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instants philosophie

Le mouvement rapide de l'exister

26 Septembre 2020, 08:09am

Publié par pascal doyelle

Ce que l’on nomme « présent » est non pas le présent coincé entre le passé et le futur, mais le présent matriciel, la structure d’engendrement, l’agissement qui poursuit les mondes et les actualise. Ainsi tout point, tout ici et tout maintenant, est le point unique qui agit ; il n’est en vérité qu’un seul Instant qui contient tous les autres (ils sont tous formels et la forme n’a pas de composition). Tout instant est l’agissement lui-même ; c’est dans cette dimension (qu’elle soit fonctionnelle ou dimensionnelle en propre) que l’on est introduit.

On a déjà atteint la Possibilité, plusieurs fois.
Dieu, l’être/l’universel, le christique/le sujet, le réel formulent les accès vers la structure.
Soit la structure fonctionnelle (le réel est un Pli)
Soit la structure dimensionnelle (le pli est le Réel).
Au choix.

Pareillement on a vu que nous ne sommes pas, nous ex-sistons. Nous existons veut dire que notre être est une structure, un rapport, une forme splittée et donc on ne pourra jamais en aucune manière nous unifier ; la division est la loi, le principe, la possibilité même. Tout attente selon l’être est une imagination, une re/présentation qui fige le regard, et empêche de se concevoir comme mouvement et de comprendre que si il n’existe pas d’être compact, de consistance, de solidité, par contre il faut entrer dans la vitesse du mouvement.
Lui seul est réel, lui seul existe.
Si on n’admet pas le mouvement, on continue d’imaginer dieu, l’universel, le sujet ou le réel comme des 'choses fixes'.

Or pourtant depuis le début dieu est pur mouvement, Platon ne conçoit que les idées dynamiques qui rendent perceptibles les réalités et le Bien comme perfection agissante des idées elles-mêmes, le sujet est un dispositif et non un être (de Descartes à Sartre en passant par Kant et Hegel) ; si l’on conçoit toutes ces possibilités du dedans d’elles-mêmes, on saisit immédiatement qu’elles se meuvent, mais si on les observe du dehors, extérieurement, on croit que Platon nous entretient des idées comme de choses fixes.

Mais donc que le réel existe en mouvement est su depuis le début, mais exprimé autrement et qui requérait autrefois l’activité du croyant, du penseur, de la foi, du sujet cartésien, etc, mais non pas perçu extérieurement. Or notre statut de « moi » nous éjecte hors de toutes les mises en forme structurelles qui eurent lieu ; le moi fait office de filtre, repoussant qu'il ne soit pas là et niant toute suréminence, cloué sur le sol, déversé dans la seule vie mortelle, le moi qui nous abandonne au monde sans aucun recours ; livré à cette seule vie, ce vécu, destiné à la disparition, finale celle de la mort, mais également la constante disparition de tous nos objets intentionnels qui s’effilochent dans le monde, le vécu, l’image, le flux, le relationnel, et ça n’est pas sans raison que l’ensemble de tous nos micro-mouvements se sont démultipliés indéfiniment, consommateurs de tout le n'importe quoi ; c’était leur destination effective ; se perdre. Le moi, sa typologie, nous abandonne sans possibilité de structure, usant sa liberté à de pauvres fins immédiates. Ce dont il ne se rendra compte qu’à la fin (et il s’en rendra vraiment le compte sonnant, il s’en est déjà rendu le compte et est déjà la décision, cette décision qu’il existe ; ce qui existe en tant que rapport n’est pas selon le temps ... Ou si l'on veut il existe une a-temporalité, fonctionnelle ou dimensionnelle).

Il n’existe que la structure pour nous extraire du donné tel qu’il se déroule comme dissolution ; tout ce qui aboutit au monde, au donné, au vécu ou au corps tombe indéfiniment dans la réalité. Seule la structure de début existe. Et seule une structure peut élaborer une stratégie, sous peine de mener quantité de tactiques mais peinent au ras du sol. Il s’agit donc de saisir le mouvement au vol. Le réel est uniquement et exclusivement un commencement, l’indéfini commencement qui re-vient (le renouvellement christique, la possibilité toujours universelle de la pensée, la décision existentielle du sujet). C’est ce que l’on tente constamment, selon le désir ou les désirs divers et tentatives qui reprennent sans cesse, puisque ça ne peut pas aboutir à un résultat réel, donc cela se recycle continuellement.

Le problème est que notre être est un rapport et donc pas un être du tout, et on a dit et ajouté que si il est un rapport c’est que le réel est tout entièrement lui-même un rapport ; un mouvement qui s’adresse, qui est adressé, en destination d’une Possibilité. On a désigné le présent, l'ici et maintenant, tout ici et maintenant (chacun existe dans l'ici et maintenant actuel, il n'y a personne qui existe nulle part ou dans un présent autre ou un autre présent ; le présent est la limite interne de toute réalité) . Et puisque ce mouvement engendre tout, toutes les réalités, il peut ou doit être dit hyper-objectif. Ce qui se doit autrement qu'à notre être ; la conscience-de n’est pas « subjective » (ce qui à ce niveau ne veut rien dire) mais est une structure hyper-cohérente (qui tient dans sa vue tout subjectif, tout objectif, toute perception, toute absorption des données venues du corps vivant, du monde, c'est un rapport "poreux", perméable, un rapport étant de fait ouvert, et formel et non déterminé en lui-même ; que la réalité, la nature a inventé ou qui fut créé, par dieu, ou qui s'engendre dans la réalité parce que le réel est formel puis déterminé, mais dans tous les cas ; une suréminence).

Cette hyper-cohérence c’est cela qui se voit lorsque l’on veut penser ou adresse notre propre intention à dieu, vers l’être (ou le bien ou le un de Plotin ou l’Être de Heidegger ou l’existence), le sujet ou le réel ; c’est cela qui se voit parce que ça ripe. Ça ripe parce que l’on aboutit non pas à un « être », à une consistance, une solidité mais un mouvement ; dieu, l’être/le bien/le un, le sujet ou le réel sont des mouvements. Ils doivent être pensés, perçus, intentionnalisés comme tels. Or on ne peut pas sauf à se modifier soi-même ; un mouvement on ne le saisit pas… on en est saisi.

Le philosophe est décentré par l’universel, le corps exposé par le regard christique, le moi perdu-retrouvé par le sujet cartésien (ou kantien, hégélien, husserlien, sartrien, ou nietzschéen, heideggerien, sur leur mode propre). On se perd à être-saisi, mais on se glisse alors dans le mouvement même, on ne sait comment, ou du moins (parce que l’on n’y habite pas, dans le mouvement, il nous éjecte instantanément ; il est le Bord qui tient au-devant toute réalisation) dont on peut obtenir de près ou de loin une intuition, une vision, une illumination, une révélation, une sur-évidence absolue, un mouvement rapide de l’œil par ces structures, lorsqu’elles nous agissent.

De là qu’il y ait révélations soudaines, et peut-être dans votre vie elle-même cela vous fut-il communiqué, on ne sait comment, par où ou pour « quoi » ; comme c’est un rapport, une forme, elle ne prend que diverses apparences du monde, du vécu (et du relationnel) ou du corps et si la structure s’y manifeste ça n’est pas ceci ou cela qui s’expose mais la forme qui se communique, qui se transmute ; dieu, la révolution, une œuvre ou une décision, ça se transmet. Étant la forme même antérieure à toute réalité (et toute réalisation, réal-isation, humaine ou individuelle) elle se saisit de toute et n’importe quelle manifestation du monde ou du vécu ou du corps.

L’intuition de cette forme est agissement. Agissement ou activisme ; le réel est entièrement activité et de là nous supposons (et c’est une hypothèse, une thèse) qu’il est, fut, et sera activité ; un kaléidoscope gigantesque (puisque, quand même, il occupe tout ce qui est, il dépose là tout l’être, dans toutes les régions de réalité (quant bien même y aurait-il plusieurs univers ou plusieurs sorte d’univers ou équivalent) et dans tous les domaines, connus ou non connus, qu’on suppose infinis en nombre, a priori, pour les raisons du néant infini, par état, et donc du réel infini conjointement à ce néant ; tout le néant est occupé par toutes les formulations de la même forme, du même réel). Kaléidoscope dont on suppose ou admet ou imagine, si l’on veut, qu’il se meut. Toujours, constamment et continuellement. Il n’est qu’agissement et devient et donc, puisque la Perfection est la continuité même du Possible brut (néant/être - être comme déterminé/exister - arc du présent/arc de conscience) on peut dire qu’il y a possibilité afin que la perfection se perfectionne (on a vu que la perfection est le perfectionnement, sinon c’est un 'être' inerte, mort, non existant, vide, rien).
Cela seul qui est en capacité de se perfectionner, c’est le dispositif-sujet (dont ce que nous nommons « sujet » n’est que la pâle ébauche déjà tellement difficile comme telle à entreprendre).

Et donc il vous est, peut-être, arrivé de saisir, ou donc d’être saisi par l’être, le réel, le sujet, dieu, l’universel, la révolution (et son caractère universel et/ou individué), par une œuvre et une poétique ou une esthétique, un éblouissement, une révélation absolument existentielle, durant et au beau milieu de votre vie (au début, au milieu ou à la fin, puisque ‘il s’agit d’un aperçu soudainement structurel qui est hors-temporalité, on Voit selon la Vision, puisque aussi bien on a dit que la réalité est elle-même manifestation et champ de perception, dont notre sujet à nous, notre structure de conscience est une certaine pliure dans le Pli gigantesque du réel brut).

La finalité est ainsi, a priori, le perfectionnement ; le perfectionnement du Pli lui-même et pour chacun le perfectionnement de la conscience-de qu’il a, qu’il en a, qu’il ex-siste ; il l’a, donc il ne l’est pas ; il l’existe comme autre ; « avoir » obtient ici le caractère de distance, le ce-par-quoi, un tremplin, un sauf de l’ange.

Reprenons ; si le mouvement existe (et est donc cela seul qui existe vraiment), nous ne sommes pas. L’être est relatif ; relatif au mouvement ; le mouvement est l’absolu (on ne saisit à vrai dire rien du monde, du vécu ou du corps, on fait-semblant ou on imagine que l'on saisira ; il n'y a, à vrai dire, pas d'autre choix que d’excéder le choix lui-même, se con-fier, admettre que le plus-grand .... est plus-grand). Notre conscience, qui est intentionnelle, s’installe dans le présent et suit le mouvement ; elle est mouvement parce que l’intentionnalité est un rapport mais aussi parce que le mouvement harnache un signe et une perception (ou plus sûrement un signe et un signe) ; le mouvement de conscience est un raccourci temporel. On relie un signe et cette perception mais ils ne sont pas attachés « au même instant » ; il faut deux instants pour que l’un bascule dans l’autre ; une conscience-de est un arc au-dessus de deux moments de temps ; on se souvient du premier tel qu’il est cité dans le second.

Ça n’est pas une opération magique, c’est simplement que l’arc, la conscience est un rapport ; et ça n’est pas le signe (ou le langage) qui détient ce que l’on perçoit, c’est seulement grâce à cet outil que l’on perçoit, distinctement, telle perception ; ça va vers le donné ; c’est pour cela qu’en vérité la psychanalyse pourra toujours ramener une idée, une image, un idéal à une disposition du corps ; c’est toujours un morceau de corps… le moi est toujours un fétu de paille sur l’océan de l’inconscient, la science ou l’objectivité sont, pour l’inconscient, des symptômes ; le moi quoi qu’il pense sera toujours un prétexte de ou pour. Rappelons que si le moi est toujours une partie de corps, l’arc de conscience, et le sujet, part toujours d’en haut ou de l’horizon ; il est déjà détaché et autre. Ce que l'universel, dieu, le christique, le sujet, le sujet révolutionnaire, l'e créateur, l'artiste, le poète, l'exigence éthique, créent c'est en-plus ; ils 'ajoutent. En plus du moi (qui lui, bricolé, gargouille dans son coin, son coinçage). La sortie est en-haut (lorsque l'on se quitte et est saisi).

Ce que l’on veut dire c’est que le décalage est extrêmement fragile et subtil et millimétrique ; pour illustrer on dira que 98 % de ce que l’on est, est déterminé mais que ce sont les 2 % qui comptent, puisque ce qui va déroger à la réalité est ce qui va bouleverser la réalité ; sinon le monde ou la vie roulent selon l’habitude.

Pour la psychanalyse on en tirera la leçon qu’il n’existe qu’une seule surface, mais elle est placée au-devant ; à la surface du corps (en tant que corps donc) ; ce qui permet au système intentionnel d’absorber toute information, perception, émotion, etc, telles qu’elles surviennent, même celles que le conscient (cad la part définie, explicite consciemment) ne contrôle ou ne remarque pas ( cad celles qu’il n’intègre pas dans une computation consciente). On se souvient que l’arc de conscience n’est pas le système conscient ; l’arc de conscience est le mécanisme qui lance toute la perception et use de signes, mais ces signes ne sont pas nécessairement « du conscient » ; sinon on passerait notre temps à réfléchir tout ce que l’on ressent ou perçoit ; on perçoit toujours beaucoup plus que ce que l’on retient. et ce dans le donné, le vécu. Mais de plus on intuitionne encore plus selon le haut, le possible, la possibilité, le sujet ; il y a une sur-conscience potentielle, qui retient toujours son virtuel à part, une puissance qui cherche l'acte, l'activité, l'activisme (or le moi ou le corps souffrent déjà de cet arc sur-puissant qui les déchaussent).

Aussi la performance en propre de l’arc de conscience qui consiste à se tenir en avant (la cervelle lance l’arc vers le monde et celui-ci revient, chargé de quantité de données, dont quelques unes re-marquées, signifiées ou en moins grande part signifiées-consciemment),

sa performance donc est de se supposer en cet en-avant ; il signifie (cad désigne, du doigt si l’on veut, du doigt structurel) l’horizon parce que non qu’il perçoit cet horizon seulement, mais bien qu’il se perçoit à partir de cet horizon (qui doit être au minimum affecté d’un signe ; le grand horizon étant dieu, l’universel, le sujet ou le réel, et leurs dérives diverses, faisant office de). La performance de l’arc de conscience est de positionner le sujet (qu’il soit dieu, l’universel, le sujet proprement dit ou le réel) ; de positionner le rapport. et il est sans cesse écrabouillé par l'Autre, l'altérité de structure.  Mais ayant en vue ce rapport, noté tel quel, il peut ensuite commencer d’ordonner, d’organiser, de hiérarchiser, de penser, d’imaginer, tous les rapports potentiels en deçà de l’horizon, du un, du point, du réel, de sa liberté, etc. Ce qui ne s'opère pas dans le calme et la sérénité, le bonheur et la stabilité ; c'est littéralement l'in-satisfaction, l'impossibilité, la grande possibilité écrasante (entre l'écrabouillement et l'écrasant, il faut choisir).

