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instants philosophie

Le réel comme interstice

30 Avril 2022, 12:31pm

Publié par pascal doyelle

Il ne s’agit pas de réunir l’ensemble des observations sous le christique ou dieu, ou la pensée et l’universel et l’être (le bien, le un, la pensée de la pensée, etc), ou sur le sujet ou la révolution ou le réel et le « là » du donné ;

mais inversement, tenant ces Accès pour ayant effectivement eu lieu, on cherche à rendre une compréhension, et une compréhension qui tentera de se passer des grandes idées abstraites (qui nous tirent vers la métaphysique, antérieure à Descartes) d’une part et d’autre part à resituer ces « idées » en tant que désignant des articulations ayant effectivement été actualisées dans la constatation du donné tel que «là », le réel, et dans la constatation de la spécificité de notre être, qui n’est pas un être (mais une articulation, on vient de le dire).

L’ambition de Descartes, Kant et Hegel et suivants (Husserl, Sartre, Lacan) entend précisément délimiter « ce qui agit vraiment » et tel que se réalisant, là, sous nos yeux. C’est en ceci que nous sommes passés de la métaphysique, grecque, et de la métaphysique, théologique, à Descartes, ce qui veut dire à une ontologie ici-même agissante, et qui donc se-sait, puisqu’elle existe-ici et qu’elle se-voit (et chacun se-voit et se-sait en lisant Descartes, chacun prononce le cogito, le dispositif cartésien ; Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan déplient ce dispositif repérée dans le champ actuel).

La finalité est de parvenir à naviguer dans l’arc de conscience, ce feuilletage, ce kaléidoscope qu’est l’arc de conscience, qui, étant un rapport, ne tient pas aux contenus (dont il se fascine) mais aux plis que sont les rapports ; ainsi en psychanalyse l’intentionnalité peut se dé-plier, jouer de la coupure initiale, de même que l’historicité nous montre les nappes qui créèrent, rendirent possible ce rapport que nous sommes devenus. De s’introduire dans l’arc de conscience, et précisément en tant qu’historicité qui se lit non comme contenus (systèmes ou idéologies ou objectivités) mais comme positions, positions sur le Bord de la réalité, soit donc cartographie de la structure du réel (tel qu’il a été expérimenté, sans augurer de tous ses possibles, qui peuvent être pluriels, au sens où antérieurement au dieu unique, à la pensée universelle, au sujet ou à la révolution, nous n’en avions pas idée ; c’est une fois advenus que ces accès révèlent même ce qui les précède).

C’est bien pour cela que l’on prend absolument au sérieux dieu ou le christique, la théologie, Platon ou Descartes, Rimbaud ou les Rolling stones, et qui que ce soit (doté d’une cohérence suffisante ou reconnue, en somme « démocratiquement » par notre tradition, le partage des vérités ou l’effet de réel) ; c’est qu’il n’existe qu’une seule structure de conscience, qui n’est pas dispersée au travers de contenus ; qui dessine un diagramme général, à la surface du réel l’arc de conscience dessine des trajets cartographiques.

Du rapport intentionnel

Puisque ce sont bien les explorations de l’arc de conscience, sur les lignes de crête du réel, qu’il découvre en jouant de son arc-boutant, sur le « là » initialement (l’être des grecs ; « qu’il y ait de l’être ») et sur le je en ce corps (le corps de chacun dans le corps unique et l’intention univoque du christique) qui n’est possible que de se supposer en un point-autre, en plus, hors le monde et la vie vécue (et créant du même coup que chacun ait une telle vie vécue ; ce qui est un fait, évidemment, mais qui devient, alors, catégorisable et définissable et donc hors du groupe, hors de l’ordre hiérarchique romain, hors des religions et des statuts figés ; ni homme, ni femme, ni esclave ni libre, ni riche ni pauvre et même ni juif ni gentil).

Descartes opérant la restructuration de ce point-autre, et s’y ajoute (il ne le contredit pas); Descartes dont on sait qu’il s’intègre en et par lui-même ; puisque découvrant sa liberté il faut, il fallait que ce point devienne « lui-même » le rapport ; le cogito-infini (un rapport n’ayant pas de fin, de terme, et son utilité consistant justement à redéfinir l’initial, le début par le terme, le final).

C’est bien parce que notre-être est l’arc de conscience (qui ne tient à aucun contenu et se définit comme champ intentionnel) que l’on rassemble dieu, théologie, philosophie, poésie, mass-médiatisation, etc ; puisqu’il s’agit de la racine ou du plan étal du champ intentionnel, de son organisation, non seulement de champs diversifiés, mais organisé en lui-même par sa Position, sa position ontologique, face au réel donné « là », et donc, aussi, à la nature de ce « là » (dont on dit qu’il est le présent, et à terme l’exister) ; ce champ est intentionnel parce que sujet (et la notion qui fait le lien entre champ et sujet est le rapport, ce qui veut dire le possible, tout aussi bien).

Pourquoi « parce que sujet » ?

Le-dit champ ne s’installe pas de ses contenus, mais de son unité ; il y a un possible parce que le je se réfère au champ et le champ au je ; ce qui veut dire que la vision, la perception, l’imagination, la représentation, la pensée, les systèmes esthétiques, les systèmes idéologiques, etc, ne sont pas préemptés, étant donné que ça ne fonctionne pas d’un contenu à un autre (idéal globalement de la raison), mais d’un contenu à un je, d’un je à un contenu ; il existe un signifiant-je de remplacement, de remplacement de tout.

(ce qui veut dire que la « conscience » est un rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même, ni plus ni moins, et c’est bien suffisant puisque ce rapport qui est sujet est le possible lui-même)

Le rapport n’est ni d’un côté ni de l’autre, et le signifiant n’est pas l’être ; le je-pense n’est pas le je-suis, qui est lui-même le signifiant « je pense » et non la pensée. Il s’agit d’un signifiant sans signifié, qui rend possible d’autres signifiants et donc de découper quantité de signifiés. Le rapport permet qu’une des faces soit inoccupée ; ou donc le signe est sous un horizon qui lui-même n’est pas signifié ; si cet horizon était un signifié, un contenu il serait placé sous un autre horizon, et cet horizon est aussi bien autrui, une autre-conscience ; il y a une autre-conscience parce que celle-ci, la mienne, est un rapport, qui la suppose, qui suppose autrui, qui suppose le grand autre ou qui se suppose soi (n’étant jamais identique à quelque « soi » que ce soit), et remplace, bouge, meut, déplace le positionnement lui-même ; c’est le lieu de position qui se tient d’unité et cette unité crée le rapport. Et ainsi une part du rapport est vide, cad formelle. Ou si l’on préfère, se tient du signifiant, qui coupe et dont la coupure est toujours déterminée, mais lui-même indéfini, ou renvoyant à lui-même, cad à rien mais un rien formel, désignant l’intentionnel, sans lequel il n’existe pas de signes, de possibilité que le signe soit ; aussi le père est l’intention et le fils les signifiants, par qui tout fut créé.

Le rapport c’est l’auto-désignement. Mais son auto-désignement, qui s’initie toujours d’un point-autre, n’est pas une subjectivité ; il est toujours assigné de cette altérité et de la plus grande objectivité (le rapport, dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont assignés à la vérité, la liberté et l’égalité, au créé, au possible effectivement perçu, dans le « là » du donné monde, qui n’est pas « moi » ou telle communauté, etc, mais se tient du rapport lui-même comme seul lieu effectivement, formellement réel ; et tout cela nécessite des efforts, des répercutions intentionnelles qui se décident et se décident dans leur actualité ; un rapport n’existant qu’actif ; il ne se repose pas sur les contenus ; et un rapport existant toujours actuellement, l’actualisme, soit donc ‘qu’il y ait un présent’ ou si l’on veut, ici, que n’existe que le présent. Comme colonne.

Remarque ; on peut tout à fait ne pas croire ou admettre que la transcendance est cela même et, de plus, cela seul qui Existe ; le reste, qui n’est pas l’exister, en ce cas « est » (déterminé donc) ; l’exister, lui, est la forme des réalités, réalités qui sont effectivement réelles mais secondement (selon l’être) ; seul l’exister existe, et par exister on veut dire « le mouvement même », soit donc le possible ou le rapport.

Si on refuse la transcendance (quelle que soit l’acception qu’on lui donne, de dieu au réel dimensionnel, en passant par l’universel ou le sujet, dans ses variations potentielles) n’est-on pas alors délaissé dans précisément tout ce qui est et n’est que déterminé ? Or ce qui est déterminé est fini, limité ; il n’existe aucune chose non-finie, aucune chose infinie (l’être, cette idée, est brodée, imaginée à partir d’un mélange de contenu, déterminé, et de forme, l’intentionnalité par laquelle des idées sont) ; de là que toutes les versions de l’être, du un, du bien, etc, paraissent incompréhensibles, puisqu’à la fois infinies et finies, formelles et définies (selon tel ou tel aspect). Le but, la finalité, ici, étant d’éviter l’indétermination totale (qui serait tautologique et vide) et la détermination (qui de toute manière manque sa cible, redescendant la compréhension vers le monde ou le donné ou la chosification ou l’objectivité, qui est tout à fait adéquate en son ordre mais non pas pour penser l’indéterminé). Et cette indétermination est dite, ici, conscience-de ou exister. Désignant par là les formes réelles et actives qui ex-sistent (et non pas des « idées »).

C’est du reste pour cela que toutes les définitions de dieu, du sujet, de l’infini, de l’être, du Un, tombent et retombent dans la dissolution, sauf si un tel auteur a bien compris ce problème et s’est permis, s’est autorisé de renvoyer toujours plus infiniment l’infini ; comme Descartes et le je vers dieu, Plotin vers le Un, Platon vers le Bien (comme principe ordonnateur plus qu’en tant que simple idée), l’Esprit qui tourne infiniment dans la dialectique (et que l’on ne peut pas définir), etc.

Ces opérateurs nous ne les comprenons pas, ce sont eux qui, apparemment, nous comprennent. Le dispositif kantien permet de replacer les accès stratégiques. Ces opérateurs (dieu, le un, l’esprit, etc) produisent ; ils produisent et rendent possible que l’on produit tant et tant d’idées, de systèmes ; dit autrement les opérateurs rendent possible le possible, et ce jusqu’aux plus petites idées qui permettent de lire, de transcrire, de décrire, d’avancer dans la non seulement description mais d’abord la Perception des réalités (Platon a raison ; les idées montrent, exposent, manifestent le monde, le donné, tout comme le christique rend possible qu’il y ait des regards individuels, ou la révolution des personnes humaines re-connues comme telles, dans une Constitution).

Il s’agit ainsi d’une saisie du transcendant nonobstant ce qu’elle peut être en elle-même (qu’elle soit dieu, la pensée universelle, le sujet ou le réel, ou selon la conception de chacun) et donc de le proposer tel qu’il se tourne vers nous ; de situer là où elle s’introduit dans ce qui est et qui se lance comme mouvement réel (d’exister) contenant les réalités (l’être), et ce par son horizon de Bord, en tant que cause justement transcendante ; de sorte qu’il n’y a pas à chercher une unité d’essence, de détermination (comme si une-détermination pouvait contenir toutes les autres), mais l’unité du mouvement, que de fait on constate effectivement (tout passe et s’efface sauf le présent) ; que la réalité devient et que ce devenir est son réel.

Ou donc ; pourquoi cela qui est, devient-il et pourquoi l’exister prédomine sur l’être ? On a répondu ailleurs afin que le possible devienne de plus en plus possible ; il n’y a d’autre finalité au réel, cad au possible, que le possible lui-même, soit donc un plus grand possible.

L’unité des réalités ne peut pas être de la même nature que ces réalités ; donc il y a du transcendant et ce transcendant est d’une nature bizarre, énigmatique, étrange, mystérieuse ou mystique (au choix).

Rappelons ceci : il n’existe rien, hormis le possible même ; qu’il se tienne brutalement au tout début et puis en perfectibilité continuelle et continuée ensuite, veut dire que le mouvement seul existe et qu’il est la structure même du réel. Ou donc ; il n’existe aucune plus grande, plus estimable, plus valide finalité à « ce qui est » que de se créer toujours plus avant ; sans ce mouvement « ce qui est » redescend en sa capacité même, tombe dans la dispersion et ne sert à rien. C’est aussi pour cela que l’on peut supposer que la structure du réel est celle du rapport, seul ayant accès à la perfectibilité, admise comme seule « perfection » compréhensible ; une perfection figée n’ayant aucun sens, et si la perfectibilité ‘mouvementée’ est la structure, alors le mouvement est cela même qui existe, ex-siste et la structure, cad l’organisation de « ce qui est » est en tant que mouvement ; le mouvement est le début, le moyen et la fin (la fin infinie, puisque Possible pur).

