Lacan traque les hiatus invraisemblables ayant lieu du corps, de la perception, du signe ; on a perfectionné et on s’est avancé très loin dans l'analyse de la possibilité d’agir sur cela qui agit, cette logique de distorsion qui est impliquée par le fait même que le réel est un rapport qui se retourne et que pour nous l'arc de conscience est une telle distorsion ; et l’exigence de ressaisir l’activité intentionnelle (que rien dans les contenus de conscience n’est égal à l’acte de conscience qui pose ces contenus, serait-ce même une idée universelle ou une loi ou une logique) cette exigence repose sur cela que la satisfaction, de toute manière, n’est pas et ne peut pas être de ce monde, parce qu’elle ne peut pas être tout court …

qu’elle est de l’ordre de la structure, du Bord du monde et non pas susceptible de se rencontrer dans le monde ; toute pensée qui promettrait la satisfaction est juste soit la folie d’un sujet, soit le rêve mortel d’une secte, soit l’utopie d’une universalité quelconque (communiste ou tout ausi bien sinon plus libérale qui croit en une "nature" humaine satisfaisable et se nourrit de cette illusion entretenue partout et plongeant tout le monde en l'enfer de l'egocentrisme)  ; toute détermination serait-elle universelle, est quelconque par rapport au rapport initial ; rien, nulle part et en aucun sens ne lui est comparable, c’est cette incomparabilité qui doit être pensée, et pensée non selon telle ou telle division du monde, mais selon sa propre dimension de Bord. C’est bien en ceci que depuis les grecs et le christique (depuis que l’on remplacé tout monde humain clos par un processus de Bord, qui était souvent réservé à quelques uns dans les sociétés traditionnelles, hindouisme par ex) nous sommes jetés sur le Bord structurel même ; c’est à partir de là que l’on perçoit et non plus du sein d’un groupe, d’une communauté.

Et c’est cette puissance, cette toute puissance (aussi fragile et sans recours soit la structure de conscience, ayant tout à reconstruire du monde donné, son indétermination est la puissance pure et brute du réel même) cette puissance qui démantibule le moindre moi, le moi humain comme personnalisation faisant suite à l’humanisation instaurée depuis la révolution et l’Etat moderne. C’est en ce sens que l’on a précisé que si les grecs manient l’extensivité du monde (et de l’universel), si le christique entame l’intensité (du sujet et la distorsion que le produit finit par remonter en chaque un, cartésien, kantien, etc), il vient ensuite la nécessité de poursuivre dans la densité du corps (du moi de chacun) ou la densité du monde (objectif, donné là, matérialité de ce donné et matérialisation des intentionnalités dans le monde, réalisation et réussites humaines, et le vécu et le corps de chacun) ; extensivité et intensité restaient encore « abstraits » mais lorsque s’impose de vouloir, désirer, décider dans la densité du monde, on comprend bien l’intime difficulté ; c’est en ceci que dieu est remplacé par la naturalité,  la pensée devient la raison et le sujet s’instaure en tant que moi (humanisé et ensuite personnalisé).

La mass médiatisation (qui est d’abord le flux s’coulant d’en haut vers le brave peuple) puis la mass médiation (par quoi chacun devient centre actif de son propre flux intentionnel, ce que montre le sur développement des médias, au sens général du terme) avaient pour finalité, structurelle, d’incruster dans la perception et donc dans le corps même de chacun la capacité, la possibilité, l’inventivité de concrétiser l’intentionnalité ; non plus de seulement se comporter à l’exemple du christique ou de se penser selon le marxisme ou de se raisonner selon l’universalité (kantienne par ex), mais  la possibilité de se percevoir dans des images (au sens général également, récits ou toute représentation ou tout support) et de ces images, de ce déversement d’images de remonter dans le miroir lui-même, dans le regard. Et de se convaincre, de se perfectionner, de se détailler l’intentionnalité (là où depuis toujours elle revient vers elle-même, à savoir la perception telle quelle et l’horizon unique, le seul réel, auquel ont accès les seuls sujets).

La porte du présent fut ainsi ouverte, toute grande (elle ne peut pas ne pas s’étendre indéfiniment ou infiniment), et se signe comme Actualité, actualité structurelle ; la pensée (grecque) et le sujet (christique et suivants) ; actualité qui déclenche le suractivisme et augmente (extensivement) et accélère (intensivement) et permet de passer de la mise en forme culturelle (des mondes humains) à l’acculturation structurelle (universel et surindividualité), par quoi se manifestent ce que l’on a nommé le surdivin ; « cela qui vient en-plus du divin » ; la pensée est divine, le christique est divin, mais les deux ici même et ici et maintenant ; les mondes s’installent comme le monde unique universel et chacun obtient le corps qu’il est, et ceci sous la forme du corps qu’il a.

C'est ainsi que l'agissement (non plus réduit à une communuaté culturelle, mais accordé à l'individualité du sujet) est devenu le réel même, est devenu pour nous, pour chacun, le réel tel quel, agissant. 

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L'état du monde (Lasch Zemmour)

20 Septembre 2018, 12:19pm

Publié par pascal doyelle

 

Alors précisons : Zemmour s’inspire des idées de C Lasch (ou copie en répercutant la même logique sur l'histoire française, bien sur selon son propre biais) ( et ce qui suit ne prétend pas résumer la réflexion de Lasch, très étendue et sociologique ou anthropologique, mais comme une leçon tirée de leurs positions, entre autres) ; intello américain qui expose l’ensemble de la machine libérale « progressiste » dont la logique est de réduire l’humanité à l’atomisation individualiste ; de telle sorte que, au fin fond, aucune conscience n’ait plus d’autre horizon que la machinerie mercantile, consumériste, fantasmatique, au psychisme réduit et démantibulé ; plus aucune communauté, aucun groupe, aucune classe sociale, aucune solidarité, aucune transversalité (qui pouvait redistribuer influence ou richesse), plus rien que la verticalité de la concentration : de l’information, de l’argent, du pouvoir, et qui, de la sorte, possédait l’avenir lui-même de tout ce qui devient et ce simplement par le jeu de la division d’une part de tous les êtres et de toutes choses et d’autre part via l’accumulation (l’argent est la voie de cette accumulation qui draine la totalité des réalités et donc des possibles).
 

Il s’ensuit que l’immigration ou le féminisme ou la pornographie (littéralement ou au figuré, la prostitution dévoyée de l’égoïsme si l’on veut, qui veut par ex que chacun brise le mariage au nom de sa jouissance ou que chacun réclame quantité de droits, exigences qui rendent invivable ou impossible la moindre des solidarités, des communautés de vie, familiale ou communautaire ou de solidarité de classe exploitée) ou le libertarisme dans tous les sens du terme et plus généralement (après moi le déluge, aucune pensée collective ou universelle ou de fraternité ou de solidarité, égoïsme qui aboutit à l’égocentrisme le plus enfoncé dans les ténèbres, ce qui est la définition même de l’enfer ; l’enfer c’est l’égocentrisme sans fin et totalement vide, c’est le tourment le plus effroyable et c’est ce que réalise l’individualisme égoïste généralisé ; plus personne et plus rien ne témoigne de votre existence qui n’a plus aucune validité et s’enfonce dans les ténèbres ) ; ou donc, ce que cible Zemmour, la religion du droit (individuel) rompant et détruisant l’esprit et l’idée (de la nation, du peuple, des ouvriers, de la famille, des solidarités, etc) détruisant somme toute l’universel sous toutes ses formulations vivantes et partagées.

Une réflexion surprenante est le statut de l'amour qui, porté à l'extrapolation, finit par détruire le mariage ; le mariage dans cette optique s'offrait comme une régulation du sentiment (et assurait la pérennité de la relation, qui protégeait à la fois les hommes et les femmes et surtout les enfants) ; pérennité abandonnée au profit, littéralement (voir Houellebecq), de la jouissance comme seule "loi" et qui évidemment n'est pas une loi mais aboutit au n'importe quoi. En fin de compte les hommes sont livrés au fantasme, les femmes à l'abandon social, les enfants aux écrans.

