Structures dans la perception
Histoire du Mouvement. Angle de pénétration de la philosophie dans le réel.
La philosophie n’expose pas des idées, mais une structure ; celle qui précède les idées, les images, les sociétés humaines, les mondes divers et variés, les esthétiques, etc. Notre être n’est pas une « idée » ; comme cela se pourrait-il ? À moins d’accorder un être à la « pensée », ce qui fut l’hypothèse métaphysique ; mais une structure dite intentionnelle, phénoménologique, laquelle agit et réagit constamment non pas selon la variabilité des contenus (auquel cas nous serions des poulets sans tête, à tous les vents), mais selon la consistance de cette structure. La structure « conscience », ce champ intentionnel, existe en soi et cet en-soi est un rapport (qui rend possible d’admettre tous les rapports de perception du vivant qui lui viennent, et de créer tous les autres relatifs à sa capacité propre).
À noter qu’il paraîtrait sans intérêt de supposer un « être » sans pensée ni conscience ; pour la raison que l’on n’y retrouverait aucun rapport au sens de « rapport qui sait ou qui se sait ». Du reste un rapport qui sait sans se savoir lui-même est tout aussi inconséquent. Le savoir ne s’effectue que dans le rapport à un horizon, en ceci que l’on prend la forme de l’horizon ; on ne tient un rapport que dans un rapport plus grand ; et ce à l’infini, d’où la nécessité de prendre fait de cet horizon ou de cet infini, et de ceci l’importance de préciser, constamment, cet horizon sur lequel on pose tout le reste (dieu, l’être et ‘l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution, de liberté-égalité, le réel et le je ; en quoi on a toujours instantanément situé les horizons structurels, puisque c’est à partir d’eux, de leur luminescence que leurs effets sont installés dans le monde, le groupe, le vécu ou le moi-même).
Aussi dieu, la pensée, le sujet ou le réel forment les angles d’approximation de l’incrustation de cette structure de conscience dans ce « lieu » qu’est le réel. Ceci dit sans prendre position sur l’existence ou l’inexistence de dieu, de l’universel, du sujet, et du réel comme dimensionnel. C’est tout à fait sérieusement que l’on admet le divin, la vérité, la liberté ; il n’y a aucune raison que l’on se soit trompé (on a conclu à l’illusion ou à l’erreur que d’un point de vue tout à fait récent et particulier ; la réalisation mondaine de l’humanisation, en quoi le moi est dès lors dans l’incapacité de vraiment comprendre quelque stratégie que ce soit ; il ne voit que ses bouts de pieds).
Il est clair que par « phénoménologie » on n’entend plus du tout que cette conscience-de serait relative à ses, des contenus ; Sartre nous a bien montré que « structure de conscience » se comprend comme une unité (ouverte absolument, cad formellement). Elle agit, comme structure, dans le regard, le relationnel, le corps, les images ou imaginations, les idées ou l’historicité, etc, bref partout. Puisqu’elle est à l’origine, à la source.
Il faut donc se sortir de la tête que ce qui s’agite ce serait des « idées » ou des systèmes, mais bien plutôt des positions (sur la surface du réel). Et que idées ou divin ou je ou vérité ou liberté sont des moyens d’accéder à. D’accéder à la plus grande capacité possible d’accéder au réel sans doute mais aussi d’actualiser constamment cette capacité et d’y agir.
Notons bien ; agir sur le réel ça n’est pas seulement agir sur la réalité (aménager le monde ou sa vie vécue). Mais agir sur, dans, par ou pour la structure du réel ; tel qu’il nous est atteint, à tout le moins, à voir si il ne faut pas entendre ; modifier la nature même du réel, ce qui n’est pas illuminé, dans la mesure où toute religion, tout absolu, tout engagement se comprennent eux-mêmes comme transformation de ce qui est dans sa possibilité même ; rappelons que le dieu unique, ou christique, ou l’esprit hégélien ou l’historicité d’une révolution, tout autant libérale qu’insistante, considérant que la révolution n’est pas encore achevée, sont saisis par cette capacité de continuer la création, d’inventer la vie ou d’augmenter l’humanité ‘essentiellement’ dans son essence même ; ce qui soit dit en passant a déjà eu lieu en partie. Modifier le réel n’est donc pas du tout une vue de l’esprit, mais notre agissement même.
