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instants philosophie

Vie et existence

30 Octobre 2021, 09:00am

Publié par pascal doyelle

Que le sujet se soit acquis lui-même et qu’il en soit rendu fou, vient de ce qu’il put croire que cette performance lui revenait et son orgueil n’eut plus de fin. Mais cette identité insituable revient à elle-même et bien plutôt nous lui appartenons. C’est de son écart, du trajet interrompu de conscience (par laquelle interruption seulement il existe « une conscience », qui est un rapport , non de ceci ou de cela mais le rapport à partir duquel il existe un ceci ou un cela) que nous naissons. Soit donc dieu (ou par ailleurs quelque absolu), la pensée, le christique, le sujet et la révolution, et enfin le réel.

L’affect du je qui reste infiniment à distance de tout ce qu’il est dans la mesure de son intention cachée, recelée, inconnue, qu’il éprouvera au vu de la vie vécue, pourra être, impose la version du je en tant que rapport, impossibilité de se voir, mais donc de ce par quoi, par qui on peut voir. Si nous étions cela que nous sommes rien n’apparaîtrait. Nous serions et ce serait tout.

Ce qui s’est passé (et bien que tout cela se soit donné au-devant sous les formules de dieu, de la pensée, du christique, du sujet, de la révolution, du réel et de la concrétisation de toute cette formule dans la vie du moi-même qui concerne absolument chacun),

ce qui s’est passé c’est en fait non l’au-devant selon ces expositions, mais la remontée vers la structure, vers le dedans, usant des signes dieu, la pensée, le sujet, le réel ; vers le dedans qui n’apparaît pas, mais dont la conviction ou la foi ou la conversion du sujet alimentait la présence, la préséance. Au fur et à mesure nous nous apercevons d’une butée en avant du monde, du vécu, du corps ; et il faut bien la nommer.

Ou donc ; nous ne recevons pas le monde comme contenu immédiat, naturel d’une part et sacré d’autre part (les « dieux » appartiennent au sacré, le dieu unique ne faisant plus monde, mais créant tout ce qui est hors de lui) ; c’est ainsi qu’il faut se rendre à l’évidence, nous produisons ces contenus (et ces mondes humains perçus dès lors comme particuliers). Se pose la question ; qu’est-ce qui produit ces contenus ? De sorte que l’on est ramené à une structure antérieure, vide ce qui veut dire formelle (dieu, la pensée, le sujet, le réel). Ou encore ; l’intention pure et sans rien (dieu, le divin séparé qui n’est plus aucune partie du monde), le réseau intentionnel (les idées à ,propos du monde tel que donné « là », en deçà de tous les autres mondes humanisés), le corps individuel (le christique évidemment, qui assigne chacun à son propre corps, le sien et celui de tout individu), l’intégration de ce je en et par son propre champ (cartésien), la mise en forme généralisée de tous les ‘chacun’ en une révolution, consacrant la liberté et l’égalité en une seule fois.

La force de la conviction ne vise pas à prouver l’existence (de dieu, de la pensée, du sujet, du réel) mais rend possible un stratégie adéquate ; c’est ce qui est entendu, au moins, ici, mais en outre on attire l’attention sur la sorte de logique qui peut se supposer de ces deux faits ; le présent (qui est à tout le moins très bizarre) et la conscience ; soit donc l’arc de conscience posé dans l’arc du présent.

À savoir l’actualisation.

Si notre être est à partir de la conscience, cad le champ intentionnel (qui accole perceptions et signes, permettant par la multiplication des signes la multiplication et la précision des perceptions, ainsi qu’évidemment leur communication d’une part et leur transmission en plus des générations, la mise en forme culturelle donc),

si notre être est conscience alors il est rapport (et donc il n’est pas mais ex-siste), et s’il est rapport il se met en œuvre par son actualité en propre ; il sait qu’il existe et qu’il doit se produire, son identité est une identification, ou un signifiant, vide, formel, dont la forme est le programme, le programme n’est pas une « application » à l’intérieur (ce qui n’aurait aucun sens), c’est la forme-sujet qui est le programme. Ce qui veut dire le rapport qui se sait comme rapport, mais ce se-savoir ne constitue pas un « contenu », c’est un signe. La pensée, la raison, ce que l’on nomme tel, est la soudaine conscience que nous produisons la pensée (et non plus qu’elle s’impose comme un corpus commun déjà réalisé, dans le groupe, la croyance, etc) et dès lors ce qui aimante les idées se situent oujours au final en dehors ; dans l’indéterminé (l’être, le bien, la pensée de la pensée, le un, etc) puisque toute pensée résulte de signifier la structure-sujet ; le rapport (qui est plus grand que lui-même).

Son actualité en propre c’est sa décision ; ce qui veut dire que dieu, la pensée, le sujet ou le réel n’existent, ne s’imposent dans le champ intentionnel que selon l’effort et la capacité d’attention. Mais cela n’implique pas que le je en soit le créateur, c’est l’inverse ; c’est parce qu’il y a, au-devant, le réel, l’universel, la structure intentionnelle et dieu qu’il y a un je.

Sinon tout, cad toute représentation, volition, imagination, désir retombent dans, vers le donné.

Si dans l’actualité on ne se décide pas pour ce qui n’est pas (dieu, l’universel et la pensée, le sujet et le réel) on aboutit à désirer l’immédiateté, qui seule est, donné là, comme monde, comme vécu, comme corps ; ce qui n’est pas (nulle part dans le donné) et n’est accessible par aucune tactique, ne peut être accédé que par une stratégie et la stratégie consiste à se mettre en jeu soi-même et non à définir le déplacement d’un objet ou d’une objectivité, hors de soi.

Aussi dieu, la pensée, le sujet, le réel mettent en scène le sujet au sens de structure-sujet, soit l’intention qui initie (dieu), soit l’intentionnalité qui tisse (des idées en système), soit l’intention d’un sujet-je (le christique et Descartes et suivants), soit la mise en forme interne aux je, ou externe sous la forme de révolution (l’État et la société civile, la vie individuée et la mass et micro médiatisation généralisée).

On ne les voit pas si le je ne s’y projette pas sous le mode de la décentralisation (puisque sinon il prendrait une identité, cad un contenu, pour la forme ; dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont autres et vides ce qui veut dire formels). Ce sont des structures qui ne sont pas, dans le monde, données, mais perçues par intentionnalité, et par intentionnalité poussée vers un maximum. Par intentionnalité au sens effectif, en tant qu’elle est déjà toujours autre (elle est une attention-à). Le sens, aussi bien physique que mental, de l’intentionnalité est de se tenir hors d’elle-même … ce qui est extrêmement étrange, et implique pour nous que jamais aucun contenu ou objet ne sera en mesure de remonter dans le réel de cette articulation qui crée des champs ; ce en quoi elle est fonctionnelle, dimensionnelle ou divine.

Le je est donc bien non pas la subjectivité mais la capacité de tout, aussi bien subjective, qui est éminemment organisée et organisée selon ce corps et cette capacité de signes, de porter quantités de signes, dont l’objectivité, les objectivités ; seuls les je ont accès au donné là et accès à leur propre, proto vécu, ainsi qu’à leur pré-disposition à exister, à élaborer une architecture de l’existence, aussi bien individuelle que collective, une architexture de leur propre corps, de l’ensemble de leurs champs de perceptions, qui n’existent que projetés.

C’est donc sur le fil, du rasoir, que l’on navigue à vue et que l’on explore en expérimentant l’articulation elle-même ; et cela ne signifie pas s’aligner entre diverses idées, mais naviguer entre des rapports.

Dieu est un rapport, l’être (l’universel) est un rapport, de même le christique, le sujet et évidement la révolution (qui règle la base formelle des rapports entre sujets et par le sujet lui-même, chacun), et le réel est un rapport.

Rapport veut dire ; ayant affaire à une désignation explicite du réel ; le réel n’est pas une « idée » de même que la conscience n’est pas une idée ; Descartes et son cogito échappe à la pensée, et donc relativise toute la pensée métaphysique. Dieu ou l’être signifient, comme les deux autres structures, une forme vide ; celle qui permet de dresser un horizon sur lequel placer et déplacer les idées ou les objets. Ils ne font plus référence à une identité mais à toute signification ; l’être des grecs supportera tous les systèmes ; quels que soient les noms employés, premier moteur, un, bien, atomes ou empirismes, tout ceci occupera la même position « qu’un réel il y a » et donc notre placement sur cette surface. Designer le réel par telle matérialité (et la plus exotique possible si l’on veut) paraît encore plus figurer que le réel est vraiment « autre », mais l’être ou le un ou dieu ou l’exister écrivent formellement cette altérité, une altérité sans raisons, non pas autres parce que matérielle ou énergétique, mais dont le positionnement s’effectue dans la distance la plus nette.

Mais la caractérisation déterminée du réel manquera toujours sa cible sauf de le signifier comme instruit du Possible brut. Le possible était jusqu’alors relativisé selon un ordre préalable, qui contrôlait les possibilités des choses et des êtres. Mais il faut retourner cette logique (en quoi consistait le logos ou la pensée ou l’esprit) ; si il n’est pas un ordre qui présiderait aux réalités, alors ce sont ces réalités qui de par leur position même, leur exister tel quel, se « comportent » vers l’organisation ; l’organisation, donc, sourd des réalités, de l’unité constituée des réalités, de chaque réalité.

Le titre de « rapport » contient en lui-même sa faculté à la fois d’avancer en unités et de relier ces unités ; ce qui produit des nœuds qui soit assurent une durée, une durabilité, soit s’effilochent, se dispersent et coulent dans l’espace. Ou si l’on veut il y eut de la dispersion jusqu’à ce que de la multiplicité s’agrègent des réalités consistantes ; ce qui signifie des réalités organisées, reliées et constamment établissant des relations à la fois selon les unités et selon les rapports. Il faut que chaque élément se tienne selon une unité, et que cette unité soit tissée dans et de relations.Une unité réussie (qui dure dans le temps) est une unité de relations ; delà que la réalité, un univers, soit tissé, mais il est tissé, apparemment, localement ; sinon n’existerait qu’un ordre, réglé, sans invention, sans nouveaux tissages (ou des tissages prévus ; or ils ne sont pas prévus, parce qu’il faut que chaque unité se trouve elle-même ; sa consistance (son organisation) tient à elle-même comme unité. Comme chaque unité doit exister en elle-même, elle doit s’acquérir et durcir sa réalité (et non recevoir une ordonnance extérieure, en quoi notre pensée, objective, nous trompe ; la réalité surgit d’elle-même et tel système a dû se concrétiser en un système fragile, toujours menacé par une catastrophe, une irruption, la force totale de la co-incidence absurde).

Que chaque sujet soit à lui-même cette proto-organisation de soi veut dire que chacun manie, qu’il y pense ou non, qu’il le veuille ou pas, le sens, la signification qu’il attend de l’existence ; cette signification qui sera probablement déçue, voire dégoûtée, déboutée, retournée et parfois réduite à rien, au néant et à la vacuité, la dispersion (à quoi est condamné toute réalité, aucune détermination ne permettant de durer tout au long). Il se trouve que la psychanalyse consiste à dénoyuater l’aperception « immédiate » que chacun a pu recevoir, que chacun s’est imposé, que chacun a pu supposer (absurdement ou lourdement ou de manière traumatique, tout est possible dans cette vie), et qui se commande à partir du lien signifiant-corps, par quoi le corps, vivant, est découpé de haut en bas, totalement, par le signifiant qui vient comme Autre (qu’il soit tel autrui, telle expérience, telle imagination du je vécu), et la remontée de cette coupure telle qu’elle fut non pas forcément vécue mais signifiante (qui peut n’avoir que peu de rapport effectif avec le passé du dit je).

Mais outre cette aperception « immédiate » (dont on a compris qu’elle se révèle tout à fait médiate, puisque construite par la coupure non naturelle du signifiant, le corps tentant de retrouver une « immédiateté » perdue, qu’il croit, mais en fait jamais mienne, puisque ‘je’ est né de, par et dans cette coupure psychique, située bien en-deçà de la psychologie à proprement parler),

outre cette aperception, il est la seconde, celle que l’on se donné-à-soi, en presque toute vérité, souvent elle-même encore difficilement accessible (si ce n’est que la vie nous en démontrera les limites, les faiblesses, les illusions, les manques, les égarements, etc) et qui de sa secondarité même permet à tout le moins ceci que parfois il nous sera possible de la remodeler…

Si on s’éprend la poésie, de la révolution, de dieu ou de toute élévation que ce soit, il se peut… il se peut que l’on s’instancie dans une nouvelle actualité. Une actualité de soi. Qui sera exigeante (sinon le remodelage ne changera rien, ne renouvellera pas notre être en le transformant, possiblement, ou potentiellement ou virtuellement, en existence.

(on a redésigné « la vie », celle du dieu vivant ou celle de la-belle-vie, ou repositionné l’existence comme plus imposante que la-vie, qui, elle, caractérise le vivant, les êtres vivants, tandis que l’exister impose les êtres existants, qui situent eux-mêmes et d’eux-mêmes leur existence)

Rappelons que notre historicité, outre dieu et la pensée, qui concernent l’intention (divine) et le monde (unique donné là, le « là » de l’être, par quoi il n’est qu’une raison, qu’une rationalité comme procédé ou processus, si l’on se tient à l’universel seul), notre historicité débute avec le christique qui initie l’individualité ; d’abord sous le regard du un tout-seul (le christ), qui meurt honni et trahi et torturé, mis à mort, puis ensuite par la « récupération » si l’on veut du regard (jusqu’alors divin) par le un-seul, Descartes (il n’y en a eu qu’un : René, dupliqué ensuite indéfiniment). Lequel sujet ne se décline que d’un signifiant absolu, ce qui veut dire formel (de sorte qu’aucune idée déterminée ne puisse s’interposer et que la liberté soit livrée à elle-même, libérée ; la conscience est capable de la raison, de la pensée …. entre autres, entre toutes les capacités de signifiants, mathématiques comprises).

Jusqu’alors divin signifie que le divin est séparément (du monde, des peuples, de tout) mais absolument il s’incarne, ou donc s’incorpore… des corps du christ on en rencontre partout, et il signifie ; voici ton corps ; tu es autre que ton corps, vivant, tu es autre que ta vie vécue, immédiate. Et donc cette vie se transforme en existence. « Je suis le chemin, la vérité et l’existence » en somme. Il est le chemin parce que le premier individu (qui affirme la valeur infinie de chacun, pour rien, en tant que forme pure, sans la pensée ou l’héroïsme, sans raison aucune puisqu’antérieur à toute raison, représentation, et même perceptions qui ne prennent effets que dans un champ intentionnel). La vérité parce qu’il n’est pas ou plus d’énoncé valide qui ne tienne pas compte du je (et que donc le je déroule et déroulera de fait sa capacité organisationnelle ; on ne peut pas régenter un sujet de l’extérieur, il doit se régler lui-même ; créer son propre registre de véridicité, qui n’obéira pas à l’objet, l’objectivité, toute l’historicité structurelle élaborant la méta-objectivité de la structure-sujet) et l’existence, qui implique la sur-vie, cad le renouvellement ou le passage du vivant dans le point-en-plus du réel ; que l’on y croit ou non, le christique contient la capacité d’un plus grand possible, dans ou hors de la vie vécue (comme on veut, mais en-plus).

