Le mouvement rapide de l'exister
Ce que l’on nomme « présent » est non pas le présent coincé entre le passé et le futur, mais le présent matriciel, la structure d’engendrement, l’agissement qui poursuit les mondes et les actualise. Ainsi tout point, tout ici et tout maintenant, est le point unique qui agit ; il n’est en vérité qu’un seul Instant qui contient tous les autres (ils sont tous formels et la forme n’a pas de composition). Tout instant est l’agissement lui-même ; c’est dans cette dimension (qu’elle soit fonctionnelle ou dimensionnelle en propre) que l’on est introduit.
On a déjà atteint la Possibilité, plusieurs fois.
Dieu, l’être/l’universel, le christique/le sujet, le réel formulent les accès vers la structure.
Soit la structure fonctionnelle (le réel est un Pli)
Soit la structure dimensionnelle (le pli est le Réel).
Au choix.
Pareillement on a vu que nous ne sommes pas, nous ex-sistons. Nous existons veut dire que notre être est une structure, un rapport, une forme splittée et donc on ne pourra jamais en aucune manière nous unifier ; la division est la loi, le principe, la possibilité même. Tout attente selon l’être est une imagination, une re/présentation qui fige le regard, et empêche de se concevoir comme mouvement et de comprendre que si il n’existe pas d’être compact, de consistance, de solidité, par contre il faut entrer dans la vitesse du mouvement.
Lui seul est réel, lui seul existe.
Si on n’admet pas le mouvement, on continue d’imaginer dieu, l’universel, le sujet ou le réel comme des 'choses fixes'.
Or pourtant depuis le début dieu est pur mouvement, Platon ne conçoit que les idées dynamiques qui rendent perceptibles les réalités et le Bien comme perfection agissante des idées elles-mêmes, le sujet est un dispositif et non un être (de Descartes à Sartre en passant par Kant et Hegel) ; si l’on conçoit toutes ces possibilités du dedans d’elles-mêmes, on saisit immédiatement qu’elles se meuvent, mais si on les observe du dehors, extérieurement, on croit que Platon nous entretient des idées comme de choses fixes.
Mais donc que le réel existe en mouvement est su depuis le début, mais exprimé autrement et qui requérait autrefois l’activité du croyant, du penseur, de la foi, du sujet cartésien, etc, mais non pas perçu extérieurement. Or notre statut de « moi » nous éjecte hors de toutes les mises en forme structurelles qui eurent lieu ; le moi fait office de filtre, repoussant qu'il ne soit pas là et niant toute suréminence, cloué sur le sol, déversé dans la seule vie mortelle, le moi qui nous abandonne au monde sans aucun recours ; livré à cette seule vie, ce vécu, destiné à la disparition, finale celle de la mort, mais également la constante disparition de tous nos objets intentionnels qui s’effilochent dans le monde, le vécu, l’image, le flux, le relationnel, et ça n’est pas sans raison que l’ensemble de tous nos micro-mouvements se sont démultipliés indéfiniment, consommateurs de tout le n'importe quoi ; c’était leur destination effective ; se perdre. Le moi, sa typologie, nous abandonne sans possibilité de structure, usant sa liberté à de pauvres fins immédiates. Ce dont il ne se rendra compte qu’à la fin (et il s’en rendra vraiment le compte sonnant, il s’en est déjà rendu le compte et est déjà la décision, cette décision qu’il existe ; ce qui existe en tant que rapport n’est pas selon le temps ... Ou si l'on veut il existe une a-temporalité, fonctionnelle ou dimensionnelle).
Il n’existe que la structure pour nous extraire du donné tel qu’il se déroule comme dissolution ; tout ce qui aboutit au monde, au donné, au vécu ou au corps tombe indéfiniment dans la réalité. Seule la structure de début existe. Et seule une structure peut élaborer une stratégie, sous peine de mener quantité de tactiques mais peinent au ras du sol. Il s’agit donc de saisir le mouvement au vol. Le réel est uniquement et exclusivement un commencement, l’indéfini commencement qui re-vient (le renouvellement christique, la possibilité toujours universelle de la pensée, la décision existentielle du sujet). C’est ce que l’on tente constamment, selon le désir ou les désirs divers et tentatives qui reprennent sans cesse, puisque ça ne peut pas aboutir à un résultat réel, donc cela se recycle continuellement.
