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instants philosophie

L’activisme de dieu

28 Août 2021, 08:49am

Publié par pascal doyelle

de la pensée, du christique, du sujet, de la révolution, du je, au choix.

La philosophie veut penser le monde, donné « là », et ce en passant-outre le groupe humain. Ce faisant elle tombe sur le monde tel que « là » - l’être - l’être est la constatation que le monde est, en dessous des contenus que nous produisons, que toute humanité, quelque groupe produisent. Et donc pour accéder à ce monde donné « là », il faut que chacun se convertisse (en oubliant son groupe originel et ses croyances, ce qui précipite la mort de Socrate) et admette en lui l’expérience universelle du donné « là » d’un monde.

Mais l’être est également ce dont il faut rendre compte ; soit donc en rendre compte mais dans un concept, une idée qui serait antérieure à l’être (ce qui deviendra de plus en plus difficile, dieu viendra à la rescousse dans la théologie, mais le Un de Plotin est quand même tout à fait fulgurant et autre, autre qu’une « idée », le Un est une surintentionalisation, voire une mystique ‘païenne’, et plus trop un savoir, mais pas une mystique vraiment). On ne peut pas dresser un horizon « derrière » l’être (ou une notion équivalente), puisque c’est ce par quoi on comprend tout le reste.

C’est pourtant ce qui arrive avec Descartes ; qui impose un dieu selon la perfection et non plus selon l’infini. L’infini peut être pensé, difficilement et à peu près mais pensé ; c’est une qualification universelle ; lorsque l’on traite dieu en tant qu’idée. Mais la perfection est d’un autre ordre ; en quoi l’intention de dieu est antérieure aux vérités ; il crée les vérités.

De là ou peut-être à rebours, Descartes n’identifie pas notre être comme pensée mais comme volonté, soit donc, dit autrement (et depuis que l’on a creusé cette idée de « volition »), soit donc notre être comme intention. On ne s’étonne plus seulement de penser et de comprendre des pensées, mais d’avoir conscience-de et notamment d’être le je que l’on est, et plus exactement que l’on ex-siste. Ce qui étend considérablement notre « être » et littéralement le crée, l’augmente dans toutes ses possibilités et capacités.

Et ce mouvement de preuve se fonde non sur une connaissance (métaphysique) mais sur une ontologie (sous-entendu l’épreuve de l’être ici même, cad l’exister, le je, qui est rapport lequel requiert qu’il soit « plein », pensé comme effectivement « ici » et donc la pensée de cet « ici »). Descartes ne connaît pas, il signifie. Et dieu lorsqu’il crée, il ne pas, il signifie ; c’est son Intention qui existe (et crée tout le reste, y compris notre être-de-signifiance, ce mouvement, et qu’il réclame qu’on lui rende gloire parce que, quand même, qu’il existe un être qui tienne de et par son Intention, un rapport donc, est tout à fait infiniment exceptionnel ; c’est même la plus grande exceptionnalité qui se puisse ; un être qui « n’est pas »).

ce qui s’impose, plus que la pensée et que l’être, c’est la signifiance ; soit donc la possibilité inscrire les réalités dans des signes. Et le bout du bout de tous les signes c’est un être doué ou doté d’une structure spécifique qu’il accompagne et surtout introduit ces signes (et les réalités) dans le rapport qu’il est.

Auparavant on saisissait telle ou telle identité, mais il s’agit dès lors de se saisir de l’intention que l’on est, et non plus même des idées et des représentations de monde qui s’unifiaient dans le gigantesque paramètre ou principe de « l’être » (et de ses substituts, qui ne manquent pas, puisque « l’être » est la distinction purement formelle, qui ne dit « rien ») ; rappelons que les grecs, en somme, prennent conscience que nous ne recevons pas le monde tel quel mais que nous produisons les contenus, lors même qu’il s’agit pour eux de découvrir l’ordre, déjà réel, du monde comme cosmos, il existe un contenu qui doit s’élaborer en et par chacun, empli alors de la-pensée ; c’est ce que veut dire l’universel ; que tous les rapports soient compris, que les rapports qui sont des idées soient significatifs et transparents parce que de la même nature que l’attention qu’on leur porte ; les idées ne sont pas des blocs clos mais des allées et venues, des avenues, des systèmes d’avenues qui cartographient tout le champ de perceptions, de ces perceptions qu’aucun groupe humain (en chacun son identité de partage de parole) ne percevait.

Dieu crée le monde.

Et on remonte dès lors encore plus en avant du monde, du donné, de la pensée et il s’avère que seul la conscience que l’on en a correspond à cette antériorité ; le christique ne réserve plus l’intention à dieu seul, mais à chacun. Et donc il nous désigne comme « frères » ou « fils de dieu », et lui-même Fils de l’homme.

Cette antériorité sépare la métaphysique (du discours grec) et l’ontologie qui désigne ici même le réel comme agissant ; en chaque je le réel se montre, de même que chacun parvient à positionner le réel. Et c’est bien à la réintroduction de dieu (que Descartes tire du faux pas théologique) que l’on assiste et donc à l’idée, devenue réelle et ici-même et maintenant, du sujet ; ce que Pascal exposera comme « le moi de Monsieur Descartes, créant du même coup qu’il existe des « mois » ; auparavant on n’en avait aucune idée, et donc le « moi » n’entrait dans aucune représentation, et n’établissait donc aucun système, ce qui veut dire aucune stratégie ; sinon sous des noms d’emprunt, par exemple l’agent actif ou passif intellectif, celui qui pense et dont l’être est bouleversé et modifié, de plein fouet certes, mais en se confondant dans une universalité ; à partir de Descartes il n’y a plus que des sujets.

De la réflexivité qui voulut prendre en tenaille la réalité dans l’unité de l’être (l’être tel quel, l’idée platonicienne, l’universalité d’Aristote, le un de Plotin, et les variations morales qui recherchaient la vérité de l’individu mais ne pouvaient pas écraser l’universel par une individualité effectivement positionnée dans le discours, puisque le je vient interrompre l’universalité, non vers le moins de l’arbitraire mais vers le plus d’une plus grande cohérence)

à la réflexivité du je sur sa position et donc une ontologie ; là où il existe, le je doit en saisir le réel, la carte.

Alors oui le sujet exprime l’exclusivité du sujet ; il existe, activement, le reste est, passivement (la nature selon Descartes). Et le sujet pense ce qui est.

Mais à quelles conditions ? Kant. Et comment a-t-il décrit jusque-là la réalité ? Hegel.

Ça n’est pas une idée qui se découvre mais une position et c’est cette position, qui est un état effectivement réel et consistant en lui-même, qui va dès lors mener l’interrogation non plus sur la pensée en mode objectif mais sur son être et sa situation en mode méta-objectif (du criticisme kantien à l’historicisme hégélien).

Sauf à comprendre que la structure du je lorsqu’elle sera parvenue à tout explorer de son déploiement, intentionnel, puisse se réorienter. Et on a vu qu’il fallait susciter un horizon qui comprenne le je.

Et il ne s’agit plus seulement de conditions intellectuelles, ou d’historicité notionnelle, mais des conditions existentielles a priori ; si le je se produit ici-même, où est-ce ? Quelle est la surface du réel sur laquelle le je mène son articulation, par laquelle il réfère, et réfère potentiellement tout, et à tout le moins réfère le rapport même (qui fait qu’il existe une « conscience », un rapport à soi qui s’introduit dans son propre rapport, qui doit situer existentiellement, cad ontologiquement le « ici-même, qui se nomme le présent soit donc l’exister en dessous de l’être).

Parce que le vrai, le bien et le beau pouvaient bien s’imposer tels quels, et constituer en eux-mêmes des idéaux, mais qui les comprenait ? Ils s’imposaient mais à partir de quoi et de qui et pour quoi ? Ils insistaient comme limites du monde, de la perception, des désirs, de l’humain, mais on ne les saisissait pas (ce qui n’empêchait nullement de créer quantité d’œuvres et de réalisations ; ces stratégies consistaient, pesaient et valaient en elles-mêmes).

Raison pour laquelle le vrai, le bien et le beau demeuraient extérieurs ; il fallut la révolution pour qu’universellement chacun soit soudainement convaincu, et partie prenante, de son existence en propre. Et répétant ce qu’auparavant le christique manifestait, sans vouloir convaincre autrement que par sa manifestation, ses signes en propre et que personne ni rien n’a évidemment jamais pu répéter aussi absolument.

Et une fois que chacun fut intégré dans le plan du réel, par la révolution, le vrai, le bien et le beau se « démocratisèrent », mais aussi s’est imposée la télévision et internet. Soit donc une représentation incomparablement plus précise et élargie de tout vrai, de tout bien et de toute beauté.

Au point que là pour le coup il faudrait un tout autre vocabulaire, une autre sorte de description qui puissent penser cet élargissement considérable de la conscience humaine et surtout et parce que personnalisante.

Or donc si on introduit le je, alors le vrai, le bien et le beau deviennent des fonctions du sujet ; ils ont pour finalité d’élever le moi vers le je (et d’abord remarquons-le de produire qu’il y ait, au minimum, un moi, afin que ce moi-même parvienne à (se) vouloir comme je; Nietzsche par ex est archétypiquement le je qui s’affirme comme je et plonge dans l’auto-affirmation, et donc comme Autre, selon la Volonté comme altérité, de même que Rimbaud, qui exhibe le « génie », l’autre absolu qui pénètre le monde, le vécu et transforme tout, renouvelle tout, ce que, déjà, encore plus archétypiquement signifiait le christique ; le moi, qui cible son je, ne peut se designer que comme autre, mais alors il y mêle l’imaginaire et commence de composer un monde, une vie à sa ressemblance supposée, ce qui ne vaut pas ; parce que le je n’est pas de l’ordre du monde ou du vécu.

Que le vrai, le bien et le beau soient à destination du je veut dire que le je supporte la difficulté ; il en est l’origine, mais aussi la cause. Dont on a dit déjà que par ces effets cette cause re-vient sur elle-même. Et se modifie, se perfectionne. Posant la question ; que peut-on vouloir ‘encore mieux’ et comment ? (Le moi remplaçant la qualité du je par la quantité, de désirs par ex ou d’images)

puisque comme l’implique Descartes, dieu, le réel ne s’indique pas selon son infinité universelle mais selon sa perfection ; la question étant de paramétrer cela même qui origine et cause nos intentions, ne un mot le perfectionnement de notre attention (ce à quoi est dévolue la Méthode et tout le reste quant même…).

C’est précisément cela que l’on recherchait (par la raison) puis par l’attention à « soi » ; l’introduction dans le champ intentionnel de l’intention elle-même (christique ou cartésienne, cartésienne ou phénoménologique, kantienne, hégélienne, sartrienne et lacanienne, bien sûr, le moi travaillé par et dans son « à quoi fais-je attention ? » ; on fait des conneries, disait Lacan, tout le temps).