Et donc une distance ; le regard christique introduit une distance, et sitôt que l’on obtient une distance on implique la distance tout court, la conscience-de, de quoi que ce soit, et spécifiquement la conscience-de « soi » ; que l’individualité entre dans le champ de conscience, le structure, de fait, de simplement poser le regard-sur, et bien évidemment de le signifier. Qu’il soit tout à fait étrange que cette distance nous vienne d’une « révélation » est un fait. Apparemment qu’il ne se pouvait pas que la distance (du rapport lui-même) soit inventée, créée par un humain quelconque. Ça n’a de nom que « christique », et remarquons le tout vient en même temps ; qu’il soit le deuxième de la trinité, qu’il sur-existe par-dessus la mort (il occupe un point-autre, hors de toute vie vécue), qu’il soit le verbe (par qui tout fut fait, l’initiative venant du père), qu’il ressuscite (hors la vie, hors la mort), etc. En vérité la totalité du possible (d’un rapport qui dit je, seule dénomination possible du rapport) naît par ce fait absolu, unique, quasiment complet.

Dont l’historicité qui suivra doit être lue en complément. Comme effets. Effets de cette cause. Effets qui étant fidèles à cette cause peuvent être considérés eux-mêmes comme causes. On est entré dans la possibilité des causes structurelles. Encore une fois on ne tient pas tant au christique que de ce qu’il montre ; à savoir que le réel est le rapport et qu’il ne peut pas être désigné, comme rapport, selon le monde ou le vécu ou les représentations. Il Doit être signifié vers, renvoyé à, se tenir de.

Et cette tenue du je qui est celle du rapport (cad de cela même qui rend possible tous les rapports, et donc tout le possible, et notamment le possible des rapports, à savoir non seulement qu’il y ait la pensée, et les intentionnalisations-idées-systèmes-dialogues-communication compréhensible et transmission d’une génération à l’autre) est également ce que le rapport se dit à lui-même de lui-même.

Aussi toutes les relations sont arc-boutées sur autrui (ne faites pas à autrui etc) mais à condition que cela soit au nom du christ ; ce qui veut dire du rapport qu’il vous est possible de tenir envers vous-même comme autre. Autrui, oui, mais vous-même comme autre, comme rapport dont vous ne connaissez pas les tenants et les aboutissants. De là que le je puisse accéder à la pensée, au décentrement ‘divin’ (pour les grecs) qu’elle produit, qu’elle cause. Ça n’est pas quelque chose qui entre en rapport, c’est le rapport qui rend possible tous les quelques choses (et évidemment autrui et d’abord je). Ça n’est pas le sujet (communément) qui se positionne, qui s’auto-positionne (il y aurait de quoi devenir fou, et effectivement) ; c’est lui qui est positionné par la nature même du réel, sa structure ; le rapport.

Lequel est ce en quoi (et par quoi) nous existons.

Alors de quoi est-il fait ? D’où vient-il ? Est-il seulement un signifiant (d’autoréférence) que l’on monterait bêtement en épingle, que l’on surestimerait et dont il ne faudrait rien attendre ?

Pourquoi pas (il tiendrait alors de sa fonction, et puis c’est tout).

Mais cela éteindrait-il l’interrogation sur sa structure ? Pourquoi existe-t-il en tant que rapport ? Peut-on le nier purement et simplement ? Puisqu’il engage précisément la structure de notre réalité et donc, si on l’écoute, de notre réel. Du réel dans la réalité, de même que le présent est « ce par quoi passe toutes les réalités ». une réalité se permettra-t-elle d’en disconvenir ? De sortir du présent ? Le présent est-il cela qui entraîne tout, la totalité de tout ce qui fut, est, sera dans la dispersion (sans jamais aboutir à un complet effacement) ?

Mais si tel n’est pas le cas, alors quoi ?
Qu’est-ce que la réalité assignée à la possibilité ?
Est-ce l’unicité ou l’unité ?

Dit autrement, il n’y a que l’unité du rapport pour annuler l’unicité de l’être. Par l’unité du rapport (unité de ce mouvement) l’être n’est plus monolithique. Et il revient au rapport de créer, véritablement, des rapports, lesquels seront tous indépendants, dont l’indépendance est, de fait, la structure même, la structure supposée comme constitutive de tout réel et de toutes réalités. Si l’unicité est seulement fixée, figée, rien n’en sort, et aucune réalité ni aucun sujet, aucun je n’est possible. L’unicité (de l’être, de dieu en tant qu’être) écrase l’unité (que chacun ou chaque réel ou chaque réalité ‘forme avec elle-même’, par quoi tout autant il devient possible de les compter, selon les nombres qui sont des rapports).

Ou si l’on préfère il y a une réalité afin que le réel devienne et que se multiplient les unités (l’unicité n’ayant plus à voir avec l’être, réalités, mais avec l’exister, la forme « réel »). et si l’unité est vide et formelle, alors la question sur la nature, la consistance de ce qui est glisse de la réalité (et son idéal ou idéel ou universel imaginé, l’être) vers le réel (la structure-sujet).

La théologie en restait au Un, ou à l’être unique et exclusif, l’objet unilatéral, univoque, qui s’opposait massivement à la multiplicité, qui, pourtant, de toute évidence, existe, existent quantité d’unités, dont la seule compréhension est de les admettre comme unité de rapports à chaque fois. Depuis Descartes qui dessertit le je, qui récupère par là son unité, il s’impose que l’être n’est plus l’être, et dieu ou le sujet deviennent volonté, intention, signifiant des signifiants. Tant que le réel doit être pensé selon l’universel seul, cad la notion idéelle assignée à l’universel, il est impossible d’avancer dans le réel. Et Descartes applique au monde étendue, les mathématiques (reprenant le projet de Galilée).

C’est uniquement la structure-sujet, qui est un rapport, qui doit entrer en lice et penser l’impensable ; cette structure même selon cette universalité effective du sujet. Puisqu’il n’est rien de plus réel.

Aussi le réel en tant que rapport veut dire « il est vivant », existant comme de bien entendu. Soit la suspension infinie de la Possibilité, à quoi se destine le rapport, la seule structure-sujet. Le possible, la perfection agissante, la perfectibilité donc n’est accessible et accédée que par un sujet ; ce dont le rapport revient sur à la fois le début et le terme. Le réel est donc infini. Et le présent, ou l’exister, sa suspension infinie. Le réel est infini par en haut, dans la dimension de l’exister, du présent (comme 5éme dimension, qui relance les autres du dedans, puisqu’il n’est pas de dehors à la réalité en tant qu’univers, sauf sur son Bord, cad le présent, ce sur quoi nous nous tenons d’un pied).

De ceci l’étrangeté d’exister, dans la dimension du possible non pas pur mais brut (il ne conviendrait pas que le possible soit « pur »).

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Passion du sujet, perfectibilité du je

23 Octobre 2021, 08:40am

Publié par pascal doyelle

La structure de conscience (qui se mesurait autrefois par son contenu, ce qui est absurde) est autre que le sujet, autre que le je. C’est pour cela que l’on désigne le sujet comme structure-sujet. Le je est déjà autre que le moi, et le sujet autre que le je et la structure autre que le sujet.

La structure-sujet est la forme que prend, apparemment et autant que l’on sache (cad relativement à notre expérience, et à notre expérience accumulée depuis que l’on réfléchit, exactement comme un miroir qui voudrait se saisir comme miroir et ne tombe que sur des images dans le miroir, et qui finalement se signifie comme absolu (quel qu’il soit), dieu, le sujet ou la révolution), que prend le réel en tant qu’il est mouvement et que la dite structure est un rapport soit donc cela qui seul peut se modifier soi, puisque le rapport ne tient ni dans le début ni le terme mais dans le mouvement, le retour du terme sur le début (raison pour laquelle nous avons pu développer le langage, les langages, constitués de signes, de rapports).

On ne peut pas déduire ou causer la conscience de quelque contenu ; ces contenus n’existent que par une conscience. Laquelle n’est pas le conscient mais un champ intentionnel (qui s’installe via l’inconscient ; de la scission dans un corps vivant, qui obéit évidemment d’abord à sa logique, par le signifiant, ce qui veut dire par un-autre-regard). Et la conscience se définit ou au moins se délimite comme cet être qui n’est pas un être (déterminé seulement) mais une bizarrerie, une étrangeté ou un mystère qui usant de la détermination (les signes) retourne cette détermination (neutralisée en somme, par elle-même) et se crée comme rapport à soi ; ce qu’une chose ou un être déterminé ne peut pas réaliser. Ce rapport à soi n’est évidemment pas un rapport à une identité (sinon elle serait seulement déterminée) mais un rapport par dessus son identité ; et c’est pour cela que nous avons (du verbe avoir et non pas ‘que nous sommes’ du verbe être) conscience de nous-même, parce que nous nous percevons de l’extérieur, de l’horizon ; nous existons parce que l’avoir est, en nous, supérieur à l’être.

Ce que l’on nommait l’être comme idée… était une idée, pas une réalité (qui est contraignante en tant que déterminée) ni même l’esprit, qui est une universalisation qui passe par-dessus le sujet singulier (et plane on ne sait où) ; l’esprit est libération comparativement aux nécessités déterminées, et ajoute à l’humain ; on ne parle pas encore de sujet individuel, et justement parce que l’esprit est cet ajout qui universalise l’individu (la pensée grecque élève chacun par la pensée seule, ça n’est pas déjà le christique qui donne valeur absolue à chacun pour lui-même, indépendamment de toute autre considération).

C’est que la première étape consistait à universaliser ; que chacun sache qu’il était universalisable, cad capable d’aligner les internationalisations (idées) afin de se repérer et de cartographier la réalité (et communiquer et transmettre en clarté, due à la cohérence des intentionnalités, puisque la pensée cible le monde donné là, l’être, et non plus le monde parlé et échangé et ritualisé dans un groupe humain, l’universalisation palliant à la transmission directe communautaire ; chacun devant, par la pensée, reconstituer en lui et par lui-même l’universalisation, qui deviendra, ensuite, sa personnalisation, par le roman par ex, le statut de citoyen, etc). Et bien sûr d’établir éthique, morale, politique, humanisation, et grosso modo personnalisation (qui viendra beaucoup plus tard, mais débute dès l’origine).

L’universalisation est requise absolument, mais elle ne peut pas constituer le fond du problème ;le sujet est la forme, en forme de structure, bien plus étendue que la formulation en quoi consiste l’universalisation de la pensée, qui n’en constitue qu’une part. C’est Sartre qui parvient à détacher l’activité de conscience en tant qu’individuée ; bien qu’il en reste à la précompréhension normée d’un champ indifférencié, dont le moi est un effet, sorte de conscience vide et seulement formelle ; ici cette forme est requalifiée comme individuelle (et non plus seulement individuée) ; il n’y a de conscience que d’un sujet ; la « conscience » n’est pas d’abord une qualité mais une structure, une intention.

Pour cela il faut replacer, déplacer la conscience sur un plan effectivement réel ; soit donc celui du réel brut. Existentialisme du début du 20éme puisque le statut du moi permet à celui-ci de se tenir au plus proche de la structure de conscience qui ne se projette plus dans une organisation collective, une image extérieure, une idée générale, ni même une universalisation (en bref les existentialistes, Kierkegaard compris qui sait bien qu’il existe hors du système universel hégélien, par ex, mais aussi de Céline à sa version « light » Houellebecq). Le réel brut se désigne comme « existence ». Retraduisons ; le réel et l’exister, surface sur laquelle une boucle s’est formée, l’arc de conscience dans l’arc du présent.

De sorte que contrairement à Sartre on traitera du sujet non comme un champ universel, mais comme un champ singulier (il y a un champ parce qu’il se rapporte à lui-même, fait signe, adresse ses signifiants ; ou donc c’est un rapport et un rapport est un avec soi ; il n’y a pas, en somme, d’incompréhension ou de mystère, sauf celui-ci qu’une dimension est articulée, comme arc de conscience dans l’arc du présent ; le présent est aussi in-visible que l’arc de conscience). Le « rapport », cette idée, permet de passer outre, d’outre-passer, le seul caractère universel ; qui empêche de comprendre (nous ayant jusqu’alors véritablement ouvert les yeux sur le monde donné là, le monde, réel, en dessous de tous les mondes représentés particuliers ; le grecs visent le donné tel que « là », l’être ; et c’est encore rechercher le caractère universel de cet être de structure (qui n’est donc pas un être) que de le qualifier de rapport ; sauf qu’alors on entre dans la nature même de l’indéterminé, de la forme.

De même que le présent s’expose comme une forme brute, sans rien, qui contient toutes les réalités.

Il ne s’agissait pas du sujet, du sujet subjectif. Mais du sujet structurel. Celui sans lequel rien n’existe. Les mathématiques, les sciences, les politiques ou les idéologies, l’humanisation depuis la révolution mais bien avant encore, et la personnalisation, accélérée depuis les années soixante, rien n’existe sans le sujet.

Sans le sujet, cela veut dire sans l’arc de conscience qui déploie toute sa constance et se met en branle sitôt qu’un signe accole une perception, et sans lequel aucune construction subjective ou serait-elle objective, n’existerait. Donc le sujet, l’arc de conscience est capable des plus extrêmes possibilités connues. Mais également des plus millimétriques ; il suffit d’un signe (un signe ajouté à une phrase peut en modifier tout le sens).

Ajoutons que cet arc est à lui-même le rapport qu’il est, et s’envoie sa propre information. Laquelle est difficilement, voire impossiblement exprimable. Mais dont la certitude est certaine, si l’on peut dire, même si on ignore ce qu’elle signifie, implique, rend possible ; puisqu’il est en rapport à (soi) ce rapport peut se modifier, par nature au sens de par structure.

On a nommé ce rapport à soi du rapport le se-savoir ; qui n’est pas du tout une connaissance ou pas essentiellement, mais une aperception, dont le seul paramétrage consiste en sa prédisposition ; ce par quoi le je décide, oriente, accepte, reconnaît, intègre son aperception générale de soi, de la vie vécue, de l’existence, de la réalité, etc.