Le problème est que notre être est un rapport et donc pas un être du tout, et on a dit et ajouté que si il est un rapport c’est que le réel est tout entièrement lui-même un rapport ; un mouvement qui s’adresse, qui est adressé, en destination d’une Possibilité. On a désigné le présent, l'ici et maintenant, tout ici et maintenant (chacun existe dans l'ici et maintenant actuel, il n'y a personne qui existe nulle part ou dans un présent autre ou un autre présent ; le présent est la limite interne de toute réalité) . Et puisque ce mouvement engendre tout, toutes les réalités, il peut ou doit être dit hyper-objectif. Ce qui se doit autrement qu'à notre être ; la conscience-de n’est pas « subjective » (ce qui à ce niveau ne veut rien dire) mais est une structure hyper-cohérente (qui tient dans sa vue tout subjectif, tout objectif, toute perception, toute absorption des données venues du corps vivant, du monde, c'est un rapport "poreux", perméable, un rapport étant de fait ouvert, et formel et non déterminé en lui-même ; que la réalité, la nature a inventé ou qui fut créé, par dieu, ou qui s'engendre dans la réalité parce que le réel est formel puis déterminé, mais dans tous les cas ; une suréminence).
Cette hyper-cohérence c’est cela qui se voit lorsque l’on veut penser ou adresse notre propre intention à dieu, vers l’être (ou le bien ou le un de Plotin ou l’Être de Heidegger ou l’existence), le sujet ou le réel ; c’est cela qui se voit parce que ça ripe. Ça ripe parce que l’on aboutit non pas à un « être », à une consistance, une solidité mais un mouvement ; dieu, l’être/le bien/le un, le sujet ou le réel sont des mouvements. Ils doivent être pensés, perçus, intentionnalisés comme tels. Or on ne peut pas sauf à se modifier soi-même ; un mouvement on ne le saisit pas… on en est saisi.
Le philosophe est décentré par l’universel, le corps exposé par le regard christique, le moi perdu-retrouvé par le sujet cartésien (ou kantien, hégélien, husserlien, sartrien, ou nietzschéen, heideggerien, sur leur mode propre). On se perd à être-saisi, mais on se glisse alors dans le mouvement même, on ne sait comment, ou du moins (parce que l’on n’y habite pas, dans le mouvement, il nous éjecte instantanément ; il est le Bord qui tient au-devant toute réalisation) dont on peut obtenir de près ou de loin une intuition, une vision, une illumination, une révélation, une sur-évidence absolue, un mouvement rapide de l’œil par ces structures, lorsqu’elles nous agissent.
De là qu’il y ait révélations soudaines, et peut-être dans votre vie elle-même cela vous fut-il communiqué, on ne sait comment, par où ou pour « quoi » ; comme c’est un rapport, une forme, elle ne prend que diverses apparences du monde, du vécu (et du relationnel) ou du corps et si la structure s’y manifeste ça n’est pas ceci ou cela qui s’expose mais la forme qui se communique, qui se transmute ; dieu, la révolution, une œuvre ou une décision, ça se transmet. Étant la forme même antérieure à toute réalité (et toute réalisation, réal-isation, humaine ou individuelle) elle se saisit de toute et n’importe quelle manifestation du monde ou du vécu ou du corps.
L’intuition de cette forme est agissement. Agissement ou activisme ; le réel est entièrement activité et de là nous supposons (et c’est une hypothèse, une thèse) qu’il est, fut, et sera activité ; un kaléidoscope gigantesque (puisque, quand même, il occupe tout ce qui est, il dépose là tout l’être, dans toutes les régions de réalité (quant bien même y aurait-il plusieurs univers ou plusieurs sorte d’univers ou équivalent) et dans tous les domaines, connus ou non connus, qu’on suppose infinis en nombre, a priori, pour les raisons du néant infini, par état, et donc du réel infini conjointement à ce néant ; tout le néant est occupé par toutes les formulations de la même forme, du même réel). Kaléidoscope dont on suppose ou admet ou imagine, si l’on veut, qu’il se meut. Toujours, constamment et continuellement. Il n’est qu’agissement et devient et donc, puisque la Perfection est la continuité même du Possible brut (néant/être - être comme déterminé/exister - arc du présent/arc de conscience) on peut dire qu’il y a possibilité afin que la perfection se perfectionne (on a vu que la perfection est le perfectionnement, sinon c’est un 'être' inerte, mort, non existant, vide, rien).
