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instants philosophie

Structures dans la perception

27 Novembre 2021, 10:05am

Publié par pascal doyelle

Histoire du Mouvement. Angle de pénétration de la philosophie dans le réel.

La philosophie n’expose pas des idées, mais une structure ; celle qui précède les idées, les images, les sociétés humaines, les mondes divers et variés, les esthétiques, etc. Notre être n’est pas une « idée » ; comme cela se pourrait-il ? À moins d’accorder un être à la « pensée », ce qui fut l’hypothèse métaphysique ; mais une structure dite intentionnelle, phénoménologique, laquelle agit et réagit constamment non pas selon la variabilité des contenus (auquel cas nous serions des poulets sans tête, à tous les vents), mais selon la consistance de cette structure. La structure « conscience », ce champ intentionnel, existe en soi et cet en-soi est un rapport (qui rend possible d’admettre tous les rapports de perception du vivant qui lui viennent, et de créer tous les autres relatifs à sa capacité propre).

À noter qu’il paraîtrait sans intérêt de supposer un « être » sans pensée ni conscience ; pour la raison que l’on n’y retrouverait aucun rapport au sens de « rapport qui sait ou qui se sait ». Du reste un rapport qui sait sans se savoir lui-même est tout aussi inconséquent. Le savoir ne s’effectue que dans le rapport à un horizon, en ceci que l’on prend la forme de l’horizon ; on ne tient un rapport que dans un rapport plus grand ; et ce à l’infini, d’où la nécessité de prendre fait de cet horizon ou de cet infini, et de ceci l’importance de préciser, constamment, cet horizon sur lequel on pose tout le reste (dieu, l’être et ‘l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution, de liberté-égalité, le réel et le je ; en quoi on a toujours instantanément situé les horizons structurels, puisque c’est à partir d’eux, de leur luminescence que leurs effets sont installés dans le monde, le groupe, le vécu ou le moi-même).

Aussi dieu, la pensée, le sujet ou le réel forment les angles d’approximation de l’incrustation de cette structure de conscience dans ce « lieu » qu’est le réel. Ceci dit sans prendre position sur l’existence ou l’inexistence de dieu, de l’universel, du sujet, et du réel comme dimensionnel. C’est tout à fait sérieusement que l’on admet le divin, la vérité, la liberté ; il n’y a aucune raison que l’on se soit trompé (on a conclu à l’illusion ou à l’erreur que d’un point de vue tout à fait récent et particulier ; la réalisation mondaine de l’humanisation, en quoi le moi est dès lors dans l’incapacité de vraiment comprendre quelque stratégie que ce soit ; il ne voit que ses bouts de pieds).

Il est clair que par « phénoménologie » on n’entend plus du tout que cette conscience-de serait relative à ses, des contenus ; Sartre nous a bien montré que « structure de conscience » se comprend comme une unité (ouverte absolument, cad formellement). Elle agit, comme structure, dans le regard, le relationnel, le corps, les images ou imaginations, les idées ou l’historicité, etc, bref partout. Puisqu’elle est à l’origine, à la source.

Il faut donc se sortir de la tête que ce qui s’agite ce serait des « idées » ou des systèmes, mais bien plutôt des positions (sur la surface du réel). Et que idées ou divin ou je ou vérité ou liberté sont des moyens d’accéder à. D’accéder à la plus grande capacité possible d’accéder au réel sans doute mais aussi d’actualiser constamment cette capacité et d’y agir.

Notons bien ; agir sur le réel ça n’est pas seulement agir sur la réalité (aménager le monde ou sa vie vécue). Mais agir sur, dans, par ou pour la structure du réel ; tel qu’il nous est atteint, à tout le moins, à voir si il ne faut pas entendre ; modifier la nature même du réel, ce qui n’est pas illuminé, dans la mesure où toute religion, tout absolu, tout engagement se comprennent eux-mêmes comme transformation de ce qui est dans sa possibilité même ; rappelons que le dieu unique, ou christique, ou l’esprit hégélien ou l’historicité d’une révolution, tout autant libérale qu’insistante, considérant que la révolution n’est pas encore achevée, sont saisis par cette capacité de continuer la création, d’inventer la vie ou d’augmenter l’humanité ‘essentiellement’ dans son essence même ; ce qui soit dit en passant a déjà eu lieu en partie. Modifier le réel n’est donc pas du tout une vue de l’esprit, mais notre agissement même.

Et évidemment on peut encore supposer plus avant que c’est ontologiquement, dans sa structure de réel, qu’il est question d’agir. Ce qui tout aussi bien s’est déjà décidé ; lorsque Descartes ajoute que le je se présente lui-même dans son propre champ (et que Pascal remarque qu’il existe un « moi », un sujet, à la lecture de Descartes précisément) la structure de conscience commence de se dé-placer et de déplacer le réel, le centre du réel (qui n’est plus tenu par l’idée de dieu, théologique, de même que le monde comme étendue n’est plus le monde aristotélicien, ou que dès lors chacun devient à lui-même un simili-centre, inaugurant le droit de la révolution).

Remarque ; Descartes ne crée pas le dit sujet, il le remarque et l’expose et donc accélère cette structure qui déjà pointait d’entre mille et un autres je.

Si l’homme n’était qu’une essence, elle ne serait pas modifiable ; mais étant une structure, cad un rapport, celui-ci peut lui-même se transformer, transformer le rapport qu’il est. Et bien sur en s’ajoutant de nouveaux rapports jusqu’alors non perçus (on n’avait aucune idée, représentation de dieu, de l’être ou de la vérité, de la liberté ou du sujet, de la révolution ou du moi-même avant leur propulsion dans la perception).

Et donc Moïse ou Platon ou Descartes ont décrit ce qu’ils voyaient, non pas les miracles, l’idéalisme ou le supposé sujet mais l’activité telle qu’elle se présentait, l’activité de cette structure étrange qui sait qu’elle existe et qui se fait voir à elle-même (non par magie mais parce qu’elle est un rapport et qu’elle perçoit évidemment ce rapport). Et ils notent scrupuleusement, puisque cela se déroule en tant qu’eux-mêmes, et dotés de cette capacité spéciale d’une, apparemment, sur-perception, de perception en instance de se voir elle-même et d’intégrer dans son activité cette même opération (ou donc ; avoir conscience-de).

On ne sait évidemment pas si Moïse a été appelé par dieu, ou Platon les idées, on constate cependant qu’effectivement la structure de cette perception là est étrange. Elle signifie que dans l’actualité quelque chose, quelque « réel » arrive qui « se voit ». Ou donc ; savoir que l’on perçoit augmente la perception. Ce qui se comprend aisément quant au monde, mais alors il faut appliquer pareillement lorsque l’on (se) perçoit ou perçoit quelque réel, tel le fait du monde, le fait « qu’il y a un monde ».

Que l’on ait voulu écrire le sismique, les variations de cette sur-perception, est-ce étonnant en soi ?

Qu’est-ce que l’on a tiré de cet enregistrement des variations de la perception et qu’est-ce qui est en jeu réellement d’une telle distanciation ; la perception n’est pas pour l’être humain, simple ; elle est complexe, et précisons-nous, elle est articulée et que penser de cette articulation ?

Que donc ce que l’on perçoit, ce que l’on voit est déjà toujours pour nous distancié et autre ; quel est le fond de cet altérité ? C’est ce que l’on a voulu désigner, définir, délimiter par dieu, la pensée, le sujet ou le réel.

Ce disant on n’exclut pas du tout que dieu nous ait appelés, que l’universel existe en lui-même, que le sujet soit un autre, que le réel s’impose non seulement comme fonctionnel (déroulant les réalités, les choses et les êtres) mais dimensionnel (beaucoup plus étendu que cette réalité, cet univers ou ce que l’on voudra). Tout cela revient à chacun.

Mais on suppose que moïse, Platon ou Descartes ou Lacan ont effectivement enregistré des déplacements de position à la surface du réel ; qu’en somme nous les croyons en et par ce qu’ils disent, ce qu’ils signifient (puisque n’étant pas plus stupides que nous, c’est le moins!).

On découvre l’intention (dieu) ou le réel (l’être). On tente de saisir ce que c’est que dieu ou l’être, on a du mal. On se surprend sur la piste d’une articulation très étrange et qui n’est pas ailleurs qu’ici même, d’abord sous la forme du je (Descartes) puis en tentant de définir le « lieu » en lequel il existe un je. Le donné des sciences, le monde de Marx ou la durée de Bergson ou l’en-soi de Sartre ou l’Être de Heidegger ou la Volonté de Nietzsche, etc.

Il apparaît que plus ou moins le je, le sujet s’est exploré dans tous les sens, autant que l’on sache ; mais on suppose ici que, puisque la conscience est en elle-même une structure, qui ne dépend pas de ses contenus, c’est réellement et effectivement que les explorations, du je, de l’arc de consciences, sont menées dans toutes les possibilités accessibles et recherchant les inaccessibles, que l’on attire à soi, que l’on veut exposer, manifester afin de les intégrer dans le champ de perception.

D’une manière générale le champ de perception est, de la sorte, explosé dans tous les sens, toutes les significations, toutes les expérimentations (de l’esthétique à la pensée, en passant par les sciences ou l’idéel, le politique ou la personnalisation, chacun étant cette tentative de résolution de l’équation au long d’une vie transmuée en existence).

Positions

Le je remplace l’être, et depuis quelques temps quand même …

L’être est un concept que l’on conçoit, certes, mais dont on imagine la consistance. On croit posséder l’être, comme une idée. Mais cette métaphysique est une imagination, on lui prête une puissance,

et cette puissance on la retrouve dans non plus une métaphysique (telle antérieurement à Descartes) mais une ontologie (à partir de Descartes) ; la raison en est que par Descartes la puissance s’installe dans le réel, ici même, et ce sous la forme, la formulation du je ; le je, au contraire de l’être, est sinon compréhensible du moins saisissable (on en est la volonté, qui prendra plus tard la désignation d’intentionnalité, agrandissant sa capacité ; volonté-conscient, intentionnalité-conscience).

La différence réside donc dans l’opérativité ; l’opération « être » a permis de déployer la pensée, sous la logique du un en tant qu’objet monolithique mais surtout admis en lui-même comme universel ; l’opérativité est cette universalité ; l’être, le bien, la pensée de la pensée, le un ; se conduisent comme des principes organisateurs.

On ne peut pas y contredire, puisque tout dépend de l’a priori qui amène à ces cohérences, mais c’est sous une autre forme que le problème se pose.