 

Soit sur le mode de l’objet (métaphysique, d’un discours ciselé en cohérence, ou l’œuvre qui contient les intentions classiques sélectionnées, etc), soit sur le mode du sujet, ce qui occasionne une bien plus grande douleur, christique, que Descartes de par sa noblesse intime, transmute en « générosité », une sorte de positivité décidée et spontanée, tout à fait effarante, il postule pour le bienfait (et pour la médecine, soit dit en passant, la médecine pour toute l’espèce humaine, ou la technique pour faciliter le travail humain, tout ce qui se réalisera de fait) ; douleur et une infiniment plus grande possibilité (on a démultiplié quantité d’esthétiques) et donc par l’attention à soi, délimiter en quoi consiste le sujet permet de commencer de visualiser des tactiques et des stratégies, et ce dès la perception et l’affect et le sens intérieur et le corps extérieur lui-même (la preuve ; on consomme, on se nourrit bien sûr, mais on invente la mode, le système de toutes les modes possibles). Lorsque Descartes désigne l’étendue, il pré-voit la mathématisation du donné (ou inversement, peu importe). Lorsque Kant signifie le sujet (trdtal), il attend quotidiennement des nouvelles de la révolution française, de même que Hegel apercevant au coin de la rue son « alter-ego », Napoléon comme génie historique.

Que Descartes ou Kant ou Nietzsche initient une pensée décalée (hors de la métaphysique et théologie, et cette tendance est véritablement une tangente, physiquement, physiologiquement même, soit donc des humanisations divergentes et surtout finalement des personnalisations, parce que les humanisations s’échappant hors de l’universel classique aboutissent quand même à des totalitarismes, tandis que des personnalisations, qu’elles le veuillent ou le reconnaissent ou pas, contiennent au moins la liberté, de chacun) une pensée décalée veut dire que le réel s’introduit comme valant en et par lui-même ; ce qui veut dire que, oui, il est possible de conduire les conditions de possibilité du sujet, du je (que ce soit Kant ou Heidegger, Sartre ou Lacan) mais surtout que ce qui se montre, se montre, se dévoile, s’expose, se risque et s’investit réellement ce sont les flashs soudains de possibilité pures et surtout brutes (nous existons toujours historiquement et réellement à la limite, sur la barrière ultime du réel ; le réel est en lui-même non une platitude étale mais un extrémisme, un activisme, attendant toujours beaucoup plus de lui-même).

Cet investissement, ce surinvestissement paraît à vrai dire bien peu « philosophique », au sens de sagesse (ou de conformité à un cosmos ordonné). Au point que Descartes cherche à installer la signifiance dans le corps même, à la transposer ou transformer en passion. On a déjà parlé du christique comme expérimentation absolue, dernière, parfaite de la faiblesse même dont elle rend la conséquente possibilité ultime (à savoir que ça n’est jamais (jamais) perdu, ou que l’on est déjà sauvé, encore faut-il l’admettre, en soi-même, en ce soi-même à jamais Possible).

Mais la signification cartésienne ou la révolution ou l’œuvre (quelle qu’elle soit) sont sinon infinies en tous cas indéfiniment « là ». Puisque toutes ces extensions du réel du sujet rassemblent le donné, le vécu, le corps, la perception, la pensée ou les affects ; dont on a vu que Descartes s’approchait intimement et Lacan extimement ; les deux manifestant le dé-calage du je par rapport au moi, mais aussi le moi comme unique accès possible au je, ça ne pouvait tout simplement pas arriver dans le régime métaphysique de la pensée grecque ou de la théologie de la pensée de dieu, dont on vient de dire que dieu, pour Descartes, ne « pense » pas ; il crée la pensée, et donc en ce cas quelle est son « activité » ?

Les implications d’une œuvre, d’un récit, d’une image non seulement celles créés pour nos siècles sont bien plus éprouvantes individuellement que les règles du vrai, du bien et du beau. Parce que la signifiance est tout à fait autre, et ce en toute cette typologie que nous nommons « oeuvre » qui suppose qu’il n’y a plus de groupe unifié, mais déjà une séparation.

Cest dans le pli lui-même, celui qui crée qu’une réalité il y a, ou, pour nous, que nous puissions être, sous la formule exclusive de l’ex-sister, et comme tel, en tant que mouvement brut, ce sera toujours comme chaque fois un soudain projet, un projet inventé, créé, et ce en suivant bien que le Créé est le sens même de l’exister ; rien n’existe qui ne se crée. Suivant en cela, si l’on est croyant, la volonté, l’intention de dieu et tout autant sinon beaucoup plus celle du christique ; à savoir qu’il faudra créer le monde humanisé puis personnalisé (sans penser qu’il se réalise parfaitement, puisque la perfectibilité est renvoyée « au-delà » du cercle du monde, selon un Autrement Existant). Et tout entièrement embarquant l’humanisation et la personnalisation ; puisque cette fois (à contrario de la métaphysique) nous partons de l’antérieur à toute réalité et réalisation. Et donc se produira un monde entièrement nouveau ; celui du 19éme et 20éme.

Et si le monde du 19éme et 20éme débordent dans tous les sens (d’expérimentations de toutes les sortes d’organisations possibles, à partir de l’humanisation et selon diverses Constitutionnalités des sociétés humaines, les pires et les meilleurs), il est clair que la prolifération des personnalisations est gigantesque ; puisque le moi est le creuset (outre la disposition ontologico-politique générale, le cadre instancié historique).

Prolixité des personnalisations, parce que le signifiant est absolument libre, libéré. Ce par quoi, enfin, il devra se juger. Non pas être jugé, mais se juger de par soi, par dieu, la vérité, la liberté et l’égalité, le réel et l’attente du réel, le réel en vue de l’attente que l’on en a eu, que l’on en aura. Qu’attendait-on de la vie ?

L’ensemble, tout l’ensemble est un mouvement complet, total, qui part dans tous les sens accessibles, puisqu’il ne s’agit pas d’abord de la « pensée » (qui se référerait à un ordre, du cosmos) mais à une signifiance qui s’infiltre partout et se glisse en elle-même, dans la suite, les suites, indéfinies en nombre, du défilement des signifiants ; lesquels repèrent l’arbitraire et les immédiatetés, mais aussi les réalités et les pensées, les maths et les idéologies, et finalement signalent le-réel, ce qui veut dire sa propre position à la surface de ce qui paraît ou du lieu et du temps sur lesquels tout paraît, et fait retour, puisque le propre d’une « réalité » est que justement elle se voit elle-même, et donc se construit, sur cette visibilité même, en cela tout est révélation, non pas dans l’égocentrisme ou la tautologie mais dans et par l’altérité ; ce qui veut dire que la forme qui entoure la, les réalités, les réalisations, humaines en l’occurrence, promeut l’altérité, et ce non par accident ou secondairement, mais premièrement et crée qu’il y ait multiplicités et réalités, et finalement « des sujets » qui chacun se réfère à soi, et à soi en tant qu’autre que soi, sinon ce serait une image, ou une idée ; c’est uniquement si et parce que c’est un rapport et qu’il manque toujours l’autre partie, que cela vit, le Vivant, christique. La pensée, celle effectivement agissante (et non celle qui réifie) ou l’œuvre, qui transforme le regard qui s’y aventure, qu’elle soit esthétique ou éthique ou politique, etc, sont Vivantes en ce sens là ; non pas seulement vivantes du biologique, mais Existantes, quoi que précisément un je n’est possible qu’en un moi et un moi en un corps.

Le vivant biologique est emporté dans une qualification bien plus grande que la sienne propre, la structure s’en est emparée (mais de même que tout vivant signifie son milieu ou que toute réalité matérielle se distingue comme temps et espace puis dans sa détermination spéciale d’énergie matérialisée).

Si l’homme est semblablement à dieu (Descartes ; la volonté comme sceau de dieu en nous, à la ressemblance, c’est par là que nous existons, « volonté » qui doit s’entendre comme intention, intentionnalité, attention à ce que l’on pense ou décide), et si dieu ne pense pas (ou n’est pas en lui-même « de la pensée », mais autrement) alors nous sommes nous-mêmes tout à fait selon cet autrement réel ; et le but, la finalité de ce que l’on dit, ici, c’est le moyen, pour chacun, en son intime extime, de récupérer son historicité, et de saisir que de toute manière chacun est déjà inclus dans cette historicité, cette expérimentation gigantesque, dont chacun obtient tous les rassemblements, des rapports, les connaissances ou le œuvres ou les révolutions qu’il veut, qu’il peut ; et que par là chacun soit en mesure de commencer de saisir par où et comment, lui, chacun, s’inclut dans le réel. On a dit que c’était, cette articulation, la manière de lancer des signes, la signifiance, et la véritable identité structurelle indéterminée qui possède chacun, dont chaque arc de conscience active la capacité, la possibilité.

Rappelons que chaque personnalisation, chaque moi-même recèle, sous la surface de sa manifestation, l’articulation selon le je, miroir du miroir qu’est la structure-sujet (celle qui se modifie en percevant). L’intime est le propre du moi, intimité qui recule indéfiniment et fut créée par la rupture que le signifiant (cad un autre-regard, un point de vue autre sur « soi », qui crée ce soi), et l’extime est la dé-libération du regard, tout est externe bien qu’unifié par le je ou le sujet du je, qui « est-pardonné » et donc s’accorde avec ses égarements ou ses images ou ses coinçages.

Sartre et Lacan analysent, cartographient l’articulation, la signifiance en acte, cette charnière origine, cause du réel (ne préjugeant plus selon la métaphysique, dont Descartes nous a déjà éloignés, mais ni des idéalismes de Kant, Hegel ou Husserl, ou des imaginations de Nietzsche ou Heidegger). Analysent strictement et d’un très bel ensemble.

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Le corps au-devant

21 Août 2021, 08:26am

Publié par pascal doyelle

Celui qui ex-siste

Que le sujet ne soit pas une substance et que la preuve cartésienne soit un fait, absolu et formel, veut dire que l’on a atteint le niveau interne du réel, celui qui précède la réflexivité qui établissait un discours et que, donc, depuis René nous agissons sur l’antériorité du monde ou du vécu ou de notre être ; par quoi notre être n’est pas un être (déterminé, dans le monde) mais une structure (qui produit sa propre surface, celle créée par le champ intentionnel, de signes et de perceptions).

Depuis Descartes nous décrivons non plus métaphysiquement le donné (à quoi se référait la philosophie en tant que métaphysique, discours cohérent en lui-même et usant de la réflexivité afin de faire-retour en tant que cohérence du discours) mais que nous décrivons ontologiquement le réel, dont la réflexivité est utilisée afin d’explorer cet être qui est une structure, qui n’est pas déterminé mais indéterminé et qui donc cartographie cette indétermination.

Aussi Descartes n’est-il pas du tout concerné par la critique métaphysique qu’on lui adresse habituellement (voir Marion, qui tire suffisamment au clair toutes ces problématiques), puisqu’il manifeste, exhibe, explore et expose une structure unilatérale ; il ne crée pas le « sujet » comme si il s’agissait d’une idée, il donne à voir cet être tel qu’il est, cad tel qu’il ex-siste.