Curieusement c’est et surtout ça n’est pas (à la fois) ce dont on se décide ; d’être « bon » par exemple, ou mystique ou cynique ou ce que l’on voudra. La véritable intention que l’on crée en soi-même est beaucoup plus incertaine que toute motion consciente et apparemment assurée. Il faut toujours replacer la phrase du christ ; non pas ma volonté mais la volonté de mon père, rien ne se fait sans sa volonté, il est ce par quoi le monde a été fait (le verbe) mais non pas ce qui a décidé du monde, etc.

Dit autrement l’intention que l’on existe est autre que l’énonciation, et consiste, formellement s’entend, en un horizon structurel en forme de champ de conscience, dont le je se tient.

Cette imprononçabilité du je ressemble pour ainsi dire à sa « sagesse », ou plus exactement à la conscience de son effort, dont cependant on mesure difficilement ou rarement les effets (tout un protocole est requis et donc en quelque sorte un idéalisme ; c’est le cadre objectif kantien, les procédures scientifiques, qui délimitent une partie du champ, l’extrait et l’encadrent).

Ce qui veut dire que chacun, en tant que moi, cette intimité, est en réalité instancié dans et par l’arc le plus grand possible (autant que l’on sache).

Et arc qui se définit ou s’approche précisément en tant que position ; il n’y a « un réel » que par un arc de conscience qui, lui, en tant que rapport est déjà « un » et donc en capacité d’opposition qui signifie, tient, obtient, sait et même se sait lui-même en tant que perçu, lui, du dehors. C’est de ce positionnement que se concrétise comme point du réel externe à partir duquel ce rapport se perçoit, puisqu’il est rapport, et non un « moi » ou une identité qui « penserait », ou donc inversement penser est précisément architecturer des rapports dans la vue, externe, de la cohérence qui est tenue du dehors.

Toute cette extériorisation cherche évidemment à chaque fois de s’unifier (elle ne peut pas s’exposer continuellement dans l’altérité) et en chaque unité trouver une stabilité. En ceci le mouvement est condamné à l’objectivité ; même la subjectivité n’est telle qu’admettant en elle le concret de telle ou telle situation (sinon elle disparaît) et pour cela tout moi-même contient en lui-même non pas son identité (qui est imaginaire puisqu’aucune raison ou corpus s’affirme suffisante pour s’articuler à la réalité, étant donné l’ampleur de tous les champs intentionnels, qui couvre tous les aspects de la vie humaine), mais tout moi-même contient sa division ; la « castration » signifiant l’acceptation de la distance ; que l’enfance tenait, elle, des autres consciences ; tout enfant se détient de la conscience d’autrui, qu’il intégrera, ou pas, en tant que distance, et sans que jamais cette distanciation soit complète, ce qui veut dire que le sujet inconscient est irréductiblement ce qui se tient en retrait de et par la division du signifiant, qui représente en chacun l’altérité, autrui, l’autre, le langage ou l’extériorisation de notre être ; extériorisation qui rend possible cette relative identité.

Donc tout le monde est fou, au-dedans et parfois au-dehors, puisque niant la distance, la division et cherchant à projeter une unité consistante.

L’acceptation, consciente cette fois, de la distance constitutive est cela même qui ouvre la porte aux structures réelles ; dieu, la pensée, le christique, le sujet ou la révolution ou le réel. Par quoi chacun aura alors accès aux stratégies, aux méta stratégies. Ce qui est manifesté absolument par le christique ; il fait non pas sa volonté mais la volonté du père ; il se détient de la distance la plus intégrale et totalement autre.

Cet écartèlement sacrifie le moi (de fait Jésus) mais pour trouver son unité de structure, non imaginaire. Inversement le moi ne sait plus du tout cette ouverture, cet accès ; il ne supporte plus du tout qu’il soit réduit en son intention et tient donc à toute force de réaliser, rendre réel son être imaginaire, ce qui est condamné ou damné tout court comme on veut. Il trouverait sinon, ce moi imaginaire, que son unité de structure est plus grande, en vérité, que l’exiguïté de son image de soi ; il en ressortirait encore plus singulier. Ce que nous communique une œuvre, c’est la capacité structurelle singulière.

C’est que l’une tactique et l’autre stratégique ne commandent pas chacune la même réalisation ; la tactique organise le donné déterminé (et donc par une unité déterminée, imaginaire) et ordonner l’indéterminé, soit le signifier et établir la cartographie structurelle. Dieu antérieur au monde déterminé, le christique au-delà de la vie vécue, la pensée clarifiant le donné là (par un réseau intentionnel cohérent), le sujet distinguant le je du moi (et donc instaurant le moi en tant que tel, qui auparavant n’était pas représenté, sinon négativement sous le regard du christique).

Le sujet est le champ initial intentionnel qui rend possibles tous les autres champs.

Ou donc ; le champ initial dépend de sa motivation. Cette motivation est cela même qui doit être exprimé et organisé.

Sitôt qu’il s’englue dans le donné, l’immédiat, et y compris ses propres résultats immédiats, il cesse d’élaborer une stratégie globale, et ce faisant ce qui va le guider c’est derechef l’immédiateté, ce qui veut dire le corps, la pesanteur du corps, la satisfaction du vivant en lui, qui, avec sa massivité et sa continuité propre, va absorber les intentions en les pliant à son « bonheur ».

ça en veut pas dire qu’il faille annuler le bonheur, cad en tous cas l’absence de souffrance, de difficulté, de pénibilité, etc, mais qu’il doit être considéré comme une base, à partir de laquelle l’élaboration pourra s’élever (plutôt que de rester emprisonnée dans les nécessités et les pesanteurs).

Il se trouve que l’on a effectivement réalisé un tel monde, de bienfaisance, mais que l’on s’est empressé de réintroduire du nécessitarisme (le profit, pour résumer) et la concurrence des groupes entre eux et la rivalité des individus ; comme si il s’agissait d’une jungle, et l’économie est l’idéologie d’un tel pseudo « milieu  naturel », dont on étudierait les lois, alors que celles-ci sont humainement validées ou abandonnées à simplement la loi du plus fort.

Aussi l’arc de l’intention, qui permet de structurer, s’effiloche. Il est englouti dans ses effets, et comme il s’est introduit dans le corps, la satisfaction de celui-ci se fantasme, s’irréalise et entraîne toute l’irréalisation humaine, nourrissant un dégoût tout à fait profond. Intellectuellement une a-humanité ou politiquement une inhumanité (soit donc un solipsisme radical, soit un idéalisme du surhumain fantasmé).

La liberté est ce sur quoi tout repose mais elle se doit à elle-même et non pas comme faire-valoir du monde, des envies, des intérêts, des immédiatetés. Toute l’historicité se rappelle à nous afin d’éduquer la capacité organisationnelle structurelle.

Or le dégoût viendra, tôt ou tard, de confronter l’ambition, l’ampleur, la volonté et le projet potentiel et les réalisations, les à-peu-près, les ratages et les égarements.

Ce qui fut prévu.

Ce fut prévu initialement, par le christique. Vous vous égarez. Et vous vous égarerez ; ce qui se nommait péché, faute et au fond faiblesse. Mais cela n’abolit pas l’intention originelle (et l’intention originelle est celle déployée à l’origine de tout).

On a vu qu’il faut prendre non seulement au sérieux mais à la lettre ce qui s’est installé historiquement au point de formuler le cadre, invisible, d’une humanisation entière, qui a pu doubler l’humanisation par la personnalisation, lequel mouvement s’est imposé sur toute la planète puisque fondé sur d’une part le monde donné là (grec, le monde unique en-dessous de tous les mondes particuliers) et d’autre le sujet, ce qui veut dire l’arc de conscience en un corps vivant, singularisé cet arc et ce absolument puisque son unité ne tient pas à une composition (telles et telles déterminations) mais au je, purement formel, par lequel le reste apparaît (dans des champs intentionnels innombrables de toute l’existence humaine en tous sens ; c’est uniquement en résonance des signes que l’on organise la réalité).

Vous vous égarez parce que ce qui existe c’est la structure, la forme et non les contenus, quels qu’ils soient ; tout contenu visera à côté. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille abandonner tout projet, mais que la réussite même des projets vous poussera à délaisser la structure et ainsi la possibilité de stratégie. Aussi faut-il tenir au sujet ou à dieu, au christique, à l’universel, à la révolution, à la pensée, au réel comme formel, qui ne tient pas dans quelque monde (ou vécu) que ce soit. Ce sont les structures qui se sont réalisées dans le monde ; pensée ou sciences ou révolution et liberté et égalité ou personnalisation du moi-même existent formellement ; remplacer celles-ci c’est réduire les stratégies aux tactiques.

Puisqu’elles sont hors du monde et hors du vécu, les structures doivent être tenues en et pour elles-mêmes, sans substitution ; reprenons le mot de Kant et la pensée, le christique ou le sujet (ou le citoyen) imposent comme structures régulatrices ; Kant voulait explicitement non pas rendre impossible la métaphysique mais construire les finalités réelles (transcendantes) dans le monde donné (immanent). Si on retire les finalités réelles, quantité de finalisations s’y substituent ; mais le niveau descend, et continuera de s’effilocher, remplaçant des finalités plus ou moins valides par des buts et des envies de plus en plus immédiates ; qui chercheront à toute force à se matérialiser et ne se trouvant pas, s’enfoncent encore plus dans la matérialisation des intentionnalités, laquelle est un idéalisme, qui croit que dans le monde quelque ‘absolument réel’ se concrétisera ; mais l’image renverra toujours au miroir et du miroir il n’existe pas d’image, on y substituera image sur image mais jamais l’arc de conscience ne sera identique à ses contenus.

Comme il n’existe pas en soi, en lui-même mais exclusivement dans l’effet de se produire, ce sera absolument une actualisation et de cette actualisation on ne peut douter. Le cartésianisme n’est pas seulement épistémologique (établissant la possibilité de la connaissance), mais ontologique ; au sens précis que l’ontos, cad non pas l’être mais l’exister, se rend réel effectivement dans et par son activisme et donc son actualisation effective ( on assiste au cogito et chacun le produit en lui-même de cette monstration même, qu’on le veuille ou non, et quantité de sujets ont, au moins, entendu, ça leur est tombé dans l’oreille que « je pense donc je suis », cela suffit pour que l’intégralité du rapport leur revienne instantanément) ; de même que l’on apprenait « au nom du père » ou « je sais que je ne sais rien », en quoi lors même chacun voit bien que malgré cette déplétion il est, il existe, il est ainsi une certitude (ce qui s’exprime n’est pas ce qui se ressent) qui est ce à quoi il faut se confier, avoir foi, se convertir, et qu’il est impératif d’explorer. Certitude qui n’est pas une facilité mais dès lors (dès lors qu’elle prend conscience de soi comme conscience, comme rapport) cherchera d’une manière ou d’une autre à proposer ses conditions de possibilité(s). Elle ne s’accordera pas aisément à ‘elle-même’ puisqu’elle n’est pas, mais s’avère, de véridicité, prise dans sa propre réserve infinie, en suspension, en distanciation, en antériorité et prédisposition.

On a vu que le champ de conscience est bien plus étendu que le champ du conscient (et que le dit champ par ailleurs naît dans la différence du signifiant ; non pas qu’il soit causé par le signifiant, puisqu’il n’est pas dans le pouvoir d’un signe de créer un tel arc de conscience, mais bien plutôt l’inverse, une cervelle instancie un arc qui produit ou rend possible l’utilisation de signes, qui par ailleurs se rencontre déjà dans le monde des vivants). Et que précisément l’historicité à la fois dans les faits de structures majeurs (comme dieu, la pensée, le christique, la révolution, etc, qui déborde le je de chacun et très largement et pour le dire infiniment) et en tant qu’expérience vécue et éprouvée par un tel ou tel autre (dont ils se plaisent de mener le compte rendu, nommé œuvres) l’historicité nous instruit de l’étendue des prédispositions possibles, accessibles à chacun (et indéfiniment accessible depuis notre hyper méga développement humain et personnalisé du 20éme).

Qu’on le veuille ou non chacun est mis en demeure. De choisir, de dessiner son devenir possible (n’oublions et rendons à césar que Nietzsche est tout entier occupé d’auto-affirmer son identité potentielle, de « puissance », ce par quoi débute le siècle en somme). De même que la constante exposition du genre humain dans la myriade de représentations, multi-accessible de partout, des romans aux séries tv, de l’imaginaire ou de l’enquête policière (traquant le mal), de la télé-réalité aux fantasmes de toute sorte (y compris sexuels) nous offre le spectacle de nous-même ; incrustant en nous tous nos images, mais alors est-ce pour nous convaincre (d’une telle identité imaginaire) ou pour nous projeter et décaler face aux représentations toutes extériorisées ?

Le je lors même qu’il doute, se renforce ; il sup-pose son existence déjà-là, en dehors de l’identité ou la non identité.

Et cette supposition est un affect. La certitude, qui deviendra l’auto-affirmation de Nietzsche ou la complexité néanmoins affirmative de Lacan, finalité d’une psychanalyse ; que le possible revienne accessible, qui était figé. Cet affect est la prédisposition extrêmement mystérieuse de soi. À la fois déjà acquise et en même temps modifiable, transformable, renouvelable ; le christique, le sujet et les œuvres (si l’on rencontre la poésie par ex ou la révolution), mais aussi la pensée ou dieu, l’aperception reconnaît son cheminement.

De cela la parole très étrange ; « Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables, sous son regard, dans l’amour. »

Au sens où cela exprime la circularité non close ; en somme la spirale qui revient sur elle-même par elle-même ; elle doit exister, se manifester pour que prenant acquisition de son existence, de sa vie, de sa manifestation, elle revienne sur sa décision. Selon le principe ; il y a réalité afin que se jugeant elle-même elle se transforme et le substrat supérieur de cette manifestation se nomme (ou est délimitée) comme étant le réel de la réalité. C’est pour cela, à cette fin que la réalité se voit, se perçoit elle-même.

Rappelons que le réel est plus grand que lui-même ; le réel étant déjà là (sa question ne se pose plus), le problème devient ; qu’est-ce qui est, dans le réel, possible ?

Et on a admis (c’est ici l’hypothèse formelle globale) que si le possible est le réel, alors il devient ; le possible devient ; il cherche à devenir encore-plus, encore plus loin, plus élevé et cherche son articulation dans sa perfectibilité (et non sa perfection, qui est une idée fétiche mais incompréhensible).

Dit autrement le présent, l’exister (considéré comme étant la dimension même en laquelle tout le reste se déroule) suspend la totalité des réalités (mondes et peut-être pluri-univers) et des réalisations (humaines ou non-humaines), et dans cette suspension le mouvement structurel travaille et travaille à rendre encore-plus vraies (cad articulées) le réel au travers des réalités et des réalisations.

