Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

Le mouvement ou la mort

30 Janvier 2021, 09:42am

Publié par pascal doyelle

La réalité existe-t-elle ? Oui évidemment.

Mais elle est prise dans une forme.

A - Soit donc que tout ce qui nous apparaît n’existe que dans un champ intentionnel ; ce qui veut dire que l’on reçoit quantité d’informations, de perceptions du vivant, de l’animal vivant que l’on est, mais que tout ce matériel est repris dans un champ articulé par des signes qui permettent de plus percevoir et lorsque l’on comprend cette récupération (ce qui ne tarde pas, enfin au bout de centaines de milliers d’années) on en représente le monde dans une méta organisation, une collectivité, un langage et un ensemble de signes communs. Puis vient que l’on s’aperçoit que nous produisons ces contenus (et qu’ils n’existent pas en eux-mêmes, reçus du monde sacré) ; la variabilité des contenus doit alors être régulée ; par dieu, la pensée, le christique et le sujet, la révolution (l’État est à cette fin, absolument) et le réel (le devenir monde de l’individualité humaine qui prend la suite de l’humanisation universelle, que cette dernière soit libérale (le désir) ou communiste (le besoin, en ce sens le communisme a servi, historiquement, à déployer la « raison » ou l’occident, comme on veut, un peu partout même dans les territoires non accessibles pour x raisons au libéralisme, et ce sous la couverture du besoin universel plutôt qu’en tant que désir individué).

Si nous produisons les contenus (des champs intentionnels) qu’est-ce qui permet cette inventivité ? Ça ne sera pas un contenu mais une structure (qui, quels que soient les contenus demeure stable et identique à elle-même ; ce qui veut dire vide, formelle, autre). L’activité de conscience.

 

B - De même il est ici supposé que la forme de la réalité se désigne comme présent. Le présent est l’agissement qui produit ou déroule les réalités, partout. Le présent est le réel de la réalité. Le fait d’exister, brut, admis comme instanciant le réel même. On ne sait pas ce qu’est le présent ; c’est d’abord le présent entre le passé et le futur, mais c’est surtout l’exister, en tant qu’acte.
Au sens où l’être est, bien sûr, mais pris-dans la forme du présent.
Et c’est alors qu’il faut décider ; ce qui existe vraiment est-ce la réalité ou le réel ? Le composé ou la forme ?
Et si c’est le réel alors le réel est mouvement brut et ce qui existe vraiment est le mouvement.
L’arc de conscience dans l’arc du présent.
La question qui se pose est donc ; en quoi « croit-on » ?
Au mouvement (qui visiblement est tout originellement) ou aux choses déterminées ?
Il n’est pas du tout de prétendre affirmer ceci ou cela ; on se laisse guider selon.

De tout ce qui est,

soit ne seront conservés aucun souvenir, aucune information, tout se disperse dans le vide glacial
(tout est fini)

soit il existe une mémorisation, une structure qui recueille l’expérience accumulée
(mais alors on est face à un processus infinitisé)

Si on choisit le vide intersidéral, alors la structure, telle que décrite ici, est admise encore effective, est réelle et ordonne la réalité telle que donnée là, mais fonctionnellement ; le présent de structure déploie toutes les réalités, l’exister déploie tout l’être, l’ensemble des choses, des êtres, des mondes humains, des individualités, bref tout et dans l’arc de présent l’arc de conscience rend possible, de par son champ intentionnel (de perceptions récoltées du vivant que l’on est accolées aux signes, il est des signes par et pour un sujet), rend possible tous les mondes humains particuliers et ensuite l’émergence de l’activité de conscience (via dieu comme Intention, la pensée comme intentionnalisation universelle, forcément, et le sujet comme actualisation en chaque corps de cette intentionnalité, Descartes).

Un univers incandescent qui brûlerait totalement tout le possible et puis s’effondrerait indéfiniment dans la nuit glacial est non seulement une réalité absurde (dépourvue de sens) mais surtout idiot.

Il faut supposer un devenir infini qui n’abolit pas la réalisation, ni celle de cet univers ni celle de nos efforts et ce devenir non fini (qui ne se termine pas lorsque toute la réalité est exprimée) est désignée comme dimensionnel. C’est ce que portèrent en fait la plupart des philosophies, systèmes, croyances, religions, inspirations ou illuminations (en esthétique, poétique, littérature, etc).

Rappelons que le mouvement a pour finalité non pas de (seulement) réaliser le possible mais d’agrandir la réalisation du possible et cela n’est admissible que si le mouvement est en mesure de se reprendre lui-même ; ce qui est rapport ne tient ni dans le début ni dans le terme mais dans le rapport lui-même, qui pourra de cette manière reprendre le début et modifier la fin qui modifiera à nouveau le début. Le kaléidoscope est constamment autre que lui-même ; tout regard modifie le donné. Ce que l’on dira plus loin ; le singulier, l’infini, est la règle.

Hypothétiquement, il ne s’agit pas d’une mémorisation, mais d’un ouvrage. Si le présent est le réel alors le présent est la dimension. L’univers, le temps, l’espace, les choses et les êtres s’exposent sur l’horizon de l’unique présent. Le rpésent est la colonne de la réalité.

Dans la réalité tout s’effiloche tôt ou tard, et il paraît impossible de saisir quelque substance réelle et solide (il n’y a pas de « matérialité » qui serait au fondement, et l’énergie est indistincte) ou consistante (pour ce qui est de la pensée ; il n’y a pas d’idée ou de système qui tiendraient de par eux-mêmes). Le seul réel qui tienne tout au long est l’actualité, cad le présent. L’actualisation constante et continuée seule existe. De même de tout ce que l’on réalise, ne demeure que l’arc de conscience ; tout le reste subit des transformations et finalement des dégradations irrémédiables.

Et donc n’existent à proprement parler que ces deux formes de réel ; l’arc de conscience dans l’arc du présent ; l’arc du présent produit toutes les réalités, l’arc de conscience contient toutes les réalisations humaines ; il n’existe d’arc de conscience que dans l’actualité du réel, le présent évidemment ; la « sensation d’éternité » est due au rapport que l’on existe, et qui dessine un « nous-même » ; un espace-temps séparé pour ainsi dire ; même si le rapport de conscience est un court-circuit temporel ; on perçoit, mémorise selon tels signes et reporte cette vision et ces signes qui tracent un laps de temps ramené ; le signe, le rapport enjambe la durée.

Ceci veut dire non pas que le temps soit invincible mais que le temps est pris dans le présent. Ou donc dans l’acte. Tout est action, et l’arc de conscience est une sur-activité, un activisme ; le présent est un mouvement, et tout est rapport, toute actualisation est ainsi absolument, cad formellement, singulière ; il n’y a pas deux points superposables dans tout ce qui est ; pourquoi ?

De même nous utilisons pas une sorte de « connaissance directe » des choses, réalités, êtres, mais le champ donné dans l’actualité (et il doit ainsi re/construire les réalités via l’organisation des signes). Ainsi nous sommes activité ; tout monde humain est construit, toute personnalité est acquise ; dès que nous exprimons, nous créons. On ne peut pas ne pas créer … ce que Hegel nommait dialectique c’est ce positionnement ; dès que ceci est manifesté, nous sommes déjà passés au cela qui suit ; parce que nous posons tel objet dans un horizon (qui permet par rétroaction de définir cet objet) et c’est cet horizon qui deviendra lui-même objet (dans l’horizon suivant).

Remarque ; si la forme qu’est le réel ou qu’est la conscience se donne telle qu’elle existe, étant formelle on peut éventuellement supposer qu’il s’agit là de deux variations qui n’épuisent pas la structure de cette structure-sujet, de cette forme « Réel ».

à moins de supposer l’inverse ; à savoir que le rapport, étant tout à fait formel, ne possède aucune variation. Il n’y a qu’un seul dieu ou si l’on préfère qu’un seul exister ou qu’une seule conscience ; ce qui répond tout à fait logiquement à l’idée que « conscience » signifie rapport à (soi) du rapport lui-même (il n’y a aucune latitude possible ; on est rapport à soi et donc conscience, ou pas). Ligne de réflexion qui engage encore plus excessivement que cet exister, cette existence sont absolument cruciaux. Il n’y a pas trente-six manières d’être conscience ; un extra-terrestre, aussi différent soit-il, existe de la « même conscience ». Nous sommes au antipodes de la logique de la différenciation (il n’existerait que des différences) ; au prix de laquelle si l’on est égyptien, on Est égyptien ; ce qui est absurde.

C’est qu’il existe donc une distinction ; très classique ; les choses déterminées et les choses indéterminées, qui, de cela, ne sont plus des « choses ». Ce que l’on désignait autrefois comme le fini et l’infini. Tout ce qui est déterminé est fini, limité, localisé, composé et donc emporté dans une décomposition, tôt ou tard. De même que notre vécu. De tout vécu il n’existe qu’une seule continuité ; l’arc de conscience de chacun.

Marius Victorinus crée le concept de l’existence. Et il le crée afin (devenu chrétien) de situer l’être spécial du christ. Entrant en concurrence de l’ousia, de l’esse, essentia, de l’essence, de la substance, au fil du temps historique ; tout cela varie, mais le point difficile est la « substance » ; on ne sais pas trop ce que cela signifie ; « ce qu’il y a ‘sous’ les déterminations, une sorte de ‘sujet’, valant pour toutes choses et êtres, à chaque fois ; sur la substance s’accrochent les particuliers, les datas, les perceptions, les essences, les idées, les catégories, tout ceci existant plus ou moins selon les systèmes ; substance paraît tel l’être-là, assez incompréhensible, puisque la pensée ne peut pas penser la sub-stance dessous, sinon de la référer à dieu ou « l’être » en général.

Cette sorte de mélange rend tout assez peu clair ; par quoi dans la systématique, habituellement statique, la dynamique revient dans la pensée (comme le Un de qui tout procède et vers qui tout revient, par attirance, de même que le Un produit tout par « audace » ou débordement, ce qui est également un mélange et ne permet pas de comprendre ).

Or

Il faut bien voir que l’on ne pense plus, on ne pense plus dans le régime de la raison. On pense selon le registre du sujet. On essaie, depuis Descartes au moins, de délimiter l’activité du sujet. Et ce que cela signifie. Le sujet est beaucoup plus étendu que la pensée. Mettre en forme le sujet ça n’est pas du tout mettre en forme les objets (d’étude, d’intellection) de la raison.

Le sujet, dit autrement, n’est pas subjectif, mais bien plus objectif que la raison puisqu’il est ce par quoi il se produit de la raison. Un sujet plus objectif et plus cohérent (l’objet du discours rationnel ou autrefois métaphysique est plus limité et son ordonnance est extérieure ; ici il faut informer, instruire, éduquer l’attention, de la moindre à la plus ambitieuse intention, et donc concerne tout, toute l’activité).

Si il y a un sujet plus cohérent alors c’est sur la piste de cette plus grande cohérence que l’on est lancé. Dieu, la pensée, le christique, le sujet, le réel établissent l’avancée sur le seul et unique plan ; celui de l’activisme.

Ou encore ; ce qui arrive au jour par Descartes (continué par Kant, Hegel, Husserl, Sartre et Lacan et Kierkegaard, Nietzsche ou Heidegger à leur manière) c’est un rayon de compréhension plus grand que celui de la pensée, grecque, scolastique, métaphysique et ensuite évidement scientifique (puisqu’une science ne pense que son objet, tel ou tel et ne peut pas s’extrapoler et qu’à moins de prétendre supprimer toutes les questions qui n’obtiennent pas de réponses scientifiques, l’interrogation permettra toujours d’atteindre et d’acquérir une conscience accrue),

Ce qui arrive par Descartes est l’extension du rayon de compréhension (mais aussi du rayon d’action de chacun ce que promouvra la révolution, ajoutée de la régulation de cette action).

C’est quelque peu perdue que la philosophie ne parviendra plus à se relier à l’être ; puisque le poids réel du sujet indique bien que l’ici et maintenant doit obtenir de par lui-même et lui seul sa cohérence, quand bien même existerait dieu ; depuis le christique nous ne sommes plus assujettis à la loi (universelle) mais chacun recherche son propre cœur ; le centre intentionnel, l’intention vraie qui l’anime en tant que lui-même.

L’être et l’exister

L’invention du concept d’exister (Victorinus Marius, néoplatonicien chrétien) ne fut pas reprise telle quelle ou plus exactement dans toute son ampleur possible ; de sorte que l’on se retrouve avec un mélange ; à demi universalisable et à demi particulier, liés, on ne sait comment, dans l’être. L’être est à la fois l’intention de dieu (qui seul Est), mais aussi l’existence tel que « là ». Il est ainsi une inscription, engagement de dieu dans le tréfonds du donné là, dans le « là » de tout donné ; le « là » abyssal de l’être ; distingué ensuite intellectuellement ou intellectivement en essence-idée-pensée-esprit-universalité et donné-vie-matière-particulier, laissant le « là » sans pensée aucune.

Ockham a pu tenter de redistribuer toute la pensée en la réorientant des universaux au singulier existant ; mais il n’est vraiment, dans son système, que l’individualité donné là (et non la pensée ou les catégories, etc, qui sont secondes, voire dérivées, querelle des universaux, etc). Le singulier mais non pas le réel donné « là » ; chaque singularité, mais en un sens très précis ; comme source des perceptions qui viendront alimenter les idées (ce qui deviendra l’empirisme, et autres). Il n’y a pas, en ce sens-là, de singularité ontologique du réel.

Le réel, l’existence sont posés par l’empirisme, mais non pas que le réel, l’existence relèvent d’un concept (le singulier relève de datas, et d’universalisations suivantes, serraient-elles logicistes) ; le réel, l’existence, l’exister, le concept de réel pur et brut, n’est accessible que selon le Présent ou l’Exister.

Il n’y a aucun autre concept de l’exister (de la racine de tout) que celui de présent ; celui de l’acte. On dira même que stipuler que dieu serait l’être (l’être suréminent, l’onto-théologie de Heidegger, l’être comme sommet de tous êtres, tandis que nous ne pensons que l’universalisation des choses et des êtres, etc), que dieu soit l’être est une imprécision, une approximation ou une abstraction.

Que si l’on tient à la fois l’exister et le présent et dieu de l’autre, alors il devient possible d’accéder à une plus grande précision conceptuelle du divin.

C’est bien pour cette raison que l’on voudrait éclairer le dedans du christique qui se présente à nous à ce point « autre et étrange » ; puisque l’acte de dieu se continue en et par l’incarnation ; que s’est-il passé ? Que l’on y croit ou non n’a aucune importance (et regarde chacun). Mais le mouvement brut qu’imprime le christique est la source de toute individualité ; Saint Paul inaugure le moi, la personnalité (celle qui vaut en et par elle-même et non pas d’une qualité quelconque ou exceptionnelle, le héros grec par exemple, ou le sujet, universel, que provoque la pensée, universelle ; le sujet christique est in-fini tel quel, aussi méprisé soit-il). Si le sujet n’est soudé à aucune qualité, alors quel est-il ?

Descartes jusqu’à Lacan commencent d’y répondre. C’est la question réelle la plus nette ; pourquoi le monde, l’étendue, l’univers, le réel produisent-ils un être spécifique qui existe comme rapport à soi comme rapport (bien loin des fixités que sont les essences ou les identités du moi, des mondes humains ou des langages, en un mot un rapport divin).

Évidemment l’exister est un concept étrange ; puisque, on l’a dit, ça ne peut pas être pensé comme figé, mais comme acte. Il faut penser le mouvement. Au sens où il est notre propre mouvement ; il faut se mouvoir pour y répondre (comme on philosophe qu’en pensant soi-même et non en récitant). On tient que la seule ontologie effective consiste justement à penser ce mouvement, ce qui n’est possible que si on le continue. On ne peut pas constituer la réflexion du mouvement sans se mouvoir ; raison pour laquelle ça n’a jamais cessé ; nous sommes passés des mondes cycliques au devenir historique, et si les mondes particuliers l’étaient, particuliers, le devenir, lui, est mondial. Puisque la forme (le rapport antérieur à tous les rapports) est passé au-devant, non seulement sur la scène mais devenu la scène elle-même (on ne voit rien sans cette mise en scène du réel sur lui-même, sur son uni-surface). Raison également qui impose un uni-devenir ; il n’y a pas trente-six manière de penser l’être, le sujet, l’intentionnalité, de même qu’il existe un seul

État moderne. Inutile de se voiler la face.

Ce qui vient avec Descartes, le sujet dit qu’il est et donc il existe. Ce dont il faut rendre compte dans son exister même, et en élaborer l’ontologie (Kantien et criticiste ou hégélienne et selon le Savoir et le devenir de tous les points de l’horizon, de l’esprit absolu, ou selon la phénoménologie de Husserl, l’ontologie de Sartre etc).

Les néoplatoniciens pensaient selon la dynamique du Un (lequel remplace l’être, le bien, la pensée de la pensée, l’essence, la substance et donc ressemble le plus à un pur mouvement, forcément dynamique) ; le Un débordait, se propageait et peu à peu jusqu’à la matérialité inerte formellement (forme faisant référence à l’essence, l’idée de telle série de choses, le chien pour tous les chiens de quelque race ou individuellement) et ainsi la forme tire la matérialité (qui n’est pas expliquée telle quelle, comme d’un chaos donné initialement) vers le un (dont toutes les formes-idées procèdent) ; le Un, la procession, les idées-formes, les réalités, la matérialité, tout est réel, bien que le chaos glisse constamment dans sa sorte de néant.