Et évidemment on peut encore supposer plus avant que c’est ontologiquement, dans sa structure de réel, qu’il est question d’agir. Ce qui tout aussi bien s’est déjà décidé ; lorsque Descartes ajoute que le je se présente lui-même dans son propre champ (et que Pascal remarque qu’il existe un « moi », un sujet, à la lecture de Descartes précisément) la structure de conscience commence de se dé-placer et de déplacer le réel, le centre du réel (qui n’est plus tenu par l’idée de dieu, théologique, de même que le monde comme étendue n’est plus le monde aristotélicien, ou que dès lors chacun devient à lui-même un simili-centre, inaugurant le droit de la révolution).
Remarque ; Descartes ne crée pas le dit sujet, il le remarque et l’expose et donc accélère cette structure qui déjà pointait d’entre mille et un autres je.
Si l’homme n’était qu’une essence, elle ne serait pas modifiable ; mais étant une structure, cad un rapport, celui-ci peut lui-même se transformer, transformer le rapport qu’il est. Et bien sur en s’ajoutant de nouveaux rapports jusqu’alors non perçus (on n’avait aucune idée, représentation de dieu, de l’être ou de la vérité, de la liberté ou du sujet, de la révolution ou du moi-même avant leur propulsion dans la perception).
Et donc Moïse ou Platon ou Descartes ont décrit ce qu’ils voyaient, non pas les miracles, l’idéalisme ou le supposé sujet mais l’activité telle qu’elle se présentait, l’activité de cette structure étrange qui sait qu’elle existe et qui se fait voir à elle-même (non par magie mais parce qu’elle est un rapport et qu’elle perçoit évidemment ce rapport). Et ils notent scrupuleusement, puisque cela se déroule en tant qu’eux-mêmes, et dotés de cette capacité spéciale d’une, apparemment, sur-perception, de perception en instance de se voir elle-même et d’intégrer dans son activité cette même opération (ou donc ; avoir conscience-de).
On ne sait évidemment pas si Moïse a été appelé par dieu, ou Platon les idées, on constate cependant qu’effectivement la structure de cette perception là est étrange. Elle signifie que dans l’actualité quelque chose, quelque « réel » arrive qui « se voit ». Ou donc ; savoir que l’on perçoit augmente la perception. Ce qui se comprend aisément quant au monde, mais alors il faut appliquer pareillement lorsque l’on (se) perçoit ou perçoit quelque réel, tel le fait du monde, le fait « qu’il y a un monde ».
Que l’on ait voulu écrire le sismique, les variations de cette sur-perception, est-ce étonnant en soi ?
Qu’est-ce que l’on a tiré de cet enregistrement des variations de la perception et qu’est-ce qui est en jeu réellement d’une telle distanciation ; la perception n’est pas pour l’être humain, simple ; elle est complexe, et précisons-nous, elle est articulée et que penser de cette articulation ?
Que donc ce que l’on perçoit, ce que l’on voit est déjà toujours pour nous distancié et autre ; quel est le fond de cet altérité ? C’est ce que l’on a voulu désigner, définir, délimiter par dieu, la pensée, le sujet ou le réel.
Ce disant on n’exclut pas du tout que dieu nous ait appelés, que l’universel existe en lui-même, que le sujet soit un autre, que le réel s’impose non seulement comme fonctionnel (déroulant les réalités, les choses et les êtres) mais dimensionnel (beaucoup plus étendu que cette réalité, cet univers ou ce que l’on voudra). Tout cela revient à chacun.