De même la suspension du jugement de soi, son affect, sa perfectibilité (qui est divinisée de fait par le christique) ; nous existons afin de nous modifier, de transformer la forme de notre être, de travailler l’exister de notre être (notre être est l’image dans le miroir, afin que le miroir se perfectionne, lors même que le miroir n’apparaît pas … c’est tout le secret du je, de la structure-sujet, et occasionne la foi, la conversion, à ce que l’on voudra : de se confier-à).

Et ainsi le je est affecté à l’épreuve de lui-même (atteignant par là ce qu’il ignore de lui-même et notamment sa capacité, minuscule mais suffisante, puisqu’un seul signe modifie la phrase), il est ou devient sa passion, et d’autant qu’il prend conscience de ce mouvement, de cette auto modification ; le moi croit qu’il perçoit réellement, mais c’est faux ; il existe des re-plis, des re-plis qui l’attendent (su fait de vivre) ou des re-plis à-venir si jamais il lui prend de rechercher sa Possibilité, qu’il rencontrera peut-être sans le vouloir au détour de telle œuvre ou telle expérimentation, mais à condition qu’ensuite il le veuille ; c’est le problème de la conversion (en quelque élévation que ce soit) ; il faut tenir ce que l’on a Vu. Lors même que ce qui est Vu est bien évidemment invisible, puisque de l’ordre de la structure, du réel de la réalité.

On considère, ici, que cette expérience de la structure brute s’est donnée telle quelle (sous diverses formulations ou révélations, au choix) puisque bien sûr si notre être est un rapport celui-ci s’informe de sa propre relation, et s’instruit de son propre possible, accroché (fonctionnellement) et peut-être suspendu (dimensionnellement) à l’arc structurel. Sous diverses formulations ou révélations, au choix, donc mais diverses révélations affinées en comparaison de la puissance initiale, laquelle est infinie, littéralement, puisque l’on admet que le réel est plus grand que lui-même, ce qui veut dire que le réel travaille l’infini par l’infini ; l’infini est cela qui recherche l’encore-plus infini, ceci constituant la finalité même de l’infini, cela qui use du fini afin de se voir et de se transformer (le fait même de se voir le transforme).

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Tout corps vivant plongé …

16 Octobre 2021, 08:26am

Publié par pascal doyelle

Tout corps vivant plongé dans l’horizon de la conscience,
ne souhaite que disparaître.
Parce qu’un vivant se ressent comme centre de son monde (afin de répondre aux dangers),
et de tout regard extérieur porté sur ce corps il se dit ; il va me manger.
Or ce regard est le sien.
L’arc de conscience est en nous tout à fait autre et on ne perçoit pas seulement l’horizon du monde (ou du vécu ou du corps)à partir d’un point central (le vivant),
mais on se perçoit à partir de cet horizon.
Du dehors.

Et ainsi ce corps vivant se réfugie bien vite en sa petite niche ; le moi (ou la communauté).
Évidemment plutôt que de se replier en un moi, il devra faire l’effort d’explorer cet horizon de l’arc de conscience qui l’a transporté, qu’il le sache nommément ou non, à l’autre bout de la réalité.
Soit donc sur le Bord, le Bord du monde, de la vie vécue et du corps, arc-bouté par le champ intentionnel, qui est constitutivement un Bord.

La structure psychique spécifique est la paranoïa. Voir Lacan et sa thèse sur les sœurs Papin. Une conscience, intentionnelle donc, part du principe que tout ce qui vient est signifié, pourvu d’un sens. Évidemment elle s’éduque afin de réinterpréter plus objectivement ou subjectivement du reste (en assignant une interprétation par autrui, admis lui-même comme sujet, ce qui réclame une construction). Ce qui veut dire que quelque signe qui vous vienne, vous le prenez pour vous. De sorte que la circularité de la conscience perd sa capacité d’ouverture, et donc d’architecture, pour basculer dans le centripète et/ou la hiérarchie roide. Pareillement le christique est de fait la monstration de la haine de tout ce qui appartient au monde envers le un tout-seul. Et sa réponse, sa restructuration de l’architecture du possible pur ; le par-don, l’amour et le regard du Père (si on le perçoit comme étant le Fils, alors c’est que l’on admet en soi-même le regard du Père, il n’y a de Fils que pour le Père ; soit donc le regard délivré). De même que Descartes, soudainement, on ne sait comme ça lui vient, réintroduit le regard sur ‘soi’, et se tient suffisamment en grande estime afin de générer la générosité en tant qu’affect fondamental de soi (et justifie de cela qu’il y ait des passions structurelles du je ; refusant, donc, que les « passions » soient réprouvées abstraitement ; de là les passions de « l’âme », et non les passions immédiates).

Il est ainsi une quantité actuelle du je qui permet à la structure sujet de passer de l’indéfini rapport (la suite indéfinie des nombres par ex) à l’infini réel (dont on ne sait pas du tout ce qu’il peut être, puisque l’on a substitué au dieu-infini, le dieu perfectible ; dont la structure absolue, formelle est précisément qu’il peut (encore) devenir ; étant entendu que toute réalité déterminée est déterminée… cad morte, déjà).

De ceci que l’activité du je est requise afin que la structure sujet déploie ou commence de déployer sa capacité, la capacité de cet « être » spécial qui est à lui-même son rapport ; ce qui se nomme conscience.

Conscience se dit de cet être qui n’est pas un être (déterminé), et qui porte en sa nature même, en sa structure d’augmenter le réel. Et ce via une astuce (ou une destination logique et structurelle) qui consiste à se déterminer par et dans un rapport ; soit la faculté de signifier ; d’apposer des signes vers les perceptions, augmentant celles-ci, les détaillant, les précisant, les réorganisant, les transmettant, etc. Cette faculté de signifier veut dire qu’en avant de tout signe s’active l’intentionnalité, et donc la conscience ; qui est et n’est pas, à la fois, une magie ou un mystère ou une structure étrange (relevant soit d’une fonctionnalité réelle émergente, soit d’une dimension suréminente, mais dans tous les cas transcendante ; l’unité de conscience est toujours plus grande que tout contenu de conscience). Une magie ou un mystère ou une structure étrange puisque tout en maintenant la détermination (il n’est, à proprement parler, que de la détermination, puisque le réel, le présent, l’arc de conscience existent formellement, en tant que structure), la nature, la réalité, dieu ou la dimension réelle contournent cette détermination (qui périt, qui disparaît, qui est momentanée et ne dure pas au-delà de son déterminé) en usant de la détermination (le signe et la perception) pour se-signifier et tenir cette auto-signification ; l’unité du je accompagne toute pensée, disait Kant ; en vérité c’est plus subtil (mais la phénoménologie viendra après Kant), puisque ça n’est pas le je, le sujet qui est supposé en toute pensée, mais le champ intentionnel qui lui-même par ailleurs ‘accompagne’ beaucoup plus que la pensée consciente conceptuelle, et use de tous les champs (de la perception aux idées en passant par les signes de toute sorte et les affects effectivement réels).

Donc il faut le déployer comme champ ou arc. Et cet arc prend le corps, vivant ; récupérant tout ce qui peut venir du corps vivant) ; en propulsant ce corps au-devant, dans et par la perception (enfant on obtient, incorpore la conscience des autres, puisque enfant l’arc de conscience n’est pas complet, il n’a pas d’interne et d’externe, d’intériorité si l’on veut et donc pas d’extériorité ; le passage dans ce maelstrom impitoyable, de la distance, de la coupure est désigné en psy comme « castration », ce qui veut dire que l’on se sait ne plus être le centre du monde, et qu’il faut rétablir une connexion d’avec l’extériorité, par le désir, les désirs, sauf que ceux-ci risquent de se coincer, ou répéter en boucle, dans la névrose ; dans la psychose la distance n’a pas été intégrée, de sorte que l’irréel envahit par exemple les perceptions ; ce qui repousse l’irréel c’est la distance de conscience, la construction, intentionnelle, qu’elle parvient à établir (et bien que l’irréel revienne sans cesse) et donc selon ce principe qu’elle se perçoit elle-même de l’extérieur. C’est le point-autre (dieu, autrui, l’objectivité, l’horizon, etc) qui, puisque la conscience s’est décentrée (n’étant plus figée dans tel contenu ou quelque contenu que ce soit), rend possible que les contenus, les représentations, les perceptions, les désirs défilent ; pour que se déroule la multiplicité des mots, des signifiants il faut que l’arc de conscience, de chacun, soit décentré, qu’il ne tienne à aucun contenu, et que donc l’attache de l’arc de conscience au corps soit non-dit, soit juste un signe, sans signifié, sans lourdeur, sans épaisseur (que l’on ne peut donc jamais atteindre, qui recule sans cesse pour que les signes puissent glisser), mais qui assume (ou pas, et plus ou moins) l’épaisseur du corps (impénétrable, massif, matériel, raison pour laquelle, également, chaque conscience doit passer par l’autre-point de vue, extérieur, afin de transformer cette matérialité en signe, pour-une-autre-conscience, en distance et donc pour que le je puisse naître, dans le champ ainsi créé).

L’arc de conscience se suppose afin non pas de revenir à soi, mais de se lancer autre que soi (puisque « conscience » étant un rapport est déjà toujours autre, ce qui rend le moi fou). Ensuite, par contrecoup (puisque l’extension de l’arc provoque une angoisse cataclysmique au vivant, qui, lui, se ressent comme le centre du monde, question de survie, il vit dans son milieu et non dans l’horizon) le moi se crée un cocon ; il fixe son objet (ses objets et le capitalisme, libéralisme, etc, s’emploie à lui en fournir en quantité) afin de réguler son unité, laquelle est dynamique, et non pas « substantielle », il croit en la substance de l’objet et donc en la sienne, mais c’est une substantialisation par substitution, il y investit son « être » ; et lorsque son objet le déçoit, il s’effondre, du mini au supergrand effondrement de ‘soi’).

Évidemment plutôt que de se replier en un moi, il devra faire l’effort d’explorer cet horizon de l’arc de conscience qui l’a transporté, qu’il le sache nommément ou non, à l’autre bout de la réalité. Soit donc sur le Bord, le Bord du monde, de la vie vécue et du corps. Disions-nous. Chacun, au sortir de son enfance, c’est retrouvé perché sur le Bord. Se donne ainsi, si immédiatement et parfois si instantanément, la source de tout ce qui est, faut, sera. Le présent hyper actif qui déplie toutes les réalisations, naturelles ou humaines, collectives ou individuelle. Et son rejeton ci-devant l’arc de conscience dans l’arc du présent qui entame de manière encore plus précise l’actualisation. Il y a un présent afin que s’actualisent les réalités, et il y a un arc de conscience afin que s’actualise l’encore plus grand possible.

À savoir ; au lieu que le possible de la chose déterminée seul soit (sur le plan de l’être donc), alors s’invente, se crée ou est révélé le possible de cet être qui est non plus une détermination, mais le rapport lui-même (il quitte le plan de l’être pour entrer dans celui de l’exister, les êtres sont les effets d’un plan transcendant ; le présent formel ou/et l’arc de conscience). Le rapport lui-même et donc tout rapport possible (au lieu de telle ou telle détermination).

Nous n’avons pas, évidemment, pensé le rapport en tant que réel formel, mais nous l’avons dénommé ou il nous a été révélé comme divin ; le divin comme réel séparé du monde (le sacré est dans le monde une partie réservée du monde). Il débute par la seule volonté (dieu comme Intention) et par l’universel, l’universelle intentionnalisation ; toute conscience-de, quoi que ce soit, est déjà en elle-même universelle, au sens d’universalisation ; elle joue de signes, et un signe est un rapport, que la pensée entretient comme organisé, et donc en (se) situant comme pensée ; elle doit se savoir, savoir qu’elle pense et produit des rapports ; si elle pense seulement, si l’on veut, des choses (le sacré comme soleil, lune, saisons, et autres dieux naturalistes ou magiques ou de la mondanité ou du groupe particulier) on s’attache à tel contenu déterminé ; mais si on comprend que l’on produit les dits contenus, alors on commence de délimiter la capacité de produire des contenus, des représentations, cad que l’on comprend que l’on pense ; que l’on sait l’activité même en tant que telle (et non tel ou tel effet, auquel on accordait sa croyance).

Dieu (l’intention du un tout-autre), la pensée (le tissage universel organisé et conscient de lui-même, qui sait qu’il pense), le christique (qui introduit l’intention en chaque corps humain, sous le regard du un tout-seul), le sujet (qui est à lui-même le regard, le rapport qui se sait comme je), la révolution (qui partage universellement le sujet, selon la liberté et l’égalité).

Le moi, aboutissement de l’historicité (la personnalisation ayant doublé l’humanisation, l’individualité l’universalité, etc, l’humanisation est excellente mais il faut que chacun se sente, de tout au fond de lui-même, concerné par la réalisation humaine et en sorte que l’individualisation paraît le sens le plus concret de celle-ci) le moi donc est au plus proche du je ; par quoi le moi peut saisir qu’il n’est un moi que par et pour un je, un sujet qui, lui, existe.

De là qu’il faille récupérer, chacun, l’historicité ; ce par quoi s’est réalisée l’espèce humaine, et notamment son articulation tout à fait absolue, cad formelle, que tous les rapports sont accessibles, a priori, par cet être qui n’est pas un être mais le rapport à soi du rapport en tant que rapport (ou donc le moi est un des rapports, évidemment tout à fait crucial pour chacun, un des rapports de tous les rapports possibles, de même les nombres désignent la chose qui a rapport à elle-même et est une avec elle-même, on peut la décomposer et recomposer avec des uns, lorsque les unités, les éléments qui la composent sont repérés).

Et de même la psychanalyse ne permet pas de résoudre le problème du moi (son origine qui recule sans cesse, puisque la coupure dans le corps vivant est ce qui crée qu’il y ait un « moi », selon un regard-autre, autrui d’abord, l’autre en général, cad le signifiant ou le langage, et l’Autre, cad le regard diviseur qui non pas nous écrase ou nous dissout, mais nous fait-exister (et non plus être seulement, puisque l’on est ce que l’on est, mais on existe pour-soi parce que perçu, du dehors, d’un point-autre). Et le truc, l’astuce c’est précisément que l’on ne va plus seulement être sous un regard figé (autrefois) mais que l’on va récupérer un regard, neuf pour ainsi dire, autre, divergent, second peut-être (puisque le premier est inamovible) mais suffisamment réel pour que l’on s’en serve d’une manière ou d’une autre comme d’un levier ; aux désirs fixés ou répétitifs ou coincés, on va recréer d’autres désirs qui nous offriront un nouvel air frais ; c’est cette capacité qui souffrait, acculée, écrasée, obsessionnelle, angoissée, enfermée, etc. Non pas une résolution mais un ajout ou la possibilité d’un ajout, qui, enfin, nous délivre.