Évidemment le dieu un unique et tout-autre échappe à cette inexplicabilité de la matérialité ; qu’il crée ; il est totalement hors de la création ; pure intention, pure volonté, pure décision, et donc encore plus « un » ; puisqu’une intention n’est pas composée, et logiquement contient toute la détermination.

Ici se tisse un lien, un rapport que la pensée ignore ; à savoir que par l’intention de dieu toute la création est la manifestation. Il n’y a plus de dualisme. Et il est la possibilité très certaine par contre, que la volonté, l’intention puisse engendrer l’altérité, l’autre que soi, autrui et évidemment chacun en tant qu’individuel, singulier. Un rapport passe son temps à créer l’altérité. La matérialité (déterminée) ne s’oppose plus à la pensée (autre détermination) ; l’intentionnalité divine est bien au-delà et pose d’autres stratégies ; que le réel ne se referme pas sur un déterminé mais soit transpercé de toute part (rien n’est non-créé) en une intention, cad un rapport. Ou, si l’on veut, que la réalité soit instanciée dans un mouvement ; le réel structurellement se-mouvant. Dont le mouvement est cela même qu’il faut penser. Et qui est cela même qui est, fut depuis le début, pensé, de là les étranges configurations de dieu, de l’être (du bien, de la pensée de la pensée ou du moteur, du un), du cœur du christique ou du sujet comme liberté ou de l’exister « là ».

Mais dès lors ne voit-on pas que l’on passe décidément de la dualité à une nouvelle planification, compréhension ; et ce du moindre grain de réalité à l’intention suréminente.

On ironise sur la propension à projeter notre volonté en toutes les réalités ; dieu serait une intention décuplée.
Or on suppose ici que si tout est devenir, alors tout est ‘intention’. Si cela devient c’est que quelque chose, quelque réel se passe et doit advenir. Ou alors ça devient « pour rien ». Au choix. Il y a un devenir qui concerne tout, bien antérieurement à la « pensée » et à quelque idée, et antériorité vers laquelle depuis le début nous remontons ; ce qu’adoreraient les néoplatoniciens, sauf que pour nous « remonter » veut dire tout autant avancer dans le présent-qui-bouge et si le présent bouge alors tout, toute la manifestation bouge ; kaléidoscopique. Sous la forme du Bord du monde, du donné, du vécu et du corps, lequel Bord est le présent, accompagnant continuement n’importe quel point de la réalité (il n’est aucun point de la réalité qui ne soit selon le présent).

S’impose donc, mais par la négative (et spécifiquement comme révolte ou contestation ou refus de l’ambition métaphysique ou ontologique de notre tradition philosophique, rejet de Platon, du christ, de l’idéalisme, du sujet, en vrac) s’impose l’évidence du donné immensément « là ». L’univers, celui des sciences, est littéralement un tel « là », mais sans plus aucune unité transcendante. Mais un tel univers gigantesque existe-t-il tel quel en lui-même ? Un tel univers démesuré passe donc pour un pur et simple gaspillage si rien n’en est conservé. Et il y eut diverses (embarrassantes parfois) figurations de cet invraisemblable donné « là », la volonté de Schopenhauer ou celle de Nietzsche, l’Être de H, des vitalismes, mais aussi des rêveries, des imaginations, des désespoirs ou des folies en tous sens.

Il n’y eut pas d’inscription logique de l’être tel que « là ».

Puisque la logique est constamment assignée à un « objet », roide, sec, sans profondeur (un rapport inerte donc). Alors que précisément il s’agit de comprendre ce qu’est non un objet mais un mouvement. La logique du mouvement. Lorsque cela seul qui existe est justement un mouvement ; le mouvement crée l’être, sous quelles conditions ?

C’est ce qu’il faut mettre au clair ou approcher à tout le moins (que le réel soit un mouvement et non un être, qui est une désignation objectivante, autrefois métaphysique ou rationaliste et réaliste ou scientifique ou souvent scientiste, ce qui n’est pas le même ; le scientisme consistant à supprimer des questions … et j’entends par là les logicismes divers et variés). Et dont on aura compris que par sujet ou logique du mouvement ou réel on ne désigne pas une moindre cohérence mais une plus étendue.

La singularité comme règle

Ce qui implique que tout est absolument singulier. Le réel est une machine singulière qui produit du singulier, des singuliers, toujours, constamment ; il n’y a que cela, la constitution même du réel est la singularité pure et brute, et vraiment brute, brutale, violente (prenant effets comme « absurde »). Il n’y a rien qui ne soit pas singulier ; c’est la brique ontologique absolue, formelle, du réel. C’est pour cela qu’il existe une réalité ; comment voulez-vous que la réalité, cad les réalités (il n’aura échappé à personne que « la » réalité ce sont les réalités, en nombre indéfini ou peut-être même infini, ce que l’on admet préférentiellement), comment voulez-vous que les réalités existent si elles ne sont pas toutes singulières ? Tout point est absolument distinct.

Et qu’il existe au moins un de ces réels qui est encore plus singulier ; l’arc de conscience ; il y a « conscience » parce que celle-ci double, triple, quadruple (...) le rapport. L’être d’un rapport est non défini. Est-ce que ce disant on évalue vraiment à quel degré, niveau d’exigence existe une réalité et un réel ? Chaque point se dresse absolument, et lors même que de point il n’en existe qu’un seul ; étant un rapport ce point unique, cet instant exclusif n’est pas limité à son ‘être’ (il n’en a pas) mais est le rapport qui tisse tous les rapports (raison pour laquelle on ne tient rien, fermement, dans la main ; il n’existe pas de consistance ; rien que le mouvement).

Et on ramène à vrai dire ce que l’on nommait infini à un tel rapport ; on a l’idée de l’infini parce que l’on existe comme rapport (il n’y a pas de contenu qui génère la conscience, comme par magie, mais c’est l’arc de conscience qui (se) représente des idées, images, mélodies, formes et couleurs, qui laissés à eux-mêmes sont seulement des ‘tas’ amorphes).

Saisi par le présent, on sait instantanément sa structure ; c’est elle qui vient avec qui l’on voudra (dieu, Aristote, le christ, Descartes, Rimbaud ou Nietzsche ou Beethoven ou Les Rolling Stones, qui animent le corps du dedans comme on sait).

C’est elle qui anéantit l’enfance en réintégrant, lors de l’adolescence, la conscience jusqu’alors déléguée au-dehors.

C’est l’impératif de la structure (de cohérence hyper active) qui nous détourne du monde jugé absurde ou stupide ; de par le rapport ultra-accéléré la structure exige bien plus qu’un monde donné là ; et donc, comme de logique, elle augmente totalement l’ensemble de tous les accès (qui restaient barrés pour les vivants); elle propage quantité de champs intentionnels, d’abord liés dans le groupe (les signes ne doivent pas se perdre) ; il faudra installer en chacun afin de pallier à la pression du groupe et que l’activité de champ de conscience se déploie à partir de quantité de centres, les sujets.

Il existe une capacité telle (ce qui existe comme rapport reçoit de par lui-même la pure et brutale exigence, un rapport est un rien en mouvement, cad une structure)

que la dureté de sa performance est justement cela même qu’il faut admettre, intégrer, incorporer, incarner (quel que soit le nom qu’on lui donne, dieu, pensée, sujet, etc),

et qu’il faut recevoir dans une configuration adéquate (sinon cela, cette puissance, s’investira n’importe comment et se déchaînera, violemment, ou vous anéantira, puisque vous désirerez une illusion, la structure de conscience étant outre mesure elle ne se trouve pas dans ces contenus miroitants, ni dans le monde, ni dans le vécu, et doit s’attacher à sa seule forme),

dureté et exigence parce que personne, aucun je, n’y résiste ;

la structure de conscience est la structure de la Possibilité même, de la potentialité, de la toute-puissance ; qui doit obéir à sa Règle, qui n’est en aucun cas « n’importe quoi », on se situe non dans dispersion et la vacuité et la velléité des immédiatetés mais dans l’acte de cohérence même, l’hyper objectivité, l’activisme accélérée ; il n’y a pas de « petit rapport », on reçoit toujours uniment le Grand Rapport ; c’est bien pour cela qu’est requis le christique pour l’initialiser ; le grand rapport descend ici même,

et nous la recevons lors même et au même degré que la souffrance qu’elle nous inflige, qu’elle nous impose, et qui risque toujours de nous anéantir.

« Personne ne peut contempler ma face sans mourir »

Voir les commentaires

Cohérence de l’étrangeté

23 Janvier 2021, 09:48am

Publié par pascal doyelle

De tout ce qui est,

soit ne seront conservés aucun souvenir, aucune information, tout explose puis se disperse dans le vide glacial, l’obscurité, le rien du tout,

soit il existe une mémorisation et donc une structure qui recueille l’ensemble de l’expérience accumulée, accumulée par ce que l’on nomme un « univers ».

Si on choisit le vide intersidéral, alors la structure est réelle et conduit au réel, fonctionnellement ; existe un univers qui s’est « produit », une incandescence généralisée qui clôt une fois tout l’être déroulé ; on a vu que l’on considère que le présent, ou donc l’exister, déploie toutes les réalités, l’exister déploie tout l’être, l’ensemble des choses, des êtres, des mondes humains, des individualités, bref tout ; l’arc de présent aboutit à l’arc de conscience, que l’on sache, et tout se manifeste tel quel)

si on choisit que décidément un tel univers incandescent qui brûlerait totalement tout le possible et puis s’effondrerait indéfiniment dans la nuit glacial est non seulement une réalité absurde (dépourvue de sens) mais surtout idiot, stupide, sans intérêt, puisque tout, non seulement vous, moi, mais aussi Mozart, les petits oiseaux et tout être vivant, bref tout disparaît alors dans le néant total sans plus rien ni personne pour s’en souvenir,

alors il faut supposer que d’une manière ou d’une autre il existe une telle mémorisation et un devenir infini qui n’abolit pas la réalisation, ni celle de cet univers ni celle de nos efforts et ce devenir non fini (qui ne se termine pas lorsque toute la réalité est exprimée) est désignée comme dimensionnel. C’est ce que portèrent en fait la plupart des philosophies, systèmes, croyances, religions, inspirations ou illuminations (en esthétique, poétique, littérature, etc).

On verra, une autre fois, qu’il ne s’agit pas d’une mémorisation, mais d’un ouvrage. Somme toute, tout compte fait, si le présent est le réel alors le présent est la dimension. Tout le reste est relatif au présent, ce qui veut dire au mouvement. L’univers, le temps, l’espace, les choses et les êtres s’exposent en circuit fermé sur l’horizon de l’unique présent. Mais comme ce circuit est celui de la réalité, il n’est pas fermé, mais en devenir continué.

Prenons par l’autre bout.

Dans la réalité tout s’effiloche tôt ou tard, et il paraît impossible de saisir quelque substance réelle et solide (il n’y a pas de « matérialité » qui serait au fondement, et l’énergie est indistincte) ou consistante (pour ce qui est de la pensée ; il n’y a pas d’idée ou de système qui tiendraient de par eux-mêmes). Le seul réel qui tienne tout au long est l’actualité, cad le présent. De même de tout ce que l’on réalise, ne demeure que l’arc de conscience ; tout le reste subit des transformations sinon des dégradations irrémédiables.

Et donc n’existent à proprement parler que ces deux formes de réel ; l’arc de conscience dans l’arc du présent (l’arc de conscience contient toutes les réalisations humaines, l’arc du présent toutes les réalités).

C’est qu’il existe une distinction ; très classique ; les choses déterminées et les choses indéterminées, qui, de cela, ne sont plus des « choses ». Tout ce qui est déterminé est fini, limité, localisé, composé et donc emporté dans une décomposition, tôt ou tard. De même que notre vécu.De tout vécu il n’existe qu’une seule continuité ; l’arc de conscience de chacun.

Ramenons cela à l’essence ; St Thomas emporte le débat en plaçant l’exister dans le sein de dieu ; dieu est capable d’atteindre à l’exister des choses et des êtres et donc si tout ce qui est est pensable (ramené aux distinctions de penser, universelles d’une part et particulières d’autre part), par contre l’exister, « là », des réalités requiert l’intention de dieu (qui seul crée de l’être, la réalité).

Se déplace tout à coup Descartes, d’un pas de côté ; ce qui est là et maintenant est en soi réel.

Il y a , au moins, un exister ici même et celui-ci est invincible ; ce qui veut dire qu’il faut, faudra le penser et donc amener la pensée, qui était jusqu’alors universelle, jusqu’à toucher le « là » ici même. Et ainsi la pensée n’y suffit plus du tout ; que l’argument cartésien ne soit pas un argument veut dire qu’il bascule dans une plus grande pensée, celle qui permettra à Kant de délimiter le sujet et à Hegel de rassembler en deux phénoménologies toutes les pensées, au sens d’universelles, en deux phénoménologies. Le voile a été déchiré.

À partir de quel point, découvert par Descartes, Kant et Hegel pensent-ils ? Pourquoi un tel être, qui n’est pas un être (Sartre) existe-t-il ? En quoi la forme de cet « être » possède-t-elle quelque signification ? Comment retranscrire la structure d’existence (qui est donc antérieure à toute pensée, représentation et humanisation et personnalisation) ?

Et donc à tout le moins le sujet existe réellement ici même et se tient de par soi ; même si dieu nous crée, il nous crée libres, ce qui veut dire relatif à nous-même, et pas seulement relatif à lui ; mais être relatif à soi-même c’est ne plus être relatif … mais absolu ; Descartes pousse très loin la logique chrétienne, christique, ontologique et la rend, enfin, accessible et plus qu’immédiate ; il la produit sur la scène (du réel) comme instantanée. Descartes impose la logique christique absolument et enfin il en crée la conclusion tout à fait réelle ; le christ nous remet les clefs du royaume (qui dépend de nous dans la communauté des croyants, ce qui veut dire, prenons-y garde, communauté ‘en esprit’ qui est le troisième de la trinité, tout est placé, ainsi, très exactement et reviens à ce qui se réalisera dans l’histoire ; liberté (Descartes) égalité (christique) fraternité.

Il y a irruption sur la scène de la pensée (qui tablait sur la pensabilité, l’universalisation) de l’existence qui soudainement dépasse le penser, et situe, donc, le sujet sur un autre-plan ; le plan du monde donné là (l’étendue pour Descartes, qui deviendra la phénoménalité de Kant, l’histoire de Hegel, l’univers des sciences et l’existence existentialiste, soit donc le réel, massif, des réalités).

Ou donc ; si il apparaît que Descartes introduit le je, qui se tient lui-même (et donc n’est pas tenu par la pensée), alors le donné « là », la réalité, prend toute son importance et ce jusqu’à s’imposer comme ‘réel’ hors de la pensée, hors du sens d’abord (le donné là est absurdement là et possiblement idiot) et hors de « nous », hors de notre acte, activité de conscience ; n’existe-t-il aucun lien entre le réel donné là et l’arc de conscience ; on dit que si, effectivement, il existe un lien et ce lien est le présent comme activisme.

Le sujet cartésien exigeant de toute manière l’inquiétude totale du je. L’inquiétude originelle et l’exigence formelle, ce qui veut dire intégrale.

Rappelons que le concept de l’exister fut découvert, inventé par Marius Victorinus, néoplatonicien, lors même que personne ne sut vraiment comment l’utiliser. Il devait, par là, délimiter l’incarnation christique, et donc l’incarnation de dieu lui-même en un être existant là au-devant ; ça n’est pas un hasard.

Le rebours de l’exister

Rappelons que le principe n’est pas de laisser entr’apercevoir, éventuellement, un réel « supérieur », un point de vue situé « ailleurs », esprit ou ciel de l’âme, mais, de par ceci, ce développement, avancer dans la compréhension, dans l’articulation, dans la technique du réel, son mécanisme propre, et son mécanisme tel qu’il eut lieu (dieu, la pensée grecque, le christique, Descartes, la révolution, le je et le moi qui nous concernent absolument) et tel que ce mécanisme s’est lui-même prévu …

La possibilité de cette prévision serait difficilement justifiable, si il s’agissait d’un au-delà (dont on ne possède pas la perception, par principe), mais pleinement envisageable si notre être n’est pas un « être » mais une structure, ce qu’il faut entendre en tant que rapport ; ce qui ex-siste en rapport, sous la forme, sous la formule du rapport, se-sait (sinon ce ne serait pas un rapport) et donc il sait quelque chose de lui-même.

La définition minimaliste de la « conscience » étant « cela qui a rapport à soi » ; les choses sont cela qu’elles sont, les vivants sont eux-mêmes dans la mince séparation de la peau, qui distingue l’intérieur de l’extérieur, mais ce qui se-sait se voit à partir de l’horizon et donc est instantanément dé-placé dans l’absolu, même en ne connaissant rien (de l’ordre de la connaissance déterminée donc) mais se-sachant, puisque se rapportant à (soi).

Aussi considère-t-on que les configurations mises en place passent outre la détermination du monde (selon des identités et chacun des mondes humains particuliers précédents) vers une mise en forme purement structurelle ; l’intention du dieu-autre, l’universel et le monde donné là, le corps de chacun et le christique, le sujet et l’existence actuelle et actualisée par ce sujet cartésien, la révolution et le sujet formel généralisé, le donné du monde surpris par les sciences, le possible des mois depuis les années soixante, etc.

C’est de toute manière ainsi que furent utilisés dieu, la pensée, le sujet ou le réel même (et toutes les variantes qui relèvent de ces quatre configurations). Permettre de construire de grandes stratégies et des stratégies qui prennent en compte cette articulation étrange de l’arc de conscience, l’intentionnalité qui crée un champ dit intentionnel, là au-devant, et permet de représenter, re-présenter le donné (rapportant des perceptions aux signes, et surtout avec les signes produisant quantité de perceptions, de même que les grecs en inventant la pensée rendent possible que l’on puisse percevoir beaucoup plus, que le commun habituel mémorisé dans le langage de tel groupe humain).