On dira comment intriquer la surface du corps (psychanalytique) et l’arc de conscience ? Mais c’est qu’il ne s’agit pas du tout de penser monolithiquement ; il n’y a aucun « moi » ou « conscient » qui existent en eux-mêmes, froidement, extérieurement ; il n’y a qu’un seul champ intentionnel mais comme il est formel (cad non déterminé) il intègre, absorbe, admet, comporte quantité de toutes sortes d’informations, de champs (un champ qui ne crée pas des champs n'en est pas un).

Si le moi peut se tourner vers la psychanalyse, et si effectivement il « résoudra » (ou à tout le moins aplanira les difficultés de sa personnalité) il est clair que par ailleurs (par ailleurs donc) à l’opposé le dit champ de conscience va poursuivre, en suivant son propre fil, la difficile direction de son intentionnalité ; le point au-devant, celui qui pose l’horizon, celui qui suppose un rapport qui lance le processus de mise en chantier de tous les rapports accessibles (tandis que le moi tourne en rond entre son conscient et ses signifiants attachés). Il est des rapports qui collent à même le corps (inscrits comme signifiants sur et par le corps, dans l’horizon de ce que suppose, imagine le corps, à savoir la jouissance impossible et qui tourmente le moi) et il est des rapports conscients explicitement exprimés, plus ou moins (qui chosifient) et il est des rapports potentiels (qui sont accessibles à tout arc de conscience, pour peu qu’il le décide) et qui conduisent à dieu, l’universel, le sujet (la liberté), le réel, les oeuvres, l'éthique.

Le point supposé structurellement (comme dieu, l’universel, le sujet ou le réel) ne s’utilise pas à nier le corps et sa surface, mais afin d’attirer ce corps afin qu’il continue de créer la surface, la surface nouvelle. C’est un mensonge, une illusion, une hérésie, une faute que de croire que ce corps est là tel que donné ; il n’y a rien de donné en l’espèce humaine ; elle est déjà toujours autre et si on stationne et stoppe le mouvement à croire que l’on est seulement ce que l’on est (sous l’injonction d’une science, d’une idéologie, d’une théorie, d’une image, des objets, qui effectivement sont déjà-morts) alors on fige le mouvement et le mouvement de toute manière continuera ; de même que Nietzsche refuse le christique mais que fait-il sinon offrir une nouvelle version christique ? (il est des faits structurels majeurs d'on ne sait où).

On veut dire que la forme structurelle il n’y en a pas trente-six, mais une seule, et son bienfait, et probablement son sens, sa signification, est précisément qu’elle soit une forme et va donc engendrer une quantité infinie de sujets (Badiou est bien en peine de définir ce que par « sujet » il entend puisqu’il ne peut pas du tout franchir la barre, pour lui, de l’universel ; tel "une vérité est sujet", c'est incompréhensible) ;

ici les sujets sont des sujets, des rapports, et des rapports en tant qu’ils existent « en personne » ; il ne s’agit pas de tenir là au-devant un rapport (de ceci avec cela) mais de discerner que chaque arc de conscience est ce qui est nommé « rapport » (et qu’ensuite il y a des rapports tenus extérieurement, à bout de bras pour ainsi dire, par, parce que et pour le sujet) ;

Dans ce corps, ce vivant, se crée ou fut créé un arc hors de la cervelle vers le donné tel que là … Inauguralement selon notre hsitoricité en tout cas, le corps du christ, par lequel chacun obtient d’être ce chaqu’un qui instancie le sujet (on entre dans notre propre champ en tant que je, certes premièrement sous le regard qui embraie notre regard, puis s'instanciant cartésiennement un par un, c'est pour cela que le christique élève l'égalité et puis ensuite René la liberté) ; il est cela même qui initie que chaque corps soit exposé en et par un arc. Aussi s’incarne-t-il dans le plus faible qui malgré sa souffrance, sa mort, son abandon, son exposition est et demeure une individualité, qui échappe à tout ordre ; en quelque abandon que vous retrouviez, il sera déjà là (c'est la signification).

La forme sujet est dite en un corps et il faut prendre absolument au pied de la lettre qu’elle fut initialement christique ; parce que nous nous tenons d’un corps, d’un être vivant déterminé vivant, et nous allons, de toute manière, fauter, ce qui, si l’on préfère, veut dire que nous allons nous tromper, nous égarer, nous perdre de vue, tomber de Charybde en Scylla, on sera, quoi que l’on veuille, dans l’erreur, la déroute, le n’importe quoi ; c’est ce que signifie en première propédeutique, le christique.

Propédeutiques et instructions quant au déploiement, par lui-même, du ressort intentionnel tel qu’il nous rend accessible la Possibilité (du sujet) mais aussi tel qu’il nous livre au monde donné là (et ce en dehors de l’ancien garde-fou que constituaient les sociétés humaines groupales, hiérarchisées, catégorisées ; rappelons que le christique signifie que chacun existe en et par lui-même selon son propre corps et qu’il est impossible dès lors de vous définir extérieurement, ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni libre, etc). Dans les nouveaux rapports (dieu, l’universel, le christique) peuvent se concrétiser de nouveaux rapports. Lorsque donc on prend conscience de cette conscience qui permet, justement, de produire des contenus (et non plus qui croit en son monde, maya ou égyptien), alors cet arc de conscience doit s’instruire, s’instrumentaliser lui-même, nommer son rapport et ainsi le laisser entrer dans de nouvelles relations, tisser un autre réel visible (comme structure opérative qui crée des contenus, des idées, des signes, des récits, des images, etc, de manière ouverte et non plus ritualisée ; l’esthétique, l’éthique et d’autres registres prennent leur liberté, et se constituent en tant que domaines à part entière).

 

Et le deuxième principe structurel est qu’il ne faut jamais céder sur son Intention… Elle ne se réalise pas, jamais, ne se retrouvera jamais vraiment en quelque partie ou part du monde, du vécu, du relationnel ou du corps, mais il ne faut jamais faiblir sur sa volonté, et donc plus exactement tenir, parier sur la souplesse infinie de cette volonté, renommée autrement « intention ». Intention parce que la dite volonté étendue qui courre le long d’une vie ne peut pas se ramener à une volonté ponctuelle, une motion consciente mais sur le sens que l’on va vouloir, que l’on a voulu, que l’on veut en transformant cette vie en existence.

Ce qui est tout à fait nettement le projet, le projet sartrien, qu’il y ait en et par chacun un projet, une possibilité, la possibilité de résolution de ce qui se désigne comme « existence » et qui devient alors pour chacun, problématiquement, ce qu’il ne faut pas quitter, abandonner et dont on aura à rendre compte…

De même que le christique ne nous jugera pas, mais que nous nous jugerons nous-même (le Huit-clos de Sartre, l’enfer c’est les autres mais en vérité que pense-t-on de soi ?). Nous-même face à nous-même sera, est constamment le jugement qui nous suit : tandis que le christique, lui prévient qu’il par-donnera, et c’est la troisième occurrence de la propédeutique généralisée du christique ; le péché (l’erreur), la foi (l’intention) et le pardon (le renouvellement continuel du possible).

Et le renouvellement et non plus la loi, juive, qui, forcément, vous condamne, puisque de toute manière dans les faits tout le monde échouera, mais que l’intention qui est la vôtre est justement cela qui est en question ; et qui, si l’on n’est pas croyant, peut s’entendre comme ; avez-vous poursuivi vraiment votre intention jusqu’au bout de sa capacité ?

Tous ceux qui prétendent que l’on n’est pas égaré, que l’on doit suivre sa nature ou que l’on est à tout jamais pur et innocent (que l’on ne sera pas jugé) se trompent et surtout trompent leur monde. Effectivement on en sera pas jugé … (c’est le christique même qui l’indique) mais on sera son propre juge et c’est encore plus difficile (ce que nient les grandes âmes illusionnées), encore plus extrême.

On n’échappe pas à la division ; il est inutile de croire en une sainteté, cad une perfection achevée pour ainsi dire, puisque le problème du réel n’est pas la perfection mais le perfectionnement ; la perfectibilité. Aussi le réel est-il déjà toujours articulé, autre, pli, et c’est dans et par le pli, la division qu’il y a des choses et des êtres (des réalités et des univers, des déterminations qui glissent constamment dans l’indistinction, sans jamais qu’il y ait « indistinction » totale, néant, puisque le néant n’est « rien du tout » et ne peut pas apparaître ; le néant est ce ‘en quoi’ il y des déterminations, des différenciations de champs, champs relatifs à une perception généralisée). Le christique ne cache rien, il nous en révèle même tellement que nous ne le comprenons toujours pas. On ne sait pas pourquoi notre arc dresse soudain l'infini cartésien. Ou pourquoi l'exigence sartrienne ou lacanienne créent le gouffre sous nos pieds et si Sartre est déjà auprès de nous, existentiellement (dépassant l'analytique de heidegger) Lacan avance encore plus dans le détail même du psychique. Mais nier la division et l’altérité ce serait encore plus s’enfoncer dans l’illusion et encore plus se mentir, encore moins créer de réelles intentionnalités, suréminentes au monde et au vécu ; illusion produisant quantité d’intentionnalités mondaines, immédiates, non-techniques.
De là que les philosophies, réelles, paraissent abstraites et à vrai dire « techniques » ; c’est parce que le réel est une technologie. On n’y échappera absolument pas.
Or il s’agit bien, cependant, de se rendre compte que si ça ne se rencontrera pas dans le monde, le vécu ou selon le corps, c’est qu’il ne s’agit pas du tout de la perfection mais du perfectionnement de la perfection, de l’agissement qui soutient et qui, plus encore, qui origine la structure (dieu et l’intentionnel unique), l’augmente (les grecs et l’universel qui couvre et révèle le monde), l’intensifie (le christique et le corps, le sujet et l’accélération du sujet cartésien et depuis la révolution) et la rend effectivement concrètement réelle ; depuis la révolution et ce basculement du possible abstrait à la réalisation en et par chaque un.

Formule qui, soit dit en passant, s’est étendue au monde entier. Partout il est établi (au moins idéalement ou idéellement) que tout peuple est constitué d’individus-sujets dans un État.

Le communisme a pu l’entendre comme universalité horizontale seule (l’homme générique et ses besoins, contre l’individualité et ses désirs), mais il n’était pas capable de supporter suffisamment de complexité du fait de son limitatif principe. On a déjà remarqué que l’individualité mourra et disparaîtra suite aux déchaînements de ses désirs (qui envahissent toute la réalité et mettent à bas la diversité et l’équilibre naturel), et ce pour la raison qu’il y aura succombé, à ces désirs, tout et n’importe quoi sans règle et sans organisation, sans colonne structurelle qui puisse le rendre capable d’ordonner l’intentionnalisation (puissance absolue capable de tout détruire, la nature, le corps, autrui, votre propre vie).

Rappelons que le christique est cela-même qui lance l’égalité de tous dans l’historicité mais qu’il faudra Descartes pour que cette égalité s’impose originellement comme liberté de chacun, ontologiquement comprise (et non pas admise par l’immédiateté) ; on peut bien reprendre toute la pensée grecque, hellénistique lorsque l’on se fonde sur la participation unanime de tous dans le regard du christ ; l’universel grec trouve là toute son extension. Mais sitôt qu’il s’agit de l’individuel sujet et de la liberté brute, c’est une autre histoire… Il faut dépasser l’universel et montrer une encore plus grande structure ; celle du je. Et ainsi au final comprendre le je comme la seule véritable cohérence. L’intention est passée du dieu unique au christique, du christique à chaque intentionnalité, individuellement manifeste et exprimée, afin qu’elle remonte dans son propre champ et aboutisse à son champ adéquat du réel brut (l’existentialisme qui en découvre l’affect absolu et formel ; l’existence existe).

Il faut attendre Nietzsche ou même plutôt Sartre (et Lacan en tant que l’individuel ne peut pas se contrôler extérieurement, le sujet est son inconscient qui n’appartient à rien ni… à personne). Parce que Nietzsche, Sartre et Lacan ont au moins ceci de commun que leur sujet ne se tient pas de lui-même (auquel cas il serait seulement le jouet de sa détermination, partie de parties diverses) mais se tient d’un Autre ; la volonté, le pour-soi (conscience comme champ intentionnel neutre) et inconscient.

De même, c’est entendu, que l’on se tenait de dieu, de la pensée, du christique, de l’infini, du transcendantal, de l’esprit (hégélien), etc. On se tenait de tout cela et non pas de "soi", de l'immédiateté.

Si notre être est un rapport, alors il est Le Rapport. Le rapport désigne quantité d'objets, dans des relations, mais il les traverse et si on ne se dirige pas vers le rapport même alors on traversera vainement toutes choses, toutes réalités. Ce qui est « rapport » absorbe toutes les autres différenciations ; le rapport, il ne peut en exister qu’un seul. Celui sur lequel on ne peut mettre la main dessus, puisqu’il dispose la totalité des réalités et que ne sont que les réalités ou ne sont que les mois, sauf l’exister des réalités et le sujet des mois ; qui sont invisibles et cela par quoi il est du visible, qui sont les regards par qui existent des champs de perception.

Que les réalités soient elles-mêmes en et par un rapport veut dire que l’on ne peut pas les saisir comme choses, solidités (il n’y a pas d’atomes, mais des mouvements, il n’y a pas de moi sauf dans le champ qui produit le moi). Ou donc que chacun soit son rapport et ce en tant que rapport ; chacun appartient à son rapport lequel n’appartient à rien. C’est en ceci que la liberté existe.

Et si la liberté existe alors elle se produit. Elle se produit et existe dans l’activité même de sa production, ce qui signifie dans le maintenant. Le maintenant est cela qui attire le surgissement de la liberté et qui, alors, se tient elle-même visible. La liberté suppose qu’elle se tienne elle-même dans son champ, non en tant que mot mais en tant que signe, et bien qu’elle ne se réalise jamais telle quelle, mais qu’elle soit cause de quantité d’effets qui relèveront à leur tour d’autres libertés, d’autres sujets.

