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instants philosophie

Les degrés de l’humanisation

27 Avril 2019, 08:36am

Publié par pascal doyelle

Rappelons qu’il ne s’agit nullement de croire ou non (en dieu, en l’être) mais de décrire ce qui nous est arrivé depuis que nous sommes sortis des mondes communautaires, cycliques, particuliers, de par l’intrusion absolue de ces formes indéterminées ; dieu et la nation, l’être et l’universel, le sujet et la révolution, et ensuite l’altérité (et le corps). Et conséquemment au travers de tous ceux-là l’introduction de l’historicité fondamentale du réel. Ce qui n’est pas du monde crée le temps pour étendre sa possibilité (ce que dieu intime comme « achevez le monde avec moi », ou ce que les grecs pensent comme « complétez les réalités en les universalisant »  ou ce que la révolution de sujets instancie comme « agissez selon votre intention libre et votre conviction décidée »).

Quoi que l’on pense de dieu ou du christique et du sujet (et de la liberté), ils formulèrent de but en blanc cela même qui nous structure. Et évidemment ça ne fut pas pour rien ; s’imaginer le contraire est purement une absurdité. Et donc il faut prendre au sérieux et au pied de la lettre les grandes configurations de conscience pure et brute, de structure (sans lesquelles nous ne serions pas qui nous sommes). Reste de fait que l’on peut absolument croire ou ne pas croire en dieu, l’être, l’universel, le sujet ou l’altérité ; il faut seulement éclaircir le décalage que nous sommes et éclairer, c’est tout. C’est tout le programme de l’occidentalisation de la pensée ; avancer dans l’articulation, par laquelle nous ne sommes pas du monde, mais alors de où et comment ?

Qu’est-ce que l’on veut vraiment ? Le nœud du réel, pour l’être humain, est de manier son attention. Sa capacité à cibler, viser, orienter ou désorienter le faisceau de conscience. De sorte qu’apparaissent ici et là les possibilités, les champs de perception, les intentions, les décisions.

À quoi faut-il porter attention ? Reprise de la question : qu’est-ce que dieu veut de nous ? Et qu’a-t-on fait de sa propre vie ? Est-ce que l’on a été ou sera soi-même ? Qu’est-ce qu’être soi-même ? Il semble souvent aisé d’admettre, spontanément, que l’on est déjà qui l’on est, et qu’il faudra s’efforcer de se réaliser, de se rendre réel. Mais l’impératif de toute conscience « de » soi est précisément d’introduire une interface entre le « qui l’on est » et « ce que l’on veut ». Il n’est pas du tout évident que l’on soit déjà « qui » l’on est par destination. On cherche même parfois sciemment à ne plus être qui l’on est (tomber amoureux est l’expérience formelle fondamentale de toute personnalisation, de tout moi, et la conversion, à dieu, au christique, à l’universel, à la révolution, à la poésie, etc manifeste le même élan de structure totalement inattendu, l’inattendu est ce que l’on espère).

Il est clair que cela inquiète fondamentalement n’importe qui, au point que l’on fait toujours semblant que l’on sait ce que l’on veut, désire, aime. Cela parait naturel. Sauf que si notre être n’est pas un être il ne peut pas, jamais, considérer l’évidence de son désir, de ses objets, de ses finalités. Ça ne sera jamais que construit. Et peut-être ne sera pas construit par nos soins.

La psychanalyse ou les sciences humaines nous ont habitué à l’idée que lorsque ça n’est pas spécifiquement voulu par nous seul (mais en ce cas il n’est plus de « nous-même ») c’est en somme voulu par un autre, par autrui, par l’Autre, tel qu’il s’est implanté selon les regards ou selon telle idéologie (au sens d’organisation mentale relationnelle non forcément péjorative) ou selon le langage, ou du moins, plus exactement, en se traduisant pour nous, pour chacun comme si l’Autre (tout extérieur et tout étranger) se transmettait à notre être en le structurant comme si il s’agissait d’un langage. Ce qui revient à dire ; comme si nous naissions d’une intention. Structuré comme un langage est l’inconscient, équivaut à « cela est voulu » et se transmet par des signes qui nous contraignent.

Reprenant soit dit en passant, l’hypothèse sartrienne que les autres nous pensent, mais au sens large ; ils nous visualisent, ils manient nos gestes, ils appellent nos choix, ils censurent ou encourent nos désirs, ils nous modèlent ou « ça nous modèle », les autres, la vie, la mort. Nul doute que cela remonte à Heidegger (ou Pascal) ; il s’agissait pour lui de montrer comme l’homme est conditionné par les affects imposés par l’Etre ; un être humain c’est pris dans le lieu de l’être, angoisse et être pour la mort, langage et peuple ; notre « condition » humaine est l’ensemble de nos conditions et celles-ci nous produisent et il ne sert à rien d’y échapper ; il faut les accepter et approuver le destin de l’Etre (au final la langue et le peuple, comme révélation de l’Etre, qui est au moins ahumain et au plus inhumain, suivant en cela Nietzsche selon la volonté surhumaine, ou le surmontement de la force à laquelle nous nous confions, plus ou moins en adéquation, et qui « sait » sans que nous la sachions).

Nietzsche et Heidegger, quant à choisir entre le monde surhumain, ahumain ou inhumain et l’homme, choisissent le monde (Camus dans L’homme révolté). Sous les images de la Volonté ou de l’Etre.

Mais choisir l’homme c’est aussi s’enfermer dans une identité ; celle de l’homme naturel, de l’animal raison, du moi-désirs, du corps-langage. Comme si tout était donné immédiatement dans le monde et puis vaguement nous serait accordé médiatement pour ce qui est de l’humanité (au prix de quelques sacrifices au principe de réalité ou d’effort et de réussite personnelle).  

Mais rien n’est simple. On le savait si bien autrefois que dans la religion, il nous est dit et expliqué que l’on ne trouvera pas dans le monde, le vécu ou le corps, la satisfaction. C’est seulement à partir du 18éme que l’on admet l’humain comme un donné naturel qui naturellement trouvera dans le monde et son vécu réussissant, sa résolution ; si vous êtes un être de désir vous trouverez votre réalité.

Encore faut-il préciser que la métaphysique (cad l’ancienne formulation du décalage qu’est notre structure par rapport au monde, au vécu et au corps, ancienne formulation qui sous « idées et systèmes » tentait d’adapter notre intentionnalité aux réalités vécues, perçues, via ces systèmes d’intentionnalités que sont les pensées philosophiques) est battue en brèche par le christique ; « ça n’est pas ici que vous existez » (et de comprendre cela, alors l’inattendu a déjà commencé). Et c’est cette incertitude qui très exactement ouvre seule la Possibilité qui est nôtre ; par là on obtient une mise en perspective que les autres interprétations réduisent à telle ou telle définition et selon lesquelles sous couvert d’objectivité ou de « vérité » ou de systématique ou d’idéologie on succombe sous un regard non exprimé, qui ne parait, n’apparait pas dans son propre discours, sa propre mise en forme et qui n’expose pas l’intentionnalité même.

Le christique tient de ceci (c’est pour cela qu’il est la pierre de toute une civilisation) qu’il signifie le regard, tel quel, et le maintient (la foi) mais qui disparait ensuite et vous laisse en face de ce regard non visible appelant de fait le votre, et qui conserve, par cette disparition, cela même qu’il avançait, qu’il énonçait, qu’il lançait dans le monde ; à savoir : qu’il faut n’y être pas, pour en exister.

Ainsi ce qu’il nomme « amour » c’est la sur-réciprocité. On reçoit de l’autre l’intention aimable d’être reçu soi-même. Soit donc le plus grand plan, la plus grande stratégie possible ; non seulement votre acte de conscience est et sera encore plus vaste, mais il rendra possible que l’ensemble de tout ce qui est, et non seulement les autres actes de conscience, les autres je, sera aperçu dans toute son ampleur (ce qui se nomme l’éveil de la création, la re-création du monde, l’enfantement de la réelle réalité). La sur-réciprocité qu’il veut transformer en active-réciprocité effectivement réelle ; si vous n’accordez pas confiance (en l’autre, au monde, et à vous-même) vous perdez. Si on ne peut vaincre le maitre par les armes, on le vaincra par l’esprit.

Il s’agit d’élever l’arc de conscience si haut qu’il atteigne enfin et décisivement sa propre mesure (qu’il soit sa propre mesure, ce qui veut dire tout le possible étant sa Possibilité même, puisqu’étant le rapport et qu’il n’existe qu’un seul rapport qui ne soit que le mouvement, et si il est sa propre loi c’est d’être précisément sa Loi, et non pas n’importe quoi). En ceci que votre intérêt réel dans le monde, le vécu et le corps, n’est nullement l’ensemble de ces médiocres petits intéressements mais que votre intérêt n’est pas dedans le monde mais en plus du monde ; aimez-vous les uns les autres, veut dire « élevez-vous les uns les autres ».

Ce qui une fois posé, implique que nous recherchions cet intérêt suréminent. Et que sans celui-ci les intéressements, même nécessaires (de survie et de vie tout court), ne valent pas. C’est uniquement si ils permettent de passer au-dessus qu’ils trouvent leur réalité propre. Parce que la forme des réalités est plus grande que ces réalités, et perdre de vue cette ampleur (sous quelque bon prétexte que ce soit, on se donne peu souvent de mauvaises raisons, mais la volonté de dégradation existe réellement, elle est même constitutive du monde sous la formulation de la ligne de mort, ultime horizon d’abolition qui gouverne la réalité limitée, qui s’enferre dans ces limitations) et c’est perdre tout.

Perdre tout : parce que l’intransigeance du christique est fondamentale ; sans moi, rien. Sans procession, la récession. On s’enfonce inexorablement dans la petitesse, indéfiniment, éloigné. Sans une grande vision de la stratégie (du monde et de l’historicité ou de la politique, du donné et de la perception, du corps et du sujet) ils ne viennent à paraitre que de minuscules tactiques qui s’enferment dans la ligne de mort du monde, lorsque les intéressements aidant, l’enjeu s’impose comme l’humiliation, l’exploitation ou le meurtre de l’autre (et de soi). Et de soi. Se pardonner beaucoup n’est pas une garantie. Il faut se pardonner sous conditions, si l’on obtient de soi-même la Possibilité d’un encore plus grand (que l’on nomme ce plus-grand comme l’on veut). 