L’autre rappel ; il n’est pas du tout admis ici qu’il y aurait, que l’on recevrait une communication « de l’au-delà ». Ce à quoi l’on se doit c’est de rendre le réel, la réalité, la vie elle-même, le vécu et le relationnel, l’historicité, l’histoire humaine, les réalisations effectuées, de rendre tout cela étrange et autre. Ou d’un autre point de vue on est amené à considérer le présent, qu’il y ait un « présent », ou un réel, comme une étrangeté tout à fait effarante et dont on doit rendre compte. Il ya quelque chose plutôt que rien, somme toute. Sauf que le questionnement se déplace ; il ne s’agit pas de se demander pourquoi quelque chose plutôt que rien, puisque le néant existe et étant « rien du tout » il ne s’oppose pas à l’être, mais le néant et l’être totalement réalisés, il s’agit d’entrer dans le réel en dépliant ce que cette idée de réel contient ; et pour ce faire, pour déployer le principe de l’être, du réel, on utilise toutes les expériences qui furent menées depuis toute l’historicité. Il s’agit comme vu de considérer les systèmes et les religions, les décisions et les intentions, de les rendre étranges afin de prendre la mesure de leur articulation ; puisque chacun sait bien qu’il est parfois ou souvent très difficile d’exister, de se situer, de voir clair à peu près dans ce que l’on dit, ce que l’on veut, ce que l’on désire, etc.

Rendre étrange l’historicité ou le présent ou l’intention que l’on existe, de même saisir que l’on est saisi dans un champ ; on n’a pas accès aux choses mêmes, il faut les reconstruire (et on peut les reconstruire, non seulement scientifiquement mais aussi dans la perception même ; chacun sait utiliser un tournevis ou chacun obtient une saisie de ce qu’est un arbre, ça n’est pas tout ou rien) ; on y a accès dans et par un champ que l’on étaye sur les perceptions du vivant que l’on est (mais on sera obligé d’inventer un microscope pour percevoir plus précisément ou autrement).

On ne préjuge donc pas du tout qu’il y ait un « au-delà », mais rien n’y contredirait ; le problème, la question est ou serait plutôt sa nature, son essence, sa structure.

Puisque l’on part de ce fait de constatation absolue (cad formelle) que rien n’est immédiat. Évidemment pour nous, pour notre activité de conscience, le monde, le donné se prête comme immédiateté, mais en eux-mêmes le monde et le donné sont intégralement constitués dans et par le présent et le devenir est absolument (cad formellement) totalement articulés ; de là que toute réalité fuit, s’échappe, est soumise au temps, mais aussi à l’espace. En somme c’est uniquement parce que nous nous tenons dans la conscience que nous installons ou supposons ou imaginons une réalité stable et fixé, un objet, un objet monde, ou un objet moi ; c’est exclusivement une stabilité momentanée prise dans le mouvement de conscience, qui est, lui, encore plus mouvant que tout le reste ; la pensée, le langage, les signes accélèrent considérablement la « réalité ». On pourrait dire que l’universel, l’universalisation (qui est concomitante au langage de toute manière) est une hyper accélération, de même que telle œuvre, telle esthétique par ex.

L’accélération on a nommé plus précisément l’altérité de dieu (qui est le un tout-autre), l’augmentation intentionnelle grecque (les idées sont des intentionnalités accroissant la précision), l’intensification christique et du sujet (Descartes qui actualise ici même et non plus seulement en dieu ; Descartes est infiniment subtil, il ne nie pas dieu, au contraire, mais l’instancie ici et maintenant en chacun, chaque un), et la concrétisation absolue (formelle) de la révolution ; dès lors est lancé le plan hyper réel (cad réel tout court en fait) qui installe chacun dans son propre vécu (des romantiques aux années soixante et au-delà, la mass et micro médiatisation qui est également la mass et micro médiation, médiation de soi par soi, de soi par les autres, de la société humaine sur, vers elle-même etc).

Sans prendre en compte la vérité, cad la réalité, de dieu, mais aussi de la pensée en soi, du sujet transcendantal, on reconnaît sans aucun problème le perfectionnement interne qu’atteint l’intentionnalité (mais aussi l’intention, l’intention envers notre propre vie, notre existence, la considération d’autrui et des autres, l’organisation, juste, de liberté et d’égalité (ce que signifie « juste »). et ce dans les grandes lignes parce qu’il est et il y eut quantité de réalisations, de réal-isations par l’intervention structurel dans le monde humain et cela se nomme l’historicité ; il y a historicité (et non monde cyclique par ex) depuis l’introduction, l’entrée de la structure qui découpe et donc accélère, augmente, intensifie, concrétise, toutes les possibilités.

L’historicité est la possibilité ; au sortir des mondes collectifs, communautaires, holistes, royaumes et empires compris, il est apparu quantité de morales et d‘éthiques, d’esthétiques, de poétiques, de politiques, d’idéels (de philosophie ou de science), mais aussi quantité de sujets, à foison. Dans le fond c’est cette richesse et l’ensemble de ces distinctions et différenciations qui sont sidérantes et étranges.

Ceci est dû, quand même il faut le dire, à la certitude interne de la structure de conscience ; dès qu’elle se-sait, elle se voit et il n’est aucun moyen de douter, de douter de quoi que ce soit. Les preuves, toutes les preuves sont là, exposées depuis 5 000 ans (au moins et sous condition d’analyser les autres civilisations). Du reste lorsque disparaissent les mondes collectifs, apparaît la structure de conscience ; dieu (l’intention) la pensée (le réseau intentionnel acquis de par soi) le sujet (l’intention inscrite en chacun, maximum de séparation dans et selon le réel). Et il n’y a aucune raison de douter de quoi que ce soi. La forme, l’articulation, le champ intentionnel est absolument certain, même si on ignore ce qu’il est exactement. Ce qui peut paraître bizarre, puisque cela consiste à prendre pour argent comptant dieu, la pensée, le christique et le sujet, la révolution la liberté et l’égalité, le réel et le je. Il faut tout admettre et considérer tout cet ensemble comme la totalisation (non exhaustive) de toute l’expérience acceptée et admise qui nous emporte nous, tout entiers, vers et par la même Intention.

Ensuite on peut croire ou non en ceci ou cela, peu importe parce que dans l’ensemble de toute la manifestation déployée chacun s’y retrouvera en ceci ou cela et au mieux doit-on intégrer le maximum et les plus grandes extensions obtenues à partir et pour cette altérité-augmentation-intensification et concrétisation de tout, de tout notre être, notre réel.

Et il est possible d’accéder (et de retrouver, récupérer en cette conscience) de se relier à tout l’ensemble de l’aventure dans la mesure où il ne s’agit pas du tout d’une essence ou d’une identité ou d’une fixité, mais d’une structure, la structure dite de conscience, dont la fonction (ou la dimension) est fondamentale, au fondement, à la source de tout champ d’expression par des signes ; il s’agit de reprendre l’ensemble des expériences, des intentionnalisations existentielles au sens fort (après tout dieu est d’abord et avant l’intention qui crée toute la réalité, signifiant par là cette création évidemment mais aussi qu’il existe un registre spécifique de « l’intention » ; reprise par le christique « que voulez-vous vraiment ? »)

Comme il s’agit d’une structure, désignée comme « conscience », elle intègre tous les contenus, toutes les intentionnalités et comme cette structure est un rapport, une articulation, alors elle admet qu’il y ait dieu, la pensée, le sujet ou le réel (ou toute autre distinctivité ; on a délimité le sacré qui englobe tout ou partie du monde, de la communauté humaine, du divin qui existe séparément du monde, de l’humain et donc ajoute une intention-en-plus ; le monde, le vécu, le corps ne sont plus sacrés mais le deviennent par un effet de sur-intentionnalité non naturelle).

La finalité simple de la structure est d’accroître la possibilité ; la révolution est un accroissement fabuleux du possible, puisqu’il revient à chacun de se décider (de tout ceci ou cela qui se présentent et qui seront inventés, sans castes ou rôles ou contraintes indues). De même le christique ne repose plus en dieu l’intention, mais interroge et donc commence d’organiser, l’intention de chacun en tant que chaque un. Pareillement les esthétiques et littératures (qui deviennent possibles) déploient la totalité de la perception et ce en pourchassant au plus loin la perception ; les grecs imposent que l’art existe en lui-même et par lui-même (et non plus intégré dans un rituel, il devient lui-même son propre rituel).

Et toute la mass et micro médiatisation qui se transforme en médiation (de soi vers soi ou autrui, etc) représente et organise l’instanciation du moi vers sa possibilité de sujet ; il est clair qu’il se devait que se déploie la vie-de-chacun, que le moi soit saturé de sa propre réalité, en l’occurrence de sa réalisation et non pas d’une essence ou identité définie on ne sait ou (les mois s’inventent et épuisent cette invention, font « tout ce qu’ils peuvent », bien que plus ou moins se tenant de par les principes liberté-égalité), qu’il devienne, qu’il y ait quantité de « mois », que toute la capacité soit manifeste et manifeste, que la réalisation soit la plus complète possible,

et que l’on puisse s’en détacher, ou que l’on tienne au-devant de soi cette réalité de sorte que vienne ou survienne non plus telle ou telle réalisation et donc désir mais « plus rien du tout ».

le plus rien du tout est la libération. Ou dit autrement ; notre intention n’est pas du monde, mais de la forme du monde. Il n’y a plus rien à désirer dans le monde ou plus exactement on doit y comprendre que quelque désir abouti dans le monde, « ça ne sera pas ça ».

Il y aurait une cartographie très précise des explorations depuis les années soixante de la réal-isation de soi comme moi, non seulement cet égoïsme, cet égocentrisme, mais également cette prolixité et cette inventivité continuelle.

Donc quoi ?

Si il est question de l’être on ne comprend rien ; l’être est « juste » une idée ou l’idée des idées chargé de les réunir en un point qui les rend possibles ; à rebours, l’unité qui prédispose des unifications, comme le conclut Plotin ou comme la théologie tentera d’assumer par dieu cette unification, sauf que dieu est une intention, ce qui change tout ; l’être comme idée ne peut pas supporter, porter la réalité, encore moins le réel et encore moins le je, l’arc de conscience.

Il est requis de supposer le niveau adéquat et quel degré de pensée est appelée par le je ?

La liberté, ce qui veut dire la possibilité et même la possibilité de la possibilité.

Ou donc ; la liberté s’entend comme devant assurer la liberté et non pas comme ouverture à désirer tout et n’importe quoi.

Aussi dans la liberté récupère-t-on la pensée, l’universel et, si l’on veut, dieu et surtout le christique (dont on n’a pas encore commencé de comprendre ce qu’il signifiait). Kant impliquait l’universel par la liberté ou plus exactement la liberté par l’universel ; seul ce qui est universable élève le sujet. Mais en vérité c’est seulement la liberté qui tire l’universel vers le haut… parce que l’universalisable est seulement le rapport acquis, tel qu’il se fixe. Tandis que la liberté est le rapport tel qu’il est possible.

Ou ; la liberté loin d’impliquer une moindre organisation, provoque une plus grande cohérence. Et cette cohérence n’est pas liée à l’être (fixé et selon un ordre, universel, tels les grecs), mais à l’invention ou donc à la Création ; on pensait organiser la réalité, humaine, par l’universalité, mais en vérité c’est bel et bien l’ordonnance de chaque conscience qui doit, se rendant à soi-même, se vouloir, se désigner (de soi-même et d’autrui), se signifier.

Et Créer au sens divin, au sens attaché originellement à dieu en tant qu’il crée la réalité et l’histoire, l’historicité, et ce de l’extérieur, du dehors, à partir du Bord ; divin ce qui signifie au sens de « cela qui doit être réalisé », rendu réel.

On a vu déjà pourquoi ; parce que si le réel est exprimé (sous la réalité, donnée, ou la réalisation, humaine) alors il se voit et si il se voit il avance. Ce qui est finalement le principe même hégélien ; énoncer une proposition c’est la situer déjà sur ce qui suit, c’est l’horizon de telle proposition qui déjà se profile. Il y a manifestation parce que la manifestation, la réalité, la réal-isation d’une réalité, fait partie de la possibilité, dont la finalité est d’agrandir le possible de la possibilité.

Que le christique soit le signe absolu, ce qui veut dire formel, de l’actualité du divin (quel qu’il soit par ailleurs, on peut admettre dieu ou la pensée ou quelque autre interprétation, lesquelles sont potentiellement toutes valides...), le signe donc de l’intention externe à toute réalité, n’y est pas pour rien ; parce que, quelque interprétation retenue, c’est de cette manière que se déploie dans la plus concrète des réalités (une vie) l’intentionnalité et ce à partir de son origine, de sa source, de sa structure active et actuelle même ; il n’y a aucune autre « conscience » que celle de chaque je. Croire que la « conscience » réside dans la pensée, l’information, les lois naturelles ou qu’elle ne puisse se supposer qu’en dieu, c’est à toutes ces propositions que Descartes cloue le bec. Descartes et le christique.

Toute autre alternative est renvoyée à son abstraction (l’universel par ex) ou son éloignement (l’absolu en général) ou son imagination ou son discours théorique objectif (limité à tel objet qui ne peut s’extrapoler au tout) ; renvoyé sauf donc qu’il s’agisse d’un je. Puisque le je est le rapport à (soi). Est le rapport à (soi) et non pas le rapport certes, mais à un autre (dieu, l’absolument soi, l’âtman) ou à autre chose (chose, discours, monde) ; c’est pour cette raison que le christique est considéré comme décisif. Le rapport est alors instantané ; cartésien ; Descartes ne montre que cela, que le sujet existe en rapport à (soi).

D’où l’importance accordée à cette définition ; la conscience comme rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » n’est pas une identité mais le rapport lui-même.

(traduit pour chacun ; nous ne sommes pas ce que le monde, la vie, les autres ont fait de nous, mais ce que nous faisons de ce que le monde, la vie, les autres (mais aussi nous-mêmes) ont fait de nous. Il ya toujours absolument un appel du dehors, du grand dehors.

Ce qui revient à dire que tout ce qui est, est rapport et que parmi tous ces rapports il en est au moins un qui est « à-soi-même », par quoi il manifeste la réelle structure et densité de ce qu’il faut comprendre par «rapport ». le rapport est le mouvement, le mouvement de l’infini perfectibilité comme loi intrinsèque, Règle, du réel. Ce qui correspond à la signification du réel et de la réalité comme Possibilité ; il est une structure, qui est un rapport, parce que seul ce qui est rapport-à et qui plus est rapport-à (soi) est capable de perfectibilité infinie.

Mais cela implique la création continuée. Ou donc que dieu, par ex, est peut-être « parfait », mais fixe, voire figé, et que pourtant seul un dieu perfectible est, lui, parfaitement parfait. Ce qui veut dire encore possible, encore et toujours possible possible. Que serait un être déjà entièrement réalisé ? Un être déterminé. Et donc composé et donc mortel. Le seul divin vivant (pour reprendre la formulation christique que l’on transpose en « Existant ») est celui qui est encore toujours dans la modification ; raison pour laquelle n’existe à proprement parler que le mouvement.

Aucune consistance ailleurs ni autrement que dans et par le mouvement.

Ça n’est pas la création qui serait continuée, et c’est pour cela que le christique est incarnation (que l’on croit en Jésus ou non, la signification est la même) ; dieu se crée comme christ (qui était im-prévu, et qui se continuera par le saint-esprit, la communauté des croyants, pris un par un, individuellement, comprenant, dans Tous les Sens du terme, religion, art, théologie, organisation humaine, relationnelle, personnelle, révolutionnaire plus tard) ;

ce qui se crée c’est la stance du réel lui-même ; non pas un quelque chose qui deviendrait mais le-devenant lui-même qui se transforme. Dieu, la pensée, le sujet … et donc le réel se transforment ; l’ontos, la forme même du réel se modifie.

Raison pour laquelle il y a effectivement et intégralement un devenir. Il y a une réalité et en l’occurrence une humanité, afin qu’elles se perçoivent et qu’elles se transmutent. 

Et, comme vu, seul un rapport (qui ne tient ni dans le début ni dans le terme) peut re-venir sur lui-même ; il réorganise son commencement. N’existe que le rapport qui soudainement (ça lui prend sous le comble de sa propre inspiration, illumination) se rapporte à lui-même, et devient. Nous sommes toujours dans le commencement parce que n’existe que cela. Ce qui veut dire que le réel est la Possibilité en soi (le mouvement brut qui se rend subtil de ce qu’il se voit en tant que champ de perception).

Voir les commentaires

Le secret replié

16 Janvier 2021, 09:16am

Publié par pascal doyelle

On passe outre la limite, si raisonnable, que la pensée, l’universelle, tentait de constituer ; de sorte à réguler et organiser la vérité, l’ordonnance des vérités, des idées, ce qui signifie des intentionnalisations. Mais ça n’est pas la raison consciente que l’on veut seulement ; on veut parvenir à manipuler, réorganiser l’acte même de conscience.

On dira qu’il est un peu bizarre, voire absurde, de se présager avant la conscience que l’on est déjà. Sauf qu’en signifiant dieu ou le sujet, déjà, c’est ce dont il est question. Aussi lorsque l’on parvient à situer l’acte de conscience sur un plan dit du Réel pur et brut, alors on dispose justement de ce signe qui permet de comprendre l’acte de conscience.