L’unité remplace l’unicité

Au spectacle du monde donné là, dans la perception et de toutes les constatations que l’on puisse faire, la réalité semble bien plutôt livrée au devenir et à la multiplicité. L’unicité de l’être rend impossible de concevoir, de comprendre le donné, aussi les sciences viennent se substituer à la philosophie, sciences qui tirent des réalités les universalisations (à commencer par le nombre, qui est déjà indéfiniment multiple).

De même que la réalité est constituée du devenir et de la multiplicité, aucun contenu de conscience n’est égal à la conscience elle-même.

La prolifération des réalités (découvertes par les sciences par ex) ou évidemment la soudaine capacité de l’humanisation à décupler ses possibilités (la révolution est à la fois le sceau de ce qui précède et qui éclate les traditions et l’introduction à l’historicité nouvelle, chacun rendu à lui-même peut conduire sa vie ou développer ses projets) ne sont plus unifiables dans une seule unité, mais chacun des parcours récupère son unité propre.

La révolution n’est pas le triomphe de la rationalité (elle s’en sert juste pour abroger la religion et la tradition), mais celui de cette cohérence interne qu’est l’activité libre de chacun (chacun étant plus ou moins poussé à agir « raisonnablement », au sens conservatoire, mais ne s’animant que pour la liberté. On en a vu la raison ; si l’universel est, tient en et par le rapport, il faut que celui-ci soit saisi de lui-même, saisi au sens de surpris, sidéré, de même que Pascal le fut des espaces infinis ou Sartre du « ça existe », en ce que « le réel existe ». cette altérité absolue, cad formelle, lance à chaque fois que l’arc de conscience soit en forme de rapport. Dont l’autre partie, l’autre Bout manque.

L’unité est dès lors tout à fait spécifique ; il y a unité selon chaque rapport.

Pour faire court, on a mis en place, historiquement, un plus grand rapport que la pensée. La pensée, grecque, a été reprise dans un dispositif plus grand, le christique, qui a inauguré cette idée, organisée, et de plus en plus organisée, du sujet, ce qui veut dire de l’intentionnalité,

- que l’on considère le christique comme effet (d’une structure réelle) ou comme cause (révélée) d’une gigantesque vague d’historicité, ou les deux -

du sujet donc, ce qui veut dire de l’intentionnalité, phénoménologique. Ou qui sera à terme exposé le plus explicitement comme tel.

Et c’est ce dispositif qui s’est installé, partout, et en particulier, pour chacun en tant que « moi-même » (cad dans le recentrement de l’intentionnel en et par un corps, un corps qui vit une vie vécue, et n’est plus seulement le sujet abstrait ou structurel ; autrement dit le moi est le sujet mais le sujet en tant qu’il concrétise, produit en quantité de réalités, de réalisations, de projets comme on disait au début du 20éme, ses intentionnalités).

Le dispositif ‘sujet’ n’est pas un objet mais un processus organisationnel qui, se tenant à la racine, aboutit à toutes les réalisations possibles ; ce qu’il veut organiser c’est le faisceau intentionnel, lequel est la plus grande universalité que l’on sache, ou que l’on connaisse (tout relativement, puisque c’est vraisemblablement la source du réel ou ce que l’on atteint, expérimente au plus de la source, éventuelle, du réel). La « raison » est un mot, il n’existe que des systèmes, tel ou tel précisément, mais la-raison n’est nulle part ; par contre il existe que chacun soit absolument le sujet qu’il existe.

Donc on a saisi que le réel est un déroulement et ce déroulement est une structure (hors de tout contenu) et on veut comprendre le mécanisme qui déroule tout le reste.

« Tout le reste » cela indique quant à l’humain à tout le moins, ou plus exactement à ce qu’il nous est possible ; soit donc non pas tant l’humain, que des champs de perceptions.

Tout le reste « quant à l’humain », mais que nous étendons, par prise de risque (dont on ne garantit rien du tout, à chacun de se faire son opinion), que nous étendons donc ce processus de déroulement de la réalité, et donc d’actualisation, à tout ce qui est (dans la limite de notre expérience évidemment) , à tout ce qui est en tant que le présent nomme la structure réelle qui déroule toute la réalité.

Et nous renommons ce présent en tant qu’exister.

On passe donc (depuis le sortir de tout monde particulier, holistique, cyclique, sacré-profane, groupe humain déterminé qui confortait sa propre véridicité, système parole-échange-langage, etc) de l’être à l’exister dans la mesure où notre réflexion commence (depuis dieu qui sépare le divin du monde que le sacré intégrait à perception) d’approcher la structure, de plus en plus nue, qui produit, crée le monde, le donné, la perception, et donc les champs qui avancent dans ce donné-monde.

Ou du point de la raison ; il n’y a pas de système unique mais il existe un système des sujets, celui qui a commencé d’exister par la révolution, dont personne ne comprenait la possibilité, mais qui fut, néanmoins, décidé. Historiquement.

Ou donc ; une « raison » qui ne comprendrait pas la liberté du sujet ne serait pas réelle, et donc pas la raison. Le marxisme par ex est un exemple de pensée universalisante qui se permet de remplacer les sujets, individuels (et cela vaut pour toute idéologie ou pseudo-scientisme, chaque science étant limitée par et en son objet).

Mais si on doit admettre la liberté du sujet alors il n’existe à proprement parler que la liberté, non au sens où rien d’autre n’est, mais en ceci que quelles que soient les conditions (et elles peuvent être innombrables, comme causalités ou comme systèmes, le langage par ex), quelles que soient les conditions, la liberté est conclusive ; elle vient en plus et d’ailleurs (que des parties, des déterminations du monde ou de la vie vécue).

Ceci puisque l’arc de liberté se constitue là où s’arrête le monde, et la vie vécue, sur le Bord de l’actualisation de tout : le présent.

L’actualisation fonctionne donc comme possibilité.

Ayant abandonné toute version du monde en tant que particulière, chacun de ces mondes s’enroulait sur lui-même en créant son milieu, milieu qui n’était pas « le monde », mais une des versions spéciales ; les grecs montrent, eux, le monde donné « là », et qui est dénommé « l’être », le-monde, réel et universel, en dessous des mondes particuliers et découverte redoublée par « que chacun soit à lui-même sa vie propre et son corps tel quel » ; christique donc ; et cette double immense avancée dans et par la structure aboutit à dérouler tout, tout déposer, comme une vague antérieure, toutes les sociétés humaines et toutes les personnalisations qui eurent lieu.

On présuppose donc que la réalité, les réalités, se déploient au-dedans d’une forme, le réel. Le réel est désigné (ça n’est pas une abstraction) en tant que présent. Soit donc l’exister.

Se tient donc de la co-ïncidence de l’acte de conscience et de l’acte ou l’actualité du présent ; et donc la désignation d’un « lieu », neutre et formel, le donné « là », le « là » en tant que donné et sur lequel se branche incessamment l’activité intentionnelle ; non pas que l’on puisse s’en étonner (si l’intentionnalité ne venait pas dans et du présent où serait-elle?) mais s’en étonner au travers de cette notion d’actualisation. Le réel est une machine actualisante.

On a vu que pour qu’il y ait réalité (s), il faut que chacune (chaque réalité) se structure elle-même ; les réalités ne sont pas « prévues » par un ordre. Ce serait même contraire à leur être ; pour qu’n tel être ait lieu, une abeille par ex, elle s’établit par et dans les relations, interactions qui la constituent ; « abeille » veut dire ces relations qu’« abeille » existe. Ce qui se traduit pour cet être qui n’est pas un être, mais un mouvement, qu’aucune conscience ne s’acquiert sans s’exister, sans se rapporter à soi-même, ce que l’on a nommé liberté ; ce que précisément ce vivant qu’est ce corps, ne comprend pas du tout.

Le vivant est le centre de son monde (son milieu), et ne connaît pas l’horizon puisque pour connaître l’horizon il faut se percevoir soi à partir de l’horizon. Ce que l’on nomme « conscience » est que l’on a pris l’habitude de confondre avec la « connaissance » est inversement le se-savoir ; qui ne contient aucune connaissance, sinon qu’il se dit « je ». et encore se dit-il « je » mais il n’est pas le « je » (ce signifiant) qu’il sait être ; « je » se tient dans la vue du je réel qui lui n’apparaît jamais au-devant (il ne peut pas se présenter dans la présentation et encore moins dans la représentation, la connaissance) ; il est ce à partir de quoi ou de qui « il est désigné » quelque réalité ou quelque réel.

Aussi lorsque l’on prononce « l’être est », la conscience prend la forme de l’être, du « là », qui existe au dehors, extérieurement ; par ex « le silence des espaces infinis m’effraie » veut dire que soudainement (ça n’est l’être là des grecs comme monde mais) on se voit du dehors et du dehors « ça ne parle pas ». ce qui est terrifiant dans la mesure où toujours la conscience croit former un cercle, d’auto-référence et brusquement elle s’aperçoit que le donné là, tout autour, ne signifie pas, qu’il n’y a pas de centre, que donc le se-savoir formel ne peut faire lien.

L’étonnement grec se transforme en épouvante dans la mesure où, certes, nous pensons mais cette pensée n’a pas d’écho dans le monde « là ». Ce qui vient de Descartes qui aplanit le monde (ordonné du cosmos ou le monde créé et hiérarchisé par la théologie) en « étendue ».

ce faisant le divin n’a pas été évacué pour autant… Il a changé de nature, d’identification ; dieu ou le christianisme n’ont jamais signé une magie du monde, mais son caractère de donné créé objectivement pour ainsi dire ; le divin ne porte pas à l’inclusion du sacré dans le monde ou la vie, mais il s’agit et il s’agissait déjà depuis le début de resserrer l’attention à ce qui est effectivement un mystère de structure et non une magie du monde ou une énigme de la raison.

Le christianisme a embraqué avec lui la pensée grecque, mais le christique ne résout pas du tout le réel de ce qui est, en tant que pensée ; bien plutôt en terme d’intention ; intention de dieu ou intention de chacun (lorsque le christique révèle que chacun est unique et unicité et donc se tient d’un rapport neuf et renouvelé, le renouvellement de ce qui jusqu’alors venait de l’ancienne forme de l’Alliance, juive, et si dieu signalait son impérieuse et terrible volonté, son Intention, celle-ci s’adoucit par le christique et vient soutenir notre faiblesse intentionnelle).