Ce qui est supposé c’est évidemment qu’historiquement ce qui s’est présenté comme absolument la forme incomparable et fondamentalement positionné c’est désignée comme christique. Et au point que passant en revu tout ce qui suivit, la formule christique est non épuisable et ne parvient à se dérouler que peu à peu sans jamais qu’on atteigne à son ampleur. Ce qui est tout à fait stupéfiant. Non seulement en ceci qu’elle suppose un regard tout à fait autre (que le monde et le donné, dieu le père, en tant qu’intention qui demande que soit parachevé la création, que soit poursuivi le monde à condition de l’élever au plus haut, cad à la plus grande possibilité) et que de plus il faut inscrit le regard, l’intention comme relevant d’un corps, « ceci est mon corps », humain mais aussi naturel et vivant et encore d’un corps individuel, qu’il puisse supporter et porter l’intention elle-même. Et ce sans admettre rien d’autre que l’évanouissement de celui qui s’en va et nous laisse le regard même : ici et maintenant cela commence.

Parce que l’on ne pourra plus se dégager de ce regard, de cette intentionnalité, livrée nue et sans rien et donc sans divisions qui appartiennent au monde, au vécu et au corps, excepté le hiatus qui n’appartient à rien et à partir duquel on perçoit tout le reste et si un tel point existe, alors c’est lui qui existe (et le reste est second, mais à condition de tenir ce point-autre, ce qui est tout l’objet de cette stratégie lancée et mise en place) ; on est de fait de l’autre côté. Sur la face du présent (qui n’en comporte qu’une seule, l’autre est absolument mystérieuse : le réel est d’un seul côté, ce qui est effarant). Ce qui revient à dire qu’effectivement cela commence par le présent, qui acte tout ce qui fut, est, sera. En une fois. On n’est plus dans le temps (ni l’espace) parce que le temps est lui-même dans autre chose. Et c’est cette autre chose qui se fait voir, qui supplante le visible, étant ce à partir de quoi, à condition de s’y tenir, le visible est perçu.

Les conditions de l’invisible sont très exactement ce qui est exploré. Ce que l’on a moqué mille fois comme étant l’esprit ou l’âme ou tout de ce genre, étaient seulement des expressions, des manifestations de la structure du réel (qui entoure, prélude, instancie les réalités) et il ne peut exister, dans ce monde, que des signes, puisque c’est « de là » que l’on perçoit. Parce qu’il est bien évident qu’il n’existe pas un autre-monde derrière ou en plus du monde donné là : à quoi servirait-il de dédoubler le Même monde ? C’est autre chose, qui existe autrement, qui ne double rien du tout, mais contient, instruit, formule et informe le monde, le donné, la détermination. Et c’est cette forme, cette surface (sur laquelle viennent prendre place les arcs de conscience et sur laquelle se produisent les réalités, les mondes) qui est décrite ; ou donc si l’on préfère, qu’est-ce que le christique, Platon, Descartes ou Nietzsche ont vu ? Se sont-ils trompés, illusionnés, batifolés, égarés ? De quoi parlent-ils ? Non pas où est-ce que cela va mais de où cela vient-il ?

On suppose donc le réel, et cela tombe bien : il existe. Le plus grand réel possible est assumé soudainement par le christique qui suppose ici même, sur ce monde, le surdivin, le dieu en plus, celui qui supporte d’avoir un corps et soulève la création, la réalité. Et son apparition renouvelle le regard et impose à chaque corps qu’il soit relevé, et ce faisant toute la création, toute la réalité est élevée ; soit au sens strict pour le croyant, le converti, la foi, soit au sens très exact (qui n’eut jamais lieu auparavant) que chacun est le centre de son regard, sous entendu « par le regard du christ, vous existez » équivaut au « je pense donc je suis » qui n’est rien moins que l’expérimentation d’existence et d’exister absolue « c’est ici que cela agit, est agissant ». L’articulation est-ici. Il en a tellement conscience, René, qu’il précise bien comme dieu est ou peut être tout à fait Autre que nous l’imaginons ; la volonté ici est seulement une approche de l’étrange Rapport dans le ciel, si l’on peut dire.

Point besoin d’atteindre la pensée grecque qui vous conférerait quelque éternité, ni d’être un héros : le plus petit d’entre tous est-déjà in-fini. L’existence est élevée par le regard lui-même, en tant que même si il n’agit pas directement (en commandant aux esclaves de se soulever contre l’empire romain par ex) le regard sait néanmoins qu’il convaincra, et vaincra bien plus profondément que si tous les romains étaient passés au fil de l’épée de l’esclave, et que c’est ainsi que la vérité devient le réel. Même si cela prend 18 siècles, et la liberté-égalité-fraternité.

Mais cet arc d’ampleur, cette stratégie superlative ne s’adresse pas aux partisans ; elle cible, de fait, cela même par quoi elle existe, à savoir la structure telle qu’instanciée sur le présent, sur la surface en tant qu’elle est « le réel », et ce à quoi ont affaire tous les arcs de conscience ; elle doit donc s’installer pied à pied. Arc réel que personne ne possède, et dont aucune représentation ne simule le mouvement. Il faut que cet arc soit retiré hors du champ, sinon il apparait dans le monde et s’emplit d’intéressements, non pas mauvais en eux-mêmes, mais limités et enchainant l’arc de conscience. On aboutit ainsi à une non-intention. Ce qui veut dire que tout est Intention.

Ou plus exactement (parce que l’on ne pense pas que l’on puisse exactement formuler le réel en une fois dans le monde) « intention » est une manière de dire et d’approcher le « rapport » qu’est tout ce qui existe. Et il faut bien commencer de définir ce que le « rapport » est, sans se contenter de cette généralité, et c’est ce à quoi s’attèlent dieu, l’être, le sujet ou l’altérité ; ce à quoi ils s’utilisent eux-mêmes ; c’est le « rapport » qui use de tours et retours pour se signifier (il n’existe qu’en mouvement puisqu’il est le mouvement). Et évidemment étant mouvement, rapport il se communique pour et par cela même qui, autant que l’on sache relativement à notre expérience limitée de la réalité, peut supporter ce rapport ; l’arc de conscience est le rapport ici même, arc et donc ouvert, ce par quoi il est rapport, puisque si il était rapport déterminé il ne serait pas un rapport, mais juste un être, déterminé par l’atome ou l’adn.

Et c’est à partir de cette signification de structure que dieu, le christique et sujet, l’altérité impriment dans la réalité, signifient, lancent des signes, réorientent la réalité, le vécu, le relationnel, le corps ; c’est bien pour cela qu’ils prennent des tours et retours et détours qui peuvent être jugés aberrants ou difficiles ou extrêmes ou ahumain, surhumain, inhumain ou en l’occurrence pour dieu, divin et pour le christique surdivin.  

Nous sommes issus de ce réel du Bord du monde et du vécu et du corps ; le nier c’est affronter que dans le monde ou le vécu ou le corps, cela revienne, et dans les plus catastrophiques disruptions. Outre qu’alors, enfermées dans le monde ou le corps, nos intentionnalités s’y tordent de douleur d’existence (dont les fameux affects, angoisse, etc, que Heidegger interprète selon l’être et Sartre selon l’existence, autrui, l’histoire, etc, et Lacan selon ce corps qui sup-porte le hiatus). On voudrait que les choses mêmes prennent consistance, que le bonheur soit cette disposition du corps, qu’il suffise de se croire chrétien ou juif ou musulman, qu’inscrire liberté-égalité-fraternité s’impose à la réalité ; c’est évidemment faux, on ne peut pas faire l’économie de l’intention, de la conviction et de la décision ; notre activité ne consiste pas à copier coller la réalité (ce que l’on nomme habituellement la raison ou le réalisme ou la nature humaine) mais à créer le réel ; autrement dit on ne peut pas ne pas pousser plus loin le Créé et le Créé n’est pas du monde, il est de structure et inattendu (il n’appartient pas au monde, ce que Badiou repère éventuellement comme logique) : une fois que tout est dit, rien n’est dit.  Le réel, le sujet ou l’être, le christique ou dieu ne sont pas de l’ordre de la représentation, mais de l’activité ; conversion, intention et décision se jouent dans le réel.

 

Or pourtant on a fait commerce du désir, on l’a déployé et démultiplié, alors que le système économique (qui s’est imposé comme idéologie du corps, l’humanité n’ayant aucune propension suffisante au structurel, elle ne peut user que de ce paramètre du corps, du vivant, ce qui n’est guère glorieux) le système économique donc ne devait qu’assurer cette organisationnel minimum en quelque sorte, sureté de la vie certes impérative mais insuffisante, raisonnabilité que l’on a outrepassé en énormisant les imaginations et en prétendant que ces désirs étaient en eux-mêmes « le sens de la vie ». Et ceci au point que l’on ne parvient plus même à imaginer quel autre type de régulation, de vérité il pourrait s’agir au cours d’une existence et que le moi fait office d’unité d’un ensemble de pulsions hétéroclites qui sans cesse le dégrade ou l‘anéantisse comme unité (sans cesse reconstruite ; procès qui se nomme l’enfer, mental, structurel, sur terre).

C’est cette absence de procession, de propension, de tension élevée, qui a été remplacée par l’imagination du corps, repus, qui ne se perçoit plus que dans les images et non dans les idées ou les intentions, abandonnant même le principe de la liberté ou de la conscience au profit de fétiches plus ou moins hébétés, et imaginations, facilités qui nous condamnent. Dieu, l’être et l’universel, le christique et le sujet, l’altérité ne relèvent absolument pas de l‘imagination. Ce que Kafka ou Rimbaud perçoivent c’est selon le regard de dieu ou le regard christique (le surdivin). Ni l’être, ni dieu, ni le sujet, ni l’altérité ne sont « imaginés » ; ils relèvent d’une autre forme d’intuition, de vision, radicalement indépendante de tout autre mode.