De même que le présent déroule toute la réalité, pareillement l’activité de conscience expose, par l’intentionnalité, les choses et les vécus (et plus largement tous les champs de perception). Pour cette raison qu’alors la réalité se déplaçant elle-même dans sa propre vue (ce qui est la raison d’être d’une « réalité ») cette réalité va commencer de se modifier ; autant dire que dès le début qu’initialement la réalité est « cela qui se modifie » …

il n’y a pas un quelque chose (non modifié) qui ensuite se modifie, c’est la modification même qui est dès l’abord en jeu. Et probablement rien que la modification. Parce que l’enjeu n’est pas l’être mais le possible ; donc le possible est déjà absolument l’initiation même de la réalité, ou « qu’il y ait une réalité ». C’est bien pour cela qu’il nous semble ne rien saisir, jamais ; il faut en être saisi (de même que l’on se doit à dieu et que toute gloire, grandeur, valeur ne vaut que par dieu, ou la vérité ou la liberté ; si on annule la vérité peu importe tout ce qui suivra ; si l’on veut sans la liberté, toute orientation sera absurde).

Il faut ainsi révéler que cela qui semblait figé et fixiste (dieu, l’être, le christique, le sujet, ou en l’occurrence le réel) manifestent exclusivement un mouvement. C’est d’un point quelconque extérieur que l’on considère gelés les mouvements furieux qui agitent les structures susdites ; du point de vue de l’extériorité (cad de ce point qui extériorise inertes toutes choses et toutes idées) dieu est un fétiche ou une illusion, etc. C’est nier quelque stratégie que ce soit au profit d’une tactique limitée, dont on prouve la toute validité par sa limitation même ; au moins elle est efficace cette tactique. Tandis que la stratégie « dieu » se perdait dans l’illusoire.

On admet ici qu’elles tiennent les positions les plus élevées possibles et à chaque fois inimaginables, et faisant donc l’objet d’une révélation, dite divine, au sens du dieu divin, de la pensée divine ou de la liberté absolument réelle et fondatrice (etc). Divine en tant qu’exposant leur architecture propre et interne antérieure au monde, au donné, au vécu et au relationnel, au corps et à la perception ; il y a perception (et tout le reste) parce qu’il y a cette structure dite intentionnelle (qui consiste en un rapport qui subsume tous les rapports suivants, sans lequel vous n’auriez pas un corps, vous seriez ce corps, mais vous le percevriez pas comme tel ; tout n’existe pour-vous que de se présenter dans la forme, sous la formulation intentionnelle et donc déjà porté à l’universel et à la cohérence explicite de la perception suractivée.

Ajoutons que, donc, si votre être n’est pas un être (et donc par ex ne tombe ni dans la nature ni dans la raison) mais une structure et ainsi un rapport, alors ce rapport ne peut paraître que dans et par l’actualité réelle ; dit autrement vous ne pensez qu’en pensant, vous ne percevrez le sujet qu’en y accordant foi, ou en vous suspendant soudainement très cartésiennement à son infinité de structure (un rapport est la seule formule admissible et pensable de l’infinité, les autres versions sont très intéressantes mais incompréhensibles).

De ce point de vue il faut renverser toute la lecture habituelle, de défaite de la pensée ou de la réflexion et d’inanité de la philosophie et ces quantités de thèses déprimantes dont on ignore ce qu’elles sous-entendent (de quelle « autre » finalité elles se réclament, multiplicité ou sauvagerie ou positivisme ou scientisme, ou plus simplement idéologie, quand ça n’est pas idéologie simplette, naturaliste qui accepte spontanément le donné là, sans s’interroger plus avant sur la construction, l’artificialisme de cette nature imaginée, produite, produite industriellement depuis). La philosophie et la pensée et comme on a vu la réflexion sur la nature même du réel est absolument positive et absolument précise ; dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont effectivement l’effectivité ; sinon comment l’espèce dite humaine se serait-elle substituer au fondement immédiat des réalités naturelles et puis ensuite sociétale, lorsque régnait la communauté (dans une relative pauvreté et état de nécessités), la structure de conscience a su comment dépasser telle acquisition pour mettre en jeu la capacité générale d’acquérir (en quoi consiste, en partie, la pensée, la raison ; on comprend que l’on produit les contenus et non plus dans le giron d’un contenu sacré et partagé dans et par la communauté, acquisition de l’acquisition qui met à bas le sacré, certes, mais aussi promeut le divin, le divin séparé du monde, du collectif (dépassé par la nation), du groupe, et même du langage ; les grecs, par la raison, passent outre le langage, et en crée un nouveau et même plusieurs, dans tous les domaines, esthétique ou philosophique, puisque l’on est dorénavant en dehors de la main mise par le langage commun, la représentation partagée ; dorénavant nous naîtrons dans la perception des œuvres des hommes individuels.

Et pourtant si la pensée a su cibler l’infini, c’est aussi par lui que ça recommence ; à savoir que Descartes détourne l’infini. Puisqu’il origine la pensée dans le « sujet ». Qu’il faille succomber à l’infinité si l’on veut commencer de saisir quoi que ce soit de réel (ou si l’on préfère qu’il faille en être-saisi), c’est ce qui retentit dans toutes les perspectives ouvertes par la pensée, la théologie, la mystique, la foi, la conversion, la révolution ou le dépassement de ‘soi’.

Si il est une unité de cohérence ici et maintenant (qui sera nommée après Descartes comme sujet) il faudra tôt ou tard dérouler l’ensemble de la vision, logique, que suppose un tel sujet, une telle unité ; si il existe ici même un être tel qu’il est à lui-même sa propre logique, en l’occurrence son rapport, alors il existe sur une étendue bien plus conséquente que l’étendue du même nom, cartésienne, qui désigne le monde ; et on a nommé cette étendue ontologique la surface du réel.

De manière générale donc il se peut que tout ce mécanisme structurel assure « seulement » si l’on peut dire, qu’il existe « une réalité ». Point. Le présent génère dans son architecture toutes les réalités, qui demeurent toutes en mouvement brut qui se raffine au fur et à mesure ; et il est un acte incandescent qui meut tout ce qui fut, est, sera. Sans plus aucune mémoire. Tout disparaissant dans l’oubli et n’ayant exister que durant le relativement court laps de temps.

Il se peut également que le présent soit dimensionnel (qu’il existe en et par et pour lui-même) et cela ne serait pas illogique du tout ; parce que si la « substance » des choses, des êtres, des planètes, des galaxies ou des univers si il y a lieu est le mouvement, alors il faut relativiser la consistance de la, des réalités par la forme de celles-ci ; ce qui existe est et n’est que la forme même, la structure de manifestation de tous les champs (de perceptions ou d’expressions). Le consistant est le mouvement (le reste est second voire secondaire). De là que l’on puisse légitimement percevoir tout ce qui est, et tout ce que l’on vit, comme et par le regard de dieu, de la pensée, du sujet ou du réel pur et brut (qui devient de plus en plus en sa pureté à partir de sa brutalité).

Sauf ceci ; qu’il est,en vérité, en vérité structurelle, impossible d’adopter un point de vue limité. Il sera obligatoirement placer en dieu, la pensée et/ou l’universel, le sujet ou le réel. Parce que d’horizon il n’en existe qu’un. Tout le reste est déplacé souis cet horizon. Et aucun horizon limité, cad déterminé, ne peut prendre la position de l’horizon formel ; c’est en ceci que notre être est toujours indéterminé, que tout rapport qui paraît donné là, chose ou être, perception ou signe, se rapporte toujours-au final à l’horizon abstrait unique ; et parce qu’il se crée d’office instantanément de l’horizon seul.

En ceci on ne perçoit pas l’horizon seulement, on se perçoit à partir de l’horizon ; en quoi consiste la « castration », ce qui est semble une dénomination plutôt bizarre en dehors de la psychanalyse, et qui consiste en la passation de l’enfance ; qui s’installe comme centre immédiat, n’ayant évidemment pas conscience qu’il se prend pour le centre, sinon il ne le serait plus … ce qui est tout à fait troublant pour tout enfant ou conscience immédiate : le passage d’une conscience immédiate à la conscience d’horizon semble brutale mais en réalité toute conscience immédiate (qui a conscience de ceci ou cela) est déjà précédée de l’horizon ; nous sommes immédiatement articulés ; lorsque l’on est enfant on reçoit l’autre-conscience, ou celle d’autrui, ou en définitive la conscience-autre, la conscience en tant qu’autre ; il n’est pas de signes sans une structure articulée, pléonasme.

Rappelons que la distance intérieure au moi de Lacan est la distance interne de la conscience et du moi pour Sartre ; ni Lacan ni Sartre n’ont intégré le je, le sujet, qui n’a au fond d’autre finalité que l’universel (pour Sartre) ou l’être-là (comme sujet inconscient) ; Sartre pense le je livré au monde, aux autres, à l’histoire, à sa propre vie et dont il n’attend au final de résolution que de l’historicité (sous les auspices marxistes, réaménagés par une autre dialectique) ; Lacan ne découvre dans le moi que la pliure signifiants-corps.

Il est présupposé dans les deux cas que l’accès de conscience (de soi) mène, justement, à un « soi » et que cela est insoutenable, dans le refus (par Sartre et Lacan) de la philosophie (on se croit bien au-delà de l’histoire et des grandes philosophies, interprétées comme idéologies ou d’idéomanies, d’un système de domination ou d’un conscient berné et symptôme ; il ne leur vient pas à l’idée qu’ils se trompent et que l’être de l’homme échappe au donné là, et ne se permettant pas de comprendre le sujet en sa propre dimension, ils manquent sa spécificité (ce que les anciens systèmes intégraient).

De sorte que Sartre ou Lacan surgissent de but en blanc ; alors que si il est un acquis absolu (cad formel) c’est bien l’hégélianisme ; à savoir que tout surgit à point. Il est une logique (que Hegel prenait comme rassemblement des systèmes dans un savoir, et que l’on interprète ici comme les deux phénoménologies ; celle de l’historicité et celle de la métaphysique ; les deux se manifestant sur le fond d’un horizon, produit par l’intentionnalité et son champ). Et donc il n’est pas lieu de se déprimer en aucun cas et aucun sens ; il apparaît finalement que tout dépend de l’ontologie ; de la nature prêtée à l’être, à l’absolu, au sujet, au réel (au Bien, au Un, etc).

Théoriquement il faut parvenir à énoncer de manière intellective ce que l’on intuitionne, perçoit, signifie ; on signifie de fait le « je » ou le champ intentionnel et au fond on sait bien que Van Gogh nous rend possible de voir autrement, qu’il ouvre un tel champ. On possède un savoir instantané de la structure, mais elle s’énonce difficilement ; on a choisi ici de remonter jusqu’à la phénoménologie, et celle de Sartre (qui installe l’arc de conscience dans une existence, un corps, individuel, et non comme un champ universel du connaître, tel Husserl).

Mais Sartre refuse que ce champ, bien qu’il soit individué (pour ainsi dire numériquement, abstraitement), soit individuel et relatif à un Je ; puisque pour lui Je se dit d’une identité, d’un en-soi (de là que chacun se prenne pour ce qui paraît être, le serveur se vit comme serveur de brasserie), aussi est-il fondamental que l’on cesse de définir l’être, le réel comme chose déterminée dont « la pensée » n’était somme toute qu’une version ; les modernes furent profondément intuitifs de décrocher de la métaphysique, de la scolastique, de la pensée grecque, de l’être et du bien ; ce qui est excessif (puisque l’on affirme ici que tout l’ensemble, de dieu à Lacan, en passant par la pensée et le sujet, est valide, à propos de cet « être » étrange qui n’est pas de la détermination mais de la forme de la détermination, de même que le présent est la forme des réalités). Excessif mais fondé ; le sujet, qui supervise tout déplacement (de champ, qu’ils se nomment esthétiques ou systèmes philosophiques ou politiques, etc) sait bien cela ; il intuitionne évidemment le rapport qu’il existe ; si il était, le sujet, un être déterminé, une pensée ou un au-delà du donné, un donné dans le donné, la loi des phénomènes par exemple en tant que cette loi est autre que les phénomènes, il s’opposerait comme une essence supérieure dans les essences inférieures ; or on dit ici que le sujet est supérieur mais n’est pas du tout une essence ; mais un rapport. Et donc l’intuition dont il est « l’objet » il en est le sujet (c’est un rapport qui se rapporte à lui-même) ; aucun problème à ce qu’il soit saisi de lui-même (sans faire appel de quelque manière à un extra-donné, une extra-réalité).

Et donc quittant, tous, le registre de l’essence (de la pensée, des réalités, du monde donné) ils s’efforcent d’élaborer la pensée (toujours forcément critique, mais c’est Kant qui introduit la perspective, mais qu’est-ce donc que Descartes sinon la monstration de l’articulation) la pensée avant la pensée ; soit le sujet.

De là que dieu ne soit pas dieu (cet objet, d’adoration, de pensée, Eckhart par ex), ni la pensée (qui prend origine antérieurement, depuis Descartes), que l’éthique véritable soit si difficile (christique), que l’intention soit si rigoureuse (kantienne ou sartrienne), que la profondeur soit abyssale (Lacan, ou Nietzsche et Heidegger, ou Kierkegaard). Que donc il fut réellement perçu que l’être du sujet échappe au discours raisonnable raisonné, que la systématique intentionnalisatrice (les idées et les systèmes d’idées) sont beaucoup trop courts pour saisir la conscience qui tisse considérablement plus que via les signes nommés idées et systèmes ; mais alors faut-il avancer que c’est au nom et en vue d’une plus parfaite cohérence, perfection qui réclame dès lors une autre-définition.

De sorte que de ce point extrême (qui table sur une unité de structure qui englobe tous les signes, dans tous les domaines ; esthétiques, éthiques, idéels, etc) considère les systèmes, les esthétiques, les politiques, mais aussi les sujets comme des avancées ; des avancées structurelles. Il est possible de percevoir comme Vermeer, d’unifier comme Plotin, de mathématiser diversement, d’étendre la possibilité de conscience ; de percevoir les possibilités de la perception, de la pensée, de l’éthique, du politique, de la science.

En ce sens-ci ; il faut comprendre que l’on perçoit (via l’esthétique, les sciences ou l’éthique) à partir de leur possibilité. On ne sait pas ce que l’on perçoit avant de l‘énoncer. Et une fois énoncé on ignore encore plus ce qu’il est possible d’exprimer. Le concerto pour piano atteint-il sa forme parfaite avec Mozart ? Non, parce que « perfection » n’est pas un état stable, ni stabilisé ; tout est entièrement logé dans la conscience (qui produit et dans celle) qui perçoit ; qu’est-ce qui aurait été manifestable musicalement ? On ne saurait répondre à cette question (même si Mozart assure et assume l’expression affective, à rebours de la « grande musique » ou de la « musique chrétienne ») parce que l’on ne perçoit la capacité qu’une fois les œuvres connues, éprouvées, perçues parce que créées.

C’est en cela que la création est aussi la création continuée qui est continuée parce que création (et non pas copie ou duplication d’un monde donné, d’un ordre, d’un beau en soi). On n’a pas dupliqué la réalité ou la vérité (comme si elle existait ailleurs) ; on l’a créé et ce créé offre au moins une pluralité de formulations ; existe-t-il uen seule forme mathématique ? Non. Existe-t-il une seule subjectivité cohérente ? Non, toute œuvre poétique, littéraire, formule cette subjectivisation (qui n’est nullement en ce cas opposée à l’objectivité, cad aux objectivités diverses, qui n’existe pas monolithiquement) ; cela contredit-il la vérité, l’adéquation des objectivités ? Non parce qu’elles sont toutes localisées ; admettons que dieu crée avec les anges, cet univers et cette réalité, croit-on vraiment qu’il s’agissait de « mathématiques » ? On admet sans problème que les choses suivent les mathématiques, mais les mathématiques manifestent-elles intégralement les choses ? Il se peut qu’elles soient seulement une partie du grand plan divin ou tout simplement de la grande organisation effective du monde, de l’univers donné ; ce qui n’invaliderait pas les maths.

Le problème de tout discours (relativement) cohérent n’est pas son exactitude mais sa complétude ou son incomplétude ; un scientifique ne va pas affirmer au-delà du champ de son objet spécifique. On ne peut pas envahir toute la réalité à partir de tel discours spécial. Le jugement ou la décision ou l’intention vis-à-vis du tout (inatteignable en soi, Kant, et dont on a dit qu’il n’est pas) dépendent de votre liberté ; votre intention est la seule dernière possibilité de compréhension ; et cela ce n’est pas laisser libre court à l’arbitraire mais réclame une éthique du sujet (ce à quoi sert la philosophie ou la religion, etc). Une éthique qui est très souvent admise et vécue ; explicitement (lors des grandes annonciations, tel le christianisme) ou implicitement dans l’organisation même des sociétés. Et il est clair que l’explicitation (religieuse, philosophique, politique, littéraire, tout ce que l’on voudra) augmente et étend l’éthique ontologique, qui de son énonciation (de quelque registre que ce soit, puisqu’elle appartient à la structure qui n’est pas du monde et renvoie à chacun en tant que sujet) entre dans son propre champ et doit encore plus se déplier et afficher ses effets, les effets de la cause (absolue, cad formelle).

La question n’est pas d’imposer telle ou telle solution, mais bien que la question puisse, ou non, se poser ; l’idéologie qui supprime la question est une idéologie … parce qu’elle supprime la question. Que l’humain soit un donné parmi d’autres ou présenté comme un composé « un peu plus » compliqué relève de l’étouffement de la problématique ; jamais alors la cause ne deviendra sa propre inquiétude, jamais la structure ne sera en mesure de se créer plus avant ; elle restera ce sujet caché dans le moi, qui y comprend de moins en moins, puisque non seulement le moi ne possédera plus les mots, le langage adéquat mais surtout il n’aura plus du tout l’intentionnalité, l’organisation intentionnelle requise qui puisse supporter l’interrogation.