Pour cela si la vérité se partage, la liberté se propage (et ne se partage pas, donc chacun est seul, tout comme chacun était seul face à celui-qui-est-tout-seul, le christ, ou tel que Descartes convoque chacun dans la singularité du cogito ; il se re-produira en chacun, un par un ; sitôt lu, sitôt su est le Fait cartésien).

Ce qui indique que la compréhension de la liberté ne peut pas s’effectuer sans comprendre ce que « rapport » implique ; et donc ceci que c’est le réel entièrement qui est appelé par et dans sa propre structure ; à savoir qu’il est articulation tout entièrement et que tout est suspendu au rapport de la perfectibilité indéfinie. Et que l'entièreté du réel se joue en chaque point du réel, chaque présent cause la cause. Chacun cause la Cause. 

Indéfini signifiant qu’il ne peut pas, le mouvement, être figé par le caractère d’infini ; qui ne le dresserait que verticalement, tandis que l’indéfiniment veut dire qu’il est en sa propre disposition et qu’il est bien au-delà de tous les infinis, qu’il devient horizontalement et c’est pour cela qu’existe une réalité (autrement dit le caractère infini n’explique rien du tout et est même impensable, irréel, non réalisable).

C’est ce que l’on disait ; l’infini est très commun. Le néant est infini, l’être au sens générique est infini. Puis (dans l’être générique) la détermination, la réalité est infinie, et l’exister de cette détermination, le réel de ces réalités est infini ; il ne s’agit pas de rejoindre l’infini (cad la perfection) mais de perfectionner l’in-fini en tant que le réel est plus grand que lui-même (ce qui serait impossible si il était parfait, et donc « parfait » n’obtient aucun sens du tout).

Or donc si il était parfait il appartiendrait à sa propre ‘nature’ (qui serait un ‘ceci’), mais étant indéfini il revient à sa décision, et est donc un sujet (seul capable de signifier ce que par perfectibilité on peut comprendre), ou plus exactement au dispositif-sujet dont on ignore le réel, n’en éprouvant que le début du commencement des possibilités,

et ce bien que, étant formel, l’entièreté de sa disposition nous soit déjà communiquée, telle quelle (par dieu, le christique, l’universel, Descartes, la révolution, etc) puisqu’une forme ne se compose ni ne se divise ; c’est seulement que la face du miroir est invinciblement difficile à décoder, notre regard ne percevant pas la potentialité de ce qui lui est envoyé. On ne connaît que selon la détermination, or le regard que nous jette le miroir n’est pas de la détermination, et impossiblement traduit il nous octroie la possibilité de suréminence sur les déterminations ; on perçoit dès lors à partir du signifiant qui produit tous les signifiés, sous condition de ce signifiant ; sans lui aucun signifié (dont le langage n’est qu’un des effets de cette opérativité de structure ; dit autrement l’intentionnalité est toujours plus-grande que ce qui est déterminé dans l’intention et il y a toujours un signe affecté au signifiant, sinon ça ne s’enclenche pas, et cela vaut pour tout ‘moi’ ; le signifiant est cela même, la ligne qui partage et ce partage crée qu’il y ait un ‘moi’ qui ne peut donc pas revenir dessus).

Hypothétiquement

C’est à cette fin que le présent est le kaléidoscope, celui qui est devenu, qui devient et qui deviendra. L’arc du présent et l’arc de conscience de plus en plus élaborés entraînant continuellement les réalités et les corps dans le champ de perception (le champ de perception, de présentation, se double du champ de représentation, se triple du champ d’expression) ; élaboration des arcs réels selon la tension et leur mouvement de plus en plus déliés, subtils.

Si on admet que le réel est formel (le présent en acte d’exister pur et brut)
alors tout monde, tout vécu sont réformés selon le Bord
et le Bord permet de ré-informer constamment les réalités.
Le Bord est le champ qui tient tout cela dans sa vue
et se transforme au fur et à mesure de ses perceptions.

Le champ et les perceptions sont un seul flux, mais distincts ; ils sont en mouvement (un flux) et c’est pour cette raison qu’il existe un présent, comme structure d’engendrement, continuel.

Dieu, l’universel, le sujet ou le réel sont cela même qui est toujours en jeu, intégralement en jeu, intégralement perfectible ; tout ce qui existe formellement (et au moins l’arc de conscience, à supposer qu'il y ait d'autres formes, non imaginables ) est mouvement dans le mouvement.

Ce sont, grosso modo, les raisons qui orientent, à tort ou en vérité, vers le réel comme dimensionnel et pas seulement fonctionnel.

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Antérieurement au moi

19 Septembre 2020, 07:18am

Publié par pascal doyelle

Le moi, le ‘moi-même’ ne se visualise que dans l’immédiateté et l’immédiateté de ses propres considérations, et de sa considération en propre et de croire qu’il est tout étalement donné là avec le monde. Sa vie est tout entièrement cela même qu’il doit réaliser.

Mai cette immédiateté est en elle-même déjà une médiateté (que le moi prend comme donnée, puisque cela lui facilite la vie, et qu’il peut re-combiner par-dessus sans se prendre la tête ; par ailleurs et cela est essentiel, il n’est pas nécessaire de savoir ce qu’il fait pour être libre ; on invente naturellement, selon cette médiateté constante de base ; aussi une très forte contrainte du groupe, du groupe très ancien, qui a régulé notre vie humaine durant des millénaires, une telle contrainte était nécessaire, sans laquelle chacun s’en irait gambader dans tous les sens, or la culture, la communication et la transmission, très précise, constituait le trésor de ces tribus).

Donc.

Sa vie est tout entièrement cela même qu’il doit réaliser. Ce poids repose sur ses épaules et l’étouffe quasi-complètement, parce que c’est une lourdeur irréaliste ; on ne peut pas « se réaliser » ; c’est ce qui ne se réalisera jamais qui nous intéresse et on avance même que c’est cette partie-là, irréalisable, qui rend possible qu’il y ait une telle réalisation, que l’on ait une-vie et que notre condition réelle dépendra de la compréhension que l’on a de l’ir-réalisation ; quelque réel n’arrivera pas, pas via le monde, le vécu, le relationnel ou le corps ; ça n’est pas là que ça existe.

Le moi suit parfaitement dès lors l’appréciation habituelle de la science et de la raison, du réalisme qui concentre tout ici et maintenant (de même que Descartes situe ici même l’origine de la pensée, et pas ailleurs ni en elle-même, le moi est tel le sujet mais rendu abstrait et mortellement évidé, qui ne se voit plus dans ce qu’il voit, de même qu’il croit en son objet de désir, comme si l’objet était la véritable raison du désir) ; principe réaliste qui veut que le donné seul explique le donné (et qu’alors selon le passé ou l’essence enfermée des choses et des êtres) ; principe qui pèse de tout son poids. Pareillement le moi, dont la possibilité s’acquiert après la révolution, lorsque chacun peut, enfin, se permettre d’être à lui-même son propre jugement (échappant à l’église, l’ordre social, mais non pas au capitalisme déchaîné, règne des objets produits et donc produisant les désirs, effets d’effets) le moi est tout entier accaparé par sa réalisation ; il va tout mettre en œuvre afin que devienne réel tout le possible ; de là qu’il y eut d’innombrables inventions, technologies, entreprises individuelles, récits de roman puis cinématographiques, et d’innombrables sortes de mois, d’innombrables vécus, tout s’étant démultiplié, et la révolution en décentralisation le régime de décisions possibles, rendues donc individuellement et non plus selon les traditions ou selon les ordres sociaux habituels, la révolution consiste précisément en cette décentralisation qui augmente considérablement la complexité, qui requiert elles-mêmes d’être gérée ou créée.

Or alors que le moi est empli de quantités faramineuses, ce sont autant de contenus dont il ne sait plus quel est le mouvement. Mais il n’est pourtant pas objet parmi les objets, il est la Chose innommable, et le cœur noir des objets. Le regard qui ne se voit plus.

Et même il finit par croire que ce sont ces contenus qui le composent et qu’il est, lui-même, rien, sinon le mouvement imprimé par les choses, ses objets de désir, ces désirs eux-mêmes, ces « pulsions ». Aussi lorsque manquent les objets, tout désir s’éteint, dans la singulière dépression (qui est le manque du manque, l’absence de désir mais aussi l’impossibilité de créer quelque intentionnalité que ce soit, le vide, et donc l’angoisse pure et brute, la révélation que « voilà ça n’est que ça, c’est rien, rien du tout », en quoi on reconnaîtra Céline et l’horreur de la vie, ou la psychanalyse ou Sartre ou Kafka, qui ne sait même plus pourquoi existerait une Loi, tant la dérision s’est étendue à tout et partout, n’existant plus que des contenus sans mouvement réel).

Ceci en partant du principe général que le donné explique le donné et que l’on est la proie de pulsions ou l’effet de toutes ces causes (passées ou immédiates), le moi comme effet synthétique vague, et tel qu’il se désigne ; un bricolage et souvent un bricolage tordu. Alors que le moi se tient du sujet lequel est en-avant et n’est ni passé, ni immédiat.

Qui ne sait plus quel est le mouvement et plus même si il y en a un, de mouvement. Tout accaparé qu’il est de tous ces contenus (qu’il a démultiplié et que la révolution a continué d’ouvrir pour lui, comme des paquet-cadeaux, des noëls continuels), il adore le monde et ses objets comme une toute unanime réalisation de soi-même, de ce que l’on est, et désespère que le monde et la vie le trahissent. Ce qui viendra. Et il vaut mieux, au fond, qu’il comprenne, plutôt que de durer, de durer dans les efforts « pour y croire », à sa vie, puisque cela devient de plus en plus pénible et dépourvu de sens : autant passer à autre chose.

Qu’il y ait un au-delà (réel ou de signification) à sa-vie, le moi n’y croit pas. Pénétré de toutes ces réalités si denses et concrètes ; que pourrait-il exister d’autre ?

Précisément c’est l’existence qui existe, le mouvement. Et tout le reste est, est composé, et destiné à la décomposition de ce qui est composé ; comment croire que le composé puisse « durer à jamais » ? Mais si le composé ne dure pas, qu’est-ce qui tient, ne serait-ce que tout au long du temps d’une vie ? Sans parler de la possible dimension infinie.

Or donc, contrairement à ce qui vient tout naturellement au moi, rien dans le monde, la réalité, n’est « donné ». Pas plus dans le vécu, dans le relationnel ou le corps. Parce que tout est Articulé. Ce qui veut dire difficile.

Non pas difficile seulement à réaliser, mais difficile à saisir ; il faut de distordre antérieurement, avant le moi pour non pas saisir mais être saisi ; la défaite du moi qui, mine de rien en se livrant aux objets, croit cependant se contrôler, cet empire du moi, que Sartre sait détrôner, n’est réellement défait que de s’abaisser ; humilité christique, oubli de soi philosophique, décentrement de l’universel, immense soulèvement révolutionnaire, infinies possibilités poétiques, esthétiques, hors de tout moi, parce que la structure est avant, pendant et au-delà du moi.

Et c’est difficile depuis le début ; depuis les juifs et les prophètes, depuis les grecs et les philosophes, depuis le christ et la renaissance, la révolution et puis les révolutions, tout est difficile. Parce que c’est articulé et qu’il faut trouver le joint de l’articulation.

On prend donc tout au sérieux et admet qu’il s’agit là (dieu, l’universel, le sujet, le réel) des explorations de cette structure qui rend-possible. Qui rend-possible qu’il y ait un champ intentionnel et que l’on puisse percevoir un monde, une chose, ce corps ; qu’on puisse les percevoir veut dire qu’on les perçoit mais surtout que l’on sait qu’on les perçoit ; autrement dit qu’ils sont à chaque fois affectés d’un horizon. Affectés, ce qui veut dire effectués.

Et c’est difficile parce que tout cela (qui nous apparaît tel quel) est en vérité construit et qu’il faut s’efforcer à élaborer ; ce que, ensuite, on prendra comme donné, tel que l’objet de désir est élaboré que l’on désirera pourtant, apparemment, pour-lui-même ; de sorte que lorsque cesse cette pseudo-évidence de l’objet, alors tout désir est rendu impossible, inutile, sans raison. Pourquoi ? Parce que notre être n’est pas un être (et donc n’a pas affaire aux choses ni aux objets) mais un rapport.

De là que l’on ne sera pas du tout soi-même de ceci ou cela issu du monde, du vécu, du passé, de l’adn, mais d’un soudain accès venu d’ailleurs, d’un point de vision externe (en somme une révélation, née de ce qui se peut, du possible brut, et peut-être de la Possibilité dimensionnelle elle-même, on y reviendra plus tard).

Or il ne va évidemment pas s’agrandir en s’énormisant, en s'appesantissant sur ce qui constitue son être donné, à savoir son désir, qui du reste n’existe pas en soi, comme unité, mais comme multiple bigarré, de désirs qui dévorent le monde, les autres, autrui, les objets et les choses, la perception et le corps lui-même (qu’ils consument, et parfois non pas au figuré mais au propre). Le désir est un signe idéalisé, la réalité ce sont ces myriades de désirs qui ne cessent de coller aux perceptions.

Tout cela ce sont des contenus auxquels on imagine un mouvement mais qui sont en fait créés du mouvement antérieur (ils sont des effets qui ne rejoindront jamais la cause ; les objets nous reviennent et nous causent, la cause réelle, à partir d'elle-même, avance vers).

Une œuvre vous indique-t-elle le monde ? Non elle indique votre regard. C’est votre regard, le sujet en vous, qu’elle modifie. Et elle ne le modifiera que par et selon vous-même ; vous devrez vous y efforcer, ça ne viendra pas tout seul ; si vous croyez avoir compris, c’est que vous n’avez pas compris (ou que telle œuvre n’en est pas une, mais un déchet, par ex un déchet industriellement produit et formaté à cette fin ; vous satisfaire… où a-t-on vu qu’une œuvre satisfaisait ?? Elle entraîne, comme un embrayage utilisé et inusable, parce qu’il est, cet enchaînement interne, articulé dans le regard même afin qu’il devienne, et qu’il devienne autre, et non pas le-même).

Donc agrandir le moi en ceci qu’il est une origine absolument, cad formellement, structurelle du moi. Le moi, tout moi, tout moi-même, dépend de son sujet ; bien que ce sujet ne soit pas, ne soit pas du monde, du vécu, du relationnel ou du corps.