On sera incapable de remplacer la nécessité et la rareté qui nous servaient de contrainte extérieure, d’armature et de contenance par une cohérence intérieure que l’on a cru figurer, simuler par cette nature humaine de désirs (ou de besoins pour le système communiste), cette image débridée de « soi », entièrement éparpillée. La cohérence interne du sujet n’étant absolument plus assurée, le dedans, qui se projette extérieurement se fige partout alentour et se brisera comme du cristal. Seul ce qui relève de la structure (soit d’une non-intuition sensible, imaginée, imaginaire) ne faiblit pas dans le devenir. Dieu, l’être, le christique ou le sujet ou la révolution résistent aux remontées continuelles du monde, du vécu et du corps qui veulent envahir et noyer le faisceau de conscience, d’attention, de stratégie et emplir la structure, alourdie jusqu’au niveau du monde donné là.  Elle était écrasée dans les nécessités du monde, et s’en libérant, pouvant raisonnablement acquérir une légèreté, elle s’est prise dans sa propre pesanteur et a cru à ses mirages, des nécessités libérée elle instruisit sa lourdeur.

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Déferlante du pli du réel

20 Avril 2019, 10:09am

Publié par pascal doyelle

Le réel comme invention du réel

On a vu que les quatre points, dieu, la pensée-la-vérité-l’être, le christique et le sujet, et enfin l’altérité sont des tentatives d’approche de l’articulation fondamentale (celle qui est à l’origine et qui se continue au travers de tout) telle qu’elle peut être analysée, délimitée, examinée ; d’autres pensées, civilisations se sont avancées au-dedans de la structure, lui conférant beaucoup de qualités et de qualifications. L’occidentalité examine, elle, la structure, la technologie effective, inventée par le monde, le donné, la réalité qui soudainement a produit un être tel qu’il ne soit pas un être, mais une forme, une structure, un rapport spécifique. Dans ce rapport (l’arc de conscience) il se crée des rapports nouveaux.

Que ça ne se passe pas par la pensée, on le sait bien. Mais alors par où ? Et c’est ce que la philosophie poursuit depuis au moins Descartes (puis Kant, Hegel, Husserl, qui joue une sorte de pivot, puis de Sartre, et Lacan) mais c’était également ce que tout au bout de chaque système on découvrait ; l’être, innommable, l’idée du bien, insituable qui permettait de situer, la pensée de la pensée (ce qui ne vaut que si ce qui pense n’est pas « de la pensée »), le un de Plotin (une dispense, dépense soudaine qui explose absolument positivement vers tout le donné, une positivité non contrôlable puisqu’elle n’est pas de l’ordre du conscient ou de la pensée).

On a inventé (ou il nous a été révélé) dieu, l’être, le sujet et l’altérité afin de paramétrer la structure qui existe avant, qui existe avant les choses, avant les pensées, avant les intentionnalisations déterminées ; dieu, le christique ou le sujet ou l’altérité génèrent quantité d’intentionnalisations ; notre problème est de gérer, d’organiser, de préorganiser l’intention, l’intention que l’on a ; dieu, l’être, le sujet et l’altérité s’utilisent afin de coordonner (en nous et avec les autres), le truc, l’astuce créée par le réel qui autorise que soit épousée et déployée encore plus qu’elle ne l’est, la réalité et qu’au travers s’élabore, s’invente le structurel même qui fait qu’un réel existe. Dieu et l’être, l’Intention absolue et l’universel paramètrent tout généralement, le sujet et l’altérité paramètrent bien plus précisément.

Ce qui ne veut pas dire que ces structures annulent les autres, que le sujet et l’altérité anéantissent dieu et l’universel ; ça n’aurait aucun sens parce que ce qui est structurel reste dans le structurel, le structurel est la dimension, verticale si l’on veut et ne peut pas être contredite ; il n’y a aucune idée selon le monde qui contredise dieu ; la seule idée qui contredise dieu ce sont le sujet ou l’altérité, mais ce ne sont pas des idées ; mais des arcs lancés et donc le sujet et l’altérité manifestent, dans le monde, l’articulation, à savoir l’arc de conscience et le présent, lesquels sont de fait des décalages ; la description du décalage engendre des décalages (dont il se forme un savoir, lequel est étalé tout au long due l’historicité) il y a un présent parce que le réel se décale constamment et c’est pour cela qu’il existe un présent (et si le présent existe, alors c’est le présent qui ex-siste). Comme de contredire Platon ; on opposera un autre système mais ce système utilisera les idées, la technique des idées (des intentionnalités dépliées) inventées ou développées par Platon ; on ne contredira pas Descartes, on usera du sujet pour une sorte de plus grand sujet (ou un faux-sujet illusoire qui se tire du premier).

Et il ne s’agit pas d’une annulation ; comme Marx ou Freud ou quiconque pensaient substituer aux structures historiques, des déterminations du monde, de l’économie, du corps ; ça n’a rigoureusement aucun sens, même si par ailleurs sil est impératif de dénouer toutes les déterminations par la connaissance, de Marx, de Freud, etc, mais cela s’effectue sous le regard du sujet et de l’altérité, cad du monde, du donné, de l’univers qui se dévoilent tels parce que le sujet a acquis son regard, il l’a récupéré du christique, et le continue ; va-t-on nier le christique lorsque l’on promeut la liberté, légalité et la fraternité ? Non. Va-t-on gaver les individus de médicaments sous prétexte qu’ils ne sont qu’un corps ou un inconscient, serait-il fou ? Non.

 

Il est donc question de porter au monde cela qui existe. Contre la déficience habituelle ou qui devint un principe, qu’il est loisible de suivre l’immédiateté du monde, plutôt que de dresser le beau, le vrai et le bien. Sans voir que cette prolixité laxiste du monde n’est rendue possible que dans le cadre strict de la structure du beau, du vrai et du bien (de la création non d’un objet « beau » mais du regard tel qu’il peut se recevoir). Ou donc élaboration, complexité, illumination du champ de perception, de la variation intentionnelle assurée et de la décision existentielle ; (perception, intention, décision) le tout selon la stratégie bien réelle qui articule les mondes humains (et tout ce qui s’y trouve, y compris les vécus et les corps), qui les articule au présent et selon les stratégies individuelles qui deviennent fondatrices, puisque l’articulation avance dans l’humain et le réélabore.

Il s’agit, en vérité, de dresser le présent tout intégralement au plus haut qu’il se puisse. Et prenant en charge toute la réalité, de haut en bas, changement radical de l’élaboration de l’articulation, qui devait aboutir au corps même de chacun (rappelons que la déferlante mass médiatique expose des corps et des décisions). Et la séquentialisation du pli réel de ce présent nous a donné historiquement dieu, la pensée (l’être, l’universel), le sujet (christique cartésien) et l’altérité (notre position posée sur le réel comme surface entièrement Autre).

Et ces organisations de conscience ne reflètent pas ce que le réel est, en lui-même, mais pas plus ne sont une « interprétation » de ce qu’il est ; elles s’ajoutent, plis dans le pli qui soulève. De même qu’antérieurement à dieu on n’imaginait pas une telle position (dieu), qu’avant l’être on n’imaginait pas l’être, on peut admettre alors qu’il existe bien d’autres ouvertures sur la Possibilité du réel, sur le réel tel qu’il soit en mesure de se créer, de s’ajouter ; il faut imaginer que la structure en forme de présent ne permet absolument pas de définir la vérité de l’être (qui serait, cette vérité universelle, éternelle, absolue) mais que ce par cette forme elle ne peut que s’ajouter…

Et si on énonce « elle ne peut que s’ajouter » il faut fondamentalement comprendre que bien sûr ça n’est pas une faiblesse mais précisément toute la puissance, la potentialité, de ce que « réel » implique. Le réel est mouvement et donc il devient plus-grand. Le réel s’invente parce que le réel est la Possibilité et qu’il nous demande, exige de nous que nous nous haussions à son degré suréminent d’invention, d’invention ontologique, ce qui signifie tenant à la nature même de « cela qui existe » (et qui est intégralement constitué d’Exister, l’exister n’est pas fonction-de, c’est tout le reste qui est fonction de l’exister). C’est ce que le réel implique parce que le réel est pur et brut mouvement qui pousse au plus loin, au plus haut, qui étire selon le présent, au plus précisément la distinctivité. En ce sens on peut dire que le un implique l’altérité et surtout que l’altérité implique le un et que la finalité est l’altérité, la plus grande distinction possible.

Etant entendu que cette distinctivité ultime il n’est pas possible d’en fixer la limite, et il n’est pas lieu de la définir ; mais cependant elle repose entièrement sur nos épaules en ceci qu’il lui est dû que nous parvenions à honorer sa gloire, l’ampleur distincte de sa possibilité ; qu’elle manifeste la plus grande possibilité qui se puisse et c’est cette grandeur dont nous devons nous pénétrer, que nous ne possédons absolument pas sinon comme forme singulière insaisissable ; raison pour laquelle il faut en être saisi et non pas s’en saisir. Moins vous serez (de l’ordre de l’être), plus vous existerez. Ce qui ouvre le chemin, crée le chemin : l’élévation christique du corps est le même l’amour du monde grec, est de l’ordre du Créé ; le Créé consiste à changer ontologiquement le réel.

Et il est de nombreuses (demeures) Possibilités ; on n’attendait pas dieu ou le christ ou l’être universel ou le sujet ou l’univers ; toute réalisation élabore le centre du réel (qui est pur et brut mouvement et qui est fait pour cela ; pour être élaborer, créé, il dépend de son cours qu’il soit ce qu’il devient).