Tout cela ne renvoie pas à l’accessoire et au secondaire ; en réalité tout est d’une prodigieuse « objectivité », y compris subjectivités (très particulières et quasi immédiates mais pas tout à fait) et subjectivisations (qui se donnent à entendre, entre elles ou esthétiquement, etc), objectivités et universalisations ; le maître mot, le principe est justement celui-là ; il ne s’agit pas d’états mais de dynamiques ; la pensée n’est pas un corpus mais un procédé et un processus, est une universalisation et non un universel tout-fait. Cela relativise-t-il l’universel ? Oui éventuellement, lorsqu’un universel supplante ou étend le précédent ; de même que newton est devenu une partie de la physique et non le tout du connu, et cela arrive constamment. En aucun cas il ne s’agit d’abandonner l’objectivité, comme principe et processus (pluriel jusqu’alors) mais de ne pas oublier qu’il est, dans le fait même, question d’une processualité (dont l’unité des pluralités est seulement supposée a priori, et qui sera peut-être, une fois obtenue, considérée comme une partie d’une plus grande objectivité, comme on s’en est aperçu depuis longtemps).

Or comme il ne s’agit pas d’une idée représentative (le sujet n’est pas une représentation mais la structure de conscience, identique en toute conscience) le rapport structurel revient sans cesse tel qu’en lui-même et parfait (il est non composé et donc il est parfaitement parfait, relevant de la perfection dite d’activisme absolu ; le réel crée et ne fait que cela, de la nouveauté). Et existant en deçà et dans la strate du réel antérieur à toute réalité (pour nous antérieur à tous les champs), c’est avec force qu’il re-vient et demande à se re-structurer ? Rappelons que le sujet, cette structure, n’est antérieur selon le monde, mais antérieur dans l’actualité ; dans l’actualité en laquelle se crée le champ et par lequel champ existent des représentations, des idées parce que des signes, des signes pris dans et par les perceptions (et eux-mêmes, le signes, étant perçus ; c’est pour cela que nous commettons des lapsus ; on entend ce que l’on dit, et avant même d’en saisir le sens ; même si la plupart du temps ce que nous voulons dire correspond aux mots employés, puisque c’est un être en dynamique).

On a pu tourner en dérision le finalisme (qui projetait dans l’avenir, échappant à la causalité ou la soumettant, ce qui permit bien sûr d’éviter une effective connaissance objective), mais en vérité c’est bien plus radical et plus transcendant ; il n’est pas nécessaire de recourir à une fin prochaine ou lointaine supposément réalisée, mais de saisir qu’ici même la forme de la réalité et la forme de notre être, bien qu’ils soient formels agissent tels un programme ; le programme est la forme et non pas un contenu caché parmi les contenus ou en-dessous ou au-delà ou à-venir.

On a voulu remplacer le finalisme des grandes altitudes par le concret de réalisations effectives ; et on a eu raison, sauf de s’y limiter ; pauisque c’était enfermer chacun dans sa seule vie, et renier son existence ; on a vu que l’on nomme Existant ce que le christique désignait comme le Vivant, au sens de la-plys-grande-vie, le point autre en dehors de la vie immédiate, que l’on considère ce point comme structurel et fonctionnel ou comme structurel et dimensionnel, mais dans les deux cas comme structurel ; ce sans quoi rien ne serait compréhensible ; le sujet, l’intentionnalité, le champ intentionnel ne peut pas être un immédiat, un composé, puisqu’il est un rapport et si il était un rapport déterminé il ne serait plus un rapport).

Renier pour le moi son existence (ne pas la transformer en existence et ne demeurer que vivant, de cette vie du moi qui s’étend de la naissance à la mort) ça n’est pas possible. Tout moi est déjà un sujet. Il a acquis son sujet d’une manière ou d’une autre ; la structure de conscience est évidemment toujours réelle en quelque conscience que ce soit ; que ce soit un se-savoir n’implique pas que ce soit une connaissance et du reste ça n’est jamais une connaissance (raison pour laquelle la philosophie du discours métaphysique ne marche pas, sinon comme symptôme et signifiant) ; il s’agit littéralement du signifiant du signifiant ; il n’y en a qu’un. C’est pour cela que dieu, la pensée, le christique, le sujet ou le réel sont sidérantes et d’une sidération qui ne cesse pas, puisque le signifiant ne devient jamais un signifié ; or pourtant le signifiant du signifiant il est su, comme se-savoir, déjà exporté hors de lui-même ; le rapport ne reçoit qu’une partie de son être qui n’est pas un être ; il est mouvement, mais on ignore « où » il va, d’où il vient. Puisqu’engagé dans un ‘rapport’ on n’est ni l’un ni l’autre, ni le début ni la fin, mais le mouvement même.

Et c’est pour cela que le plus clair, transparent et évident est le plus secret et c’est également ce par quoi il existe de la lumière. Sans le rapport qui tend tous les rapports, il n’en existerait aucun. Mais c’est une tension. Et une tension qui souffre d’une part (et donc veut y échapper), mais tout simplement ceci ; que cette lumière ne peut pas se représenter, se situer, et devant l’invincibilité du problème on se décide finalement et au jugé pour ceci ou cela. On est bricolé. Un moi est un bricolage. Et la reconnaissance du bricolage s’effectue par le sujet et lui seul en témoigne, il se le témoigne à lui-même (comme jésus prend son père comme témoin de lui-même, c’est absolument cela, mais évidemment il faut le payer, ce qui veut dire l’admettre, et lui, jésus, est venu afin de nous l’exhiber, de nous exposer ce para-témoignage ; que si l’on admet le grand rapport, on devient strictement un rapport et non pas un contenu de rapport, qui peut satisfaire plus ou moins mais en fait non ; c’est seulement si on intègre, incorpore, d’être le rapport du rapport que l’on existe. Il n’y a aura aucune échappatoire.

Parce que la seule possibilité réelle c’est celle-là. Pourquoi le christique, ou dieu et l’intention absolue hors de tout monde, ou la pensée antérieure à tout donné, ou la liberté racine du sujet créent l’historicité ? De même le moi qui entre dans le rapport du rapport, devient signifiant dans le signifiant, relativisant le moi à partir de la possibilité du sujet. Il ne perçoit plus les contenus dont on ne sait jamais qui les Voit ; et par lesquels contenus (il n’y a que cela dans un bricolage du moi, serait-ce ses ‘désirs’) il est soumis au regard non signifié. Mais sachant ce mouvement tactique, il comprend qu’il est non plus le signifié d’un signifiant, mais le signifiant d’un signifiant. Ce qui paraît absurde, sauf que non.

Puisqu’il s’agit d’indiquer la forme étrange du réel ; et justifier qu’il existe en tant que présent ; ce qui est déjà tout à fait déraisonnable ; si le réel était un ordre il serait cet ordre et non ce devenir et si devenir il y a alors le devenir est la structure même de ce que par réel il faut comprendre ; aussi est-il défini par la Possibilité, mais dès lors il n’y a pas un quelque chose qui devient mais c’est le Devenir même qui est le réel et produit des « quelque chose ». Que le réel soit pur (et brut) mouvement (susceptible apparemment de se rendre infiniment subtil) veut dire que c’est intégralement de A à Z que ce qui devient devient. Rien n’échappe au devenir, au mouvement et le sens de ce qui est, existe est de s’augmenter ; tout ce qui est se perçoit et agrandit son cercle, augmente et intensifie sa possibilité, impose le concret de la Possibilité. N’existe que la forme.

C’est bien la sidération qui aimante, attire, emporte les pointes extrêmes des expériences ontologiques aux confins des champs intentionnels, ce qui veut dire originellement aux champs intentionnels (puisque le rythme du temps est inversé ; l’arc de conscience crée un champ d’actualité pur et brut, dans le présent, par lequel tout est amené à être, l’être étant second et l’exister premier et dernier). Ceci puisqu’il manque toujours la conclusion (aucun discours ne peut se clore, même les maths) et le retournement qui paraît sans borne ; étant originel, étant ce commencement qui re-commence continuellement (dont la finalité est précisément d’agrandir la possibilité même, cad le réel possible, ce qui n’est possible que si il s’influence lui-même, à partir d’un champ d’expression, les réalités, que nous reprenons dans un champ intentionnel).

Dit autrement ; le péché nous avertit non pas du « péché » mais de la faute, de l’erreur qui consiste à croire que l’on est, nous enfermant dans un circuit (de réalité, alors que nous appartenons au réel, ou si l’on préfère, comme on veut, à dieu, à la pensée universelle, au sujet, au réel). Donc on ne doit pas croire que l’on est (ceci ou cela), mais destiné au Un, à dieu, au sujet. Sauf que l’on n’y parvient pas. Et c’est là que le christique nous signifie que l’on n’y arrivera pas mais ça n’est pas grave, parce que ça viendra ; l’intention précède les contenus, les vécus, le corps, et rien ne dépassera l’intention, qui est ainsi la clef et la porte.

Et annoncer que l’intention est cela-même, et la poussant dans son propre champ (en se sacrifiant) transforme tout. Il est dit qu’elle devient identique au corps, de ce fait renouvelé. Et donc le corps se voit (de même que chacun voit sa propre mort, mais aussi est célébrée sa naissance), le corps se perçoit lui-même ; il est le plus méprisé, puisqu’il est la lumière qui fait-voir tout le reste, n’est pas du monde et tout le reste est second par rapport à la lumière, tout est second également par rapport à l’intention ; ses effets seront toujours effets, voire secondaires, par contre l’intention ne doit pas, ne peut pas se contredire elle-même, se nier, s’annuler ; d’abord elle ne le peut pas, et étant intention il lui faut affirmer ce vers quoi elle se tend, par quoi sinon elle cesserait d’être une intention ; le christique indique donc le père. De même la pensée l’universel ou le sujet la liberté et la liberté l’égalité.

Dit autrement ; le sujet ne se réfère jamais à lui-même (ça n’est pas un moi, une identité, ni une essence), mais toujours à plus-grand-que-soi, afin que le rapport continue sur sa trajectoire antérieure et qu’il puisse incessamment se re-prendre ; que l’on ne puisse pas capitaliser sur l’intention, puisqu’elle est sans cesse remise. Littéralement. La rémission des péchés, des erreurs, des fautes ; rien n’entame l’intention, qui re-vient toujours, sauf lorsqu’elle ne nie elle-même ; elle seule peut s’ignorer, se croire annulée.

Et donc se pose la question ; pourquoi le christique est-il parvenu à une telle altitude et comment ?

Lorsque Sartre ou Lacan enquêtent sur l’intention qui nous est propre, à chacun, intimement ou extimement (Lacan), que font-ils sinon tenter de déployer le secret ? De quelle intention existons-nous ? Et jusqu’où et comment s’instancie-t-elle en ce corps, en ce vécu, ce relationnel, cet horizon, et selon quelle réelle (a) temporalité ?

Voir les commentaires

Causalité interne du réel

9 Janvier 2021, 10:10am

Publié par pascal doyelle

Glissement dans l’irréalité

Il se trouve que depuis les années soixante nous sommes tombés, évanouis, dans l’irréalité. Il n’y eut plus que l’encadrement capitaliste. Tout est ordonné à sa, à ses lois.

Il suffirait de prendre Sartre, Debord, Lacan, et Céline et puis Ph K Dick pour comprendre l’intégralité de l’essence même du 20éme. Céline met en scène le petit bonhomme individualiste qui perd toute vision universelle, et s’effondre mentalement et historiquement et intellectuellement (on en connaît les conséquences pour Céline lui-même) dans la plus immédiate individualité vivante et bien qu’il garde quand même l’universalité en arrière fond, en arrière salle, afin de montrer son mensonge généralis. Ph k Dick décrit l’irréalisme absolu qui enveloppe et noie nos âmes, la conscience du monde et des autres (l’empathie reste la toute dernière limite de l’humanisme, survivant en l’individualité exacerbée). Tout s’effiloche dans la conscience que l’on en a (la réalité se dissout, autrui envahit la psyché, la noirceur est non pas tant méchante que délirante, les ténèbres délirantes et donc souvent rigolotes). Reste alors Lovecraft, un univers au-delà de toute humanité, au-delà de toute représentation et de toute imagination ; soit donc l’univers inhumain qui cerne de toute part notre petit cercle irréel.

Comme il est question de regard et que toute image (au sens large) impose en elle-même et en même temps un regard, on se perçoit via les dites images ; et donc on veut, croit, intègre, incorpore y ressembler. Tout comme dieu nous a fait « à son image », et absolument dans la même proportion. Sauf que ce seront, dans la société des consommateurs, des images selon le monde, et comme du monde on n’a pas de perceptions immédiates et valides, ce « monde » est celui qui est produit. Produit jadis par le groupe, la communauté, et dorénavant produit industriellement ; les images qui peuplent notre esprit, ce qui veut dire notre perception, tout entière, sont produites industriellement. Les personnalités sont produites industriellement. L’industrie est même la mise en place (et en scène ) de notre personnalisation. (signification de Debord).

Il n’est pas dit que ça réussisse évidemment. Mais l’intentionnalité de chacun est aimanté et accaparé dans le Regard en ceci ou cela, l’objet vu, l’image vue, c’est la position selon Sartre de l’en-soi (et sa densité, laquelle est imaginée évidemment) perçu par la conscience (qui profite ou jouit par anticipation, par l’imaginaire, qui se voit vue en tant qu’image, ce que la conscience n’est pas du tout).

Et bien sûr comme de par le même mouvement chaque je fut lâché dans la nature, les mois en profitèrent et créèrent une profusion de possibilités ; chaque moi est une résolution de l’équation de chaque vie transformée en existence. C’est pour cela que chacun en est sidéré et absolument passionné (par sa propre existence). Y compris dans l’invention des névroses, obsessions, sociopathies, illusions, libérations, réalisations, entreprises (y compris économiques et techniques), etc. Prolixité de la possibilité délivrée (tout ce qui n’est pas interdit est autorisé).

Mais que le Vu soit reçu comme Regard, veut dire que chacun devrait s’employer à récupérer ce Regard ; il n’y a pas de raison qu’il appartienne à d’autres (voir Sartre et autrui, énorme problématique) ; il faudrait même qu’il n’appartienne à personne. Sauf à dieu, la vérité ou la liberté. Qui sont vides et donc exigeants, d’une autre sorte d’exigence. Même si il m’appartient, le regard me trompe ; ainsi la psychanalyse qui consiste à mettre sous le regard dégagé ce qui autrement était un - regard du moi sur lui-même - (sous la condition de l’Autre, pas tellement des autres ou d’un autre que de l’Autre, en quoi il était politique au sens le plus grand possible ; comme l’impératif « tu es toi-même : jouis ! » qui est une pure folie « collective » individuelle, traumatisante, l’esprit de telle ou telle époque).

Beaucoup ont présenté les choses comme suit ; la transformation de chacun en individualité, soit donc comme producteur et surtout consommateur, c’est cela même qui a brisé toutes les représentations précédentes. Surtout « consommateur » parce qu’ en tant que producteur chacun était en mesure de se regrouper dans un syndicat, un parti, une lutte des classes, une historicité, des revendications, ou une sorte d’identité mais le consommateur est seul. Absolument seul. Et il aime cela, il se-satisfait.

On dira, ici, que ça n’est pas tant l’individualité qui a pu embrasser la belle vie de satisfactions offerte à tout un chacun, qu’une certaine compréhension de « l’individualité » ; à savoir la déconstruction du sujet et sa bascule vers cette sorte de composé, bricolage qu’est un « moi ».

On a cessé de comprendre l’individualité (terme générique) comme sujet (terme métaphysique ou surtout ontologique depuis Descartes, Kant, et même Hegel, et les idéalistes allemands et les romantiques ensuite et les poètes et artistes qui constatèrent le démantibulement de la Vision de sujet et sa dissolution par le vie, la société (Rousseau premièrement).

Et on a commencé de le ré-artificialiser comme « moi « . Tandis que par ailleurs il subissait, l’individu, sa transformation en « être humain générique », socialisant ou communiste ; homme des besoins et individu de désirs s’opposant.

Et ce parce que constituer le sujet métaphysique ou ontologique était évidemment trop compliqué et paraissait une pure tautologie, inefficace, voire illusoire ; tandis que le moi (qui remplace le sujet) se saisit et se déploie dans le monde, doué d’un corps vivant, d’un relationnel de plus en plus touffu, d’une méta-organisation bien pensée (toute société commence de s’élaborer comme Constitution, système de Droit, etc), et déborde dès lors de possibles (qui étaient restreints par le cadre des anciens régimes de toute sorte ; non plus « out ce qui n’est pas autorisé, est interdit » mais « tout ce qui n’est pas interdit, est autorisé »).

la richesse paraît toute entière dans le moi et chacun est alors en charge de son vécu, de son vécu de plus en plus étendu et multiple. Il n’y a aucune raison de s’en priver et il est vrai qu’en comparaison le « sujet » est kantien, et pas vraiment drôle. Sauf que dans chaque moi, le sujet aurait du se continuer et non pas s’absorber dans ce vécu et ce corps et dévoré par la recherche de la satisfaction, mais bien comprendre que la plénitude ne se trouvera pas dans le monde ou le vécu (et donc elle devait, cette insatisfaction originelle, originaire, s’explorer et s’expérimenter autrement, se penser et tisser ses propres possibilités ; c’était cela le sujet), et ce qui devait également faire office de sujet c’était le tressage collectif, la représentation partagée de la médiatisation généralisée (de la photo aux jeux vidéos, en passant par le cinéma et la télévision, et tout support de représentation). De sorte à embrayer sur une conjonction de chacun et de tous, une coordination, une représentation humaine et humanisante, personnelle et personnalisante de nos vies.