Cet ajout du second regard est celui de la distanciation. Et cela revient à prendre conscience de soi en tant que je. De non plus croire en tel ou tel contenu, mais à saisir que l’on est ‘cela’ qui désigne les contenus. Le cogito n’est pas seulement une opération épistémologique, mais un saisissement existentiel et pour le dire ontologique. C’est la distance du réel à lui-même, au moins en cet être spécifique du je, qui se révèle. Aussi s’entretient-on dès lors directement avec dieu, l’infini, l’absolu (des allemands par ex qui tenteront de combler la distance en absolutisant la conscience dans l’idéalisme), ou le structurel (et Lacan s’en aperçoit bien qui dialogue avec Descartes, Descartes si « spécial », dont il se conçoit comme l’envers de la face, le ‘je suis où je ne pense pas’, puisque le conscient dissimule le sujet inconscient).

Et donc dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution (et ses dérivées) semblablement ajoutaient une possibilité, et non plus individuelle ou psy ou psychologique ou vécue, mais globale, collective, idéelle, singulière (le christique et le sujet) ou historique ; une porte du possible brut ; qui comme tel n’est pas écrit du tout ; les juifs ne savent pas ce que ce dieu unique « veut » ; les français ignorent ce qu’ils voudront mais aussi ont voulu en quelques années nommées « révolution », on n’y a pas compris grand-chose mais l’ont décidée, cette révolution (de quelle historicité profonde fut-elle choisie?) ; le moi ne comprend pas qu’il soit un je ou un sujet et encore moins une structure-sujet, fonctionnelle (cad permettant qu’il y ait une réalité dont il est la cause structurelle) ou dimensionnel ; cette structure valant comme réel en lui-même, les choses, les êtres, les groupes humains, les mois sont mais ce qui existe c’est le présent et l’arc de conscience ; cela seul existe et on ignore ce qu’ils désignent, ce vers quoi ces deux formes (arc de conscience dans l’arc du présent) indiquent, orientent, et invisibles mais bien plus réelles que les choses ou les êtres, et la décision intentionnelle, tout au long d’une vie, est la cause de toutes les aventures et mésaventures qui pourtant paraissent seules visibles, et éprouvées.

Or la finalité, ici, est de saisir que nous ne sommes pas réduits à un tel vécu, mais que précisément c’est le non visible qui est véritablement éprouvé. Et que les expérimentations et les explorations et les élévations et leurs affects repartirent activement à l’assaut de la sustentation du corps vivant passant dans l’outre-dehors, le regard affreusement ou étrangement ou mystérieusement ou divinement externe. Ce que l’on nommera peut-être les affects réels.

On a trop pris l’habitude de désigner comme affects les émotions et sentiments du moi, du moi psychologique ; déjà la psychanalyse étend l’attention à d’autres sortes de retentissements et même met à jour d’inhabituelles considérations, repérages, étayages. Pareillement et presque parallèlement l’existentialisme. On ajoutera que les sentiments du moi, eux-mêmes, s’imposent, au moment de leur apparition (dans la poésie, la littérature, les romans) comme des nouveautés (d’où l’engouement). Et la prise en main industrielle des affects est d’autant plus insupportable et pour le dire ignoble, immonde, cad pornographique qu’il s’agit précisément des affects ; du raccord de la conscience au corps vivant, littéralement son intimité (que Lacan projettera comme extimité, afin que le je récupère une intimité, décomposée par les signifiants extérieurs ou figés ou passéifiés). Puisque ce corps, vivant d’une part et humain d’autre part, est également ou se découvre dorénavant personnel et singulier ; mais s’ajoute donc cette étrange position d’un être qui constate l’étendue de l’existence, et prend de plein fouet la persistance du réel.

Mais il ne faut faire l’impasse sur l’ensemble de tous les affects, des plus extensibles possibles, qui tentèrent durant des siècles d’élever le je ; certes le je ne se signifiait pas comme tel (il faut d’abord attendre Descartes et Pascal, qui inventent le « moi »), mais précisément chacun essayait d’augmenter son unité en propre (que l’on ne pouvait pas qualifier de personnelle, puisque la personne ne s’imposait pas dans la représentation), ou de l’intensifier selon les grands opérateurs que sont dieu, la pensée ou le christique ; c’était bien ce mouvement de percevoir plus et autrement et de créer ces champs étendus de considération, d’attention, de découplement (par lequel chacun s’extrader hors de tel ou tel groupe).

Si l’on remonte en mémoire toutes les aventures consignées historiquement depuis le judaïsme, les grecs, le christianisme, littératures et poésies, elles se traduisent toutes par des afflux d’affects. L’effroi de moïse qui ne peut contempler dieu ou le sentiment de l’absurde existentiel lorsqu’un je s’aperçoit que l’existence existe. L’étonnement des philosophes ou l’ennui, le spleen moderne de Baudelaire. La folie illusoire et idéaliste de Quichotte, décalage fantastiquement étrange, ou le suicide de Werther. Jusqu’au sur-sentiment de Rimbaud ou de Nietzsche. Bref il y eut quantité de sentiment de soi ou de l’existence, de la vie, du monde, des autres, etc ; ça n’a jamais cessé, et c’est seulement très tardivement que ces affects (monumentaux parfois, souvent élevés, universalisés et universalisants de sorte que le moi s’y reconnaît moins) que ces affects donc furent attachés au moi psychologique, individualité et immédiateté, le moi ce qui veut dire le je concret, concrétisé à la suite de la dé-couverte, mise à jour et donc invention, création à partir de la liberté (qui ne s’entend que d’un je) se prêtant comme une vie vécue, et de l’égalité (qui communique et transmet cette liberté, ne se limitant plus à la rivalité).

L’affect n’est pas en lui-même un en-soi, une essence fixée, mais un devenir et le réemploi du corps par l’esprit, ce qui veut dire la restructuration du corps vivant par cette autre-surface du corps qu’ajoute l’intentionnalité et ses champs (innombrables), la surface des signes, ayant à passer outre la paranoïa primitive. Et cet affect est constamment remodelé et bouleversé par le positionnement de l’arc de conscience sur, vers et par le réel, en tant qu’il crée des champs de réalité, de réalisations, mais aussi qui mesure la, les distances de dieu au monde et à son peuple, du je abandonné à la haine de tous, du sujet qui s’accorde à lui-même dans son équation (cogito), du drame ou de la tragédie de la vie vécue individuellement, de l’incroyable évidence de l’exister en tant qu’autre absolu, cad formel, et existentiel, ce qui veut dire ontologique.

Rappelons que dieu est l’initiative de l’intention, la pensée son augmentation, le christique son intensification (qui déplace soudainement chacun face à la mort), Descartes l’accélération, et la révolution sa concrétisation, sa réalisation effective dans le monde humanisé puis personnalisé.

La concrétisation millimétrique, d’un corps vivant dans son aperception de lui-même (rendue possible comme autre-surface qui génère ses propres affects), la création du sentiment de soi (qui n’est possible que via une autre-surface du corps qui se re-présente son unité ou ses possibilités et ce donc par, et pour peut-être, un regard autre, externe, divin ou structurel) qui n’est pas accessoire ou second ou immédiat ou facile, mais extrêmement concret et requérant évidemment que chacun participe de fait de et dans sa propre histoire et aperception.

Du christique au moi il est une seule négociation continuée d’avec le regard, cad l’intention que l’on existe et que l’on sait, mais ne connaît pas, une élaboration continuée, et à la source, l’angoisse, le vivant surpris dans la paranoïa constitutive et autrui sans cesse soupçonné de dévoration potentielle, très sartriennement au fond.

Dont on ne voit plus que le divin s’imposait comme renversement du sens, de la signification, de l’affection du regard. Pour sortir du gouffre intentionnel : le point le plus autre (le père) et celui venu nous chercher (en s’incarnant), de même que le je venant à s’actualiser ici même sereinement, souverainement, cartésiennement, ou la tentative de résolution de soi-même comme équation lacanienne, qui essaie de piéger le signifiant, cad le rapport inactuel dans l’actualité.

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Perfectibilité brute

9 Octobre 2021, 08:14am

Publié par pascal doyelle

Si le réel a pour finalité la perfectibilité (et non la perfection)
alors que l’on ne s’étonne pas de sa brutalité.

Tout le néant existe, tout l’être existe (être au sens générique). Le principe du réel est le possible.
Il n’y a pas de question qui puisse être posée quant à l’existence du réel ; il est le possible et réalisé entièrement. Si le possible n’existait pas il n’y aurait ni néant ni être, mais juste l’absence de tout.
Les questions ne commencent que par le réel lui-même ; comment s’organise-t-il en lui-même ?
Mais dès lors si le principe st le possible, il n’y aura pas de résultat figé ; le possible demeurera encore et toujours le possible. Pour résumer ; le réel se fonde sur lui-même pour se rendre encore plus possible et non afin d’obtenir une réalisation figée de lui-même ; il n’y a pas perfection (comment alors la perfection a-t-elle, pourrait-elle sortir d’elle-même et produire un monde non parfait ?) mais perfectibilité. Il y a réalité afin que se percevant le réel avance plus encore en et par lui-même.

De même s’il est perfectibilité, le réel suppose absolument en son sein toute l’altérité possible. S’il est rapport alors il rend indubitables tous les autres rapports. Et dans cette logique des rapports ceux-ci doivent se rapprocher de la plus grande, toujours plus précise réalisation, soit donc de la plus aiguë possibilité.

Ce qui est mis en scène c’est la capacité de plus perfectible organisation. Non pas d’une organisation fermée, mais d’une organisation qui rendra encore plus présente et active la réalisation.

La finalité pour un arc de conscience (qui est un rapport) est d’instruire encore plus de rapports.

L’universel par exemple, est l’universalisation, un processus qui est inscrit dans la structure même de l’arc de conscience ; lequel est un rapport et l’universel le tissage de rapports organisés. Mais le sens de l’universel, comme de la conversion des perceptions en signes (en couleurs significatives, en formes) s’adressent à. Ils s’adressent à un sujet ; ils étendent, ce sens et cette conversion, la perception, parce qu’ils la font entrer dans un champ plus spécifique mais spécifique ne veut pas dire spécial (qui serait réservé à une partie du monde), spécifique veut dire ; le champ qui porte plus loin telle détermination, qui lui permet d’entrer dans un possible plus grand.

Aussi bizarre que cela puisse nous sembler (la phrase ; comment se fait-il que les mathématiques ou les lois physiques correspondent aux réalités étudiées ?) il apparaît que le donné soit susceptible d’être ré-exprimé dans des formules, et des formules qui agrandissent la perception (on a vu qu’il s’agit toujours d’exprimer des rapports, un étant égal à un et désignant la forme de l’objet, tout relevant la forme de l’unicité ; il y a un espace-temps qui rend unique chaque point) ; on perçoit plus de choses sous la formule, physique, mathématique, mais aussi sous une idée on rassemble et même on aperçoit plus de réalités, et de manière générale sous une idée on énumère encore plus d’idées, ce qui n’a pas en soi de fin, de même que la suite des nombres infinie, sauf qu’en définitive l’horizon des idées, de toutes les idées, est un je, une conscience.

La vérité est que les signes s’utilisent afin de créer des perceptions, lesquelles sont réelles ; puisque la réalité n’est pas un ordre mais un possible ; l’arc de conscience crée une interprétation (des réalités ou de lui-même) mais ces lectures sont réelles. Que tel universel soit vrai, ne signifie pas qu’il soit intégralement ce qui est, mais une partie de ce qui est (possible) ; si l’on veut il existe toujours un universel plus grand qui englobe le premier (ça se constate dans notre historicité même). Et cela vaut également pour la position ontologique ; on ignorait le dieu un tout-autre avant qu’il paraisse (ou se révèle) ; on ignorait le corps-christique (de chacun) ; ou le rapport à soi du sujet (cartésien ) ; ou la révolution liant liberté et égalité. Ceci toujours nous indique le sens de la perfectibilité (qui n’a pas, a priori, de cesse ; ce qui veut dire que dieu ou le divin ou le dimensionnel eux-mêmes progressent, avancent ; ce que nous révèle le divin ou le christ, et que ces positions, ontologiques, touchant au réel et non à la réalité, ça n’est pas une puissance du monde mais un potentialité structurelle, l’amour christique par ex la foi en la foi).

Rien ne dit que ces tissages (maths ou autres) soient les seuls et derniers tissages réels ; il existe probablement d’encore plus grandes « mathématiques » qui intègrent celles-ci, d’encore plus grandes idées philosophiques, d’encore plus grandes Intentions. Il faut réfléchir quant à l’instanciation d’une « conscience plus grande » ; dans ses contenus ou ses possibilités peut-être, mais surtout dans sa nature, sa structure ; conscience étant le rapport, on n’imagine ni ne pense un « demi rapport », bien qu’en lui-même il peut obtenir une encore plus grande perfection, de structure en ce cas ; aussi les expressions « à l’image de dieu » et « frères du christ » « adoptés » veulent dire ce qu’elles veulent dire ; il n’y a pas trente-six manières d’avoir conscience-de.

De deux choses l’une ; ou la cohérence est dans la pensée, les idées, les maths ou les lois. Ou la conscience est ce qui est capable de la cohérence, des cohérences différentes (esthétiques par ex, éthiques, politiques, évidemment, etc). Peut-on concevoir ou imaginer une cohérence « dans » une idée ? La pensée crée-t-elle la conscience ? Ou la conscience n’est-elle pas cette structure qui rend, entre autre, la pensée possible, et donc comme expression de sa vision ?

Si on croit que la pensée contient « de la conscience », on ne voit pas du tout ce que cela signifie. C’est seulement que l’on prête l’activité ‘de conscience’ à un ensemble de signes (qui ne sont rien d’autre, que des signes et non des «idées » ou une symphonie, qui n’a aucun sens hors de l’écoute par un je). On dira que les mathématiques sont vraies, mais qui dit que l’actuelle formulation des mathématiques est achevée et qu’il n’existe pas de plus grandes formules encore ? Et qui dit que les choses, physiques par ex, soient constituées de mathématiques et non que celles-ci sont juste des moyens, parmi d’autres peut-être ? ça n’est pas supposé abusivement, puisque de telles révolutions modifiant la perspective se sont déjà produites. Et on a dit que les nombres sont des rapports, du un sur le un.

Dispatcher la « conscience » en des tas de ses productions rend fou. Il est dans l’activité même de conscience de se voir partout ; de même que chaque moi, chaque moi-même ne sait jamais qui, de où, quoi le regarde. Est-ce lui, lui-même ? Non seulement pas sûr, mais bien plutôt on connaît la dérive énorme dite de l’inconscient… le moi, son identité plus ou moins consciente, est tel un îlot dans les signifiants, qui eux-mêmes, a priori, ordonnent les perceptions, les affects, les gestes et comportements, les regards d’autrui, les images, etc.