En ce que tout est suspendu à ce qui arrive ; tout est suspendu au présent et le présent existe-en-avant. Il y a un présent parce qu’il y a un en-avant ; jusqu’où s’avance cet en-avant ? C’est le problème final.

Mais le but second est de dépasser cette gangue minimaliste que l’on nomme le « moi » et qui fut instruit dans l’histoire depuis 250 ans, 250 ans seulement, ce que l’on pourrait nommer la démocratisation, tout court (il n’y a plus que les élites qui peuvent se permettre de perfectionner leur culture, leur goût, leur psychologie, leurs tourments de riches, leur grande âme, mais tout cela peut se démocratiser, ce qui, notons-le ne sera effectivement que durant les années soixante… la personnalisation accélérée) ; ou si l’on préfère Montaigne qui initie (entre autres créateurs et poètes et penseurs) l’individualisme, attend, dans les faits même, que se réalise, se rend réel cette individualité et celle-ci parvient à la reconnaissance dans le monde humain, dans les mondes humains, par la révolution qui accorde à chacun qu’il ait sa propre vie, qu’il soit individuellement suspendu à son propre jugement de par soi, en quoi consiste la liberté. Non pas donc à seulement « penser » sur le mode système cohérent, mais juger et donc cela signifie : décider, inventer, créer).

Dépasser le moi ça n’est nullement le perdre dans une confusion quelconque ; toute réunion, union mystagogique, illusion de « complétude » supprimerait le réel, à savoir que chacun étant désormais ordonné selon sa propre unité, celle-ci ne peut pas s’abîmer dans le vague, étant entendu que chacun est ainsi libre afin de propager encore-plus-loin la distinction, la division, la clarté, la transparence envers soi (non pas du tout la transparence par autrui ou les autres ou l’universel ou l’universelle raison ou la dictature (qui se tient extérieurement à soi, les dictatures modernes furent des théories d’intégrale extériorité), mais la transparence de soi à soi-même, sans quoi l’acquis, l’acquisition, historique, de la liberté qui veut augmenter l’ensemble de toutes les distinctions, de toutes les intentions (chacune devenue libre et donc s’ajoutant à toutes les autres), sans quoi donc cet acquis de complexité s’annulerait, ce qui serait plutôt stupide.

Reprenons ; la dite transparence ne s’assigne pas à ceci ou cela (manière de dictature, qui imposerait un point extérieur) mais désigne le tout de l’existence… n’est-ce pas cela même par quoi qu’inaugure, s’initie l’historicité depuis le christique ? Que dit Descartes sinon d’isoler le point externe du sein de tout monde, perception et vécu ? Que nous raconte Sartre (ou Lacan, à sa manière) sinon de sup-poser l’engagement de soi, la pure décision inaccessible mais absolument impérative (à la manière kantienne) ? L’engagement qu’évidemment Sartre ne restreint pas au politique, mais recherche du dedans de Flaubert ou de Baudelaire ou de tel héros de roman ou la sienne propre, de vie…

Dit autrement et pour comprendre la portée de la transparence dont tout sujet sait ou commence d’apprendre à extraire la lumière ; c’est celle initiée par le christique, qui ne concerne que vous, en tant que vous-même, et le regard de dieu … autant dire que ça échappe absolument, cad structurellement, au monde, au vécu, aux organisations humaines, aux autres (voir la lutte intérieure-extérieure de Sartre vis-à-vis d’autrui), et finalement ce regard qui est, en vous, autre que vous-même par lequel vous supposez un Rapport en vous qui est plus grand et autre que vous ; et bien c’est là que vous existez. Nulle part ailleurs. Le reste ce sont des contenus (de conscience), et non la structure-conscience elle-même.

Non le but, la finalité de dépassement du moi n’est pas du tout de le noyer. Mais de montrer comme il est lui-même, le moi, architecturé du dedans à partir de non pas son corps, son psychologique, son héritage psychique, son acculturation, mais architecturé selon une structure réelle, effective, efficace, absolument formelle, et pourtant la plus immédiate qui soit ; ce qui veut dire instantanée. La structure qui existe au-dedans du moi est instantanée. Elle prend pied dans l’actualité du réel (aussi est-elle, est-il, le moi, totalement éberlué d’y découvrir, dans l’actualité, soudainement, son désir… ça apparaît, comme ça, par magie, il est créé instantanément et lui vient de face, mais c’est une structure, ce qui veut dire un rapport, et si notre être est un rapport, alors il est un mouvement, et pas un être). L’œuvre ne vous indique pas vous-même, elle oriente vers le rapport dans lequel et par lequel vous existez.

Que l’on suppose si l’on veut un Grand Rapport, tel un immense mécanisme, ressort, possibilité, et que nous y accédions soudainement (puisqu’étant un rapport, il vient tout entièrement, comme l’idée de l’être ou dieu ou le sujet, il est atteint formellement, hors contenus, qui en découleront ensuite, de son éblouissement, et cela vaut également au cours d’une vie qui bascule soudain en existence)

ou qu’il nous soit révélé (par dieu par ex, par le divin, par l'autre dimension),

de toute manière on supposera toujours un Rapport, le rapport de tous ces petits rapports qui fourmillent. Le tomber amoureux du moi appartient à ce genre de rapport premier dont en découle d’autres (et qui sont imaginées à partir du premier).

C’est parce que la structure existe, que nous existons ; il existe toujours un Grand Rapport puisque nous tissons constamment de petits rapports et que le « moi » est lui-même un signe (pris dans la chaîne des signifiants dirait Lacan, sauf que tout signifiant va-vers le monde, l’horizon externe, et non pas tourne en rond dans l’inconscient, c’est pour cela que le-réel est pour Lacan « ce qui ne vient jamais en nous » et par lequel objet petit a nous lançons constamment des ponts vers le donné, qu’il soit au moins représenté par un signe et un affect et une image, etc).

Bref nous sommes toujours dans un grand rapport ; puisque le rapport qu’est une activité de conscience se présuppose structurellement ; au sens où ce qui vaut ça n’est pas « ce qui » est ciblé par et dans un rapport, mais le rapport lui-même.

Ou donc le grand rapport (le rapport ‘en soi’) se suppose toujours transcendantalement ou supérieurement ou antérieurement ; c’est immuablement logique, selon la nature même, l’essence spéciale et spécifique de la structure (qui n’est donc ni une nature ni une essence). Si l’on comprend et admet que le rapport est le mouvement même, alors le rapport s’emplit de toutes les choses et de tous les êtres, en les distinguant et non en les unifiant ou réunifiant ; ce qu’il veut c’est la distinctivité de tout, puis la distinction toujours plus réelle ; le réel plus grand que lui-même. Il est ainsi demandé que nous puissions accéder au plus grand rapport (quel que soit le nom qu’on lui prête ; de dieu au réel en passant par l’universel ou le sujet).

Si le présent est le réel, alors le présent se dresse comme une structure sans cesse agissante. Ceci est la description minimaliste, formelle au deux sens du mot ; d’une part elle est formelle comme réel dans son schéma le plus résumé, et d’autre part elle est formelle en ce que le présent est lui-même une charpente purement vide, éthérée, non déterminée et que personne jamais n’a pu mettre la main sur le présent, le mesurer ou le calculer ou le segmenter de quelque manière que ce soit ; on ne le signifie qu’en le montrant ; le montrant mentalement, parce que toutes les choses, tous les corps, tous les gestes sont, eux, dans le présent, il est antérieur à tout ce qui paraît.

Le moi, lui, se conçoit, se représente et se représente dans l’imaginaire ; il se-sait (et cela est relatif à sa structure, il se signifie, il ne se « connaît » pas, il lui suffit largement de se montrer, mentalement, du doigt pour se-savoir) mais se sachant il s’imagine ; et il croit que ce contenu, qu’il imagine, est « lui-même ». Il se représente en ceci qu’il croit en son être tel qu’imaginé (raison pour laquelle il ne cesse de désirer, de s’imager, d’imager tout court, afin de manifester, concrétiser, croit-il, le réel, mais il n’est rien de réel en cela ; en s’imaginant (en imaginant l’objet de son/ses désirs) le moi construit l’investissement de structure, mais c’est la structure (de conscience) qui crée cet investissement et imagine la solidité, la consistance, l’épaisseur. Succombant à son contenu de conscience il oublie la forme et privilégie le contenu qui lui apparaît si évidemment au-devant (des yeux, il oublie le regard au profit du regardé, du bien visible, du Bien visible, alors qu’il n’existe, lui, le je, qu’en tant que regard.

On dira que si le regard est à ce point formel, il vaut mieux effectivement ne se focaliser que sur le contenu. Sauf que l’on a montré que l’on est parvenu à démultiplier les réalités parce que fut dépliée la forme-même et rien que la forme. C’est ce sur quoi parie la morale par exemple ; on n’obtient rien de plus, voire même moins, en se conduisant moralement (on ne participe pas à la violence, l’exploitation des autres), mais on parie sur une bien plus grand organisation qui à terme sera profitable pour tous, pour chacun et pour l’ensemble ; en ceci que chacun reposant d’abord sur soi-même sera en mesure d’élever la réalité humaine, plus reliée à elle-même parce que plus dépliée pour chacun ; chacun devenant chaque un. On fait le bien pour le bien, au sens qu’il s’agit d’agrandir sa propre capacité, et que cette potentialité ne doit pas tenir à l’immédiateté ou donc on n’agrandit sa possibilité que si on abandonne son seul intérêt ; étant entendu que l’augmentation du cercle doit contenir votre cercle individuel, parce qu’alors il est individué. C’est bien cela qu’il faut saisir ; le cercle du moi, agrandi, est devenu ou devient le cercle du sujet ; et loin de réduire ou annuler ou effacer le premier, le second, du sujet, est encore-plus individué au sens précis où, l’individué est la grande capacité.

Parce qu’il isole et cible la structure réellement agissante ; celle qui produit un champ de perceptions intentionnalisées (par lequel champ les perceptions sont distinguées encore-plus via les signes, leur mise en œuvre intentionnelle (dieu), universelle (grecque), individuée (christique et sujet), réelle (depuis la révolution, laquelle est agissement ou activisme dans tous les coins du monde humain, humanisé d’abord puis personnalisé).

Ou, autrement dit, le sujet est plus cohérent que tout ; il est plus cohérent que tout non pas selon le monde ou la détermination ou le vécu, mais en délimitant (dieu) l’intention pure, augmentant les intentionnalisations (les grecs et l’universel des idées), intensifiant (le christique et le sujet, cartésien, tenant de sa vie en son Existence) et réal-isant (depuis la révolution) ce petit ressort de rien du tout qu’est l’intentionnalité.

L’intentionnalité est ce petit mécanisme qui crée un champ intentionnel, de perception accolant perception et signe, qui lui rend possible de redimensionner  ; de redimensionner ce qu’il a reçu du monde, de l’atome, de l’adn ; tout est embarqué par et dans le champ intentionnel qui n’est pas composé et déterminé mais formel et donc absorbe toute perception ; on peut être déterminé à 95 %, mais les 5 % qui restent créent du neuf, et c’est la nouveauté ou le renouvellement, christique par ex, ou révolutionnaire, ou donc individué et séparé du rythme collectif, qui comptent, parce qu’ils modifient tout.

On use de ce mécanisme comme s’il allait de soi ; mais en vérité c’est lui qui rend possible que vous ayez un corps sans être ce corps et cela vaut pour tout le reste ; vous vous tenez dans un rapport et vous existez, à vos propres yeux, par ce rapport ; il y a un monde parce que vous êtes autre que le monde, etc. Ce rapport est ainsi Autre et ce instantanément (puisqu’il institue autrement le temps ; dans le rapport le temps passe différemment).

La question est donc à partir de quoi, de où et comment il se produit qu’il y ait apparition pour vous (l’animal est-dans son milieu, il n’a pas de monde, puisque pas de signe pour signifier et isoler et s’isoler selon le « monde » comme horizon).

Cela veut dire qu’il est un point (à partir duquel on perçoit) qui n’est ni imagination, ni pensée, ni affect, ni corps, ni perception mais qui met en scène tout cela (et tout le reste) et cette scène est nommée « champ intentionnel » (depuis Husserl mais en fait depuis Hegel et Kant et même Descartes dans la mesure où il nous fait assister à l’introduction de la-dite scène nouvelle en philosophie, qui coupe l’historicité ; le dispositif je pense, je suis, est la base même de la mise en scène qui permet de faire défiler, de construire au-devant de soi, en sa propre vue (en comprenant que l’on sait, et non plus que la pensée se connaît en nous) et de construire n’importe quel contenu selon la nouvelle formule de cette même scène, déployée par Kant, Hegel, etc).

Il est donc venu que le moi a en sa capacité de récupérer le Bord à partir duquel il perçoit, à partir duquel il existe de la perception, en tant que celle-ci sait qu’elle perçoit… Et donc se redistribue selon le sens, l’orientation, l’orientation presque « physique ».

Acquérant son sujet le moi se voit non plus selon une disposition subjective mais admis dans le cercle du formel lui-même ; celui qui demeure absolument, cad formellement, toujours à distance et semblablement lorsque l’on pense selon la raison ou l’universel, notre conscience passe de l’immédiat au plus grand rapport. Le grand rapport à l’être, dieu, le christique, le sujet ou le réel sont infinis (structurellement, selon le fonctionnel ou selon, peut-être, le dimensionnel).

Il n’y a aucune raison de croire que dans le monde, le vécu ou selon le corps se réalisera quelque chose de plus, puisque ce rapport n’est pas de l’ordre du monde ou du vécu ; et il faut reconnaître que nous n’en sommes qu’au tout début de l’appréciation de ce qui, au-delà du donné, du réalisé, s’impose comme transparence ; la conscience sartrienne, l’esprit hégélien, le sujet cartésien, l’universel, l’intention divine (et générale) ou christique (et individuée) ne sont que les prémices de la forme qu’est le réel.

Le moi apparaît dans un tel champ (qui est unique, il n’y a pas tente-six manière d’avoir-conscience-de, mais une seule, chaque fois singulière puisque c’est un rapport)

et ce non en pure perte mais afin qu’il, le rapport, se sache de son indivise individualité, comme il sied au rapport lui-même, toujours plus et qu’il parvienne à positionner son cercle par rapport au Grand Cercle qui l’entoure, qui entoure tout ce qui est selon le Bord si proche du présent pur et brut, tellement brut.