Structure unilatérale puisqu’il n’en est aucune autre ; toute conscience est structurée … comme une conscience. Aussi l’instanciation en chacun (quel qu’il soit) de cette activité de conscience (par quoi il existe tous les champs intentionnels que l’on voudra) est exclusive.

Et donc ça n’est pas rabattre la pensée dans le « subjectif » puisque cela signifie que chacun est déjà toujours au Bord de la réalité (et donc prenant appui dans le réel pur et brut, le réel pur et brut entourant la, les réalités, les mondes, l’univers ou les univers, sous cet arc du présent absolu parce que formel), mais au contraire cela veut dire que chacun est déjà toujours tout-en-haut. On se tient du christique, de l’universel, de la révolution ou du sujet (de tout récit par ex) et ensuite on dénivelle vers plus ou moins de subjectivités au sens habituel, d’immédiatetés et d’effets, en se rattachant, au pire, de moins en moins à la cause ; par ex de citoyen on rétrograde en moi, puis en moi-même, et en moi-même embarrassé, angoissé, dépressif, etc ; et ce pourtant sans jamais que soit perdu la cause même, le je, le sujet, puisque comme chacun sait depuis le christ ; nous sommes toujours-déjà sauvés. Ou toujours-déjà et encore libres (Sartre).

Évidemment pour ceux qui s’empresseraient de monter dans les tours, ça ne signifie pas que l’on peut tout. Qui a jamais pensé cela ? D’une part puisque nous sommes si constamment déterminés (cad emplis de déterminations) mais aussi, d’autre part, parce que la structure de liberté est assujettie, au sens absolu et formelle ; elle est sa propre loi mais elle est cette loi (et non n’importe quoi d’arbitraire; elle assume mais également assure cette cohérence). Quant aux déterminations, donc, l’arc de conscience crée un champ intentionnel (qui reprend tout ce qu’il trouve, ce corps par ex, ce passé, cet héritage culturel, etc) et l’arc se situe au Bout du champ ; dans l’actualisation, continuelle, il existe un horizon, c’est à partir de lui qu’il y a mouvement, l’horizon est entièrement mouvement et la seule consistance est celle du mouvement (et non de l’être, de l’universel, de la pensée, et dieu lui-même est, en ce sens, si l’on y croit, le mouvement des mouvements, ou le système des libertés).

C’est bien pour cela que l’on ne sait pas saisir dieu, la pensée ou l’être ou le sujet ; ce sont eux qui se saisissent de nous.

Et puisque nous sommes passés dans l’ontologie, laquelle existe ici même, alors il faut dire que l’on suppose le transcendant et que le transcendant ne néglige certes pas toute l’immanence. Ce sont les effets de la cause. Et c’est bien la nature même du transcendant, qui ne s’offense pas d’exister, qui est interrogée ; si il n’existait pas ici même, d’une manière spécifique, nous n’en aurions pas du tout l’idée. Non seulement nulle part visible mais nulle part entendable, cad signifiant.

L’impossibilité de la philosophie de saisir l’individualité, réelle, du sujet est assez déroutante mais en même temps comment parler universellement du sujet qui est un je et donc singulier ?

On prétend donc que la forme « sujet », qui pour nous dans notre monde, notre vie, se donne comme un je, et qui plus loin se suppose comme « structure-sujet » (dieu par ex ou le sujet historiquement apparu (Descartes, Kant, etc) ou la fonction-réel de la réalité, ou la dimensionnalité, tel que l’on va voir) existe et que si elle existe alors cette forme est cela même et cela seul qui existe.

Voici donc le problème ; si on introduit la logique du sujet, alors il dévore tout. Ce qui signifie qu’il performe. Une définition d’objet, lors même de son objectivité, de sa cohérence et de son adéquation (de sa vérité donc) ne parvient en aucune manière jusqu’à la subtilité et la labilité du je. Le je dispose de ceci qu’il peut en concluant se modifier et revenir de cette conclusion à sa proposition initiale et la transformer ; rendant accessible une nouvelle conclusion (ce qui se désignait comme dialectique); bref le sujet est cela qui se modifie, qui n’est pas ce qu’il est.

Sans doute il ne tombe sous nos yeux et nos technologies (y compris philosophique) que des choses, des choses déterminées ou des objets re-construits, qui ne sont que relativement à leurs déterminations (une abeille n’est pas une guêpe). Et on s’en tient là si l’on ne saisit pas que toute réalité est prise dans une structure qui n’est nulle part une détermination ; à savoir le présent. Non le présent de passé-présent-avenir mais le présent qui se tient sous le temps ; soit donc l’exister.

L’exister est la forme des réalités (forme indépendante de toutes les réalités, de tous les univers, si il y a lieu) et présent qui déroule tout ce qui est, fut, sera.

De même l’arc de conscience existe indépendamment de ses contenus.

Le présent est le Bord du monde (qui autrement n’en a probablement pas ; nous parions pour un univers infini ; l’infini n’est plus, ici, la qualification limite, mais est tout à fait relatif à un fait absolu, l’exister, de même qu’autrefois ici et là on nommait dieu au-delà de l’être, puisque l’on voyait bien, quand même, que dieu, en tant qu’intention, ne pouvait pas se limiter à une volonté particulière ou universelle cad une volonté déterminée, mais demeurait en sa structure Indéterminé et portant le-plus-réel).

Par ailleurs il faudrait s'attacher à mesurer la grandeur du réel, de ce fait absolu qu'est le réel, mais cela est l’objet habituel de toute conscience de soi, du monde, d’autrui, des réalités ou donc du réel même ; on voudrait connaître l’ampleur de cet angle d’attaque, le coefficient de pénétration de l’arc de conscience dans le cercle du réel. Et ce non pas avec un double décimètre mais parce que le réel est une articulation, qui consiste en ce présent, jointure de toutes les fonctions, qui déroule toutes les réalités, cinquième dimension (en sus des trois d'espace et de celle du temps), et puisque c'est une articulation, la conscience, le signe peuvent y pénétrer et en mesurer l'écart.

C’est la finalité de toute attention au réel, or chacun n’y manque pas ; la différence entre l’intention et le réel effectif est partout constamment cela qui inquiète ; lorsque l’on désire, l’objet correspondra-t-il à l’attente ? La révolution aboutira-t-elle à son effectivité organisationnelle ? La théorie est-elle adéquate à la réalité observée ?

Puisqu’il n’est pas (ou plus) un ordre préséant, chaque intention, intentionnalité se détache singulièrement et veut atteindre à son résultat. Et de toute évidence il y eut quantité de résultats, d’effets bien concrets et organisés.

L’ordre adéquat valait bien dans le groupe total ; lorsque la parole partagée manifestait le monde et l’inverse, et que le sacré occupait quelques lieux et temporalités enroulant la réalité et le vécu collectif du groupe, celui-ci faisant office de vérité, sans que « vérité » soit détachable, comme il vint ensuite, soit pour imposer dans le groupe, grec, une vérité objectivable (en discours ordonnés et expérimentaux ; la pensée est expérimentale depuis le début, on perçoit ses effets, inattendus), soit pour explorer le possible d’une conscience individuelle (promise à l’infini de son intention, relevé dans et par l’intention divine, et non plus sacrée, divine cad hors du monde mais aussi hors de la vie vécue, puisqu’alors on ne coïncide plus avec ‘soi’).

Hegel sans doute reconnaît en Descartes qu’enfin la pensée devient sujet. Mais ce faisant il transforme (comme les allemands en général) le dit sujet en tant qu’absolu et glisse alors de la compréhension du sujet à la pensée de l’absolu (qui offrira diverses interprétations plus ou moins vagues ou précises ; chez Hegel lui-même, sans doute le système regroupe tous les systèmes très précisément localisés dans une phénoménologie généralisée, mais ce même esprit est plutôt formel et même vide, ramené à une logique, dialectique, à partir de la ‘conscience’ comme négativité qui renvoie constamment à l’horizon toute notion,).

Le sujet en lui-même semble bien abstrait et n’occupait somme toute que la position de l’unité, transcendantale (Kant) ou phénoménologique (Husserl) ou enfin le le « je » sartrien, dont on se demande en quoi il consiste puisqu’il bascule soit dans le donné et l’empirie (la perception) soit dans le je universel, le champ de conscience (le moi résiduel placé lui-même dans le champ et non pas en tant que singularité).

On contourne, on bifurque, on fait semblant, on évite en somme d’affronter le sujet tel quel, en raison précisément de son unité absolue en ce qu’il constitue la fondation de tout. On saisit bien ce que c’est que l’universel, permettant de gloser invariablement, mais le sujet, le je on ne voit pas comment le distinguer.

On a vu comment.

À savoir que si il y a un sujet alors il est le centre du monde. Le centre de tout. Et à moins de se perdre dans un égocentrisme, on dira donc qu’il est, lui, le sujet tel qu’on le connaît, une des versions possibles du sujet-structure. En raison, à la base, de ceci que si quelque chose doit arriver dans la réalité, dans un monde, dans un univers, donné tel que celui-ci ou d’autres, cet être qui est à lui-même le rapport qu’il est, est précisément la raison d’être de tout ; qu’il y ait au moins un être qui soit un rapport, lequel rapport est seul en mesure d’assumer la Possibilité. Un rapport peut se modifier lui-même. Un être, donné, déterminé, serait-il une pensée, non. Aussi se perd-on en diverses incompréhensibilités lorsque l’on voudrait conférer à l’être une infinité ; ce qui est est infini, en tant qu’infini ne peut pas être déterminé. Et donc il est le possible, en acte.

Mais si il est le possible, il ne cessera pas.

Il ne cesse jamais, il renouvelle non pas ceci ou cela (de déterminé, qui disparaît de toute manière, c’est dans sa rature même) mais il renouvelle la possibilité même ; le réel est le possible de la possibilité.

Ce qui est une nouvelle preuve de dieu, si l’on veut. Ou plus exactement de « cela » que l’on a nommé, désigné comme dieu. Dont on ne décide pas ici, balançant entre ce possible en acte pur et brut en tant que fonctionnalité absolue du réel ou en tant que dimension formelle, auquel cas on peut signifier véritablement le divin.

La différence est que tout est relatif à la fonction « réel » ou que tout existe dans une cinquième dimension, celle du présent, de l’exister et de l’acte-structure-sujet. Dans tous les cas le rapport unique se déploie, se divise en une infinité de rapports, une infinité de vagues de réalités. Le réel qui est formel, peut non seulement tout à fait se démultiplier, mais aussi c’est sa nature même ; le rapport en tant que tel est le possible, il réalise tout le possible.

On reviendra sur la source même ; à savoir que tout est en acte. C’est l’acte qui compte. Le reste, cad tout, ce sont les effets. Il est ainsi question de se localiser dans l’acte même.