Mais on suppose que moïse, Platon ou Descartes ou Lacan ont effectivement enregistré des déplacements de position à la surface du réel ; qu’en somme nous les croyons en et par ce qu’ils disent, ce qu’ils signifient (puisque n’étant pas plus stupides que nous, c’est le moins!).
On découvre l’intention (dieu) ou le réel (l’être). On tente de saisir ce que c’est que dieu ou l’être, on a du mal. On se surprend sur la piste d’une articulation très étrange et qui n’est pas ailleurs qu’ici même, d’abord sous la forme du je (Descartes) puis en tentant de définir le « lieu » en lequel il existe un je. Le donné des sciences, le monde de Marx ou la durée de Bergson ou l’en-soi de Sartre ou l’Être de Heidegger ou la Volonté de Nietzsche, etc.
Il apparaît que plus ou moins le je, le sujet s’est exploré dans tous les sens, autant que l’on sache ; mais on suppose ici que, puisque la conscience est en elle-même une structure, qui ne dépend pas de ses contenus, c’est réellement et effectivement que les explorations, du je, de l’arc de consciences, sont menées dans toutes les possibilités accessibles et recherchant les inaccessibles, que l’on attire à soi, que l’on veut exposer, manifester afin de les intégrer dans le champ de perception.
D’une manière générale le champ de perception est, de la sorte, explosé dans tous les sens, toutes les significations, toutes les expérimentations (de l’esthétique à la pensée, en passant par les sciences ou l’idéel, le politique ou la personnalisation, chacun étant cette tentative de résolution de l’équation au long d’une vie transmuée en existence).
Positions
Le je remplace l’être, et depuis quelques temps quand même …
L’être est un concept que l’on conçoit, certes, mais dont on imagine la consistance. On croit posséder l’être, comme une idée. Mais cette métaphysique est une imagination, on lui prête une puissance,
et cette puissance on la retrouve dans non plus une métaphysique (telle antérieurement à Descartes) mais une ontologie (à partir de Descartes) ; la raison en est que par Descartes la puissance s’installe dans le réel, ici même, et ce sous la forme, la formulation du je ; le je, au contraire de l’être, est sinon compréhensible du moins saisissable (on en est la volonté, qui prendra plus tard la désignation d’intentionnalité, agrandissant sa capacité ; volonté-conscient, intentionnalité-conscience).
La différence réside donc dans l’opérativité ; l’opération « être » a permis de déployer la pensée, sous la logique du un en tant qu’objet monolithique mais surtout admis en lui-même comme universel ; l’opérativité est cette universalité ; l’être, le bien, la pensée de la pensée, le un ; se conduisent comme des principes organisateurs.
On ne peut pas y contredire, puisque tout dépend de l’a priori qui amène à ces cohérences, mais c’est sous une autre forme que le problème se pose.
L’unité remplace l’unicité
Au spectacle du monde donné là, dans la perception et de toutes les constatations que l’on puisse faire, la réalité semble bien plutôt livrée au devenir et à la multiplicité. L’unicité de l’être rend impossible de concevoir, de comprendre le donné, aussi les sciences viennent se substituer à la philosophie, sciences qui tirent des réalités les universalisations (à commencer par le nombre, qui est déjà indéfiniment multiple).
De même que la réalité est constituée du devenir et de la multiplicité, aucun contenu de conscience n’est égal à la conscience elle-même.
La prolifération des réalités (découvertes par les sciences par ex) ou évidemment la soudaine capacité de l’humanisation à décupler ses possibilités (la révolution est à la fois le sceau de ce qui précède et qui éclate les traditions et l’introduction à l’historicité nouvelle, chacun rendu à lui-même peut conduire sa vie ou développer ses projets) ne sont plus unifiables dans une seule unité, mais chacun des parcours récupère son unité propre.