Si on avance que l’arc de conscience est absolu et formel, on ne veut pas affirmer par là qu’il est « tout ». il est au contraire dans sa nature même, dans sa structure, de se dévouer ; il est une structure, laquelle n’apparaît pas, jamais (mais se signifie et elle seule perçoit ce signifiant ou qu’autrui est une autre conscience), et n’apparaissant jamais elle met en avant, en place ou laisse advenir tous les contenus. La conscience n’est pas le conscient, qui doit définir tandis que l’arc de conscience trame des signes. Aussi le donné, la vie vécue, le corps, la perception entrent de fait dans le champ ; il suffit de les lier par des signes d’une part ou de glisser leurs densités entre les signes d’autre part (on perçoit quantité de nuances de bleu au travers du signe « bleu ») ; la faculté de conscience crée des signes, qui sont des rapports et permettent de voir au travers de ces signes, d’accumuler des perceptions mais également de se signifier ; et alors plus il lui apparaît qu’elle est seule existante, elle déploie, cette structure, et d’entrer elle-même dans son propre champ (ce qui se nomme dieu juif, pensée grecque, corps du christ, sujet cartésien ou révolution) remodèle toujours en totalité non pas les larges domaines seulement mais le centre de conscience, ce par quoi et à travers quoi elle se dé-place.

Elle se déplace et donc crée une stratégie. Stratégie est réservé exclusivement aux déplacements de l’arc de conscience dans le champ intentionnel de la conscience.et c’est pour cela qu’est requis une étude de ce déplacement. On tient qu’il est unique ; puisque si le réel est l’exister, soit donc une forme, sans contenu, indéterminé, il n’existe qu’un seul réel (le problème étant ; jusqu’où s’étend-il ? Et alors on peut installer, si l’on veut, dieu ou le divin, le dimensionnel ou équivalent). Rappelons que ‘le réel’ est indéterminé (ou « il y a de l’indétermination ») parce que le réel est le possible et qu’il ne convient pas que le possible (qui est juste la possibilité de la possibilité) soit quelque chose (auquel cas de possible il n’y en aurait pas).

Que le possible soit précisément cela qui est en jeu veut dire, pour nous, être humain ou toute espèce douée de conscience (cad d’un rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport et non une quelconque identité ; toute identité est quelconque par rapport au rapport-même), ce qui veut dire donc que l’on doit trouver une unité qui soit adéquate ; ainsi dieu, le un tout-autre, est purement une Intention ; le christique est l’intention ramenée au sol même et au corps de chacun ; le sujet est l’entrée de l’intention dans le champ de son intentionnalité (surpassant la pensée qui était amenée à définir objectivement un être universel, ce qui était encore trop) ; la révolution est l’inscription parmi les consciences coordonnées les unes aux autres dans l’élément (comme dirait Hegel) de l’activité de conscience (peu importe ce que vous désirez, décidez, projetez, pourvu que cela n’écrase pas les autres libertés, et que toutes se considèrent, s’admettent comme égales, par quoi la liberté se dote d’un véritable ‘contenu’, et est poussée à élaborer des contenus spécifiques « sous la forme de l’universalisation » comme dirait Kant).

De sorte que l’intention, la pensée et la conscience de soi sont instanciées dans la structure même.

Remarquons ceci ; que l’universel n’est pas en lui-même, mais se tient de ; se tient de la conscience comme activité intentionnelle qui relie par des signes et surtout voit au travers des signes ; elle ne tient pas dans le « langage », même si il revient à Lacan de délimiter la puissance du signifiant ; mais cela veut seulement dire, si l’on veut bien, que le signifiant est un rapport, qu’il est discerné sur l’horizon et l’horizon réel, du monde, du donné là, et d’autre part qu’il est discerné sur et par le corps même du moi, la ligne de signifiants passe au travers du corps, et produit qu’il y ait un moi, un conscient et un inconscient, un langage, etc, bref tout, tous les champs intentionnels.

Le signifiant (cad l’arc de conscience qui rend possible en tant que rapport qu’il y ait des rapports, des signes) coupe le corps vivant en deux, ce que ce dernier ne comprend pas du tout (au sens fort ; il ne saisit ni l’envers ni l’endroit, ni le début ni la fin, pas plus le premier terme que le dernier) et dans cette division (qui ne cesse jamais) se dépose un « moi », un « moi-même » qui n’est que si il existe, ou donc qui n’est (relativement) que si il existe dynamiquement, comme et dans le mouvement (il n’existe aucun champ intentionnel qui ne soit pas en mouvement).

Dit autrement ; l’être est, oui, la détermination, mais dans et par et peut-être pour l’exister, le mouvement. La matérialité (ex-énergie) est, mais dans le mouvement de l’arc d’exister. Les contenus de conscience sont mais pris dans la dynamique intentionnelle.

Ce que l’on voit, perçoit, ce sont les perceptions qui apparaissent d’elles-mêmes mais ne sont retenues que dans les filets de signes et à partir de là dans la dynamique collective, ou si l’on veut l’inverse; les filets collectifs sélectionnent les perceptions, puis s’appliquent individuellement, sauf que depuis la méditerranée le groupe n’est plus le monde ordonné (sortie du sacré et du ritualisé), et que, c’est un fait, seuls les sujets perçoivent la réalité donnée « là ». Au travers du langage et des systèmes de signes, créant de nouveaux langages, plus ou moins complets mais un langage est toujours incomplet (même les maths, dont on ne sait pas si elles sont prises dans un plus grand système encore). Et comme l’organisation, humaine, passe de plus en plus de transmissions individualisées en transmissions individualisées (le christ en fonde le réel pur et brut), chacun peut supposer la prédisposition de sa compréhension en tout autre. L’individualisation se propage, poussant l’organisé à grandir, agrandir ses cercles déconcentriques (la révolution rendant, au moins a priori, à chacun le mouvement de sa propre vie).

Mais la finalité fut de rendre à chacun sa capacité ; c’est le possible qui s’est soudainement agrandi. À quelle fin ? Qu’il puisse se propager encore plus ; et passer de l’organisation interne du je à la coordination externe de tous les je.

Bien évidemment le gouffre ouvert en chacun, en chaque conscience, que l’on n’a pas su ordonner et qui s’est déraisonnablement investi en quantité de baudruches, d’images, d’idée de soi-même, n’a pas permis de réguler l’intentionnalité ; qui est partie en tous sens, toutes les significations faciles et immédiates, accessibles et dont la finalisation s’est effectuée vers le bas, vers le corps, la satisfaction apparemment concrète du corps, plutôt que de postuler à l’impossible je, dont l’insatisfaction structurelle est absolue (rien dans le monde, la vie vécue, le corps ne correspond à l’arc de conscience, au je, au sujet, à la structure-sujet, au divin, qui ex-siste séparément).

En un sens la structuration de l’intentionnalité sous la forme du désir (qui s’adresse à des objets) tentait de fonctionner comme régulation de l’arc de conscience ; puisque cet arc ne peut que difficilement s’adresser à lui-même et se contrôler, il en passe donc via un média.

Autrefois dieu, le christique, la pensée et l’universel (dans l’historicité cela donne l’humanité, et l’humanisation de la révolution), et le moi essaie de se mesurer lui-même au travers de fétiches, d’images, de valeurs, etc.

Ça ne fonctionne pas vraiment parce que ce qui existe structurellement ne s’y retrouve pas du tout dans une réalité déterminée ; ce contrôle tombe toujours dans la détermination et finit par désirer des choses ou des objets donnés (ou fabriqués, et qui plus est fabriqués exprès pour attirer le moi, la conscience dans des signes déterminés).

Que la structure de conscience devienne à elle-même sa régulation suppose à tout le moins ceci ; qu’elle considère que tout contenu jamais ne se donne spontanément mais qu’il est produit (soit produit de par le moi ou de son organisé sociétal ou d’une industrie dédiée, etc). Et ainsi que lui, le je, ne s’adresse à rien ni à personne qui soit du monde ou du vécu.

C’est pour cela que le chrétien, théoriquement, ne retourne au monde ou même aux autres que via et par le christ ; rien ne vaut dans le monde sinon en empruntant la voie du regard absolument externe à tout. Seule la séparation garantit à la fois l’individualité du je (sans lequel même l’humanisation perd le sens, la qualité que par ailleurs elle actualise en propre ; si chacun ne se sent pas concerné par le devenir, l’histoire, le progrès, quelle que soit sa nature, l’humanisation sans personnalisation ne fonctionne pas ; les salariés ne sont plus des « ouvriers » et pourtant « ouvriers » définit tous les salariés) et l’élévation du je.

La structure du possible veut dire, individuellement, que chacun est découplé. Découplé en et par lui-même. Le moi se tient d’un horizon, le sujet veut devenir cet horizon, mais il ne le peut pas ; il doit se soumettre. Outre les différentes abnégations (par quoi on se dépasse soi-même), il faut saisir que le je est un rapport et qu’il n’est évidemment pas à la fois au début et à la fin du rapport. Il n’est peut-être même ni au début ni à la fin. Où se situe un « rapport » ? Il est le mouvement. Raison de plus pour que le moi soit envahi d’un horizon qu’il ne contrôle pas, qui se révèle qu’en vérité il n’y était pas du tout (il était, par ex, soumis aux signifiants, de la psychanalyse, ou du regard des autres, sartriens) ; le moi se tient d’un horizon qu’il croit contrôler mais cependant par les objets qu’il y déplace, objets qu’il entasse autant qu’il peut, horizon saturé en quelque sorte. Mais qui, de par cela même, vide le désir, l’intention, le projet, et écrase le moi au sol, au sol des déterminations.

Inversement le je se prend soudain de l’infinie possibilité ; qu’il peut interpréter comme « infini » (tel un signe) mais en vérité qui se dit comme perfectibilité. Non pas perfection mais perfectibilité. Supposant, sous-entendu, que le possible se réalisera … afin qu’il s’obtienne encore plus de possible. Dont on a dit qu’il, le possible, est dieu, divin, dimensionnel ou à tout le moins fonctionnel (il est cela même qui rend possible qu’il y ait une réalité et en l’occurrence cette réalisation qu’est l’humanité.

C’est pour cela (le possible du possible-même) que la finalité n’est pas du monde, ou du vécu ; ça n’est pas le possible du monde (ce que l’on pousse au maximum depuis 2 siècles, en bien, cela nous facilite la vie ou la rend complexe, ou en mal, en pure perte et distractions diverses qui tournent en rond, la financiarisation, par ex), mais la capacité toujours plus grande de la capacité.

Suivant le christique le divin est la foi elle-même ; autrement dit croire au point totalement éloigné du réel. Comprendre que dieu est amour, etc, oui, mais avant il faut croire qu’il existe un point-en-plus qui n’appartient à rien (et qui autrefois a créé le monde, cad tout, y compris ces petits rapports que nous sommes qui se tiennent du grand, et petits rapports faibles et incertains mais qui se constituent déjà, aussi minuscule cela soit-il, du grand ; le grand est déjà tout entièrement là, même minuscule ; un rapport ne se mesure pas, de même que l’on ne mesure pas le présent ou l’exister).

Et on ne mesure pas, ni ne représente, et ne peut aborder autrement que de le signifier l’arc de conscience ou l’arc de l’exister. Ce qui vient alors instantanément est outre mesure ; il s’agit de la communication du je à lui-même, et il se découvre autre, alors qu’il est visiblement un, et ne sait pas du tout où existe cet autre-je qu’il est. Mais il est, effectivement et réellement, ce je-autre ; le je est fondamentalement et structurellement autre ; l’altérité est son principe même ; ou donc il est cette sorte d’unité tout à fait incompréhensible qui est le rapport qu’elle est, et donc qu’elle existe.

C’est pour cela que chaque je est infiniment donc. Le rapport qu’il est renvoie indéfiniment à un horizon qui ne s’éteint pas, théoriquement. Théoriquement parce que l’on peut tout aussi bien considérer cet horizon comme une fonction, la fonction « réel » de la « réalité » ; le présent de l’actualisation des réalités, des choses, des êtres, etc. Par quoi déjà le transcendant précède l’immanence ou les immanences, mais transcendant qui ne « dure  pas ».

à l’inverse on peut supposer ou croire que le présent est intégralement, brutalement ou purement en suspension. Il est cela même qui dure. La forme qui précède et qui suit tout ce qui fut, est, sera. Tout est suspendu dans le présent et ce qui prédomine c’est le formel (raison pour laquelle on ne saisit pas le présent, et que l’arc de conscience ne peut pas se saisir lui-même, sinon il ne serait pas libre, mais seulement une partie de lui-même, une détermination dans la détermination ; il est une détermination dans la détermination mais en tant que signe, cad non-être ; le signifiant est la ruse qui permet à la détermination d’outrepasser la détermination).

L’horizon infini, celui que l’on ne peut pas maîtriser (doué du double rapport, un rapport étant toujours double, la fin devenant le début et donc littéralement infini) et auquel il faut se confier, est évidemment dangereux ; en ceci que l’on ne sait pas si l’on est fou, égaré, empli de malheur ou déraisonnable, névrosé ou psychotique, etc. Ou juste enthousiaste, ou réellement absolu. Le seul garde-fou est précisément le détachement ; il faut envisager sereinement la possibilité ou plus exactement la Possibilité. Cartésiennement, qui voulait conserver ce calme souverain de la certitude mais mesurée. Le je est indéfiniment, cad infiniment, ramené à la Possibilité.

Puisque cette indéfinité du rapport (qui ne se connaît jamais, comme une chose déterminé) dépend et se trouve lui-même dans le je qui le signifie et acquiert par là, en ajout à son indéfinité, son infinité.

Par exemple les nombres sont indéfinis, mais seul le je est infini (cependant uniquement dans son actualisation ; il lui faut le décider).

Pour lui cela veut dire que si on veut le « comprendre », commencer à peine de saisir ce je-là, autrui, il faut entrer dans son horizon. Mais évidemment on ne peut pas actualiser en nous l’horizon de l’autre ; cet horizon existe matériellement de fait, en tant que ce monde réel effectivement là et qui n’appartient à personne (dont on connaît 3 ou 4 %, grosso modo et autant que l’on sache et on n’en sait pas beaucoup), d’une part et d’autre part existe comme ce corps-là, la coupure par le signifiant de ce corps-là et qui, lui-même, se ressent à peine, reconnaît à peine son affect primordial, pour ainsi dire ; l’horizon d’un autre je est en soi, pour ainsi dire ; on ne peut pas percevoir tout la perception de cet autre je. Or cependant cet autre je peut tenter de susciter en nous cette perception radicale (cad à la racine, compte tenu que la racine est, pour une conscience, l’horizon, le je se tient d’en-avant).