 
Qu’il n’y ait plus d’identité donc ; on passe du personnalisme à l’individualité lourde et veule ; et entre autres on détruit l’idée de la nation, soit donc le rassemblement des volontés autour d’un projet commun d’égalité-liberté-fraternité pour la France révolutionnaire ; le patrie, française, est celle qui crée l’histoire et renvoie chacun à tous et non plus à un seul, le roi, ou une classe, privilégiée ; ou encore c’est ce par quoi s’anéantit la notion de Peuple américain, sujet des films de J. Ford par ex ; seront promues donc toutes les luttes (toutes quasiment justifiées) qui entendent démantibuler le mâle blanc intégré libéral ou aisé, et cependant étant donné soit l’impossibilité d’obtenir justice (l’échec des luttes) soit la pente naturelle qui refuse l’universel et le collectif, et qui abandonne l’idée même de peuple, nombre de ces luttes finissent par accélérer la dite décomposition en hyper-individualismes (seraient-ils révolutionnaires ou justifiés à l’origine) ou par se cristalliser en nouvelles identités, communautarismes (black, gay, lgbt, féministe, gauchiste, terroriste, musulman, ethniques, culturels) ou en micro groupes ou tribus ou clans ou survivalistes ou tout ce que l’on voudra, et ce surtout et y compris les groupes de puissance (finance ou banque ou classe sociale accumulatrice, qui se replient sur leur niveau de pouvoir, leur niveau d'éducation, leur niveau d'héritage ou encore leur niveau d'accaparement du futur, Google typiquement) et en bref par cette division et divisibilité de toute humanité, l‘ensemble de tout-ce-qui-est s’enfonce dans la négation et continue de prolonger l’enfer, la dissolution partout et au plus profond de la moindre parcelle de conscience.
 
Devant le spectacle d’une telle auto démolition de tout, et surtout du retournement des meilleures volontés du monde en leur inversion la plus démoralisante, Zemmour et beaucoup d’autres tendent à se réfugier dans le monde-d’avant ou l’autre-monde ou l’utopie communiste (Badiou n’y échappe pas) de même que les hippies essayaient de se « retrouver » ou alors on continue de prétendre que "tout va pour le mieux" et que la mondialisation et que le libéralisme sont de bien bonnes réalisations humaines, alors que n’importe quelle décision aboutit à la division accélérée et à la destruction et au fond terminent dans le glissement vers l’irréalité ; on croit plus aux séries TV qu’à nos propres existences, séries Tv qui souvent exposent précisément la fin de toute humanité, la catastrophe zombiesque ou Winter is coming ou l’effondrement dépressif, Lost ou The leftovers, puisqu’évidemment dans la démolition intégrale de tout, n’importe quel moi peut sombrer dans la dépression la plus noire. Pareillement les djihads ne sont rien d’autre que l’exaspération de l’individualisme, de l’égo le plus terrorisant, aboutissant au fascisme (les nazis étaient des espèces de personnages irréels et hiérarchiques, sous la forme minimale de la politique ; la mafia, soit donc la violence et la mort) ; ils se radicalisent, tous, par effet égocentrique et leur « royaume » est celui de l’enfer, de la séparation de tout et de tous, indéfiniment.
 
En ce sens Zemmour est l’un des effets, innombrables, de l’ensemble de toutes les divisions, de ceux qui tentent de renouer les fils défaits (tout comme les ethno-identitarismes, les identités sexuelles, etc), mais étant entrés dans la divisibilité indéfinie, tout prise de position est automatiquement un facteur accentué, redoublé de division. Le libéralisme, le capitalisme est lui-même non pas seulement la cause fondamentale de toute la division mais est tout autant un des effets ; l’impossibilité de chacun livré à lui-même de renouer quoi que ce soit.
 
Rappelons ceci ; les anglo-saxons organisent leur pensée, leur vision selon le principe de la liberté et oublient l'égalité (les anglais et les américains sont des conquérants, soit le libre cours de leur liberté sur le monde, empire anglais ou The wild West, la frontière toujours reculée et ensuite l'empire US) ; les français remédient à cet inconvénient en inventant (par quelque subtile et invraisemblable inspiration venue on ne sait de où et qui les saisit eux-mêmes) en régulant la liberté par l'égalité (et enfin seulement la fraternité devient possible et non plus la lutte de tous contre tous).
Deuxième rappel ; dans l'effondrement psychique généralisé, et ne se fiant plus qu'à la jouissance ou l'égoïsme qui dégénère en égocentrisme, en fantasmes, c'est évidemment l'intellect, l'intelligence, et la possibilité de stratégies amples et compréhensives et donc coordonnées, concertées (ce qu'abomine l'égoïsme, de là son ironie démoralisante envers tout idéal, la dérision jetée sur toute intention réelle) qui va nous conduire à la fin de toutes choses et de tous les êtres.
Troisième rappel ; que Lasch ou Zemmour comparent ce monde-çi au monde-d'avant signifie peut-être pour eux qu'un retour à l'ancien serait souhaitable, mais il est clair que l'on ne peut pas effacer la libération des minorités, des femmes, des homosexuels et autres, etc. Ce serait absurde. Cependant ils expriment très clairement une logique historique qui commande la totalité de la manifestation ; n'oublions pas que Lasch a écrit "La révolte des élites et la trahison de la démocratie"
 

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Distorsion instantanée

15 Septembre 2018, 08:14am

Publié par pascal doyelle

La structure en-avant de la conscience

Lorsque l’on prend conscience on se situe irrémédiablement au-devant de tout et on rame énormément pour retrouver quelques faibles parties du monde, du vécu ou du corps. Et rien ne se dessine jamais qui soit complet, sinon de conscience on n’en aurait pas. Le tomber-amoureux du moi, dieu, ou la pensée ou le sujet sont de cette dimension là ; celle qui existe en-avant. C’est cette différenciation du Bord du monde, du vécu et du corps qu’il faut explorer. Dieu, la pensée, le sujet ou le tomber-amoureux du moi (sa plus grande expérience possible, du sein de son bricolage) expriment, manifestent, et permettent de cartographier le mouvement, le mouvement brut, initial.

L’arc de conscience est une articulation, et doit et fut effectivement démonté, maintes fois, mais comme il s’agit de l’arc originel qui est supposé par toutes les autres qualifications (langages, techniques, sociétalité, mises en forme culturelles, personnalisations, corps, monde,perception, imagination, émotions etc, tout cela n’existe que dans le champ intentionnel d’un arc en retour) alors cet arc est évidemment le fait le plus pointu et le plus activiste qui se puisse (de tout ce que l’on connait).

Autrement dit l’arc de conscience est la tension qui nait de la cervelle vers le monde donné là et qui revient sur le corps et s’écrit de signes ; notons bien que ce ne sont pas les signes qui s’écrivent d’eux-mêmes sur le corps, c’est l’arc qui écrit les signes sur le corps ; les signes sont toujours à disposition de l’arc de conscience puisque les signes signifient, s’orientent vers le seul horizon réel qui soit, le seul et unique horizon ; l’horizon qui barre le monde (là où le soleil se lève, comme dit l’autre).

On pourrait tout aussi bien dire que c’est l’horizon qui nous écrit ; sauf qu’il ne peut rien si l’on ne le veut pas ; il faut décider pour l’horizon réel. Parce que ce qui se crée dans la réalité, dans le monde, ne peut advenir que librement et ayant absorbé ses peurs, dévoré l’horreur. Que l’on se soit rendu semblable à l’altérité, la brutalité, mais relevée, élevée. Que l’on ait pris sur la soi la Possibilité, puisque la Possibilité ne peut pas dépendre d’autre que de son libre vouloir, et pour cela le Présent est décisionnel ; il faut que techniquement, structurellement, la Possibilité, le possible même soit non pas causé mais intentionné, non pas d'un rapport extérieur mais d'un rapport interne à lui-même comme rapport, ce qui veut dire qu'il se place sur l'horizon "qu'un réel il y a ". Et le Un dépend des décisions prises, son visage se forme et se dessine des trajets que chaque trace délimite.  

Si le langage n’était pas à disposition de l’arc, cad de l’horizon réel, le langage serait un système fermé, clos, qui tournerait sur lui-même et n’accrocherait pas au donné, aux choses, aux événements, aux dialogues.