La révolution n’est pas le triomphe de la rationalité (elle s’en sert juste pour abroger la religion et la tradition), mais celui de cette cohérence interne qu’est l’activité libre de chacun (chacun étant plus ou moins poussé à agir « raisonnablement », au sens conservatoire, mais ne s’animant que pour la liberté. On en a vu la raison ; si l’universel est, tient en et par le rapport, il faut que celui-ci soit saisi de lui-même, saisi au sens de surpris, sidéré, de même que Pascal le fut des espaces infinis ou Sartre du « ça existe », en ce que « le réel existe ». cette altérité absolue, cad formelle, lance à chaque fois que l’arc de conscience soit en forme de rapport. Dont l’autre partie, l’autre Bout manque.
L’unité est dès lors tout à fait spécifique ; il y a unité selon chaque rapport.
Pour faire court, on a mis en place, historiquement, un plus grand rapport que la pensée. La pensée, grecque, a été reprise dans un dispositif plus grand, le christique, qui a inauguré cette idée, organisée, et de plus en plus organisée, du sujet, ce qui veut dire de l’intentionnalité,
- que l’on considère le christique comme effet (d’une structure réelle) ou comme cause (révélée) d’une gigantesque vague d’historicité, ou les deux -
du sujet donc, ce qui veut dire de l’intentionnalité, phénoménologique. Ou qui sera à terme exposé le plus explicitement comme tel.
Et c’est ce dispositif qui s’est installé, partout, et en particulier, pour chacun en tant que « moi-même » (cad dans le recentrement de l’intentionnel en et par un corps, un corps qui vit une vie vécue, et n’est plus seulement le sujet abstrait ou structurel ; autrement dit le moi est le sujet mais le sujet en tant qu’il concrétise, produit en quantité de réalités, de réalisations, de projets comme on disait au début du 20éme, ses intentionnalités).
Le dispositif ‘sujet’ n’est pas un objet mais un processus organisationnel qui, se tenant à la racine, aboutit à toutes les réalisations possibles ; ce qu’il veut organiser c’est le faisceau intentionnel, lequel est la plus grande universalité que l’on sache, ou que l’on connaisse (tout relativement, puisque c’est vraisemblablement la source du réel ou ce que l’on atteint, expérimente au plus de la source, éventuelle, du réel). La « raison » est un mot, il n’existe que des systèmes, tel ou tel précisément, mais la-raison n’est nulle part ; par contre il existe que chacun soit absolument le sujet qu’il existe.
Donc on a saisi que le réel est un déroulement et ce déroulement est une structure (hors de tout contenu) et on veut comprendre le mécanisme qui déroule tout le reste.
« Tout le reste » cela indique quant à l’humain à tout le moins, ou plus exactement à ce qu’il nous est possible ; soit donc non pas tant l’humain, que des champs de perceptions.
Tout le reste « quant à l’humain », mais que nous étendons, par prise de risque (dont on ne garantit rien du tout, à chacun de se faire son opinion), que nous étendons donc ce processus de déroulement de la réalité, et donc d’actualisation, à tout ce qui est (dans la limite de notre expérience évidemment) , à tout ce qui est en tant que le présent nomme la structure réelle qui déroule toute la réalité.
Et nous renommons ce présent en tant qu’exister.
On passe donc (depuis le sortir de tout monde particulier, holistique, cyclique, sacré-profane, groupe humain déterminé qui confortait sa propre véridicité, système parole-échange-langage, etc) de l’être à l’exister dans la mesure où notre réflexion commence (depuis dieu qui sépare le divin du monde que le sacré intégrait à perception) d’approcher la structure, de plus en plus nue, qui produit, crée le monde, le donné, la perception, et donc les champs qui avancent dans ce donné-monde.
Ou du point de la raison ; il n’y a pas de système unique mais il existe un système des sujets, celui qui a commencé d’exister par la révolution, dont personne ne comprenait la possibilité, mais qui fut, néanmoins, décidé. Historiquement.
Ou donc ; une « raison » qui ne comprendrait pas la liberté du sujet ne serait pas réelle, et donc pas la raison. Le marxisme par ex est un exemple de pensée universalisante qui se permet de remplacer les sujets, individuels (et cela vaut pour toute idéologie ou pseudo-scientisme, chaque science étant limitée par et en son objet).