C’est pour cela (que tout soit effets) que l’on ne peut pas saisir le monde, ou la vie, la vie vécue, et qu’ils nous filent entre les doigts. Et c’est pour cela, dans l’autre sens,

 

Alors il se trouve qu’Heidegger a reposé la question de l’être. De l’être en tant qu’être. Et plutôt que de remplir aussitôt le contenant « être » par un contenu, il laisse l’être tel quel, là, au-devant, et insinue qu’il est le néant ; ou plus exactement le rien. Le rien c’est la prononciation du néant. Si l’on prononce « le néant » cela signifie « le rien du tout ». Mais si il dit « le rien » c’est une proposition ; une idée ; et cette idée est une ouverture. Ce que l’on veut dire c’est que ce qui est appelé, nommé, supposé c’est le vide qui interroge, et qui ouvre grand la conscience ou donc l’écrase. Il revient à l’Être d’annihiler par sa grandeur et son vide la conscience qui, par là, croit s’évaser au plus haut degré ; anéantissant tous les contenus et y compris notre identité, de moi ou philosophiquement de sujet.

Ça n’est pas du tout ce que, par exemple et par opposition, demande dieu. Dieu ne nous oblige pas à nous écraser, mais au contraire à nous relever, juif, ou à nous élever, le christique. Relever par la Loi, élever par l’Intention.

L’Être à l’inverse envahit et ne donne rien en échange. Il est sans mesure, et on ne sait pas ce qu’il veut, il ne le dit pas, il ne communique pas. L’Être au sens de H est fondamentalement non humain. C’est pour cela qu’il s’annonce par l’angoisse, la destruction mentale du moi, qu’il balaie notre réalité dans ce gouffre de l’être-le-là. L’acte de conscience est happé par le « là » de l’être derrière les choses et les autres et au-dessous du moi-même ; qu’il efface par la mort. Le « plus grand destin » tel qu’il est désigné par Heidegger est l’abnégation, la soumission à la vérité de l’Être qui ne nous fait signe que dans l’effacement. La description heideggerienne de notre être est le moyen de le dissoudre, de l’annuler afin que seul le grand destin s’impose. Ce que Nietzsche imaginait pour l’individualité, Heidegger le veut pour tout ce qui est, toutes les réalités qui seront fondues dans une unité de « sens ».

L’intuition est tout à fait juste que l’être est plus grand que les étants, et il peut paraître trop usé que cette ampleur puisse se désigner comme étant dieu ; sauf que l’on n’a jamais fait plus précis et plus significatif ; si cette idée ‘dieu’ s’est imposée partout c’est que justement elle remplit adéquatement son rôle, accomplit sa signification.

Il faut comprendre que Heidegger veut contrer dieu. Qui lui semble trop humain d’une part et d’autre part philosophiquement figé, comme Gros Étant de tous les étants donnés là. Dont il isole le « là », comme contenant (vide) de tous les contenus (les réalités). Il inique presque le temps et il perçoit qu’il est à-venir. Lequel suspend la réalité vers le possible. Qu’il fixe en tant que sens de l’Être.

C’est la difficulté lorsque l’on en reste à l’idéal grec, pour qui l’idéel se présentait comme l’effectivement perceptible monde donné là. Et que l’on n’est pas passé par-dessus par et vers le christique. Qui au lieu d’un monde ordonné en tant que cosmos, admet le monde comme création et surélève la problématique au niveau de l’intention ; par quoi il ne faut pas entendre qu’il s’agisse d’une subjectivité opposée à l’objectivité des grecs, mais bien ceci que l’intention est elle-même bien plus objective et plus réelle.

La preuve en est qu’elle va mettre les vingt siècles suivants en œuvre une bien plus profonde et grand élaboration.

À savoir donc qu’il est incomparablement, incommensurablement plus difficile d’énoncer la capacité du sujet que de détourer l’objet. Et ce non seulement de ce que la complexité mise en œuvre est plus conséquente mais bien que cette « subjet-ivité » doit s’éprouver elle-même, constituer sa propre éprouve et son infinie difficulté.

Lorsque l'on est passé de la pensée grecque (ou romaine) au christique

la déflagration fut telle que nous ne nous en sommes pas du tout remis.

Ce qui veut dire que la philosophie (même théologique et scolastique moyennant quelques aménagements) demeura dans l'incapacité de penser l'événement absolu de la subjectivité.

Entendant par là que l'on est passé du monde-cosmos ordonné des grecs au monde créé par le divin, le un tout-autre, certes,

mais également qu'il y eut cette verticalité insondable du sujet.

Or donc il fallut attendre Descartes (et quelques français auparavant, dont Montaigne, et puis Pascal, le deuxième cartésien devant l'éternel)

pour que s'introduise (masqué peut-être) une sur-cohérence ; parce que le sujet dresse ou oblige à dresser une impérieuse cohérence bien plus vaste que celle requise par l'ordre cosmos des grecs.

Cette verticalité et son élaboration (qui prirent donc la suite des 20 siècles conséquents) exige un tissage d'un nombre incalculable de rapports ; au rapport universel objectif des grecs ( sans lequel idéal de savoir la pensée ni les sciences du reste n'existeraient pas, celle de l'objet cohérent en soi, dont les mathématiques, science du rapport pur)

ua rapport objectif donc devait succéder l'architecture absolue et formelle des intentions du sujet.

Le christique interroge ; que voulez-vous vraiment ? Insistant bien sur le "vraiment".

et ensuite de cette intention, inquiète, purent se déployer les intentionnalités ; les petites et les grandes volontés, soit donc les stratégies énormes et surtout cette position du sujet ne peut pas s'effectuer objectivement mais selon le sujet que l'on existe ; il faut l’éprouver. Et effectivement toute notre historicité s’initie de celui-là qui a éprouvé non seulement la difficulté mais l'horreur ; cette épreuve (l’archétype de cette épreuve) s’initie du un tout-seul crucifié.

Rien n'est au hasard.

 

Rien n’est arrivé au hasard puisque tout est pris dans le champ de conscience, cet arc qui prend levier de l’horizon réel donné « là ». Non pas qui prend appui sur le présent actuel, ou donc le réel, ni le christique sur la révolution qui viendra 18 siècles plus tard, ni la pensée grecque sur les sciences qui s’initieront bien plus tard. Il n’y a pas de projet prédestiné. Mais il existe très simplement le rapport de l’arc de conscience à lui-même qui intuitionne non les développements futurs mais la logique de sa structure, parce que c’est un rapport et donc il « se voit ». Et qui devait absolument formellement prendre nom de « vérité ». vérité veut dire « qui correspond au réel ». et lorsque Platon dépasse toute mise en forme culturelle selon tel ou tel groupe (en l’occurrence les grecs) vers la pensée, la raison, la cohérence d’intentionnalités (qui se nomment « idées ») il expérimente ce qui vient à chacun lorsque ce chacun pense, et la « pensée » cad l’ensemble des systèmes qui sont nés, formulent l’ensemble des systèmes qui nous sont accessibles de mises en forme intentionnelles ; il en apparaît plusieurs (au fil du temps, de l’expérimentation) puisque la forge de tout système ne tient pas du tout dans tel ou tel, ni dans un système de systèmes, mais dans l’arc de conscience qui est, précisément, cela même, qui rend possible la cohérence des pensées et aussi bien se plier à la dureté du logos pensé équivaut à se plier à une solidité réelle, et introduira aux sciences qui se vérifient par cette extériorité du monde, des choses, de même que l’idée ou le raisonnement sont, se tiennent extérieurement.

Et pareillement il faut comprendre que les formules de je, les diverses sortes de je, de conscience, obtiennent elles aussi des degrés de cohérence intentionnelle ; le christique, Descartes, la révolution, Rimbaud ou Nietzsche ou Sartre et Lacan forment des unités intentionnelles singulières parce que le réel est l’expérience singulière elle-même.

Et il n’y en a pas d’autre. Pas d’autres, comme, par exemple, on pourrait admettre la pluralité des systèmes d’idées ; lorsque l’on atteint le singulier (comme Plotin qui conclut la pensée universelle grecque et le cosmos selon le Un) il n’y a plus d’arrière-fond. Parce que le sujet, le singulier est cela qui se tient soi de soi-même ; c’est un rapport (je suis je) et qu’alors il peut, il doit, il se modifiera de toute manière, de par son autonomie. Aucune ré-expression ne « copiera » ; relancer un platonisme n’est plus du tout signifier comme Platon, si on relance Descartes on devient Kant ; une théologie qui singerait la scolastique garderait quoi qu’elle en veuille l’esprit de son temps actuel ; le singulier ne peut et ne fait qu’inventer constamment. Seuls les mondes particuliers tentaient de préserver au mot prés, (leur réel trésor), la tradition.

Et de même si l’on définit le ‘je’ comme ceci ou cela, aucune de ces définitions ne remontera dans le rapport qui définit. Tout contenu de conscience suppose ce rapport de conscience, cad ce rapport qu’est une ‘conscience’ ; ça n’est pas ceci (jean-pierre) qui est en rapport avec lui-même (qu’il soit jean-pierre, un corps, un passé et un vécu, un projet, une âme ou un agent intellectif passif ou actif) mais c’est tout cela qui est pris dans le rapport qui rend tout le reste possible. Descartes ne définit pas du tout le je en tant que substance ; sinon pour répondre aux objections et utiliser ces notions anciennes comme illustrations, même si il n’a pas encore les désignations qui viendront, bien plus tard (Husserl ou même Hegel ou encore Kant et le transcendantal).

Pareillement le ‘je suis je’ n’est pas une sorte de tautologie égocentrée, puisque cette proposition expose que le-dit je est plus grand ou autre que tout contenu et donc capable de toute objectivité ou toute subjectivité ; le seul rapport qu’entretienne le je est dieu ; l’infini, la perfection ou la perfectibilité infinie.

Qu’il soit plus grand, oui, qu’il soit « autre » est évidemment la question formelle absolue ; de quelle altérité ? Structure dialectique hégélienne, transcendantal kantien ou husserlien, Volonté nietzschéenne, être-le-là heideggerien, sujet sartrien ou lacanien ? Tous sont au moins d’accord sur une approche ; ça ne sera pas « humain » ou « mondain » (étant entendu que le monde n’apparaît pas tel quel mais dans et par notre activité, même les « sujets » marxien ou freudien relèvent de l’altérité, puisque depuis Descartes nous sommes déjetés hors. Hors de quoi ? Hors de tout), ni définissable aisément.

Donc il fallait qu’il y ait Sartre et Lacan pour délimiter, littéralement, cad physiquement ou physiologiquement pour ainsi dire, le « lieu », bizarre ou étrange ou mystérieux, le « là » où il existe. Heidegger prend l’ampleur du « là » au sens de l’ouverture de l’Être ; qui dépossède, vraiment, le moi ou l’humain, et le jette dans le « divin inhumain », pour lui ce sera le peuple, allemand en l’occurrence ou le langage, comme altérité, parole de l’Être, « poétique » ; pour Badiou ce sera l’universel abstrait, qui dépossède tout autant le moi ; et les deux qui annulent ou subsument le sujet, pas ici ; le sujet est ici absolu, formellement, cela même et cela seul qui existe parce que lui seul ex-siste, il se tient du rapport qui rend tous les rapports possibles.