Bref il ne servirait qu’à clore le monde et l’expérience, et il fut effectivement utilisé durant des siècles afin que la communauté se retourne et dialogue avec elle-même et son monde, inventant sa mythologie et son organisation de monde, mais le monde (unique universel et donné là à toute perception et donc à toute pensée, individuée, et hors communauté immédiate) grec et le corps unique christique (chacun son propre corps séparé de la communauté) ou dieu ou une universalité, surgirent pour empêcher la clôture et cette invention est interne (poussé par de multiples causes extérieures évidemment mais il fallait néanmoins en créer la possibilité de rebond interne) ; la structure trouve la technologie, mentale (l’idée et le sujet), pour se renouveler et pense même cette possibilité en tant que renouvèlement ; la pensée ou le sujet qui re-nait constamment de ses inventions, produisant l’historicité.

Cette clôture n’est pas sa fonction ; la  fonction du langage est d’organiser certes, mais d’organiser afin de laisser ouverte la porte du monde, du donné, du vécu (d’intégrer dans un système, coordonné, des événements inattendus, y compris et surtout des événements quotidiens, pas forcément des catastrophes) ; grecs et christiques élargirent la porte ouverte sur le monde et plus encore sur le vécu et donc plus d’événements potentiellement repérables obtenaient la possibilité d’entrer dans le système de repérage : le monde donné là (le cosmos, la nature, le donné) et le corps, le vécu, le moi, la morale intentionnelle (et non plus seulement extérieure) christique.  

Au début on a cru que l’on saisirait le monde, la réalité, puisqu’ils étaient dans notre champ de vision (pour un animal il n’y a pas de monde, il est dans son milieu), on a cru que l’on était ce corps et cette identité, mais il fallut distinguer le regard et le regardé.

Et dès lors il fallut observer le regard lui-même et croire pareillement que l’on pouvait le définir ce regard, alors que tel quel le regard ne se dit pas, ne se montre pas, ne se définit pas ; l’horizon le plus adéquat au regard c’est dieu, l’être et la pensée en général (l’idée ou le un), le sujet et la liberté ; et en ce dernier cas l’intentionnalité du sujet, la capacité de tisser des rapports, rapports entre les signes et par les signes entre les gestes et les choses, autrui et  notre propre corps. Parce que dieu, la pensée, le sujet, l’intentionnalité ne sont pas seulement observés du dehors, mais nous perçoivent en retour et donc exigent. Ce qui élève est cruel, cruel en un sens incertain : ce qui veut dire que ça ne s’attache pas à telle partie du monde, du vécu ou du corps et que ce qui élève implique de percevoir du point le plus éloigné de la réalité, le point du réel.

Si tout est créé dans le mouvement, dans le présent qui déroule l’ensemble de toutes les réalités, alors le réel n’est pas une fixité mais est un rapport et se déploie comme rapports (une fixité parvient très péniblement à se différencier en mondes, réalités, êtres, mais un rapport est de fait en soi la différenciation, pour cette raison il y a « réalités »). Parmi tous les rapports il se crée des êtres qui sont à eux-mêmes le rapport qu’ils ont (l’avoir précède l’être, il n’y a pas d’être, sinon comme effets), qui sont en arcs de conscience ; leur avoir est leur être … ils ne sont pas les rapports déterminés mais se tiennent d’un rapport indéterminé ; à savoir non pas d’un rapport avec une transcendance (ce qui en soi paraitrait logique ; ce qui est au-delà est hors de la détermination du monde, mais réintroduit alors une sorte de détermination par cela qui est au-delà ; infinité, éternité, qui sont comme des extensions des limitations dans le monde) mais d’abord d’un rapport entre un donné (corps , monde, vécu) et une forme (le sujet cartésien, kantien, hégélien, husserlien, nietzschéen, l’anti sujet heideggérien, celui sartrien et puis lacanien).

Or si l’animal a « conscience » de vous, vous avez en plus conscience de vous-même, ce qui veut dire que vous vous situez sur, par rapport à un horizon ; ce par quoi vous vous saisissez est l’horizon du monde, ce qui veut dire le réel (ou encore dieu, la pensée et l’universel, ou tel rond-point qui fait figure de Bord, et même il existe un point de votre corps qui fait office de réel repéré, perçu).

D’aucuns tentèrent d’identifier forme et contenus ; l’économie marxiste, la nature humaine libérale, l’homme comme rationnel (entendant la raison comme un super contenu ou un contenant consistant, ou une logique) ou naturaliste (au travers de discours qui risquent de se prendre pour les réalités que par ailleurs ils peuvent décrire précisément mais qu’ils ne sont pas, on ignore si ils en font le tour ou épuise la réalité elle-même), ou identifier le sujet et son inconscient, l’humain et le langage ; ce qui en soi explique quantité de systématiques et de causalités, réelles, mais qui à la base n’explique rien ; pourquoi existe-t-il un tel être qui n’est pas un-être (une essence, quelle qu’elle soit) mais des tas d’essences diverses et ayant capacité de créer des contenus qui défilent et ne sont pas le regard dans lequel ils défilent ? Pourquoi et comment ?

Quelle est sa technique, sa technologie ?

Si cet être, qui n’est pas un être, est un rapport, alors il est capable de s’examiner lui-même, sauf à croire qu’il pourra s’identifier à telle ou telle supposition, dénomination, qualification ; rien ne le qualifiera, il sera en mesure cependant de signifier la forme, le dessin, par quelques détours et inventions, bien précautionneuses ; le sujet cartésien ou kantien ou le négatif dialectique hégélienne sont incomparablement subtils. Et non les caricatures qu’une pensée objectiviste ou subjectiviste devait déformer à cette seule fin de ramener telle inspiration fondamentalement métaphysique, métaphysique que Descartes avait déjà abattu, la pensée étant originée dans la structure de sujet) ; puisque le rapport qu’il existe, sans doute est-il engagé en divers contenus mais il se perçoit sous la forme, littéralement, sous et en tant que forme, le je que l’on sait individué extrêmement et pas en quoi consiste cette absolue forme individuée ; il (se) perçoit ; il est l’unité (forcément vide, sinon il serait ceci ou cela et non pas le rapport lui-même) et cette forme ne dépend pas de ces contenus ; on ne peut pas se passer, en aucun cas et en aucun sens, de cet invariant que le rapport existe pour lui-même puisqu’un rapport existe tel.

Descartes, Kant, Hegel, Husserl, mais aussi Nietzsche et Heidegger, et surtout Sartre et Lacan ne sacrifient absolument pas à un contenu ; c’est bien en ceci qu’ils sont difficiles à lire, décrypter, signifier, de telle sorte que le lecteur sache percevoir, voir dans son réel la forme de son être, de son être tel que dessiné (et non plus identifié à telle image, imagination, perception, partie du monde ou du corps). Nietzsche lorsqu’il affirme l’autre-volonté (la volonté comme Autre) signifie (qu’il le sache ou pas) que l’arc de conscience, la conscience n’est pas le conscient ; de même Sartre insistant sur la position du moi dans le champ de conscience (dite impersonnelle).

La question est dés lors de comprendre ce qui s’articule non pas dans le rapport mais en tant que rapport ; le rapport n’est ni d’un coté ni de l’autre mais le mouvement, la forme, le dessin, les traces et le trajet du mouvement.

Lorsque le rapport est le sujet lui-même

Et ce mouvement en lui-même doit être compris comme « conscience » ; ce qui veut dire : ce qui a rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (et non quelque autre réalité) ; et donc il n’est pas de « soi », d’identité, de contenu ou plus exactement le contenu est soumis à une unité qui est transcendante ; Pierre n’est pas « Pierre » mais est un sujet qui emprunte Pierre, c’est ce que le sujet fera de Pierre qui compte et en ce sens le sujet-de-Pierre est plus grand, bien plus grand que toute identité de Pierre ; chaque moi qui se prend pour un être là donné, acquis ou hérité ou idéal ou spirituellement identifié, est en fait, dans la construction même une réalité artificielle, une précipité, une synthèse, un syncrétisme (un corps, un passé, des relations, du langage, etc), un composé, dont l’unité est toujours en vérité dans la projection intentionnelle d’un futur, ou d’un passé tel qu’interpréter dans une activité qui se visualise à venir. La composition que l’on a bricolé de soi-même (et qui bascule totalement lors du tomber-amoureux du moi ou dans toute expérimentation métaphysique et universelle, ontologique et existentielle, ou si l’on veut mystique et divine), cette composition n’a de poids, paradoxalement, que dans le tracé de l’intention.  