Autre évidence. Il se peut fort que la vie, vécue, s’emploie à abîmer intégralement toute attente, et tout votre espoir. Or pourtant cela impose, a contrario, que quelque réel plus grand, une plus grande intention était et demeure supposée, et ce malgré toute cette impuissance qui est la nôtre. Donc la transcendance existe. Et d’une nature autre, selon une exigence qui, de toute manière, ne peut pas se réaliser dans le monde (des choses finies, des déterminations), alors cette dilatation, cette extension, cette plus grande envergure, en plus de la réalité et de la vie vécue, réclame qu’elle règne. Pareillement il se peut que vous doutiez de la validité de cette grande intention première, mais alors il faut bien subir ce rétrécissement de votre capacité et son inanité ; cette réduction de votre possibilité vous suffira-t-elle ? Est-elle même vraiment envisageable ? Si entre vous-même et le monde ou la vie comme elle va, vous choisissez de prendre parti pour le monde ou les turpitudes de la vie vécue, que reste-t-il de vous ?

On a vu les étapes fondamentales ; l’intention (dieu), le réseau intentionnel (les idées), le je de l’égalité de tous (le christique), le je singulier (cartésien), la réal-isation effectivement organisée et vécue (la Constitution et l’individualité d’une vie et leur coordination hypothétiquement). Et il faut doubler ces acquis de ceci ; la transformation par chacun de sa vie vécue en Existence (entre l’avant et l’après d’une conversion, d’un décentrement, d’une altérité, d’une formulation qui autorise de poursuivre, d’avancer dans l’élaboration de ce décalage).

Ce qui signifie non plus suivre passivement pour ainsi dire la structure de la conscience, le champ intentionnel que l’on est déjà (qui passe d’un contenu à un autre, en se demandant si ce ne serait pas le bon, le bel et bien satisfaisant contenu, l’adéquation, le bonheur, la plénitude, la complétude) mais déplier cette structure de conscience, puisqu’aussi bien c’est ce qui eut effectivement lieu depuis le début (en quoi l’historicité est le feuilletage lui-même de cet arc de conscience qui se permet d’intercaler des signes, des signifiants, très étranges, mystérieux, de dieu à la révolution, de la pensée à Lacan en passant par toute sorte de systèmes de distinctions, esthétiques ou éthiques).

L’arc de conscience peut bien sembler étal, et se couler sur le donné là du monde, du corps ou du vécu (comme dans une communauté qui croit que la parole, échangée, est l’ensemble des choses et le monde même tel que perçu par tous) ; or précisément c’est l’inverse qui eut lieu ; dieu l’intentionnel vient initier le monde ; le christique et Descartes verticaliser et couper l’individualité ; et l’humanisme et le moi déplier le vécu. La structure s’impose et anime de mille facettes qui décuplent absolument le monde, tout le donné, le vécu et le corps ; la structure qui interrompt et s’introduit dans la perception (et les autres registres) transforme l’apparaître en kaléidoscope de visibilités, en systèmes de signifiants (y compris sur ce corps en tant que moi).Et l’unité qui opère se renforce, se tient toujours au plus près ; jusqu’à l’exposition de cette proximité par Sartre et Lacan.

Le champ intentionnel peut sembler un champ universel impersonnel, et il est en vérité une inépaisseur, mais il doit de par lui-même se déplier ; puisqu’étant un rapport il ne peut pas subir sa modification mais il en est l’acteur ; c’est son activité, son activisme qui le crée et ce faisant il remodèle à chaque fois les signifiants et donc redécoupe des signifiés ; et évidemment lui-même ; l’auto-signifiant du je (cad du rapport lui-même qui rend possible toutes les opérations) qui s’ajoute des fonctions pour ainsi dire ; et de la sorte augmente son propre possible (ce qui est le but absolu, formel, total, puisque si on intensifie la possibilité on augmente tout).

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Sartre /Lacan

23 Avril 2022, 08:03am

Publié par pascal doyelle

Il faut ainsi dégager l’acquis dernier (Sartre) en tant que conscience certes individuée (au cours d’une existence au sens sartrien) mais bizarrement impersonnelle, et dont le moi est « un objet » parmi d’autres dans le champ universel impersonnel de cette conscience. C’est pour cela que Sartre privilégie le champ plutôt que le je. Et que le je est constamment dépouillé par le monde, les choses, les en-soi, les autres, les regards, ou l’histoire (ultimement marxiste, qu’il veut réélaborer dans et par un tel champ de conscience) ou que Flaubert (et d’autres) sont explosés par leur expérience vécue, ce qu’ils subirent, leurs réactions, et bien que, malgré tous ces dépouillements, « on est ce que l’on fait de ce que les autres ou la vie ont fiat de nous ». Ou inversement que nous sommes soumis à une exigence tout à fait rigoureuse. Une morale qui s’instaure par l’universel seul, de type kantien, et non pas de l’individualité même, par quoi chacun visualiserait le sens de sa vie, la signification de son existence. Ce qui est exprimé quasi parfaitement par ; "Si je range l'impossible salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui".

Une exigence morale, qui jugera votre vie ou que les autres jugeront en définitive. Et le marxisme « horizon indépassable de notre temps », qui suppose le besoin (générique de chacun et de tous) et non pas le désir (libéral et individuel, personnel), la scientificité, la dialectique (qui utilise le sujet et les passions et les choses et les objets produits technologiquement) et l’universalisation (comme seule vérité).

Évidemment l’ampleur tout à fait considérable des analyses sartriennes, qui fouillent jusqu’aux tréfonds de l’existence individuelle, exposent les contraintes qui pèsent, ou les aliénations, et les écarts et les bricolages et les inventions et les sauvetages, sinon les saluts, possibles. Et comme il n’existe qu’un champ universel, il n’y aura pas d’inconscient.

Somme toute l’existence sartrienne est comme un effort, soutenu, toujours plus orienté vers une universalisation ; c’est un humanisme.

Or il s’avère que cet humanisme, cette humanisation généralisée s’est transformé en personnalisation. Aussi des années soixante Lacan retient le moi. C’est aux mois, un par un, qu’il a affaire. Et ça n’est pas rien ; puisque l’évolution, l’augmentation de la complexité et donc une civilisation avancée se doit de laisser entendre que chacun est, personnellement, concerné ; qu’il n’est pas un ouvrier générique ou un employé générique ou que les femmes ou telle minorité puisse obtenir individuellement un potentiel réalisable (c’est ce qui était en jeu dans les « libérations » qui courent le long du 20éme, le devenir, ajouté à l’humanisation, de cette personnalisation). Sartre privilégie donc une version universelle.

La différence Sartre Lacan fonctionne étonnamment comme l’extériorité et l’intériorité de la même forme de conscience ; Sartre se charge de l’extériorité (le regard d’autrui, le corps, le monde, les choses, l’historicité, etc) et Lacan du dedans du moi ; à savoir qu’il aboutira à un pseudo-sujet ; le sujet inconscient, dont il voudrait obtenir la vérité ou plutôt que chacun, chaque un ressente, intuitionne la possibilité (puisque le but est de décoincer le moi, qui « ne se sent pas bien » dans sa peau, dans son rythme de satisfactions, il ne se laisse pas aller à lui-même ; et obtenir le sujet inconscient c’est desserrer l’étreinte (de où qu’elle vienne suivant votre choix de dépression, de névrose, d’obsession, de perversion peut-être, etc, le moi a inventé beaucoup de « solutions » à son équation impossible), mais sans jamais parvenir à la libération, puisque la division, la scission est originelle ; la séparation qu’opère, sur le corps vivant, le signifiant (cad aussi le regard de l’autre ou l’Autre lui-même), n’est pas ce qui arrive à un moi, parce que c’est par là seulement qu’il y a un moi ; de sorte qu’il est toujours second, voire secondaire et irréel (le réel étant l’horreur de la séparation-même).

Lacan est beaucoup plus proche du réel ; non seulement de fait il est outre la morale (mais pour une éthique), mais la scission du moi qu’il constate et documente et explore dans tous les sens, n’est compréhensible (en tout cas pour nous ici) que dans un champ individuel et singulier de conscience.

On a vu la résolution du champ universel et/ou individuel ; c’est que l’universel n’existe pas en lui-même, mais en tant que rapports entre des signes ; une langue, un langage est toujours universalisant ; ça n’est pas le « bleu » qui « est » mais un signe ‘bleu’ qui désigne quantité de bleus réels (qui par ailleurs sont plus ou moins bleu). Si il existe comme rapport, c’est parce qu’il copie, si l’on peut dire et on le peut, le rapport à soi du rapport ; en quoi consiste « une conscience » ; qui est toujours une ; on ne rencontre nulle part une idée, une pensée qui ne soit pas pensée, par quelqu’un, quelque « un ».

Ça ne veut pas dire que ce soit subjectif. Le subjectif est une partie des capacités du rapport ; une conscience assume et assure aussi bien les émotions que les mathématiques (lesquelles n’existent pas ‘en soi’ mais en tant que rapport ; « un » est le rapport à soi de n’importe quel objet ou donc du « un » à lui-même « deux » c’est deux « un », rapport tout aussi abstrait et vide, et donc tout à fait vrai, ce qui n’est pas dû aux mathématiques mais à l’unité qu’offre tout rapport). Si une conscience peut accéder aux objectivités, c’est qu’elle est plus grande que celles-ci ; le je n’est pas le moi, mais bien plus grand, et la finalité, la logique du je est celle du sujet ; la structure-sujet est seule parfaite au sens où non pas elle serait figé dans une perfection, mais en cela que seule elle est capable de se modifier, et donc la perfection est cette qualité de perfectibilité ; seul cela qui est capable de se modifier est parfait.

L’arc de conscience qui est un rapport saisit très bien les mathématiques ou toute espèce de rapport, ainsi les langages, quitte à en inventer quelques-uns en plus du langage commun ou des variations répertoriés de ce dernier (redéfinissant le vocabulaire, dans une œuvre, une œuvre est le réemploi des mêmes mots ou quelques-uns dérivés).

Lacan s’érige finalement en défenseur du sujet, du sujet inconscient, qui est originellement du côté de l’étrange (voire terrifiant) réel, mais par « réel » il n’entend rien de philosophique ; il est exclusivement dédié, dévoué au moi, aux mois qu’il ne cesse de rencontrer professionnellement et humainement, sur le divan ; il se concentre sur la structure articulée, soit donc les sortes de bouteille de Klein, ruban de Moebius, etc ; et ceci parce qu’il constate le déroulé étrange de ce dont on a conscience ou in-conscience, et que le faisceau de conscience, lui, manque, disparaît ou fait office de roulement, d’axe qui dérive constamment la ligne des contenus, des signifiants ; étant rapport il n’apparaît pas en tant que tel, mais par contre occasionne, cause quantité d’effets.

« Terrifiant » puisque originellement en chacun le rapport, la scission du corps coupé par le signifiant, est une Vue. Une vue à partir d’un point autre, le signifiant désignant un objet séparé, mais ici il est question non d’un objet parmi d’autres, mais du corps ou de l’être-là que l’on est, soit donc de la Chose, celle qui, massive, absorbe toute la lumière dans son obscurité et son absence de quelque « moi » que ce soit, le moi morcelé ou avalé ou perdu à jamais dans un labyrinthe, etc.

Le moi est prolixe quant à l’invention de dérélictions diverses et variées, variations de résolution du problème qu’il installe historiquement ; c’est son truc, son invention, sa créativité à même le corps, les signes, les vécus, les images, autrui, il invente dans son propre champ intentionnel (dont le « moi » est l’unité synthétique, ou donc le bricolage,ou le signe de signes, puisque son « être » est l’activité intentionnelle de conscience, soit donc un rapport ou comme on dit un « désir ») ; une inventivité des drames du moi, puisque le moi est une nouveauté extraordinaire depuis la révolution et qui s’épanouit à partir des années soixante ; la jointure lacanienne libéralisme /psychanalyse le travaille pour ainsi dire, et il voit bien, très bien que quelque chose de capitalistique arrive aux mois, totalement perdus qui se jettent dans un autre-monde, de signes objets, d’objets signes, et quittant complètement le réel, le réalisme lui-même, auquel parvenait à s’accrocher l’humanisme, forcément, puisque partagé entre tous, chaque un valant tout autre, mais l’hyper libéralisme, l’hyper représentation, le spectaculaire, au sens critique, emporte cette fois ujn par un mais en tant que chacun-tout-seul… tout seul dans son fantasmatique (marchandisé évidemment), et de perdu ils deviennent fous, irréels, indéfiniment perdus.

En vérité on ne saurait dire, ici, s’il existe un sujet-inconscient, un « vrai désir », puisque l’on ne se situe ici pas du tout dans le naturalisme ou le réalisme de la psychanalyse (pas plus qu’on l’on admet seulement la conscience sartrienne impersonnelle, bien que dans les deux cas on en accepte les descriptions sans se clore sur leurs conclusions, clôtures respectives) ; par contre qu’il puisse apparaître, naître, se libérer ou échapper à sa rigidité lors d’une psychanalyse, sans doute. On n’en jugera évidemment pas. L’idée de « vrai désir » est quand même, pour Lacan, exporté de Heidegger, authenticité et autres (Lacan a traduit quelques textes), sauf qu’il ne s’agit pas d’une généralisation, mais du secret de chacun, un par un, et astreint donc à une vérification (le divan).