Et ce rapport est le seul qui ait accès au rapport qu’il ex-siste ; qu’il soit ouvert en dedans (et absolument ouvert puisqu’il ne contient rien, il produit des contenus, dans les champs intentionnels, mais n’est rien en lui-même), pose la question de sa nature même, de « ce que » il est, entendant par là qu’il n’est précisément pas, mais qu’il existe.

Et c’est même ce tourment, ou cette extase, ou donc cette Possibilité intrinsèque, interne (de cet absolument externe), cet invraisemblable décalage, qui n’est ni humain ni naturel, qui ne peut pas plus se passer de la liberté comme capacité fondamentale que de la vérité comme impératif de se tenir de plus grand que lui, dieu, le réel, l’universel donc, l’historicité, la réalisation effective, l’effectivité des effets (qui n’en restent pas au rêve), et donc, comme on l’a vu, décalé ; par quoi le je sort de lui-même et qu’il se crée en tant que je de cette sortie même. Assumant donc la méta-objectivité. Qu’il vienne par et en un corps ne l’empêche nullement de sortir de la structure qu’il est, et que donc il ex-siste : que donc le rapport à partir du moment, de l’instant, du présent, de l’actualité de son apparaître naît.

Cette naissance est de fait absolue ; ce qui est en tant que rapport naît de son rapport. On a vu que la psychanalyse nous apprend que c’est un déchirement (la séparation que le signifiant ou dont le signifiant est le signe, qui coupe le corps, vivant, en deux, de ce qu’il se perçoit, lui qui est vivant et un, du dehors, et qui le torture, littéralement, d’une incompréhensibilité totale ; un corps vivant ne peut pas comprendre cette extériorité de lui-même). Mais c’est justement ce rapport qui est déplié, puisqu’il est lui-même, structurellement, un pli, un mouvement, une vague à la surface du réel (du réel, non pas du monde ou de la réalité, mondes et réalités se situent entre les vagues).

De notre point de vue ce qui existe vraiment c’est ce qui crée la, les réalités ; qui toutes se tiennent dans le mouvement ; il n’existe rien que le mouvement, la question étant ; en quoi consiste-t-il ? Et jusqu’où se meut-il ?

Et c’est spécialement un corps que crée l’actualité absolue, formelle, du champ intentionnel. Un nouveau corps. Situé au-devant. Un corps créé du champ intentionnel.

Dans l’actualité et l’actualisation, en quoi consiste le réel en tant que mouvement brut, se tisse un corps, perçu du devant. Lequel corps est tiré par un fil, celui qui le coupe de haut en bas, sans reste. Mais nous croyons résider dans un reste, quelconque.

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La grandeur du réel

14 Août 2021, 08:51am

Publié par pascal doyelle

Dont on accordera qu’il est en soi logique que le possible soit effectivement plus grand que lui-même. De ce qu’il faut, quoi qu’il en soit du chemin, le tenir jusqu’au bout (évidemment dans des limites moralement assurées).

C’est que Descartes sait ce dont il parle ; que le dessin d’une intentionnalité est son dessein, ou son destin. Il y a une confiance souveraine dans l’intention que l’on a. Cette intention on l’a, on ne l’est pas. On peut l’observer du dehors, et ce qui vaut pour cette immense entreprise (refonder la philosophie et annuler toute la scolastique, théologie, métaphysique et ontologie de l’être, qui transformait la réalité en discours, cad en connaissance « objective » et objective est entre guillemets non pour la moquer mais bien parce qu’auparavant la cohérence du discours faisait fonction de, réelle, connaissance, développée sur l’Aristote et le Platon),

ce qui vaut pour cette entreprise cartésienne (il ne doute pas seulement, il ne trouve pas seulement la jointure, du réel et du je, il veut créer l’arbre total, ce qui sera plus tard les champs intentionnels),

vaut également pour la transformation de la conscience que l’on est en conscience(s) que l’on a. Le principe consistant en la liberté, telle quelle. Et présuppose donc cette distance.

La distance (qui consiste à se regarder vivre) est le plan, la planification (si l’on peut dire) cachée par-dessous et qui n’est pas clairement énoncée, sauf qu’elle emplit tout le champ du possible de cette entreprise ; qui ne tient pas seulement à une nouvelle logique de la philosophie mais à une nouvelle logique du sujet et comme le sujet ne fut jamais présenté, à la nouvelle logique du sujet même ; qui sera imitée de nombreuses fois, mais jamais égalée. On veut dire que le sujet (le seul et unique) est ici même, par René, exposé et orienté bien comme il faut ; on retrouvera des variations mais la clarté de l’exposition du sujet tel qu’il est (cad tel qu’il existe) est absolument, formellement instanciée.

Cette distance interne est également la bizarre impossibilité pour le moi d’être qui il est et ainsi de sa névrose lorsqu’il ne joint pas l’utile à l’agréable pour ainsi dire et que son inadéquation le gène, le trouble ou l’empêche de (se) vivre ; la distance est ce qui rend possible que l’on soit, un moi, autre que soi, par quoi il y a un « soi-même » ; nous sommes pas, nous existons, dans un rapport et donc également dans un rapport aux autres, Sartre en établit les cartes diverses et variées, mais Lacan aussi, qui creuse plus loin dans la coupure entre le moi et lui-même, ce que le moi ne comprend pas, ne peut pas comprendre ; il est imaginairement Un mais dans le réel il est coupé).

La distance donc est cela même qu’il faut déployer, déplier, et de là que l’on parvienne à cet Acte, cette activité incessante d’intentionnalisation, qui ouvre des champs, et à la compréhension de l’ouverture des champs (le poète qui voue sa vie et sa folie et son malheur à ce champ absolu, formel, de la poésie, mais aussi le moi qui produit au-devant de lui-même ou dans le regard d’autrui ou dans le regard des images, qui nous voient plus que l’inverse, et le moi qui s’auto-perçoit dans le regard de son tomber-amoureux, dont chacun sait à quel point cette expérience est difficile, étrange puisque l’on ne comprend pas ce qu’est le regard, ce qui signifie l’intention, l’intentionnalisation, le point de constitution du sujet ; le sujet-structurel étant la formule même qui enclenche tout ce que l’on perçoit, ressent, imagine, pense, représente, etc).

Mais si on déploie la distance alors on change le moi. De là qu’il devait se transmuer selon dieu, en l’universel (la pensée conférant son réel à l’individu), s’effacer par le christ (qui établit l’égalité de tous), mais aussi donc s’élever par le sujet ; ce qui diffère quand même beaucoup des précédentes résolutions (vers le haut selon la hauteur seule) ; tandis que Descartes qui introduit au sujet l’égalise vis-à-vis de lui-même, cad selon sa liberté.

Ce qui est alors intensément difficile ; on peut penser l’égalité (sous un horizon, le christ, la pensée, dieu) mais la liberté, du sujet, se dresse seule ; parce qu’elle existe pour-elle-même ; elle est le rapport qu’elle est.

Et là on ne comprend plus, on ne peut plus saisir universellement ; il faut dresser une carte nouvelle à partir de cet auto-horizon. Sauf donc à définir le sujet comme un rapport et si il est un rapport alors il est le rapport, unique ; il n’y a que lui, il n’y a que la liberté (laquelle n’est évidemment pas l’arbitraire mais pas non plus une loi extérieure).

Il faut introduire un plan nouveau qui adhère absolument au réel comme rapport. Ce qui n’a pas de visibilité, de représentation, sauf en tant que mouvement, cad en tant que mouvement. Le mouvement correspond exactement au sujet, ce qui veut dire au présent ; qui est le mouvement qui se divise (ce qui est appelé par un mouvement ; le mouvement est immédiatement et même plutôt instantanément, comme on verra une autre fois, détermination et donc déterminations ; dès qu’il y a détermination c’est de déterminations, en nombre indéfini ou infini, dont il est question ; le présent est réalités, de lui toutes se produisent).

Comme il est un mouvement, le sujet, il ne peut pas être ni être défini ; aussi reste-t-on dans le vague quant à la « chose qui pense » ; il aurait mieux valu dire « le truc qui pense » en entendant penser par « qui représente, qui signifie, qui accole des signes aux perceptions », et se signifie soi…

Et il se signifie « soi » donc toute extrapolation (dans le discours de l’être ancien, ou dans l’imagination ou dans les passions) toute extrapolation est le signifié supposé (imaginé) du signifiant unique ; le « je ». ce que conclut ou plutôt ce qui se conclut de Lacan (qui persiste par-delà Sartre, dont il prend l’opposé, si l’on peut dire ; Sartre est non pas l’impensé mais le non-avoué de Lacan).

Et ce qui nous semble invinciblement difficultueux, la distance, de par toutes ces inventions du moi, des obsessions aux psychoses en passant par diverses angoisses, dépressions et névroses, parvenait à une « estime juste de soi » cartésienne … qui, lui, se présentait dans et par une grande ambition (pour tout sujet) et une grande ampleur (de vue, de champ). Générosité, d’abord envers soi-même.

Il n’existe que le je mais comme il est un mouvement il n’est pas et donc se suppose, en s’imaginant être. L’autre versant structurel est que le regard est bifurqué. Puisque le moyen de résoudre, pour quiconque, qu’il soit quelque chose, est soit de se supposer, s’imaginer comme chose (image, etc), soit de supposer un regard ; lequel passe sous la barre du signifiant ; devient le signifiant-même (celui qui assigne la place de tous les autres, et le contenu en tant que signifiés). Descartes ne désigne dieu que secondement ; ce qui vient en premier et est le fondement de tout le reste, est le je. Il est son auto-regard, ce qui semble idiot mais en vérité il est son rapport. Et donc il doit s’expliciter, il devra développer ce feuilletage en lui (et ainsi devenir, vraiment, sa vérité, son « auto énonciation », hyper objective, bien sur (tels les allemands qui voudraient penser l’absolu dans le sujet, mais c’est la structure-sujet qui est formelle et non pas un absolu qui se trouverait dedans), mais aussi ensuite objective, de par toutes les sciences et les théories, les idéologies, les psychologies, etc qui naîtront littéralement dans le monde humanisé et ensuite personnalisé).

Descartes ne renvoie pas seulement à dieu ; il équivaut dieu au je, au je dit « humain », au je qui pense dans toutes ses variétés de formulations,selon les différents champs de signes (cad ses possibilités ou ses facultés ou ses réalisations et celles qui furent ou qui vendront).

 

Ça n’est pas la même chose, la même logique, le même point de vue adopté (la même méthode) que de dire ; dieu a créé notre esprit (ce qui signifie un tas de déterminations, dont l’unité sera la pensée, l’être, le un)

et dieu nous a créé en tant que je.

Lequel prendra son devenir en propre, puisque s’il existe ici et maintenant, alors l’ici et maintenant consiste en et par lui-même (le monde existe comme étendue et non qualités aristotéliciennes).

Dans le premier cas il suffit de remettre en ordre (selon l’ordre d’un contenu) si l’on veut la conformité de notre esprit. Mais s’il s’agit d’un je, alors il faut créer une nouvelle architecture, parce que c’est un nouveau rapport.