Mais ça ne sera pas sans mal, parce que rien ni personne ne peut admettre la puissance, la potentialité, en tant que Possibilité.  Rien ne peut atteindre en ceci que toute réalité est déterminée. Et personne ne peut accéder en cela que l’on n’est d’abord que l’image dans le miroir mais jamais le miroir lui-même. Or c’est ce qu’il faut acter, actualiser et donc n’être rien de ces images sans doute, et c’était l’ancienne formule, mais la nouvelle formule est justement que l’on se doit d’être toutes les images et qu’en détournant, contournant, retournant ces images le miroir puisse paraitre ; après tout c’est ce qu’imprime directement le christique … que ça ne se passe pas du tout hors du monde, du vécu ou du corps (dans une séparation de l’absolu)… mais en plein dedans et à condition que l’on oriente le miroir comme il faut. Que la forme de la réalité puisse soulever le donné, veut dire que le corps soit élevé. Cessez toute vie, tout vécu, tout corps, toute détermination, et tout contenu et vous admettrez l’intentionnalité pure et brute, d’accord, mais on n’atteint alors qu’une surface du miroir, non le cadre lui-même. Parce que le cadre est le Bord de ce monde, de ce corps et que le mouvement intègre les réalités (naturelles), les réalisations (humaines), les corps.

On passe du donné à l’absolu formel, mais on ne soulève pas le donné, le corps et le vécu, et le devenir est figé, cristallisé ; que la structure puisse s’engendrer dans le monde donné vécu éprouvé, intensifie ou accélère (Descartes et la révolution) ; et ceci s’effectue en modifiant l’orientation du miroir, ce qui veut dire du regard. L’orientation du regard en marquant la description de signes qui indiquent, permet de glisser cette orientation dans la finesse du cadre du miroir. Tout ce que l’on ne comprend pas en philosophie ou christique ou réflexivité ou esthétique, poétique, etc, consiste en ce glissement qui n’est pas des mots mais des signes orientant qui ne se passe pas de votre regard, et de votre regard restructure votre intention ou intentionnalité, votre faisceau attentionnel.

Il ne s’agit plus même de transformer l’absolu (au-delà et séparé mais achevé et dont on ne voit pas pourquoi il y aurait un monde et une humanité) en un regard divin tout à fait extérieur au monde (mais au point d’entendre achever la réalité par l’entremise de sa nation élue, qui sera éduquée, instruite tout au long), mais de pirouetté le dit regard jusqu’à l’incruster christiquement en et avec chaque corps, puis en ce corps d’ouvrir la fine inépaisseur du regard lui-même, tel qu’ici et maintenant, ici même, on peut l’expérimenter ; la structure à elle-même en tant que regard, cad intentionnalité de structure ; la phénoménologie Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre.

Ce qui fut voulu et exposé comme religion c’est continué comme philosophie certes mais aussi historicité, et esthétiques et éthiques et idéels. Il s’agit de la même articulation qui, de par la philosophie elle-même, ne dépend plus pour sa définition de contenus (l’être, les idées, le un, la théologie) mais qui se délimite selon son propre mode (comme re-tour cartésien sur cet-être spécifique, ce je,  tel que là à la surface du monde-étendue, soit donc à la surface du réel, et re-tour et retour sur un être qui n’en est pas un mais une structure fine, hyper-active, intentionnelle, par laquelle le retour-sur (ce que l’on « est ») est un re-tour, un nouveau tour, ontologique, qui engage le réel même).

Les idées et les systèmes d’idées organisaient la mise en forme, en systèmes, de ce qui plus tard sera nommé « intentionnalité » et qui se révélera non pas plus précis au sens métaphysique de l’établissement d’un discours mais  plus exactement réel au sens d’un discernement des intentionnalisations (Nietzsche ou Heidegger pensent eux-mêmes créer une nouvelle sorte de discernement, mais Sartre et Lacan décrivent très réellement nos intentionnalités effectives) et le début de la mise en forme qui pouvait enfin excéder les représentations ; les descriptions intentionnalisatrices permettent de reprendre la totalité de toutes les possibilités de conscience (à commencer par les deux phénoménologies de Hegel, ou la mise en parallèle de Kant de la structure et du donné). Posant la question : que veut-on vraiment ? De même que dieu nous soumettait à la question ; que veut-Il ?

Il y eut donc outre les systèmes d’idées, une systématisation du Possible pur et brut et réalisé de la structure elle-même et que l’on a pris, cette systématique description au sens fort existentielle, pour un préalable au discours de la raison ou comme aperception subjective ou subjectiviste préalable à l’universel. Mais Descartes ou Kant n’ouvrent pas la réflexion au préalable de la pensée de raison (à laquelle il dénie qu’elle soit possible) mais instancient le sujet là où il existe et veulent élaborer le plan systématique du possible, selon, dans le vue du sujet et Kant prend le transcendantalisme pour une construction assurée selon sa propre logique, son acte propre bien au-delà du criticisme ; il y a un sujet cartésien ou kantien (et toutes les extensions) parce que s’est créée une dimension exacte et précise du sujet.

Du possible des intentionnalisations effectives ; d’abord en instance ontologique (Descartes-Kant qui transperce toute fermeture en ouvrant par le dedans, créant dès lors le sujet, mais qui ne parviennent pas à inscrire la structure de notre être, qui n’est pas un être, à la surface du réel, qui est considéré comme monde et donné, choses et phénomènes), puis en rassemblant ses possibles réalisés (Hegel) et la possibilité de ses réalisations (Husserl, qui démonte l’articulation intentionnalisatrice), et enfin comme décrivant cette structure dans un corps (sartrien, livré au monde, autres, histoire, etc, et en interne de ce corps, Lacan, puisque cette structure, cet arc crée un espace-dedans le corps, mais comme c’est le corps, donné, c’est un externe du corps, une autre-surface sur laquelle ça s’écrit, et ça s’écrit parce que « surface ») dans un corps, un moi, une existence, et ce en séparant radicalement la réflexivité, l’activisme, l’articulation qu’est un arc de conscience de tous les contenus idéels, de connaissance (on sait la liberté, on ne la connait pas, on ne connait que selon la détermination et on se libère de telle situation mais les libérations sont distinctes de l’arc de liberté).

Ce qui fut exploré c’est donc l’aperception et la perception à partir du sujet et descriptions qui paraissent se situer dans le giron de la philosophie (et d’un discours métaphysique, tel que caricaturé ou plagié) mais qui révèle véritablement que la philosophie n’est pas un discours sur la réalité, le monde, la détermination ; la philosophie est la mise en forme de l’intentionnalité, de la structure de conscience et avance jusqu’à informer l’orientation du faisceau de conscience, de l’attention ; à quoi faut-il faire attention, du plus minuscule pointillisme de l’attention  jusqu’à la stratégie collective mais aussi individuelle ?  

L’être, l’idée du Bien, la pensée de la pensée, le un sont des positions de structure. Dans la pensée ils prennent position de configurations (affectées à la pensée) mais rien n’est séparé dans le structurel ; l’universel et l’être, le christique et le sujet, l’altérité et l‘univers s’imposent comme configurations et historicité ; tandis que dans ces configurations, qui intègrent la médiation, l’articulation, il apparait toujours des figurations qui manifestent les articulations mais au risque de les prendre pour le monde (César serait « divin », la révolution serait bourgeoise, la vérité serait objective, alors que le droit ou l’individualité fonctionnent comme réelles, les conditions de vie produiraient tel choix, alors que toute existence cherche à s’inventer des conditions et le moi tombe-amoureux, etc).  

La révolution française (et les révolutions générales avant ou ensuite) sont une des formes de stratégie collective, ayant à pré-voir non pas tout ce qui se déroulera (ce serait une hypothèse par ex communiste, qui croit se fonder sur une universalisation, ou encore une hypothèse fasciste, qui imagine une surhumanité, un racisme, une mythologie, etc), mais qui instaure une stratégie collective structurelle de mise en forme qui se prédispose en exposant les principes, lesquels sont à la fois ce qu’ils interdisent mais qui interdisent afin que soit possible le déploiement ultérieur ; on est libre, on respecte la liberté de chacun, et à partir de là on ne peut plus imposer aux autres des formulations amoindries de représentations, on se trouve dans l’obligation de créer des contenus d’extension et d’intensification qui élèvent chacun, en tant que chacun. Les règles, à proprement parler on peut les nommer des règles, ne contraignent pas, mais élèvent déjà afin d’élever encore. Et bien plus.

La révolution dont on peut se demander « ce qu’elle a voulu » : c’est uniquement d’installer la forme de structure et elle s’est imposée de fait (comme dieu ou le christique ou l’universel, formes ontologiques inattendues) et ce dont on ne peut pas mesurer, apprécier, évaluer l’ampleur ; parce que ce qui existe comme structure (historique ou réflexive, collective ou individuelle) est in-finie ; on ne peut pas le clôturer comme réalité, se tenant du réel.

Et ça n’est encore rien parce que l’intentionnalité est cette structure qui est prise dans l’immense structure de l’actualité, de l’acte, de l’activisme du mouvement ; dont on a dit déjà qu’elle constituait la Dimension, seule purement et brutalement réelle ; celle qui demeure (et qui demeure mais comme mouvement, le mouvement est cela qui est pensé) : le mouvement est cela seul qui demeure.

Evidemment on y stationne plus ou moins au long de ce mouvement, et croyant ce que l’on voit. Mais l’on voit à partir de ce qui ne se voit pas, de l’invisible qui permet de percevoir ; il y a une réalité, un univers parce qu’il y a un exister qui tisse au travers des déterminations et déploie le rapport initial, l’initiation de toute la réalisation. Aussi lorsqu’émergences de structure il y a, on ne voit plus la structure mais le monde ou le vécu ou le corps que rendent possibles ces ouvertures ; les juifs renièrent dieu cent fois malgré qu’ils deviennent nation élue, les institutions chrétiennes ne suivent pas mot à mot le christique malgré qu’il s’agisse de la liberté interne du corps, la révolution a trahi mille fois bien qu’elle instaure la liberté et l’égalité et la fraternité.  Jamais les réalités, les réalisations ne sont à la mesure des structures qui soudainement s’imposent pourtant ; mais chaque fois la vérité avance, d’un pas.