Ce que décrit Lacan, recourant constamment à la philosophie (et d’autres domaines, puisqu’il touche à cette structure antérieure aux champs intentionnels, autrement dit antérieurement à tout l’humain) c’est aussi ce qu’il critique ; que tout, en dehors de la scission du corps vivant, relève du moi ou de l’imaginaire (image de moi-même en quelque manière) ; y compris les objectivités qui ne peuvent pas entamer l’épaisseur du moi-même, sa densité ; ainsi on fait semblant d’être philosophe ou de croire en ceci ou cela ; le seul réel c’est la scission et tout le reste vient combler ou pour mieux dire souder cette séparation (qui est douloureuse et même horrible, le vivant n’y comprenant rien, sinon une panique). Il n’y a donc pas de résolution pour Lacan sinon un « faire avec » ; si la psychanalyse avance suffisamment, on parviendra à faire avec sa division et même à alléger les soudures, les coutures, les rapiéçages du moi bricolé.

Et cet allégement « arrive » in vivo, au cours d’une séance ou comme une sorte de révélation, un dénouage, une possibilité plus ou moins soudaine ; elle a besoin de cette actualisation, et en présence d’un « autre », d’un point de vue « autre » qui vient matérialiser un vrai et réel signifiant-regard qui est précisément ce signifiant (oublié à jamais) qui un jour nous a scindé le corps, ou nous a coupé le regard, ou nous à bifurqué l’intention. La fausse résolution pour Lacan ce sont toutes les autres ; celles qui prétendent réunir l’intention en un seul regard d’un seul mot. Lacan privilégie en vérité le mouvement ; que cela (la vie éprouvée) puisse continuer de s’écrire (au lieu de se simuler, répéter, angoisser, dégoûter, etc).

C’est évidemment, du point de vue de libération philosophique, une anti-philosophie ; mais son but est de libérer non pas mêmes « les mois » mais ce moi, celui qui est actuellement sur le divan et qui obtient, peut-être, cette seule délivrance de son nœud psychique. Il ne s’agit pas de l’idée générale de libération, mais d’un dispositif signifiant qui vous a coupé bel et bien ou plus exactement peut-être d’un signifiant dont vous avez crû à la scission ; parce que cette coupure qu’elle ait eu lieu ou non importe peu, c’est votre interprétation qui vous a fait croire être-vu du dehors ; et croyance à laquelle vous avez affecté un signe ; par quoi cessant de vous prendre pour le centre du monde (comme un enfant ou un vivant qui est au centre de son monde-milieu) vous vous êtes décentré et donc perdu, littéralement perdu de vue, étant perçu par un autre (cad un signifiant qui vous serez appliqué extérieurement, vous tuant, comme vivant et vous transformant en existant.

On comprend, si l’on peut dire, le tourbillon que provoque le signifiant qui représente une conscience qui vous observe ou vous qualifie ; mais on n peut pas situer une conscience, un regard ; on ne sait pas de « où » il regarde ; on voit les mouvements de signes divers mais pas ce qui est à la manœuvre ; l’agencement de signes mais pas l’agent, et évidemment on est, on devient, on est contaminé, on copie, s’identifie à ce regard qui « devient nous », mais autre… ce qui est sidérant (on retrouve le regard d’autrui de Sartre mais Sartre conduit beaucoup d’agressivité envers ce regard, il s’en défend pour ainsi dire, il lutte, puisque pour Sartre le regard explicitement autrui, et non pas « un regard » insituable qui devient moi-même et me prend dans ses filets. Et étant insitué le regard pourra user de beaucoup de signifiants, ordonnés selon une ou des chaînes (de signifiants), organisé « comme un langage » (il faut bien que s’organisent ces signes, sinon ils se disperseraient n’importe comment, en cela le n’importe quoi n’existe pas).

L’objet du désir vient donc souder la scission, imaginairement ; et doit être relancé constamment. Rien ne peut combler le désir, qui n’est pas naturel du tout, mais générer comme dispositif très complexe à partir de ce qui est supposé (imaginé, halluciné) sous le signifiant (qui, prolixe, part dans tous les sens potentiellement ou tourne en rond si on est malheureux).

Ce qui manque à vrai dire (et outre la capacité de résolution de la psychanalyse pour tel moi) c’est donc, pour nous, ici, et suivant plus ou moins Sartre, ce qui manque donc c’est le regard ; ça n’est pas un objet, serait-il petit a, ni signifiant ou un lien signifiant, mais l’acte, l’activité même de « conscience ».

Une conscience ne sait pas qu’elle existe comme conscience ; elle croit qu’elle est un moi et ce moi doit ou devrait ou aurait dû correspondre à quelque chose, à quelqu’un, à une réalité, un contenu, un comble, une plénitude, etc (le moi-signifiant cherche son autre-signifiant, ou une sorte de signifié halluciné). Mais on a vu ici que le régime réel de notre être (qui ne correspond à rien dans le monde, le donné, le vécu ou le corps) est celui de l’insatisfaction et non de la satisfaction. Un arc de conscience n’a aucune correspondance avec quoi que ce soit ; de là qu’il faille décrypter et élaborer et étendre l’intentionnalisation en et par elle-même. Ce qui s’est nommé donc dieu, la pensée universelle, le christique, le sujet, la révolution, le réel.

Sartre pointait toujours très très loin ces illusions du moi, de même que Pascal, inventant le vocable « moi », à propos de Descartes (et se méprenant sur ce qu’il fallait entendre par « sujet », que René ne prononce jamais ; il décrit seulement tout à fait scrupuleusement le dispositif dont il rend compte et qu’il élève jusqu’au champ philosophique) et Pascal donc, de son point de vue, néantise ce moi (en vue donc du dieu théologique, tandis que Descartes promeut un autre dieu unique et christique et libre, celui qui n’est pas l’être, cette Idée, mais la volonté, cad l’intention).

Ente la conscience impersonnelle de Sartre (dont l’existence doit pourtant récupérer une individualité, qui cependant n’obtient de validité que sous l’universel, à terme révolutionnaire humaniste et marxiste) et le moi de Lacan qui, si il se libère un peu, se desserre du col pour ainsi dire, n’en demeure pas moins un « moi », il s’agirait bien plutôt de découvrir la voie qui rend à chacun son individualité véritable et une ; une singularité, qui, rappelons-le, débute avec le christique ; même si celui-ci imposait avant tout l’égalité de chacun et de tous tandis que Descartes en affirme l’individualité singulière (douée de plus de ses propres affects, de ses passions jamais rétrogradées mais affirmées et cherchant à les imposer comme assurance de soi, de soi-même, du je bel et bien existant, une « estime mesurée » de qui l’on est, un ancrage, un enracinement très profond, puisque ni plus ni moins il s’agit de créer l’affect, ou les affects, qui correspondent à cet universel existant qu’est le je).

Il faut donc que la structure universelle soit universelle parce que structurelle et non l’inverse, ce qui veut dire que le rapport seul existe, et que tout le reste est, certes, mais un être relatif à, donc, l’exister. Et ainsi c’est doublement qu’il s’agit d’une singularité ; singularité du je et singularité de l’actualisation ; dans la singularité du je vous choisirez, vous déciderez et d’une décision qui n’existera que dans et par cette actualisation de l’existence ; il y a une existence afin que l’on choisisse. Si Sartre pousse la décision existentielle vers l’universel (et de l’extériorité), Lacan impose que la structure, cad le champ intentionnel, existe, pré-existe en quelque sorte à tout ce qui suivra au cours d’une vie vécue ; la scission qu’impose le signifiant au corps vivant est un tel champ intentionnel, qui vous exporte, expatrie, de fait et dès le début.

Pensée grecque et christique, universel et intention, ou égalité structurelle et liberté structurelle ; il s’agit de déployer la structure qui n’est pas les contenus mais cela qui produit des contenus ou plus exactement la conscience, soudaine (qui fait-effet de révélation), que nous produisons ces contenus et se pose donc la question ; qui produit les contenus (ou le monde comme dieu en tant que pure intention autre, Rapport avant tous les rapports, ou la pensée les idées, qui doit se connaître ou à tout le moins se savoir (sans se connaître comme objet, mais se savoir comme principe, ontologie, logique ou logos, etc, ce qui veut dire « se tenir elle-même en tant qu’horizon ») ?

Au moment historique de Sartre et Lacan la structure parvient à une telle proximité qu’elle peut commencer de s’analyser telle quelle ; et spécifiquement elle se heurte instantanément à la chose qui existe, la racine d’arbre de La nausée « ça existe ». de même le moi éprouve immédiatement l’être, l’impossibilité de l’être ; un moi imagine qu’il Est (ne serait-ce qu’en un Objet supposément réalisant la jouissance, la jouissance qui n’existe pas, jamais, nulle part ; des plaisirs qui pallient en remplacement à la jouissance, oui, mais l’étayage, cad le pont imaginaire entre la jouissance (hallucinante) et les plaisirs (hallucinés) est très difficile à instaurer ; le moi doit énormément travailler ce passage ; et parfois dans le manque du manque, ça ne s’effectue plus et il entre en dépression, il ne peut plus même intentionnaliser, ce qui veut dire désirer ; il ne s’invente plus de manque, ou se révèle à lui que tout n’était que constructions, alors que tout désir croit spontanément que l’objet est désirable en lui-même ; il s’avère que non. Ce qui veut dire, soit dit en passant, que le rythme, le régime de la structure de conscience, intentionnelle, n’est pas de désir. On verra.

Et si le moi se heurte soudainement au réel, à l’exister brut, sartrien (ou aux variations heideggeriennes, mais dans l’autre sens) ; puisque le moi voudrait former un cercle, lequel se brise sur le réel tout à fait Autre et tout à fait a-humain ; inhumain pour Heidegger et surhumain pour Nietzsche, et par ailleurs horrible pour Lacan, puisque la jouissance, si elle se réalisait, abolirait tout plaisir, tout désir, toute image, toute intentionnalité, tout corps, bref tout ; la jouissance est infiniment proche pour le psychotique, et donc traverse la réalité et s’impose comme hallucination et indicible ; le dire permettant de passer … à un autre dire, à un autre signe, à un autre désir ; un coinçage est la répétition du « même » désir et non qu’il puisse se réécrire et se réinventer, ce qui fait souffrir.

Bref, l’exister brut sartrien (ou camusien) est l’aveuglante évidence de l’altérité absolue du réel ; il en juge selon son moi (qui veut faire cercle désir-objet et donc complétude) mais la vérité du moi est le je … Dieu, la pensée, le christique, le sujet ou le réel sont tous également a-humain. Il faut bien réfléchir à cela et prendre en considération (les juifs ne comprennent rien à l’exigence de dieu, personne ne comprend, les français ne comprennent pas la Révolution, même si ils la veulent ; tout cela est stupéfiant ; Rimbaud est ultra dépassé par sa propre Intention poétique). Le je cible pas le bonheur (le bonheur est requis pour qu’il y ait des mois qui soient susceptibles de leur je, mais pas plus ; le bonheur n’est pas la finalité) ; ce que le je entend, perçoit, Voit dans sa grande vision est tout à fait autre ; et c’est évidemment tout l’intérêt de dieu, de la pensée, du christique, du sujet, de la révolution et du réel.

Aussi l’alter ego des juifs est dieu, tout comme l’alter ego du moi est l’exister sartrien, le « là » du réel tel qu’il existe Autre que le je, or portant si il se comprend bien le je est lui-même absolument effet d’altérité ; un rapport est toujours (toujours) autre que lui-même … on y reviendra.

Mais pour le moment la structure en forme de rapport de l’arc de conscience (rapport qui idéalement voudrait former cercle entre son idée-image-sentiment-plaisir-jouissance-objet etc, et la réalisation, ce qui n’arrive jamais) se heurte au réel (qui est « ce qui ne fonctionne jamais », ou ce qui fait mal) et la notion générique de ce heurt est l’exister, l’altérité de tout ; non pas de tel objet seulement (dont la Chose psychanalytique est la version horrible, ce qui veut dire le trauma, la scission dont on ne revient jamais et qui nous dispose d’un regard, ou donc d’un signifiant, à jamais externe, qui nous enfonce dans une paranoïa fondamentale) mais l’altérité de tout cet univers ; lequel dans le christique est précisément destiné à la re-Création qui sera, puisque le christique est le point absolument autre, autre que tout, qui ouvre de lui seul, étant celui par qui le Père a créé, qui ouvre donc de lui seul la re-Création, selon son corps.

C’est bien ainsi qu’il initie tout ce qui suivra et que, depuis, on recherche ce point-autre, puisque c’est lui qui bascule, qui bascule tout le reste.

Et ici on présente donc que ce point ne bascule pas idéellement le réel, mais est le réel en tant qu’il bascule et que la nature même du réel est de basculer ; ce que l’on résume en ce que seul un « sujet », une structure-sujet est susceptible d’accepter la perfection absolue, à savoir non la perfection inerte, mais la Perfectibilité, puisqu’il existe, le sujet, en tant que rapport lequel seul peut re-venir sur le début ou donc la fin. Initiant donc le Commencement continuel.