Or ce qu’il va déployer ça n’est pas cet être qu’il est (Arthur Rimbaud, le bonhomme Arthur Rimbaud) mais il va signifier son possible ; c’est son possible qu’il nous fait Voir. On n’obtient de « salvation » qu’en avant. Lorsque l’on tombe-amoureux, on est en-avant et on fait tout ou attend que « cela » se révèle, que nous nous révélions nous-même ou tous les deux dans ce possible-là. Les français ne savaient pas ce qu’il allait advenir comme « révolution ». Les apôtres ne comprennent pas du tout ce qui se joue ; au point que le texte les prévient « vous ne comprendrez pas » avant longtemps. Montaigne joue entièrement l’ouverture de chacun au « moi-même », il inaugure qu’il est, au point que ses écrits sont lui-même et lui-même ses écrits ; chacun sait qu’il peut dresser son horizon et le déployer.

Et c’est cela même qui peut vous arriver, comme un coup de foudre ou comme une conversion (amoureuse, révolutionnaire ou poétique, etc). Des expériences tout à coup vous font voir ce qui va ou pourrait venir ; selon le possible et votre décision. Décision, qui s’étire ou se concentre depuis la lenteur ou l’illumination ; et dont on comprend bien qu’elles, ses expériences supposées, engageront tout votre être, votre vie et au-delà de votre vie (puisque ça n’y existe pas déjà et est seulement pré-vu, on ne sait comment) ; vous dévoileront ce que vous ne savez pas, n’éprouvez pas, ne recevez pas, pour le moment. Un possible qui ne retentit pas en vous déjà mais viendra comme révélation.

Et historicité.

Historicité en propre, la vôtre. Cela veut dire que si un éblouissement vous vient, révélant un possible possible, alors il y a de fortes probabilités que s’impose un devenir de cet horizon ; le propre d’un horizon est de placer difficilement ou aisément, obscurément et de plus en plus lumineux des « objets spéciaux » dans cet horizon, des stations dans ce possible, des déroulements du possible ; la nature du possible est de se réaliser.

Or il apparaît très certainement que la possibilité envahissant le moi dénoyaute radicalement (à la racine, comme ci-dessus, en terme d’horizon et non pas qu’il puisse résoudre l’équation du moi, consistant en signifiant/corps vivant, laquelle est inatteignable), dénoyaute pour le moi non son identité mais son intentionnalité, son existence sous-un-regard ; on a vu que le signifiant/corps vivant est, en tant que signifiant, un regard ; tout signe « contient » une intentionnalité, au sens de présuppose telle intention ; le moi qui n’est pas un quelque chose qui serait scindé en deux, il naît de la scission même (sans la coupure du signifiant le moi n’est pas, il ne naît pas, la « castration », qualification bizarre qui veut dire ; l’adolescent s’aperçoit qu’il n’est plus le centre du monde, il n’est pas «fou » donc et même si cette scission l’autorise à s’imaginer « être », ce qu’il n’est pas, parce que rien n’est ; l’être est second par rapport à l’exister, cad au mouvement et en l’occurrence l’arc de conscience comme rapport et ici regard ; peut-être est-ce pour tel moi le regard d’un autre autrui, mais de toute manière c’est toujours le regard de l’Autre, de la distance, par lequel il se perçoit du dehors, d’un extérieur, d’un horizon).

Si le moi parvient à se projeter dans une possibilité, c’est l’arc de conscience qui se crée instantanément comme intention en-avant, qui crée qu’il y ait un grand regard, une grande intention (dieu, sujet, poésie, révolution, etc) qui l’extirpe non pas « hors » du regard-signifiant (on ne peut pas) mais s’ajoute à ce regard ; de créer de nouveaux rapports (ou comme disait Lacan, la psychanalyse permet que le désir continue de se tisser, ou dit autrement qui engage bien autrement et autre chose que le passé du sujet, que la liberté continue de signifier ; il y a littérature ou éthique ou politique afin que le lien qui prédominait en tant que groupe autrefois s’élabore et s’invente à partir des je, mais le je n’indique pas le moi).

Cette capacité de conversion (ça ne peut pas se nommer autrement) est une foi. Cela même par quoi débute, s’initie toute notre historicité ; celle de dieu qui crée une nation, à partir de rien (littéralement, une forme, Israël n’est pas, avant qu’il soit appelé), mais aussi de la pensée, à laquelle personne ne croyait en son apparition, du christique évidemment et en tout cela il n’y a pas lieu, pas lieu du tout, de nier le même caractère d’actualisation.

Le possible ne se dé-couvre que dans l’acte, l’actualisation ; le réel vient au jour, à la lumière, naît, dans le présent. Le présent accouche de toute position du réel. Et on ne sait pas ce qui vient. Il n’y a pas un ordre préalable qu’il faudrait appliquer ; ‘où’ serait-il ? Que ce soit le possible qui arrive, veut dire qu’il ne vient pas du passé, ou de ce moi que l’on est, mais qu’il naît d’en-avant. Ce qui se réalise de notre vivant est inattendu, qui ne rendre pas dans les circuits déjà inscrits, pas dans l’image de ‘soi’, nous a déjà sorti de notre moi-même.

Or donc il faut en être prévenu, parce que sinon on le verra peut-être, mais on ne le retiendra pas. Un éclair et puis plus rien, sinon le monde atone. Et c’est la capacité d’un je structuré et prédisposé que de soupçonner l’élévation. C’est la nature, la structure même de notre attention qui génère une actualité réelle potentielle, dans la trame même du rapport qu’est un arc de conscience. Comment se prédispose un arc de conscience ? L’insondable décision d’être, de Lacan ? Une révélation, une illumination, une crise existentielle, une dépression, une conversion, une conviction, une certitude acquise, une disposition du corps, l’aperception de l’autre-surface du corps tissé de signes ?

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L’esprit de liberté et d’égalité

2 Octobre 2021, 08:43am

Publié par pascal doyelle

Montaigne ;
« c’est moi-même que je peins, je suis moi-même la matière de mon livre »

« étant hors de l’être, nous n’avons aucune communication avec ce qui est »

Reste le je. Qui lui existe (et n’est pas).
Et dès lors s’ouvre la possibilité de décrire l’ici et maintenant réel. Soit donc Descartes.

C’est Montaigne, ce français, sait bien que l’être est au mieux un concept opératoire (qui permet de subsumer quantités d’analyses sous son regroupement) mais pas du tout réel, une « solidité » qui n’est pas, sinon imaginée (le sujet transférant sa structure dans ledit concept, de même que l’on investit l’objet d’un désir, qui en vérité n’existe pas plus, il s’auto-suscite, permettant qu’un moi existe, dynamiquement, aucune moi n’est au repos, au pire il tombe en dépression, cessant tout désir). Le français est suffisamment arrogant pour ne rien placer au-dessus du je, et suffisamment lucide pour ne reconnaître que dieu, ou la révolution (la liberté de tous sous l’égide l’égalité).

Et donc que l’être ne soit pas, renvoie au je et à l’apparaître ; par quoi ce qui ‘est’ c’est le devenir, ce qui veut dire la possible. Et que la finalité du possible n’est évidemment de réaliser un « quelque chose », toujours quelconque, mais la finalité du possible est de réaliser le possible ; d’agrandir le possible (le réel est plus grand que lui-même).

On pourrait dire, pour les croyants (ici nous ne choisissons pas, sinon personnellement), que dieu est le plus des possibles ; raison pour laquelle il nous demande de devenir, vers le haut.

Le libéralisme américain n’est pas un système mais un laisser-faire inconséquent, qui dévore le monde et se dévore lui-même. Dans le libertarisme américain (et donc mondial) il n’y a pas de régulation intérieure. Le christianisme américain est un légalisme, sous une forme hyper communautaire ou alors en une généralisation avant tout morale de conformité, étouffante, engendrant d’énormes difformités, puisque le principe est la liberté, de chacun, selon son vouloir, conformité qui glisse conséquemment dans le pur libertarisme individualisé.

Qui sera du reste peut-être un très joli rêve, un rêve individualiste et naturaliste et idéal et peut-être sans péché, innocent, rêvant de son innocence, dont la substance même restera ce rêve ; les belles images individuelles et parfois grandes images de la communauté suscité par le héros, celles du cinéma américain, cette réconciliation messianique, au sens où le paradis devait se réaliser ici-bas, sur terre. Ce qui n’est pas christique du tout, qui ne se réalise qu’au-delà, ce qui signifie en esprit, en présence du divin qui est, lui, hors-champ, hors du donné.

Le cinéma est hors-la-loi, en bien et en mal. Clint est hors-la-loi, on ressent son rêve ou proportionnellement la fureur de son rêve, rendu au sol et irréel ; tout cela tourne en violence, ou se déplace sur la limite de la violence, même les gangsters de La horde sauvage n’obtiennent une rédemption que dans le plus brutal déchaînement. La loi, comme pour les juifs, la loi qui est extérieure, pousse au crime, par idéalisme ou par refus buté, par amour du monde sans doute ou de soi, mais dans tous les cas qui ne comprend pas que la vie a, par le christique, changé. Ça n’est plus la loi qui compte ; on ne peut plus vous juger, mais vous vous jugerez vous-même. Le cinéma émission du rêve, la série télé émission du cauchemar. Le fantastique quant à lui va incarner le mal, puisque tout est selon le monde, le donné, sorte de dualisme au final païen ou magique. Qui cherche à transformer l’esprit, auquel il faut se plier, en magie, que l’on serait en mesure de contrôler, par orgueil, amour propre, auto-justification, ténèbres. Toute conscience, tout rapport qui se croit des deux côtés, des deux termes à la fois s’égare.

Les anglo-saxons privilégient la liberté, chacun est libre originellement. Mais pas l’égalité. La liberté, toute seule, réclame une loi, qui sera tenue pour extérieure. Les Usa privilégient une Loi étatique limitée à la garantie des citoyens, mais non pas valant comme organisation ; la planification de la société est ou devrait s’imposer comme le contrepoint nécessaire au libéralisme ; le contre-pouvoir même, sans lequel l’entièreté du monde humain serait, et est de fait, privatisé. Et en découle une loi morale, une certaine « moralité », voire une démonstrativité, hypocrite en partie ; celle de la communauté des croyants, des fidèles, des villes dispersées dans tout le territoire américain, des églises, des sectes (à foison), et donc des morales personnelles, des « visions du monde », ce qui aboutit au communautarisme évidemment ; cette loi morale en tant que conformité. Ou une loi personnelle, qui ne fonde pas un monde (mais un Empire oui, qui ploie lorsqu’il ne peut plus s’étendre, plie sous son propre poids désordonné).

Originellement le christique ne relève pas de la Loi, et il n’est pas une morale. Il n’est pas une morale assignable. Ou plus précisément il s’ajoute à la loi, légale et morale. Et leur donne sens ; il rend justice non du fait mais de l’intention.

Les Américains s’assignent à la loi morale ; et donc passent, légèrement ou lourdement, en dessous de l’intention christique ; de sorte que leur christianisme finit par ressembler à un légalisme ; légalisme de type judaïque ou selon les prescriptions de toute société traditionnelle, communautaire, extrêmement diluée et tenant à tout le moins sur l’apparence (apparence de réussite ou de moralité). Puisqu’il n’existe pas d’auto régulation de la liberté (ce en quoi consiste l’égalité véritable) le risque est très fort de durcir la loi (légale ou morale) afin que chacun puisse s’appuyer sur ce légalisme pour maintenir sa liberté.

La France a conçu un tout autre projet (qui s’est appuyé évidemment sur les précédents anglais et américains ; là où l’indépendance du nouveau monde commence par « nous le peuple », cad une identité forte, la Déclaration est celle «  des droits de l’Homme et du Citoyen », une proclamation absolument universelle, qui sera copiée partout, hypocritement ou effectivement peu importe). L’égalité de liberté-égalité-fraternité est ainsi la régulation interne à la liberté et non pas une régulation externe comme la loi ; bien sur l’égalité se concrétisera dans des lois, mais ce qui se discute ici c’est la ressource interne de chacun qui puisse ordonner la liberté, pleine et entière et qui donc doit se composer elle-même, et non extérieurement, en tant que régulée. Égélité, cette prédisposition se présente de loin. Elle ne se crée pas de but en blanc et relève d’une culture.

L’égalité française est celle universelle ; elle consiste originellement à douter. C’est une anti-loi, ce qui veut dire que oui « il y aura la loi » mais comprise, passée au travers du doute ; qui signifie que chacun en sera convaincu (de par son doute même), et non pas recevra la loi de l’extérieur ; les américains restent rétifs aux lois qui empiéteraient, mais ne peuvent pas s’en passer et à la fois difficilement l’intégrer en eux-mêmes, ils garderont le réflexe de la liberté brute et pure.

Or la liberté « pure » c’est très bien (sans eux l’histoire ne l’aurait pas actualisée), mais existe-t-il une liberté « pure » ? La liberté n’est-elle pas justement la réflexion ? Et ainsi pas pure du tout, pas spontanée, mais réfléchie. La liberté pure aboutit et même s’initie par l’intérêt immédiat et donc plus loin à la non coordination des uns et des autres. À la rivalité et rien que.

La liberté-égalité puisqu’elle se présente comme principe (et non comme un état naturel) sait bien qu’elle ne se produit pas comme monde ; elle se concerne comme esprit, de chacun mais partagé et donc comme la plus grande impossibilité dans le monde. Et elle ne veut pas tant rendre réel comme un monde parfaitement réalisé sur sa propre base, que convaincre chacun d’entrer dans la dualité, le dialogue liberté/égalité, et possiblement fraternité ; les libertés ne sont pas jetées les unes face aux autres.

Posséder en plus de la liberté l’égalité, cad le doute et l’établissement de vérités passées au crible et partagées (dans le dialogue, la discussion, la confrontation, l’argumentation, l’exposition ne serait-ce) est bien différent d’une liberté idiosyncrasique, donnée telle quelle, en proie à ses décisions mais aussi à ses envies, et qui se fonde sur elle seule. La liberté toute seule a reconduit en Angleterre à la monarchie ; ce qui veut dire dans les faits à l’oligarchie, doublée d’un parlement et non à la notion de peuple souverain, de lieu symbolique de pouvoir vide et seulement formel (vide qui renvoie à chacun, le citoyen).

Évidemment il va sans dire que l’oligarchie, l’autoritarisme sans cesse reviennent. De même que les intérêts du monde ou les désirs, envies et autres bricoles. Mais c’est une chose de constater ces vagues d’immédiatetés continuelles et de leur ajouter l’universalisation. Et une autre d’en approuver la puissance exclusivement libertarienne comme principe, dont on ne justifiera la validité que d’une « innocence » présupposée. Le doute exclut que l’on soit innocent ; on se trompe toujours. Toujours.