Tout cela eut lieu, plus ou moins et plus ou moins selon de véritables finalités ; et souvent également s’exténuant vers le bas, vers le monde, l’intentionnalité piégée dans des immédiatetés, des satisfactions imaginées et irréelles. C’est bien là le point central.

La transmutation de la satisfaction naturelle, vers quoi incline tout corps vivant, en satisfaction fantasmée et d’autant plus attirante (et fausse, parce qu’un « idéal » de cette sorte n’a aucunement sa place dans le monde et la vie ; Céline, la mort ou la détérioration de l’individu qui croyait en l’humanisme, ou Houellebecq la dégradation du moi qui croyait en la personnalisation et ses heureuses finalités, ironie et humour, même si l'ampluer est bien plus grande dans le Voyage).

On s’est beaucoup révolté. On s’est révolté contre dieu, mais aussi contre la raison, la raison universelle, l’humanisme même, oubliant décidément (ce qui veut dire « de par décision ») l’universel comme tel ; puisqu’ayant acquis la liberté et l’individualité, la personnalité on a cru être en mesure de se passer des bases, sans lesquelles la liberté de chacun s’effondre. Ça n’est pas un hasard si les Usa se créent en et par la fuite protestante, et bâtissent une utopie (la seule de toute l’histoire et sur toute la planète, à les écouter). Il s’agit de la victoire de l’imaginaire sur la raison, la raison européenne, cad la pensée.

Ce qui est très simple c’est que étant donné que chacun reçoit sa liberté alors celle-ci par définition peut se passer, structurellement, techniquement si l’on peut dire, de tout le reste ; il revient à la liberté de reposer sur elle-même ; il n’st pas du tout étonnant qu’elle prenne la première place et se substitue à l’ensemble de tout ce qui fut (outre les formules de sociétés de groupe ou communautaire ou holiste ou collective ou traditionnelle, comme on voudra les nommer), et remplace donc dieu, la pensée, l’humanisme, et dissout tout lien qui existerait hors d’elle seule (de tout groupe social, de toute ethnie, de tout peuple ou nation, de la famille ou du mariage, etc, bref tout).

Et donc il revient, absolument, à la liberté de se substituer à tout. Et étant une articulation, par définition, la liberté doit être articulée… soit une articulation faible, soit une articulation forte ; mais il faut se méfier parce que l’on ignore ce que faible ou fort signifient ; depuis le christique, qui initie cette possibilité comme fait majeur historique (que l’on y croit ou non), la faiblesse et la force obéissent à une sorte d’hyper méta logique que l’on ne comprend pas. Mais qui n’est pas du monde. Il ne devait pas se croire être ceci ou cela et emprunter de pauvres vêtements ou donc quelque identité que ce soit, et encore moins se perdre dans les objets.

Et il y eut une telle torsion opérée historiquement que toute liberté s’est réalisée mais est tombée dans le monde (dans le vécu, dans le relationnel, dans le corps ; le moi faisant office d’articulation ; ce qui le rend régulièrement fou, désespéré, ou irréel). Dans le monde et en chaque vie elle s’est écroulée, en se remplissant. Mais tout fut également exploré ; on a tenté diverses possibilités

C’est qu’elle n’avait aucune idée d’elle-même, aucune pensée quant à son être, qui n’est pas un être. Que l’on ait pu croire qu’elle était un « quelque chose » c’est ce qui l’a dépréciée. Une chose parmi toutes les choses et les corps du monde était de bien peu de consistance. Elle fut absorbée dans sa structure, remplie à déborder de toutes sortes de beautés mais de beaucoup d’insanités. Et surtout chacun a cessé de se mesurer à la pensée (à la vraie pensée, celle qui vous positionne par rapport à la vérité, au divin ou à l’infini, l’in/finité de l’intention) et n’a plus compté que sur sa vie, sa pauvre vie qu’il pouvait ou semblait capable de transcender en une réussite ou à tout le moins en une adéquation ; adéquation de la volonté définie comme désir qui naturellement ou réalistement devait se transposer dans le monde ou le vécu ou le relationnel ou le corps, perspective que nie la positon métaphysique ou ontologique ; le désir est non structurel, c’est comme une partie du monde donné, tandis que le structurel impose que nous ne sommes pas du monde, ce qui est évident puisque nous en sommes conscients et donc autre.

Or par « conscient » et c’est toute l’ambiguïté, il ne faut pas entendre « raison », mais arc de conscience, ou donc intentionnalité ; et ce qui s’instaure par la révolution ça n’est pas la pensée rationnelle, mais le jugement, ce qui s’applique en tout et partout et non pas spécialement aux catégories philosophiques ; de sorte que dans le même temps s’ouvrent quantité de champs nouveaux (qui relèvent par ex de la vie individuelle qui n’est plus « castée » par un ordre établi mais aussi quantité de politiques possibles, ce que la France expérimentera dans tous les sens, bien plus qu’une autre nation, en multipliant les régimes puisque la formulation de base est plus complexe, constitutionnellement).

Il y eut, en un mot, une inflation totale du champ de conscience ; et si la pensée y a joué un rôle, très conséquent, c’est en rendant possible la démultiplication des intentionnalités et ce de façon concertée puisque les idées forment des systèmes qui rendent accessible la cohérence et donc le contrôle, la maîtrise ; ce qui veut dire, classiquement, que la pensée demeure au sein de la pensée et que son être de déterminations use de signes transparents ou les plus clairs possibles ; mais qui semble supposer que la nature même de la pensée, son ‘essence’, est constitué « de pensée ». De même que les mathématiques seraient antérieures aux choses mesurées (puisqu’apparemment les choses obéissent aux lois calculées) ; mais on a vu que le nombre est juste le rapport (de soi à soi) d’une chose ou d’un être ou de quoi que ce soit.

Or toute conscience sent bien que si on peut postuler que la-pensée est cohérente et exprime totalement tout ce qui est, et alors il s’agit somme toute de la pensée qui est celle de dieu (scolastique, reprise de toute la pensée grecque dans la systématique philosophico-théologique du christianisme), cependant l’arc de conscience, la capacité de conscience est beaucoup, beaucoup plus qu’universelle ; ou alors, en conservant la mention d’universel, évidemment, il s’agit de définir cet universel comme la forme, absolue (parce que formelle), du sujet ; le sujet est l’universel fondateur qui occupe chacun tel quel. Ce qui ne manque pas de paraître boiteux.

Si l’universel seul effectivement réel est non pas la pensée en mouvement mais le mouvement de la pensée (Hegel), il n’est pas en soi pensable ; il est ce qui permet de penser et perçoit ses résultats (les pensées, les idées, puis les systèmes) comme autant de positions par rapport … sa totalité, la totalité des pensées rassemblées et rendues certes logiquement (selon la dialectique), mais le mouvement lui-même reste la seule ‘négativité’, qui permet de passer d’une idée ou d’un système à l’autre ; la cohérence, dialectique, est celle de l’horizon général ; la pensée (sa logique) est l’horizon des pensées (qui ne sont plus contra-dictoires, ce que l’on reprochait à la philosophie, à condition d’admettre que le mouvement de la pensée existe comme système des systèmes ou savoir de soi de l’esprit ; ce qui fondamentalement laisse sans voix, et sans voie ; parce qu’alors qu’est-ce que la-pensée, l’esprit ?

À moins de supposer que la-pensée existe en elle-même et que tout le reste déploie multiplmeent ce qui se présente unificativement dans l’idée (il y a une idée de l’arbre et plusieurs essences d’arbres et des milliards d’arbres particuliers). Pourquoi la-pensée existerait-elle ?

Or pourtant elle est, mais dans le champ d’observation ou de description d’une conscience. On dira ; pourquoi la conscience existerait si on doute de la pensée ? Parce que la conscience est le rapport des rapports. La conscience est « ce qui met en rapport » et on a dit qu’il en est ainsi parce que le « sujet », la forme « sujet » est seule cela capable de se modifier soi-même et donc d’agrandir le possible ou plus exactement la possibilité du possible.

Si il n’est que l’être, ce qui est, est. Il est déjà inclus tel quel et ainsi rien n’arrive (il y aura une fixité d’une manière ou d’une autre). Si il n’existe que la forme d’un rapport, il n’est rien du tout. La solution est que tous les êtres (et les choses) expriment le rapport ; le rapport est l’ensemble des rapports qui le manifestent. Tout changement dans le rapport produit d’autres effets. Le devenir est ainsi à la racine des variations de positions ; dieu n’a pas la même position que le christique mais le christique ne contredit pas dieu, et ne contredit pas non plus l’universel grec et la pensée et l’être, de même que le sujet cartésien intègre le christique et réinstalle la raison, mais autrement, dans une autre configuration ; il précise la position christique en somme, par lui la structure existe ici même. Kant s’obligera au criticisme et Hegel au rassemblement de toutes les positions théoriques ou intellectives (métaphysiques) ; et surtout il y aura un nouvel universel, le sujet, applicable en et par chacun, chaque un.

Par cet un, de chaque sujet, on est loin du Un qui clôturait la pensée universelle, grecque pour simplifier, celle du discours qui définit son objet mais bute toujours sur le Bord de la pensée ; le Bien, la pensée de la pensée, le Un. En somme le un du sujet simplifie les autres configurations ; il désigne ici même le « lieu » du un.

Or qu’il y ait ici même le un, pose quand même un sacré problème ; comment se fait-il que dans la réalité, dans le monde de la réalité il existe un « sujet » ? Comment un sujet, qui est ce qu’il n’est pas et n’est pas ce qu’il est (qui est, donc, une intentionnalité qui fait varier ses contenus) est-il possible ? Si l’articulation que l’on situait en dieu, dans la pensée (grecque) ou le penser (hégélien), se découvre dans l’ici et maintenant agissante, alors elle récupère l’ensemble de l’articulation ; ce qui est littéralement le fait même du christique ; que dieu (qui était « en-dehors » et autre) devienne comme corps-sujet ; ce qui est invraisemblable, sauf si on ne comprend pas ou ne comprenait pas ce que par dieu ou la-pensée il fallait entendre.

C’est une recompréhension de ce qui se donnait auparavant comme divin (dieu ou la pensée), et donc séparé (du monde, mais aussi du vécu, du corps, de la perception) qui est proposé, et à laquelle recompréhension on est introduit ; ce qui mérite bien un baptême ou un cogito. Baptême et cogito inaugurent mais surtout initient non pas la révélation seulement du réel tel qu’il existe ici et maintenant, mais crée cet être spécifique.

Si on applique à cet être les caractéristiques qui relevaient de la pensée et de dieu, on retrouverait une sorte de divinité selon le monde, de pouvoirs augmentés, de super volonté, etc, ce qui n’est absolument pas du tout le cas ; si l’être du sujet est la résolution, est l’actualisation réelle de ce qui autrefois se nommait dieu ou la pensée, il est nécessaire de reconstruire cette caractérisation ; et c’est bien ce que le christique avance ; on ne sait pas ce que cet être, spécifique, veut, peut, désire, attend. De même que les juifs ne comprennent pas ce que dieu leur veut ; que veut-il ? Comment instancier dans ce monde la nation juste élue ? Comment organiser une telle nation en interne ? De même le sujet cartésien (qui est originel et finalement un simple début d’aperçu) ou kantien (qui commence de déployer ce sujet, comme transcendantal) : la question la problématique, l’interrogation dans tous les sens de ce sujet, de cette structure, de la structure de l’attention ; à quoi doit-on faire attention ? Pour reprendre une formulation kantienne ; que puis-je faire, espérer, savoir ; dont on voit bien que l’enjeu est l’orientation que doit/peut prendre notre être, tout notre être.

C’est qu’en croyant visualiser, dans le monde, la structure de conscience on l’interprète et elle se cristallise et se fixe comme déterminations ; sauf parfois quelques formules qui apparemment ne disent « rien » ; je suis celui qui suis - l’être est, le non-être n’est pas - aimez-vous comme je vous ai aimés - je pense donc je suis - liberté, égalité, fraternité.

La difficulté est de tenir dans l’incertitude tout en considérant qu’elle est certaine. La liberté-égalité n’était pas du tout évidente avant son déploiement, non qu’elle ait été ignorée mais elle n’obtenait pas son affirmation instantanée et de structure, par laquelle, ensuite, on perçoit et conçoit et organise (et encore est-ce très difficile à tenir un minimum, puisqu’il s’agit d’une formulation et non des intérêts ou immédiatetés du monde, ni du vécu de chaque moi, bien en peine avec son sujet). Que chacun ait une âme infinie n’apparaît nulle part avant le christique (il y a une âme plus ou moins fondue dans un éventuel absolu, par ex).

Tenir l’incertitude pour certaine, on l’a dit déjà, est du ressort la foi ou de l’évidence transcendantale ou, ajouterons-nous, de la capacité stratégique ou de l’intuition de structure. La capacité stratégique c’est ce qui commence avec dieu et la pensée. Il s’agit de calculer l’intention (puisque dieu est l’intention brute et pure, hors de tout champ qui les crée tous, dans le donné, et qui engage l’humain à poursuivre la suite du projet).

L’intuition de structure débute avec Descartes ; c’est pour cela qu’il entame la réalité par celui-là qui est hors-de toute réalité (serait-elle imaginée ou folle ou ce que l’on voudra ; la structure est absolument hors-de, et donc inidentifiable). Et qu’il accroche ce sujet à l’infini (l’autre intention). Infini étant le symptôme, le signifiant du signifié qui est la possibilité du possible. La Possibilité est la structure initiale de tout. Le réel se définit comme étant « le possible » même.

C’est par cela qu’il faut intervertir le regard. Soit le regard s’accroche à sa certitude, soit il se prend pour ce qu’il perçoit, pour ce qui est perçu. Et on a dit que la certitude du regard tel quel est l’incertitude (la forme de tous les contenus, réalisés ou non). Abonder sur le contenu c’est le commencement du glissement dans l’irréel ; on se situe toujours dans l’irréalité (puisqu’aucune image n’est une réalité, mais signes dans un champ intentionnel). Et on s’en garantit, habituellement, de cette dérive, par le regard des autres. Ou de dieu, ou de la raison, ou de l’État. Il est clair que si dieu, la raison et l’universel, l’État ou l’avenir se dissolvent, toute conscience tombe dans l’irréalité des intentionnalités qui prennent pour loi leur facilité, la contrainte, ou leur intérêt dépourvu de toute autre considération ou les sombres fins qui haïssent le regard même ; ce qui veut dire qui ne voient pas pourquoi chaque possible doit s’étendre vers une plus grande possibilité.

C’est ce qui s’applique par exemple sur la pensée ; elle se doit, en tant que système clair, d’organiser et pré-organiser de la plus petite idée à la plus globale. Mais non pas seulement de telle sorte que le système s’établisse comme objet clos sur lui-même (ce que l’on présuppose habituellement), mais afin que toute conscience s’y attachant puisse à la fois éclairer tous les cheminements et encore plus que le système revienne à chacune, et ce afin que le mouvement de conscience obtienne son miroir. Qu’elle soit l’image du miroir et le miroir de l’image. Ce que l’on ne comprend qu’à la fin ; c’est parce que le cœur du réel est le sujet, l’articulation et que donc ce qui est manifesté est autre que ce qui manifeste, mais ce qui est manifesté n’est pas seulement une réplique (comme idée serait la copie d’elle-même, adéquation) ni un effet (comme dans toute causalité rationnelle) mais au sens où le manifesté augmente, à rebours, ce qui manifeste …

Ce retour, temporel, cette inversion de la causalité pour ainsi dire, n’est pas un effet dérivé ou secondaire mais la finalité elle-même. En ceci que le sujet, la structure-sujet est justement d’agrandir la cause par les effets qui retournent à lorigine, de sorte que le rapport puisse se modifier (la détermination, la manifestation de la structure n’est donc pas opposée à la structure, mais ce sont là ses conditions mêmes de structure qui doit se-percevoir, le Percevoir est toute la raison d’être qu’il y ait « une réalité ») ; de même que dieu veut agrandir sa création (et donc lui-même) de par notre participation et surtout de par notre propre création de la liberté, de la vérité et du possible ; ce qui ne s’instancie que de « se vouloir », puisque « liberté » est un rapport exigeant à (soi) qui n’est plus un soi … mais un possible.

C’est cette non-limite interne (qui n’est pas intérieure puisqu’elle doit se rendre réelle, de même qu’il ne suffit pas d’adorer le christique mais de le réaliser, l’interne aboutit à l’externe réel, tandis que l’intériorité s’oppose à une extériorité qui est toujours, de toute manière, une reconstruction) qui, toujours actualisante (comme ‘naturante’) se dirige vers le monde, le vécu, le relationnel dans ce vécu, et le corps. La différence, donc, qu’ici naturante passe en et par une articulation dont on ne peut pas faire l’impasse ; il y a une réalité ‘naturée’ parce qu’il y a d’abord et absolument un réel ‘naturant’. Et ceci ne se produit pas sans le caractère pur et brut du réel, sa violence (qu’il s’agit d’élever) ; ce retournement interne du réel n’est pas « ce qui arrive à » quoi que ce soit ; c’est « ce en quoi et donc par quoi » il y a quelque chose ; une réalité, et donc nous, à tout le moins et donc sans préjuger de ce qui, au-delà de nos imaginations, est possible et sans croire que l’on saisisse tout de cette articulation, qui est, a priori, supposée comme l’infini de tous les infinis.