Mais si on doit admettre la liberté du sujet alors il n’existe à proprement parler que la liberté, non au sens où rien d’autre n’est, mais en ceci que quelles que soient les conditions (et elles peuvent être innombrables, comme causalités ou comme systèmes, le langage par ex), quelles que soient les conditions, la liberté est conclusive ; elle vient en plus et d’ailleurs (que des parties, des déterminations du monde ou de la vie vécue).
Ceci puisque l’arc de liberté se constitue là où s’arrête le monde, et la vie vécue, sur le Bord de l’actualisation de tout : le présent.
L’actualisation fonctionne donc comme possibilité.
Ayant abandonné toute version du monde en tant que particulière, chacun de ces mondes s’enroulait sur lui-même en créant son milieu, milieu qui n’était pas « le monde », mais une des versions spéciales ; les grecs montrent, eux, le monde donné « là », et qui est dénommé « l’être », le-monde, réel et universel, en dessous des mondes particuliers et découverte redoublée par « que chacun soit à lui-même sa vie propre et son corps tel quel » ; christique donc ; et cette double immense avancée dans et par la structure aboutit à dérouler tout, tout déposer, comme une vague antérieure, toutes les sociétés humaines et toutes les personnalisations qui eurent lieu.
On présuppose donc que la réalité, les réalités, se déploient au-dedans d’une forme, le réel. Le réel est désigné (ça n’est pas une abstraction) en tant que présent. Soit donc l’exister.
Se tient donc de la co-ïncidence de l’acte de conscience et de l’acte ou l’actualité du présent ; et donc la désignation d’un « lieu », neutre et formel, le donné « là », le « là » en tant que donné et sur lequel se branche incessamment l’activité intentionnelle ; non pas que l’on puisse s’en étonner (si l’intentionnalité ne venait pas dans et du présent où serait-elle?) mais s’en étonner au travers de cette notion d’actualisation. Le réel est une machine actualisante.
On a vu que pour qu’il y ait réalité (s), il faut que chacune (chaque réalité) se structure elle-même ; les réalités ne sont pas « prévues » par un ordre. Ce serait même contraire à leur être ; pour qu’n tel être ait lieu, une abeille par ex, elle s’établit par et dans les relations, interactions qui la constituent ; « abeille » veut dire ces relations qu’« abeille » existe. Ce qui se traduit pour cet être qui n’est pas un être, mais un mouvement, qu’aucune conscience ne s’acquiert sans s’exister, sans se rapporter à soi-même, ce que l’on a nommé liberté ; ce que précisément ce vivant qu’est ce corps, ne comprend pas du tout.
Le vivant est le centre de son monde (son milieu), et ne connaît pas l’horizon puisque pour connaître l’horizon il faut se percevoir soi à partir de l’horizon. Ce que l’on nomme « conscience » est que l’on a pris l’habitude de confondre avec la « connaissance » est inversement le se-savoir ; qui ne contient aucune connaissance, sinon qu’il se dit « je ». et encore se dit-il « je » mais il n’est pas le « je » (ce signifiant) qu’il sait être ; « je » se tient dans la vue du je réel qui lui n’apparaît jamais au-devant (il ne peut pas se présenter dans la présentation et encore moins dans la représentation, la connaissance) ; il est ce à partir de quoi ou de qui « il est désigné » quelque réalité ou quelque réel.
Aussi lorsque l’on prononce « l’être est », la conscience prend la forme de l’être, du « là », qui existe au dehors, extérieurement ; par ex « le silence des espaces infinis m’effraie » veut dire que soudainement (ça n’est l’être là des grecs comme monde mais) on se voit du dehors et du dehors « ça ne parle pas ». ce qui est terrifiant dans la mesure où toujours la conscience croit former un cercle, d’auto-référence et brusquement elle s’aperçoit que le donné là, tout autour, ne signifie pas, qu’il n’y a pas de centre, que donc le se-savoir formel ne peut faire lien.