Qu’il soit fonctionnel (le réel est tel, est plus grand que lui-même et existe en tant que plié, le réel est un Pli, à l’intérieur duquel, cet intérieur qui est tout externe donc, existent les réalités)

ou qu’il soit dimensionnel (le réel est plié et existe en lui-même, et c’est le pli qui existe, la structure signifie, indique, oriente vers un Réel),

et remonter le moi tout au long et courir jusqu’au sujet, au rapport, jusqu’à l’articulation qui rend possible qu’il y ait un moi, une perception (subjectivités et objectivités, perceptions et expressions)

c’est entrer dans la forge même.

La clef est la porte et la porte est la clef, mais en tant qu’il est un rapport ce caractère retors demeure parfaitement logique.

Le moi se tenait bien en retrait en supposant ses objets … mais entrer dans le rapport c’est évidemment modifier la substance même (qui se transmute en mouvement pur).

Dit autrement ; de ce que le réel est un rapport (et non un être, sinon imaginairement, de même que tout « objet » de désir), on ne peut rien saisir (toute « chose » est prise dans le mouvement, le présent par exemple), rien saisir sauf d’ex-sister selon le rapport et d’entrer dans sa confection. Lorsque l’objet manque ou se dégrade (ce qui, selon le monde, est habituel) alors se manifeste le rapport lui-même, qui positionnait tous les points de réel. Le grand rapport effarant. Celui-là même qui suscite, fonctionnellement ou dimensionnellement, tout ce qui relève de l’être ou de cette mitoyenneté qu’est l’imagination de l’être, inconsistante malgré ce qu’elle prétend.

Un jour il faudra avancer dans la prédisposition, de chacun, quant à l’obtention du paradigme du pur réel. Ainsi selon la logique christique (sur le mode ; "je vous ai choisi depuis l'origine du monde", affirmant par cela le non-temps de tout ce qui est) : et explorer cet infini aperçu, tel qu’il se confie à notre soin, à notre attention, puisque nous ne nous sommes jamais avancés si loin dans la Possibilité. On ne sait de où cela nous est venu.

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Absolue généralité quant à la destination du réel

12 Septembre 2020, 07:32am

Publié par pascal doyelle

On dira donc que la philosophie n’est pas une doctrine (ou un ensemble de doctrines) mais est la discipline qui explore et cartographie « cela » qui est arrivé à l’humain autour de la méditerranée. Il lui est arrivé « cela » qui consiste que l’on s’est aperçu que l’on ne recevait pas un monde donné et parlé et partagé (entre soi dans tel ou tel groupe, les mayas par ex) mais que l’on produisait ces mondes, comme mondes culturels, séparément les uns des autres (quels que soient les ponts entre ces mondes, dit particuliers, qui ont chacun, quand même, inventé le langage, la représentation, les échanges, les systèmes familiaux, etc, et donc ce que l’on nomme une « mise en forme culturelle », toujours extrêmement complexe).

Mais autour de la méditerranée on s’aperçoit que c’est nous, nous autres, qui produisons tous ces mondes et donc la question se posent ; si nous ne somme spas tel ou tel monde, alors qui est-ce qui crée ces représentations et tous ces systèmes humains culturels ?

Les juifs répondent ; dieu. Les grecs ; la raison. Le christique ; chacun.

Ou donc l’intention absolue et formelle, l’intentionnalisation à propos du monde donné là (unique), l’intention en un corps individuel, christique, puis singulière, cartésienne. Aboutissant à la révolution et la forme unique de l’État en tant que Nation.

Il s’est ainsi élaboré une autre structuration de l’humain, désignée ici comme non plus mise en forme culturelle (il y en eut quantité), mais acculturation généralisée. Et tandis que la mise en forme culturelle pouvait prendre mille représentations et perceptions du monde (représentation et perception s’équivalaient), l’acculturation est unique, universelle, et absolument formelle. Elle tient non pas aux contenus seulement mais d’abord à la structure, celle qui produit « des » contenus. Le dieu unique, la pensée universelle, le sujet singulier. Et évidemment le réel absolument là.

On aimerait croire que notre acculturation est une civilisation parmi les autres et que toutes sont interchangeables, mais c’est faux. Non pas parce qu’elle serait « plus vraie » (elle est plus vraie), mais parce qu’elle est tenue dans et par le réel et non plus par les apparences changeantes des réalités. On a mis au jour la structure même, qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou non ; il n’y a pas trente-six manière de saisir l’intention (le dieu un tout-autre forcément unique puisqu’il existe formellement), l’intentionnalisation (le système grec des intentionnalisations, ou donc des idées), ou l’intentionnalité (instanciée en et par chaque corps individuel).

Lorsque dieu, la pensée ou le christique annoncent que c’est déjà-arrivé, c’est vrai. Si c’était un contenu de plus qui s’avançait sur la scène (de la présentation, de la représentation), mais non, c’est le réel même.

C’est la réalité toute entière qui a glissé, vers le versant beaucoup plus formel qu’est le réel. Aussi une technologie, mentale, bien plus ardue et fondée non pas sur l’apparaître mais sur l’effort est venue au jour ; ni dieu, ni la pensée, ni le sujet ne sont évidents, ils doivent être articulés puisqu’ils manifestent (dans le monde d’immédiatetés) la médiateté instantanée qu’est le réel. Ou donc ; le réel est un pli, une articulation et tout est déplié dans et par ce pli. Dont on n’acquiert le réel que de cibler le pli lui-même ; dieu, la pensée, le sujet, le réel.

Et donc puisque sortis de tout monde particulier, atterrissant dans ce-monde-ci (il n’y en a qu’un) de par ce sujet-là (il n’existe qu’une seule forme de structure de conscience, pourquoi voudriez-vous qu’il y en ait plusieurs??), la philosophie est la discipline qui se dispose à examiner la dite articulation, telle que donnée pour nous, l’intentionnalisation, que l’on nomme dieu, la pensée, le sujet ou enfin le réel. Dieu crée ainsi la nation, celle des juifs d’abord (et ensuite toutes les autres selon leurs décisions propres ; la nation est une intention, et le soulignera-t-on jamais assez, une libération, il est celui-qui-libère, qui libère de l’oppression mais aussi du monde, de tout monde, les ayant tous créés). La pensée déploie la totalité des intentionnalisations, des idées à propos du monde donné là.

Mais pour penser le sujet, de ce qui se nomme penser, le penser réellement, il faut une bien plus énorme réflexivité et engager donc à partir du christique jusque Descartes (la théologie reprend toute la réflexivité grecque dans sa réflexivité, en tant que pensée-de-dieu), mais aussi au-delà de Descartes jusque Lacan ; analyser de plus en plus précisément le mécanisme unique et formel et donc très difficile à délimiter ; l’acte de conscience.

Ou donc ; penser le sujet ne consiste pas du tout à seulement (si l’on peut dire) exposer les raisons et les argumentations et les idées, les systèmes, mais doit s’opérer un effort interne à l’acte même d’être « soi ». Ce que réclamait déjà de se décentrer pour l’universel grec. On a cru de cela que la philosophie ne se déployait qu’en argumentant ; mais on argumente afin de perfectionner les intentionnalisations… Une idée n’est rien que le perfectionnement de la perception ; et si la philosophie déplie la conscience morale, elle provoque le dépliement de la conscience de soi du sujet. Et on a continué malgré toutes les prévenances, de postuler la philosophie comme « rationalité » ; mais qu’elle soit rationalisation, oui, mais justement en intégrant celle-ci à la continuité de l’activité de conscience, valant en tout et partout, puisque partout nous baladons la conscience que l’on en a (de tout).

Et les prévenances, Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan (Nietzsche et Heidegger, en tant qu’imaginations onto-métaphysiques, le premier en extrapolant l’auto - affirmation, qui était déjà cartésienne, et le second en magnifiant l’être contre les étant (et contre le gros-étant que fut dieu), l’être vide contre les étants déterminés) exposent suffisamment que l’expérimentation philosophique en tient pas en un quelconque discours mais laisse à chacun d’explorer le réel de son acte, de son activité, de ses activités (extrêmement diversifiées puisque couvrant tous les domaines, toutes les régions de conscience, de liberté, de perceptions et d’inventions, de créations et de décisions).

Extraire l’acte absolu, ce qui veut dire formel, ne comporte pas du tout une moindre cohérence, puisque le sujet, le dispositif sujet, qui affirme que la conscience est « cela qui a rapport à soi en tant que rapport », on a reconnu qu’il s’agissait de cela seul, le sujet, qui soit susceptible de porter réellement la finalité de ce qui existe ; se perfectionner. Un être pourrait-il devenir ? Non. Et un existant parfait que serait-il si précisément il lui était impossible de devenir encore-plus ? Rien.

Il serait seulement inerte. Amorphe.

En fait, dans le fait de le concevoir, comme inerte, selon l’être tel qu’il a pu être caricaturé (et tel qu’il se concevait vraiment ; l’être, le bien, la pensée de la pensée, le un ne sont nullement statiques … c’était bien la difficulté ontologique, relativement à la connaissance de l’être en tant qu’être, que de ne pas parvenir à circonscrire l’être), dans la conception de l’être à partir du sujet, rendu lui-même abstrait, l’être se prête comme un gros-objet ; le sujet, rendu abstrait, contemplait bêtement l’être fixé, chosifié, énorme et mou, ou sphérique et solide, mangeable en quelque sorte.

Sauf que de même que cet être ainsi détériorée, était conçu par un sujet lui-même dégradé… Le sujet, celui qui-se-pense, n’est nullement abstrait. On a même reconnu qu’il est le plus-vivant (en terme christique) ou le plus existant ; ici, l’existant surélevant absolument ce corps seulement vivant, quittant l’immédiateté vers la pure et increvable médiateté et révélant, le christ, le cartésien, le kantien, l’hégélienne, que « ça se meut » ou kantiennement que « c’est divisé », ajoutons que c’est divisé parce que le réel est la division ; elle n’est pas quelque action qui advient à un déjà-là, c’est qu’il existe d’abord la division, ou donc l’articulation et qu’ensuite cela engendre les réalités, les choses, les êtres, les vies, les corps, et que donc le christique, cartésien, kantien et oh combien lacanien révèlent que d’abord Existe la Distinction.

La plus cruelle des conséquences, ontologique, relative à la structure de l’arc de conscience, consiste en ceci que se positionnant comme sujet abstrait (la version ras des pâquerettes du sujet cartésien qui, lui, savait bien qu’il ex-sistait), la plus grande cruauté donc c’est qu’alors au lieu de se saisir comme ex-sistant, le sujet rendu abstrait se regarde comme une chose Ce qui est une perversion du sujet, son absence délibérée (ou idiote), comme si « personne » ne regardait et que les choses apparaissaient telles quelles, qu’il y ait donc une réalité sans sujet ; le sujet abstrait, la réduction du sujet cartésien à rien (à un simple regard vide) est un sans-sujet, l’objet abstrait de la science (qui confond par ailleurs son discours et la réalité, ce qui est fou, littéralement, qui ne s’aperçoit même pas que ces objets sont sans cesse reconstitués, en contredisant les théories précédentes ou en surajoutant une plus grande échelle sur celle présentée, comme Einstein par rapport à Newton, qui en bouleverse tout le sens).

C’est comme si on en concevait pas que la vision que propose le sujet c’est celle qu’il provoque… il la provoque à exister. La structure sujet est en cette capacité de créer le chemin, le projet, la création ; il est fait pour cela. Image de dieu veut dire qu’il Crée : quoi d’autre ? Ne pas concevoir cela c’est limiter les productions du sujet aux représentations du moi, à ses velléités, à ses désirs, à ses images, au subjectif, qui bientôt avalera lui-même les objectivités, parce que les objectivités ça ne tient pas durablement dans le flux subjectif comme le pointe Lacan les scientifiques deviennent fous parce qu’ils le sont depuis le début ; un discours objectif est, en l’occurrence, juste un symptôme pour le psychique (ou dans le même genre ; rêvant, soudainement je me réveille, et donc réveillé je suis vraiment endormi parce que dans le rêve c’est le réel que j’ai rencontré et que j’ai fui dans le réveil ; l’objectivité est de cet ordre-là de sommeil du réel, pour le subjectif qui est, alors, seul réel, cad capable d’envisager l’horreur, la jouissance impossible, celle qui est imaginée ou qui nous Voit et qui est insupportable, qui amènerait la cessation de tout, la dévoration de tout).

Or le dit sujet horrible, c’est celui-là que le moi, se prenant pour un sujet abstrait, vide, sans rien, non cartésien (non kantien, non hégélien, etc), celui que le moi suscite, en lui-même ; l’horreur de l’objectivation, la chosification, la réification, le serveur qui se prend pour un serveur, et qui peu à peu dans toute l’amplitude de son intentionnalité sera dépossédé de sa vigueur intentionnelle. L’inverse absolu du sujet horrible, c’est dieu, la pensée, le christique, le sujet cartésien, etc ; celui qui assume et surtout assure l’altérité. Qui sait qu’il n’est pas « lui-même » ; qu’il se tient d’un autre, d’un autre horizon. Mais le moi, lui, croit qu’il est… et ne peut qu’imaginer cet être (en lequel il investit tout son corps vivant et énormise cet « être »), l’imaginer parce qu’il n’existera jamais ; il n’aura pour maigre pitance que des petits bouts de moi ; des objets de désirs, et pour nous des tas, des tonnes de désirs, consommables ; ce qui est une détresse absolue, terrible, un enfer sur terre (lors même que vous disposons de tout pour être sinon satisfaits du moins rassurés, or non on s’est employé à imposer l’incertitude, dont le chômage n’est qu’un des aspects ; il existe une décrépitude mentale structurelle tout à fait profonde et en un sens irrémédiable on nous a ou la vie nous a habitués à désirer, comme seule loi réaliste, traitant tout le reste d’illusions ou de fables ; seule loi réaliste alors même qu’elle joue du fantasme, afin de provoquer l’allumage de ce désir, qui évidemment n’y suffira pas, qui se doublera, triplera, indéfiniment, puisque sa destination est la dispersion indéfinie de ce qui est déterminé.