Et bien que d’être formel et bien qu’existe le rapport et non un moi, il est d’autant plus individué ; il n’est pas un universel vague et abstrait ; il est individué sans raison, sans cause, sans détermination et c’est bien pour cela qu’il est individué ; sinon il serait relatif à telle ou telle détermination (elle-même composée) et ne serait pas un rapport à (soi) comme rapport. Et c’est parce que chacun est un arc de conscience absolument unique et formellement unique (si il était déterminé il serait composé ou composition mais non pas unique) qu’il est ensuite et dans le prolongement un moi, une identité, un contenu, un vécu, un relationnel, une perception ; tout est re-construit à partir d’un arc qui est sorti du monde, du corps et du vécu depuis le début ; on est déjà au-dehors sur la surface du réel et c’est de là que l’on perçoit (sinon on serait dans le monde et non pas en face, dans le corps et on ne possèderait pas un corps). C’est bien pour cela que l’on nait au-devant (et non dans le passé).

De même que le présent est ce qui existe et ensuite un monde, pareillement il existe un arc et à sa suite un moi (comme concrétion synthétique et même comme densité de la forme, tout comme l’extensivité grecque du monde et l’intensité christique du sujet se sont imposés dans l’historicité, il y a une densité acquise de l’humain, par la révolution universelle, et une densité personnalisée, qui fait suite et actualise l’humanisation universelle). Et de même que le présent est en-avant du monde, de même l’arc est en-avant des signes, comme de juste, et l’ensemble se crée comme à rebours (si l’on part du Possible brut).

Et ceci s’explique par cela ; par la nature même de la forme-sujet qu’est une « conscience » ; puisque cet arc sort de la cervelle, vers le donné, vers le monde, et lorsqu’il revient c’est vers le corps ; il couvre le corps de signes, cad de rapports ; le langage est pris lui-même dans le tissage vers le donné et de retour vers le corps, dans le cercle et même bien plus exactement dans l’arc de cercle ; l’arc est toujours ouvert au-devant, dans le monde, selon le corps, selon en vérité la perception et ne se referme jamais ; il croit qu’il se clôt sur une identité, mais il demeure exporté hors de lui-même puisqu’il est tel constitutionnellement ; le langage est pris-dans (ce qui ne veut pas dire que par ailleurs le langage ne forme pas des systèmes, sinon il ne perdurerait pas, l’inorganisé s’effondrant) et le langage ayant pour fonction de signifier, de se repérer dans le monde ; il ne doit pas perdre le monde de vue, son horizon est donc celui de la perception, et ce champ de perception n’est pas celui « du langage » mais celui d’un corps qui perçoit dans la position vers l’horizon et vers l’horizon réel ; il n’en existe qu’un et c’est celui qui est supposé par tous les autres (qui sont des découpes dans le seul réel, de même que la représentation du moi s’effectue sur le corps comme horizon) ; une conscience ça n’existe, autant que l’on sache, que dans un corps vivant (ou quelque système ouvert équivalent dont nous n’avons aucune expérience, ni extraterrestre, ni surnaturelle) ; on ne sait que ceci qu’une conscience est un arc ouvert sur un donné qui est « là », cad sur un horizon réel, absolument autre, non identique, qui comporte des mondes de différenciations, et n’est accroché que par et selon un corps.

La finalité est donc, avançant au fur et à mesure et découvrant le paysage se dévoilant tandis que l’on s’écarte des mondes culturels, des communautés entre-soi, formant monde-et-paroel à la fois, découvrant la surface du réel comme immense pli, mais pli vers l’avant, vers la Possibilité, on explore la structure du présent ou de l’activisme ; l’activisme est la possibilité du réel telle qu’elle produit la totalité des réalités et dans ces réalités des structures réactives, auxquelles il est demandé de créer le chemin lui-même.

 

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Signification lointaine de la réalité

8 Septembre 2018, 07:53am

Publié par pascal doyelle

On obtient donc un univers extrêmement brutal, violent parfois, destructeur.

Nous sommes donc parvenus à l’extrême limite de la réalité, sur le Bord du monde (du vécu, relationnel notamment, et du corps) et ce bien que l’idéologie humaniste, rationaliste, naturaliste, réaliste par principe tende à nous le dissimuler. Pour la raison qu’alors tout l’édifice de la représentation s’effondrerait. Elle nous le dissimule en nous abreuvant de représentations, d'images, de récits de plus en plus déglingués, qui recyclent mécaniquement les imaginations, les images de soi et du monde et des autres, vers encore plus d'identités abracadabrantes  

On remarquera l’existentielle vision du réel brut inaugure, l’angoisse et la dépression poursuivent, de même que les inconcevables constructions psychiques folles et les obsessions du moi qui tente vaille que vaille de s’en dépêtrer, de ce monde, de ce corps - de ce corps martyrisé, supplicié par le langage ou les signes ou les autres ou les désirs et imaginaires, dixit Sartre et Lacan, déjà tel le corps christique, ou les retours de flamme de l’ontologie pure et brute de Nietzsche et Heidegger entre autres, qui veulent réintroduire dans le monde lissé de l‘humanisme et de la raison, un engouement, plus ou moins a-humain ou surhumain.

Le problème est celui-ci ; on prend comme rationaliste, naturaliste, humaniste les configurations précédentes qui, elles, ne l’étaient pas ; dieu, la pensée, le sujet (auxquels se substituent la nature, la raison et le moi humain) ne lançaient pas du tout une platitude telle que l’idéologie réaliste du 18éme ; mais idéologie de platitude qui, il faut impérativement le remarquer, permet seule de rendre effective, historique, mondaine, humanisée l’architecture jusqu’alors élaborée comme dieu, pensée et sujet ... ça n'est pas contradictoire, c'est le prolongement. Or cependant lorsque tout l’ensemble précédent se ramène à la nature, à la raison et au moi humain, s’ effondre l’arc absolu de la forme dieu-pensée-sujet et on voudra découvrir, aimer, désirer, décider, vouloir rendre réel cet arc absolu qui jusqu’alors se comprenait relativement via dieu, la pensée et le sujet mais qui devient totalement insupportable lorsqu’on lui assigne le monde, donné, le vécu, les relations humaines, la société humaine, serait-elle révolutionnaire ou révolutionnée, réalisaiton impossible de l'arc qui se transfigurera en représentations recyclées.

Cela veut dire que face à la puissance de la structure de conscience toute réalisation, toute représentation, tout vécu et toute identité (toute personnalisation) parait outrageusement écœurante. Ce qui se réservait autrefois pour une grande stratégie (dieu, pensée, sujet) s’effondre dans le donné et cherchant néanmoins à se reconnaitre commence de tout dévorer intérieurement ; la haine et le dégout formulent de fait la substance même du monde pour la structure totalement égarée en un telle détermination de monde, de vécu et de corps, et qui plus est encore lorsque le monde et l’humain, le moi et sa vie réalisée se devaient idéalement sinon parfaits du moins suffisamment satisfaisants.

Ce qui paraissait comme un cauchemar climatisé devient au fil des décennies une horreur empuantie et diabolique, foncièrement perverse, redoutablement méchante et indécrottablement malsaine ; son essence en laquelle on désirait réaliser l’idéal (prétendu possiblement accessible depuis que le réalisme rationaliste, naturaliste proclame son principe ; que le donné explique le donné et que le désir trouve son objet adéquat) et son essence est horrible et nous impose soit un masque et  son angoisse (masque qui colle notre visage et nous rend indistincts à nous-mêmes) soit une caricature grotesque (caricature qui nous regarde, nous observe, nous dévisage, que l’on cherche à lire, puisque toute caricature est orientée, déformée selon un certain sens ; l'image, la représentation, FB ou les jeux vidéos nous observent). Il manque dans le monde et le vécu une distance innommée, non signifiée et sa monstration impliquerait le démontage des évidences et du vécu, puisque la distance imprimerait que non "ça n'est pas dans le monde", c'est sur le Bord.