Et il est évidemment que vérité et liberté (et donc égalité puisque la liberté sans l’exigence d’égalité est juste une hiérarchisation prochaine) doivent s’instancié en et par chacun ; non pas seulement collectivement mais en et par chaque vécu, chaque corps, ce qui signifie aussi comme champ de perception de chacun. S’il n’était question que de gonfler le contenu de conscience on voit bien que ça ne suffirait pas ; on peut programmer une vérité, universelle préférablement, mais on ne peut pas organiser une liberté ; il faut donc que cette liberté soit en elle-même instanciée comme structure, puisque par cela seul il lui sera possible d’actualiser la diversité des réalisations, dont à vrai dire on n’avait en 1789 ou autre aucune idée, et ceci puisqu’il faut s’habituer à penser la réalisation à partir du structurel comme aussi inattendu que le sont les propositions, littéralement pro-positions, de structure tel dieu, l’être et l’universel, le christique et le sujet et la révolution, l’altérité et l’exil de chacun selon sa propre verticalité et son horizontalité de champ perceptif (qui lui-même est absolument déversé dans et par la mass et puis micro médiatisation et médiation, on a vu que la médiation, de soi vis-à-vis de soi ou de soi vers les autres, était le fait massif et mondial et fondamental de conversion, de conversion structurel du moi vers le sujet, peut-être, potentiellement).

Toute structure actée renvoie au devenir pur et brut ; celui qui se cisèle au fil du présent, au fil de cette épée, le long de cette vague de pur mouvement.

Ces logiques plus grandes que toute partie de monde, de donné, de vécu, de représentation déjà mémorisée, d’identités et de représentation de soi, des autres, du groupe évidemment, de la réalité du donné, du monde naturel ou autrement imaginé,  se retrouvent également dans les inventions stratégiques individuelles ; le christique ou le christianisme (ce qui est encore différent), l’humanisme ou l’individualisme (et toutes ses variantes, des plus rigoureuses aux plus hédonistes, de la renaissance à la révolution aux mass médiations et médiatisations), l’instruction, l’in-formation esthétique, poétique, les récits et les idéalités et les objectivités ont pour effets de rendre possible des consciences attentives et surélevées et surtout ayant à apprendre, à s’instruire, s’in-former elles-mêmes (puisque ces activités ne sont pas sans l’effort individué des sujets).

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Jetés dans l’altérité

13 Avril 2019, 09:44am

Publié par pascal doyelle

Sans regard. L’origine est en-avant du monde.

Il faut bien visualiser ce qui est en jeu ; dans le christique, la pensée et l’universel, dieu, le sujet et depuis la suspension cartésienne du jugement (cad de l’intentionnalité), le regard prend la tangente et si l’on se focalise et ne perçoit que le cercle,  c’est la tangente, qui paraissait seconde ou accessoire, qui s’avère signifier le réel lui-même.

Le présent qui ne semblait qu’une fonction du monde, est le réel lui-même. La conscience qui passait pour une fonction, indistincte, d’une identité, est devenue l’acte même, l’arc structurel, organisationnel de tout le reste (Pierre est fonction de son je et non pas le je fonction de l’identité qui serait, on ne sait où, « Pierre »).

Ça ne va pas sans conversion et sans conviction ; la variante hyper-active de l’universel et du singulier, qui nous est la plus proche, c’est la révolution, libérale ou communiste, ou  celle des années soixante ou enfin, qui viendra, celle écologique (si jamais …) Le renouvellement de l’historicité, de l’humanité ou les renaissances individuelles, par ex spiritualistes ou esthétiques ou éthiques et ainsi de suite, sont des variations sur la conversion, mais de conversion il n’en existe pas tant que cela et en même temps il existe des quantités de sujets. Tout moi est selon un sujet, un dispositif, et chacun le sien. Dont le tissage crée le tramage de la surface du réel.

Cela se joue sur le regard. Où situe-t-on le regard ?

Les définitions selon le monde, le vécu ou le corps en croyant en leurs incarnations fixent le regard ; en réalité on ne voit pas les choses, les contenus, les images, les signes, on voit selon un regard extérieur qui définit ces réalités. On comprendra aisément si on s’aperçoit que le christique (qui est la figure majeure du regard pour nous, ayant rendu possible toute notre civilisation), le christique donc crée le regard qui vous permet de vous saisir comme individuel (de la naissance à la mort, et d’un point-autre à partir duquel on perçoit tout le reste), il crée le regard qui crée le vôtre et puis disparait (là-haut), de même le statut de citoyen a réinstallé la totalité du monde humain (selon le fameux Contrat) ; le regard reste sans représentant et sans représentation ; reste donc la seule structure formelle, le statut de croyant ou de citoyen qui œuvre sur le Bord du monde (pour la pensée grecque par ex) ou du vécu ou du corps. La conversion, qui est bien plus innombrable que l’on ne croit, est le changement de l’orientation, soudaine ou œuvrée, du regard. Ce par quoi ou par qui l’on se-voit.

Autrement dit en percevant on décide. On ne décide pas abstraitement je ne sais quoi, on décide en orientant le regard,  l’intention, l’intentionnalité et si on ne peut jamais dire ; ceci est un acte libre, l’orientation de l’intentionnalité, le sens des significations que l’on élabore comme décisions ininterrompues, durant une vie, relève lui d’une stratégie toujours coupée et grignotée par les aléas et les immédiatetés et les facilités. Cette élaboration est la Stratégie d’existence, l’insondable décision d’être (Lacan), qui réoriente sans cesse ce que la vie et les autres ont fait de nous et stratégie qui ne tient que d’être instanciée (cad voulue non de la seule volonté consciente mais voulue selon l’intentionnalité que l’on tisse au fur et à mesure ; Sartre a voulu exposer les tissages de Flaubert par ex).

De même l’universel de la pensée ne nous livre pas à l’indifférencié (puisque la pensée consiste précisément à distinguer et à créer des intentionnalisations) et non pas à la négation ou l’oubli de soi, puisque l’on récupère un regard égal et libre sur les réalités et puisant à l’expérimentation du champ de perception ; les idées de Platon nous montrent les choses et les choses dans le monde et le monde lui-même et ce hors du groupe et requérant une expérimentation individuée forte (les réalités perçues distinctement qui augmentent l’intentionnalité par-dessus et en plus du langage commun). Universel et puis ensuite christique, cad individualité, augmentent et intensifient, respectivement, l’intentionnalité et détoure la distinctivité du sujet (qui sup-porte aussi bien l’universel que le surdivin, cad le divin en acte ici-même, ici-bas, acquisition fondatrice du christique ; le réel, dieu, ne vient pas d’en-haut seulement, il s’active et s’acquiert ici même, c’est sa destination de tout temps de dépasser la nation, pour l’inscription individualisante qui ouvre toute vie à son Existence).

Non seulement ces configurations situent le regard, mais ils assurent le réel, l’objectivité, l’hyper-objectivité du regard, et de telle sorte qu’il ne soit pas ou plus saisissable (par quelque partie du monde, des puissances du monde, du vécu ou du corps). Et la disparition redoutée du moi, de l’identité, par l’intériorisation du christique ou l’objectivité grecque de l’universel, n’imposent de toute évidence absolument pas l’effacement de l’individu ; par l’universel (de l’intentionnalité) et l’individualisation intentionnelle le sujet du moi se libère.

Et c’est justement l’attachement, et puis ensuite l’hyper-attachement au moi, qui enferment le sujet dans des versions élucubrées du moi lui-même (dont se gorgent les images déferlantes), se caricaturant toujours plus profondément dans le chaos, la confusion, l’indistinction des intentionnalisations, les fausses représentations, puisque toute représentation de ce qui ne peut pas l’être, est un enfermement. Lorsque l’on désire une réalité sans distance, on devient la chose. On voudrait bien, romantiquement pour nous, s’identifier à la-chose, mais la-chose, désirée, est en soi une monstruosité. Il faut que dans l’immédiateté, rêvée (et qui n’arrivera jamais, sinon de devenir fou ou de gésir dans la frustration de « ce qui n’arrive jamais »), soit médiatisée, toujours, parce que c’est la médiation, l’articulation qui se déploie et non un « être » supposé et imaginé. Il n’y a pas de satisfaction, mais des réalisations partielles qui n’atteignent pas la forme de ce qui est ; la forme requiert une dimension, une intentionnalisation en plus. En plus de toute vie.

Un enfermement donc qui parait une libération, et qu’il l’est en un sens spécifique ; vivez votre vie, mais sachez que ça ne sera pas la vôtre vraiment. Parce que vous n’avez pas de vie ; votre vie est, bien réelle, un moyen d’une plus grande existence. Et celle-ci, cette Existence, se déroule ici même. Il se peut qu’il y ait une vie au-delà, rien n’y contredit évidement dans le monde (qui ne prouve que lui-même et rien de plus mais rien de moins) mais il se peut qu’il n’y ait pas de vie au-delà, mais cela n’est pas ce qui importe ; ce qui importe c’est que dans le moi apparaisse le sujet (qui y est déjà, mais le moi croit en son image, son objet de désir, son vécu, etc, et ne suppose pas même qu’il existe en et comme sujet). Ce sujet sera toujours présent (il n’existe aucun moi sans conscience-de) mais est-on certain de tout-le-vouloir, cad de l’intentionnaliser avec augmentation, intensité et accélération (respectivement grec, christ et cartésien ou sujet) ?   

Par exemple (et chacun les siens) Rimbaud augmente, intensifie et accélère le regard. La révolution, les années soixante et récemment encore bouleverse la réalité par l’irruption du réel, cad de la Possibilité de structure, de stratégie inouïes.

Il faut bien remarquer que dans l’universel (grec) et le sujet (christique) le sujet n’apparait pas ; il est rendu autre, et c’est ce point d’altérité (en elle-même, purement et unilatéralement). Et ce point peut se permettre alors de découpler quantité de distinctions, idées ou sujets ; la pensée crée les idées, le christique (ou Descartes ou la révolution) crée des sujets (et les lance en réseau). La structure qui est articulée au donné là du monde, et donc au « là » (qu’il y a un monde, un réel, autre) n’est pas dans l’inexprimé mais ce à partir de quoi on exprime, montre, expose et s’arcboute par sa structure même au donné réel effectif ; lorsqu’il s’auto-désigne et est forcé de se signifier, (vérité, corps du christ ou citoyen) quel que soit le monde humain ou, donc, quelle que soit le moi, l’arc de l‘intentionnalité transcende tel ou tel donné ; le sujet est en plus et autre que le moi ; sinon on collerait littéralement au contenu, rendant impossible l’intentionnalité et disparaitrait alors tout le champ perceptif qui se produit dans la confluence des signes et de la perception ;  marquée par un signe une perception qui revient vers le corps et crée sur la surface-autre, de lisibilité très étrange du donné (on ne lit pas le monde comme un vivant). Evidemment on ne lit pas avec le corps, mais avec les signes et la perception toujours limitée à ceci ou cela, mais la surface-autre du corps est l’aperception, la perception instantanée par laquelle on a « une idée, une intentionnalité vers soi, vers la vie, vers les autres, etc ». On a et non pas par laquelle on « est ».