Autant qu’il est possible sur un tel sujet évidemment, analyse dont le schéma est l’indétermination, cela même dont il est question, Sartre et Lacan analysent si parfaitement et rigoureusement que l’idée surgit que peut-être partout et à chaque fois la philosophie a très exactement piloté son observation toujours au plus près de « ce qui arrive réellement ». Le champ impersonnel de conscience et le regard-autre insituable, soit donc le signifiant. Et a posteriori on se dit qu’étant donné que l’arc de conscience est un rapport il cherche son organisation structurelle ; positionnant des réels et non seulement des contenus ou des idées ; des réels tels que dieu, l’être, le sujet, le je, le réel soit donc l’organisation interne du réel.

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Le champ intentionnel de conscience

16 Avril 2022, 09:22am

Publié par pascal doyelle

Notre être se constitue donc d’un arc de conscience, qui s’arc-boute au monde donné là, rejoint l’horizon, et crée un champ intentionnel, lequel se construit via des signes qui découpent la perception, de sorte que l’on peut toujours ajouter des signes, et donc des perceptions, en l’augmentant de signes (on invente donc des langages, les mathématiques par ex, la philosophie, les couleurs de l’artiste, les notes du concerto, etc). Ces champs de signes s’ajoutent à cette mémorisation spéciale du vivant, l’adn, et un champ intentionnel est perméable à une partie de la perception du corps, puisqu’articulé à et en ce corps vivant.

L’arc de conscience en lui-même est un rapport ; il a rapport à. Il a rapport à n’importe quoi parce que son unité est d’être rapport à (soi), dans lequel rapport le « soi » est non pas telle identité mais est le rapport lui-même ; l’arc de conscience n’est pas relatif à Pierre ou à telle communauté ou tel langage, etc, mais c’est tout le reste qui est relatif à l’arc de conscience. Les réalités, la vie, les autres existent parce que signifiés dans le champ intentionnel.

Le champ créé via les signes qui découpent, et la perception, celle du vivant, s’incluent l’un dans l’autre. Évidemment le corps vivant influe sur le champ de signes, mais aussi réciproquement et d’autant plus que le champ de signes est immédiatement perçu et extrêmement influent et notamment dans la mesure où il n’y a rien de plus simple que de manœuvrer les signes, les mots, les idées, les représentations ; il n’est pas nécessaire de déplacer les choses que signifient les signes, et l’ampleur expérimentale est dès lors énorme ; qui redouble lorsque l’on comprend que l’on ne reçoit pas les signes tels quels (reçu magiquement ou de la représentation sacrée et donc intouchables) mais qu’il est, au moins, possible de les produire nous-même, ce qu’est par exemple la raison, la pensée, qui assiste à sa propre énonciation de nouveaux mots, d’un nouveau vocabulaire, ou lorsque l’esthétique se sépare du ritualisé et vaut par elle-même, ou lorsque l’individualité se permet de percevoir son indépendance et l’unité de sa propre vie (hors de tout statut socialisé, puisque prenant appui sur celui qui n’est pas là dans le monde, le christique).

Étant un rapport il doit toujours se positionner ; il est inquiet par structure (ou désirant ce qui est la même chose, et angoissé lorsqu’il n’a plus de désir, lorsque manque le manque).

Puisque notre être est ce rapport, et que donc « conscience » veut dire « qui a rapport et existe comme rapport », alors cet arc de conscience est toujours constamment un je, cad un sujet et ce sujet d’apparence vide et abstraite est en vérité et en réalité l’unité la plus formelle et la plus singulière. Si en effet cette unité consistait en quelque chose, en quelques déterminations, elle ne posséderait pas du tout de singularité (mais serait dispatchée en diverses déterminations, en compositions, et non pas en une singularité exclusivement unique ; le plus formel (que ce soit un rapport) est le plus réel.

Remarque ; le champ intentionnel ne tient pas parce qu’il y a des signes, les signes tiennent parce qu’il y a un arc de conscience (lequel ne peut pas être décomposé ; il « se produit » de par la cervelle vers le donné là du monde). On ne trouvera aucun signe qui « contiendrait » l’arc de conscience. De même que nous ne dépendons pas « de la pensée », mais qu’elle dépend de l’arc de conscience, aussi l’arc existe-t-il antérieurement à tous les champs de perception (découpés par signes, langages divers et variés ; l’arc est autre que tous les champs).

L’arc excède absolument, et non pas localement ; il est d’une autre nature que le monde ou les signes.

Psychanalyse ; le signe coupe le corps, coupe le corps vivant, qui n’y comprend rien ; un corps vivant est un en lui-même et perçoit le monde comme étant son « milieu » ; un arc de conscience ne perçoit pas seulement l’horizon, il se perçoit à partir de l’horizon ; il est déjà sidéré par le regard autre, et par le signe séparé de tout. La terreur ressentie est celle d’une fondamentale incompréhension, d’angoisse brute. C’est en cette incompréhension qu’il faut se jeter, n’ayant aucun autre choix ; sinon que de croire que l’on « est « , ce qui n’est qu’ne rêve, qui prend quantité de formulations déterminées ; une véritable œuvre, esthétique, poétique, contenant en elle-même son renvoi au caractère purement formel et dévoilant la bizarrerie, l’étrangeté, l’énigme ou le mystère et non pas ajoutant un nouveau fantasme d’être à toutes les autres répétitions ; l’œuvre nous embarque de l’autre côté (du monde, de la vie vécue, du corps, du regard, de l’image, du bonheur, du connu et nous tient sur le Bord, prêts à basculer, lorsque décisivement elle pointe explicitement ce basculement et cette horreur, ce dégoût, cette terreur, cette angoisse, ou cette absurde position ou cette illumination hors de toute proportion, lorsque cesse le monde, le donné ou le vécu ou la vie (tel le christ évidemment, qui Voit à partir du point-autre ou de l’autre côté).

Dit autrement et de manière tout à fait générale, la philosophie mais aussi la religion, dite révélée ou manifeste (ou donc que l’on croit ou ne croit pas) développe la vision objective , ou sur-objective ou structurelles à partir de quelques points qui viennent au jour et expriment le distances effectivement réelles et qui se perçoivent elles-mêmes ; ces distances s’installent, dans l’horizon du monde, sur le Bord du monde, comme point-autre de la vie vécue, comme distance du corps avec lui-même (coupant le vivant qui n’y peut mais), etc.

Ou donc ; soit l’humanité s’organise au sein d’un groupe, et en ce cas le groupe fait office de réalité, vérité, conscience commune, etc. Soit le procédé de conscience se soupçonne, se sait, se désigne et il se nomme dieu, pensée, sujet ou réel (ou ce qui revient au même ici, il nous est révélé en tant que tel par dieu, selon la pensée, par le sujet et vers le réel). Et comme c’est un rapport il n’y a en soi rien d’étonnant qu’il puisse, de lui-même, se placer et déplacer sur cette surface du réel ; il comprend qu’il est un dieu jaloux, étant un principe unique (formel qui ne peut en aucune manière se mélanger de « divinités », de parties du monde et donc il est créateur, etc, et ce pour la raison que le dieu unique créateur est l’initiation de tout en tant et par une Intention pure, cad un pur rapport formel), de même que la-pensée est le réseau intentionnel d’intentionnalités (les idées) qui montre le monde donné là, monde unique et universel, hors de tout groupe restreint et chacun y ayant accès mais seulement « en tant qu’il pense ».

Ou encore le christique lance le sujet de sa propre vie, cad de son corps, et se tient extérieurement à tout segment naissance-mort et se perçoit, mais via le un-tout-seul ; celui qui est mort pour nous faire-voir, se tenant en dehors, comme chacun est unique, et que donc cette unicité vaut en elle-même (et non selon des déterminations, seraient-elles de pensée) et que tous sont uniques, selon l’égalité ou l’amour du prochain ; l’unicité étant la fondation de la liberté comme de l’égalité, et l’un n’allant pas sans l’autre, mais il faudra que la liberté s’annonce elle-même, comme de juste, et par un seul ; Descartes ; tout ceci ne se comprenant pas sans l’hypothèse de la structure en tant que rapport du réel même, ou au moins de ce qui s’est toujours désigné comme « conscience », sans trop en saisir les aboutissants et les antériorités).

À chaque fois un ensemble de possibilités (structurelles) infini (puisque n’étant pas de l’ordre du fini, étant des rapports qui n’en finissent pas d’exister) se déploie.

Il n’est pas nécessaire donc que l’on comprenne, en terme de connaissances, mais que l’on sache ; le se-savoir est originel, puisque présentant (à la vue de chacun mais aussi de tous, et enfin que cette vue pour chacun soit explicite pour tous) un rapport actif (forcément, il n’y a pas de rapport inactif) qui comme il s’indique, se rapporte à lui-même et donc se « voit ». et table sur cette vue et calcule, architecture, planifie autant qu’il peut ou à tout le moins se pré-voit. De sorte que l’expression, la manifestation donc, de ce qui ex-siste entre dans le champ de perception lui-même.

Aussi la philosophie et la religion (de tout groupe qui sort de l’organisation traditionnel ou communautaire du groupe), les esthétiques et les éthiques et politiques,etc, renvoient à chacun et chacun se re-liant à nouveau aux autres ; nous sommes ainsi dans le méta.

Ce qui veut dire dans la réflexion ; on ne peut plus être seulement le contenu de conscience, mais impérativement un contenu sera dès lors toujours médié et médié via un inaccessible ; dieu, l’universel, le sujet ou le réel sont inaccessibles mais le rapport l'est également, il (se) saisit pourtant ; ou donc s’imposent comme horizons à partir desquels on peut comprendre mais que l’on ne peut pas englober ; il n’y a rien de plus grand « derrière » ou au-delà.

Techniquement l’arc de conscience lorsqu’il veut se saisir ou être saisi du réel (dieu, l’universel, le sujet ou le réel tel quel) étant un rapport « voit » bien qu’il s’adresse à. Et cette adresse il sait la dénommer ; il lui faut établir le plan, la cartographie et qui en se limite pas du tout à ce que métaphysiquement on est habitué à designer comme idée, alors que ce sont des rapports ; le rapport lancé par Descartes prend place en et par dieu, mais une version nouvelle de dieu (qui n’est plus une idée) ; la sujet nouménal n’est plus le je cartésien et se détache de tout contenu (ce que Hegel rassemblera comme deux phénoménologies, dégageant qu’il existe une « activité », mystérieuse (la négativité) qui deviendra la conscience husserlienne qui produit tout ce qu’elle touche, qui est constamment active et que Sartre dessoudera des contenus pour l’accrocher au regard, au corps, à la chose massive existante, etc, et au final, c’est sa manque, à une sorte de conscience impersonnelle, un champ universel bien qu’individué. Pareillement Lacan situe l’arc de conscience en négatif, comme coupure du corps qui produit un moi (illusoire mais très actif) et un sujet-inconscient, ce qui est vrai et réel mais non pas terminal et dans le cas de Lacan ce dispositif devient extrêmement précis mais problématique voire incompréhensible.

Dans tous les cas la réflexion (sur cet être, ou sur l’être au début) tend tout à fait validement à une sur-objectivité (pour la distinguer de l’objectivité ou des objectivités qui viendront ensuite, scientifiques) ; elle sait véritablement signifier ce qu’elle voit (et voit parce que rapport qui saisit ou est saisi de rapports, il n’y a en quelque manière aucun mystère, sauf que la structure « en rapports » du réel est en elle-même absolument énigmatique ou mystérieuse ou effarante).

Donc s’approfondit la conscience que l’on a de la conscience en son exclusivité « technique », qui est devenue de fait ontologique et non plus métaphysique (l’ontologie effective agissant ici même et maintenant, comme Descartes qui montre à chaque je qu’il est un je.

Dès lors et puisque l’on tient que la réflexion est sur-objective, ce qui s’est déroulé depuis dieu, l’être (le bien, la pensée de la pensée, le un, etc), le christique et le sujet, le sujet (cartésien) et la révolution, la révolution et l’humanisation puis la personnalisation, cette réflexion doit être tenue, en ces descriptions, tout à fait exacte et cohérente ; la réflexion s’articule sur l’expérimentation et ce rapport qu’est l’arc de conscience est cette expérimentation. D’une part.

Et d’autre part cette expérimentation est une épreuve, la preuve de nos décisions et de ceci la manifestation de notre attitude face à l’existence ; étant entendu que l’existence est « l’être », tout ce qui est, et en l’occurrence ici tout ce qui est possible ; il n’y a rien en dehors du positionnement que l’on adopte face à cette question, la seule et unique. Puisque c’est un rapport il n’est pas sans que l’on y soit.