Aucune interrogation sur la nature fondamentale de la réalité n’est concluante ; elle ne se trouvera nulle part dans le passé, ni dans la causalité ; le réel est un activisme et se tire de sa possibilité, cad du présent parce que le réel est tout entièrement « ce qui se réalise ». Or on ne peut supposer que cet activisme se fige. On peut découper la réalité en quelque dessin que ce soit, ce sera tel le visage que l’on devine ou croit deviner sur les ruines d’un mur. Il faut néanmoins le dire nettement ; il n’y a rien dans le monde, le passé ou la détermination de la réalité qui donnera le la de notre être. Parce que ce n’est pas un être mais qu'il se situe au-devant, dans la structure du présent, dans la structure comme présent (qui adresse on ne sait où mais dont il est le mouvement). Et il se tient tellement au devant que rien n’a de sens du tout, sinon de se projeter au devant (et on ajoutera que tout ce qui est se tient dans l’au-devant parce que tout est soutenu par le présent et que le présent avance, la question est ; qu’est-ce qui avance et comment).

Dit autrement ; on trouvera de plus en plus d’horribles causes, des causalités de plus en plus basses ou ridicules. Puisque l’on aura utilisé les plus acceptables ou les plus jolies, adorables, aimables, premièrement et ensuite toujours plus dégradées et dégradantes, à moins que ce ne soit l'inverse et que l'on ramène du temps jadis de vieilles identités fantasmées, une religion, un racisme, une bizarrerie quelconque. Que ce soit une psychologie magique de forces obscures ou naturaliste de forces pulsionnelles, ou que cela aboutisse à diverses sortes de fin du monde, fin de l’humanité, dans les plus atroces cruautés ou les plus vides et dans l’inertie de masse du mort-vivant.Toute la représentation est finalement organisée "en retour", comme en se ré-enroulant, elle s'est privée elle-même de tout avenir ; si le donné seul explique le donné, il n'y a pas d'à-venir possible, les morts mangent les vivants. 

Et de les susciter continuera de nous dissimuler la possibilité cachée dans le monde, dans le vécu, dans le corps ; parce que tout nous enfermera dans la réalité, or la vérité est hors de la réalité ; et non dans la détermination qui ne résulte que de la détermination précédente et qui ne pourra sustenter la détermination suivante que si est retrouvée la forme, hors détermination ; la détermination seule n’engendre que le malaise ou l’horreur si elle n’est pas reprise dans une formulation plus distincte et donc quelque part plus dure ; il faut suivre le christique, la pensée ou la révolution potentielle pour accoucher d’un être viable, d’un monde ordonné et singulier, d’une âme qui se tienne, sinon tout cela n’est qu’une apparence morbide, mortifère, déformée qui se croit belle ou désirable et qui est, dans la cruauté du fait, ignoble.

Et pareillement. Toutes les attitudes qui veulent juger du monde donné tel qu’il est humain, humanisé, qui perçoivent bien que humanisme-raison-droit-démocratie ne suffisent pas, se précipitent dans l’inversion ; or on ne peut pas nier ce qui est, on ne peut pas nier l’historicité et on ne peut pas contredire Platon ou le christ ou Kant ou le droit, sous peine de repasser dessous l’acquis  et parce que ceux-là ont suivis le fil du réel, techniquement, idéellement et intellectivement, et dans l’épreuve même du Bord du monde et du corps (de la perception grecque au corps du christ, de la troisième substance cartésienne au réel de Lacan). Il n’y a qu’un seul horizon et aucun ne s’est trompé, égaré, sinon tout simplement ces œuvres n’auraient pas eu lieu ; si elles se sont constituée et continuées c’est qu’elles suivaient l’horizon du réel (ce qui n’est pas tenu par le réel s’épuise en fantasmes qui s’effilochent, se disperse dans des tourbillons) ; Platon ou Husserl s’efforçaient de tenir non seulement l’objectivité mais l’hyper-objectivité, de structure, celle qui joue selon le passage conscience/réel (Platon transformant l’être en Idée ou qui sera ensuite la pensée de la pensée ou enfin le Un) ; soit donc le glissement de l’intentionnelle conscience dans l’être/le réel ou l’altérité/l’exister ; d’une surface dans/sur la surface originelle. La distance est l’activité même qui convertit.

Il y eut donc conversion généralisée ; depuis les grecs, le christique (et le monothéisme), et depuis la science et la raison, l’individualité (esthétique, éthique, idéelle, poétique) et depuis la révolution ; celle qui fut enfin inscrite comme liberté-égalité-fraternité. Conversion de la surface sur la surface ; ce qui consiste à réécrire le corps en fonction des signes que portera désormais le corps. Le corps individuel difficilement et subissant le martyr des signes structurels de conscience (le moi est un refuge pour le sujet).

Quittant chaque monde particulier et créant la nouvelle anthropologie qui ne se conduit plus selon la mise en forme culturelle (des mondes particuliers qui inventent, créent la culture humaine) mais selon l’acculturation qui porte avec elle-même ses deux surfaces réelles ; le monde et un corps. Extensivité dans le langage des grecs et intensité dans l’intentionnalité individuelle du christique. Ré-anthropologisation généralisée et inscription en et sur et par les corps dans le même monde (il n’y en a plus qu’un) et donc par-dessus tous les langages, qui seront de cela décuplés en pluralité de langages, de même que les explorations esthétiques ou éthiques ou politiques, le sujet cartésien est le premier (nommément) qui rend compte d’une série indéfinie de sujets, de même que les personnalisations et l’élaboration de chaque vécu ; dans toute exploration les signes sont énormisés et renvoyés à la richesse du monde, du vécu et du relationnel, du corps et de l’éprouvé ; abandonnant les mondes particuliers on a rendu possible que chacun déploie quantités d’expériences, de perceptions, de significations, y compris les plus nocives ; c’est bien pour cela que la pensée, le christique ou le sujet ou la révolution cherchent le nouveau bien qui est ainsi créé et désignent le nouveau mal relatif à telle progression sur les surfaces. On reste dans la brutalité interne au réel même.

Ce qui a poussé au-devant de soi toutes les esthétiques, éthiques, révolutions, pensées ou langages, perceptions et identités, personnalités, n’est rien de tout cela (aucune des parties déterminées du monde déterminé ne conditionne le monde, mais seulement le Bord du monde conditionne les réalités), n’est rien de tout cela mais est une structure formelle agissante ; structure, rapport et donc agissant ; qui est intégralement activisme ; jusqu’alors régulé par chacun des mondes particuliers ordonnés ayant inventé la mise en forme culturelle, le langage ou la communauté, mises en forme donc ordonnées (les mondes particuliers sont hyper contraignants et tiennent la communauté), en comparaison desquels le monde unique et le corps unique de chacun paraissent désordonnés et lâchés dans la réalité ; mais en fait ils ont intégrés la formulation acculturelle tout à fait exclusive ; un monde et un corps, pour et par chacun.

Et formelle veut dire qu’il n’y en a qu’une ; une forme, de conscience (ou de présent) est non composée, et donc parfaitement déjà ; sa perfection est ce qui se déroule (il se trouve que nous la saisissons dans sa brutalité). C’est en ceci qu’il n’existe, littéralement ou logiquement ou absolument parlant, qu’un seul présent, un seul Instant ; c’est ce que veut dire « formel », un seul rapport. Qui vaut pour tous (tous ceux qui s’en suivent). Qui étant activisme pur puisque rapport (et brut, de là cet univers violent) produit instantanément la pluralité de tout (non pas selon l’ordre de la causalité, qui est du monde, mais de l’engendrement, faute d’autre mot pour l’instant). Et qui un jour, en quelque finalité hyper-active, ne cessera pas d’agir, d’agir in-finiment ; la question de tout ce qui est, en ce sens, serait d’élaborer une structure, un rapport tellement infini qu’il se produirait infiniment ; suivant ceci que le réel est plus grand que lui-même et ne peut cesser d’être plus grand que lui-même ; il est le « ce qui se restructure ».

On ne doit pas croire qu’il faut gagner l’âme que l’on risque de perdre (ce qui probablement vrai), il faut savoir que l’on peut augmenter l’âme que l’on a (et que l’on a parce qu’on la sait, la perçoit, ne cesse jamais de la percevoir). Comme elle n’est pas dans le monde, mais sur le Bord, on la perçoit selon … quoi ? La troisième substance cartésienne ?