Que le réel soit plus grand que lui-même veut dire que le sens de tout est de créer encore plus d’infinité à partir des infinis. C’est la nature de l’infinité d’être mise en jeu. Quel autre sens y aurait-il sinon ? Si nous ne sommes plus dans le contenu (serait-il l’idée d’infini de l’être de la philosophie, cet infini-objet n’ayant pas grande signification) mais dans la forme (du sujet) alors nous existons dans et par l’infini non pas au-delà ou en deçà ou n’importe où, mais ici-même (cartésien depuis lors). Qui indique que cela se passe ici-même.

Puisqu’en réalité, dans les faits eux-mêmes, puisque le système structurel de la conscience produit, toujours, son propre champ, elle crée constamment ; créer son propre champ (et elle ne peut que le créer puisqu’elle est un rapport qui crée des rapports) implique imperturbablement que l’on élabore du nouveau, de la nouveauté (de là que le christique qui s’attache à chacun, soit la réflexivité du renouvellement, de la re/naissance, du vrai sens de l’historicité ; le temps recommence par chaque conscience qui ouvre sa propre capacité, parce que si auparavant il s’agissait d’entités collectives, le groupe humain (et il y en eut quantité de structurations, tribus, royaumes, empires, civilisations) par contre après le christique (et dans un monde humain préordonné, par Rome entre autre) le centre s’instancie en et par chaque un (et il y eut profusion de mois, de personnalisations).

Ce mouvement incessant de la création des mois, des personnalisations, fut la passion de chacun, et ce jusqu’au bout de l’incorporation de (soi) et essentiellement depuis les années soixante (décuplant la production industrielle qui s’est auto dépassée en pluralisant la mass-médiation ; que chacun puisse disposer de ‘son’ monde, potentiellement) ; mais y eut-il retournement du moi de chacun en ce sujet singulier ? Sans doute, mais il n’y eut pas de conséquences suffisantes  puisque l’organisation générale est demeurée sur les routes de la reproduction et de la production de chaque « moi », sans qu’il y ait coordination pour les intérêts suprêmes ; en bref le fantasme (l’image, la reproduction mentale, la société du spectacle en gros) a rempli, étanché, asséché la structure en ré-imaginant constamment la psychologie, le vécu, l’idéal ou la vie rêvée, et ce « sous le regard » même de, qu’est l’image (au sens large, et internet est, en partie, la capitation absolue de l’attention ; comme partout on sera jugé comme on jugera, on deviendra ce que l’on choisit). Un étouffoir. Le mouvement, certes, mais sous le seul apparaître de ses effets ; les effets sans la cause, et sans le retour sur elle-même de la cause. Par lequel retour cette cause (le réel) pouvait se représenter dans la réalité.

Il est clair que seule la cause elle-même est susceptible de se re-prendre dans sa forme native, qu’elle n’a jamais quittée, mais le sait-elle ? Oui, depuis le début et sous différentes formulations, on l’a vu en long et en large. Et comment, sinon d’avancer dans la compréhension de la structure de l’attention ? Comme de l’intention (ce qui débute avec le christique, mais également avec dieu, à moins qu’il s’agisse purement de révélation). Par quoi donc nous sommes passés de l’intention, de dieu, aux systèmes d’idées (intentionnalités), à l’intention christique (l’intention mais celle qui transforme le vivant en existant ou inversement selon le christ, qui se présente comme « le chemin, la vérité et la vie »), puis à l’image-miroir du je cartésien (qui n’est plus une image et vous force à instancier, actualiser le je ici et maintenant), au creusement et à l’exploration de ce je (Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan et accessoirement la révolution).

Ou donc ; le sujet est justement cette structure qui crée des stratégies. Sans sujet elles n’existent pas. Il ne reste que des tactiques dont les finalités sont orientées vers le bas. Une pesanteur plus ou moins élaborée, qui permet d’installer beaucoup de systématiques, d’organisations, mais quantité de mondes humains ont disparu ; la finalité vers le haut, elle, est reprise comme historicité. Et les mondes fabriqués ne tiennent en fait que des structures ; sortir de la formulation liberté-égalité-fraternité (qui est la plus élevée obtenue) conduit à l’effondrement des semi-mondes construits à la suite de cette formulation (tel ou tel groupe, tel regroupement d’intérêts s’éteignent dans leurs immédiatetés).

Voir les commentaires

Impact du réel

2 Janvier 2021, 10:32am

Publié par pascal doyelle

Le réel, dont la logique est d’être plus grand que lui-même, excède en tous sens. Bien au-delà de nous et de tout ce qui se trouve dans le monde. Il faut imaginer une infinie perspective possible de la structure.

Quant à la positivité extrême, elle est si extrême qu’insoutenable. Et il nous fallait donc une aide ; dieu, l’universel, le sujet, le réel. Il faut partir du principe, étrange, que le réel n’est nullement acquis et qu’il doit sur lui-même constamment ajouter. L’ajout n’est pas en plus du réel, il est le réel lui-même ; il n’y a pas de réel sans le mouvement. Le réel n’existe que de s’ajouter à lui-même.

Rappelons ; il n’y a pas un commencement et puis une fin, mais un commencement sans cesse renouvelé. La possibilité de la possibilité. Il faut que la possibilité, la structure, s’acquiert toujours plus elle-même afin de s’acquérir encore plus loin. Cela seul a pour nom l’infini.

Et entrant de cette façon dans la pure et brute, voire brutale, positivité, on prendra de plein fouet la structure du réel. À savoir qu’elle est une exigence structurelle. Il faudra comprendre, également, que cette exigence n’est pas une accumulation selon le monde, le vécu ou le corps, mais une élévation selon l’intention, ou l’intentionnalité. Cela pour plus tard.

Et cependant constamment du monde, de l’immédiateté, des intérêts, des désirs, des mélanges, de la détermination en somme remontent les vagues constamment et envahissent et prennent toute la conscience ; et usent de mille et un détours afin de nous convaincre de leur seule réalité. Mais on a vu que toutes les réalités (dont aucune ne forme une unité) sont prises dans le réel. De sorte que s’identifier (à quoi que ce soit) ce serait abandonner la proie pour l’ombre et bien que l’ombre, en l’occurrence, paraisse la plus colorée qui soit, la plus diverse et de mille tonalités. Or il n’est pas question non plus de délaisser le monde, le vécu ou le corps, mais de comprendre que ça ne prend effets que d’une cause de plus en plus haute et que supprimer l’aperception stratégique laisse encore un peu de colorations au monde, quelque temps, mais tout virera dans la grisaille puis la noirceur de l’âme.

Le mal serait ainsi de stationner, de se fixer, de se figer, de ne plus croire que le mouvement seul existe. Et il n’est de mouvement que selon une tension, et dans cette tension se créent les mondes, les existences, les perceptions. Si on abandonne le mouvement, le monde et la vie se maintiennent un temps mais faussement...

Si tension il y a, il est inutile d’imaginer y échapper. Elle sera toujours présente (et antérieure à tout, puisque le réel est le mouvement qui engage et emporte et élève les réalités, qui n’ont d’unité que mouvementée). Donc il s’agit d’y manœuvrer, d’y naviguer, et non de l’éviter.

Nous naissons dans le champ de conscience entre dans sa propre résonance (étant entendu que déjà enfant nous étions pris-dans et par un champ-autre de conscience ; nous n’avons jamais été immédiats mais toujours médiats) et qui s’accélère soudain. Soit cette médiateté est subie (ce qui est le lot de chacun, indubitablement), soit elle est reprise, recalculée, ré-intégrée, au fur et à mesure ; ce que l’on nommait la grâce ou l’illumination ou la révélation ou la révolution, ou la poésie, ou donc le point-autre de la position de structure ; celle qui se sait à partir d’un bord, qui ainsi pluriellement révélé est le Bord, formel et donc unique, de tout ce qui est ; c’est pour cela que l’on est convoqué, que l’on se convoque, que « ça vient », plus ou moins, du tomber-amoureux du moi à la haute voltige de la mystique.

Nous débutons, venons à exister, non pas du passé ou d’une identité mais de l’actualité du réel ; dans le présent s’est ouvert un champ (à l’adolescence exemplairement mais en réalité à tout moment éventuel) qui renvoie soudainement la capacité d’exister ; il se peut que l’on passe à côté, que l’on dénie, que l’on ignore, que l’on oublie, que l’on se perde également, se désoriente de l’orientation nouvelle, qu’elle nous éjecte hors du commun, ou de nous-même ou du corps, qu’elle nous enferme dans l’immensité de sa possibilité, et nous affuble ou nous défigure. Que soudainement se révèle l’articulation (qu’il n’y ait aucun être qui précède cet exister) est tout autant un gouffre abyssal ; c’est en ceci que le regard que l’on intègre sur le regard lui-même, l’auto-consomption, si l’on peut dire, la péri-possibilité, l’antériorité ou l’admission de soi est absolument fondamentale. La consomption dit bien, paradoxalement, ce qui se révèle ; dans quelle mesure sera-t-on capable d’admettre la capacité elle-même ? Et puisque cette ouverture n’a aucun terme, et ouvre sur la capacité de la possibilité, elle dévore ou élève.

« Et les ténèbres l’ignoreront, ne l’ont pas connu » parce que n’étant pas de l’ordre du monde, du vécu, du relationnel ou du corps, la réalité ne comprend pas le structurel, qui est formellement hors de sa perception.

La consomption est tout autant l’assomption, dans la mesure même et la mesure seule où la liberté est en sa mesure de s’instancier. On peut s’y perdre. Et ça n’est pas du tout une imagination théorique mais l’ouverture, le vertige de la capacité ; comme ce joueur qui totalement se dévoue à la possibilité de jouer, dont il attend non pas une somme mais le signe de son gain. Comme le tomber-amoureux du moi, sa plus haute ambivalence à lui, ou comme la destinée mystique que l’on s’incorpore en une fois, poésie si vous l’êtes, engagé si cela vous prend, addict à quoi que ce soit si ça se trouve. L’articulation, la découverte de la capacité (d’exister) est sans scrupules … c’est en somme le jugement que vous portez tout au long. Elle est déjà articulée, mais rien n’empêche que vous puissiez la réorienter, la parfaire ou la dérouter. L’articulation ouverte comme une blessure est un réel absolument opérationnel, une coupure qui crée littéralement et effectivement la possibilité sous nos pas, puisque ce sera à partir de cette scission que nous avons, aurons, pourrons exister ; mais non pas qui puisse être supportée nécessairement et si évidemment par ce corps vivant, par autrui, par le monde, par la vie en général.

Si vous avez compris, c’est que vous n’avez pas compris. Rimbaud lui-même ne sait plus ce qu’il a Vu. Les ténèbres ou la détermination, emplissent déjà toujours tout le champ, sauf le champ lui-même ; c’est sur le Bord que l’on s’accroche, parce que c’est sur le bord que nous sommes accrochés. Et on saisit alors spécifiquement ce que « foi » veut dire ; rien dans le monde ou la vie sinon selon le Bord du monde ou de la vie. La Possibilité doit toujours et constamment se ressaisir, sous la forme bien plus difficile d’en être saisi.

Ce qui postule une éthique fondamentale, comme on verra un jour. Celle du n’être-pas (ce qui est très christique, mais tout est christique, et comprendre ou commencer de comprendre ce qui est l’origine même de toute notre réalisation humaine depuis 2000 ans n’est pas une mince affaire).

La consomption (du vivant) ou l’assomption de la possibilité interviennent dans la réalité en tant que le réel, la structure antérieure à tout, se manifeste dans le champ qu’elle produit, mais la réalité, la détermination supporte à peine la capacité infinie ; et évidemment toute introduction du réel dans la réalité entraîne des modifications considérables. Du bris des mondes humains collectifs, communautaires, par l’instanciation dans le temps (dieu), l’espace (l’universel grec), la vie (le christique) jusqu’à l’interruption de chaque vie dans une des révélations (y compris strictement individuelles, chacun se révélant dans son expérimentation suréminente) en passant par la reformulation de toute société humaine. Il est de fait douloureux et dangereux de s’animer de et dans la structure ; ce qui dévore les prophètes, le christ ou Socrate ou la révolution.

On effleure strictement et structurellement parlant la puissance même. Puisque c’est tout entièrement la potentialité. Invoquer le potentiel n’est pas sans effets, puisqu’il y a des effets (une réalité en général, des réalités en nombre indéfini) en raison du possible brut, qui se redélimite au fur et à mesure. La « réalité » n’est pas seulement un être là, cet être (de déterminations) est reconfiguré constamment. L’autre perspective (tout aussi valable) est que la « réalité » est un feu de paille qui brûle quelque temps et puis disparaît, totalement.

Dit autrement ; soit le temps est la structure de tout ce qui est, soit le temps est contenu dans un plus grand que le temps. On y reviendra une autre fois. 

Mais en effet dès que l’on entre dans le rapport ( ou donc qu’il vient dans son propre champ et par des signes, la pensée, le christique, la poésie, etc) on entre dans le non-fini ; on ne peut plus mesurer ou définir, et il est impératif de jouer selon la nouvelle règle, celle des signes détachés, déliés, conservant seulement leur propre foi ; leur intention ; et en admettant en soi-même les balises héritées des autres explorateurs arpentant le Bord ; c’est pour cela que l’on doit accepter comme argent comptant les autres-textes, les œuvres (au sens strict et large, les éthiques sont par ex de telles œuvres) ; tout ce qui relève de la cohérence suffisante est reconnu comme valide. On ne peut plus définir ou mesurer mais à condition de mesurer et de définir ; la forme (des contenus, cohérents) est « ce qui reste » ayant en sa possession au maximum son art en propre (et la palette est large, poésie ou engagement, attention ou intention, perception ou décision, etc) ; ou dit autrement ce qui est en plus ; la position même du sujet ou de l’horizon ou l’intention, manifeste et ouverte, de nommer le Bord (à partir duquel se présentent les contenus, les réalités, les perceptions).

Dans tous les cas il s’agit d’obtenir la position, qui se décline de différentes variantes. Puisque cette position qui équivaut à l’horizon intentionnel ; l’intentionnalité crée cet horizon et rend possible les choses et les êtres tels que nommés ; par quoi, pour nous, apparaissent le corps, le monde, autrui, les perceptions distinguées, et donc la position, universelle, qu’un réel il y a, « là ». Ainsi la position Rimbaud (ou Nietzsche ou Kant) n’existe et n’est accessible que de réinstancier ce point-autre, en nous-même, en chacun (c’est inimitable et de fait strictement individué).

Ce qui sous-entend que quelque chose, quelque Réel passe d’une activité de conscience à l’autre. Même si l’on ne comprend pas, en fait on comprend instantanément. Jadis si je me souviens bien. Voilà, c’est fini, on va parler de ce qui a eu lieu, terminé, clos. Et encore n’en ai-je qu’un souvenir imprécis, j’y étais mais si dans le moment j’ai pu comprendre, je ne comprends déjà plus.

Et on retrouve cela où on ne l’attendrait pas ; Rimbaud se nomme ; parce qu’avec lui l’écriture re-commence ; elle re-commence en ce que l’on n’y est pas contemplateur d’une esthétique de la forme, mais bien que le fond lui-même est la forme ; d’une part le récit de sa propre destinée (qui devait s’interrompre pour qu’il puisse toute-la-dire, toute entière, en une fois ; le reste étant laissé au monde, à la vie, et ne concernant plus que l’individu Arthur) et d’autre part, en même temps, l’historicité de tout, des gaulois aux cités futures (qui sont les nôtres depuis les années soixante et que l’on parviendra plus à perfectionner dorénavant).

Nietzsche dit ; je vais couper l’histoire en deux. Et plus rigoureusement il faut nommer dans le texte ou la représentation ou l’esthétique ou la religion la source, l’origine. Le christique s’annonce, comme tel (je suis du père). Descartes s’annonce. Ce qui se dit, avançant, c’est à condition d’être re-pris par la suite ; ce sont les sujets assemblés qui approuvent, qui ne peuvent pas ne pas en passer par Kant ou par le christ ou par Plotin. Puisqu’il n’existe qu’une seule structure (une seule forme de conscience) il suffit qu’elle soit activée (quelle que soit son activation).

Notre personnalisation, nos personnalités sont potentiellement activées par une pluralité d’éveils, selon ce monde humanisé installé depuis les années soixante ou depuis le 19éme ou depuis la révolution, etc. Plus on sera en mesure de récupérer l’ensemble de toutes les étapes historiques, plus il s’agira d’agrandir sa propre conscience de « soi » et lequel « soi » variera selon ; l’existentialisme peut originellement orchestré votre conscience mais aussi le cinéma ou une lutte de revendication (le féminisme, etc). Il existe de multiples entrées à l’articulation de conscience, puisque nous sommes dorénavant instancié comme « moi », à proximité même de l’arc de conscience (rendu individuellement et on tient ici que l’indivualisation est le sens même de l’humanisation, de l’universel, du christique, de la pensée, de dieu, et évidemment du réel comme tel, puisque l’arc de conscience (de soi) est le rapport dans le présent comme rapport formel).

Et on admet, ici, qu’autour de la méditerranée il y eut une aperception à la fois soudaine (le christique) et globale (dieu unique, pensée et universel, empire romain) qui ne pouvait plus se retrouver dans une représentation (partagée d’un groupe) mais dans une configuration de l’activité de conscience (ce qui veut dire dans la perspective de la prise de conscience que « tous ces contenus sont produits », que les mondes humains sont inventés, recherchant dès lors les Conditions de production de tout contenu, suffisamment concentrés).