Cette intention qui vient au jour, est bien plus ample que la pensée, qu’elle contient évidemment en son sein, entre autres, entre autres possibilités de signifier (quantité de domaines de possibilités, de l’esthétique aux politiques se produiront une fois que chacun devient la finalité et le moyen de son activité individuelle). L’intention que met au jour, révèle ou découvre ou crée le christique est en elle-même bien plus forte et cohérente, par ex, que la seule raison. C’est ainsi toute une civilisation qui se génère à partir de la mise en place du sujet, du je. Sous le regard du christique (égalité de tous), et sous l’affirmation du un cartésien ; le je tout seul, la liberté qui, donc, en tant que liberté ne peut que s’auto-acquérir pour ainsi dire ; s’affirmer soi, tout en prenant garde de bien considérer que son ‘être’ est relatif, puisque cet ‘être’ est un rapport qui dépend donc de dieu, ou de l’infini, ce qui veut dire qui considère et admet que ce rapport est conçu ou signifié en tant que, précisément, un rapport, ce qui veut dire que l’autre bout (du rapport) manque toujours au dit rapport ; un rapport ne tient (dans la réalité, le réel ou même la vie) que s’il sait n’être qu’une moitié.

De même que dieu, la vérité ou la liberté insistent en et par la possibilité du divin, de l’universel ou de la possibilité (en quoi chaque sujet affirme tous les sujets).

Ou qu’il ne peut pas se clore. Ce qui impliquerait que cette clôture se referme sur un être déterminé de lui-même, cessant de fait d’être un rapport. C’est donc toujours une illusion ou un faire valoir ou faire semblant que de se concevoir tel ou tel. Et ce ne seront pas les efforts des idéalistes allemands qui tentent de représenter l’absolu, de l’affirmation de ‘soi’, qui nous pousseront à se démettre de cette indétermination absolue, cad formelle, de notre être, qui n’est pas un être.

Penser cette indétermination c’est évidemment plier la logique de l’objet, de l’objectivité ; c’est en cela que l’on présente le christique comme inaugurant une cohérence bien plus grand que la « pensée » et qui ne se résoudra certes pas dans le cadre de la métaphysique ; delà que pour nous, ici, Descartes installe l’ontologie, ici et maintenant en tant que cet ici même est une articulation. Et non un là inerte et amorphe. Ou donc par Descartes ça n’est pas que la pensée se révèle « sujet » (Hegel) mais qu’il existe un je qui fait son entrée dans la représentation et un je qui doit être pensé en tant que je, et non en tant qu’être.

Donc le je n’a pas pour caractère essentiel de penser, mais de signifier. Le je ne ressemble pas à un objet parce qu’il est un rapport, qui indique on-ne-sait-quoi. Et qui même lorsqu’il se désigne lui-même, ne porte vers rien, puisqu’il introduit alors au je tel qu’il existe ; Descartes renvoie à chaque un.

Il faut entendre « signifier » comme beaucoup plus étendu et beaucoup plus cohérent en vérité et réalité et en réel, que « pensée ». Dit autrement ; ce qui est dit, énoncé, représenté, créé esthétiquement, entreprise morale ou politique, manifeste une tentative d’architecture totale, et notamment de ceci qu’il y eut tentative d’unifier, chacun en lui-même, toute l’historicité, à la fois comme humanisation (depuis la révolution universelle) et personnalisation (prolongement et réflexion interne à l’humanisation, par quoi le désir supplante le besoin universel, communiste ou naturaliste).

Totale donc en ceci qu’il s’agit de mettre en forme, informer l’arc de conscience en toutes ses possibilités. Ce qui a abouti au monde humain individualisé totalement et exporté mondialement.

Le plus étrange étant que les véritables inventions qui outrepassent et peuvent être tenues comme créations de structure (de consciences) échappent à tel ou un tel, ne sont pas affectées d’un nom mais s’imposent comme historiques. Dieu, le christique, la pensée (la vérité), la liberté ou la révolution, l’esthétique ou la poétique (ou le roman, etc), réclament quantité de sujets, de je, de consciences. La structure s’est inventée et donc créé des domaines.

Des domaines phénoménologiques, de perceptions diversifiées et organisées. Qui excèdent de très loin les capacités de la pensée, et engagent l’arc de conscience ou le je de chacun. Ces domaines n’existent pas en eux-mêmes mais sont constitués en et par et pour l’arc de chacun ; chacun est capable d’atteindre les domaines ; le domaine est cela même qui expose la capacité de cohérence de chaque je. Les bibliothèques en somme, les bibles de tout arc de conscience qui exhibe de la sorte sa grande capacité tous azimuts. Soit donc non seulement d’organiser toutes perceptions, mais de créer les champs de perceptions. C’est tout entièrement que l’on étudie, ce qui signifie élabore, la perception.

La perception telle que donnée, naturellement, est relative à l’adn, l’adn plus quelques rencontres, par exemple de l’humain et du chat, du chien, du cheval.

Si tout arc est capable d’investir et d’inventer et de créer des telles bibliothèques et d’introduire à toutes organisations phénoménologiques, cela veut dire que l’activité intentionnelle de conscience ouvre les visions ; lesquelles s’ajoutent au donné. Et s’ajoutent en tant que produites dans et par l’actualité, par la décision de chaque sujet. Lequel ne se contente pas de penser extérieurement et objectivement sciences et institutions, mais s’engage tout entièrement et rend accessibles à eux-mêmes tous les sujets. Politique ou esthétiques, éthiques ou systèmes de pensée, psychanalyse ou mass et micro-médiatisations s’adressent, se constituent dans l’adresse vers les je. Plongés dans l’exigence de la possibilité. De la possibilité non pas selon le monde, autour du monde. Non pas dans la vie vécue mais dans le vécu (en question) de la vie ; dépassant donc le vivant par l’Existant.

L’existant est ce qui décuple le vivant, est l’opération intentionnelle qui prend dans son champ immense (et supposément infinie) tout le donné et tout le vivant. En tant, donc, que re-création.

De ce développement il doit ressortir que l’on est passé d’un réel plutôt fixé (dieu ou l’universelle pensée) à une compréhension, interne, du devenir et de la réalité donné là, en instance du sujet, du je, cartésien, transcendantal, hégélien, husserlien, nietzschéen, sartrien, lacanien, etc  ; en quoi devenir et réalités sont articulées et que cette articulation est l’envie de nos attentes.

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Le signifiant triomphant

20 Novembre 2021, 09:30am

Publié par pascal doyelle

On ne perçoit objectivement que dans la pensée ou la représentation. On nomme pensée l’ensemble des signes orchestrés par et pour une conscience. Qui se permet, en somme, de rediriger les ensembles dans sa perception, pour fin de validation, ou non. C’est seulement du dehors que l’on croit que la science montre la réalité réelle ; le scientifique sait bien que cette réalité n’apparaît qu’au travers de grilles savamment tendues, qui sélectionnent la réalité devenue non donnée, acquise. Ça ne signifie pas que le découvert est faux, au contraire, mais qu’il est limité ; à son objet même. Jamais un scientifique ne prétendra extrapoler ses résultats à « tout ce qui est ».

Or de même le je se donne une idée, une représentation, doué d’affects, de répercussions dans et selon son corps même, et il juge alors de sa vie vécue au fur et à mesure ; ça ne se passe pas forcément très bien. Et tout aussi bien il en ressent l’affect, le bilan s’effectuant au long du parcours. Il s’agit d’une computation, d’un calcul, d’une cause lancée et dotée d’effets s’additionnant ou se soustrayant.

Et y compris d’un calcul affectif, on ne jugera peut-être pas sa vie vécue (sauf d’un recours christique) mais on l’éprouvera (détestable ou attentive ou béatifique, ce que l’on pourra). Ceci fait effet et cause de résonance (puisque lors même que l’on vit on ressent cette preuve de notre existence, et on en juge psychiquement).

Toute chose est distinctement (selon son universalité ou selon sa particularité). Tout rapport crée non pas de l’universel seulement, mais de la singularité ; toute chose, tout être, tout point dans l’univers (ou la réalité en général) est unique. Il n’y a que cela, de l’unicité. L’unicité est la loi absolue de tout ce qui est (et l’universel est contenu dans ces singularités). L’unicité est la loi maximale de toute la réalité, l’unicité est la substance même de ce dont est faite la réalité. À point nommé un ensemble de rapports fait un, autrement dit crée un rapport unitaire. Que des rapports aboutissent à une unité, soit donc un rapport en lui-même, laisse présager le sens de la réalité Il n’est pas de défilé ininterrompu de rapports indistinctes (sauf au début et la fin, peut-être, qui atteignent, presque, l’indistinction et presque la naissance ou la disparition ; tout étant en stase).

De même que le possible est la catégorie formelle (et donc absolue), pareillement l’unicité est la substance même, une accumulation gigantissime de singuliers. Ainsi le réel est plus grand que lui-même, qu’il se destine (par logique interne de sa nature même) à cette infinité, puisque de toute manière on ne voit pas bien à quoi servirait un réel qui ne deviendrait pas (sinon à disparaître à jamais dans le quasi néant glacé), et que donc le réel est le travail titanesque de l’infini sur l’infini, et que « ce qui travaille » tout, est l’infinité même. Plus simplement le réel est l’infini parce que le fini, la réalité périt. L’ensemble des effets dont le mouvement est la cause.

Si le fini périt et qu’à terme on croit qu’il ne reste « rien du tout », aucun signe de ce qui fut, c’est plutôt bizarre. Pourquoi une quantité énorme, voire infinie, d’énergie se lancerait dans l’aventure (étant entendu qu’en ceci il est question de simplement « tout ce qui est »…) pour disparaître complètement de toute mémoire ? Plus l’univers (ou ce que l’on nomme tel) est grand ou infini, plus la question se pose. Et on a vu que le dit infini univers, son « infinité » justement est cela même, en tant que catégorie « infini », ce dont tout est fait ; tout est en soi selon la catégorie « infini » ; ça n’est pas l’infini (ou l’infinité sélective, la matière, dieu, la pensée, etc) qui est en cause mais ce qui se passe dans cet infini ou ces infinis ; ce que cela « devient » et dont on ne sait rien mais dont on connaît et même éprouve le mouvement (c’est cela qui nous est donné) ; on soupçonne ceci ou cela (que l’on désigne comme dieu, l’universel, le sujet, l’énergie, etc) mais on ne sait, techniquement, rien. La réalité est signifiée dans un mouvement et c’est le mouvement qui définit la réalité.