Le moi est finalement d’une tristesse confondante et fondamentale ; il est le regard abstrait du sujet (qui n’est pas et n’est pas même considéré et méprisé en tant que dieu, la pensée (et l’universel), le sujet et le réel sont niés), regard abstrait vers une « chose » inerte et déterminé, qu’il ne peut jamais réunir et qui se vit toujours sur le mode imaginaire (qu’il doit relancer et recycler constamment). Que le moi est, c’est évident (il est la synthèse, forcément bricolé, de son passé, héritage, adn, tout ce que l’on voudra). Mais qu’il se croit la seule et dernière et unilatérale et exclusive limite ou possibilité, non. C’est bien pour cela que l’expérience existentielle (le non-sens massif du monde), dieu ou la foi christique, l’universel ou la révolution, le sujet ou l’intentionnalité propre du je, tout cela soudainement intervient comme des ruptures, des libérations, des illuminations ; ils ouvrent la possibilité que la synthèse (passive, du moi) ne soit pas subie, telle que là, mais active et voulue. Nietzsche est bien sur pour nous comme une telle (re) naissance, adaptée à notre situation (au lieu de Platon, du christ, de Descartes, etc).

Au risque que l’auto-affirmation annule et oublie les autres possibilités structurelles (dieu, le sujet, l’universel, le réel, raison pour laquelle on interprète Nietzsche et Heidegger comme « imaginaires ») ; puisque l’on a vu que le sujet, depuis Descartes, tend à récupérer, étant infiniment proche du structurel

(qui est son ‘je’ lequel n’est pas un « moi », et encore moins subjectif, mais dispositif et infiniment cohérent, ce que Descartes dit, littéralement, il le voit instantanément, le je étant le rapport, celui qui n’apparaît jamais et ne peut pas être dit mais signifié d’un je à lui-même ou d’un je à l’autre je, raison pour laquelle Descartes montre, de fait, le dit ‘je’ dont il sait tout à fait bien qu’il sera dupliqué, puisque chacun y reconnaîtra la possibilité même),

à récupérer donc ce qui appartenait à l’intention divine et à l’intentionnalisation universelle ; le sujet est une structure bien plus universelle que l’universalité qui est un procédé, qui est une opération, l’universalisation intentionnelle, ou ce qui deviendra le jugement qu’opère chaque liberté, d’une extension bien plus grande que l’idée ou le concept, que ce soit version Kant ou version, réalisée, de la révolution, qui confie à chacun « sa raison », non pas son corpus tout fait systématique, mais son propre jugement, estimant que la liberté est une cohérence bien plus grande et bien plus performante que la lourde raison toujours seconde.

Ce recul du sujet comme abstrait qui dépose là son représentant (qui prendra toujours beaucoup d’objets comme simulant et stimulant son être-imaginaire, tellement peu sensé qu’il l’éjectera toujours comme « ob-jet », version soft d’une folie, dans lesquelles folies extrapolées il devient et révèle sa folie procédurale ; qu’en fait il n’y est pas, dans son ob-jet, puisqu’il vient de le projeter … et que lui-même n’est pas, mais ex-siste ; tout cela est dit et redit depuis que l’on explore la structure du sujet, depuis Descartes … que dit Kant ? Que le réel est nouménal, il n’est pas « là » dans la phénoménalité, cad n’est pas dans le monde, mais alors où ?) ; et c’est placer sa structure dans une chose ; à croire par exemple que l’IA pense ou pensera, sera « consciente d’elle-même », lorsque la connaissance réduite à l’idée, vague, très vague, d’informations, « contient » la conscience Mais avoir conscience-de n’est pas un process limité, c’est une intention qui renvoie tout de suite vers l’horizon et qui se perçoit à partir de cet horizon (qu’il soit le monde, dieu, le sujet, le réel, la révolution, autrui dans le tomber-amoureux) et vient tout entièrement comme une énorme articulation (et non un petit bout de connaissance ou d’informations, à quoi tendent de réduire les cognitivismes divers).

Or donc.

C’est par le mouvement qu’il existe une réalité. Les réalités (aussi innombrables soient-elles) ne sont que dans le mouvement du réel, qui, lui, existe. L’être est, mais pris dans le mouvement. Et au lieu de demeurer sidérer par le mouvement continuel, il faut comprendre que nous habitons, nous, le mouvement. Et qu’il s’agit de saisir ledit mouvement en sa structure ; or on ne peut pas saisir un mouvement mais en être saisi. Conjointement ce dessaisissement est la plus grande activité possible. Ce qui signifie que l’on n’est pas appeler en tant que l’on est mais en tant que l’on veut. Or il faut, donc, vouloir, sans vouloir. Parce que sinon nous glissons dans l’être, le non mouvement ; remarquons que le non mouvement est une pure station mentale, celle que nous imaginons que nous stabilisons par et dans notre mouvement (qui s’imagine alors être solidement fixé).

On ne peut pas se concevoir comme mouvement pur et brut ; ce dont on use habituellement ce sont des signes, des images, des états émotionnels, des affects donc, pesant selon le corps, etc.

Il existe en nous quantité de mémorisations ; non seulement humaines mais encore plus relevant du vivant (sans lequel nous n’existerions pas). Il se trouve, donc, que s’ajoutant au vivant (et à sa mémorisation par l’adn) l’humain crée au-devant un champ de perception qui n’apparaît que via les signes (les langages). Ce champ a pour utilité d’agir et de réagir au donné-là tel qu’il se présente, dans l’actualité (de l’urgence ou de la communication du groupe, de la tribu) ; il y eut donc deux cycles ; d’abord créer les mises en forme culturelles (qui inventent la culture humaine, au sein d’un groupe préservant la communication mais aussi la transmission de cette communication, qui elle-même parle le monde, le donné là, et dont le groupe assure la véridicité, de sorte que ces mises en forme culturelles ne peuvent pas se mélanger, se traduire l’une dans l’autre ; il faut être maya pour comprendre, cad percevoir, le monde maya, qui est un ensemble, presque une totalité).

Mais ensuite, acculturation généralisée, nous nous apercevons que nous créons les contenus (qui ne forment donc plus un monde donné-là et partagé dans l’entre soi du groupe). Les mondes culturels étaient déjà d’immenses articulations, l’acculturation y ajoute (et remplace) une articulation circonscrite et ponctuée ; par l’intention, l’énonciation ou l’individuation, resserrant à chaque fois le cercle autour de « cela qui produit », de l’acte de production (de quelque contenu que ce soit) ; c’est l’activité philosophique que d’isoler le module des modules, le ressort qui rend possible tous les autres ressorts seconds et secondaires.

On a vu que le dit dispositif est celui de l’arc de conscience planté dans l’arc du présent (qui l’oblige, une fois activé comme tel, à renouveler constamment l’intentionnalité qui ne se confie plus aux contenus (un monde partagé et cyclique et transmis selon le groupe) et doit prendre conscience du productivisme de cette activité de conscience.

Dieu, la pensée, le christique, le sujet, le réel ne font pas partie du monde, du groupe ou de l’immédiat, mais imposent des distances ; dieu est le un tout-autre, l’intention pure antérieure à tout monde ; la pensée désigne le monde tel que « là » (l’être) qui l’oblige et nous oblige à entrer en rapport selon une intentionnalisation systématique, afin que tous les rapports soient explicites et qu’ils soient tous lisibles explicitement, ce qui veut dire distinctement (une idée, une intentionnalité qui n’est pas distincte n’existe pas, de là que l’être est et que le non-être n’est pas) ; le christique introduit au sujet-en-un-corps (la petite intention qui est nôtre et dure de la naissance à la mort mais qui se perçoit par-delà la mort, puisque sinon nous n’existerions pas pour nous-même) ; le sujet qui resserre l’attention sur l’origine de cette intention, et signifie nommément qu’elle existe ici même, ici et maintenant (et ce non pas contre dieu mais en signe de dieu, la volonté humaine est le sceau de dieu en l’homme, et est admissible comme antérieure à la pensée) ; de là qu’il faille commencer de penser cette « volonté » dans son étrangeté et décrire la structure de ce « sujet » (Kant, Hegel, Husserl, Kierkegaard si l’on veut, Nietzsche et Heidegger, Sartre et Lacan pour entrer dans l’analytique brute du dit sujet).

De sorte que finalement il s’agit, littéralement, de s’introduire dans la systématique de la volonté ; non pas la volonté du conscient, de la raison et de la certitude de soi (ou de quoi que ce soit par ailleurs), mais d’introduire à la pré-disponibilité qu’est la volonté en tant qu’intentionnalité. Ce qui se veut par l’intentionnalité n’est pas ce qui se désigne comme volonté consciente ; le conscient use de la définition stricte et tombe dans l’objectivité (c’est son but, bien sur, il veut définir des objets afin de resserrer l’action, la fabrication, la production, la manipulation de tel objet), et ce faisant il ne peut plus remonter dans l’intention et atteindre l’originel.

Rappelons que l’on ne peut pas atteindre l’originel (il est de structure, qui est toujours présupposée à tout contenu, tout signe, toute image), puisque la réalité ce sont les réalités qui sont prises dans le mouvement, et il y a mouvement parce qu’il est, précisément, l’enjeu fondamental et que ce en quoi on avance c’est dans la description du mouvement ; depuis le début dieu, la pensée, le sujet et le réel sont des mouvements ; on ne les attrape pas, ils nous saisissent. Et ce contrairement au fantasme du sujet abstrait qui croit dans le discours et que le réel se termine, aboutit au discours, alors que tout montre et démontre, de par cette expérience absolue réalisée et réelle qui dure depuis le début (soit 3000 à 4000 ans, autant que l’on sache) et qui expérimente notre être comme articulation et décrit, analyse, déplie, plie et replie en tous sens cette articulation dont on a obtenu dix mille résultats, sinon que les deux derniers siècles ont cru à ce point en eux-mêmes, qu’ils décidèrent d’en faire table rase. Réduisant d’autant leur capacité intentionnelle, leur attention structurelle, et alors même que par ailleurs la philosophie ne lâchant toujours pas le morceau (parce qu’elle est la discipline qui analyse l’articulation) continuait de creuser à même le Pli.

Ce que l’on avance, à savoir que depuis le début on ne fait rien d’autre que d’expérimenter et très exactement, très précisément et dans le détail et même la prolixité structurelle, engendrant quantité d’intentionnalisations en tous sens qui deviennent disponibles à chaque fois que le positionnement du réel (selon dieu, la pensée, ou l’État romain par ex, le christique ou le sujet, ou la révolution, les esthétiques rendues possibles ou les instanciations psychiques que l’on nomme des « mois », cette hyper-super-humanisation jusque dans le moindre détail de nos vies), que le positionnement du réel donc se meut, alors tout est constamment bouleversé ; puisqu’aucun monde clos particulier, global ne retient plus les cavalcades de l’intentionnalité qui possède son propre rythme, lequel est la puissance-même, et se dit, s’annonce telle depuis le début. Depuis le début dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont la puissance, ou, autre versant, la potentialité même.

Ce qui veut dire que creuser notre être c’est découvrir, à la fin, qu’il ne s’agit pas d’un être et que dieu n’est pas un être ni l’être, et comprendre que l’être ne signifie pas en soi, sinon comme objet imaginé, et que donc dieu, si l’on veut, est beaucoup, beaucoup plus que l’être, il est ce que l’on nomme dispositif-sujet ; en sachant bien qu’il ne s’agit là que d’une approximation d’un Fait absolument monumental et tellement étrange, qu’il soit fonctionnel ou dimensionnel, qu’il soit une structure ou dieu, au choix (ou hors de tout choix).

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Fonction ou Dimension du réel

5 Septembre 2020, 08:28am

Publié par pascal doyelle

Il faudra cesser d’admettre comme réels le monde, le vécu et le corps.

Non pas que le monde, le vécu et le corps soient non réels, mais bien qu’il existe une gradation et que l’on perçoit le monde, le vécu et le corps d’un point bien plus réel que ces effets seconds. Seconds mais non pas secondaires.

Si l’on ne voit pas l’enfilade de la cause qui existe aux réalités qui sont, alors on sera tenté de supposer dans la réalité une deuxième réalité, ce qui ne se peut.

De même on se convainc facilement que l’on n’a pas la vie, le monde ou le corps qu’il se devait …

c’est que l’on cherche dans le donné, le vécu ou la satisfaction ce qui ne s’y trouve pas.

Cela revient à la position nietzschéenne, qui assume et assure l’auto-affirmation de soi du sujet brut (c’est sa fonction, son rôle dans l’histoire) ; si on agit poussé par des effets, l’action tournera en rond dans le monde, le même monde habituel, le monde des forces secondes ou pire secondaires. Si on se tient selon la cause, alors les effets naîtront par surcroît, se déversant immédiatement, voire instantanément, de la véritable source. Mais cette source n’étant pas du monde (mais dans la cause du monde, et donc de tout monde, étant auto-affirmation sa vérité n’appartient à aucun donné repérable, puisque tout repère s’effectue par le monde, el vécu ou le corps assujetti, aliéné, aliène n’étant pas selon la cause, hors monde), cette source donc, cette cause ne peut pas être « moi » ; c’est donc « la volonté » qui se veut et non pas ce moi, dont on voit bien trop évidemment qu’il est du monde, effets d’effets qui se prennent pour des causes.

C’est ainsi de la-volonté, toujours Autre, qu’il faut se tenir. On échappe de cette manière aux filets serrés des causes qui sont elles-mêmes effets d’effets.

C’est très difficile ; il faut être né pour cela. Dit-il.

Or donc c’est la même circulation qui nous vient du christique ; on en peut pas être libre dans le monde et selon le monde, or il n’existe qu’un seul point qui soit hors. Le regard du christique lui-même, qui comme on sait, existe non usuellement après la mort (et donc après tout ce qui se rencontrera dans le monde, le vécu ou selon le corps), mais qui existait bien avant le monde, puisque c’est par lui que tout a été fait (il est l’image de dieu, inconnaissable, mais l’image agissante selon la volonté du père, donc de la cause de la cause ; la supériorité hyper objective du père et du fils tracassait très fort Nietzsche, on le sait aussi).

La structure est très étrange.

Si ma liberté était relative au moi-même, je en serais jamais libre. Puisque le moi est composé et que la liberté ne peut aps dépendre. Il faut donc, effectivement, que la liberté soit autre.

Ou ce que l’on dit ; que la structure (de conscience, d’intentionnalité) n’appartienne à aucune partie de monde, de vécu ou du corps. Ce qui se vérifie comme champ intentionnel qui vaut en tant que tel (et non des contenus qu’il agite ici et là). Qu’alors, donc, le moi est un bricolage. Que le sujet est un dispositif-sujet, extrêmement puissant et d’une efficace formelle (non dépendant des contenus, et ainsi non dépendant des mois). Or portant il est certain qu’aucun sujet tout en étant parfaitement identique à tout autre sujet, ne peut pas et ne se confondra jamais avec quelque autre sujet que ce soit ; il n’existe à chaque fois que des sujets, un par un. Donc le réel, de notre existence, duplique le caractère absolument formel de « sujet ».

c’est bien pour cela que l’on peut traduire des langues ; parce que la structure de conscience est partout et unanimement la même et parce que ce sera sur le fond du toujours même unique monde, celui qui est-là, au devant. Si c’était des contenus on ne comprendrait rien.