L’étonnement grec se transforme en épouvante dans la mesure où, certes, nous pensons mais cette pensée n’a pas d’écho dans le monde « là ». Ce qui vient de Descartes qui aplanit le monde (ordonné du cosmos ou le monde créé et hiérarchisé par la théologie) en « étendue ».
ce faisant le divin n’a pas été évacué pour autant… Il a changé de nature, d’identification ; dieu ou le christianisme n’ont jamais signé une magie du monde, mais son caractère de donné créé objectivement pour ainsi dire ; le divin ne porte pas à l’inclusion du sacré dans le monde ou la vie, mais il s’agit et il s’agissait déjà depuis le début de resserrer l’attention à ce qui est effectivement un mystère de structure et non une magie du monde ou une énigme de la raison.
Le christianisme a embraqué avec lui la pensée grecque, mais le christique ne résout pas du tout le réel de ce qui est, en tant que pensée ; bien plutôt en terme d’intention ; intention de dieu ou intention de chacun (lorsque le christique révèle que chacun est unique et unicité et donc se tient d’un rapport neuf et renouvelé, le renouvellement de ce qui jusqu’alors venait de l’ancienne forme de l’Alliance, juive, et si dieu signalait son impérieuse et terrible volonté, son Intention, celle-ci s’adoucit par le christique et vient soutenir notre faiblesse intentionnelle).
Cette intention qui vient au jour, est bien plus ample que la pensée, qu’elle contient évidemment en son sein, entre autres, entre autres possibilités de signifier (quantité de domaines de possibilités, de l’esthétique aux politiques se produiront une fois que chacun devient la finalité et le moyen de son activité individuelle). L’intention que met au jour, révèle ou découvre ou crée le christique est en elle-même bien plus forte et cohérente, par ex, que la seule raison. C’est ainsi toute une civilisation qui se génère à partir de la mise en place du sujet, du je. Sous le regard du christique (égalité de tous), et sous l’affirmation du un cartésien ; le je tout seul, la liberté qui, donc, en tant que liberté ne peut que s’auto-acquérir pour ainsi dire ; s’affirmer soi, tout en prenant garde de bien considérer que son ‘être’ est relatif, puisque cet ‘être’ est un rapport qui dépend donc de dieu, ou de l’infini, ce qui veut dire qui considère et admet que ce rapport est conçu ou signifié en tant que, précisément, un rapport, ce qui veut dire que l’autre bout (du rapport) manque toujours au dit rapport ; un rapport ne tient (dans la réalité, le réel ou même la vie) que s’il sait n’être qu’une moitié.
De même que dieu, la vérité ou la liberté insistent en et par la possibilité du divin, de l’universel ou de la possibilité (en quoi chaque sujet affirme tous les sujets).
Ou qu’il ne peut pas se clore. Ce qui impliquerait que cette clôture se referme sur un être déterminé de lui-même, cessant de fait d’être un rapport. C’est donc toujours une illusion ou un faire valoir ou faire semblant que de se concevoir tel ou tel. Et ce ne seront pas les efforts des idéalistes allemands qui tentent de représenter l’absolu, de l’affirmation de ‘soi’, qui nous pousseront à se démettre de cette indétermination absolue, cad formelle, de notre être, qui n’est pas un être.
Penser cette indétermination c’est évidemment plier la logique de l’objet, de l’objectivité ; c’est en cela que l’on présente le christique comme inaugurant une cohérence bien plus grand que la « pensée » et qui ne se résoudra certes pas dans le cadre de la métaphysique ; delà que pour nous, ici, Descartes installe l’ontologie, ici et maintenant en tant que cet ici même est une articulation. Et non un là inerte et amorphe. Ou donc par Descartes ça n’est pas que la pensée se révèle « sujet » (Hegel) mais qu’il existe un je qui fait son entrée dans la représentation et un je qui doit être pensé en tant que je, et non en tant qu’être.