Cela seul qui est en capacité de se perfectionner, c’est le dispositif-sujet (dont ce que nous nommons « sujet » n’est que la pâle ébauche déjà tellement difficile comme telle à entreprendre).
Et donc il vous est, peut-être, arrivé de saisir, ou donc d’être saisi par l’être, le réel, le sujet, dieu, l’universel, la révolution (et son caractère universel et/ou individué), par une œuvre et une poétique ou une esthétique, un éblouissement, une révélation absolument existentielle, durant et au beau milieu de votre vie (au début, au milieu ou à la fin, puisque ‘il s’agit d’un aperçu soudainement structurel qui est hors-temporalité, on Voit selon la Vision, puisque aussi bien on a dit que la réalité est elle-même manifestation et champ de perception, dont notre sujet à nous, notre structure de conscience est une certaine pliure dans le Pli gigantesque du réel brut).
La finalité est ainsi, a priori, le perfectionnement ; le perfectionnement du Pli lui-même et pour chacun le perfectionnement de la conscience-de qu’il a, qu’il en a, qu’il ex-siste ; il l’a, donc il ne l’est pas ; il l’existe comme autre ; « avoir » obtient ici le caractère de distance, le ce-par-quoi, un tremplin, un sauf de l’ange.
Reprenons ; si le mouvement existe (et est donc cela seul qui existe vraiment), nous ne sommes pas. L’être est relatif ; relatif au mouvement ; le mouvement est l’absolu (on ne saisit à vrai dire rien du monde, du vécu ou du corps, on fait-semblant ou on imagine que l'on saisira ; il n'y a, à vrai dire, pas d'autre choix que d’excéder le choix lui-même, se con-fier, admettre que le plus-grand .... est plus-grand). Notre conscience, qui est intentionnelle, s’installe dans le présent et suit le mouvement ; elle est mouvement parce que l’intentionnalité est un rapport mais aussi parce que le mouvement harnache un signe et une perception (ou plus sûrement un signe et un signe) ; le mouvement de conscience est un raccourci temporel. On relie un signe et cette perception mais ils ne sont pas attachés « au même instant » ; il faut deux instants pour que l’un bascule dans l’autre ; une conscience-de est un arc au-dessus de deux moments de temps ; on se souvient du premier tel qu’il est cité dans le second.
Ça n’est pas une opération magique, c’est simplement que l’arc, la conscience est un rapport ; et ça n’est pas le signe (ou le langage) qui détient ce que l’on perçoit, c’est seulement grâce à cet outil que l’on perçoit, distinctement, telle perception ; ça va vers le donné ; c’est pour cela qu’en vérité la psychanalyse pourra toujours ramener une idée, une image, un idéal à une disposition du corps ; c’est toujours un morceau de corps… le moi est toujours un fétu de paille sur l’océan de l’inconscient, la science ou l’objectivité sont, pour l’inconscient, des symptômes ; le moi quoi qu’il pense sera toujours un prétexte de ou pour. Rappelons que si le moi est toujours une partie de corps, l’arc de conscience, et le sujet, part toujours d’en haut ou de l’horizon ; il est déjà détaché et autre. Ce que l'universel, dieu, le christique, le sujet, le sujet révolutionnaire, l'e créateur, l'artiste, le poète, l'exigence éthique, créent c'est en-plus ; ils 'ajoutent. En plus du moi (qui lui, bricolé, gargouille dans son coin, son coinçage). La sortie est en-haut (lorsque l'on se quitte et est saisi).
Ce que l’on veut dire c’est que le décalage est extrêmement fragile et subtil et millimétrique ; pour illustrer on dira que 98 % de ce que l’on est, est déterminé mais que ce sont les 2 % qui comptent, puisque ce qui va déroger à la réalité est ce qui va bouleverser la réalité ; sinon le monde ou la vie roulent selon l’habitude.