C’est même l’introduction, nu et invariable, du rapport tel quel, du caractère absolument formel du rapport, soit donc de la structure-sujet. Le rapport, dans lequel entrera le rapport qu’est le je, sera plus grand. Contenant y compris l’universel (qui est un rapport non pas second mais une version extérieure et extériorisatrice du rapport premier).

Et enfin se manifeste la finalité, le projet réel inventé ou révélé depuis le christique ; non pas de s’encadrer d’un ordre légaliste, mais se produire et créer dans le monde donné, au cours de la vie vécue, dans le champ de conscience tel que nous sommes introduits en ce champ, de créer ce qui n’est pas encore.

De deux choses l’une, soit il faut obéir, soit il faut inventer les règles.

Si il faut obéir cela peut très bien s’envisager (pourvu que cela vienne d’en haut, quelle que soit la hauteur, dieu ou autre, et non pas des vélléeités arbitraires ou aberrantes ou négligeables). Mais si il faut inventer alors cela requiert ‘linvention individuelle ; au sens où l’on ne convertit personne de force (sinon dans la dictature, le totalitarisme, l’autoritarisme ou la tradition qui ne se pose pas outre mesure de questions, qui les supprime à la base), et si l’individu est appelé alors il parlera en et par son nom ; il signera.

Il ne sert à rien par exemple d’écraser l’individualité par un gros fétiche imaginaire (l’Être de Heidegger par exemple) ; ça répétera des erreurs, ça ne restructurera pas la personne dans son possible premier. Comme ce je n’en sera pas de lui-même, il n’avancera pas ; une énorme société contrainte prendra sa place, qui s’enfoncera, vers le bas.

Ce qui fut instauré depuis la révolution (mais même auparavant) ce sont des règles nouvelles, qui nous semblent évidentes, puisque nous lisons dès lors à partir de ce cadre ; c’est l’invisible qui est passé en avant scène, ce qui a permis de tout démultiplier. On a donc délimité le sujet et non plus envahi celui-ci par un contenu et des lois extérieures. La conviction à son point culminant est celle christique ; sa traduction dans la réalité, la réalisation humaine (soit donc la représentation concertée et au vu de tous et de chacun de la structure qui se tenait jusque là antérieurement) est la révolution, celle qui lie la liberté et l’égalité.

Ou, si l’on veut, le christ et Descartes ; rappel ; le christ égalise les consciences et ce une par une, son regard crée le vôtre, en le rendant infini, à partir d’un point-autre, et donc au-delà de la vie vécue, transformant celle-ci en existence ; il réclame donc de vous la soumission à ce regard, puisqu’il s’agit de vous créer comme rapport et qu’un rapport qui se tiendrait de soi est livré à la mort, à la finitude, à la dispersion du monde, des intérêts, des petits désirs, etc ; tout ce à quoi nous livre la réalisation humaniste et naturaliste et réaliste en un sens ; tandis que le rapport qui est soumis au regard du un-tout-seul est délivré, ce qui signifie qu’il se perçoit à partir du divin, lequel a quitté le monde, vous ayant ainsi doublement délivré ; la décision, ce qui veut dire l’ontologie même, repose sur vous, sur chacun ; mais donc ce faisant, cet abandon, vous replace à partir du plus grand rapport possible, lequel est hyper ou méta universel, au sens d’égalité absolue de tous et de chacun ; ce qui libère le champ et l’élève, par en haut donc ; d’un point de vue qui se situe hors des pièges, des intérêts, des désirs du monde ; ce qui se gagne c’est le sujet (divin, qui contiendra l’universel grec dans et par la théologie).

Viendra Descartes qui va replacer ce sujet comme un je… et donc encore plus universel mais singulier. Le je, soit donc le rapport lui-même, est singulièrement universel ; c’est la qualité, la qualification, la capacité du rapport qu’est le je qui rend possible l’universel.

Sinon, à l’inverse, on constaterait l’existence d’un « universel » sorti on ne sait de où et existant de par soi ; de même l’esprit ne peut pas être une super-détermination, mais il faut convenir, à l’opposé, que l’esprit est en tant que mouvement, cad rapport.

C’était la fascination exercée par la pensée, la métaphysique, qui donnait comme un corpus la réalité sous la formulation ramassée d’un savoir ; on devait tout saisir à partir de ce savoir et lui-même s’auto-suffisait ou s’auto-justifiait, rendait raison de lui-même par « évidence ». Puisqu’il permettait de tout interpréter et de tout comprendre ; il s’imposait comme le point général focal absolu et total. Étant supposément ce par quoi on percevait la réalité comprise, la pensée passait pour le réel de la réalité.

Or il y eut d’innombrables décrochages qui rendait invraisemblable la raison-pensée ; et surtout ceci que l’activité de conscience surpasse quelque formulé que ce soit ; la raison certes mais la raison qui « oublie » toutes les motions de la conscience et traite celle-ci en simple fonction, voire secondaire (Hegel au terminus) ça n’avait plus beaucoup de sens, de portée, d’effets. Il fallait remonter plus loin, plus en avant (et sans tomber dans une explication naturaliste ou réaliste, puisque de fait nous ne sommes en tant que mondains, en tant que déterminations ; sinon nous ne le saurions pas, que nous existons, nous serions ceci ou cela).

Aussi la remontée en avant ne pouvait manquer de se produire ; elle a pour nom Descartes (il y en eut d’autres avant et après, et Descartes ne crée pas la voie, il la manifeste, la représente, lance sa théorie, sa vision, et donc l’accélère). Et l’étrangeté est à son comble, puisque l’on pénètre dans la zone antérieure à toute détermination ; le doute sert évidemment à cela, exclure tout ce qui n’est pas le je, dont on ne sait, à ce moment, encore rien ; Kant Hegel Husserl Sartre et Lacan viendront pour explorer l’avant scène, la scène avant toutes les autres.

Il faut donc imaginer que l’on s’est avancé à rebours ; non plus trouver dans un contenu ou un super contenu le réel, mais remonter du contenu et de tout contenu vers la structure antérieure qui rend possible qu’il y ait des contenus, cad une représentation (par laquelle nous ne sommes pas ce corps, mais autre en ce corps vivant, à quoi celui-ci ne comprend rien ; notre corps est perdu dans ce rapport qui l’éjecte hors de lui-même, question de regard qui nous regarde du dehors, nous soumettant somme toute à une paranoïa en elle-même tout à fait justifiée ; nous nous surveillons ou les autres ou autrui ou l’autre (le langage) ou l’Autre, un dieu méchant, nous observent).

On se focalisait sur un super contenu (jusqu’à mécomprendre dieu en le prenant pour un gros Étant comme disait Heidegger, qui, au moins, nous a mis sur la piste que l’être n’est pas l’étant mais un contenant, qu’il nomme le néant-ou-le sens de l’Être), un super contenu afin de, peut-être, synthétiser, tenir à disposition là au-devant comme un gros objet, et représenter cette distance interne ; mais l’être ou la vérité ou la pensée ou l’esprit ne tiennent pas sur la durée ; puisqu’ils se fondent sur des contenus, électifs certes, et donc des déterminations et donc tombent dans la dispersion (toute détermination se dissout dans son être même, tout comme les systèmes évidemment se contredisent, c’est pourquoi ce qui compte dans l’historicité ce ne sont pas des contenus mais des mouvements, des postions, en quoi Descartes repositionne toute la réflexivité, qui cesse de compter sur un système clos ; Kant enfonce le clou).

Et cette éviction de la pensée (au profit de la structure ; Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan, et en leur manière Nietzsche et Heidegger, leur imaginaire structure n’empêchant pas une très sérieuse prise de conscience de la dite distance, comme Volonté ou énergie ou force ou encore comme Être plus grand que tout de H, dans les deux surhumain ou inhumain) cette éviction donc quand bien même la pensée se tiendrait de l’universel ; l’universel qui permet de connaître mais que l’on ne peut pas connaître lui-même, sinon de le tenir comme en-soi. Un en-soi inexplicable, puisqu’aucun horizon ne peut saisir la pensée qui pense et se finalise vers elle-même.

Ce dérouter la réflexivité de la pensée vers le sujet, cette structure, permet de rendre compte de ce dit sujet ; en tant que le sujet, étant un rapport, est déjà toujours plus grand ; et on a vu qu’ici le réel est plus grand que lui-même ; c’est son but (et sa structure même de Possible Brut) et sa finalité (se transformer lui-même, ce que seul peut un sujet, cad un rapport). La structure-sujet, qui formule l’horizon qui permet de saisir l’universel (et le reste des champs intentionnels) cette structure-sujet n’est donc pas « inexplicable », même si l’on ne sait pas « où » ce rapport se dirige ; on a nommé cela la fonction-du-réel ou la dimension (le présent, l’exister comme la seule réelle dimension, la cinquième dimension, en plus des trois de l’espace et celle du temps ; le présent étant plus originel que le temps, le présent, l’exister en-deça de l’être qui enveloppe ce dernier et donne le ‘la’, le pur et brut mouvement, l’actualisation comme verticale absolue, formelle en quoi consiste le réel, dimension ou fonctionnalité par lesquels on veut mesurer le réel, en prendre la mesure).

Et notamment ce que l’on retient ; à savoir l’actualité absolue, cad formelle, du dit je. S’impose donc ce qui était prévu par le christique ; que le réel est en cours en tant que sujets, au pluriel.

Mais il n’est plus réservé au divin éloigné, mais au divin tel qu’il a laissé, voire délaissé le monde et nos vies ; c’est parce qu’il est parti qu’il y eut Descartes ; et parti mais en tant que, cette fois, orientés bien certainement et effectivement, assurés de la signification pure du divin, indiquant le sens de la réalité, de la création en tant que réalisation ; c’est le Créé qui compte. Le créateur est passé au second plan, puisque le véritablement plan était de déléguer le réel en chaque structure-sujet.

Ce qui indique que le créé n’est pas du « n’importe quoi » ou de la multiplicité ou de la confusion ou du particulier ; il délimite au contraire rigoureusement le réel. De là que Descartes ne renie pas le donné-monde, il veut y atteindre (via la mathématisation et le relevé de toutes les particularités). Et de ceci que la passion n’est pas du tout une passivité, mais qu’il était sur la piste très sérieuse de transformer la liberté en passion, en plénitude du mouvement ; célébrant la puissance, la potentialité de la volonté, régulée, mesurée, qui « s’estime justement » cad avec justice et reconnaissance de sa capacité.

Tout ce qui se présente comme n’importe quoi, arbitraire, fantaisie, amusement, distraction, immédiateté, facilités, et donc bassesses ou affaiblissement ou négativité ou volonté de détruire ou de se détruire, fonctionnent en deçà du niveau du réel ; ils paraissent parfois joyeux et multicolores mais en vérité ils tombent vers le bas.