La décision n’y est pas effet de la volonté mais de l’intention, laquelle doit être nourrie ; elle ne naît pas de but en blanc, elle doit se motiver et devenir en elle-même ; il faut tenir au christ, dieu, la pensée, le sujet, y tenir lors même que l’on n’y croit que difficilement ou que ces stratégies immenses nous paraissent si horriblement difficiles ou surhumaines ou abstraites ou vides, etc ; parce que la vie vécue et le monde semblent si riches d’eux-mêmes, multicolores, et manifester la vraie vie chatoyante. Il est donc un degré de certitude, ou si l’on préfère d’exigence qui évite que l’on tombe totalement dans le monde ou le vécu ; ce qui est très grave dans la mesure où le moi, la personnalité, la personnalisation ne tient (face à la vie et aux autres, et soi-même) que par le désir ; puisque notre être est un rapport et qu’il se meut et qu’il ne se meut que de désirer (de là que le libéralisme soit un succès, qui propose quantité d’objets de désir) ; et on ne désire que si l’on y croit ; on croit que l’objet « est » ou que soi-même on récupérera les propriétés magiques de cet objet tous plus simplement que l’on sera satisfait.

Ne pas croire à cet objet, comme satisfaction rêvée, ou à son être, sa pesanteur ontologique supposée (l’être massif, au fond tel une idole) c’est soupçonner une insatisfaction fondamentale et commencer de se demander à quoi elle peut bien correspondre ; rien du monde ou de la vie apparemment. Et c’est commencer d’ourdir un plan B, qui envisagera de solutionner l’équation de l’inadéquation, et ce dans le meilleur des cas puisque le moi (recherchant alors une stratégie explicative, ou une signifiance hyper efficace, comme dieu ou la poésie ou l’éthique, ou la révolution), qui repose sur soi, comme centre, risquera de s’en vouloir, de se détester, déprimer, désespérer, et aura plutôt tendance à s’en prendre à lui-même, à désespérer de sa capacité, plutôt que d’élaborer une interrogation soutenue qui déplacerait, cette fois, le réel hors de la réalité (puisque la réalité n’y suffit pas et ne correspond pas).

Le problème est celui-ci ; si le bonheur n’est pas dans le monde, alors il existe autre chose que le monde. Aussi la perspective ouverte par le christique est en vérité bien plus ample que celle qui se schématisera comme volonté (du sujet lui-même caricatural) qui viendra écraser l’intention, ce sur quoi et à partir de quoi nous interroge le christique ; c’est pour cela qu’il initie toute la suite et que les suivants dans la mesure où ils voudront analyser et penser et prendre conscience se restreindront à définir abstraitement une structure qui se révèle (que l’on croit ou non, que l’on ait la foi ou non) qui se révèle pourtant originellement en tant que vivante ou si l’on préfère Existante.

Ce qui n’est pas un reproche ; il est normal que Descartes dé-couvre la structure (qui existe « là » et dont il tente une visibilité très lucide, mesurée, attentive) ou que Kant parvienne à circonscrire le croisement de la phénoménalité et du transcendantal ; Husserl, Sartre, Lacan avancent sur la ligne de structure du « sujet » qui obtient par là évidemment beaucoup d’aperçus, de perspectives, de techniques de résolution, partiellement à chaque fois, puisque cet « être », de structure, est de fait originel et antérieur ; antérieur à tout, créant des champs intentionnels d’une part et d’autre part s’incrustant un, et par, un corps vivant.

 

Dit autrement, il est une découverte constante depuis le début (de dieu à Lacan, de la nation, juive en l’occurrence qui se regroupe autour et par une Intention, au moi non pas coupé en deux mais qui naît de la coupure, de sorte qu’il ne pourra pas résoudre cette scission de haut en bas, mais s’y adapter ou mieux de basculer cette scission vers un je, le je de son moi, le je en plus, qui ne résout rien à proprement parler, mais qui donne à cette conscience une capacité, une possibilité et donc une stratégie ou une motivation, d’exister, compréhensible, même si inaccessible ou structurelle ou formelle (dieu par ex est inaccessible ou le nouménal est de l’autre côté du réel, en conséquence de quoi la phénoménalité kantienne n’est plus le réel mais la réalité, et ainsi de suite, le pour-soi de Sartre se retrouve dans la visibilité et la chose devient en-soi, obturée ; on voit à quel point il s’agit de dessiner une cartographie (et non plus un système métaphysique d’idées, qui lui-même à sa manière était une carte, de « ce qui est », mais à sa manière).

Une cartographie parce que quittant la métaphysique (avec Descartes et Pascal pointant, lui, le « moi », première fois philosophiquement) il s’agit d’un rapport qui se situe sur le réel ; et que tout est ici même et maintenant, constatable, expérimentable (même difficilement et jamais complètement, puisque l’on a quand même affaire à la structure du réel-même, autant que l’on a accès en tout cas)

et que cet ici même et maintenant est donc bien plus complexe qu’un simple « là ». C’est entrer dans l’organisation de ce je au monde, de ce je au corps vivant, au moi, au vécu ou à la pensée ou la révolution (cad en fait l’organisation du monde humain réflexivement, par une Constitution, c’est ce que signifie, comporte la-révolution), et cette organisation s’accomplit à vue et en sa propre vue, activement, existentiellement, volontairement si l’on y tient ou intentionnellement, qui est « une plus longue volonté », qui doit installer des signes ; on doit y exister manifestement, explicitement, de même que le christique a pu placer au-devant l’individuelle existence (et reconstruire sur cette base un groupe humain qui-se-sait, le St-Esprit par ex, la communauté, et qui aura diverses interprétations, le roi, la nation, et donc dans ce système magnifique de reconnaissance de chacun par tous et de tous par chaque un, soit donc liberté-égalité-fraternité, sous condition qu’un minimum soit alloué, qui puisse réguler la concurrence de tous contre tous).

Le champ intentionnel n’est pas seulement la « technique » que la réalité, le réel, le perçu ou le monde ont inventée, elle est une organisation méta, et par méta entendons ‘qui-se-sait’ et ne peut exister que dans, par et pour ce se-savoir ; comme Descartes ne peut avancer sans la structure du rapport à soi du rapport, seule certitude mais totale, puisque le réel et notre être sont en forme de rapport et donc l’énonçant on ouvre à tout le possible, le renouveau possible, de même que le christique ouvre toute la possibilité de la conscience (située en-dehors du monde et du vécu) et qui ainsi perçoit tout le monde et tout vécu à partir de ce point-autre (qui n’est plus ‘là’); le vécu de qui que ce soit, assumant une position absolument, cad formellement, universelle, encore plus universelle que la seule pensée (qui ne l’est pas moins,,universelle, évidemment). La Constitution c’est non pas le règne de la raison, mais de la liberté ; chacun est à lui-même son jugement (à propos de bien au-delà des limites du rationnel ou du raisonnable, c’est l’auto-organisation du champ de chacun, au su et au vu, et en vue, peut-être, de tous).

Puisque le champ (intentionnel) de chacun devient un champ intentionnel organisationnel ; et donc tellement réactif, très détaillé, précis, investissant tout et partout, la marchandise, la production, l’image, fonctionnant comme signes, et donc invariablement idéaliste et ne s’y retrouvant au final jamais, puisque ça n’est pas l’idée qui nous démarque mais l’arc intentionnel, qui doit, aurait dû développer sa propre stratégie et non pas se laisser dévorer dans toutes les réalisations, qui confinent au n’importe quoi par ailleurs ; tout désir étant validé idéologiquement du seul fait qu’il soit ‘désir’, comme si le monde expliquant le monde, le passé expliquant le présent et le futur, le donné causant le donné, alors qu’en vérité tout n’existe que tendu vers le possible réel.

Or donc notre être n’est pas le-désir, qui n’est qu’un signe ou une découpe spéciale parmi d’autres, et ne permet d’inventer que de petites tactiques et non une stratégie. Le-désir est le signe adéquat de cette idéologie spéciale qu’est l’économie en tant qu’idéologie du corps, du corps bien sûr non seulement fantasmé (et en quantité!) mais présupposé selon un naturalisme, un réalisme, tous purement hypothétiques et composés de ceci et cela, parce que notre être est peut-être le champ intentionnel ou l’esprit hégélien ou l’âme gnostique ou la personne chrétienne ou le prolétariat ; ce « désir », ce « corps à moi » (et donc ce bonheur ou cette satisfaction) sont uniquement des constructions, à finalités idéologiques qui ordonnent le champ (des échanges, des représentations, de la société du spectacle, simulant un champ intentionnel actif, faux donc et contrôlé, dans la passivité engorgée d’objets ou d’images d’objets ou de corps, lorsque le réel fut repoussé par le fantasmatique, et pas seulement sexuel bien sûr, c’est quasi intégralement que l’activité intentionnelle, et donc l’arc de conscience, fut absorbé, happée, dévorée par l’image, remplaçant le monde, le donné, le vécu et le corps, cad toute stratégie au profit de tactiques plus ou moins minables).

On a créé ce que l’on a nommé « idéologies » afin d’ordonner le dit champ intentionnel qui, constitutionnellement (et philosophiquement et poétiquement, etc) s’est imposé comme Fait majeur, et qui devait se traduire en effets, en concrétisations, en réalisations. Mais le champ structurel originel est toujours là, par en-dessous, et seul réel (les effets se plaçant comme réalités et donc au final véritablement insatisfaisant, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne soient pas distrayants, agréables, parfois réussis).

Et ainsi accessible toujours à tout un chacun. À condition de relancer dans un se-savoir beaucoup, beaucoup plus que les apparaîtres multicolores ou délirants. De réintégrer l’historicité et ce que cela signifie, implique, délimite, ou ce que cela illimite vraiment ; récupérer ce que les je précédents surent élaborer. Et « illimite » non plus au sens d’infini, d’éternité, d’absolu, de substance, ou de fantasmé (par quoi l’imaginaire de l’être comble le concept abstrait de l’être) ou donc selon l’être métaphysique (que l’on était bien en peine de situer à vrai dire), mais illimite en ceci que l’on peut dès lors pointer la carte d’émergence du réel, du formel ; c’est ce que veut dire, implique la révolution cartésienne ; il pointe du doigt là où cela se passe, transformant la métaphysique en ontologie ici et maintenant.

Si cela se passe ici et maintenant, cela indique la structure de la transcendance ici même, amenant à signifier la structure qui, par ailleurs et précédemment, se donnait comme l’infini, le divin, le substantiel, le un, séparé et hors de la réalité. Et dont on sait en même temps qu’ils n’étaient pas si séparés que cela, et que cette fois-ci on va savoir /voir le passage entre la forme (le réel, l’indéterminé) et les contenus (les réalités déterminées ou les identités humaines, et personnelles).

Et ce passage c’est ce que précisent Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan (et les autres variations que l’on ne nomme pas toutes).

Aussi les recherches ayant eu lieu s’attachent à l’explicite, puisque chacun s’aperçoit ou pressent ou soupçonne ou suppose cette articulation de l’infini (en tant qu’un « rapport » est une structure, étrange de fait, dont la fin, le terme n’est jamais acquis, achevé, clos, sinon il cesse), qui, de toute manière, est incluse dans le rapport même ; dont l’interrogation interne veut s’explorer.

Si Descartes initie le rapport même, Kant le situe, Hegel développe ses deux phénoménologies (puisque tout s’est donné tel quel, sans secret, mystérieux en lui-même mais sans secret), hsueerl remonte le caractère phénoménologique (mais demeure attaché aux contenus, idéalistes), Sartre libère le rapport de conscience (au corps, au regard, au monde, à l’en-soi, à l’historicité, marxiste en l’occurrence et acte la position cartésienne, sauf qu’il n’en constitue pas un je, mais un moi dans le champ intentionnel universel bien qu’individué, il est individué techniquement mais pas investi, tandis qu’ici, pour nous, il est individualisé et absolument je), et Lacan resitue le rapport comme évidemment scission du corps vivant (un moi-imaginaire, et un vrai sujet-inconscient). Nous nous sommes avancés très loin dans le repérage cartographique de l’arc de conscience. Au moins techniquement, et pourtant très difficilement sommes-nous parvenus à réinvestir le très haut degré christique d’une part et d’autre part la singularité qui s’ouvre en elle-même chaque fois qu’un je se prononce et ajoute à son rapport l’actualité de son se-savoir, et s’inquiète. Se demande où cela s’avance.

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La flamme

9 Avril 2022, 09:23am

Publié par pascal doyelle

Il n’y a rien d’autre que la détermination. Ce qui est est exclusivement déterminé. Sauf la forme de cette détermination. Ainsi le présent. Et l’arc de conscience.
Ainsi l’arc n’est plus lié expressément aux contenus, et initie (dieu), augmente (la pensée), intensifie (le christique), accélère (Descartes) le faisceau de l’attention en tant que kaléidoscope, récupérant les historicités, institutionnalisant son et ses statuts, recherchant les possibles, ses projets et ses rencontres, ayant créé l’humanisation puis la personnalisation et chacun attaché au moi de son je (ou au je de son moi, comme on veut, comme on peut).

Le présent est formel. Et donc absolu (sans composition aucune). On ignore en quoi il consiste. C’est aussi ce que l’on désigne par le fait d’exister. À quoi correspond le « fait d’exister » ? On ne sait pas. Or pourtant il se pourrait bien que le fait d’exister soit bien plus important que toutes les déterminations. Que le Fait lui-même soit la réelle unité de tout l’étalement de toutes les déterminations, énergies, choses, êtres.