Pour la psychanalyse on en tirera la leçon qu’il n’existe qu’une seule surface, mais elle est placée au-devant ; à la surface du corps (en tant que corps donc) ; ce qui permet au système intentionnel d’absorber toute information, perception, émotion, etc, telles qu’elles surviennent, même celles que le conscient (cad la part définie, explicite consciemment) ne contrôle ou ne remarque pas ( cad celles qu’il n’intègre pas dans une computation consciente). On se souvient que l’arc de conscience n’est pas le système conscient ; l’arc de conscience est le mécanisme qui lance toute la perception et use de signes, mais ces signes ne sont pas nécessairement « du conscient » ; sinon on passerait notre temps à réfléchir tout ce que l’on ressent ou perçoit ; on perçoit toujours beaucoup plus que ce que l’on retient. et ce dans le donné, le vécu. Mais de plus on intuitionne encore plus selon le haut, le possible, la possibilité, le sujet ; il y a une sur-conscience potentielle, qui retient toujours son virtuel à part, une puissance qui cherche l'acte, l'activité, l'activisme (or le moi ou le corps souffrent déjà de cet arc sur-puissant qui les déchaussent).
Aussi la performance en propre de l’arc de conscience qui consiste à se tenir en avant (la cervelle lance l’arc vers le monde et celui-ci revient, chargé de quantité de données, dont quelques unes re-marquées, signifiées ou en moins grande part signifiées-consciemment),
sa performance donc est de se supposer en cet en-avant ; il signifie (cad désigne, du doigt si l’on veut, du doigt structurel) l’horizon parce que non qu’il perçoit cet horizon seulement, mais bien qu’il se perçoit à partir de cet horizon (qui doit être au minimum affecté d’un signe ; le grand horizon étant dieu, l’universel, le sujet ou le réel, et leurs dérives diverses, faisant office de). La performance de l’arc de conscience est de positionner le sujet (qu’il soit dieu, l’universel, le sujet proprement dit ou le réel) ; de positionner le rapport. et il est sans cesse écrabouillé par l'Autre, l'altérité de structure. Mais ayant en vue ce rapport, noté tel quel, il peut ensuite commencer d’ordonner, d’organiser, de hiérarchiser, de penser, d’imaginer, tous les rapports potentiels en deçà de l’horizon, du un, du point, du réel, de sa liberté, etc. Ce qui ne s'opère pas dans le calme et la sérénité, le bonheur et la stabilité ; c'est littéralement l'in-satisfaction, l'impossibilité, la grande possibilité écrasante (entre l'écrabouillement et l'écrasant, il faut choisir).
On dira comment intriquer la surface du corps (psychanalytique) et l’arc de conscience ? Mais c’est qu’il ne s’agit pas du tout de penser monolithiquement ; il n’y a aucun « moi » ou « conscient » qui existent en eux-mêmes, froidement, extérieurement ; il n’y a qu’un seul champ intentionnel mais comme il est formel (cad non déterminé) il intègre, absorbe, admet, comporte quantité de toutes sortes d’informations, de champs (un champ qui ne crée pas des champs n'en est pas un).
Si le moi peut se tourner vers la psychanalyse, et si effectivement il « résoudra » (ou à tout le moins aplanira les difficultés de sa personnalité) il est clair que par ailleurs (par ailleurs donc) à l’opposé le dit champ de conscience va poursuivre, en suivant son propre fil, la difficile direction de son intentionnalité ; le point au-devant, celui qui pose l’horizon, celui qui suppose un rapport qui lance le processus de mise en chantier de tous les rapports accessibles (tandis que le moi tourne en rond entre son conscient et ses signifiants attachés). Il est des rapports qui collent à même le corps (inscrits comme signifiants sur et par le corps, dans l’horizon de ce que suppose, imagine le corps, à savoir la jouissance impossible et qui tourmente le moi) et il est des rapports conscients explicitement exprimés, plus ou moins (qui chosifient) et il est des rapports potentiels (qui sont accessibles à tout arc de conscience, pour peu qu’il le décide) et qui conduisent à dieu, l’universel, le sujet (la liberté), le réel, les oeuvres, l'éthique.