La théorie, l’idéologie du moi voudrait bien que la réalité soit la réalité, cad morcelée, partielle et en mesure d’être résolue petit à petit, localement, et qu’il n’y ait aucun regard éminent qui puisse concentrer les réalités en une seul réel, dégageant ainsi la responsabilité du moi, trop occupé à ses petites affaires ; mais la vérité est que l’on ne peut pas, dans toutes les figurations que l’on voudra, se passer de configuration, aux tactiques limitées il faut toujours ajouter une stratégie ; sans vision de l’ensemble (et il n’est de vision que décidée) les tactiques peu à peu glissent dans la dispersion, la désagrégation, l’inattention ; il faut tout l’empire mass médiatique pour recycler continuellement l’intentionnel qui, autrement, tomberait, vers le bas. Mais tout l’empire des masses disperse et écrase la stratégie, cad l’intentionnalité de chacun.  

C’est qu’il ne faut perdre de vue la logique du réel ; elle consiste non pas à déporter le vivant dans l’existant, ni à tenir l’existant seul comme d’un nouveau royaume et à croire que l’existant récupérerait idéalement toute la réalité, mais à intégrer, ce qui est rien moins qu’évident, que, pour nous, existants humains, il est un impératif de ne saisir le vivant que par l’Existant ; et que c’est son Exigence ; la structure d’existence tisse, a déjà commencé de tisser le corps selon l’autre surface ; de toute manière et quoi que l’on fasse. Et autant le vouloir, s’y Décider ; c’est cette conversion de l’intentionnalité (cad  de toutes les possibilités, pour un être humain, de toutes les possibilités qui naissent non pas seulement des causalités ou de son propre passé et vécu, mais de son actualité structurelle ici et maintenant, de son re-saisissement, ce qui est proprement conversion et conviction, amenant la Possibilité continuellement ouverte du présent dressé tout uniment, quoi que l’on en puisse penser) de l’intentionnalité qui est appelée par dieu, la pensée, le sujet et l’altérité.

Et ce qui se montre dans l’altérité c’est que rien dans l’altérité du monde, de cet univers aux espaces infinis, ne correspond au Regard… L’univers est sans signification (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan, etc) parce que le Bord n’est justement pas ‘dans’ le monde.

Il faut donc que celui-ci, le regard, ce qui veut dire l’intentionnalité, se crée et se maintienne. De par soi. C’est bien pour cela qu’il est requis de « croire malgré tout » ou de tenir à la dignité ou de poursuivre l’Exigence. Et ce en plus de l’altérité effarante de cet univers, et comprendre que tout l’univers n’est rien en comparaison de cela qui renait sans cesse de sa forme seule. Et en imposer contre l’univers entier s’il le faut : et « cela, la déchéance, ne passera pas par moi ».

L’intentionnalité cela veut dire aussi « le sujet », au sens où « le sujet » est la dénomination de l’ultime Possibilité, autant que l’on sache … étant entendu que l’on n’en sait rien ; on le suppose et reconstruit, le visualise autant que  faire se peut à partir de notre expérience, de notre expérience de structure hyper-active, activiste dans le monde, le vécu ou le corps. Il y a quelque chose comme « le sujet », comme ultime Réel (et ce sujet rappelons-le, est spécifié tel puisque le sujet est précisément ce qui a le plus Rapport possible, il est « le plus grand rapport possible », soit donc cela même qui n’est pas, qui Existe, et qui est pur mouvement, le rapport à (soi) dans lequel le « soi » est le rapport lui-même, et non une identité).

On commence par là à comprendre à quel degré absolu, cad formel, d’intensité et d’augmentation nous sommes soumis. Nous contenons, en nous, comme étant à l’origine de tout ce que nous sommes, le-sujet, comme dispositif ici supposé comme ultra fondamental (qui ouvre un champ perceptif qui n’appartient qu’à lui-même comme champ perceptif et dans lequel nous apparaissons et tout y apparait pour nous) ; ce par quoi, revenons-y, nous nous tenons dans le regard, le regard qui nous a créé ; dieu et l’intention originelle, la pensée et la vérité, le sujet (depuis Descartes et le christique originellement) et l’altérité (comme non-regard qui oblige que nous ayons ou retrouvions la « foi », la structure, au plus proche le sartrien, le lacanien ou versions imaginaires, nietzschéen ou heideggériens, souvent peu clairs, et il est quantité d’autres sujets, dispositifs ; le sujet est l’activisme de la forme, et donc elle s’invente, il en existe beaucoup, indéfiniment).

On entend par « foi », ou par  « le sujet », et toutes les significations du même ordre, une structure. On peut tout aussi bien penser qu’il y eut dieu, l’universel et la vérité, le christique et le sujet parce qu’il y a originellement, dans la forme du réel comme tel, cette structure ; ils sont les effets de cette cause-structure (ou que cette structure nous est révélée par dieu, la pensé, le sujet et l’altérité, comme on veut ; dieu vient vers nous ou l’Etre, bizarre, de Heidegger nous impose les affects de « sa » révélation). Et dans tous les cas il s’agit de « ce dont nous sommes l’enjeu pour nous-même ».

à cette structure nous affectons ici une valeur absolue, au sens soit de révélation, si l’on veut, ou soit d’ontologique ; il y va de la structure du réel ou de dieu si l’on est croyant ou plus exactement de l’activisme de dieu lorsqu’on le considère ici même, ici bas comme on dit, et en ce cas l’occidentalité est l’analyse au plus près du réalisme de l’articulation, du décalage étrange que l’on est, que donc on n’est pas mais que l’on ex-siste. Et encore une fois on ignore en quoi cela, au final, consiste ; il s’agit seulement de supposer au plus loin possible ce que l’on peut déduire à partir de l’expérimentation éprouvée en poursuivant au plus près le Bord très fin, l’inépaisseur du réel autour des réalités et des vécus.

A dieu, à la pensée (l’être et l’universel) et au sujet (christique et cartésien), il manque l’altérité ; mais l’altérité est précisément qu’il n’y a rien dans le monde, en tant qu’univers gigantesque, vide de sens, et pour la raison que le sens de tout ce qui est, n’est pas « dans » le monde, dans l’univers, dans la détermination mais est le Bord du monde (qui ne se situe pas « dedans », puisque c’est le Bord).

Et que ce Bord soit le présent, signifie que c’est cela qui se crée. Et évidemment bien spécifiquement à partir de ce genre d’être qui n’est pas un être (déterminé) mais un rapport ; soit donc l’arc de conscience, ce rapport absolument ouvert, et ouvert parce que rapport (un rapport non ouvert est une cause et un effet, ici la cause est sans effet et l’effet sans cause) et rapport dans le rapport qu’est que le présent. C’est la spécificité de la « conscience » (que l’on ne peut plus raisonnablement penser ou supposer comme une magie qui appartiendrait à « Pierre » on ne sait comment) que de n’être que forme ; il n’existe pas la conscience-de-Pierre, comme si il existait une identité « Pierre » qui possèderait une fonction-conscience ; c’est l’inverse ; Pierre est fonction de cet arc et cet arc est plus « Pierre » que son identité ; on est ce que l’on fait de ce que le monde, le vécu ou le corps ont fait de nous. On ne mesure pas à quel degré nous élève ce principe.

Aussi faut-il réunir la structure de chaque arc afin de pousser au plus loin son élaboration. C’est à cette fin qu’il s’agit de récupérer l’intégralité des devenirs structurels de l’arc de conscience. Réinterpréter l’ensemble des possibilités qui furent expérimentées (des védas à Lacan). Et non pas demeurer enfermé dans le moi de l’époque, le corps-langage, le désir-objet, le regard-image, etc.

Soit donc qu’il existe un regard et que tout dépend de l’on situera ce regard. Et d’accord la question de « est-ce que l’on situera un regard ». Parce que quand même, on se vit habituellement comme si il était évident, et de ce fait ce sont les mass médias par ex qui nous regardent, nous observent, nous contrôlent mais plus intimement cela nous confond également en ceci qu’autrui nous « possède » ou que l’on  ne peut que difficilement se dégager soi du regard des autres, de la communauté ou du groupe ou de la classe ou de n’importe quelle rencontre ; toutes relations non forcément négatives mais quand même impensées et non distanciées.

Lorsque dieu soutient le regard comme autre que le monde (et tout ce qui s’y trouve) il entend mettre au pas une nation (et d’abord la constituer comme telle, selon son alliance). Lorsque le christique veut dépasser la constitution nationale et s’incarne en un Corps, il permet à chacun de devenir chaque un, sous son regard. Lorsque Descartes restructure chaque un selon son existence ici même (ce qu’il transmet en poussant chacun à assister à la naissance de l’indépendance de sa conscience), il permet d’intégrer dans le sujet ce qui dans le christique était attendu, appelé, par/donné et il ordonne le regard relativement à lui-même et ce dans l’horizon du monde.

L’altérité, que ce soit Sartre et Camus et l’absurdité du réel, ou Marx et Freud et les sciences en général (qui nous permettent de visualiser toute l’altérité du monde), décillent notre regard de tout regard immédiat et évident ; c’est bien dans et par l’altérité de tout (le monde donné « là ») qui nous atteint et nous déroute. Ils créent un horizon (dit dépourvu de sens) dans lequel se dé-placer. Ce qui ne veut dire qu’il faille renoncer à soi… Nietzsche et H renoncent à l’humain ; ils le disent. Pas Sartre ni Lacan.