On suppose donc, par d’autres voies, que le fait d’exister est en lui-même une structure. Et ça n’est pas ainsi que l’on a procédé.
On fut d’
abord éberlué de l’entière positivité de tout ce qui est, existe, se présente, là, au-devant.
Or donc pourtant malgré l’évidente brutalité, monstruosité, effarant
gigantisme de la réalité (tout cela ne fait aucun doute). Mais considérant par ailleurs l’indéfini mouvement de tout ce qui est (de sorte que rien n’est, à proprement parler, mais que tout s’écoule, vers la dissolution elle-même indéfinie, non pas selon le rien mais vers l’étendue glacée d’un univers distendu à l’extrême), on n’a admis que le seul devenir ; soit donc la réalisation. Seule existe la réalisation de la réalisation, le possible est sa propre finalité (ce qui veut dire qu’il existe un possible dans le possible, qui ne cesse de s’élever).
Tout se réalise et tout est a priori d’une positivité absolue. Tout est « là ». Ce qui doit être intégré à la notion de possible : que tout soit possiblement réalisé, et que tout soit, de même, intégralement positif. Le feu qui brûle la flamme (de par soi donc, le mensonge du baron de Münchhausen qui devient le réel même, de son acte, activité même) le feu qui brûle la flamme et qui forge tout le réel qui fut, est, sera.
L’exister est la forme du passé, du présent, futur. Il est, en somme, une autre logique que le temps ; une inter-temporalité et peut-être une a-temporalité. À choisir l’exister fonctionnel ou l’exister dimensionnel.

Et donc le Possible est la notion centrale qui règle tout (de même que, on la dit déjà, le néant et l’être existent tout également et qu’aucune fixité de cette sorte, abstraite, qui traiterait du néant d’un côté et de l’être de l’autre n’a de sens ; seul le devenir existe parce que seul le possible existe). On en a conclu, en un tour de main, si l’on peut dire, que le possible est cela qui se réalise, réal-ise, et ce in/finiment. Puisqu’il ne convient pas, tout logiquement, que si le possible est la règle, il cesse. Donc il continue. Il continue in(dé)finiment. Il remet sur le métier.

Aussi le devenir règne-t-il en maître absolu. Ce qui pour un tel maître est particulièrement sensé, puisque le devenir, soit donc le tissage de rapports, ne se fait pas sans les rapports eux-mêmes. Un devenir de rapports qui seraient tous assujettis à un Ordre (et donc ne seraient pas des sujets, des structures actives) n’a aucun sens et ne tiendrait absolument pas comme « réalité ». Une réalité doit se tenir d’elle-même, ce qui veut dire de l’activité des rapports qui la constituent. Une réalité est implicativement multiple, plurielle, indépendante, autonome et dieu ou la forme absolue de ce qui est (en tant qu’Exister formel) lance tout ce qui est dans son tissage de par chacun des points, et ce absolument ; chaque point est absolu. Et effectivement il n’existe dans cet univers aucun point identique ou confondu ; le singulier est la règle.

On pourrait dire que la réalité est « le vivant » lui-même (au sens où le dieu unique est « le dieu vivant », «le dieu de la Vie ») si par « vie » on n’entendait pas déjà un stade bien précis, aussi préfère-t-on désigner cette réalité comme Existante ; elle se tisse en se percevant là au-devant ; de même que l’abeille / devient / abeille en établissant ses rapports avec tel milieu ; elle ne pré-existe pas ; c’est dans l’exister, telle actualité, tel milieu, qu’elle ex-siste. Mais le principe est le même ; à savoir le réel s’impose à lui-même en se déployant, de sorte qu’il devient plus grand que lui-même. Il élabore multiplement et pluriellement et donc singulièrement son identité en tant que possible du possible.

Or ceci veut dire cela. Puisqu’il n’est pas une extériorité (le néant) ou une intériorité fixée (l’être) et que le seul «réel » qui soit est le mouvement, le possible, la forme de ce qui est, alors la forme occupe instantanément la totalité du possible (puisqu’elle est ce possible même) ; le possible est cela seul qui existe ; et le plus grand possible possible n’est pas le possible qui s’adjoindrait à un quelque chose ( qui n’est pas préalablement au possible) mais le possible qui est sujet et seul peut atteindre à la modification de soi ; par quoi la perfection n’est pas celle inerte d’un quelque chose qui deviendrait pour se ressembler ou pour se fixer en une identité, mais par quoi la perfection est la perfectibilité, la capacité de se perfectionner indéfiniment ; soit donc un sujet. Perfectibilité « indéfinie » qui réclame sa propre intelligence, mais non seulement parce que également sa propre épreuve, sa propre confrontation, son élaboration, sa joie et sa douleur. Puisqu’un sujet n’est pas ceci ou cela mais le lien entre tout ceci et tout cela, qui ne s’enferme ni en ceci ni en cela. Un rapport.

Réfléchissons alors que le sujet, en tant que rapport, n’est nulle part sauf dans la structure même du réel ; le devenir. Que donc ce qui est le plus réel est un mouvement. Le feu qui brûle la flamme.

Ce lien est un lien vivant, ou si l’on veut bien existant. C’est pour cela qu’il n’est pas un « quelque chose » qui ensuite subirait le possible, ou un possible qui aboutirait à un quelque chose, mais c’est le possible lui-même, sous sa formulation la plus avérée (que l’on sache) de sujet, qui est le rapport même ; de qui se produisent ou que créent en tant que rapports toutes énergies, toutes choses, tous êtres.

Remarquons bien ; tout ce qui existe (ex-siste) impose en une fois tout le rapport possible, impose tout ce qui se réalise. Mais c’est un rapport, en perfectibilité continuée. Le « réaliser » (et non le « réalisé », passivement) est cela seul qui existe. Il n’existe que le mouvement et le mouvement est le sujet qui se transforme (le ‘mensonge’ du baron, l’apparaître, la manifestation, la perception, le champ de perception qui devient le réel ; le champ de perception et donc l’actualité, l’actualisation qui se-voit-elle-même, suspendue à son actualisme formel, kaléidoscopique, qui se modifie en chaque tour).

Il n’y a pas de préalable ni de succession, il n’y a pas d’en-dehors de la flamme vivante selon et par le feu ; tout vient en une fois parce que tout ex-siste en une fois, tout le possible existe instantanément ; il n’existe qu’un seul instant et au-dedans il est des décisions, ou selon notre vocabulaire, des intentions. Le sujet ex-siste et occupe immédiatement toute la possibilité et c’est seulement en cette Possibilité unique qu’elle devient (étant le possible brut qui tel qu’il se Voit se transforme, élabore sa capacité). Le devenir est dans le devenir (où serait-il ailleurs?). Tout ex-siste et tout est intégralement suspendu dans, par et pour le possible tel qu’il se travaille, œuvre, crée et se crée comme rapports en toute la manifestation ; il doit se percevoir au-dedans et apprécier non seulement le monde, le donné, la création mais entrer en re-Création. Il y a une réalité, une réalité visible (et visible à ses propres yeux) afin que se percevant elle existe d’une part (et que se constituent les rapports, autonomes) et afin que ce faisant elle se modifie (que l’infinie autonomie puisse consister à devenir). Répétons ; c’est seulement dans le possible absolument donné tel quel que la possibilité se travaille et devient elle-même en même temps que tout se tisse comme, chacun, rapport actif.

En somme si le possible est la règle, alors il (en tant qu’unité de tout ce qui est) promeut l’autonomie de ce qui existe,
au lieu que l’être, comme idée, uniformise les unités secondes ou à tout le moins (et c’est encore pire) si l’être est ou si le un est, on ne sait pas pourquoi il se sépare, pourquoi, étant parfait, il se quitte lui-même, et se lancerait dans une création ou une production ou une génération de choses et d’êtres (impossibilité du Un plotinien ou de l’être, et le dieu vivant, non théologique, le dieu réel vient comme il faut ; par amour, ce qui veut dire selon un encore-plus-grand-rapport), dans une réalisation conduite par la fusion ou la confusion terminale tout à fait illusoire et imaginaire ; or le dieu existant, vivant n’est pas fondé sur une structuration imaginaire (ce qui veut dire de ‘satisfaction’) mais sur la structure de distinction.

Au lieu que le véritable dieu voudrait que l’humanité s’ajoute précisément à la divinité. Il ne crée pas des êtres parfaits angéliques, mais des êtres libres qui trouveront leur autonomie. Et il s’agit toujours de la même logique ; un tel dieu divin ne peut pas s’imposer mais aimer un tel rapport existant (vivant) ; il prend en charge que celui-là soit. Et soit tel qu’en et par lui-même. Aussi se donne-t-il
Dieu ou la pensée ou le sujet évidemment ou le réel lancent inversement l’indépendance des choses et des êtres ; toute énergie, chose, être existent en et par eux-mêmes et créent la réalité dans et par leurs activités respectives ; dit autrement dieu n’est pas un Ordre, il ne décide pas selon la pensée rationnelle, universelle, mais crée spécifiquement l’individuation des choses et des êtres ; ce que l’on dénomme « il les signifie », il crée l’unité, vivante ou existante, des rapports dont il est, lui, l’image première ; c’est ce que veut dire « il le créa à son image », parce qu’il ne le crée pas selon sa pensée… ou si l’on veut la pensée est originellement non pas « une pensée » mais un « signifiant ».
Ce qui nous passe évidemment bien au-delà de la
compréhension.
Dieu signifie (sa parole, soit donc le verbe, le christ, celui par qui tout a été fait, qui sera également celui par qui tout sera re-Créé, perfectionné, élevé, élevant le niveau même de toute la création),
le signifiant « universel » de la pensée,
la signature du sujet (son ‘je’ suspendu, tel le je cartésien),
la position du réel (tel que « là »)
sont au-delà de la pensée, du signifié, du contenu, et relèvent de la forme pure.
De ceci qu’il s’agit donc d’un registre qui nous apparaît toujours comme extérieur, autre, s’introduisant dimensionnellement, divinement, au-dessus ou au-delà de l’humain, du vécu, du corps, de la capacité de notre volonté ou de la possibilité de notre intention (serait-on Rimbaud, l’effondrement vers le bas menace) et dont on reçoit le coup tel un effet venu du Bord (en tant que cause). On ne connaît, intérieurement, ni dieu, ni la pensée, le christique, ou l’historicité pure, le sujet ou le nouménal ou la structure de l’arc (de la conscience ou du présent) tels qu’en eux-mêmes. Au point que l’on ne parvient pas à transformer ces accès (aux formes de Réel et du Bord) en ces affects spécifiques ; or seuls les affects meuvent le corps...
Ce que le corps ne comprend, n’éprouve,
n’intègre pas mais dont l’arc de conscience reçoit l’architecture, l’architecture formelle. Il en est saisi. Saisissement sans quoi lequel il ne peut rien.

Cette autonomie des choses et des êtres ne va pas sans brutalité, et pour chacun sans décisionnalité, sans intentionnalité, et le travail ou l’ouvrage sur cette intentionnalité ; mais l’agent agissant est le rapport qui à la fois lie et présuppose l’unité de chaque être ; les choses et les êtres sont liés dans et par l’activité ; ou dit autrement l’actualité (de leur activité) élabore une actualité qui décuple, qui dépasse, qui outrepasse et doit se prendre elle-même en compte.

Et donc la réalité a un sens réel, une actualisation de la forme, de la forme du possible ; un être, vivant, obtient plus de possible, un être vivant et conscient encore plus, un être vivant, conscient et qui se sait (dans une révélation, illumination, conversion, universalisation) encore plus de possibilité ; il s’agit d’actualiser plus de rapport possible ; ou donc la potentialité. Dieu, le divin, le réel, la structure produit ou crée, comme on veut, des rapports et non des êtres.

Et c’est ce que l’on ne comprend pas. Dieu, le réel, la structure, la dimension causent des rapports (qui auront des effets) mais non pas les effets eux-mêmes (qui relèvent, éventuellement et en leur niveau, en leur ordre, d’une universalisation). Un rapport est et n’est pas ses effets, au sens où les effets remontent vers le rapport (la structure active du réel existe à cette fin ; que la cause produisent les effets qui la modifieront, l’ont modifiée, la modifie actuellement, c’est le principe du présent, perçu de l’autre côté). Ce qui est vrai pour tel ou tel être ou telle chose, est vrai pour l’ensemble de tout ce qui est, et qui se convertit, comme kaléidoscope, vers le rapport formel du réel. C’est non pas selon les effets selon le monde, ni selon le vécu que ‘cela’ (que l’on ne comprend pas) agit, mais selon le rapport antérieur ; le rapport en toute chose (la création et la re-Création, qui est en vérité bien plus grande que la création préalable) le rapport en tout être et en tout arc de conscience.