Le point supposé structurellement (comme dieu, l’universel, le sujet ou le réel) ne s’utilise pas à nier le corps et sa surface, mais afin d’attirer ce corps afin qu’il continue de créer la surface, la surface nouvelle. C’est un mensonge, une illusion, une hérésie, une faute que de croire que ce corps est là tel que donné ; il n’y a rien de donné en l’espèce humaine ; elle est déjà toujours autre et si on stationne et stoppe le mouvement à croire que l’on est seulement ce que l’on est (sous l’injonction d’une science, d’une idéologie, d’une théorie, d’une image, des objets, qui effectivement sont déjà-morts) alors on fige le mouvement et le mouvement de toute manière continuera ; de même que Nietzsche refuse le christique mais que fait-il sinon offrir une nouvelle version christique ? (il est des faits structurels majeurs d'on ne sait où).
On veut dire que la forme structurelle il n’y en a pas trente-six, mais une seule, et son bienfait, et probablement son sens, sa signification, est précisément qu’elle soit une forme et va donc engendrer une quantité infinie de sujets (Badiou est bien en peine de définir ce que par « sujet » il entend puisqu’il ne peut pas du tout franchir la barre, pour lui, de l’universel ; tel "une vérité est sujet", c'est incompréhensible) ;
ici les sujets sont des sujets, des rapports, et des rapports en tant qu’ils existent « en personne » ; il ne s’agit pas de tenir là au-devant un rapport (de ceci avec cela) mais de discerner que chaque arc de conscience est ce qui est nommé « rapport » (et qu’ensuite il y a des rapports tenus extérieurement, à bout de bras pour ainsi dire, par, parce que et pour le sujet) ;
Dans ce corps, ce vivant, se crée ou fut créé un arc hors de la cervelle vers le donné tel que là … Inauguralement selon notre hsitoricité en tout cas, le corps du christ, par lequel chacun obtient d’être ce chaqu’un qui instancie le sujet (on entre dans notre propre champ en tant que je, certes premièrement sous le regard qui embraie notre regard, puis s'instanciant cartésiennement un par un, c'est pour cela que le christique élève l'égalité et puis ensuite René la liberté) ; il est cela même qui initie que chaque corps soit exposé en et par un arc. Aussi s’incarne-t-il dans le plus faible qui malgré sa souffrance, sa mort, son abandon, son exposition est et demeure une individualité, qui échappe à tout ordre ; en quelque abandon que vous retrouviez, il sera déjà là (c'est la signification).
La forme sujet est dite en un corps et il faut prendre absolument au pied de la lettre qu’elle fut initialement christique ; parce que nous nous tenons d’un corps, d’un être vivant déterminé vivant, et nous allons, de toute manière, fauter, ce qui, si l’on préfère, veut dire que nous allons nous tromper, nous égarer, nous perdre de vue, tomber de Charybde en Scylla, on sera, quoi que l’on veuille, dans l’erreur, la déroute, le n’importe quoi ; c’est ce que signifie en première propédeutique, le christique.
Propédeutiques et instructions quant au déploiement, par lui-même, du ressort intentionnel tel qu’il nous rend accessible la Possibilité (du sujet) mais aussi tel qu’il nous livre au monde donné là (et ce en dehors de l’ancien garde-fou que constituaient les sociétés humaines groupales, hiérarchisées, catégorisées ; rappelons que le christique signifie que chacun existe en et par lui-même selon son propre corps et qu’il est impossible dès lors de vous définir extérieurement, ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni libre, etc). Dans les nouveaux rapports (dieu, l’universel, le christique) peuvent se concrétiser de nouveaux rapports. Lorsque donc on prend conscience de cette conscience qui permet, justement, de produire des contenus (et non plus qui croit en son monde, maya ou égyptien), alors cet arc de conscience doit s’instruire, s’instrumentaliser lui-même, nommer son rapport et ainsi le laisser entrer dans de nouvelles relations, tisser un autre réel visible (comme structure opérative qui crée des contenus, des idées, des signes, des récits, des images, etc, de manière ouverte et non plus ritualisée ; l’esthétique, l’éthique et d’autres registres prennent leur liberté, et se constituent en tant que domaines à part entière).
Et le deuxième principe structurel est qu’il ne faut jamais céder sur son Intention… Elle ne se réalise pas, jamais, ne se retrouvera jamais vraiment en quelque partie ou part du monde, du vécu, du relationnel ou du corps, mais il ne faut jamais faiblir sur sa volonté, et donc plus exactement tenir, parier sur la souplesse infinie de cette volonté, renommée autrement « intention ». Intention parce que la dite volonté étendue qui courre le long d’une vie ne peut pas se ramener à une volonté ponctuelle, une motion consciente mais sur le sens que l’on va vouloir, que l’on a voulu, que l’on veut en transformant cette vie en existence.