Et donc nous existons ce mouvement, ce rapport. Et on le sait tellement que nous l’avons nommé, pluriellement. Lors même que ce serait seulement une fonction (due à l’élaboration de notre cervelle qui, pour organiser l’information non plus sous l’adn ou la perception mais en tant que mémorisation augmentée et qui donc doit constamment actualiser et que cette actualisation se désignerait comme « conscience »)

lors même tout (ce qui apparaît) n’apparaît que signifié, par des signifiants ; dans l’actualité, l’actualisation. Mais qu’est-ce que c’est que l’actualisation? Qu’est-ce que ce « lieu », neutre, vide, qui n’appartient pas, qui contient les réalités, les choses ou les dangers ou les objets déterminés, et qui rend possible que le groupe de chasseur-cueilleurs rencontrent un ours au coin du bois ? D’où la supériorité du signifiant (sur les signifiés, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne comptent pas, mais que le signifiant est ou peut être conclusif, nier ou s’ajouter exemplairement) ; si le signifiant s’agrège soudainement, dans et par l’actualisation, soudaine justement, surprenante, dangereuse ou perturbante, etc, il désigne l’intervention, l’intervention d’un plus.

Dieu est un plus ou le cri d’alerte envers l’ours qui charge. Le signifiant permet de faire voir, ce qui ne se voyait pas juste auparavant. La puissance du signifiant ne tient pas en lui-même (il n’est qu’un signe, même en système, et précisément que ce soit un signifiant arbitraire le rend capable d’échapper ou détruit toute systématique). Il y a signifiant parce qu’il y a un je ou plus généralement un sujet ; ce qui veut dire une conscience. Une intentionnalité. Laquelle est un arc arc-bouté au réel, ou donc à l’horizon. L’horizon de son esprit, de la pensée, de la poésie ou de tout ce que l’on voudra, mais au final arc-bouté à l’horizon du monde, du monde réel donné « là ». et qui est non seulement inimitable (ce qui est déjà énorme et bien que toute société, groupe humain voudrait s’y substituer, ou du moi, de son image de soi) mais irrémédiablement « là ».

dit autrement ; toute pensée, idée de soi ou de l’homme, etc, aboutit à une certaine disposition réelle et effective dans le monde réel. De là que bien sur le moi va imaginer ceci ou cela de lui-même ; mais ça donne quoi dans la vie vécue ? Ce qu’il se représente est si souvent tourné en dérision par le regard du psy, et encore plus du psychanalyste. Or pourtant même si inconscient, on voit ce que l’on voit, même si ça n’est pas rendu conscient … mais on le voit, on le perçoit ; on ne se rend pas compte du lapsus, mais on l’énonce ; donc on l’a vu d’une certaine manière. Cela veut dire que la perception qui entre dans le champ de conscience est purement de l’ordre du vivant ; l’intentionnalité, l’intentionnalisation (qui est faite de signes) ne s’oppose pas du tout à la perception ; elle reprend toute perception, et donc on perçoit avant de « penser » ; la « pensée », la représentation, le conscient re/prend dans une énonciation intentionnelle les perceptions. De là qu’il faille depuis lors (cad depuis le début de notre espèce, quoi que l’on entende par là) d’abord « penser », réarranger les signes, si l’on veut percevoir autrement. On invente ou il nous est révélé dieu, l’universel, le sujet, la révolution, la poésie (sous-entendu subjective), le cinéma, et ce déploiement de signifiants (ou de moyens de produire des signes tout autant, tel langage, telle idéologie, etc) ouvre la possibilité de nouvelles perceptions.

Et au final ou plutôt initialement, le signifiant est un rapport. Le rapport intentionnel vers le monde, la vie vécue, le corps, la perception-même, le langage que l’on réordonne, parce que l’on a « vu » ou commencé de voir d’autres perceptions, ressenti d’autres affects et parce que d’une manière générale on saisit, vaguement peut-être, que le réel, la réalité sont plus grands que le connu, le déjà signifié.

Qu’il y ait un « lieu » neutre, vide, formel, indifférent au signifié, rendant possible des signifiants arbitraires et possédant la capacité de s’ordonner autrement en et par eux-mêmes, cela signifie se réorganiser dans la perception mais actualisée et sans cesse réactualisée d’un je.

Puisque l’on sait bien que les peuples et les mondes ‘particuliers’ (nommés tels pour la compréhension, ils étaient évidemment extrêmement complexes) veillés pointilleusement sur l’ordre des signifiants ; la communication (entre membres) et la transmission (entre générations) devant s’effectuer rigoureusement (sous peine de disparaître). Il fallait donc que le principe d’ordre (de l’humanité) passe par-dessus les contenus eux-mêmes et vienne à se situer et préciser dans la conscience-de chacun (indépendamment des contenus, qui dès lors pouvaient être transformés, presque, à loisir ; l’esthétique ou la poésie prenant par ex son essor, hors des rituels, etc, mais aussi évidemment la pensée (qui pense hors du groupe) ou la conscience de soi (christique, sous le regard du un tout-seul).

Le principe est alors intégré, mais doit recevoir son propre repérage (la raison, la conscience de soi, la révolution et le droit, etc, plus toutes les variations internes possibles ou relativement aux domaines qu’il ouvre, éthiques, politiques, poétiques et ainsi de suite). Dit autrement ; on s’aperçoit que l’on crée les contenus (de conscience) et qu’ils ne sont pas reçus spontanément ou selon le sacré ou l’absolu d’un monde ordonné. La capacité de créer des contenus s’effectue à partir des signifiants (et donc de langages, comme les maths, les sciences, les esthétiques tout autant) comme instruments d’une perception qui est, n’étant plus relative au seul groupe, communauté, langage, qui est donc individuée ; l’individu perçoit hors des signifiés. Non seulement les œuvres sont signées, mais justement « il y a des œuvres » et non des textes sacrés ou des codex hérités. Parce que toute œuvre (aussi bien politique qu’esthétique) comporte en elle-même, en tant que cause, ses effets. L’historicité est l’ensemble de ces effets. Et au fur et à mesure nous en jugeons ; on expérimente des faisceaux réunis en réseaux. Portés à la connaissance de tous et de chacun, ce qui se nomme ce qui s’est recherché historiquement la « démocratie », qui n’est pas un système politique mais tout un monde. Tout ce monde déployé comme humanisation d’abord puis comme personnalisation (qui donne raison de cette humanisation en ce que, cette fois, chacun est concerné ou en reçoit, éventuellement, les bienfaits). Donc les signifiants prolifèrent.

Et chacun y va de sa part. Non seulement les industriels (qui produisent effectivement, bien réellement quantité de signifiants « exprès ») ou les politiques, mais chacun et n’importe quel groupe interne s’y adonnent goulûment.

Évidemment si vous effacez le lien du sujet au signifiant, vous devenez, dans un discours autre, le signifiant d’un autre sujet … et rien que le signifiant, autre qui vous découpera en petits morceaux, le signifiant sans sujet autorisant tout. Il croit que ses distinctions sont toujours réelles. Il ne voit pas, ne comprend pas que certes des distinctions, mais par et pour des sujets (et donc sujets relevant d’une stratégie bien plus étendue que les tactiques localisées). De même par le signifiant on remplace les réalités (ou version rationnelle, il n’est de science que dans le cadre d’un dispositif signifiant, tout à fait légitime dans sa limitation à l’objet constitué, par tel cadre), et comme le signifiant s’inscrit tout immédiatement dans la conscience, elle n’y voit que du feu.

On ne désire pas seulement les choses (pour ce qu’elles apportent effectivement), mais les signifiants. Et ces « désirs » sont en toute rigueur des idéalismes. On a vu que le monde humain suite à son humanisation (universelle, technique, scientifique, mass médiatique, etc) ne devient pas matérialiste, mais matérialise ses intentions, ses images. Et personnalisation et puis mondialisation intensifie cette matérialisation (qui épuise le monde donné et naturel et évidemment psychiquement les mois sont éreintés).

Cette fascination ne tient qu’à ceci ; les signifiants, quels qu’ils soient, signifient le je. Le je recherche la forme de son être, qui n’est pas un être (et qu’il prend pour tel, comme déterminé comme ci ou comme ça, renouvelant constamment les contenus) mais une structure qui doit, elle-même, se signifier en son caractère absolument formel (seul ce qui est en tant que rapport est formel et donc absolu ; tout le reste est déterminé, cad non absolu, et disparaissant déjà). La structure du rapport est très-étrange.

Et tout signifiant appelle l’arc de conscience, il s’y engouffre, il y est déjà, il croit qu’il y existe avant lui-même, puisque le signifiant est un rapport et la conscience d’autrui, et celle de l’Autre et celle de dieu ou la vérité de la pensée, etc. Or pourtant ce qui revient ensuite, sur le Bord, sans rien, tout seul ce sera le je ; il restera seul existant. Parce que lui il est de cet ordre « là », ici même, sur le Bord de la réalité. Le reste passera.

Il arrive, souvent, que l’on prenne un morceau d’horizontalité pour une verticalité ; on appelle cela « désir », par ex. De désir il n’y en a pas, sinon sur les modes du fantasme, de l’imaginaire, du fétiche, de l’imaginaire, etc.

Rappelons la logique ; ça n’est pas qu’il faille nier les désirs, de toute sorte, mais de comprendre que ce ne sont pas les désirs qui meuvent. Ils ne meuvent pas. Parce que le désir, vécu, et le Désir, cette notion supposée, sont des constructions. Pas du tout spontanés. S’ils étaient spontanés, ils appartiendraient au monde, il y aurait correspondance entre nos désirs et les résultats. Mais ça n’existe pas. Nulle part. Lorsque ça existe c’est que c’est soutenu par une alliance plus forte (que le désir). Ou cela prend une dimension à ce point critique que l’on peut écrire un roman de 1200 pages (Don Quichotte par ex) sur la déception ou l’arbitraire de ces « désirs » ou leur fantasme répétitif (la pornographie). Ou la motion publicitaire qui entretient la pseudo-dynamique du désir renouvelé, selon les mille et unes couleurs du monde, du donné. Il n’est pas de poésie, de roman, d’œuvre qui ne soit infiniment critique autant que positive, qui ne soit complexe.

Lorsque la verticalité donc est perçue dans le monde, c’est que la puissance de la verticalité se prend pour une partie du monde.

La verticalité n’est pas du tout destinée au monde, ni donc à la vie vécue. Elle a, la verticalité, son élaboration propre. Et c’est elle qui tient le monde humain. Sans le statut de citoyen, ce que l’on nomme le moi, qui croit si fort en lui-même, s’effondre. Et le remplissage du cadre général universel de la société humaine et humanisée universellement par la société civile est une catastrophe. Une catastrophe mentale, individuelle et collective. Alors même que cette articulation rend possible que « la vie de chacun » puisse relever de la liberté et des décisions (Sartre et son je-conscience n’apparaissent pas au hasard, ni la psychanalyse ni Lacan, ni les années soixante).

Ce qui veut dire que chacun va mener sa barque pour son propre compte (ce qui est bien) sans aucune autre considération (ce qui est non seulement mal, ; tout aboutissant à un ‘nietzschéisme’ caricatural individualiste, mais surtout idiot). Dit autrement nous ne sommes plus capables de conduire une stratégie globale en plus des tactiques individuelles diverses et variées.