Evidemment on remplace « âme » comme on l’entend : dignité ou puissance, capacité ou identité, personnalité ou humanité. Le rapport lui-même est hors champ (il est cela qui conforme tous les champs, ceux qui sont et ceux qui ne sont pas encore ou qui peuvent être, un jour, ailleurs, autrement) et c’est lui qui doit augmenter ou se réduire pauvrement.

Mais tout indique que le réel n’est pas coincé entre un néant et une finalité close (dont on ne peut rendre compte, ni de l’un ni de l’autre et nous enferrent dans des impasses, des apories) mais, tout uniment existant, cherche à augmenter la plus grande capacité possible du Un. En somme le Un est indiscutable mais on ne sait pas où il va et lui non plus. Et cette capacité n’est pas écrite, n’est pas déjà allouée : jusqu’où le Un peut-il avancer ? Lui-même ne le sait pas – il lui faudrait être achevé et il ne l’est pas non seulement ici et maintenant mais en lui-même il ne le sait pas – et l’immense déflagration qu’il a engendré doit prendre sa suite, continuer d’agrandir sa capacité de réel ; le réel est en augmentation et intensification continuelle. Et ce qui devient c’est le cœur, le centre, l’origine elle-même ; c’est la source qui grandit.

 

Ontologie continuelle

De là qu’il intervienne dans son propre déroulement. Constamment l’interne (de la structure) cherche à se déployer sur l’externe (la surface de la structure). Peut-être existe-t-il dans la même et unique structure plusieurs dépliements étagés les uns sur les autres, la surface augmente, il y a une surface afin qu’elle grandisse. Qu’il y ait un présent, un tel mouvement de tout, signifie qu’il n’est pas lieu de douter. C’est entièrement tout ce qui est qui est en-mouvement, le présent est la forme-sujet de toute réalité, le mouvement est l’acte même d’exister, toujours instantanément là, précédant, toujours déjà en étirement et attirance. Autrement dit la forme-sujet n’est pas la formulation subjective, elle désigne le Rapport et un rapport est tout sauf inobjectif. Et puisque l’occidentalisation a observé, analysé, démonté et remonté l’articulation notre-être/dans l’être, c’est la logique-sujet qui fut extraite et analysée et appropriée.

La transcendance, formelle, du réel de la réalité, du réel comme forme des réalités, du Bord des déterminations qui n’est pas lui-même déterminé, la transcendance ne s’est pas écoulée en nous, en notre être (de déterminations) ; c’est dès que nous activons la conscience-de et au fur et à mesure que cet arc de conscience repère sa dimension que nous assumons la transcendance, préalable, ontologique, à n’importe quelle immanence ; n’oublions pas que l’on ignore jusqu’où s’avance la transcendance (elle est formellement et non composée) mais cette dimension s’assure de signifier son réel. Tout ce que l’occidentalisation a produit veut signifier cette dimension articulée, cette articulation dimensionnelle.

Et donc par cela, par l’occidentalisation, la transcendance – ce « en quoi » tout est : l’exister qui engendre et produit tout l’être –  cette transcendance on ne peut pas admettre qu’elle puisse se ramener à quelque partie du monde, du donné ou du vécu ; ce qui en ce dernier cas signifie qu’aucun contenu de conscience n’équivaut, en aucun sens, à la structure de conscience en laquelle les représentations défilent et sont inventées, créées, forgées et forgés les corps eux-mêmes, qui (se) perçoivent et donc modifient extensivement et intensivement et dans la densité  (grecs et christique puis notre historicité depuis la révolution) modifient leur surface. De même qu’aucune partie de monde ne peut se substituer à la forme de toute la réalité ; l’activisme du présent qui déroule l’intégralité des réalités.

La forme, ce qui veut dire, ce qu’il y a de plus fondamental, est si parfaitement adéquate à toute l’altérité, l’alter-réalité, qu’elle la précède toute. Et c’est bien parce que formelle qu’il en résulte ce que l’on nomme « réalités », la forme est la distinctivité et donc la différenciation, ce qui veut dire la détermination (mais aucune détermination ne « remonte » dans la forme et la forme précède toujours la différenciation).

  

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Cela – qui avance

1 Septembre 2018, 08:10am

Publié par pascal doyelle

Comme il n’aura échappé à personne, le réel est en mouvement. On peut se bercer d’une illusion fixiste, mais la structure de la réalité est en acte : et donc aboutira à quelque réel inconnu. Inconnu puisqu’il est en cours. Mais précisément il est un acte et notre être n’est pas un être mais tout pareillement un forme et donc c’est dans la structure de cet acte que l’on travaille, que l’on avance, explore et à partir de cet acte que l’on perçoit (ressent, désire, décide, imagine, pense, etc). Et étant une activité, elle peut tout aussi bien se tourner vers elle-même, on dira de fait que c’est plutôt requis ; il serait absurde qu’une activité ne se connaisse pas. Une chose n’existe pas isolément mais dans son milieu et est la mise en place de réponses à ce milieu. Conscience se dit de cet objet qui a rapport à soi et qui plus est qui est le rapport qu’il a. Il existe donc absolument comme avoir : autre que soi, le soi étant la forme, le rapport et l’avoir tous les contenus en nombre indéfini. Et cet être dont la structure est dite « de conscience » est alors encore plus franchement un acte formel ; c’est une chose qui se rapporte à elle-même et donc pas une chose du tout.

Et même lorsque l’on définit, apparemment, un objet, une chose, un gros objet, l’être, ou un énormissime objet, dieu, on fixe un mouvement ; au sens de fixer comme regarder et fixant dieu ou  l’être on bouge, on se meut ; dans tous les cas on ne peut pas ne pas se mouvoir (ce qui fut nommé dialectique par Hegel, la conscience positionne toujours bien plus que l’énoncé ; il n’y a d’énoncé que dans un horizon, mais alors quel est cet horizon?). C’est bien pour cela que dieu, l’être ou les choses se sont diversifiées ; pas parce que nous serions impuissants ou désordonnés, mais parce que le mouvement, lui, est absolument certain et formel, et qu’il joue de toutes ces représentations. Et malgré les diversifications il existe quelque réel comme dieu, comme l’être, comme la pensée, comme le sujet, comme l’exister. L’ensemble servant à mettre le doigt dessus.

Ce qui ne veut pas dire que le mouvement ne ressemble pas du tout à dieu, à l’être et la pensée, à la chose et aux réalités. Mais il est clair que l’occidentalisation (ce long processus qui élabore l’analyse de l’articulation au réel donné là) entend avancer dans la compréhension et présuppose le un antérieur, le un sous la forme d’un « rapport absolu », formel : la transcendance en laquelle existent toutes les immanences, de présupposer cet Un en le comprenant (et non seulement y croire ou l’imaginer, croyance et imagination qui ne dispensaient pas du tout de penser, loin de là, mais la « pensée » au sens d’occidentalisation est l’analyse et l’analyse du Fait – le fait du monde (l’être) ou le fait du corps (le christique, le sujet, le moi) – s’agissant d’entrer dans la description de l’arc-ticulation arcboutée au réel). On analyse donc notre être comme structure intentionnelle, qui s’arcboute dans la structure du réel, qui se donne pour nous comme présent et donc le présent est l’acte, tel qu’ici et maintenant il est pour nous accessible.

Autrement dit loin que qualifier le Un d’éternité, d’infini ou ce genre de dénominations, éclaircisse quoi que ce soit, il faut dire ; le Un est ici même le présent.

Et le présent est une articulation et notre être de conscience est articulé lui-même dans ce présent. Et depuis le début il s’analyse.

Du mouvement

Le Un  sera un mouvement, un acte, un possible, une puissance qui sera toute. Le Un est en cours, et il sera toujours en cours d’exploration de son réel ; et c’est bien parce qu’il est en acte qu’il est toutes ces réalités, ces mondes, ces univers peut-être, ces mondes humains diversifiés en tout cas (et probablement des quantités d’autres ailleurs). Si le un était cette sorte de fixité molle ou inerte, qui fut décrite mille fois, on ne voit pas pourquoi une réalité existerait. Pourquoi le Un, parfait et monolithique sortirait-il de lui-même ? Pour qu’il existe des mondes, il faut que le Un soit un devenir et pour qu’il soit un devenir qu’il soit intégralement et des pieds à la tête suivant la logique de l’altérité ; autre que lui-même, et cela ne peut tenir que d’un mouvement, d’un rapport ; le réel ne pouvait pas être autrement qu’un Rapport (et ainsi brutalement engendrer quantité de rapports) ; un Rapport, une distinction. Il vous demandera donc de vous distinguer. S’il était cette fixité qui se dorlote, à quoi servirait-il et quel sens possèderait-il ? SI le Un est absolu et formel mouvement qui se distingue et s’entraine le plus haut possible, il requiert tous ces mondes afin de distinctions, de distinctivité.