De considérer comme acquise une certaine forme de soi. Parce que si c’est ce que l’on nous martèle, que nous sommes déjà « nous-même » et qu’il suffira bien de le devenir (ce qui est très bizarre),

il est clair cependant que durant tous ces siècles le réel-même tout le monde savait bien qu’il n’était pas là, pas dans le monde, le vécu ou le corps. Qu’il était, le réel, quelque regard planant on ne sait où. Et que seulement alors, bien saisi par ce regard, transi, de ce que le réel nous manquait on pouvait envisager de devenir. Et ce vers le haut.

Parce que sinon, si on est déjà-ici, tout entier, nous sommes tombés vers le bas. Et quoi qu’il en manquait une partie, celle que remplirait « une vie », si on est tout entier là, ça ne suffira pas, puisque l’on est bien certain que l’on ne réalisera pas ce que l’on veut mais plutôt ce qui se présentera, ce qui se rencontrera, au hasard, au petit bonheur, ou pas et dont on se trémoussera et prétendant qu’il s’agit, oui, bel et bien de notre destin. Qui peut croire en cela ?

On se proposera donc de rendre accessible tout cela qui se tient en réserve et jamais jusqu’alors n’est pas parvenu jusqu’à nous, jusqu’à ce moi que l’on est. Et c’est le propos même que de rechercher bien au-delà ou bien en avant, de remonter dans la Possibilité.

Dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, et évidemment la révolution et le réel c’est ce qu’ils dimensionnaient. Ils le dimensionnaient, ils en prenaient ou permettaient d’en prendre la mesure. Si l’on nous retire nos instruments, comment percevrions-nous ?

Or on a défini cela comme un manque, si souvent, un vide, un tourment absurde. Il est dit, ici, que si c’est un vide, effectivement, c’est parce que c’est formel. Et que donc rien du tout du monde, mais aussi du vécu ou du corps ne remplira cette forme pure et brute.

Il faut tenir bon sur ce terme de forme « brute ». Elle n’est absolument pas dégrossie, violente, difficile, incertaine mais statistique (la « vie » doit apparaître à un moment ou à un autre, ici ou là-bas, parce que dans toutes les choses immobiles ou mues par cause, il faut que naissent des êtres contenant leur principe de mouvement, et donc percevant leur milieu et parmi ces vivants quelques uns qui soient non pas relation au donné là, au milieu, mais rapport à (soi), se percevant donc à partir de l’horizon).

On envisagera, un jour, ce que la même dite forme brute peut bien signifiée lorsqu’elle s’engage en sa dimension propre et de brute se métamorphose en subtile… Nul doute pour nous que cette expérimentation de la subtilité de ce qui est tout brut et mal fait et mal dégrossi (le péché si l’on veut, le fini, le manque, la négativité hégélienne, le noumène kantien si l’on veut bien, le pour-soi néantisateur, ça c’est très fort, le réel lacanien, ce par quoi on peut faire-avec l’intraitable), cette expérimentation nous arrive lors et durant cette vie, et que c’est par là, par ce sens là, dans cette orientation, cette direction, physique, physiologique, que cette vie se transforme, se modifie en Existence.

On dit en ce sens que le christique, depuis le christique (que l’on y croit ou non n’a aucune importance, aucune objective en tout cas), le christique est l’Existant ; ce que de lui-même il signifiait comme « seul Vivant ». « Je suis le chemin, la vérité et la vie », comme on se souvient. Si l’on n’est pas croyant, cette logique pose quand même une telle problématique, pour le coup fondatrice. On en mesure pas du tout l’importance totalement débordante de cette phrase ; ça vient de la lune, de mars, de où vous voulez, mais pas d’ici bas. Du Bord du monde, peut-être, mais pas du monde. Du point de perception par lequel, pour nous, paraissent le monde, le vécu, l’objet du désir ou le corps, mais pas de nous-même.

On a dit, cent fois, que puisque nous percevons (et que pour nous existent le corps ou cet objet ou cette chose ou cet horizon) c’est que nous ne sommes pas ; une pierre ne perçoit pas comme un vivant, mais un existant ne perçoit pas non plus comme un Existant. On a dit que ça n’est pas que nous percevons l’horizon (tandis que le vivant, le chien vivent dans leur milieu), mais que nous nous percevons à partir de l’horizon. Ce qui est tout à fait différent, totalement autre. Le chien ne sait pas qu’il va mourir. Nous le savons, non spécialement de la mort, mais de tout ; nous sommes en-dehors de nous. Et c’est sur la toile de cinéma que cela projette que nous percevons habituellement, comme « sans le savoir ». Puisqu’il faut bien gérer le commun, l’habituel, le vécu, et construire ou plutôt bricoler le moi que l’on est (de bric et de broc).

Or donc il y eut, également et en plus de la tenue simplement immédiate, du moi, une aperception-autre qui nous percevait. La philosophie, qui décentre chacun dans et par l’universel (sinon vous ne pensez pas, pas du tout). Le christique qui décale intégralement le croyant dans et par son regard (c’est pour cela qu’il demande que l’on ait la foi ; si l’on n’y croit pas on ne voit pas, on se positionne par l’intention par-dessus, par-delà toutes les intentions et de ce point-autre, celui qui ne meurt pas, puisqu’il n’est pas concerné par la mort, aussi dit-il qu’il est le premier et le seul vivant, puisque recelant la capacité du point absolument en-dehors). Il est évident que si il existe un point-autre au-delà et en plus de toute vie (et de tout monde), il aura le dernier mot ; n’en déplaise à qui que ce soit, c’est structurellement le dit point à partir duquel on se perçoit et non parce qu’un type, le Jésus, l’aurait inventé, imaginé, mais parce que c’est la structure même du réel, par lequel, pour nous, quelques réalités nous apparaissent ; sinon nous demeurions le nez dedans, le nez dans la vie, le vivant, nous n’aurions pas un corps (puisqu’il n’entrerait pas dans le champ de perception et que ce champ n’existerait pas).

Reprenons ; il y a un champ (dans lequel les réalités, signifiées, entrent) parce qu’il y a un champ intentionnel qui permet d’accoler (pour faire simple) des perceptions et des signes ; ce qui veut dire aussi qu’il est possible de percevoir au travers des signes plus de perceptions … c’est même pour cela qu’il est un langage ; afin que ce langage soit dépassé et que les intentions parviennent jusqu’au monde, au donné, aux événements, aux dialogues, aux autres, etc ; le langage n’est pas du tout le bout du bout, aussi construisons nous des ensembles de signes, esthétiques par ex, parce que c’est le champ qui compte et non pas les signes qui ouvrent et contiendraient les champs d’expressions ou de perception ; en bref l’activité d’intention est plus grande que ces moyens, sinon on ne voit pas bien à quoi tout cela servirait, si pour créer un ensemble systémique nous nous se retrouverions piégés au dedans.

D’autant que l’on a pu, historiquement, déployer quantité de nouveaux champs, précisément en prônant la liberté ; si nous sommes libres c’est afin de construire des ensembles (et singulièrement non plus organisés par un groupe mais individuellement). La question demeurant la seule ; de où percevons-nous ou pensons-nous ou décidons-nous ou voulons-nous pour augmenter si considérablement la quantité et la qualité des champs de perceptions ?

L’hypothèse est que ça vient d’ailleurs. Parce que si c’était dans le monde, le vécu ou le corps, ça ne décollerait pas.

On dira : mais pourquoi avoir attendu si longtemps avant de déployer ces quantités de champs ?

Mais il faut bien comprendre que c’est ce que nous faisions depuis, on en sait, 100 000, 300 000 ans ; on a créé des mondes humains, dits de mise en forme culturelle (maya, égyptiens, aborigène, et tout ce que l’on ignore), sauf que la régulation de ces mondes là se fondait sur le groupe (il fallait à tout prix communiquer, transmettre et ne pas perdre la densité du monde ainsi formulé, sous peine de disparition).

Et qu’il est arrivait que l’on compris au moins ceci que l’on recevait pas le monde (tel ou tel, qui croyait en ce qu’il percevait et dont le groupe formait la véridicité constante), mais que l’on produisait les contenus de conscience et cette conscience de la production de contenus (et non plus seulement d’approbation au contenu perçu et partagé) prit le nom de dieu, de la pensée, du christique ou du sujet.

Et cette montée en gradation fut si puissante que, oui, effectivement, on peut se demander si ça ne nous fut pas révélé ou si l’on préfère ; on en fut saisi.

Mais c’est ce qui s’opérait depuis des lustres, sous la formulation de mondes (tous séparés) ; sitôt cependant que l’on prit conscience que nous produisions ces contenus, ce fut selon l’Intention (de dieu), la présence du monde (grec), l’effectivité du corps individuel (christique), l’intention du sujet tel que là (« je pense donc je suis », dont ça n’est pas tellement qu’il « pense » qui compte, mais bien plutôt qu’il « existe », se montre à lui-même, se sait comme origine de sa construction, et non plus seulement qu’il serait pensé par la pensée, grecque ou théologique).

Et donc nous voici admis en seconde année.

Passer du « je crois au monde tel que maya ou égyptien »

à « je sais que je dispose des contenus de conscience »

et je dois alors prévoir d’en créer de nouveaux (puisqu’ils sont désormais remplaçables) est une prouesse et qu’ainsi nous basculons de l’autre côté. Il y a de cela 3500 ans (pour dieu, on ne sait pas trop non plus), 2500 ans pour les grecs, 2000 pour l’individualité conscient de soi soi comme individualité (pour le christique), etc.

ce sont les explorations de cet autre côté qui constituent notre historicité ; dieu (l’intention), la pensée (l’universel de l’intentionnalisation), le christique (la forcément individuelle intention que l’on ex-siste, en tant que non seulement vivant mais existant), le sujet (cartésien ou révolutionnaire, qui dit « je » ici et maintenant et face à dieu si l’on veut, mais le je de toute manière impose sa logique à lui, et dorénavant se démultiplieront les je(s).

or prendre conscience que l’on est conscience et que l’on produit des contenus, ça ne va pas tout seul. Il faut redoubler d’effort. On ne peut pas identifier comme un objet ou une chose ou une inertie cela même qui est le champ dans lequel apparaissent les objets ou les choses. Il faut recourir à un plan, pour ainsi dire.

La dite planification, dieu, la pensée, le sujet, le réel, sont diablement ardus. On n’a pas de repères.

Aussi dit-on que « ça vient de la lune », on ne sait de « où ». Ou alors, comme on veut, qu’il s’agit de révélation ; la pensée était divine pour les grecs. Puisque l’on passe alors d’un régime immédiat (même si les mondes humains étaient extraordinairement complexes) à une médiatisation très-difficile.

Autant dire que l’on admet dieu, l’universel, l’autre-corps, le sujet, la révolution, et toutes les articulations qui tentèrent d’approcher la structure antérieure, celle qui rend possible « des contenus » mais n’est pas elle-même un contenu (sinon elle s’y noierait et n’existerait pas, il y a des contenus parce qu’il y a une distance). Et on admet, à la fois avec critique mais aussi absolument, dieu, la pensée et l’universel, le sujet et la révolution, etc.

Et on ne dit pas ; voici un système qui va remplacer tous les autres (quelle absurdité) mais il y eut plusieurs systèmes qui exprimèrent, en leur mode, ou même époques, le même-centre non visible.

Il n’est pas plus visible ici qu’ailleurs. Ça pointe juste le Même Point.

(on a vu par ailleurs pourquoi c’est un point et qu’il est non la-perfection mais le-perfectionnement, dont évidement nous n’avons commencer le début de l’aperçu). 

La différence est celle-ci ; la forme de la réalité, des réalités n’est pas déterminée. Et donc ça ne relève pas du monde, du donné, du vécu ou du corps ; ça vient du Bord. Le monde n’a pas de bord, soit il est infini soit il est sphérique, mais dans les deux cas le bord du monde est le Présent. Ce qui veut dire ici et maintenant et partout, en chaque point ici et maintenant. La structure du présent est probablement la plus étrange qui soit.

De même l’activité de conscience paraît seconde voire secondaire par rapport aux contenus, qui seuls valent ; et notamment ces contenus rigoureux, de philosophie ou de science (ou d’objectivisme pour les fanatiques). En se focalisant sur les contenus on ne dérive pas l’attention dans cet autre circuit qui consiste à désengager l’acte de conscience afin de l’établir selon le grand plan tout-à-fait autre. Le grand plan tout-à-fait autre est celui de dieu, de la pensée (universelle qui décentre le moi), du christique (qui extrait le corps), du sujet (qui impose à lui-même une soudaine autre perception par laquelle « il se perçoit » et notamment en l’occurrence se perçoit sur ce que Descartes à désigné comme étendue, ce qui n’est que le début de la désignation du « là » comme réel, d’abord comme monde, puis comme nouménal, puis comme réalité, puis comme existence brute, puis comme réel tel quel) et évidemment la brusquerie existentielle qui vous abandonne là au milieu ou au bout du monde (selon Sartre ou Céline).

Ce grand plan signifie qu’il devra organiser (et premièrement créer) une stratégie digne de ce nom ; une stratégie et non plus de ces petites tactiques limitées qui ne changent rien au moi, qui le laissent tel quel, comme moi et de l’expulsent pas, qui ne l’instituent pas comme sujet.

Il apparaît donc que « sujet » est bel et bien une telle dénomination ; une structure extrêmement puissante (qui contient aussi bien toutes les nuances, potentielles, du subjectif, lequel est formidablement charpenté, que les objectivités, par durcissements et resserrements du conscient et précisions et universalisations) et supposément la structure absolue, cad formelle.

Dont on a vu qu’elle représentait, pour nous, dans notre expérience autant que l’on y atteigne, la logique fondamentale ; celle non pas de la perfection de l’être (dont on ne voit pas du tout à vrai dire ce qu’elle peut bien comporter) mais le perfectionnement continuel et continué ; seule une structure-sujet peut supporter d’être absolu mouvement (et seul un mouvement peut exister, il n’y a aucunement un « être » possible ou envisageable, ce serait une contradiction dans les termes).