Et cela veut dire que l’on ne peut plus organiser des tissages intentionnels universels et singuliers, mais uniquement des broderies intentionnelles limités destinées en et selon le particulier. On ne pense plus, plus du tout ; on répugne même à penser ou croire, au lieu de manier des images/idées on se remplit d’idées\images, dont le contenu est non pas intellectuel et encore moins intellectif, mais imaginaire de perceptions (et les mass médias nous fournissent notre quota de pseudo-perceptions de substitution) d’une part et d’autre part imaginaire au sens de fantasmatique, de vie rêvée, d’illusion de soi, de contentement béat du corps (lui-même irréalisé et plaisir infini, cad jouissance irréelle et absolument destructrice, une telle jouissance n’existant pas dans le monde ni selon le corps, et n’existant même pas du tout). Et psychologiquement, psychiquement c’est absolument tragique ; c’est la mort, le caractère irréel de notre vie. Le corps fait poids, et l’économisme est au final l’idéologie du corps, fantasmé (puisque les animaux vivants n’ont pas d’idéologie). Et ce corps démultiplié par les signes on adore cela.

Parce que c’est d’une seule reprise que la vie paraît s’écouler comme désirs ; c’est qu’ils sont rêvés pour cela, à cette fin, faire comme si, afin que des désirs remplacent la jouissance, irréelle et impossible (qui colle à la division du vivant, soulevé par l’esprit et qui se rêve d’une béatitude jouissant selon le corps, ce que nul vivant naturel n’imagine).

Reprenons. Du fait de l’existence de la structure de conscience qui prend dans son faisceau toute réalité, toute perception, tout ressenti, le vivant soudainement surpris par cet ‘esprit’ qui énormise tout, tel un miroir déformant, ce vivant imagine donc son plaisir, sa jouissance visualisé, hallucinatoirement pour le dire ; il se prend dans l’image du miroir et ne peut plus s’en dépêtrer, sauf s’il se sépare de lui-même, se décentre, en quoi consiste la « castration », ou l’impossibilité de retour en enfance. Mais cette sur-image restera enkystée en lui, antérieurement à son moi (elle se crée du mélange de l’esprit et du corps, dans la division qu’impose le signifiant au corps vivant qui suscite l’image de jouissance, aussi bien perceptions hallucinée ou affect inconscient et non exprimable, qui imprime sa logique surpuissante, qui revient sans cesse du corps vivant lui-même).

Il s’agit d’une construction qui se rend capable au fur et à mesure (si elle ne reste pas prisonnière de la fusion ou jouissance) et si elle ne coince pas trop lourdement d’une névrose, d’un désordre relatif. Même alors la division et son reliquat (la jouissance inconsciente) se jouent du conscient. De sorte que toutes les images (même les plus « objectives ») sont telles des variations nées de la jouissance même qui ne s’efface jamais (elle est inscrite dans le corps même, physiologiquement, dépourvue de tout signe, mot, inexprimable, pulsion hallucinée).

La séparation, le décentrement c’est comprendre, et en fait non pas comprendre mais saisir que la distance règne ; on se téléporte dans le point-autre qui nous perçoit ; on n’est pas ce que l’on est, on est pris dans un autre point de vue ; sur cette distance on peut alors se permettre d’agrandir le décentrement (se rendre capable d’autrui, des mathématiques ou de la poésie ou du droit, s’assurer et d’assumer son positionnement, de citoyen, d’être moral, de réunion et de relations, etc). Sinon nous resterions égarés dans la suspension hallucinée.

L’autre sorte de résolution, le problème est que cela ne sera pas une résolution ... ce sera l’irrésolution de l’esprit. Il n’y a aucun autre moyen de « gérer » la satisfaction continuellement attendue que de se rendre compte de l’insatisfaction, l’insatisfaction radicale, que jamais on n’éprouvera la résolution de son existence, et que ceci est le signe d’un passage à autre chose que satisfaction ou insatisfaction.

Ce que, soit dit en passant, Nietzsche pouvait figurer comme « exercice de sa puissance », dont il attendait qu’il soit avant tout capable de la dureté du monde, de la vie. Ne s’arrêtant pas à toute la difficulté d’exister ; c’est pour cela qu’il y a, en Nietzsche, une sur-objectivité présupposée possible (Nietzsche dont la logique est celle de l’auto-affirmation de ‘soi’ sous l’auspice dérivé de la « puissance », comme capacité ontologique non subjective, extrapolation du je cartésien, du sujet).

Parvenir jusqu’au moi est pour chacun une opération tout à fait difficile et en équilibre ou déséquilibre irrémédiable ; manœuvrant aux alentours des gouffres (descriptibles selon la psychologie ou la psychanalyse ou la pensée lacanienne, tout cela différemment selon).

Et selon la version commune, celle construite au cours du 20éme, glissant de plus en plus dans l’irréel, l’individu atomisé collectivement et bientôt atomisé en lui-même, subjectivement (la représentation et les objets du monde humanisé réifiant, comme on disait, cette subjectivité en des attrappe-rêves divers et de plus en plus industriellement produits et détaillés et précis et ciblés ; nous en sommes dépouillés, véritables écorchés, vidés par toutes ces images tout à fait extérieures qui nous morcellent).

Or chacun est tout aussi bien noyé par ses illusions de signifiants qui promettent des signifiés, de solides et consistants et mangeables, dirait Dali, signifiés ; des objets (qui sont construits) ressentis comme des choses (données là) ; comme si donc l’objet en tant que chose produisait le désir, était intimement désirable ; ce qui est absurde. Rien dans le monde, mais également la vie vécue, ne correspond à l’arc de conscience, à l’intentionnel. Et donc une théorie, une vision du signifiant pur et brut est exigée. La chose, ou dit autrement le mélange imaginaire du pour-soi et de l’en-soi sartrien, le mélange hallucinatoirement incorporé, rêvé, sur-attendu dans le vie, lorsque l’on croit que l’on est, que l’on « sera », de la subsistante chose.

Or pourtant ça n’est pas la supposition d’une consistance du monde ou de la vie ou du corps (ou donc de la chose désirée, désirable) mais le rien qui anime le signifiant qui est appelé.

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Petits et grands rapports

13 Novembre 2021, 09:17am

Publié par pascal doyelle

Il ne s’agit pas de découvrir la réponse (à toutes les questions puisque touchant le réel même), mais de mieux formuler la question. De sorte que croire en dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution, la révolution et le moi (cad la personnalisation qui suit l’humanisation universelle), et tout ce que l’on veut du même ordre (du même ordre élevé, on ne va pas croire à n’importe quoi), tout cela reste à chacun.

Mais dans tous les cas, il s’agit d’un questionnement ; d’un tissage intentionnel tel qu’il se présente dans l’actualité de l’existence, et non pas abstraitement, et ayant des-effets ; ce qui veut dire que toute reformulation porte. Et de fait sujet ou universel, dieu ou intention s’imposent comme concepts vides, ce qui veut dire formels (et donc impliquant quantité d’effets).

On a vu que le plus proche accès est le mouvement, ou plus généralement le rapport ; l’arc de conscience est le rapport à soi du rapport (est donc la désignation, le signe, l’arc génère le signe et tout paraît et s’approfondissent les distinctions, les langages par ex, philosophie, mathématique ou poésie, etc). De même le réel est l’articulation du présent pur et brut ; l’exister, son représentant sur terre pour ainsi dire, le présent génère la réalité, les réalités, les mondes ; tout ce qui fut, est, sera en passe par le présent, par l’actualisation (autre manière de dire que les réalités, les choses, les êtres et donc les consciences tiennent d’eux-mêmes ; les êtres doivent se réal-iser, se rendre réels à partir de leur activité qui s’élabore et s’élabore dans l’actualisation. Aussi toute réalité est construite par le temps, ou plus ontologiquement, le présent (la mise en jeu de leur être, à chaque fois).

L’articulation en tant que rapport est non seulement complexe mais radicale ; c’est à partir d’elle que tout le reste se déplie ; sa complexité, étant originelle, est infinie (ou : elle ne se joue pas, ne se décrit pas selon les catégories du monde, de l’humain ou du moi-même, mais selon l’articulation du réel brut).

On ne sait pas ce que signifie (implique) cette articulation. On en délimite peu à peu le contour. On suppose ou pose, comme on veut, que l’exister, cad le présent, l’actualité en tant qu’actualisation du Possible brut, est le réel lui-même ; on ignore jusqu’où va le présent, l’exister, cette stase, cette suspension dans l’actualisation. La forme (le réel des réalités) seule existe (tout le reste est, l’être est relatif à l’exister et l’exister est relatif à lui-même, étant formel, et ce bien effectivement ; relatif veut dire qu’il est la cause (qui cause tous les effets, les réalités) et en tant que tel se cause en lui-même ; là où l’espace et le temps cessent, ce qui veut dire dans le présent tel quel, considéré comme 5ème dimension, et seule réelle).

On considère que toutes les séquences suivantes sont acquises.

Lorsque les grecs instaurent la pensée, vient instantanément l’universel ; soit donc le principe de structure du développement de l’universalisation des intentionnalités (les idées, acquises individuellement, alors que les représentations et les mots et les choses désignées revenaient au groupe qui faisait fonction de véridicité, de critère de la vérité, de ce qui est, pour tous ; mais cet universel le je n’est pas posé et donc pas pensé, n’entrant donc dans aucune stratégie, intentionnelle, il faut attendre le christique), ce qui ne peut se concrétiser que par la cohérence (les systèmes d’idées), d’une part et selon la référence à un-seul-monde (et non plus à la pluralité des mondes humains et des représentations) d’autre part, référant à l’expérience de chacun tel qu’il existe hors de son groupe et de son humanisation spéciale.

Il n’existe pas de sujet antérieurement au christique, qui seul accorde absolument l’infinité à chacun en tant que chacun ; auparavant les individus savent bien qu’ils sont, évidemment, mais il n’est pas de place, de localisation, d’indication, dans la représentation, quant à leur être spécifique et singulier ; le philosophe acquiert son être de la pensée, c’est elle qui vaut ; par le christique chacun vaut en soi (inutile d’être Achille ou Léonidas).

Originellement l’affirmation d’un dieu unique permet de passer outre la bigarrure des dieux, dont les signes et les fonctions, ayant à se différencier, s’empruntaient du donné, de la perception ou de l’histoire particulière de chaque communauté ; parties du monde hypostasiés, nullement la pureté et simplicité de l’intention seule, qui à rebours peut être reprise par tous et chacun ; aucun mystère sinon celui de la décision. L’essentiel tient en l’unicité de son intention. Ce qui veut dire ; la capacité de signifier, et donc la capacité de signifier selon les règles justes (ou saintes, c’est la même chose) ; les règles, la Loi.