Dit autrement soit on s’élève, soit on s’efface, disparaît, se dissout, se disperse, lors même que l’on croit se réjouir ; l’immédiateté et l’arbitraire ne s’atteignent de toute manière jamais puisque notre être réel est entièrement articulé et soit on maintient cette articulation soit elle se détricote et se perd, se perd de vue (de même que le mal cherche à se dissimuler aux regards et s’emploie à vous enfermer dans cette dissimulation même, il voudrait que vous lui soyez semblable, éteint, fermé, caché) ; le mal est idéaliste, il croit que quelque chose de réel va arriver, il ne voit pas que le réel est déjà là en tant qu’articulation formelle et non comme choséïté mangeable, absorbable, de possession ou d’appropriation, une sorte d’incorporation matérielle ou la croyance que l’on puisse posséder quelqu’un, un esclave ; Hegel a bien vu l’inanité du maître et de l’esclave, et finalement Sartre précise abondamment la chosification continuelle, jusqu’au point d’orgue de l’en-soi/pour-soi ; le réel est le dénuement et non pas l’empilement.

Comme si le rêve absolu, total consistait à enfin être au sens de - Être – (ce qui est un rêve).

De son extrême lucidiDescartes ne tombe pas du tout dans le désir d’être (il sait trop que dieu est plus grand, qu’il existe un plus grand rapport duquel nous nous tenons, quel qu’il soit par ailleurs, cela se nomme dieu à son époque), mais il sait aussi que dans le monde la structure du sujet est la liberté, qui ne doit pas s’estimer par quelque réalité que ce soit, mais se doit à elle-même cette estime mesurée ; et donc ce rapport, nouveau, inattendu, inouï, qui échappe à la pensée, doit se comprendre lui-même ; et notamment qu’il soit « ce-corps » (à quoi, faut-il le dire ? le christique nous introduisait déjà…).

Or donc se sachant (non pas se connaissant comme un discours mais sachant sa position) une liberté ne trouvera rien dans le monde qui l’obligera, la détournera ; qu’est-ce qui, dans un monde ou une vie, peut valoir contre la-liberté-même ? Il tient fermement la certitude du je, puisqu’il n’est pas subjectif et méprisable, en rien, ni échangeable.

Le rêve d’Etre

Alors que l’on s’emploie ici à montrer, voire démontrer, que l’on ne « sera » jamais, d’autant qu’en somme l’être n’est pas ou est seulement interne à l’exister qui seul existe, raison pour laquelle tout l’être, la consistance de la détermination est plongée dans le temps, le temps comme extension du seul présent, le tout se conformant comme un seul bloc de Présent.

L’être, en tant que déterminé, ne peut pas durer ; si quelque réel existe alors c’est le présent, ce qui signifie la Possibilité. Le présent est tel l’unique bloc d’exister ; dans cette logique le présent est la substance même, est le réel. Il n’est aucune consistance de quoi que ce soit, sauf le mouvement, et le mouvement en tant que mouvement et non pas gelé ; le présent, le bloc d’actualisation de tout n’est pas figé mais se meut en lui-même. C’est en ce sens que la question n’est pas l’être ou le néant, mais ce qui se passe dans le bloc de totale actualisation.

On comprend bien (à peu près) que si l’actualisation est le sens de ce qui existe, alors celle-ci ne cesse pas ; tout le reste est fonction de cette actualisation. Ou donc il existe des mondes qui se meuvent en eux-mêmes ; non pas extérieurement, cad qu’ils deviennent seulement (ce qu’ils sont) mais ils deviennent dans leur devenir même ; c’est leur devenir qui devient ; les réalités sont mais relatives seulement à l’être qui est pris dans l’exister. La question étant jusqu’où l’exister peut-il exister ? Jusqu’où peut-il lancer sa et donc ses possibilités ?

Dit clairement ; il revient à chaque je d’avancer au plus loin dans sa possibilité propre ; si l’on admet qu’effectivement, et autant que l’on sache (ce qui implique également tout ce que l’on ignore, si l’on peut dire, tout ce dont nous n’avons pas l’expérience, puisque la validité de ce l’on raconte ici est fondée sur l’expérimentation, de même que Platon ou Descartes voient en direct ce qu’ils disent, désignent, signifient, avec des signes qui montrent des perceptions), si l’on admet qu’effectivement le je est ce rapport qui s’appelle lui-même par son signifiant et qui existe donc en sa propre présence.

Mais, on l’a dit, en sa présence non seulement objective mais hyper objective, cad structurelle ; ce que Heidegger ou Sartre énonce comme « un être pour lequel il en va de son être », qui ainsi n’est pas, il existe (rien ne vient au hasard Heidegger et Sartre expérimente la position du je tel qu’il leur vient). Position du je (qui provient de la logique du sujet qui crée sa possibilité même) instancié depuis dieu, l’universel, le sujet historiquement découvert, la révolution (qui institue chacun en tant que sujet, de même que les récits et les champs esthétiques ou poétiques créés).

La conversion et la foi (aussi bien en dieu qu’en ce dit sujet ou en la révolution ou donc la foi dans le Créé comme logique même de ce qui existe, et ce non plus comme conformité à un Ordre, à un cosmos), l’intention et la faiblesse (ce qui existe intentionnellement est toujours limité et relatif à sa propre capacité). Et tout ceci relève du rapport à soi (dont on devra au final bien insister qu’il est le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non un contenu).

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Puissance d'exister

7 Août 2021, 07:54am

Publié par pascal doyelle

Évidemment chacun est tout également capable d’accéder à la plus haute ou étendue ou profonde ou augmentée possibilité du réel. Puisque chacun est la conscience qu’il est, et que « conscience » est un vide formel, une structure, un rapport et que le rapport est indéterminé par rapport à tout ce qu’il détermine.

Sa force est sa faiblesse ; puisqu’il est vide, il dépend également des potentialités (de son corps, de sa cervelle, de son milieu ou de son héritage psychique, de son moment historique, etc). Or pourtant on continuera de privilégier la grande capacité d’exister égale pour tous. Puisque ce qui se déploie comme tel est la possibilité de l’articulation de conscience ; ainsi, exemple qui parlera à tout le monde, le christique insiste fondamentalement ; ce ne sont ni les riches, libres, hommes ou césar ou intelligents philosophes, scandale pour les juifs, folie pour les païens, qui « ont accès » mais quiconque recevant la parole, le sens, la signification ; que notre vérité est la faiblesse, que le royaume passe par autrui, que l’on doit tout abandonner pour suivre le christ, ce qui signifie que le sens, l’orientation, la direction, signalétique, du monde, du vécu, de la réalité et du réel sont « en-dehors ».

Dieu, la pensée et l’être, le christ par-dessus la mort, le sujet qui n’apparaît qu’à lui-même (il n’y a pas de regard qui en témoigne sinon lui-même, dont un signifiant, pur et brut), la révolution toujours possible, les mathématiques (comme séries de rapports) ; toutes les principales finalités (et sans compter esthétiques et poétiques et autres) se situent au Bord. C’est à partir de là que l’on perçoit (désire, imagine, pense, projette, organise, etc).

Il n’est donc pas question ici de faire-croire que l’esprit ou notre-être ou notre convenance puissent se résoudre et se réaliser avec bonheur ou accomplissement (d’un ordre, d’un principe ou d’un être défini préalable) ; la structure est ouverte et c’est son ouverture qui crée la capacité, cad tout.

De même il n’y a pas de séparation entre l’arc de conscience, la structure, et le donné, le vécu, le corps ; puisqu’il s’agit d’une articulation. Le vivant, en nous, est repris dans le champ intentionnel ; on ne désire pas comme les autres vivants, et ceux-ci à proprement parler ne « désirent » pas ; ils se préoccupent bien plutôt que l’unité de leur être-vivant. C’est la vie, ou la mort, qui les préoccupent, à juste titre évidemment.

Que nous existions dans un champ, qui est entièrement articulé, et qui étant un rapport (ou un ensemble indéfini de rapports) reste ouvert à tout inattendu (il est fait pour cela ; pour répondre aux mésaventures de la réalité dangereuses ou pas) et ce rapport absorbe le donné perçu, quitte à inventer de nouveaux langages afin d’augmenter la perception (les maths ou les instruments ou les idées de Platon montrent encore-plus de réalités).

Et si toutes les articulations majeures (dieu, la pensée, le sujet, etc) permettent de comprendre (des réalités ou des réels), on ne peut pas les comprendre, elles (ce à quoi on s’emploie ici, pourtant). De même que, à l’inverse, les choses, les réalités, les apparaîtres nous filent entre les doigts ; on ne peut saisir la consistance des réalités ni du réel, par ce que les unes sont friables, déterminées et pris dans le mouvement, et que l’autre, le réel, est pur mouvement. Les mathématiques n’y font pas exception ; elles sont seulement la théorie des rapports, formels (un est le signe de l’égalité d’un objet, d’une unité à elle-même).

Donc c’est le mouvement qu’il faut penser et c’est le mouvement que l’on pense ou que l’on envisage ou que l’on prévoit depuis le début.

si cela se ramenait à telle ou telle faculté, mais non, ce serait trop immédiat ; ça ne se peut pas, puisque l’immédiateté est destinée à disparaître ; sa détermination la condamne déjà. L’intention non. L’intention est un rapport. Toujours en plus.

Aussi même les erreurs ou les fautes, les égarements, les perditions, n’ont aucune importance, sinon de nous rappeler notre insigne faiblesse. Remarquable faiblesse, qui est nôtre plus que nous-même, puisque nous sommes pas. Et de fil en aiguille, rien « n’est » à proprement parler, sauf à considérer que l’être est logé dans le mouvement infini de l’exister. De l’exister qui est sujet, structure-sujet, puisque seul un sujet reçoit la capacité de se modifier et que la modification (ce qu’une détermination ne peut pas) est la perfection ; soit donc la perfectibilité. Dieu, on le redira, ou la réalité, le donné « là », a créé cet être qui est un rapport (et donc encore plus perfectible). Afin que des infinis déjà effectifs (le néant et l’être au sens générique par ex) soient repris dans un plus grand encore infini ; l’infini s’utilise à ceci qu’il rend possible d’autres infinis.

Si la distinction comporte à la fois le détachement et l’investissement, c’est que la conscience, cad l’arc de conscience, est vide, ce qui signifie formel ; il ne peut pas se déterminer, mais il peut ou il doit lire l’angle d’incidence, d’interférence, de pénétration dans la réalité mais aussi le réel ; par angle selon le réel il faut comprendre, directement, que le point se resserre. On commence par dieu, infini et au-delà (au-delà du bord du monde) et on aboutit au sujet, cartésien, et plus fort encore au je-dans-un-moi. Soit donc le plus petit indice possible (que l’on sache) et ayant à se conformer un corps adéquat.

Un corps adéquat, une vie vécue, un affect, une perception, une intellection, une historicité, etc.

Et donc l’indétermination de l’arc de conscience c’est sa précision ; cette indétermination va fondre sur n’importe quelle détermination comme sur sa proie, et la pousser au bout du bout. Et cela vaut pour tout un chacun, en tant que le moi risque fort de subir la pression incessante de « cela » qui n’a pas de limite. Qu’il voudrait bien, le moi, identifier à ceci ou cela, dans un objet de désir (et outre les siens propres, son tomber-amoureux par ex ou « la poésie », le système économique lui fournit quantité de substituts, de même que l’historicité en lui enquérant de « devenir lui-même » le soumet à une exigence continuelle et effectivement quantité de personnes ont réalisé quantité de projets).