Cette brisure (celle de se rendre compte que nous produisions des contenus) cela signifie absolument ceci ; il y a une activité qui échappe à la manifestation (tout ce qui est monstré là au-devant, choses et êtres, pensées et représentations, perceptions et identité) et c’est cette activité qui se fait-voir via des signes étranges ; et nous indique que si nous en remontons pas ces signes vers leur origine, on ne parviendra de toute manière pas à quelque satisfaction que ce soit via les contenus.

C’est la même supposition qui voudra, à partir du 19éme, découvrir les causes, en supposant que clarifiant la réalité, on pourra subvenir à nous-même : ce qui est vrai concernant les nécessités (et les supports de la vie), mais établissant des systèmes, des théories qui cessèrent de répondre aux « grandes questions » ; rejetées dans les limbes ou les illusions ou les pseudo-problèmes, mais en vérité on ne peut cesser d’interroger l’intentionnalité comme telle, et ce qui ne peut s’effectuer qu’à son niveau, lequel est celui originel ; sans intentionnalité pas de champs, pas de ce que nous nommons perceptions.

Aussi la rationalité, la raisonnabilité qui croient évacuer l’angoisse et l’existentiel et l’intentionnel ne font que recouvrir d’un voile pudique, d’un silence, d’une absence de questionnement, d’une incapacité prônée et finalement profondément déceptive (« il n’y a plus de stratégies » nous imposent-ils, seulement des bricolages du donné, alors que tout montre à quel degré le donné, le monde donné est suspendu de toute part au Présent comme articulation seule réelle, ce qui veut dire formel et donc absolu) ; le criticisme dont ils font preuve ne pose plus du tout les questions de structure. Et laissent les mois à l’abandon ; non seulement on dénie les anciennes stratégies (qui ne sont déréalisées que caricaturalement par comparaison à un réalisme naturaliste rationaliste empirisme ou ce genre de logiques) mais de plus on ne déploie aucune compréhension adéquate (au moins potentiellement) ; excepté, comme d’habitude, en philosophie.

Et encore non sans grand détour, en abandonnant la potentialité métaphysique et ontologique, pour proposer une version « acceptable » de la structure ; repeinte selon la scientificité, Marx ou Freud, le naturalisme, du désir, des forces, le réalisme, de la conscience déjetée, déprimée, désespérée, abandonnée ; on sacrifie l’ontologique à la réalité « supposée », jusqu’à parfois se confondre avec la science ou le scientisme, ou encore la poésie ; mais le se-savoir de la liberté est bien évidemment mille fois plus certain que les connaissances ou les supputations. Or ce qu’il faut retenir ce ne sont pas du tout les spéculations comme on a l’air de le croire, mais les réalisations. Dieu, l’universel, le sujet et le réel sont immédiatement opérationnels ; ils sont objectivement (ou sur-objectivement sur l’on veut) ce par quoi l’humain s’est déployé, en dehors des mondes collectifs, communautaires ; lesquels se lovaient dans tel ou tel contenu (qui figurait et représentait leur monde, toutes leurs perceptions, partagées, ou leurs images de réalité. On remarquera que l’on parlerait alors difficilement de « pensées » (au sens où nous l’entendons évidemment), puisque pour ‘penser’ il fait être séparé, exister séparément.

C’est ainsi tout l’enjeu de la séparation, de la division. Celle qui non pas s’installe dans le moi, dans chacun des mois qui sont issus de la révolution, celle du citoyen, mais qui crée chacun de ces mois, chacune de ces personnalisations, dont c’est quand même une tâche bien rude que de se produire comme identité de « soi ».

Ainsi la révolution finalement répartit autrement le pouvoir en abolissant la royauté et la hiérarchie de noblesse, et libérant de la sorte les volontés, les projets, les capacités ; c’est le monde humain global et particulier et singulier qui cherchait à s’agrandir, à augmenter l’ensemble de ses cercles intentionnels et la révolution fut de la sorte la méthode de répartition du pouvoir (de décision, d’imagination, de perception, ou développement des esthétiques), et de redistribution afin que fonctionne la répartition, qui n’est pas la dotation d’un statut ontologique seulement mais d’une fonction opérationnelle ; il fallait que cette accélération du possible se traduise immédiatement en réalisations concrètes (ce qui avait déjà débuté bien avant et dans d’autres pays, mais ici la pratique se théorise et donc cherche à se perfectionner puisque c’est explicitement que de telles opérations sont énoncées et qu’elles parviennent à une série de systématiques, qui remplacent tout ordre précédent).

La liberté d’affirmation de soi

De même il fallait un pays qui plus qu’aucun autre perfectionnait depuis longtemps le retentissement intérieur ; soit la littérature, la poésie, les arts, les esthétiques, et donc concomitamment le point de vue dit « subjectif », seul capable d’organiser le donné (puisqu’il n’est pas ou plus tenu par le collectif, mais au contraire va démultiplier la représentation jusqu’alors commune et cette fois individuée ; le texte, les signes, les formes et les mélodies de l’artiste prendront le relais du texte divin, du Livre, et même les existences de chacun se sentiront investies … comme le fut celle du christ. Et ceci nous amène donc à la reconnaissance ; la reconnaissance est l’acquisition relationnelle absolue (elle est formelle donc) ; qui installe une communauté en esprit, ce qui signifie qu’elle préserve l’individualité ; il n’y a d’esprit, à proprement parler, que celui qui se communique et présuppose l’individualité ; originellement et historiquement elle ressort de l’unité christique qui demande à chacun, à son exemple, de poursuivre son individualisation ; transformer sa vie en Existence ; ce qui revient à adopter un point-après-la-mort qui délimite le segment naissance-mort et autorise une organisation, cad une intention, qui puisse porter, supporter et sup-porter cette vie sans perdre le fil ; la porte est dite « très étroite » on le sait.

On sait dès l’abord que l’affirmation de soi est mortelle, pour l’individu ; on le crucifie. Ce qui doit se lire et se comprendre réellement et tel quel. Notre ère, notre temps, notre acculturation civilisationnelle débute par cet avertissement ; celui-là qui est mort, sa mort rend témoignage de la vérité. Ce qui est porter l’organisation intentionnelle au point le plus précis et le plus strict.

Donc dénivelant la reconnaissance christique on aboutit à la reconnaissance des uns et des autres ; chacun joue sa partie tout en admettant le jeu d’autrui et se posent, bien sûr, toutes les questions sartriennes de la capacité d’intégrer (ou de désintégrer ) le regard de chacun ; et c’est réellement le regard ; la manière, fondamentale, absolument fondamentale, selon laquelle chacun se regarde lui-même et s’autorise son individualité (sans se démettre face aux autres, sans annuler non seulement son projet éventuel, mais sa vision, la résolution qu’il est en tant que vivant qui se transforme en existant, de là les luttes et libérations diverses et variées de revendication ou d’acquisition ou d’actualisation du pouvoir de chacun sur sa propre existence, sa vie devenue existante ; Lacan reprenant finalement en affirmant que « l’inconscient est la politique ») et ayant dans l’idée et le principe que tous accueillent très réellement toute individualité, à condition qu’elle soit pour elle-même dans le statut de la vérité ; ce qui eut lieu. On ne s’en étonne pas mais l’artiste, le créateur, l’inventeur, et il y en eut des milliers, des dizaines de milliers. Tout ou le maximum fut actualisé ; il ne s’agit jamais que de montrer comme ce qui fut a été effectivement réalisé.

On saisit alors que ça ne se peut pas sans une concertation préalable d’acculturation de tous et de chacun ; c’est tout un système kaléidoscopique qui se place et se déplace au long des siècles (que l‘on songe à la nation juive, ou aux problèmes de la nation musulmane). Un kaléidoscope ça se meut. Et il n’est pas alors question de « révolutionner » abstraitement (comme si la pensée ou donc l’imagination pouvait s’imposer par-dessus la réalité, le corps, l’individualité) mais la révolution est ce qui surgit d’une nation.

Ce que l’on voit peut-être encore plus dans la logique anglo-saxonne ; mais qui, elle, ne doit gérer ‘que’ la liberté et non pas l’équation liberté-égalité, ce qui à la fois complique mais simplifie l’humanisation et la personnalisation ; complique on comprend bien, mais simplifie parce que dès lors il s’effectue dans l’esprit de chacun une clarté, très évidente, raison pour laquelle, infiniment profonde, ces esprits forment une nation et non un empilement industrialiste, mercantile et financier, et donc militaire (et encore moins une immédiateté héréditaire ou une théocratie) ; rappelons qu’un empire qui ne s’étend plus, s’effondre. Tandis qu’une nation doit se construire du dedans (seule une décentralisation supprime le principe propre d’une nation). Une nation, un ensemble coordonné et concerté, n’est pas un empilement de compétences ou de techniques et encore moins d’intérêts. Il s’agit d’ingénierie structurelle fondamentalement historique qui travaille et œuvre une société humaine, humaniste (universelle) et personnalisée (individuelle), et cela ne s’effectue pas sans la compréhension de chacun et de tous (qui sont deux parts distinctes).

Une ingénierie non abstraite ; celle du sujet, éprouvée par le sujet lui-même (qui seul peut percevoir le possible, et encore difficilement, mais nulle part ailleurs le possible n’est accessible) ; le christique nommerait ce sujet le-Vivant, ou donc ici l’Existant. Le principe est simple ; l’individualité ne cède pas, tout en se sachant identique à toute autre. Puisqu’il y va de sa réjouissance qu’il puisse exister une extase se propageant, semblable à la lumière, entre tous et chacun, et ce dans l’activité même de l’individualité, de la distinctivité absolue, ce qui veut dire formel, et formel en tant qu’élaborant des contenus, une historicité, des nations, des personnes, et non pas abstrait.

Une nation selon le principe de la liberté-égalité, de la justice (et donc sainte) puisqu’il est impossible que la société humaine s’organise et se coordonne si elle consiste en libertés laissées à elles-mêmes courant un peu partout dans tous les sens, dépourvues de tout esprit, de toute pensée ( et dont la pensée n’est du reste qu’un découpage de cheveux en quatre, une dispersion toute pareille). Une société sous la liberté veut dire que chacun peut comprendre les autres, et s’y attache tout particulièrement. Si ils ne se comprennent plus c’est que l’esprit, la pensée s’étiolent et que se déconstruisent les intentionnalités (jusque dans la vie de chacun des mois).

C’est pour cela que l’égalité de tous fut d’abord découverte (selon le un tout-seul, christique, qui tient chacun sous son regard, sous son intention, suscitant l’intention de chacun en tant que chacun, de même que Paul ou Augustin inventent l’individualité, et les confessions transmutant une vie en Existence) l’égalité identique de tous et ensuite la liberté du sujet exhibée, par Descartes (qui est bien évidemment extrêmement mesurée, réglée).

On peut bien séparer l’esprit et le monde (ou la vie), et remplir l’esprit de tel ceci ou cela, mais la structure intentionnelle, elle, est immédiatement déterminée à foison ; et instantanément structurellement brute ; l’immédiatement et l’instantanément sont les deux modes, l’immédiatement étant pris-dans l’instantanément et la pensée faisant office de formulation distincte. Les systèmes et les pensées se réalisent plus ou moins, mais les faits structurels majeurs sont l’historicité.

En plus d’assumer sa liberté d’affirmation, il faut réguler, et régler, son intentionnalité en ceci qu’elle doit présenter à chacun sa capacité d’absorption de la douleur et de l’angoisse et montrer la promesse (qui est unanimement la Même depuis le dieu un-tout-autre ; un monde humain juste, ce qui veut dire saint) ; les empires (en l’occurrence US, ou tout empire quel qu’il soit) utilisèrent le surplus de ressources afin d’assurer leur domination sur d’autres territoires et d’autres peuples ; la fonction « libéralisme hiérarchique » (qui accumule au sommet) est une fonction impériale ; l’impérialisme (selon Marx) est la logique de tout empire (de quelque époque que ce soit ; le cinéma est théorisé comme un soft power, etc). L’empire est une accumulation hiérarchique, vers le haut de la pyramide, qui aboutit à l’impérialisme total. Si vous redistribuez votre ressource en direction de votre peuple, vous supprimez d’autant la surpuissance matérielle et rendez impossible l’extension d’un empire.

Absorber la douleur et l’angoisse (soit donc la présentation du projet cartésien, alléger la vie des hommes et soigner les corps, les passions de l’âme, dont la troisième substance, corps-esprit, est précisément celle qui viendra et remplacera et le corps et l’esprit ; la troisième est la seule et l’unique et elle n’est pas ‘substance’, soit donc non la volonté ou la pensée ou le corps mais l’intentionnalité comme champ actuel) absorber la douleur et l’angoisse est en soi un projet total intérieur à une nation ; non celui d’un empire. La vérité est que l’empire, la pyramide de l’empire, sa hiérarchie mentale est d’une violence psychique (au moins) effroyable.

De même la psychanalyse affronte explicitement la souffrance ; de plus loin que la psychologie. C’est bien pour cela que Lacan, en France, reprend Freud, augmenté de Sartre. Lacan qui va chercher la souffrance et rien que la souffrance, la «difficulté » si l’on veut ou le trouble relationnel ou le mal-être existentiel, ce que l’on veut, mais en réalité la douleur elle-même. Celle qui n’est pas découpée mais qui coupe tout l’être (puisqu’antérieure à l’être, à la détermination ; il n’existe de ‘moi’ que dans un champ et ce champ est « ni-subjectif/ni objectif », mais les deux et autre que les deux, ce qui est toute la question).

Dans toute cette entreprise il s’agit de manœuvrer afin de ne plus se laisser confondre, emmêler, enfermer dans l’intentionnalité dite irréelle qui mélange réalité et intentionnalité (et nous fait prendre des vessies pour des lanternes, ou des réclames publicitaires pour la vie, way of life, way of lie, ou prendre l’image pour la réalité, Debord, remplacer le monde et la vie par le spectacle d’une hiérarchie, ce qui se produit par le regard d’autrui) ; et le creusement (qui atteint, antérieurement à elle-même, toute conscience de - soi – puisqu’il n’est de soi que par cette coupure interne) est explicitement divulgué par Lacan ; qu’il y a un corps vivant qui insupporte la coupure qui éjecte ce corps hors de lui-même, qui n’est dès lors plus vivant, ou animal, et coudrait combler cet écart absolu par quelque figuration (représentative, publicitaire, imaginale), sans en passer par une configuration (intellective, réflexive, intentionnelle). On retrouvera donc Ph K Dick en tant qu’il se sait, pourtant vivant, dans une irréalité généralisée, qu’il nomme comme tel ; l’empire (« qui n’a jamais pris fin ») et qui ici et là se métamorphose en absorption de notre esprit dans et par l’esprit d’autrui, autrui néfaste, sinistre.

La configuration est beaucoup plus imposante que la figuration (qui est un bricolage comme le moi par rapport au sujet qui a su, ou pu, accrocher les champs stratégiques ; un champ stratégique définit ses finalités (et les transforme), un champ tactique soumet le champ lui-même à des finalités immédiates, lourdes et dégradées, voire bas de gamme).

L’esprit, réel, est la résistance ferme et décidée au contenu (personne ni rien n’occupe le centre, le pouvoir, l’État existe en lui-même, comme Constitution ; la liberté est plus grande que la vie, l’intention plus grande que le vécu) et résistance lucide envers autrui ; puisqu’une règle prédispose le regard d’autrui non comme concurrence des libertés mais comme égalité. La seule liberté incline évidemment à la hiérarchie. Elle doit être en elle-même instruite. C’est une liberté tout à fait spéciale et unique, une égalisation des intentionnalités, et donc ce que longtemps on a nommé l’esprit, une configuration.

L’autre face, opposée à l’irréalité de toute figuration, est qu’il s’agit d’un champ non seulement historique (Hegel, champ qui transcende tous les contenus rassemblés en deux phénoménologies) intentionnel (ce que l’on sait depuis Husserl) mais aussi un champ de conscience singulière (Descartes – Sartre - Lacan) et enfin un champ dont la singularité n’est pas « subjective » (ce qui n’aurait aucun sens puisqu’elle assume tous les domaines ; les œuvres n’existent pas en elles-mêmes, y compris les mathématiques, qui sont des logiques du rapport) non pas subjective mais sur-objective ; si ce champ est sur-objectif, alors il est le réel.

C’est donc le rapport qui se révèle à lui-même, et le problème de cette révélation est qu’il s’agit d’un rapport… et donc non immédiatement saisissable et ne rentrant en aucune immédiateté ; ce qui est bien son but structurel ; qu’un tel rapport soit en mesure de modifier son origine afin de modifier sa finalité (sinon tout est pris dans la causalité). C’est toute la problématique : sinon la ‘réalité’ serait seulement « ce qui court à sa dispersion », limitée au temps. Donc il y a autre chose que le temps.

C’est la logique qui emplit la totalité de tout ce qui est, fut, sera. Il y a un monde non afin qu’il grandisse (il finira indéfiniment dans la dispersion, regardons-le comme un feu d’artifice qui s’éteint au final dans la nuit, mais un feu toujours déployé, suspendu et toujours mouvant en interne) mais afin que s’augmente et s’intensifie la structure antérieure (le regard du spectateur, le regard se modifiera en fonction de ce qui est Vu) ; et que le commencement ne cesse pas de commencer. On en déduira donc qu’il n’y a pas de « fin » puisque le temps n’est pas la référence du réel. Ou plutôt, le temps est, mais pris dans un plus-grand.

Il y a autre chose que le temps, mais sait-on ce que c’est ?

Voir les commentaires