Le dieu un tout-autre se signale de ce qu’il est pure intention, enseignant donc que c’est dans et par ce rapport (et non un absolu qui existerait en et par soi) que tout ce qui est, existe. Dans la relation et ainsi la non encore perfection de dieu, ou si l’on préfère ; qu’il existe une encore plus grande perfection.

Le christique est la reformulation de l’intention ; il transforme la Loi (extérieure et devant nous éduquer) en Intention ; vous serait jugés selon votre intention et non selon la Loi ; la Loi nous prend toujours en faute, l’intention selon le pardon.

Ce faisant tout est lancé qui consiste à mettre en jeu cela même qui nous distingue de tout vivant ; que non seulement nous percevons l’horizon (et non pas vivons seulement dans un milieu, dont le corps du vivant est le centre) mais que fondamentalement nous nous percevons à partir de l’horizon et c’est bien pour cela que, pour nous, existe un horizon perçu ; c’est que nous y sommes déjà, nous sommes déjà au Bord, et pour le christique c’est justement à partir du Bord, de toute vie transformée, transmuée en Existence, que nous nous percevons.

Donc l’historicité est cela qui nous a conduit au Bout du réel, mais voici qu’il faut saisir ce que par « réel » on entend. Rappelons que le 20éme (cad le moment durant lequel l’humanisation s’est étendue et la personnalisation a commencé de poindre) découvre que le réel existe. C’est que le moi n’est plus protégé par aucune couverture et exposé directement au donné tel que « là », et dans l’incapacité et la nudité (comme le christ) il affronte directement ce réel qui l’empêche, à tout jamais, de se refermer selon un centre, de se lover dans sa pensée (sa représentation, son image, autrui, l’humanisation ou aussi bien un avenir rêvé) ; outre Sartre ou Camus ou Heidegger ; Céline, la perdition du moi humain jeté dans le monde et l’histoire (dont la guerre, en clôture, fut la destruction de tous les êtres).

La formulation de la question relève donc, ici, d’une expérimentation, continuée au long des siècles, et qui est cela même qui fut pensé, représenté, mais aussi esthétiquement manifesté (non pas un mais des quantités de points de Vue, de perceptions), éprouvé , littérairement créé, politiquement découvert. Bref toute cette richesse.

La formulation est cela qui est en cours, depuis 3000 ans (pour notre civilisation). Elle est éprouvée et on ne sait à partir de quelle limite ; mais tout au long des siècles puisqu’il ne s’agit pas d’une idée, mais d’une structure ; l’arc de conscience qui, délaissant les mondes humains, la forme de « monde humain », vient au bord de la scène nouvelle (ainsi les grecs désignent le monde même donné « là », dessous tous les mondes construits, et le christique ce corps vivant humain et individuel, qui existe en ce monde là, corps nu, sans rien, sans personne, abandonné).

On admet donc qu’il existe, qu’il se met au jour une structure formelle, qui va dorénavant rechercher son être, mais étant une structure, cad un rapport ou un mouvement, elle ne trouvera pas cet être. Elle doit pour avancer dans sa finalité dénuder encore plus sa structure. Le moi, en dernière instance, croit qu’il est…

Il ne veut pas savoir qu’il est un je (qui s’ajoute au moi et ne le remplace pas ; il faut qu’il y ait un moi pour que le je parvienne à se préciser encore plus avant, dans le mouvement, la structure du réel, de là que Lacan, le dernier, s’y approche, dénichant la coupure du réel dans le moi, ce qui veut dire la coupure que le moi voulut, en vain, suturer, coudre, avec un morceau de monde, ou plus exactement un morceau de monde, ou de lui-même, mais qui pour lui ferait chair, ce qui est impossible ; la chair d’un je (et non d’un moi) est l’autre-corps, celui-là même promis par le christ, par ex). Le moi fait donc Semblant.

Semblant d’y croire, que son objet lui garantira d’être. Alors que ça n’est pas du tout de cela dont il est question dans l’existence, dans la vie sans doute mais la vie est imaginée (et donc effroyablement déceptive ou folle ou résignée, mais en bref cousue dans un non-possible, qui n’est pas un impossible).

Le principe général est donc que la structure (délestée de tout monde et de toute représentation) tombe nez à nez avec le monde donné là d’une part et le corps individuel vivant d’autre part, mais surtout qu’elle-même comme conscience-de apparaît sur la scène, dans son propre champ.

Et donc l’essentiel du réel, en tant qu’histoire, historicité, consiste à élaborer cette déchirure ; nous sommes pour nous-mêmes et donc nous ne sommes pas. Et nous ne sommes pas cependant le rapport à nous-mêmes (comme si nous-mêmes était consistant) mais bien plus nous sommes le rapport lui-même (par lequel il est un nous-même mais aussi quantité de réalités et de réel). Donc nous voici promis à plus grand que « nous-même ».

on a vu que l’arc de conscience-de est le possible brut.

Comme tel il entraîne bien au-delà de quelque réalité, naturelle, ou réalisation, humaine, que ce soit. De là que l’on affecte le dimensionnel à cet arc de conscience, qui veut dire « rapport avec soi du rapport lui-même », soit possibilité brute.

Intégrer la possibilité pure et brute est ainsi l’enjeu. Soit donc son impossibilité (de là qu’elle puisse être révélée, dieu, ou extrapolée d’un ailleurs, divin). Tout consiste à gérer le donné de telle sorte que l’on survive (durant des centaines de milliers d’années), que l’on s’installe (quelques siècles), que l’on profite (quelques dizaines d’années). La question est ; qu’est-ce que cette faculté, apparemment non limitée (elle peut développer ses propres langages, relativement à tout domaine rencontré ou exigé ou imaginé) ?

L’impossibilité manifeste et manifestée fut celle christique ; il est impossible de comprendre l’intention essentielle du christ, le dénommé Jésus, cette articulation infinie. Aussi le long des siècles qui suivirent a-t-on tenté d’aménager cette exigence. De même l’articulation montrée du doigt par Descartes (elle est une structure effectivement réelle et non une « pensée » ou une « idée »), soit donc le je (forme du rapport lui-même), cette articulation est in-finie (et épuise le fini potentiellement, et donc épuise les vivants qui lui sont soumis, qui subissent sa puissance). Etc. L’infinité n’est donc pas du tout réservée à un absolu, mais est à l’œuvre structurellement (et pour un je s’impose continuellement ; on ne peut pas découper le je, pas plus que le présent). Les infinités, mises en jeu (le néant infini, l’être infini, l’exister infini et ce que l’on connaît du sujet, de la structure-sujet, qui n’est pas caractérisable comme déterminée mais est un rapport) construisent autre chose.

 

La possibilité de l’impossibilité

La pensée, la philosophie est cette discipline qui naît de l’abandon de la régulation de la réalité par le groupe, ou qui refuse cette régulation, cet ordre produit par la communauté, et qui, donc, découvre que sous la représentation habituelle de son propre groupe humain, existe le monde. Le monde donné « là » (qui est dès lors signifié comme « l’être »).

Mais ça n’en reste pas là. Parce que de toute manière le monde, le donné, la vie et la vie vécue ne rentrent pas dans le concept.

Le concept est le discours cohérent ; le réseau d’intentionnalisations (d’idées) que l’on organise, consciemment, volontairement, explicitement, à propos de ce qui a lieu. Le monde. Le monde parce qu’il faudra attendre le christique pour que la vie individuelle entre dans la réflexion. L’universel, grec, a affaire au monde donné là, tout comme le christique au corps de chacun, vivant (et vivant transformé en existant, puisqu’entrant dans le champ intentionnel explicite et explicitement en chacun).

Et si on introduit la quantité pharamineuse de données de l’individualité dans le discours, il se maintient difficilement ; de là qu’il passe de l’organisation intentionnalisatrice, dite de raison, de pensée, à la religion et pas n’importe laquelle celle qui, elle, ne tient que du regard du un tout-seul (celui qui a vécu, et fut trahi et crucifié), et dont le regard précisément force tout un chacun à devenir la conscience de soi, de sa vie vécue et de sa mort à venir, et donc à partir d’un point-autre. Lequel est absolument autre, parce que hors de la vie et donc du monde ; par ce point-autre tout est perçu. Dit autrement ; il faut que ce soit le point de vue de celui qui se désengage de sa vie (et tout ce qu’elle contient) qui remporte le point de vision total.

Le point de vision total contient la pensée y compris (pour cela le christianisme reprendra toute la philosophie ou les pensées acquises). Et s’ajoutera à la pensée la bizarrerie (ou l’étrangeté ou le mystère) qu’un sujet il y a et qu’il existe du rapport nouvellement découvert à lui-même. Qu’il y ait eu des mois antérieurement au sujet est évident. Mais l’introduction du moi en tant que sujet dans la représentation (dans son propre champ intentionnel) non seulement augmente le champ d’investigation mais modifie le moi lui-même en le transformant en sujet ; aussi faut-il se convertir, au christique, mais il fallait également de transformer par la pensée (on n’est plus le même avant et après).

Il est à peu près clair que l’introduction du je dans le champ du je lui-même est extrêmement difficile. Puisque par là n’importe quelle identité doit se relativiser ; ce qui veut dire que l’on ne peut pas, plus se confier à un contenu de soi-même, du moi-même, qui serait tenu pour spontané. Mais que par ailleurs on ne peut que difficilement admettre en ce moi-même l’universel de la pensée ou la charité chrétienne ou l’amour pur et désintéressé, etc.

Et tout l’enjeu des 20 siècles de mise en forme culturelle, fut précisément de découvrir le moyen (les moyens) de remédier à, de médiatiser cet impossible (à savoir ; que nous ne sommes pas christiques ou parfaitement humanistes ou sans ego) ; ou donc qu’il s’agissait d’instancier, d’élaborer, d’installer, de préparer en nous un ego qui ne soit pas trop stupide ou trop égoïste, voire égocentrique.