C’est donc la re-prise du rapport par son intuition de structure qui se rencontre dans le réel et l’actualité créatrice. De sorte que ce ne sont jamais les faits, les donnés, les vécus, les contenus qui sont modifiés mais l’aperception nouménale, (Kant qui en offre une expression certaine mais abstraite, face à la phénoménalité déterminée) et que finalement, si on lit vraiment ce qui s’est écrit, signifié, c’est cette aperception que Husserl, Nietzsche ou Sartre ou Lacan (etc) veulent atteindre ; à savoir ; comment ré-écrire ‘qui’ l’on est ? Ré-écrire, comme re-Création, puisque la reCréation est la finalité interne du réel ; qui n’a aucun externe et qui autrement, sans ce renouvellement, serait voué à la dispersion indéfinie, tandis qu’inversement si l’on se tient fermement du structurel, du formel, il avance vers une plus grande distinction et tout autant par, via une plus grande distinction.
Et comme une distinction des réalités (toutes déterminées) n’aboutirait qu’à des compositions (toutes finies), alors on peut supposer une distinction de la forme, des formes réelles, des rapports, plutôt que des déterminations.

IL s’agit d’une plus grande précision que celle d’une incorporation (de la pensée par ex, tel Spinoza à la suite de Descartes et des passions spécifiques), et plus concrètes que celle de l’incarnation, qui revenait au Fils, par rapport à laquelle nous nous retrouvions dépourvu, sans son secours.

Ou donc ; comment via dieu, l’universelle pensée, le christique, le sujet ou le réel instruire le je, lequel n’a pas de contenus ? Ou dont les contenus seront à peine vécus, à peine éprouvés, hors de proportion, par le moi, mais qui en aucune manière ne peuvent atteindre ce que le christique, puisque divin, touche instantanément (ou telle œuvre ou telle révolution ou telle illumination, selon l’élévation, ou le tomber amoureux du moi par ex). On peut bien énumérer liberté-égalité-fraternité, mais qu’est-ce que cela signifie, implique, comporte ? Pour Kant le je est relatif ou accroché encore à l’universel, et donc vide et abstrait. Ça n’était pas le cas déjà de Descartes qui prend bien soin de son « sujet », il le cajole, le glisse subrepticement en l’infini, et lui ouvre des passions spécifiques, pour et par le corps ; l’assurant que sa finitude n’est pas un obstacle à son accès in-fini. Il le lie au dedans de dieu, par la volonté (cad l’intention ou l’intentionnalité, beaucoup plus étendue que la volonté). C’est ainsi l’aperception de l’existence qui est en jeu, tout se juge de l’exister même (et l’opposé condamne à la dispersion indéfinie, non pas au néant) ; de même que Nietzsche se préserve dans une volonté-autre, qui l’assure. Ou « l’insondable décision d’être » (névrosé, psycho ou obsessionnel ou déprimé) de Lacan. Ou évidemment le choix d’existence de Sartre, très étrange dans sa structure, investissant quantité de situations humaines, personnelles, psychiques ou affectives.

C’est bel et bien la grâce ou l’illumination ou le kaléidoscope du faisceau de conscience, celui-là même qui entre en jeu selon la vie vécue, les œuvres, les politiques ou les éthiques, qui est tout autant abordé par Kierkegaard ou Nietzsche et Heidegger (aux affects tellement spéciaux) ou Sartre ou Lacan : selon les évaluations et les élévations ; quel chemin vers le haut ? Et quelle élévation ? illumination que provoque telle œuvre pour tel sujet soudainement touché et qui se produit sur un point précis ou qui Voit la structure de son attention, de son intention bouleversée, à charge qu’il le remarque et qu’il préserve la mémoire, le signe, ce qui n’est pas évident. Et c’est cette attention (à quelque ceci ou cela qui s’adresse) que le christique opère en remplaçant la Loi (et les faits du vécu sur lesquels on était jugé) par l’Intention véritable, qui est un rapport, un mouvement, et qui ne peut pas être jugée, mais qui sera jugée par elle-même. Et réclame une méta organisation de l’attention, de l’intention (que durant des lustres on a nommé « morale » et qui évidemment étend bien au-delà son envergure) Pourra-t- elle entrer au royaume ? Ou, plus généralement, comprendra-t-elle ce qui se signifie ? Lorsqu’on lit Descartes ou Nietzsche, comprend-on de ce qui est lu ou de ce que l’on déplie(ait) déjà en soi-même ? En quelle jointure se situe la compréhension ?

Si le réel existe suivant la règle absolue, formelle, du possible, alors il cherche la plus grande perfectibilité ; non pas la perfection, mais de rendre chacun, chaque un, capable de se perfectionner. De sorte que les rapports que sont les choses et les êtres deviennent (et donc « il y a une réalité », parce qu’une réalisation). Nous sommes ainsi introduits non pas à ce qui est et dont on connaîtrait, comprendrait les raisons, les causes d’être (ce qui serait déjà bien), mais à la motivation d’exister et à sa finalité véritable, bien que nous ne la comprenions pas, et finalement à la perfectibilité que chaque chose ou chaque être manifeste ; que dieu ne pense pas, il signifie ; que l’universel est une version abrégée ou raccourcie ou réinterprétée du signe, le verbe n’est pas le logos (qui se présente comme notre version, humaine d’un processus gigantesque, ceci pour éviter de le caractériser comme infini ; que le sujet ne consiste pas en un être mais en un signe cad un mouvement ou le mouvement accéléré ;

et qu’ainsi dieu, le divin, la structure, le réel agissant est l’attention envers et pour la potentialité qui s’incruste partout et en tout, en le moindre point, en tant que singulier fondamental, en tant que rapport qui promeut tous les rapports. Pour la potentialité et donc envers et pour chaque rapport tel qu’en lui-même, puisqu’un rapport (contrairement à un être) n’existe que par lui-même, et singulièrement.

Le feu s’ajoute à la flamme. Tout est intégralement mouvement. Vers le haut.

Que provoquent véritablement les accès tendus sur le Bord tel que ces accès, dieu, l’universelle pensée, le sujet, le réel, mais aussi l’historicité et mille autres œuvre au sens général, dont on ne sait pas vraiment quoi faire (au point d’y revenir sans cesse) et qui cependant ont effectivement eu lieu au travers des apparitions selon le temps et donc le corps, sur quelle surface du corps cela s’est-il écrit ?

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Le basculement de la philosophie

2 Avril 2022, 07:03am

Publié par pascal doyelle

De même que les grecs ont décrit et cartographié leur objet fondamental (le monde donné là, le « là » de l’être, unique universel), pareillement ensuite fut décrit et cartographié le ‘sujet’, ce qui a été nommé tel, et exploré ses possibilités, depuis Descartes jusque Lacan. Mais initialement lancé par le christique, qui crée la vie telle que vécue et se tenant en-dehors d’elle-même, mais qui vous la récupère ; elle devient la vôtre, se tenant à distance (il n’est aucun autre moyen que cette extériorité du regard pour obtenir une vie, sinon on « est » on n’existe pas). Et on comprend bien que gérer cette distance ne se fait pas simplement, ni sans souffrance, souffrance structurelle qui ne saisit pas ce qui lui arrive ; aussi peut-on lire le christique comme la mise en lumière de la distance et le moyen d’y pallier, non seulement d’atténuer la souffrance de la distance, mais de l’élever.

Ce qui signifie que le christique non content de mettre à jour la distance, absolue, cad formelle, qui rend possible que vous existiez pour vous-même, il admet la capacité de produire des tactiques et surtout une ou des stratégies, et que chacun doit, devra mettre en œuvre, de par sa liberté même (puisque sans liberté il n’est pas d’adhésion, de foi en la résurrection, cad au point-autre qui met en vue toute la vie) et ce puisque chaque un est désormais en vue de lui-même, comme centre décentré, rendu autre que soi, qui ne peut plus se figurer comme telle ou telle représentation, raison pour laquelle le christ lui-même paraît, semble happer et contraindra de fait toute l’attention et « sans qui on ne peut rien »,

puisque sinon on croirait encore être quelque chose qui jouerait sur un autre quelque chose, une partie du monde ou de soi sur une autre partie ; un « moi » s’illusionnant sur lui-même et donc encore esclave du passé, de telle identité quelconque, selon le monde, naturel ou humain, du vieil homme, de la chair (attachée à la satisfaction, alors qu’il ne s’agit plus du donné, mais du devenir du monde, ce qui s’est nommé depuis le début : Création),

celui qui n’a pas accepté que l’intention renouvelle tout, prédomine, qui renouvelle tout le régime du réel, que nous-même emprunt de ténèbre, tombe dans une représentation de substitution qui de toute manière n’arriverait pas au début du bord de la sandale de cette substitution absolue qu’est le christ ; on ne peut pas « plus » que le christ, c’est impossible, pareillement Descartes annule le précédent. C’est d’un seul et même mouvement et bien que l’on ne parvienne pas à le circonscrire véritablement, il révèle le point à partir duquel chaque je se perçoit et cela même qui y est impliqué, ampleur que l’on ne mesure pas (la vision s’avance jusqu’à l’eschatologie et la fin des temps ou jusqu’à dieu et le rapport de l’infini au fini et comment il existe dans le donné et selon la vie une introduction de l’infini par le fini lui-même ; il y a une partie du fini qui se re-tourne vers soi-même en tant que re-tour, quelle est cette « technique », cette technologie de re-tournement vers ce soi qui existe, dès lors, formellement ? ).

Au détour cartésien, la philosophie, ce sur quoi elle réfléchit, s’étend absolument puisque le sujet, l’arc de conscience qui, entre autre, pense, est plus grand et plus universel que l’idée d’être ou quelque pensée, système que ce soit, plus grand que l’universalisation, puisque l’arc de conscience est cela qui engage un champ d’universalisation ; dans une ‘pensée’ on ne trouvera aucune ‘conscience’. De même qu’elle ne joue pas selon les pensées seulement et ce sera l’arc de conscience qui créera et développera l’ensemble de tous les signes de tous les champs intentionnels (ce que saisit Hegel, dans son historicité de tous les domaines), et donc selon les signes et les signifiants qui découpent le donné, la perception (que les signes augmentent, de même que la pensée extrait chacun du groupe et du langage commun, pour Platon les idées font-voir la réalité, ouvrant la possibilité de créer de nouveaux systèmes de signes) et coupent le corps (intensifiant le vivant, le transmuant en Existant), et rendent possibles l’invention des signifiants, en abondance, parfois vaine, en débordement ou en création (ce qu’un groupe, un communautarisme ne permet pas, puisqu’il doit survivre et conserver précieusement son cercle ordonné et partagé de signifiants).

Laquelle indéfinité (qui continue sans cesse) n’est arrimée que par le moi suffisamment organisé, ayant une possibilité de je à sa disposition, que le moi ait un sujet et lequel sujet se trouve en une éthique, une révolution, une œuvre (Rimbaud-la poésie, qui se perd ou se trouve autrement si l’on veut, lorsque la poésie s’écroule). Sans un tel je, le moi ne se dissout-il pas dans le monde, et celui qu’on lui vend, mais aussi celui d’une obsession ou d’un fantasme, ou d’une drogue quelconque ?

Aussi la pensée, comme le moi, mais aussi toute œuvre (aussi bien éthique ou politique) ne s’effectuent que sur et vers l’horizon du donné tel que « là » ; pour la pensée Hegel impose qu’il existe un horizon dialectique qui agite et remuera toute notion ; pour le moi la psychanalyse et Lacan démontreront que le bord du corps, l’inconscient, fondé sur l’autre surface du corps, le bord longe l’idée « consciente » du « moi » ; pour l’historicité il se passe parfois une mise en œuvre invincible et terrible qui oriente, orientera à partir de son point, toutes les consciences qui suivront.

Il est bien clair que si de la métaphysique (qui pense un discours qui décrit universellement des objets, théoriques) on passe à l’ontologie, à l’attention elle-même (qui est au fondement de l’intentionnalisation) à « ce qui est » (abstraitement et génériquement parlant) ; à savoir que l’on ne peut plus faire comme si la vérité remplaçait la décision ou l’intention. Et qu’une stratégie qui met en jeu l’attention, l’intention (christique, cartésienne, kantienne, sartrienne, etc), l’intentionnalité se déploie considérablement plus loin. La pensée, la connaissance est trop courte pour la longueur du possible. Dans le fond la pensée, la connaissance voudraient lier indissolublement la forme et le contenu, le réel et la réalité, la finalité et le donné, le futur et le passé ; mais tout cela est distinct, parce que c’est précisément ce qui est en cause (et effets possibles, et donc cause possible pour effets donnés ; dans un rapport ce qui fut, est et sera est le processus même, l’ajustement des effets à la cause et de la cause vers les nouveaux effets) ; soit donc qu’il n’est pas un devenir afin qu’un ordre d’installe (tenu en réserve on ne sait où) mais afin que l’on puisse justement définir le devenir lui-même ; jusqu’où sa bonté ? Jusqu’où l’installation du bien qui doit précisément se définir en découvrant sa capacité de grâce, de vision, n’est-il pas que la possibilité se tienne en tant que possibilité puisqu’alors chacun devient chaque un. Ça ne se fait sans vous.