Mais la structure de conscience ne correspond pas à quelque partie du monde, du vécu ou du désir. Ce que l’on nomme désir est bien autrement et autre chose que « naturel ».

On s’en serait douté.

Mais donc si naturel ça ne l’est pas, pourquoi cela existe-t-il ? C’est qu’il faut entendre naturel tout autrement et prenant en compte que l’indétermination existe.

Remarquons ceci ; lorsque le je se signifie il emprunte telle signifiant « Jean-Pierre » par ex ; ce qui ne veut rien dire, bien que cela soit déterminé et que cela désigne un corps, effectivement concret, mais le « signifiant » suffit, puisqu’il s’agit de signer ce je qui n’est rien que le rapport à soi ; à quoi on a ajouté que ce « soi » est un rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport et que c’est en tant que rapport qu’il existe singulier, bien qu’il ne soit rien de déterminé ; ce qui est encore plus étrange.

On peut envisager qu’il ne signifie rien du tout, en lui-même, et uniquement comme faire-valoir ou produisant des séries de déterminations, fonction lui-même du langage ou du symbolique ou des clases sociales ou de l’inconscient, et chacun traînant son sac de symboles, de signes, de choses qui nous agissent plutôt que l’inverse. Les symboles sont liés au corps, à ce corps-là, à son passé, à son sac d’expériences, vécues. Il n’y aurait liberté que de tricoter ici et là, ici ou là, un nouveau nœud. Un de plus, qui s’additionne aux autres et vient alourdir encore.

Ou il existe une dimension exclusive, qui tient à elle-même, et qui aussi bien admet toutes les déterminations, les causalités que l’on voudra bien découvrir, sauf qu’elle est ouverte là-au-devant dans le donné, le donné monde, la réalité et finalement le réel comme un lieu neutre, formel, vide par exemple celui de la rencontre ou du hasard ou du surgissement, cad de l’émergence (une unité surgit qui n’était pas « prévu » mais qui, parce qu’elle est possible (dans la généralité) devait naître « quelque part » ; il devait exister au moins un monde susceptible de rendre possible la vie (en vérité il en devait exister une quantité et peut-être une infinité si l’univers est lui-même infini ou indéfini ou si il existe une infinité d’univers, peu importe ; l’infini est la nature même des réalités ; ça n’est pas l’infini ou pas l’infini qui pose problème, c’est ce pour quoi ça existe (de fait). De même ça n’est pas l’être ou le néant, puisque le néant étant « rien du tout » n’oppose aucune force, et que l’être existe autant que le néant, mais ce que c’est que l’être et ce pour « quoi » il existe ; et on a vu que le problème, la problématique, le questionnement est : quelle est la plus grande perfection ? Comment s’agiter ou gigoter si bien qu’une plus grande perfection naît, naîtra, se rendra possible (puisque la logique de « sujet » indique que seul ce qui est sujet, cad rapport, peut se modifier lui-même (échappant à la détermination qui est déjà morte, déjà inerte, disparaissante en sa rature même).

Et que seul ce qui est rapport peut perfectionner la perfection et que ce mouvement seul est la perfection même, et donc la perfectibilité ; raison pour laquelle dieu crée des êtres qui sont à eux-mêmes le rapport qu’ils sont, et qu’il ne peut pas « obliger », leur révéler tel quel immédiatement qu’il est « dieu », ils doivent, ces êtres, trouver en eux-mêmes dans le rapport qu’ils sont, son unité ; et raison pour laquelle chaque liberté est liée à l’égalité et que par là seul cette liberté rend possible sa perfectibilité ; elle ne va pas se perdre dans ses choix particuliers (sa liberté servant ses intérêts ou ses envies ou ses angoisses) mais un horizon s’imposera que la liberté est destinée universellement et qu’en elle-même elle est (individuellement donc) singulièrement plus universelle que l’universel (par quoi il n’y a l’universel que comme rapports issus du rapport initial) ; elle aboutit à la coordination des consciences ; par quoi les rapports sont démultipliés mais aussi pluralisés. Chaque rapport existant pour lui-même et non pas fusionnant en une unité vague, molle ou dictatoriale.

Par quoi l’universel s’origine. Il s’initie (dieu) s’augmente (grecs) ou intensifie (christique, l’incorporation) ou accélère (Descartes) cette incorporation par et pour le je (qui se tient du sujet, de la structure-sujet).

 

Or tout ceci est beau et bien bon, mais ça ne dit pas ce qu’il en est ; à savoir que la structure du réel (telle qu’elle nous est sue, connue, révélée ou nous saisit) s’acquiert par faiblesse. Si elle s’enorgueillit, elle se loupe, elle croit qu’elle est tel ceci ou tel cela. Elle ne se tient plus en tant que Bord mais « dans le cercle lui-même », comme une chose ou une détermination dans le monde ou le vécu. Ce qui se tient comme Bord est littéralement sans autre côté ; il n’y a qu’un seul côté et l’autre côté on ne sait pas, on n’en fait pas le tour ; et donc c’est lui qui nous entoure, qui entoure tout (et on a dit qu’il s’agissait du présent qui accomplit toute la réalité, ou les réalités ; le présent est le Bord, qui est également l’à-venir qui attire à lui tout donné, mais aussi alors tout vécu…)

Donc le je n’est rien tient, à presque rien ; ce qui compte ça n’est pas ce qui effectivement est causé mais ce qui dénote, l’inattendu ; l’inattendu change tout ce qui est donné, déterminé ; et c’est pour cela qu’il suffit d’un signe, un mot, dans le monde pour que le monde soit changé ou que l’ensemble de tous les mots soit différencié de lui-même ; le signe est effectivement attaché à cette finalité, cette fonction ; qu’il enregistre quantité de variations qui, de toute façon, ne seraient pas mémorisable comme adn par exemple.

Le plus petit est le plus grand. Et si l’on se croit être ceci ou cela (César ou pharisien). On ne peut pas ne pas se croire être, puisque l’autre versant (l’autre côté du Bord) est inidentifiable ; nous sommes rejetés fonctionnellement du côté du monde ou du vécu ; or pourtant on ne peut d’une part ni ne doit d’autre part perdre cet horizon interne (interne au réel comme plan externe, cad qu’il s’agit d’un extime et non d’un intime qui simulerait une intériorité ; il existe une intériorité (il faut être un moi pour qu’il existe un je, et il existe un moi parce qu’il existe un je ; le moi va « en avant », en projet comme disait l’autre).

Cet horizon est interne (et non intérieur) parce que son plan d’angle est le réel, cad l’externe ; l’interne et l’externe sont l’unique plan dressé comme actualité, présent absolu, qui contient tout, tout le déroulé et « dieu est le système des libertés », le système de la décision, de la décision prise par et selon la partie la plus faible et perdue, égarée, trompée.

L’interne est la petite surface de conscience posée sur la grande surface du réel ; est le petit rapport dans le grand rapport ; est l’arc de conscience qui s’actualise dans l’arc du présent (et donc il faut, à tout prix, que cet arc se décide de lui-même dans son actualisation).

Rappelons ; le grand externe totalement exposé parce qu’il n’y a de réalité que manifestée, c’est l’essence, la forme même d’une réalité que cette manifestation, tout est réel parce que le possible est tout entièrement réel.

Et donc la vague absolue du présent, qui ouvre tout, produit ces mouvements resserrés, les arcs de conscience, de petites vagues, qui, bien que minuscules, épousent absolument, identiquement la même forme de vague du devenir ; aussi ce sera dans l’actualisation, dans un rapport qui assiste, témoigne de sa propre émergence et dont ce témoignage même est sa propre capacité ; l’introduction de lui-même dans son propre champ. Et c’est tout aussi bien pour cette raison qu’il faut insister ; l’interne est l’interne du mouvement qui, en lui-même, est tout entier exposition et naît dans son propre indice de signe, de signification ; lorsque l’on croit en un dieu unique on sait qu’l est unique et donc non comparable (à quelque autre ou à quoi que ce soit ; il est, lui-même, le rapport qui est, le rapport initial) ; lorsque l’on pense on sait que l’on pense, puisqu’à minima il faut volontairement ordonner les idées ; lorsque l’on se décide (de sa propre unité) on sait que l’on se décide et cela veut dire que l’on va tenter de tenir le plus loin possible un rapport (étant entendu que le maximum du rapport devrait, idéalement, s’étendre ou se vouloir tout au long de la vie ; transformant celle-ci en existence).

Il est ainsi impératif que ce rapport se désigne lui-même ; qu’il se nomme dieu (ou soit révélé comme tel), le christ ou la pensée (l’être, l’universel, la vérité, le un), le sujet ou la révolution (ce qui signifie la constitution, Constitution, de la société humaine, et humaniste, par et pour elle-même via chacun).

Il est clair que cet impératif se retrouve ailleurs en d’autres civilisations, ou en toute humanisation, quelle qu’elle soit, sous diverses formes. La pression exercée sur un être qui n’est pas un être (déterminé) mais un rapport est fondamental ; la puissance d’exister est la potentialité, et d’une extrême faiblesse, petitesse, impossibilité, qui n’a rien à voir avec une surpuissance ou une affirmation de soi, et faiblesse pourtant qui s’initie comme une invariable possibilité (égale et toujours virtuelle), de passer d’une tactique quelconque à une stratégie, de saisir dans le rapport que l’on est des rapports, en s’effaçant, et contenant de cela l’objectivité ; le je est la capacité de décentrer ; le pardon ou la générosité (cartésienne qui parie pour le meilleur étant entendu que la volonté est plus grande que l’intellect, la compréhension et que la liberté peut s’instaurer comme passion, dans le corps lui-même) ou la confiance (kantienne, lors même que l’impérativité paraît imposer dans le monde ce qui relève du nouménal, ce qui est en soi absurde).

Dit autrement l’indice de performativité non seulement est inclus (dans la conversion ou la foi, la pensée ou le sujet) mais c’est ce en quoi consistent la foi, l’universel ou la liberté.

Et ce brutalement. Lorsque l’on dit « pur et brut », c’est surtout purement brutal mais peut-être orienté vers le pur réel. L’actualité est le fait même du réel ; soit donc le présent (qui réalise, réal-ise tout) ou l’exister, le mouvement qui produit instantanément toute réal-isation.

Cet interne est le côté d’une grande faiblesse mais sans laquelle rien de tout le reste ne serait. Sans l’arc de conscience et son intentionnalité nous serions ce corps et non pas distincts de ce corps. Sans la modification rien n’apparaîtrait dans notre champ, il n’y aurait pas de champ.

Et c’est ainsi dans le plus état de faiblesse et de petitesse qu’il ne faut nullement désespérer ; si nous étions si peu nous ne le saurions pas, donc cela qui nous anime est plus grand. Descartes et Pascal se croisent invinciblement. Descartes qui remarque tellement que c’est dans le moment de cette constatation qu’il sait qu’il existe, pour le reste non ; on ne tient que sur ce fil. Dans cette ouverture du rapport les autres rapports paraissent.

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