Mais pareillement, dieu, la pensée et le christique et tout autant le sujet cartésien, consistent précisément à soulever et élever notre pauvre être dans l’exigence de nouvelles structures. Face à l’altérité du monde (qui nous a écrasé depuis le début, il ne faut pas l’oublier) il fallait et on doit élever une altérité suffisante et qui nous extirpe de la réalité pour la maitriser comme et selon le réel, bien plus grand que le monde et tout ce qui s’y rencontre, de nocif bien sur mais aussi de satisfaisant, parce que notre exigence est toute-autre, toute-autre que la satisfaction aussi bien que la douleur du monde, du vécu ou du corps. À l’altérité invincible de l’univers, une Exigence encore plus invincible.

Et sans cesse le monde, le vécu et le corps, qui sont constitués du même matériel, se réinstallent dans la structure et abaissent l’intentionnalité qui n’a pour résister qu’un invraisemblable, un formel, autant dire rien, sinon de se confier, littéralement, à la forme de notre regard ; pour cela il faut d’abord le récupérer.

Aussi l’altérité (que le monde n’a pas de sens ou que l’on puisse douter totalement de tout et s’en désinvestir, de Descartes à Nietzsche, ou de Freud à Lacan) l’altérité nous ouvre-t-elle largement la possibilité. La possibilité de se rassembler sur le seul structurel. De n’être plus convaincu que de cela.  A condition que chaque arc de conscience, chaque structure se connaisse selon son expérimentation accélérée et augmentée et réfléchie (sur un nouvel horizon à chaque fois ; rappelons qu’un horizon permet de positionner sous son égide et donc d’entrer dans une stratégie ; sans horizon pas de stratégie).

D’une manière générale on a analysé notre réel (depuis dieu, la pensée, le sujet et l’altérité) et on a déplacé constamment la ligne de compréhension, en passant d’un regard à l’autre ou d’un regard à un horizon ; à charge de découvrir quel est l’horizon actuellement accessible. Et on a situé cette ligne d’horizon sur le présent, sous-entendant par là qu’il fallait, impérativement, dresser le présent comme exigeant, au plus instantanément, toute la portée, toute la tension dont il est capable ; rappelons que l’on définit l’arc de conscience comme une tension sortant de la cervelle vers le donné « là », vers le présent. Il faut tendre la corde et tirer la flèche. Mais ceci ne peut pas s’accomplir dans le désordre ; l’arc de conscience aussi intense ou augmenté soit-il est une articulation, ce qui veut dire ne s’opère pas sans distinction ; son principe même est la distinctivité.

Il ne faut pas compter sur une facilité ; et il faut comprendre l’ensemble des va-et-vient ainsi l’intuition de la structure par elle-même, qui se communique directement de son effort tel quel, n’est pas une « intuition » qui aurait trait à une réalité, mais une structure de conviction et de conversion ; conviction envers la nation, juive, musulmane, ou conversion révolutionnaire, conviction et conversion pour le réel sujet et son dispositif, et pour la tenue du Bord de toute cette altérité de cet univers qui étend son immensité mais qui ne peut défaire la forme de conscience intentionnelle arcboutée au présent réel : il n’y a aucune raison de déchoir, de s’effondrer dans l’altérité du donné, puisque l’altérité est la loi non de dispersion mais de distinction.

On a dit déjà que le christique révolutionnait intégralement toute vie humaine ; entre autre et spécialement, il ne suffit pas des œuvres, aussi généreuses soient-elles, mais de l’intention que l’on a animé et dont les œuvres sont, éventuellement, les effets. Le christique ouvre un insondable de l’intention, qui rend impératif le par-don, renouvelant constamment l’appel, la Possibilité de l’intention et non des œuvres (ou de la Loi dépassée par la Foi, St Paul)

Intention réelle non exactement connue, au point qu’au moment de la mort vous sera révélée votre réelle intention, celle qui vous a mené tout au long : qu’avez-vous vraiment voulu ? Vous vous ferez face  –  et « accessoirement » le christ ne vous jugera pas, parce que c’est vous-même qui vous jugerez, tout comme vous vous êtes jugé au cours de votre vie, de sorte que ce qui vaut, éventuellement pour l’autre vie (si vous êtes croyant) vaut aussi pour cette existence-çi ; qu’avez-vous vraiment voulu et qu’avez-vous désiré, décidé, et fondamentalement perçu durant cette vie, et l’avez-vous transformé en existence et en quel sens ? Le christique introduit l’intention que l’on interprétait comme « morale », mais en vérité qui pose la question ; qu’as-tu fait de ta vie ? Qu’est-ce que tu as réellement voulu ?  

De ce qui est réellement voulu durant une existence, c’est bien, autre parallèle, l’interrogation, l’exigence qu’impose Sartre (et Lacan, « ne cédez pas sur votre désir », comme éthique). Dont et y compris l’appel aux autres ; on ne peut pas décider seul et rien que pour soi, puisqu’alors on « oublie » le réel, et que l’une des possibilités de la structure est précisément et depuis le début, la nation des volontés (et non plus seulement de l’identité ou de l’ethnie) et/ou la révolution (et au plus l’internationalité de la révolution). Or on ignore de quelle intention à propos de l’existence chacun est l’effet ; on ignore sa propre intention (de là qu’il faille le christique pour qu’elle nous soit révélée et qu’ensuite il s’agissait, usant de l’intuition structurelle christique, il s’agissait pour tous les sujets de pousser au plus extrême activisme cartésien sa distinctivité constitutive de tout, de tout champ perceptif).

Remarquons qu’il n’est aucune mesure objective ou relative au monde ou à quelque démarchage de morale à proprement parler ; mais de dénuder les fils, les fils de la structure telle qu’elle se dispose pour chacun, et souvent de les dénouer d’abord, ce à quoi s’use une vie, grosso modo ;  même si effectivement et de toute évidence toute immoralité, inhumanité, éjecte de fait  le titulaire, puisque de s’abaisser selon le monde ou le vécu ou le corps, remplaçant sa finalisation structurelle par des finalités emplies de monde et d’affaissement, infléchie, plie vers le bas et même détériore l’intentionnalité dans sa consistance (même si son inconsistance est de fait hors-monde, hors vécu et ne peut être détruite par le monde, sauf à s’y enfoncer).

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Le réel plus grand que lui-même

6 Avril 2019, 10:02am

Publié par pascal doyelle

La pensée est donc parvenue à se saisir de la racine existentielle, phénoménologique, ontologique de tout notre être et elle a découvert que ça n’est pas un être mais une structure ; une structure en forme de rapport, ce qui veut dire une structure ouverte.

De même que le présent est la structure de la réalité, et comme tel absolument ouvert sur et en tant que possible. Le possible règne. Et si le possible règne c’est que le réel (soit donc la forme des réalités) est un rapport, et qu’il n’existe rien d‘autre que la structure en forme de rapport, ce qui se nomme le sujet.

Et si on est parvenu à la racine c’st que ce qui se nommait autrefois « subjectivité » est lui-même pris dans un processus hyper-objectif, formel, et que tout moi est déjà dans la forme de cette structure qu’est l’arc de conscience. Le moi apparait pour-lui-même dans le champ perceptif qui n’existe que dans les fragiles tissages de l’intentionnalité.

On remarquera qu’il est impossible de totaliser toutes les choses et que donc l’être n’est pas sinon comme effet de la structure du présent qui mémorise ses pérégrinations en tant que réalités, choses, déterminations ; les déterminations ne sont rien que les mémoires acquises par le parcours du présent. Le moi n’est rien d‘autre que la mémoire de l’arc de conscience qui par ex se nomme Pierre ou Paul ou Isabelle, c’est juste une désignation, un signe par lequel tel Je se désigne dans le monde comme étant un tel ou une telle. Ça n’est pas qu’il n’existe pas de moi, il est juste effet et mémoire du parcours que par ailleurs le je qui est bien plus étendu et plus puissant que le moi, réalise, rend réel, et par lequel moi cette vie, ce vécu se transforme ipso facto en existence ; ce par quoi on existe pour et vers soi-même. Lorsque Pierre dit « je suis Pierre », on voit qui est Pierre, mais qui est « je » ? On ne sait pas, c’est le sujet dans le pli duquel il y a un moi, mais aussi des possibilités universelles, ou des mouvements révolutionnaire et donc une historicité, ou un inconscient ou des quantités de perceptions. Les subjectivités y compris sont prises dans la structure ; si il y a des sciences ou des mathématiques c’est parce qu’il y a un « sujet », et si il y a des mois et de l’intériorité c’est parce qu’il y a un « sujet », cette structure activiste, cette forme ouverte, ce rapport de tous les rapports.

On a déjà vu que les mathématiques, il en existe des tas, et donc peut-être même d’autres sortes de mathématiques ou d’autres sortes de temps ou d’espace, etc ; ça ne signifie pas que les maths soient erronées ou non objectifs, mais bien le contraire que le sujet qui porte ces maths est lui-même hyper-objectif et contient, potentiellement, les consistances ou les inconsistances que l’on voudra dans son insistance absolue, cad formelle, on y reviendra, et le processus général est de comprendre que l’on a commencé d’élaborer depuis la méditerranée, les grecs, les juifs, le christique, etc, un hyper-sujet en tant que structure effective du réel pur et brut ; et le sujet est toujours hyper, un sujet non hyper est une contradiction ; « sujet » est la forme structurelle du réel, on ignore juste jusqu’où, jusqu’à quel degré le sujet peut s’instancier, et c’est la raison d’être de tout ; que l’on avance au plus loin dans la structure-sujet antérieure à tout, au donné, aux mondes humains, aux objectivités set subjectivités ; la structure du rapport de tous les rapports, dont on a répertorié toutes les possibilités dans le monde connu, le vécu ou le corps et la perception, qui sont, ces réalisations, des inventions, et dont le seul sujet tient l’objectivité ; il est grand temps que l’on passe des formulations théoriques qui restreignent le champ ontologique à la « pensée », alors que depuis Descartes c’est la structure en forme-de sujet qui est découverte, dénudée, comme les fils du réel, et que du reste le Un de Plotin, le Bien ou dieu manifestaient déjà cette structure au fondement de tout, qui seule peut autoriser de remonter dans le réel pur et brut, et de comprendre dieu, l’universel, le sujet lui-même dans un horizon suffisamment strict. Il s’agit donc de situer toutes les expériences sur le plan unique du réel tel que « là ».