L’ensemble de toutes les manifestations dites d’acculturation (d’in-formation de chacun, puisqu’il s’agit d’intégrer un impossible étranger, « venu d’ailleurs », la pensée ou dieu) ont pour finalité de transformer la qualification, la capacité de l’arc de conscience de chacun ; qu’il s’impose donc une tangente, soudaine, autre, impossible ou ce que l’on voudra bien entendre, qui interférera dans l’attention et l’intention, l’attention ponctuelle ici et là et l’intention singulière que l’on mène en une vie vécue, redéfinie dès lors en existence (puisque l’on passera d’une spontanéité admise, sans plus, à une formulation voulue, nouvelle, renouvelée, dont on se charge de préciser les enjeux ou l’enjeu maximal). Puisque si l’arc de conscience est touché sans doute existe-t-il minimalement (on a vu que dans l’empire des signes, le moindre d’entre eux peut modifier considérablement tout ou une partie de l’ensemble, or ici c’est l’attention, la conscience-de elle-même, sa manière d’y exister, dans l’existence, qui est appelée, et donc potentiellement tout), mais ce qui se retrouve concerné c’est la totalité des manifestations, dont, si le je s’impose, on ne sait plus du tout « où » cela s’avancera.

Si vous êtes touché par la poésie, la révolution ou l’esprit, ou autrui, ça ne viendra pas colmater la déchirure du signifiant (ce rapport qu’est le signifiant) de votre moi. Ça ajoutera et réarticulera (en plus du moi, qui est et restera un bricolage, dont la signification, l’intentionnalité est pliée, vers le bas, puisqu’une intentionnalité qui ne se convertit pas, qui ne convertit pas sa dynamique vers le haut (dieu, la pensée, l’universel, le christique, le sujet, la révolution, le réel) laisse cette dynamique subir l’attraction, la pesanteur, la finalité du corps, qui cherche satisfaction ; la satisfaction se glisse entre les signifiants et dans cet étayage étend, naturellement, spontanément, son empire, lors même qu’il s’agirait d’idéaux du moi et évidemment y compris du sujet ; rien ne repousse la prégnance, l’insistance du corps dont le vivant, la vie veut s’écouler dans un monde donné qui de fait lui ressemble, lui correspond (besoins et désirs aboutissent au monde donné).

Aussi Lacan (ou la psychanalyse) est-il obligé de supposer que le vivant, l’inconscient vivant relie constamment, en sa propre fin, et que le conscient se prend les pieds dans les tissus, vivants, de relations, de signes, d’affects minimalistes, d’affects pulsionnels, un tissage qui suit les nervures du corps et s’énormise des milliers de signes du langage (opération immédiate que le conscient, avec ses gros sabots ne peut pas contrecarrer).

Et donc il s’agit de ruser, à tout le moins ou disposer d’une « volonté », d’une intention suffisamment forte ou étrange ou suréminente, qui puisse sans cesse rétablir le courant (des signes) vers le haut, ce qui veut dire, pour le corps vivant, vers l’insatisfaction.

De fait le christ est manifestement la monstration de l’insatisfaction comme seule vraie et réelle. Ce que le vivant ne comprend pas. En ceci qu’il montre le plus grand rapport possible.

Avouant ou admettant qu’il n’est pas le terme du processus divin, puisque le Saint-Esprit (formant la Trinité) suivra.Il est dépassé par le Père (sans qui il ne peut rien, le Père décide et, lui, sait le moment) et il est dépassé par l’Esprit.

Le christique est donc l’impossibilité. Et la suite (culturelle, de mise en forme culturelle, signifiante de l’intentionnalité, dans tous les domaines donc, de l’esthétique à la politique, en passant par l’idéel intellectuel, ou les affects) ne veut pas que la déceptivité, de la vie vécue dévaste l’intention que l’on a et que l’on existe (et que l’on n’est pas, puisque l’être, le donné, indique vers le bas). En quoi il ne s’agit pas d’un surcroît de force ou de volonté (qui réaffirment constamment l’être, le monde, le vivant ou le faire semblant, etc, de même que la psychologie du moi renforce le « moi », faussement), mais de l’acceptation de la faiblesse, et - dans la faiblesse - maintenir l’intention que l’on a.

Par ailleurs le plus petit point de vue, celui qui est anéanti par le monde, est le seul rapport qui dévoile tous les autres (les autres qui, eux, croient en leurs qualités de détermination).

Et ainsi on n’y comprend rien, on ne sait pas ce que c’est que cela qui, seul, vaut. Le plus petit rapport (du un tout-seul, isolé, trahi, tué) manifeste donc la plus totale égalité. Il occupe le point le plus lointain dans ce monde humain, et le point le plus autre que toute vie vécue (point au-delà du segment naissance-mort de chacun), et le premier point (alpha) et le dernier point (omega) de ce monde (celui par qui tout fut fait, le verbe, cad les signes de détermination, lui-même enseveli sous par la masse du monde) ; de qui tout ce qui fut, est, sera déterminé. Le rapport indéterminé de toute la détermination (en quoi donc rien dans le monde, déterminé, ne peut s’opposer à lui, qui est le moyen du principe, le père).

Le rapport de tous les rapports. Le signifiant qui comprend, à tous les sens du terme, tout et tous.

On saisira que le christique ou le sujet ou la révolution (la liberté et égalité et fraternité ; à l’égalité du christique, soit donc l’universel, il fallait ajouter la liberté du sujet, lequel ne peut s’acquérir que de par lui-même, et non d’une volonté extérieure, aussi Descartes s’impose à point nommé ; il devait se désigner lui-même et assigner chacun dans sa confrontation)

mettent en place non pas des idées mais une structure, et que l’on n’a pas encore pensé, représenté la structure que l’on est, que l’on existe. Et que l’on ne découvre pas le moyen d’instancier, d’incorporer ; on n’en reconnaît pas, n’identifie pas l’affect spécifique, on n’en découvre pas le signe ; notre corps ne sait toujours pas comment, vers où se diriger. Il est un lieu qui nous échappe. Parce que ça n’en est pas un. Le sujet cartésien n’a pas de lieu ; c’est à partir de là qu’il voit l’étendue, précisément ; parce qu’il n’y est pas, il n’est pas pris dans la surface étendue ; de même que le christique, cette position, est infini, pareillement le sujet est infini ; d’un infini que justement chacun peut de par soi saisir ou en être saisi plus exactement. C’est ce saisissement, le regard même, l’attention à, l’intention elle-même que chacun ex-siste, qui est dépliée (en tant qu’elle est capable de dieu, de la pensée, du christique, du réel, et de tous les interstices qui découlent de ces repères ontologiques).

On se confie encore aux contenus, les semblant-signifiés, l’être imaginé, et non au signifiant. Au signifiant : à l’arc de conscience comme rapport (le signe n’étant rien qu’un rapport, rapport à un donné, une perception, ou rapport à la structure qui génère des signifiants, un arc effectivement réel). On sort donc l’arc lui-même de la coupure du corps, vivant, par le signifiant (Lacan) ; on sort cette coupure pour la situer dans l’acte, l’actualité, l’actualisation qui se présente à elle-même comme décision ou orientation ou reprise ou nouvelle intention (toujours possible, sens même du christique et de la suspension du je cartésien, et suivants).

 

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Unicité de l’être, unité de l’exister

6 Novembre 2021, 09:30am

Publié par pascal doyelle

Que la caractéristique du réel soit l’unité et non l’unicité, veut dire que l’unité se tient du rapport, et non de l’unité de la notion de l’être. À partir de l’être il devient immédiatement impossible de définir quoi que ce soit d’autre, et le devenir ou la pluralité ou la multiplicité resteraient incompréhensibles.

Si l’unité est la règle, alors elle prolifère. Et il est ici question de comprendre la nature du réel, serait-ce en tant qu’univers, supposé par ailleurs infini (dès que l’on pense ou pose la détermination, celle-ci est indéfiniment, cad infiniment déterminée, on ne peut pas intellectivement la limiter). Comprendre le réel ; l’être, autrefois, revu et corrigé par l’évidente démultiplication du réel, l’être qui fut resituer par le je, dont l’unité s’introduit dans le champ intentionnel.

Si l’unité du réel n’est pas l’être (qui est une représentation), alors elle est d’une autre nature et d’une nature telle qu’elle supporte qu’il y ait devenir(s) et sans perdre sa qualification d’unité. Si cette unité est rapatriée du monde sous la formulation de telle ou telle détermination, aucune ne parviendra à rendre l’orientation du réel.

On s’aperçoit de fait que la multiplicité, la pluralité et le devenir règnent et qu’il faut en rendre compte comme tels. Il est impossible de les déconsidérer. Si le réel devient, alors le devenir et la multiplicité (des réalités) et la pluralité (des sujets, seraient-ils extraterrestres, après tout on n’en sait rien) comptent. Comptent, cela veut dire que sans cette pluralité de tout de ce qui est, le réel manquerait au réel.

Il est déraisonnable de considérer la réalité comme absurde ou sans raison ou condamnée à la dispersion (ce vers quoi, pourtant, elle est destinée ; puisqu’au fin du fin toute la matière s’effilochera dans un (quasi) néant, sans jamais aboutir à un vide complet). On peut croire que cette explosion totale de tout est un feu d’artifice qui s’abîmera dans le presque rien, mais c’est une croyance comme toute autre. Parce qu’il est fort possible de se demander si il est juste qu’une telle quantité (infinie) d’énergie et puis de matière ait été ou se soit mobilisée pour rien du tout, pour un complet oubli sans personne pour se souvenir de quoi que ce soit ; la 40éme symphonie ou la Sixtine retournant à jamais en poussière, ne signifiant plus rien pour qui que ce soit, puisque plus personne ne sera.

On prend pourtant nécessairement l’hypothèse inverse ; que les réalités sont installées en tant que telles. On a présenté le même principe autrement ; les réalités sont des concrétisations, ou mieux des concrétions ; des mémorisations. Mémorisations des possibilités atteintes, performées si l’on veut, par « la réalité » ; peu à peu (dans une réalité infinie) les éléments (et au début l’énergie qui vient à se solidifier, à se refroidir) s’organisent et seul l’organisé dure, et instaure un univers, puisque l’organisé offre une plateforme suffisante et stable pour ce qui devient.

Il est donc une performativité factuelle de la réalité ; et l’organisé n’est rien que (si l’on peut dire) l’établissement de rapports en unités ; une unité existe non d’un « être » mais d’un ensemble de rapports (qui par ailleurs tiennent et se maintiennent, ce qui implique qu’il existe une énorme quantité de rapports qui existent mais ne tiennent pas). Aussi les réalités sont expatriées, en un sens, d’une masse de pseudo ou de ponctuels rapports qui passent et s’effacent, et sur cette mouvance en grains de sables momentanés ou même instantanés (puisque le temps et l’espace dégringolent au fur et à mesure que l’on descend dans l’épaisseur de la détermination, jamais totalement disparaissant), malgré la faiblesse ou la petitesse des rapports d’en dessous, il se produit des consistances (elles aussi momentanées, puisque grignotées constamment).