Ce qui est tout à fait nettement le projet, le projet sartrien, qu’il y ait en et par chacun un projet, une possibilité, la possibilité de résolution de ce qui se désigne comme « existence » et qui devient alors pour chacun, problématiquement, ce qu’il ne faut pas quitter, abandonner et dont on aura à rendre compte…
De même que le christique ne nous jugera pas, mais que nous nous jugerons nous-même (le Huit-clos de Sartre, l’enfer c’est les autres mais en vérité que pense-t-on de soi ?). Nous-même face à nous-même sera, est constamment le jugement qui nous suit : tandis que le christique, lui prévient qu’il par-donnera, et c’est la troisième occurrence de la propédeutique généralisée du christique ; le péché (l’erreur), la foi (l’intention) et le pardon (le renouvellement continuel du possible).
Et le renouvellement et non plus la loi, juive, qui, forcément, vous condamne, puisque de toute manière dans les faits tout le monde échouera, mais que l’intention qui est la vôtre est justement cela qui est en question ; et qui, si l’on n’est pas croyant, peut s’entendre comme ; avez-vous poursuivi vraiment votre intention jusqu’au bout de sa capacité ?
Tous ceux qui prétendent que l’on n’est pas égaré, que l’on doit suivre sa nature ou que l’on est à tout jamais pur et innocent (que l’on ne sera pas jugé) se trompent et surtout trompent leur monde. Effectivement on en sera pas jugé … (c’est le christique même qui l’indique) mais on sera son propre juge et c’est encore plus difficile (ce que nient les grandes âmes illusionnées), encore plus extrême.
On n’échappe pas à la division ; il est inutile de croire en une sainteté, cad une perfection achevée pour ainsi dire, puisque le problème du réel n’est pas la perfection mais le perfectionnement ; la perfectibilité. Aussi le réel est-il déjà toujours articulé, autre, pli, et c’est dans et par le pli, la division qu’il y a des choses et des êtres (des réalités et des univers, des déterminations qui glissent constamment dans l’indistinction, sans jamais qu’il y ait « indistinction » totale, néant, puisque le néant n’est « rien du tout » et ne peut pas apparaître ; le néant est ce ‘en quoi’ il y des déterminations, des différenciations de champs, champs relatifs à une perception généralisée). Le christique ne cache rien, il nous en révèle même tellement que nous ne le comprenons toujours pas. On ne sait pas pourquoi notre arc dresse soudain l'infini cartésien. Ou pourquoi l'exigence sartrienne ou lacanienne créent le gouffre sous nos pieds et si Sartre est déjà auprès de nous, existentiellement (dépassant l'analytique de heidegger) Lacan avance encore plus dans le détail même du psychique. Mais nier la division et l’altérité ce serait encore plus s’enfoncer dans l’illusion et encore plus se mentir, encore moins créer de réelles intentionnalités, suréminentes au monde et au vécu ; illusion produisant quantité d’intentionnalités mondaines, immédiates, non-techniques.
De là que les philosophies, réelles, paraissent abstraites et à vrai dire « techniques » ; c’est parce que le réel est une technologie. On n’y échappera absolument pas.
Or il s’agit bien, cependant, de se rendre compte que si ça ne se rencontrera pas dans le monde, le vécu ou selon le corps, c’est qu’il ne s’agit pas du tout de la perfection mais du perfectionnement de la perfection, de l’agissement qui soutient et qui, plus encore, qui origine la structure (dieu et l’intentionnel unique), l’augmente (les grecs et l’universel qui couvre et révèle le monde), l’intensifie (le christique et le corps, le sujet et l’accélération du sujet cartésien et depuis la révolution) et la rend effectivement concrètement réelle ; depuis la révolution et ce basculement du possible abstrait à la réalisation en et par chaque un.
Formule qui, soit dit en passant, s’est étendue au monde entier. Partout il est établi (au moins idéalement ou idéellement) que tout peuple est constitué d’individus-sujets dans un État.