Et la pensée qui s’est auto-dépassée si l’on peut dire, a transformé la réflexivité qui permettait de créer un système cohérent (cad de maitriser l’intentionnalisation, le nouveau champ de perception, par un nouveau langage, de nouveaux signes) en réflexivité ontologique ; le christique est le nouveau champ de référence qui autorise de marquer, repérer, cartographier le champ du sujet individuel (ce qui rend possible de reprendre la totalité de la pensée grecque dans la théologie qui est évidemment tout autre chose que simplement une religion au sens habituel, et il faut entendre religion dans une possibilité de structure générale de toute conscience humaine). Par « réflexivité » il faut comprendre, retour-sur et retour-sur cet être tel que « là », l’articulation intentionnelle généralisée (que l’on nommait universalité ou pensée) ou cet être très précisément tel que « là », situé sur l’étendue du monde et que l’on commence de décrire seulement à partir de Descartes en et pour lui-même (en se détachant au fur et à mesure des recouvrements de l’universalité seule, Kant accentue formidablement le décrochage  sans quitter du tout l’universalisation, mais restructurant cette universalisation, ce qu’il désigne par le transcendantal, la reconstruction intentionnelle qui n’est plus seulement idéelle, relative aux idées, mais aux signes par lesquels un sujet perçoit son propre champ, de sujet et auquel il veut donner son (hyper)objectivité).

On a donc bien avancé et même Nietzsche ou Heidegger qui paraissent si éloignés ou le prétendent, font partie du même devenir réflexif et si Nietzsche nous présente la pure et brutale affirmation du Je, Heidegger détoure ce Je dans son lieu  étrange (l’Etre de H est le présent, vide, mais formel, et la structure par-dessous non aperçue par lui). De même que Sartre et Lacan l’un explosant la phénoménologie (qui n’est plus attachée à ses contenus, idéels, mais au corps, une conscience pour et par chaque corps, il existe pour Sartre un quasi champ de perception, à l’assaut duquel Merleau-Ponty se destine) et l’autre dénouant les plis et replis de l’arc de conscience pris-dans-un-corps, un vivant qui insupporte cet arc, cette structure ; un être vivant n’est pas spécialement prédestiné à supporter, souffrir par et dans une structure de conscience ; ça lui fait mal, ça le désarçonne totalement (un animal est dans et par son milieu, un arc dans un corps est vers le monde, cad un horizon incompréhensible).

Nietzsche et Heidegger relèvent cependant de l’altérité. Si il y eut dieu, la pensée et l’être et l’universel,  le christique et le sujet et la révolution, vient à la suite ce en quoi existe le sujet ; à savoir l’altérité de tout. Ce qui se délimite par la philosophie évidemment mais aussi les esthétiques qui explosent le champ de perception, ou le poétique (Rimbaud renouvelle le christique, le surdivin, de même que Nietzsche), mais aussi par les sciences ou le monde historique (qui crée une humanité dans le monde, au point même d’imaginer une humanité national-socialiste ou communiste ou ultralibérale, le trans-humanisme par ex pour nous et entre autres). Tout cela c’est ce en quoi le sujet, qui s’est acquis par Descartes, Kant, la révolution et le statut de citoyen ou de sujet (de roman, de cinéma, etc), ce en quoi le sujet existe.

Et le sujet de Nietzsche est la sur-volonté (un sujet dépourvu de « soi », qui s’objective dans une « force ») et le sujet de Heidegger sur-prend le sujet dans ses affects qui l’expulse de lui-même ; ce sont les affects non du sujet mais de l’Etre (l’angoisse, etc, ce par quoi l’Etre nous imprime sa signification non humaine, non libre, non démocratique, non humaniste, etc). On revient à l’hyper objectivité, bien plus stricte, avec Sartre et Lacan qui analysent, littéralement et dans tous les sens, l sujet dans sa structure. De manière non imaginaire, contrairement aux deux premiers, mais toujours en décloisonnant le regard de ce qu’il regarde ; cad en cessant de croire aux contenus. L’altérité du regard était figuré par Nietzsche Heidegger dans leur formulation même, la Volonté, l’Etre, et comme tels n’étaient absolument pas étrangers au vrai, au réel, à la forme ; c’est juste que la forme a trouvé par là à s’exprimer comme Autre, ce qu’elle est réellement ; réellement Autre. Mais l’altérité de la structure est ce qui éclaire Sartre et Lacan.

Sartre et Lacan observent tout comme une étrangeté et Sartre examine le sujet pris dans les autres, le monde, l‘historicité, son corps extérieur, etc, et Lacan par l’étrangeté que tout moi éprouve profondément et jeté dans l’altérité du réel pur et brut,  ce par quoi tout moi essaie de combler l’horreur et l’ignoble, l’immonde, l’impossible conscience de ‘soi’ réduit à ce corps-là, sa matérialité vivante. A l’impossibilité qu’a une conscience de se représenter le corps donné ; elle le recouvre de signes. Et ces signes ne sont pas forcément idéaux, idéalisations, mais effroi et étrangeté. Tout moi est en fondamentale panique et pour supporter cette altérité il doit recouvrir constamment la réalité, ce qui lui permet de ne pas séparer le réel des réalités ; ce qu’initièrent les existentiels.

Le réel est le plan tangentiel qui coupe les réalités et le cycle des choses et des corps, et expose leur non-évidence. Pour un sujet il n’est de réel que l’invisible et le non immédiat, qui précède toutes les immédiatetés ; qu’il perçoit à partir de dieu, de l’universel, du christique et du sujet ou de l’altérité, le plan de occupe instancie la dimension. Que l’on comble comme on peut. Par l’imaginaire nietzschéen ou heideggérien, ou par la réflexivité qui tente de relier les points que l’on peut dire transcendantaux ; par ceci on peut d’une part saisir qu’il est temps, donc, de réunir les descriptions (qu’elles se soient figurées ou configurées par dieu, la pensée, le sujet ou l’altérité) et d’autre part cela veut dire de comprendre universellement la structure en question ; celle qui cause tous les effets et qui se déplie sur son propre plan.

Puisqu’il est structurel l’arc de conscience veut saisir  cette altérité puisque ne comprenant pas du tout le décalage, introduisant l’explicitation divine, les caractères métaphysiques, ontologiques, transcendantaux, existentiels et d’altérité. Et non seulement il veut la saisir mais il ne peut que la re-présenter dans le monde, le donné, afin de se contrôler, de se manœuvrer ; il lui affecte des signes.

Remarquons que ce faisant on ne réduit nullement le divin, pas plus que l’universel, ou le sujet ou l’altérité ; il existe non seulement effectivement un décalage mais il est dit ici que le décalage est le réel, pas une fonction afférant à « la réalité », mais le réel comme pli dans lequel se situent les réalités ; ce ne sont pas les réalités qui produisent un présent, mais le présent qui contient les réalités ;  les réalités sont les plis créés par le pli gigantesque. Lequel peut être défini comme le retour des infinis sur eux-mêmes (et par lequel retour il existe des infinis ; cela seul qui est sujet, au sens structurel (qui subsume dieu, l’universel, le sujet et l’altérité) peut supporter, porter les infinis (le néant, l’être, la détermination comme réalités, l’exister de ces réalités, les unités dans ces réalités) ; c’est la capacité de re-tour, cad finalement de rapport, le dernier rapport, le mouvement de re-tour qui instancie les réalités et les structures. On y reviendra.

De même, bien que l’on pourrait ne pas saisir le rapport, lorsqu’un arc de conscience monte de niveau pour approcher le sujet, la structure-sujet, il ne doit pas seulement élever telle ou telle qualité ou qualification, mais il doit augmenter, intensifier, accélérer, sur-objectiver (selon donc l’être, le sujet christique puis cartésien, et enfin selon l’altérité) l’ensemble du mouvement qu’est cet arc de conscience ; il doit user des esthétiques, de la révolution ou de l’historicité, de l’éthique ou de l’analyse afin de dériver constamment son arc de conscience, son faisceau opérant au travers de tous les domaines réels. Puisque ce que l’on approche c’est la structure, le rapport, le faisceau originel qui commande toutes les autres réalisations et qui n’est autre que l’intentionnalité (de là l’importance de sa découverte plusieurs fois entamée ; suspension cartésienne, transcendantal kantien, Husserl, Sartre).

Il ne faut pas partir d’un état supposé de manque ou de vide (puisque le dit vide de la structure de conscience est formel et donc n’est pas un vide), mais de ceci qu’il faut ajouter. Il faut ajouter à l’articulation qu’est de fait le réel. Ajouter à l’ajout en quoi consiste tout le réel, jamais en repos, activiste. Le réel est assuré, il faut viser en plus et plus haut et plus grand. Le réel est plus grand que lui-même ; c’est sa finalité. De créer un infini encore plus infini. Cela revient à dire que ce qui est pose la question de la nature même de l’infini ; c’est la question qui oriente la totalité de tout ce qui fut, est, sera et c’est cette question qui fera retour, qui opère continument un retour afin de s’élever encore plus ; il dépend de chacun d’avancer dans l’arc structurel-sujet et ainsi de poursuivre le dépassement du réel par lui-même.

Et ceci concerne l’origine, celle antérieure à tout moi, tout monde humain, tout monde tout court, toute réalité ; il n’y a aucune raison que la structure du réel soit infiniment éloignée, mais alors l’infiniment réel est ici-même ; c’est ce à quoi on a affaire, toujours et rien d’autre ; et si il est ici, alors il se meut, son mouvoir est ce mouvement qu’est le présent et il existe au moins un être qui s’instancie en et par ce présent, selon son champ perceptif renouvelé, s’effectuant en et par l’actualité ; l’être qui est un rapport, et si il est un rapport il ne peut qu’être ce rapport (sinon il est dans ce qui est en rapport et non le rapport lui-même), et il est rapport afin d’être rapport dans le rapport, arc de conscience dans le présent, mouvement dans le mouvement. Mais qui ne voit pas que ce mouvement interne à la surface externe du réel est une augmentation, une intensification, une accélération, une hyper-objectivisation ?

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