Tout est mouvement, mais les mouvements passent.

Mais si tout est mouvement alors le concept de mouvement est cela même et cela seul qui existe.

Et il ne faut pas se tromper ; le mouvement, le dit mouvement n’est pas nécessairement le laps de temps ou la distance entre. On a dit que le mouvement parfait est celui-là que l’on ne voit pas, à savoir le présent. Le présent n’est pas coincé entre le passé et le futur, et n’est pas le temps, mais l’exister ; le fait d’exister. Le fait d’exister contient le temps et l’espace, et il est non visible, et non mesurable (puisque la mesure se fabriquera dans et par le temps ou l’espace, ou le temps spatialisé, peu importe).

L’exister n’est pas l’être, ce qui veut dire qu’il ne forme pas un tout, gigantesque ou rassemblé, un ordre dans le monde, mais un fait, ponctuel, et dans cette ponctualité absolue (formelle, non déterminée, non visible) se forge, et s’organise tout le reste ; l’exister, le réel, est la cause, et les réalités sont les effets.

Ce qui revient à dire que cela seul qui existe, le présent, l’exister, suspend toute réalité dans sa stase, dans son mouvement, et que le sens des réalités, de l’être, est l’exister. Mais on ne sait pas ce que signifie « exister ». on ne connaît pas la nature de ce présent.

Pour tout ceci il faut entrer dans l’analyse du fait, du rapport, de l’exister, de la structure du réel. Déplacer la consistance, la solidité du donné vers la structure du présent est certes hasardeux, mais la structure du présent dissout effectivement toute réalité (tout ce qui est déterminé, fini disait-on jadis, est limité). De tout il ne reste(ra) rien, sauf qu’il y eut mouvement. C’est évidemment par ce point, qu’il faut choisir.

Mais de la réalité on a retiré qu’elle soit effectivement « ce qui est » (puisqu’elle disparaît ou disparaîtra, physiquement mais aussi qu’aucune mémoire n’en est conservé). Ce que l’on nomme réel dorénavant c’est l’exister, le mouvement distributif qui rend possible que quantité de rapports soient réellement réels (et donc consistant selon cette manière).

De sorte que l’unité se révèle (selon le rapport) en tant que distribuée dans la quantité de rapports ; il n’y a plus l’unicité du rapport unique, l’être, mais la multiplicité et la pluralité des rapports, possibles. L’unité est ce qui rend possible qu’il y ait un possible, puisqu’elle est l’unité du mouvement, ou donc d’un rapport. Et dès que l’on engage que le possible existe alors il prend tout. Il n’est pas le possible d’un quelque chose ; il y a un et même des « quelque chose » parce que le possible est cela même qui existe.

L’unité ne dit pas, en elle-même, qu’il y ait un quelque chose, mais l’extrême unicité de tout rapport ; aussi peut-on dire que sans cesse le réel devient au plus extrême de lui-même ; générant quantité de réalités, d’effets.

Que l’unité soit première, incorpore les unicités (et non plus l’unicité de l’être qui récupérait toutes les parties). L’unité est celle du rapport, lequel est constitutivement mouvement (et mouvant, ou donc éternellement mouvant, recherchant non la perfection qui serait un fait monolithique mais la perfectibilité, la délicatesse du plus accéléré et actualisé mouvement). Et ainsi mouvements.

L’idée de rapport, bien qu’elle indique une réalité constamment divisée, fondamentalement divisée (il existe d’abord la division et ensuite des réalités) possède en elle-même l’unité, mais évidemment une unité spécifique.

Non pas une unité d’essence. Parce que l’unité d’essence (outre qu’elle ne s’attribue qu’à dieu ou l’absolu ou la substance, et aux autres par dérivation, participation ; ce qui constitue un problème majeur, l’être récupérant toute réalité et réalisation, et principe, métaphysique, ne fonctionnant pas même avec le dieu juif et chrétien, qui, lui, demande que chacun continue la création et soit, adopté par le christ, co-créateur, ce qui signifie que la dite création n’est pas terminée, ni « parfaite », elle doit être en devenir, et sera encore plus renouvelée)

l’unité d’essence est une unité imaginée ; si on veut analyser cette essence elle est un tissu, organisé, de relations, de signes et de perceptions ; elle ne consiste pas en tant que « pensée » comme si la pensée existait en elle-même (alors qu’elle n’est que dans le champ d’une conscience).

L’unité du rapport suppose de facto qu’il se tienne d’éléments, qui eux-mêmes seront des mouvements. Validant dans son ordre même qu’il y ait réalités, et l’unité s’applique également en l’infinité de la quantité de relations, puisque l’obstacle théorique d’unités consistantes est écarté ; si l’origine de ce qui est, est relationnel, alors le relationnel s’étend partout d’une part et devient en lui-même selon sa propre dimension (de relation, de rapport).

Si le relationnel est la structure, alors il n’a pas de fin, mais il faut dans sa structure même découvrir sa logique et son être spécifique ; qui n’est donc plus un « être » tel que pensé-imaginé, et il faut alors le déplier en tant que relationnel, et supposé que si le relationnel est le réel alors il devient.

Mais ce faisant, ce disant on ignore encore en quoi consiste la structure formelle du réel, sauf que notre être, cad ce que l’on désigne habituellement « la conscience » tout en la confondant, déformant et simplement en la signifiant sans plus rien en savoir, cette conscience donc est, littéralement, le seul être, la seule manière d’être en tant que rapport qui se sait, ou donc qui se signifie lui-même ; soit la « conscience » ; aucun autre être n’a de rapport à soi, et comme ce soi auquel il a rapport, est le rapport lui-même, cad rien, purement formel, il peut, dans ce rapport, faire défiler tout ce qu’il voudra, tout ce qu’il signifiera.

La tenue du rapport consiste non seulement à ne pas se prendre dans ses contenus (à croire que quelque contenu remplace l’origine, quelque effet la cause, ou que l’image ou le moi sont le je, que la communauté est le droit), à ne pas s’identifier à ce qui est signifié, mais avant tout à établir la carte de ce rapport ; par ex le je ou autrui, la liberté et l’égalité, la vérité et la connaissance, l’universel, ou l’intention et le champ de signifiants.

Dieu, la vérité et l’universel (comme principe par-dessus quelque vérité déterminée que ce soit ou comme opératoire réglant les intentionnalisations, les idées), le sujet ou la liberté (hors et existant en elle-même pour quelque identité que ce soit, non en tant qu’identité mais en tant que rapport et reportée instantanément à sa propre structure autre ; si je est la structure (telle qu’expérimentée, à tout le moins, sans préjuger de ce que la structure-sujet est en elle-même, ceci dans l’hypothèse de la dimensionnalité de la structure, en tant qu’elle vaut effectivement en elle-même, et non pas seulement fonction d’un monde, d’un donné, d’un univers, d’une vie vécue, d’un corps vivant hyper individualisé par sa « fonction conscience » ; dans les deux cas la « conscience » est supposée mais dans la dimension elle est le réel, de la réalité)

si je est la structure, le rapport est en nous tout à fait autre que nous-même (quel que soit le nous-même).

Aussi l’unité de ce je est-elle formelle ; le je suffit à me distinguer de tout (et de tout autre je, et réciproquement, tout comme « je » est incommensurablement plus grand que toute idée, image, et même plus étendu que toute vie vécue, sinon il n’y aurait pas de « vie vécue »). Et quant à ma vie vécue justement, je ne suis pas Pierre Dupont qui « a » sa conscience, je suis Pierre Dupont parce que conscience ; dit à l’envers tout dépend de ce que le je fera de ce Pierre Dupont, dont il a hérité, pour ainsi dire, et qu’il tenait des autres consciences étant enfant, ou qu’étant enfant il supposait, structurellement, sans être en mesure, psychique et corporelle, de s’en saisir, d’en être saisi.

De là que pour tout moi-même (Pierre Dupont) il existe un devenir du ‘je’ brut, qui s’impose comme d’ailleurs dans la masse de déterminations du moi (un ailleurs comme la pensée, la révolution, la poésie, etc) ; et extraction soudaine qui permet et autorise à récupérer tous les devenirs de tous les je, qui eurent lieu et forment notre historicité (selon les différentes versions de la structure-sujet ; dieu, la pensée, le sujet, le réel.

Il est fondamental de saisir que la singularité du je passe par cette universalisation. L’universalisation est portée dès l’apposition de signes, de mots par ex ou de toute sorte de langage, elle est intégrée à la fonction intentionnelle elle-même, puisqu’un signe est un rapport et qu’il universalise de fait, il draine la perception ou le percept dans l’énonciation. L’universalisation est la version extérieure du rapport, mais le rapport lui-même n’a d’existence que singulière. Le singulier est la plus grande possibilité, et en vérité le possible pur et brut ou une structure approchante (la plus approchante que l’on connaisse) puisqu’ici ça n’est pas quelque chose ou quelqu’un en particulier qui se signifie mais le rapport lui-même.

C’est bien en cela que tout moi-même est profondément scindé entre d’une part une identité (déterminée) et une structure (dite autrefois universelle), et d’autant plus que Lacan permet de comprendre que la division est originelle ; c’est parce qu’il y a division qu’il y a un moi. Et par ailleurs cette division ne désigne pas d’abord le moi (et son unité imaginaire, qu’il prend parfois pour une division universelle) mais est le je.

Ce qui en ce sens simplifie considérablement, puisque le rapport est déjà instantanément l’unité de son rapport ; et il n’est pas besoin de s’engager dans une définition, déterminée, de l’unicité de cet « être », ce qui embarquerait dans l’indélicatesse d’une détermination (soumise à contradictions, arbitraire, particularisme, etc ; par exemple si l’on dit que notre être est la « volonté » c’est déjà trop, sauf d’entendre « intention » (la volonté n’est déjà pas l’intellect ni l’imagination ou la perception, l’idée en est déjà trop spéciale, et accrocher la volonté à un naturalisme est encore plus trop, pour ainsi dire) ; seul le rapport ouvre et ouvre le réel comme possibilité. Unicité se dit d’un être, unité se dit d’un rapport. Et si c’est d’un rapport (ce je, en quoi on retrouve la monstration de Descartes « ceci est un je ») il gagne à la fois son unité et son unicité (puisque l’on ne peut pas être la conscience d’un autre je, ou donc puisque cette conscience n’existe qu’en tant que rapport, ce qui est sa définition structurelle ; le seul être qui n’est pas un être, mais le rapport à soi comme rapport).

(l’unité - du rapport - est également ce sur quoi se fonde le nombre, et donc les mathématiques ; le nombre est une variation, indéfinie, du un (rapport de la chose à elle-même) et peut être compté).

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