Le communisme a pu l’entendre comme universalité horizontale seule (l’homme générique et ses besoins, contre l’individualité et ses désirs), mais il n’était pas capable de supporter suffisamment de complexité du fait de son limitatif principe. On a déjà remarqué que l’individualité mourra et disparaîtra suite aux déchaînements de ses désirs (qui envahissent toute la réalité et mettent à bas la diversité et l’équilibre naturel), et ce pour la raison qu’il y aura succombé, à ces désirs, tout et n’importe quoi sans règle et sans organisation, sans colonne structurelle qui puisse le rendre capable d’ordonner l’intentionnalisation (puissance absolue capable de tout détruire, la nature, le corps, autrui, votre propre vie).
Rappelons que le christique est cela-même qui lance l’égalité de tous dans l’historicité mais qu’il faudra Descartes pour que cette égalité s’impose originellement comme liberté de chacun, ontologiquement comprise (et non pas admise par l’immédiateté) ; on peut bien reprendre toute la pensée grecque, hellénistique lorsque l’on se fonde sur la participation unanime de tous dans le regard du christ ; l’universel grec trouve là toute son extension. Mais sitôt qu’il s’agit de l’individuel sujet et de la liberté brute, c’est une autre histoire… Il faut dépasser l’universel et montrer une encore plus grande structure ; celle du je. Et ainsi au final comprendre le je comme la seule véritable cohérence. L’intention est passée du dieu unique au christique, du christique à chaque intentionnalité, individuellement manifeste et exprimée, afin qu’elle remonte dans son propre champ et aboutisse à son champ adéquat du réel brut (l’existentialisme qui en découvre l’affect absolu et formel ; l’existence existe).
Il faut attendre Nietzsche ou même plutôt Sartre (et Lacan en tant que l’individuel ne peut pas se contrôler extérieurement, le sujet est son inconscient qui n’appartient à rien ni… à personne). Parce que Nietzsche, Sartre et Lacan ont au moins ceci de commun que leur sujet ne se tient pas de lui-même (auquel cas il serait seulement le jouet de sa détermination, partie de parties diverses) mais se tient d’un Autre ; la volonté, le pour-soi (conscience comme champ intentionnel neutre) et inconscient.
De même, c’est entendu, que l’on se tenait de dieu, de la pensée, du christique, de l’infini, du transcendantal, de l’esprit (hégélien), etc. On se tenait de tout cela et non pas de "soi", de l'immédiateté.
Si notre être est un rapport, alors il est Le Rapport. Le rapport désigne quantité d'objets, dans des relations, mais il les traverse et si on ne se dirige pas vers le rapport même alors on traversera vainement toutes choses, toutes réalités. Ce qui est « rapport » absorbe toutes les autres différenciations ; le rapport, il ne peut en exister qu’un seul. Celui sur lequel on ne peut mettre la main dessus, puisqu’il dispose la totalité des réalités et que ne sont que les réalités ou ne sont que les mois, sauf l’exister des réalités et le sujet des mois ; qui sont invisibles et cela par quoi il est du visible, qui sont les regards par qui existent des champs de perception.
Que les réalités soient elles-mêmes en et par un rapport veut dire que l’on ne peut pas les saisir comme choses, solidités (il n’y a pas d’atomes, mais des mouvements, il n’y a pas de moi sauf dans le champ qui produit le moi). Ou donc que chacun soit son rapport et ce en tant que rapport ; chacun appartient à son rapport lequel n’appartient à rien. C’est en ceci que la liberté existe.
Et si la liberté existe alors elle se produit. Elle se produit et existe dans l’activité même de sa production, ce qui signifie dans le maintenant. Le maintenant est cela qui attire le surgissement de la liberté et qui, alors, se tient elle-même visible. La liberté suppose qu’elle se tienne elle-même dans son champ, non en tant que mot mais en tant que signe, et bien qu’elle ne se réalise jamais telle quelle, mais qu’elle soit cause de quantité d’effets qui relèveront à leur tour d’autres libertés, d’autres sujets.
Pour cela si la vérité se partage, la liberté se propage (et ne se partage pas, donc chacun est seul, tout comme chacun était seul face à celui-qui-est-tout-seul, le christ, ou tel que Descartes convoque chacun dans la singularité du cogito ; il se re-produira en chacun, un par un ; sitôt lu, sitôt su est le Fait cartésien).