Pareillement le doute (qui s’est emparé de la pensée anglo-saxonne) ne demeure une constante qu’au et sous le regard d’une liberté critique débridée, qui ne cessera de couper les cheveux en quatre, alors que le doute dont la liberté se sait rassemblée en l’esprit, aura pour but, pour finalité avérée d’assurer le je. Le je qui est hors-doute, puisqu’il est le sujet (sans lequel rien n’apparaît et sans lequel on ne fait pas société, mais juste un empilement, une accumulation, une étendue, un empire, anglais ou américain).

La liberté dotée de l’égalité est donc auto-régulée en esprit. De ceci qu’elle put développer le récit, de la littérature du moyen-âge au début du 20éme, la poétique en général ; puisqu’il faut, c’est impératif, que l’on sache ce que pense, ressent, désire, perçoit autrui si l’on entend recherche cet autre soi-même en tant que lui-même, et cohabiter intérieurement ; sans quoi l’autre n’est juste qu’alter. Or il se trouve donc que cet autrui, lui-même, lit … lit ou s’instruit dans le même sens. Il n’en passe pas d’abord par un « média », tel que cinéma Hollywoodienne ou la télévision, qui se déversent mais ne dialoguent pas intérieurement, mais par la pensée, la représentation, la reconstitution en soi-même de l’autre intention, vie vécue, sentiment, perception (et cela via tout autant les œuvres esthétiques qui amènent à percevoir la densité de la réalité, du monde, naturelle ou humaine dans son apparaître même, et non tant dans son comportement béhavioriste du cinéma « grand public », on excepte évidemment les œuvres véritablement créatrices qui se référent à un créateur en personne et à sa manifestation propre).

La liberté-seule requiert la loi, qu’elle déteste ou considère comme extérieure (puisqu’au fond il est dans sa structure même de ne rien reconnaître au-delà d’elle-même, raison pour laquelle l’égalité est un ajout intérieur et non pas extérieur) et privilégie cependant la loi « morale » made US (soit selon un naturalisme ; on naît libre ; soit théologique ; il nous a créé libre) et laquelle varie selon un laisser faire qui conduit aux plus addictifs effets (les usa sont les plus « délurés » qui soient, industriellement) ou une surveillance mentale et communautaire très puissante, sans qu’aucune règle universelle non pas soit appliquée parce que quand même la société doit fonctionner, mais sans qu’une telle règle soit reconnue ‘en conscience’ par chacun ; le doute étant exclu, la liberté immédiate et les effets jugés individuellement et non selon une universalité ; l’empire n’est pas la nation, l’empire est constamment en guerre, l’empire est auto-justificateur et s’étend et n’a affaire qu’au monde, non à l’esprit d’abord.

Le doute, qui introduit à l’égalité (le doute, Montaigne, pour donner un repère, ou le « croire pour comprendre et comprendre pour croire » des théologiens, qu’est-ce et où est le Graal ? la plongée dans l’incertitude de Don Quichotte) n’a pas pour finalité de douter, mais d’affermir les propositions (qui ne sont plus des idées égarées mais des argumentations) et depuis Descartes feront de plus référence à l’expérience existentielle et ontologique du sujet (seul un sujet peut lire Descartes, qui manifeste cette subjectivité dans sa cohérence en tant qu’elle contient la plus importante objectivité, les mathématiques par ex ; le sujet n’est nullement second par rapport à ses contenus, il n’y a de contenus que d’un et par un sujet , dont le sujet est autrement-plus-grand ; dieu crée les vérités, proposition extrêmement audacieuse).

Pour remonter encore plus loin ; la Loi juive ou ensuite musulmane, se bâtit sur le jugement, d’un fait, d’un péché ou d’une faute ou d’un égarement. Le christique est absolument différent ; il « juge » sur l’intention… et l’intention est beaucoup plus étendue que même la morale et a fortiori la Loi (dit autrement le Jour du jugement vous ne serez pas jugés, sinon par amour, cad pardonnés, sauf si vous-mêmes vous vous jugez … c’est votre propre intention qui vous révélera… et c’est assez conséquent… puisqu’il ne s’agit pas de se pardonner à soi-même, c’est plus difficile et éprouvant que cette simple intention abstraite). On en conclut que l’Empire (USA et Angleterre sont parvenus à ce statut d’empire, au 20éme et au 19éme, respectivement, puisque leur liberté leur ouvre les portes de l’espace, à conquérir, inversement la France œuvre selon le temps, puisqu’il faut le dire), l’Empire donc finit par se fondre dans le principe de la Loi et non pas de l’intention, et s’écarte (plus ou moins selon) du christique ; qui précisément non pas seulement crée l’individualité (ni homme ni femme, ni esclave ni libre, ni pauvre ni riche, ni juif ni païen, mais tous uns en christ) mais impose surtout l’égalité de tous au-devant. L’égalité est première (mais ne peut pas s’imposer sans la liberté de chacun), c’est ensuite que la liberté s’ajoute à l’égalité, en tant que l’on ne comprend l’autre que si il est un « autre » (cad est lui-même) que l’on ne comprend (comme autre) qu’en vertu de soi, comme un, et ça n’est pas du tout un être formel mais un corps, des désirs (seraient-ils faiblesses dans le christianisme. Comme existant soi-même en tant que je doute et me force à élaborer et ré-élaborer le moi réel.

Il est tout à fait stupéfiant de s’apercevoir que l’on comprend de moins en moins, si l’on veut, le christianisme. Si l’on repère les signes de la pop culture (cad de notre culture depuis les années soixante ; les années soixante, insistons ; elles ont créé, rendu possible les décennies suivantes ; de même que le post guerres mondial l’industrialisation ou la guerre froide le nucléaire) on se rend compte de l’impossibilité de comprendre ce que c’est que l’esprit, au sens chrétien.

L’esprit n’est pas la pensée, ça n’est pas, par exemple, la pensée hégélienne (dont on n’a jamais trop saisi s’il entendait exposer la pensée de dieu (la logique au sens hégélien) ou la pensée qui pense (la pensée sujet). Et l’esprit n’est pas la loi. Et l’esprit qui se fonde historiquement, que l’on y croit ou non, sur le christique désigne effectivement le Saint-Esprit ce qui veut dire la communauté, non des croyants, mais «en esprit ». On a défini cet esprit qui se nommait tel jadis, l’intention. L’esprit ne se divise pas en une myriade d’églises, de communautés diverses, de sectes, de croyances (ce qui est le cas aux États-Unis) soumises finalement aux interprétations de la liberté déliée ou délirée.

L’intention est ce par quoi vous vous jugerez vous-même, ou, pour les non-croyants, ce par quoi à tout le moins vous vous jugez ici et maintenant, dans l’énorme ici et maintenant qu’est votre vie. Il faut imaginer la boucle que de votre naissance à votre mort forme Votre Intention. La boucle de rétro-action positive ou négative, à vous de voir. Puisque vous seul Voyez. Il n’y a rien ni personne qui puisse perce-Voir à votre place (sinon le christ, qui vous par-donne, puisqu’il sait, ayant vécu, ayant éprouvé la dureté, la terreur et l’horreur).

C’est précisément celle-là que le christique initie, instancie d’un point, évidemment, hors du temps, hors du monde, hors du laps de temps naissance-mort. Puisque c’est l’intention que vous décidez, dans l’obscurité et la difficulté, ou la douleur, et qui vous porte. L’intention que tout intérêt selon le monde, immédiateté ou Empire veut vous retirer.

Reprenons : entre l’égalité (originelle et christique, tenue sous le regard du un-tout-seul, abandonné, forcément unique) et la liberté on situe l’éducation de soi par soi, selon le doute et ainsi l’argumentation et littéralement la pensée, non pas abstraite mais ici même examinant la réalité et la vie, autrui et le je, l’humain et la société ; de telle sorte que chacun, chacun, soit au fait, soit instauré en et par sa souveraineté personnelle qui ne se conçoit, ne se représente pas sans celle des autres, et dont la commune règle consiste justement en ce doute qui suspend l’affirmation mais se constitue lui-même comme partage. Il n’y en a pas d’autre. Le doute est cela même qui tout en n’étant pas un contenu, peut se propager dans le langage, les signes, l’attitude et le comportement. Son ampleur (qui touche donc toute intentionnalité) est radicale et assurée. Que le doute soit assuré n’est pas contradictoire, puisqu’il s’agit de passer d’une conscience spontanée (qui demeure dans la croyance de sa naturalité ou idéalité) à une conscience actualisée, mise à jour, pointue, au fait de « (ce) qui est là ». Je ou autrui, chose ou objet, affect ou désir. À quoi s’emploient les poétiques et les récits, et tout le domaine de la pensée (laquelle, française, ne tient pas en place ; elle part dans tous les sens du réel possible, et ne tient pas à quelque irréalité que ce soit ; c’est quand même par là que, chaque fois, l’historicité fut recommencée et qu’elle put effectivement avoir effets, effets innombrables).

Dit autrement le doute remplace les contenus, les certitudes par une structure de conscience()s. À la fois la-conscience formelle et chacune des consciences réelles. Et dans la société par la Constitution, qui ne juge pas de ce que vous faites de votre liberté, à condition qu’elle ne contrevienne pas aux autres. Il n’y a pas de contenu sauf ce non-contenu qu’est la liberté-égalité de chacun. C’est cela la substance. Aucune autre.

Le doute est la distance vis-à-vis du contenu ; il faut réfléchir pour atteindre son doute à soi, et énormément de littérature... et c’est ainsi le je qui se-sait, le je qui n’a pas de représentation, et qui se sait, se-sait, alors comme tel un « je » formel, et suppose autrui comme un tel je, et non un quelque chose ; la structure du je est l’expérience même, et celle du réel, en tant que ciblé, et par quoi on pourra hiérarchiser les degrés d’incertitude, la perception fausse, le rêve, la folie, le dieu trompeur, etc.

Par l’égalité qui vient réfléchir chacun du dedans de la liberté même, de chaque je, cette liberté se réalise, et non pas s’irréalise dans une intention 328 millions de fois décuplée et indéfiniment et seulement « libres ». Le territoire américain est gorgé d’irréalité, usine à rêves, les libertés n’ont pas de densité ontologique.

Il n’est pas de liberté naturelle ou de liberté légaliste seulement extérieure, ni de laisser-faire généralisé, ni de rivalité, mais l’esprit et l’esprit seul (on emploie « esprit » en un sens inhabituel, évidemment, le doute est un corps qui perçoit, qui par le doute délivre la perception, et évidemment les affects, annule qu’il y ait un contenu et rend au je son réel). Le sujet libre admet en lui-même sa régulation interne, l’égalité et ce qu’elle implique. Ou le doute. Mais alors ceci ne tient que lorsque le je ressent indubitablement sa certitude, ne s’effrayant pas du tout de son vide, puisqu’il saisit ce je qu’il existe formellement et sans contenu. Mais alors de tout où se tient-il ? De quelle sorte de règne qui n’est pas du monde, ni de la vie vécue ?

Le doute n’a pas pour but de douter, abstraitement (forcément abstraitement alors) mais de rompre tous les contenus, sauf cette structure qui fait défiler les contenus. Que ce soit notre être naturel (qui n’est pas), nos pensées, nos désirs ou nos sociétés. Rien de tout cela n’est immédiat.

On ne peut pas douter d’un rêve, du rêve individuel américain, on s’effondre ou s’effondre le monde. Mais le je, lui, est précisément ce qui surmonte le doute : puisqu’il s’aperçoit qu’il n’est pas du même ordre, n’existe en aucun contenu. Mais à quoi, dès lors, correspond ce non-contenu, cette Indétermination ayant aboli le rêve de soi ? Pourquoi le je n’est-il pas un soi ?

C’est toute l’élaboration, depuis Descartes, qui veut saisir ce qu’il en est de ce « soi », de « cela qui voit ». Qui est pris déjà dans et par la perception, et beaucoup plus étendu que la pensée ou l’intellect ou l’universalité définie. Hegel n’expose pas le savoir, mais les phénoménologies du savoir, et il en fait le tour (quelle que soit la cohérence de son système, parfait, perfectible ou hasardeux, en tous cas descriptif), mais il n’opère pas la conscience qui participe de quantité de perspectives (autres que le savoir universel philosophique, puisque l’arc de conscience crée le champ de tous les champs). C’est bien pour cela, ce je exogène, qu’il est l’expérimentation même, qui se déroule comme historicité et quantité d’explorations, explorations de son possible impossible à pré-voir ; il doit les éprouver et les éprouver à partir de son intégralité et intégrité ; de là qu’il soit l’éthique de l’éthique, antérieurement à toutes, élaborant les champs intentionnels de tous les niveaux, selon tous les degrés, le devenir méta-culturel qui se déroule selon ses diverses actualisations (lesquelles doivent être reprises et donc analysées et re-synthétiser à chaque station) ; il doit, ce rapport, s’actualiser afin de s’éprouver. Il doit ex-sister puisque le rapport est précisément cela qui devient, et, qui est pour nous, ici, seul réel (le reste ce sont des réalités, cad des effets, qui, dans notre historicité, renvoient et n’ont de sens que pour les je, l’œuvre existe par et pour des je).

En tout ceci, soit on considère qu’il est une immédiateté, divine ou naturelle et il suffit d’user de ce que l’on est. Soit on admet que nous n’existons que par et dans la médiateté, et qu’alors il ne faut fonctionner ni selon une morale ou une religiosité appliquée, mais selon la continuelle modification et de la liberté et de l’égalité. Ce qui veut dire non plus appliquer des contenus (seraient-ils des religions ou des données génétiques, qui du reste ne nous viennent qu’au travers de discours) mais ajouter à notre réalité propre.

C’est cette modification (de soi par sa conviction propre, ce qui veut dire de par son doute et sa certitude) d’une part et cette coordination (entre tous les je) que l’on nomme, de manière tout à fait générale, révolution.

Dit autrement ; n’importe quelle autre résolution (du « problème humain ») est toujours valable (du totalitarisme à la démocratie républicaine, de telle ou telle version, plus ou moins juste) mais la question est ; à quel degré de complexité, si l’on veut, on peut, doit atteindre ? En quelle mesure, donc, chacun, chaque un, est concerné ? Comment chacun s’organise-t-il en lui-même et vis-à-vis des autres ? Sous condition alors que tous et chacun doivent partager une même aperception (de soi, d’autrui, de la vie, de ce qui est, de dieu, etc).

Ou encore ; puisqu’il y va de notre survie (et pas seulement la nôtre, celle du vivant), le doute voudrait que l’on puisse remettre en question ce que nous admettons comme notre nature, notre identité, notre comportement. Et donc penser. Mais apparemment il nous est devenu impossible de relativiser notre image, notre idéal, notre envie, et on continuera de nous enfoncer dans la déchéance. On a vu que grosso modo, cela revient à confondre notre liberté et notre désir (le désir croit naturellement qu’il sera satisfait puisqu’il est, prétendument, selon le monde ; ce qui est faux, puisque tout en nous est construit, artificiel et pas du tout naturel).

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