Pas seulement de vous distinguer selon l’esthétique, l’éthique, la politique, l’idéel et la pensée, l’intellectif, mais bien de vous distinguer selon la structure qui origine tous ces domaines, qui origine l’humanisation et la personnalisation, de vous distinguer en et par l’intentionnalité, l’intentionnalisation, qui existe antérieurement aux esthétiques ou aux pensées ou aux mondes humains ou aux vécus et aux corps. On ne sait pas exactement ce dont il est question… On le voit bien si l’on tente de se repérer à un immense contrechamp exploratoire du réel de structure (le christique par ex, la pensée grecque, le sujet de Descartes à Lacan et malgré que toute cette élaboration avance fabuleusement) ; c’est justement cette structure et sa possibilité qui est fondamentalement, essentiellement, absolument, cad formellement, en jeu ; parce que cette structure possible est la possibilité. Unique. Il n’y en a pas d’autre ; toute autre présuppose l’arc de conscience, l’acte de conscience, l’intentionnalisation et ses stratégies et dedans ses tactiques limitées. Vous avez un corps, un monde, une humanité, un langage, une pensée, etc, parce que vous avez intentionnellement conscience-de. Et que cette conscience-de est un décalage ontologique. Qui engage l’être, dieu, l’exister. Bref de toute manière le présent décisionnel.

Que vous ayez structurellement conscience-de du corps veut dire que vous posez le corps dans un horizon et c’est au bout de cet horizon, si l’on peut dire, que vous vous tenez ; votre position est « au bout », et donc sur le Bord. Sur le Bord de la réalité, sur le Réel.

C’est en ceci que le réel nous soumet à une épreuve, et comme de réel il n’en existe qu’un, il s’agira de l’épreuve même, de celle qui juge de tout, éternellement ou atemporellement de tout. Et comme il n’est pas d’extériorité à cette épreuve puisqu’il n’est pas d’extériorité au réel, alors cette épreuve est celle qui se juge elle-même. Elle consistera en ceci ou cela qui fut promis, qu’elle l’ait tenu ou non, mais par contre qu’elle l’ait véritablement voulu impérativement. Si elle cesse de ne pas véritablement se vouloir (au sens non pas du conscient mais de l’intentionnalisation) le monde la mangera, la dévorera. Elle tombera, tout d’elle-même, naturellement, en éléments dispersés. Structurellement son intentionnalité s’effilochera le long de ce qu’elle n’a pas tenu.

Si mouvement il y a

On comprendra par là, en prenant quelque distance, que l’on considère le réel comme une chose articulée et donc pas du tout comme une chose … de sorte qu’elle ne sera pas, cette non-chose, réductible à un discours de raison, pas plus qu’elle ne pourra se représenter ; c’est pour cela que l’on désigne la non-chose comme ceci : seul un acte de même nature peut signifier, signifier, montrer, désigner du doigt et percevoir, seul un acte idoine peut signifier l’acte que le réel est.

Et c’est précisément ce que voulut la philosophie ; représenter le significatif, le signe ; Descartes ne dit pas seulement ceci ou cela, il le montre, en acte ; on a exploré le signe, la monstration et noter les déplacements sur la carte, la carte du réel. Tous ceux qui croient que l’on a voulu nommer des réalités, du monde, bien malléables, sont à côté. De même que tous ceux qui jugent fixes et figés dieu, l’être ou le sujet ; ils n’ont pas compris. Comment peut-on ne pas admettre que personne de ces êtres attentifs et méticuleux ne s’est égaré ? Qu’ils expérimentèrent nécessairement le réel et rien d’autre (puisqu’il n’y a rien d’autre, et que le réel est plus grand que lui-même).

Si il ne peut ni être penser ni être représentée, il ne faut pas de là croire qu’on le saisira hors du monde et de la réalité ; puisqu’il est la pointe de toute réalité, il implique toute la réalité ; et c’est ce que l’on active tous les jours, constamment ; on est constamment sur la pointe dite du réel et c’est à partir d’elle que l’on avance, que l’on distingue toutes les réalités, les signes, les corps, et parce que l’on avance à partir du présent qui vient (autre perspective hégélienne). Et comme dit il dépend de nous, de chacun, de chaque acte, de chaque décision que l’on engage très singulièrement le présent ou l’acte ; ça viendra d’au-devant d’autant plus qu’on le voudra.

Mais qu’on le voudra évidemment d’une manière très-étrange. Ça n’est pas la volonté consciente et sûre d’elle-même, mais c’est la troisième substance cartésienne, celle qu’on ne sait pas ; c’est non la « volonté » mais l’intentionnalité et on ignore où se plonge et se prolonge l’intentionnalisation. C’est bien ainsi que le tomber-amoureux du moi (sa grande expérience ontologique) le tient en haleine par le devant ; il se perçoit ou est perçu ou perçoit tout soudainement à partir de l’autre ; emais qu’est-ce qu’il connait de l’autre qu’il suppose ? Rien du tout ou quelques signes, et réverbérant l’exubérance affolante de « qui voit ? qui regarde ? ». Expérience impossible et pourtant c’est cela même qui est vécu et éprouvé. Et qui échappe totalement au moi (et à qui que ce soit) ; on ne peut pas percevoir du point de l’autre. Et donc se précipite (au sens chimique) dans l’interstice que l’attirance nous crée, se précipite que se crée justement notre être et le monde et la perception, en bref tout. Mais alors de où ??  Puisque cette pointe de l’autre qui attire est justement l’intentionnalité et que l’intentionnalité est la structure même qui rend tout le reste possible. Le miroir sans image.

Et voila que l’intellectif (idéel de connaissance ou pensée de la philosophie), l’esthétique ou l’éthique ou la politique, etc, ne servent que si se crée dans l’arc de chaque conscience une activité, une hyper, super, extra activité et même une méta activité ; une activité qui outrepasse le donné, le connu, le langage commun, les habitudes, le passé et l’identité même de chacun ; une activité en plus, parce qu’elle vient du devant, du présent, qu’elle vient vers vous.

On a signifié par dieu ou l’universel ou l’œuvre ou l’engagement, éthique ou politique, un tel décentrement ; à savoir que l’on abandonne le centre qu’est l’identité pour se convertir (on se convertit aussi au sein d’une communauté bien que cela revienne à « une » communauté… ou se convertit pour une famille ou un groupe, bien que cela revienne « aux miens » ; toutes choses nécessaires mais qui ne fonde pas d’ensemble, de forme). Parce que ce qui va nous juger c’est précisément l’abandon ou non de l’horizon impossible au profit (à tous les sens imaginables) de telle ou telle partie du monde. Toute focalisation sur une partie, ayant perdu l’horizon, disparaitra dans le monde.

La question par exemple de la lutte des églises contre la science visait à maintenir l’horizon plutôt que de tomber dans telle ou telle partie du monde ; jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il était possible de maintenir l’horizon dans la vue, en une vision, tout en élaborant les parties diverses du monde ; tenir les deux bouts. Or on n’a absolument pas su réguler et l’un et l’autre ; non seulement dans la vision globale, la représentation d’elle-même de l’espèce, mais également en chaque vie individuelle ; on privilégie toujours la partie plutôt que l’horizon, et l’objet (de désir) plutôt que l’unité individuelle de structure, cad le sujet (et comme le présageait Descartes, la liberté est le plus grand bien, de ce que sans elle rien ne vaut ; c’est la pensée de ce qui dans la liberté excelle et porte (la stratégie plus loin) qui fut construite au fil des siècles ; jusqu’à Sartre, de même que le corps jusqu’à Lacan, comme autre-surface, celle des signes. L’action localisée préférée à l’organisation de l’action. L’économie comme idéologie est seulement le laisser-faire sans pensée du tout, l’inorganisé. Le libéralisme, capitalisme est désordonné, n’est pas un système mais une facilité. Le moi est laissé et délaissé, sinon d’être dépecé par les sciences extérieures. 