Mouvement, ce qu’est le présent. Le présent en tant qu’il est non pas le temps, mais l’exister. En ceci que l’exister contient toutes les sortes d’êtres possibles, connus ou non. La « substance » des réalités ne peut pas être elle-même une réalité, sinon elle serait « dedans ». ce que l’on nommait autrefois le fini, qui est simplement la détermination ; une chose déterminée est finie et la détermination contient à elle-même sa propre fin, disparition ; elle n’est utilisée qu’à cela. Et on sait depuis le début que la finalité ne peut pas consister en ce monde. Il n’y a pas peut-être pas de finalité en dehors du monde, mais en ce cas tout est destiné à la disparition, totale. D’aucuns peuvent trouver cela raisonnable.

On n’adoptera pas non plus une position de repli, dans le genre : « si la vie n’a pas de sens, alors autant ceci ou cela ». Parce que l’on ne considère pas que le fait d’exister, le fait de l’Existence comme tel soit une malédiction… Si nous n’existions pas, rien du tout ne serait pour nous, pour qui ou quoi que ce soit. Et admettant la quasi infinité (ou l’infinité effective) de tout cet univers, on se dit que l’énergie mobilisée est à ce point titanesque (si l’on peut dire étant entendu qu’elle est peut-être in-finie) que ça ne peut pas seulement exister là pour rien ; quel sens, logique, effectivité, réalité cela aurait-il ? Ce serait comme le comble du ridicule, saugrenu, débile. Pourquoi tant et tant d’énergie, puis de matière (de l’énergie refroidie en somme rend possible des « masses » que l’on nomme matière, compositions plus ou moins stables, sur lesquelles ça peut construire, durer, ce qui est organisé, dure, dans le temps que cela crée dans le même mouvement)

et donc toute cette débauche n’aboutissant à rien du tout,

sinon la disparition, l’effacement totale de tout dans la nuit noire ?

Il faut être un peu sérieux quand même. Et ne pas se laisser aller aux lamentations.

La dureté du réel, la brutalité des réalités, la violence font partie de « ce qui est », cad de la séparation nécessaire et implacable ; il faut que les réalités soient distinctes. Sinon ne parviendrait à l’existence des « individus », ce qui veut dire des rapports à (soi).

On a vu que ce sont des rapports à (soi) parce que sitot que l’on a un rapport, le rapport passe au-devant ; si il se perd en tant que rapport, il disparaît et ne possède plus aucune utilité, évidemment. Donc il existe un rapport qui rend possible des rapports ; ce qui veut dire des signes ; les langages sont des signes, en système, sinon non mémorisables et offrant alors une certaine résistance, c’est le but, mais non pas au point d’annihiler le rapport initial ; aucun contenu n’est supérieur au rapport premier et donc le rapport premier n’est pas un signe, il utilise le signe (et le crée, de par, dira-ton le champ intentionnel, qu’est un rapport, qui s’ouvre alors) et l’utilise en ciblant au-delà de sa limite, de signe ; en bref vers l’horizon et l’horizon ça n’est pas ce que l’on voit, mais ce à partir de quoi l’on perçoit ; notre corps, qui est « à » nous, s’aperçoit du dehors, ne serait-ce que du regard ‘autrui, de la communauté, mais donc d’abord à partir de soi-même, à partir du rapport, tout à fait autre pour lui-même ; c’est bien la spécificité du rapport que d’être d’abord lui-même et comme en ce cas on ne peut pas dire qu’il « est » (puisqu’au-delà des déterminations, les faisant défiler devant lui), mais qu’il Ex-siste.

Cette distance, interne, qui comme tout structure interne n’est pas « intérieure » mais produit, crée un externe, est ce à quoi nous sommes livrés ; la structure sujet (qui est le rapport initial) nous y sommes « condamnés », puisque c’est par là, par ce moyen que nous apparaissons à nous-même (et donc que tout apparaît à nous), hors de laquelle nous serions seulement un vivant ; nous percevrions les réalités comme un milieu à partir de l’aperception donné là, celle du corps que nous serions (sans distance). Donc la distance nous crée et on ne peut, ensuite, que

soit faire semblant qu’elle n’existe pas (et croire, en l’imaginant, que nous sommes, ceci ou cela , c’est l’imagination qui confère substantialité à ce que l’on croit être, il n’y a d’être, au sens de stable et consistant, qu’imaginairement)

soit élaborer cette distance même tant que telle, en tant que distance ; dieu, l’universel, le christique (selon le corps), le sujet, le réel sont à distance et maintiennent cette distance ; ce sont les opérateurs de structure qui nous voient à partir de l’horizon. Nous percevant de cette hauteur il nous est possible de manœuvrer une stratégie. Qui ne soit pas seulement les jouets du monde, les jouets des intérêts immédiats, de tous ces intérêts ou désirs ou imaginations qui tomberont, disparaîtront avec le monde (selon sa destination propre, qui est de s’effacer).

Soit on considère cela comme structure fonctionnelle (la réalité est incluse dans une forme, le réel). Et on obtient a minima une petite stratégie minimale. Les réalités apparaissent dans et par une articulation ; il n’y a pas des réalités puis une articulation mais une articulation, transcendante, qui produit des réalités.

Soit on admet qu’il s’agit d’une structure dimensionnelle ; la structure existe en et par elle-même et cela seul existe (tout le reste est, selon l’être et la détermination). Et alors une grande stratégie est possible, accessible et nous ouvre à la structure du réel comme tel (si tant est donc que ce réel existe en lui-même et non seulement comme transcendant par rapport aux immanences, mais en tant que la transcendance est cela même dont tout est fait, agit, créé, produit, décidé ou engendré, comme on veut selon sa croyance ou par ailleurs son engagement structurel, sur lequel on reviendra).

Fonctionnellement : cela permet de ramener quelque système que ce soit à une seule fonction, de conscience, d’intentionnalité, laquelle conscience est indérivable ; de même que l’on ne peut pas dériver l’exister (puisqu’antérieurement à l’exister il n’y a rien, ou autrefois l’être, si on le supprime on ne peut plus penser). La conscience est indérivable parce qu’elle signifie que cet être est en rapport avec lui-même ; il est ce rapport, ce qui revient à dire qu’il n’est pas, il ex-siste. À la différence d’une pierre qui est cela qu’elle est, ou d’un vivant qui est un rapport (puisque qu’il est autre que son milieu, sa peau le sépare du reste, et il se meut, de fait) mais n’est pas le rapport du rapport ; c’est seulement parce que le rapport est rapport à soi comme rapport que cela se nomme « conscience ». Cette non/identité, cette identité formelle, pour cela les contenus défilent dans l’arc de conscience, qui les rend possibles ; « conscience » se dit de cet être qui est son rapport et non pas le rapport d’un ceci à lui-même ; aussi le dit rapport de conscience est instantanément universel. Ou si l’on préfère, accoler un signe et une perception c’est entrer de fait dans l’universalisation ; le langage est en lui-même universalisation opératoire. Dans une réalité en laquelle toute chose et tout être est le rapport qu’il est (et donc n’est pas un rapport à soi, mais est en rapport avec les atomes ou les autres vivants), il y a au moins un être qui est le rapport qu’il ex-siste.

Mais sitôt que le rapport-à-lui-même se crée il est tout le rapport ; puisqu’il n’est plus acheminé par une détermination mais par son activité. Et il se rend capable immédiatement de tout. La forme, la structure de conscience (qui est la forme du rapport en tant que tel, du rapport en soi qui est absolument formel) est instantanément tout ce qu’il y a lieu en tant que rapport (de même que dieu, la pensée, le sujet ou le réel viennent tout en une fois, qu’il faut ensuite déplier formellement, ce qui est très difficile ; l’égalité et la liberté par ex déplient la liberté du sujet, qui ne se mesure que via autrui).

Le rapport à-soi n’est donc pas le rapport que jean-pierre tient avec lui-même ; le « lui-même » (soit jean pierre) n’existe que dans et par le rapport de la conscience qu’il ex-siste (je en suis pas ce que je suis, ni ce que les autres ou le monde ou le passé ont fait de moi mais ce que je fait de tout cela, ce que je fais actuellement, ici même, ici et maintenant, dans l’ici et maintenant toujours actuel ; on n’existe pas, jamais, en dehors du présent …)

C’est à cette fonction ou à cette dimension du je, de l’arc de conscience, de la forme du rapport que l’on se réfère. Et c’est ce rapport qui constitue le Bord du monde, du vécu (et du relationnel) ou du corps, ce à partir de quoi on (se) perçoit.  

Comme disait Kant l’unité transcendantale est constitutive de toute pensée (représentation, perception, corporéité, etc), parce que toute pensée est un tissu de rapports (comme tout langage, donné ou second comme les maths) et qu’il y a un-rapport qui initie tous les autres (ou alors il faudrait imaginer, visualiser que telle pensée existe en elle-même, on ne sait où).

Ne pas comprendre que le rapport est originel (bien qu’il soit né bien après) c’est laissé à du représenté la structure d’un être, mais d’être il n’y en a pas, sauf dans le mouvement ; il y a le mouvement (le présent en l’occurrence) et dans le mouvement des choses ; qui sont inconsistantes puisque seul le mouvement existe, de même qu’il y a du consistant (le chat) construit sur de l’inconsistant (le chat de Schrödinger est inconsistant mais au niveau de Schrödinger il n’y a pas de chat … mais des mouvements, des agitations, pas de consistance du tout ; que la semi consistance des choses et des vivants soit fondée sur l’inconsistance des agitations est fascinant ; les réalités sont des constructions, pas des « réalités »).

La dimension

La dimension rend accessible que non seulement le mouvement soit origine de tout ce qui est (comme réalités, dont on sait bien qu’elles n’offrent pas une consistance suffisante et valant en elle-même)

mais que de plus nous existons dans et par ce mouvement, et que nous y habitons. Que nous y existons, sans y être. L’être est seulement le moyen de l’exister. Et il n’existe pas d’unité « substantielle », qui ne sera que rêvée, idéalisée, imaginée ; l’être est une vision de l’articulation mais nullement sa résolution, en quelque sens que ce soit et du reste on serait bien en peine de définir (selon une détermination) quelle pourrait être cette unité ; il n’est aucune synthèse ou être synthétique qui rassemblerait la diversité et la multiplicité ou donc la détermination ; il faudrait imaginer, imaginer, une super – détermination, mais les réalités sont étalées par le réel, le présent, la distanciation des choses dans un « là » in-différent, et les motions de conscience ne réunissent une unité que localement ou ponctuellement et non pas substantiellement, selon une identité.

Par contre il est une telle unité mais selon le sens, la signification, selon cette activité, cet activisme (qui nous pousse par exemple dans notre monde humain spécial à désirer constamment afin de relancer la dite unité mouvementée, qui doit brasser quantité de données, d’informations, d’image,s d’objets, mais jamais toute cette masse ne parvient à une unité, elle se fixe juste sur tel ou tel objet à tel moment, ce qui occasionne une fragmentation intentionnelle considérable et en elle-même mortifère ; elle tue l’unité, cette fois intentionnalisatrice, rendant impossible une quelconque stratégie ; ni l’humanisme, ni la classe sociale, ni même souvent le moi n’y survivent ; la dispersion intentionnelle c’est cela même qui nous juge et jugement dont les effets s’incrustent ici et maintenant ; aussi faut-il rassembler les structurels, et percevoir l’historicité elle-même, avant que tout ne disparaisse).

Dieu, la pensée (l’universel, en tant qu’universalisation du rapport qui se reconnaît comme tel et non plus seulement comme langage mythique, qui se connaît comme activité et non comme monde donné), le sujet (qui se sait comme relevant de son intention propre et non plus seulement de l’intention de dieu, qui précisément signifiait cela même, que l’on soit intentionnel) et le réel, enfin, rendent possible l’utilisation, par elle-même, de l’intentionnalité, qui autrement sera utilisée par le monde, le vécu ou le corps, et qui, inversement, par là, détient le levier de son organisation et bien encore avant de son invention, de sa création structurelle ; dieu, la pensée, le sujet et le réel se créent comme structurels, inimaginables selon le monde, de là qu’ils soient décrochages par rapport au donné ; et structurel qui ensuite sera re-déterminé, à chaque fois, selon un représenté, un monde humain, telle la nation, ou un humanisme, et à terme des sujets citoyens, et dans le monde humanisé, depuis la révolution, sera re /déterminé selon tel ou tel moi-même ; il est clair que ces manifestations ne sont possibles, à chaque fois, que du structurel acquis. À chaque fois il engendre des mondes, des vécus, des relationnels, des corps nouveaux (le moi invente un corps sur lequel il entraîne des signes).

Somme toute, quel que soit ce que l’on vit, ce qui compte ce sera ce que l’on en fait. Ce qui paraît tout à fait abstrait, mais n’oublions pas que nous sommes et nous ne sommes, nous n’apparaissons à nous-même, il n’y a un « nous-même » qu’en tant que rapport. Et donc nous sommes déjà l’universel d’une part (cad dieu, l’intention unique ou la pensée, l’intentionnalisation universalisante) et d’autre part le singulier sujet (qui est ainsi bien plus vaste, conséquent, concret et structuré que l’universel) et qu’ainsi en chaque détail nous sommes propulsés au plus haut, à partir du plus haut ; dès que l’on porte attention à ceci ou cela, on est immédiatement reconduit à l’ensemble, à l’unité, à élévation ; parce que l’on y existe déjà, puisque c’est à partir de là que tout le reste apparaît.

On est instantanément en vérité supposé, supporté à partir de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel (au choix mais en vérité on assume ici les quatre possibilités) ; de sorte que l’on ne peut commencer d’interroger sans supposer le terme absolu, puisque nous sommes un rapport c’est la structure de rapport qui s’instancie immédiatement (et permet d’additionner ou de soustraire tous les autres rapports).

Et ceci puisque tout ce-qui-est vient d’en-avant, du devant : raison pour laquelle il existe un présent, que tout l’être n’est rien sinon pris-dans l’exister pur et brut.

On voudrait stopper la possibilité, mais sitôt que l’on veut saisir quelque réalité ou une imaginaire identité, nous sommes ramenés au réel unique-en-mouvement, au Un qui devient et qui devient de plus en plus immensément, au terme absolu, au sujet, ou comme vous l’entendez (ce sont des mots sur une seule et même structure, fonctionnelle ou dimensionnelle, mais des mots qui sont également des approches de la source d’en-avant). Emportés dans le mouvement.

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