Ce qui indique que la compréhension de la liberté ne peut pas s’effectuer sans comprendre ce que « rapport » implique ; et donc ceci que c’est le réel entièrement qui est appelé par et dans sa propre structure ; à savoir qu’il est articulation tout entièrement et que tout est suspendu au rapport de la perfectibilité indéfinie. Et que l'entièreté du réel se joue en chaque point du réel, chaque présent cause la cause. Chacun cause la Cause.
Indéfini signifiant qu’il ne peut pas, le mouvement, être figé par le caractère d’infini ; qui ne le dresserait que verticalement, tandis que l’indéfiniment veut dire qu’il est en sa propre disposition et qu’il est bien au-delà de tous les infinis, qu’il devient horizontalement et c’est pour cela qu’existe une réalité (autrement dit le caractère infini n’explique rien du tout et est même impensable, irréel, non réalisable).
C’est ce que l’on disait ; l’infini est très commun. Le néant est infini, l’être au sens générique est infini. Puis (dans l’être générique) la détermination, la réalité est infinie, et l’exister de cette détermination, le réel de ces réalités est infini ; il ne s’agit pas de rejoindre l’infini (cad la perfection) mais de perfectionner l’in-fini en tant que le réel est plus grand que lui-même (ce qui serait impossible si il était parfait, et donc « parfait » n’obtient aucun sens du tout).
Or donc si il était parfait il appartiendrait à sa propre ‘nature’ (qui serait un ‘ceci’), mais étant indéfini il revient à sa décision, et est donc un sujet (seul capable de signifier ce que par perfectibilité on peut comprendre), ou plus exactement au dispositif-sujet dont on ignore le réel, n’en éprouvant que le début du commencement des possibilités,
et ce bien que, étant formel, l’entièreté de sa disposition nous soit déjà communiquée, telle quelle (par dieu, le christique, l’universel, Descartes, la révolution, etc) puisqu’une forme ne se compose ni ne se divise ; c’est seulement que la face du miroir est invinciblement difficile à décoder, notre regard ne percevant pas la potentialité de ce qui lui est envoyé. On ne connaît que selon la détermination, or le regard que nous jette le miroir n’est pas de la détermination, et impossiblement traduit il nous octroie la possibilité de suréminence sur les déterminations ; on perçoit dès lors à partir du signifiant qui produit tous les signifiés, sous condition de ce signifiant ; sans lui aucun signifié (dont le langage n’est qu’un des effets de cette opérativité de structure ; dit autrement l’intentionnalité est toujours plus-grande que ce qui est déterminé dans l’intention et il y a toujours un signe affecté au signifiant, sinon ça ne s’enclenche pas, et cela vaut pour tout ‘moi’ ; le signifiant est cela même, la ligne qui partage et ce partage crée qu’il y ait un ‘moi’ qui ne peut donc pas revenir dessus).
Hypothétiquement
C’est à cette fin que le présent est le kaléidoscope, celui qui est devenu, qui devient et qui deviendra. L’arc du présent et l’arc de conscience de plus en plus élaborés entraînant continuellement les réalités et les corps dans le champ de perception (le champ de perception, de présentation, se double du champ de représentation, se triple du champ d’expression) ; élaboration des arcs réels selon la tension et leur mouvement de plus en plus déliés, subtils.
Si on admet que le réel est formel (le présent en acte d’exister pur et brut)
alors tout monde, tout vécu sont réformés selon le Bord
et le Bord permet de ré-informer constamment les réalités.
Le Bord est le champ qui tient tout cela dans sa vue
et se transforme au fur et à mesure de ses perceptions.
Le champ et les perceptions sont un seul flux, mais distincts ; ils sont en mouvement (un flux) et c’est pour cette raison qu’il existe un présent, comme structure d’engendrement, continuel.
Dieu, l’universel, le sujet ou le réel sont cela même qui est toujours en jeu, intégralement en jeu, intégralement perfectible ; tout ce qui existe formellement (et au moins l’arc de conscience, à supposer qu'il y ait d'autres formes, non imaginables ) est mouvement dans le mouvement.
Ce sont, grosso modo, les raisons qui orientent, à tort ou en vérité, vers le réel comme dimensionnel et pas seulement fonctionnel.