L’horizon n’est pas une plus grand universalité, mais se tient comme l’horizon verticalement dressé et réclame votre investissement en et par votre existence ; ce qu’originellement organisait le christique (à sa manière préalable). L’horizon n’est autre que celui du monde, effectivement réel, et du corps tel que renouvelé, et aucune des parties, toutes fantasmées, le seraient-elles par science et connaissance (ce ne sont que des discours-sur).

Que l’on ne puisse pas supporter la structure et que l’on sombre dans l’objet ou la partie de monde, veut dire qu’il n’existe pas de stratégie d’ensemble, ni individuelle ni collective ; la seule pensée collective qui fut proposée, le marxisme, consistait surtout à penser en parties morcelées et recollées (dans un universel, un générique) ; il n’y eut littéralement pas de pensée de la structure en forme de conscience, une par une (de là que tout s’écoule dans un libéralisme du laisser faire et donc de l’illusoire, de l’irréel, du fantasme, de la vie fantasmée, et perçue en définitive par un autre, par l’extérieur, et nullement selon la verticalité d’exister) parce que pour ce faire il eut fallu opérer comme Kant et théoriser la structure elle-même ; et pour théoriser la structure (en tant que structure et non pas comme telle ou telle identité ou idéel ou signe) il faut parvenir à la placer sur un horizon … et cet horizon puisque désormais on est parvenu à l’extrémité du monde (tout le donné est exposé), cet horizon sera la forme même de la réalité, du donné ; à savoir le présent (toutes les autres versions sont des représentés non du réel, et le réel est uniquement tel que « là »). Ou l’exister : le présent est ce qui de l’exister se montre à nous, notre expérience de l’exister se borne au présent. Situant la borne du donné, le présent, alors on peut supposer, ou poser tout simplement qu’il y a « dessus » une structure de conscience. Une boucle sur la surface du réel et cette boucle de conscience est elle-même une surface deuxième, appliquée sur un corps. C’est parce qu’elle est d’un-corps qu’il existe une-conscience (un rapport est intégralement, comme rapport, assigné au Un, comme logique et exister).

On n’a pas pu créer l’élaboration à partir du sujet qui se tienne comme organisant la structure ; le christique est pleinement et originellement la seule capacité de penser et de rendre stratégiquement notre architecture. Sauf que le christique se produit à l’exemple de, à l’exemple d’un seul, le seul qui se tienne hors de la mort, ce qui veut dire le seul qui tienne le point-autre, hors de la naissance-mort ; et donc hors de toutes les intentionnalités et qui tienne structurellement la structure, mais à partir de cet horizon même qu’est le regard christique ; une intentionnalité spécifique donc crée l’horizon des autres je.

Etant entendu que c’est bien ce que voulut Nietzsche par ex et en vérité tout le monde ; entrer en concurrence de stratégie d’avec le christique. Tenir la perspective de la grande psychologie (qui n’en est plus une du coup) et nous offrir la capacité de mobiliser l’intentionnalité sans plus tomber dans les pièges (la chair, le mal, l’erreur, le secondaire, le pervers, la facilité, la bêtise, l’illusion ou l’aveuglement, le ressentiment, chacun  y va de son repoussoir, de sa chute dans le monde et la vie ; Rimbaud expose toutes les possibilités sur l’impossible ligne d’horizon). En somme ne plus céder aux images dans le miroir mais dessiner les limites, le cadre du miroir lui-même.

Or de ceci il faut admettre cela ; que ce trajet structurel nous ne sommes absolument pas sans recours, ni mémoire ou expérimentations ; il y eut mille et une tentatives et donc possibilités ; que l’on soit bouddhiste ou chrétien ou kantien ou rimbaldien ou lacanien ; mais que l’on sache qu’au travers de ces élaborations il n’en est qu’une seule (sinon on affronterait le ridicule de prétendre l’une plutôt que l’autre, ce qui est indécidable). Et cette position est du même ordre d’idée que si l’on remarque que l‘occidentalisation n’impose pas telle ou telle attitude, tel trajet ou tel autre, mais analyse l’articulation antérieure qui rend possible tel et tel ; quel qu’il soit. L’occidentalisation c’est de la « technologie », de la description de plus en plus précise de « cela » qui se tient antérieurement, avant même n’importe quel choix et qui avance dans l’articulation telle non pas qu’elle se sublime mais telle qu’elle s’existe dans la densité de la réalité, dans la densité du corps immédiat, et technologie qui va chercher la transcendance dans toute cette immanence ; sous-entendu que toute l’immanence est logée dans la transcendance et la transcendance doit donc se révéler comme structurant antérieurement toute réalité et cette transcendance est technologiquement,  avec cette discipline qu’est la philosophie, analysable d’une part et comme cette transcendance est investie, déjà, explorée, agie, décidée, depuis la méditerranée (de l’esthétique à l’idéel, de l’humanisation à la personnalisation, de l’être au sujet) elle se  déploie dans chaque structure individuée, jusqu’au moi qui affronte ses horreurs et ses désirs, qui explore et déploie son corps, inaugure quantité de surfaces nouvelles de son corps et évidemment de ses enfermements et dérisions ; il s’agirait effectivement d’obtenir un corps qui supporte l’extra, l’externe modification et se rende capable de la structure de conscience, du sujet d’exister ; qui sache en un mot mobiliser dans le monde et le vécu la notion de forme, d’horizon, de distinction.

De même que le christique a pu instruire en chacun qu’il soit chaqu’un, distingué par le regard du point-autre qui sépare tout autant chacun un par un  que les intentionnalités en chaque sujet, de même il est question de bien saisir comme la transcendance, si il est vrai qu’elle s’existe au plus infra de toute réalité, antérieurement à toute matérialité, de toute détermination, de même que la structure de conscience existe antérieurement à tout universel, à toute représentation, tout langage, tout corps, alors le réel c’est fondamentalement ce que chaque seconde instruit, informe, crée.

L’acte qu’est le présent, étant un acte, une activité, un rapport, fabrique donc quantité de rapports (un acte ou un rapport ne peut pas produire des choses ; les choses, matérielles, sont elles-mêmes prises dans le présent et en elles-mêmes effectivement non substantielles, la « substantialité » est une vue de l’esprit, une fixité intentionnelle) et spécifiquement fabrique ces rapports à soi (dans lequel rapport le soi est le rapport lui-même et qui se nomme ou que nous nommons « conscience »), fabrique des rapports qui sont des actes, ayant à modifier l’acte, ce qui veut dire l’activité qu’est le réel. La transformation, l’instruction, la modification est ainsi la transcendance même, dont on sait au moins ceci qu’elle ne peut pas se perdre de vue pour succomber à quelque partie que ce soit.

Autrement dit il s’agit de percevoir du point le plus haut et de redescendre le regard jusqu’au bas du réel, à partir de ce point : une stratégie. Lorsque les grecs passent de l’être à l’idée, de l’idée à la pensée (Aristote), de la pensée au Un plotinien, ça n’est pas au hasard. Lorsque l’on passe de Descartes jusque Lacan, ça n’est pas non plus hasardeusement. Le point à partir duquel on perçoit s’approche.

Il est clair que l’on n’obtient le point le plus éloigné que d’en être saisi et on ne peut pas le saisir, c’est lui qui nous voit (et comme toute conscience de soi est prise dans un point autre, toute conscience en est déjà saisie, et c’est précisément ce point là, qui nous perçoit, par lequel on se débat et qui permet de commencer de comprendre la grande psychologie effectivement agissante en chacun, par le regard qui est à l’origine de votre identité, ce en quoi est prise votre identité). C’est ce que l’on nomme, ramené à notre expérience, le Bord ou le présent. La différence entre le un agissant et n’importe quelle sorte d’unité (que l’on présuppose éternelle ou parfaite) c’est que d’abord le un agissant part de la plus extrême altérité, tel cet univers brutal, et  ensuite qu’il ne s’atteint jamais, que sur la forme de la transformation continuelle, continuée, et qui dépend des décisions, des orientations, et au plus loin des intentionnalisations qui plongent extrêmement en profondeur d’un corps étiré parce qu’attiré et qui de cela forme surface à la surface du réel.   

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