Donc le je n’a pas pour caractère essentiel de penser, mais de signifier. Le je ne ressemble pas à un objet parce qu’il est un rapport, qui indique on-ne-sait-quoi. Et qui même lorsqu’il se désigne lui-même, ne porte vers rien, puisqu’il introduit alors au je tel qu’il existe ; Descartes renvoie à chaque un.
Il faut entendre « signifier » comme beaucoup plus étendu et beaucoup plus cohérent en vérité et réalité et en réel, que « pensée ». Dit autrement ; ce qui est dit, énoncé, représenté, créé esthétiquement, entreprise morale ou politique, manifeste une tentative d’architecture totale, et notamment de ceci qu’il y eut tentative d’unifier, chacun en lui-même, toute l’historicité, à la fois comme humanisation (depuis la révolution universelle) et personnalisation (prolongement et réflexion interne à l’humanisation, par quoi le désir supplante le besoin universel, communiste ou naturaliste).
Totale donc en ceci qu’il s’agit de mettre en forme, informer l’arc de conscience en toutes ses possibilités. Ce qui a abouti au monde humain individualisé totalement et exporté mondialement.
Le plus étrange étant que les véritables inventions qui outrepassent et peuvent être tenues comme créations de structure (de consciences) échappent à tel ou un tel, ne sont pas affectées d’un nom mais s’imposent comme historiques. Dieu, le christique, la pensée (la vérité), la liberté ou la révolution, l’esthétique ou la poétique (ou le roman, etc), réclament quantité de sujets, de je, de consciences. La structure s’est inventée et donc créé des domaines.
Des domaines phénoménologiques, de perceptions diversifiées et organisées. Qui excèdent de très loin les capacités de la pensée, et engagent l’arc de conscience ou le je de chacun. Ces domaines n’existent pas en eux-mêmes mais sont constitués en et par et pour l’arc de chacun ; chacun est capable d’atteindre les domaines ; le domaine est cela même qui expose la capacité de cohérence de chaque je. Les bibliothèques en somme, les bibles de tout arc de conscience qui exhibe de la sorte sa grande capacité tous azimuts. Soit donc non seulement d’organiser toutes perceptions, mais de créer les champs de perceptions. C’est tout entièrement que l’on étudie, ce qui signifie élabore, la perception.
La perception telle que donnée, naturellement, est relative à l’adn, l’adn plus quelques rencontres, par exemple de l’humain et du chat, du chien, du cheval.
Si tout arc est capable d’investir et d’inventer et de créer des telles bibliothèques et d’introduire à toutes organisations phénoménologiques, cela veut dire que l’activité intentionnelle de conscience ouvre les visions ; lesquelles s’ajoutent au donné. Et s’ajoutent en tant que produites dans et par l’actualité, par la décision de chaque sujet. Lequel ne se contente pas de penser extérieurement et objectivement sciences et institutions, mais s’engage tout entièrement et rend accessibles à eux-mêmes tous les sujets. Politique ou esthétiques, éthiques ou systèmes de pensée, psychanalyse ou mass et micro-médiatisations s’adressent, se constituent dans l’adresse vers les je. Plongés dans l’exigence de la possibilité. De la possibilité non pas selon le monde, autour du monde. Non pas dans la vie vécue mais dans le vécu (en question) de la vie ; dépassant donc le vivant par l’Existant.
L’existant est ce qui décuple le vivant, est l’opération intentionnelle qui prend dans son champ immense (et supposément infinie) tout le donné et tout le vivant. En tant, donc, que re-création.
De ce développement il doit ressortir que l’on est passé d’un réel plutôt fixé (dieu ou l’universelle pensée) à une compréhension, interne, du devenir et de la réalité donné là, en instance du sujet, du je, cartésien, transcendantal, hégélien, husserlien, nietzschéen, sartrien, lacanien, etc ; en quoi devenir et réalités sont articulées et que cette articulation est l’envie de nos attentes.