Ce passage n’est pas simple à concevoir, puisque l’on bascule d’un objet-discours ou si l’on préfère d’un discours sur des objets, surtendu par un gros objet (l’être, le un, qui se déplacent étrangement puisqu’ils se chargent de faire retour, de même que Heidegger désigne l’Être au-delà des étant ou l’idée du Bien), de ces objets donc, étals, placés dans la visibilité, à un retour qui se mord la queue, si l’on peut dire, puisqu’il faut penser ce sujet qui pense et que l’on ne sait pas du tout caractériser ; or pourtant suite à Descartes, Kant et Hegel, Husserl et Nietzsche, Heidegger c’est ce sujet, ce creux dans la pensée, dans le monde tout aussi bien, qui est approché, on le tourne, le contourne, le suppose ou le nie, mais d’autant alors s’impose-t-il comme autre.

La bizarrerie de ce basculement outrepasse les catégories habituelles, et le sujet, le criticisme, l’hégélianisme (qui objective les deux phénoménologies, celle de la conscience, historicité, et celle du « savoir », les dialectiques de la conscience, la négativité, jouant des coudes pour avancer vers la réalité, et construisant, déconstruisant les idées, les notions, ayant, seule, pour horizon celui du donné là et du « là » du donné), de même tout ce qui suivit (y compris de rechercher dans le monde, l’économie marxiste par ex, les causes, mondaines ou les entités ou les symboliques, la « force », etc, croyant nier l’idéalisme ou le platonisme, etc).

Jusqu’à ce que l’on se demande ce que par « conscience » on peut entendre… Une « conscience » n’est pas dans ce dont elle a conscience ; « conscience » est une structure en elle-même et qui crée tout le reste (en tant que champs intentionnels). Il n’y a pas de « pensée » qui contienne « de la conscience » (et donc entre autre une conscience est une, c’est un rapport de rapports, qui use de signes qui perçoit des contenus découpés (dans le donné là tel que, cette fois, perçus du vivant en tant que corps, qui, par ailleurs, assure déjà son unité, distinct du milieu). Il est évident, si l’on peut dire, que l’on ignore ce que c’est.

On la définit ici via un concept-théorique (cad un horizon par lequel on peut placer cet « objet », tout objet se décrivant selon un horizon théorique, selon ce qu’il permet de subsumer) ; et ce concept est celui de rapport ; la « conscience » est le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (et non une quelconque identité, tel le moi ou une pensée, ou une réalité donnée désignée).

Ce qui est le rapport assume la forme « sujet » ; soit donc cela seul qui peut de par soi se modifier. Ce par quoi le Possible accède à sa propre capacité ; dans la forme « sujet » le début est la fin, et la fin le prochain début, et ce, remarquons-le, sans que le premier début soit perdu. Donc il accumule ou plus exactement il progresse, ou dit autrement il Devient.

Par ex de même que le vivant conserve l’adn, pareillement la conscience récupère tous les signes qui furent, toutes les mémorisations, et peut se permettre de les réécrire ; l’idée fondamentale étant non pas de stocker ce savoir, mais d’augmenter les possibles, ce qui veut dire les distinctions, en tant qu’elles s’inscrivent dans des capacités de rapports, qui évidemment doivent tenir non pas à l’imaginé mais au réel, aux réalités, non pas à des mondes immédiats (maya par ex), mais au monde-même universel unique donné « là », selon l’être grec, ou à l’individualité, comme unité la plus « sécurisée » si l’on veut, la plus millimétrée, la plus proche d’elle-même et surtout, surtout la plus adéquate au monde donné là, puisque le groupe, l’interprétation du groupe est annulée, et la plus adéquate à ce corps vivant et à fondamentalement la perception, de là qu’apparaissent quantité d’œuvres, esthétiques, poétiques, etc.

On perçoit à partir de l’individualité, de cette unité absolument formelle, puisque l’arc de conscience affleure désormais sur le donné même, nu, sans rien, et seule capable de percevoir le donné là, et de positionner le « là » du donné (l’être, dieu et le christ, le monde-étendue, le nouménal et la phénoménalité, le champ intentionnel, l’existence qui existe, le réel qui brise le moi psychique). Et l’augmentation (de la perceptions par la pensée qui doit être admise dans l’individualité), l’intensification (selon dieu, le christique, le romantique, le dépressif, etc), la distance (cartésienne ou kantienne) ne posent pas seulement leurs contenus, mais structurent, élaborent, articulent, organisent, distinguent dans le sujet l’ensemble de ses différents possibilités et gradations ; de même que l’œuvre n’est pas un « objet » mais le regard de celui qui regarde. C’est ce sur quoi qu’initialement insiste le christ ; c’est vous-même (et en l’occurrence l’attention à autrui, puisque le christique instruit l’égalité de chaque un) qui êtes transformés.

Et d’autant plus que cette stratégie christique (ou révolutionnaire ou celle de Van Gogh ou celle de Nietzsche) est précisément cela qui absolument, cad formellement, doit (et sera) retenue. Elle sera non pas apprise, mais intégrée dans le regard même, ce qui signifie dans l’intention que vous portez vers l’existence (vers votre vie vécue devenue cette existence nouvelle, renouvelée, re-créée). Cette stratégie est destinée à se déployer, comme logique de l’existence vécue et agissante ; ce faisant elle se développe, s’organise, est reprise de même que la vérité se partage, que la liberté se propage. Ce qui existe structurellement soit donc la pluralité des rapports chacun distincts, peut se transférer et devenir vôtre (même apprendre Rimbaud par cœur ne vous livre pas la signification, qui se tient comme un point-autre inaccessible mais qui fait-voir).

Aussi est-ce l’introduction du divin (de la capacité de perfectibilité, seule définition retenue ici du divin, de l’absolument réel, non comme état mais comme mouvement et inscrivant le mouvement comme sens in-fini ; on ne sait jusqu’où il peut avancer) du divin donc dans le monde mais aussi le vivant. Le divin, ce qui veut dire, pour nous, la structure divine du sujet qui seul a accès à la Possibilité (le monde, le donné, les choses, les êtres, vivants, naissent du Possible, l’arc de conscience existe en tant que et pour la Possibilité même ; il re-vient sur et par lui-même et étant seulement un «rapport » il « contient » toute la détermination, potentiellement ; il rend possible la réalité, il ne s’oppose pas au corps vivant, il le recouvre d’une autre et nouvelle possibilité, l’autre-surface du corps, il absorbe la perception du donné par le vivant et par l'humanisation et la communauté et outrepasse la communauté (et son unité, qu’elle soit un minimum organisée) en autorisant, rendant possible que chacun, chaque un devienne le centre, ce qui ne se peut que si chacun a contrario décentré, converti, transformé, autre que soi (sinon aucun champ ne se présente qui puisse vous rendre possible vous-même pour vous-même ; le sujet, décentré et autre, n’est pas le moi qui bloque sur son « être », lequel n’est pas mais est rêvé, imaginé, désiré, et inversement le sujet ayant annulé le centre (relevant de la logique de satisfaction) n’est pas moins individué mais encore plus singulier ; ou donc l’universel n’est pas l’aplatissement du rapport abstrait vide, mais l’actualité de tout ce qui est perçu, un déploiement des champs de perception (et d’expression et d’intention et mène dans tous les cas une stratégie de perfectibilité, qui consiste à re-créer le donné, le vécu et l’affect préludant ; à quoi s’utilisent toutes les œuvres, au sens large, éthique comprise, idée-image mass ou micro médiatique de ‘soi’ et des autres, etc).

Dit autrement ; même si on ne peut pas identifier le point-autre (Rimbaud par ex) ce point-Rimbaud augmente (grec) intensifie (dieu et christique) accélère (cartésien) la perception, et donc tout aussi bien les signes (c’est particulièrement évident pour Rimbaud ; on n’y comprend rien… mais c’est placé, déplacé de telle manière que le point s’inscrit ; donc ce point existe et il doit être vécu, ou mieux éprouvé, et c’est une épreuve ; de même si vous parvenez pas à admettre quelque point que ce soit du christ (qui en comporte une telle densité) vous ne saisirez pas, puisque n’en étant pas saisi. Et si cela vous étonne ou vous révulse, pouvez-vous penser (philosophiquement) sans penser ? Non.

Dieu, la pensée, le christique et le sujet (- et quelque sujet suffisamment élevé et en cohérence, le sujet qu’un moi a pu , autant qu’il peut, tirer de son moi, qui n’y peut mais et qui, la plupart du temps en souffre, ou devient fou, ou s’égare ou se torture ; encore une fois la christique préfigure, c’est clair), le sujet et la révolution nous indiquent que « le réel », le « ce qui est » doit être décidé.

En quoi le-réel est suspendu à lui-même (l’ontologie du baron de Münchhausen, auto réalisateur) ; raison qu’il y ait un devenir ; et donc un présent en lequel « il se décide », et en quoi il est un rapport et ce rapport se nomme structure-sujet, puisque seul un sujet peut se tenir lui-même en sa vue et manifeste cette étrangeté, mystérieuse énigmatique effarante, qu’il soit excessivement existant et par quoi, enfin, on tient, ici, le présent, de la décision, de l’orientation du réel, du sens du rapport, le présent comme colonne seule réelle qui dresse tout ce qui fut, est, sera, dans sa suspension, son expectative in-finie.

La raison «  qu’il y ait un-réel » est originellement le Possible, mais la finalité du réel est également la Possibilité ; jusqu’où le réel est-il possible ? Quelle autre finalité du reste à « ce qui est », sinon sa capacité ; puisque de toute manière il n’existe pas un ‘ordre’ en dehors du réel, qui lui imprimerait une destination, une fin, un état, comment ? Inerte ? Figé ? Parfait ? Donc le réel est pur et brut mouvement, qui s’affine. Il n’existe pas un ordre extérieur (à la réalité), et le réel est lui-même rapports (puisqu’il s’organise en acte et chaque chose ou être sont des rapports). Et rappelons que le néant et l’être (génériquement, cad abstraitement) existent également (le néant n’ayant rien à opposer à l’être) et donc la règle (du néant et de l’être à la fois existant) est le possible ; mais si le possible est cela même qui est, alors il est tout et continuel ; si le possible cesse d’être possible, il défaille. Et cette logique correspond absolument à la constatation effective du réel comme il est ; il se meut, de partout et chaque chose ou être existe activement et l’ensemble du réel est, ici, supposé, comme précisément activiste et extrémiste ; il va, avance jusqu’au bout, jusqu’à la possibilité de toute chose et de tout être, y compris … selon la vie vécue.

Ce que l’on nomme le feuilletage de la conscience (qui est un rapport) est le kaléidoscope ; si l’on n’y prête pas garde on ne Voit pas que l’on existe pluriellement

Le faisceau de conscience reste fixé sur tel contenu (il préfère la simplicité, évidemment, la facilité et le bricolage). Non seulement il existe le signifiant de l’inconscient, mais également les signifiants de l’historicité (dieu, la pensée, le sujet, le réel) mais tout autant la transformation interne de la vie vécue en Existence ; soit donc les possibilités, qui peuvent passer pour les ‘existences en puissance’, ce que l’on aurait pu, dû, pourrait être, et qui se signe par ailleurs comme âme, votre véritable intention en ses plis pluriels, et qui fut plus ou moins dépouillée par la vie, et ce de mille et une manières. Et dont la persistance demeure la confiance, cad finalement la foi, christ, œuvre ou révolution, bref des « qui ne sont pas ». Aucune autre solution. Puisque l’arc de conscience est formel et n’est nulle part dans le monde, il Ex-siste.

Aussi comme Lacan ; « ne jamais céder sur son désir ». Ce « désir » ayant besoin d’être précisé ; qu’il ne s’agit pas de celui qui succombe aux plaisirs (qui sont innombrables et que la société industrielle finit par produire en masse, ce qui est la contradiction psychique interne, que votre désir individuel soit produit en masse). Désir que l’on nomme ici Intention, puisque l’on n’admet pas vraiment la compréhension psychanalytique comme ultime (c’est seulement une étape, chacun se prenant pour ultime évidemment), et que le « vrai sujet » est pour nous, le je relatif à l’Intention, dont, on l’a dit, « on ne sait pas où elle va, jusqu’où elle s’avance », formelle et donc absolue. Encore faut-il que cette Intention sache de où elle vient. Sitôt extraite de tout monde particulier (holiste, cyclique, global, identité parole/monde donné, immédiat bien que chacun réfléchisse totalement son langage et sa perception et ses échanges, ils sont chacun très complexes évidemment), l’intention se sait instantanément (ce qui veut dire a-temporelle, elle sait tout, selon le se-savoir) ; dieu, la pensée, le christique ou le sujet, la révolution viennent tout complètement, et on passe plusieurs siècles à décrypter, nous y sommes encore.

L’a-temporalité, le se-savoir, mais aussi le saisissement (on reçoit, la grâce si l’on veut), cible bien sûr l’introduction dans la réalité, plane, de la colonne du présent, qui vient suspendre et remettre à zéro l’ensemble de toutes les possibilités.

Cela vaut absolument, et dans l’historicité et dans l’individuelle forme, puisque l’arc de conscience est cet individu-sujet, cet arc, cette unité sans rien (tel ce christ), ce rapport, et les stratégies, bien réelles et bien concrètes qui s’ensuivent (telle la nation d’une Intention et telle la pensée, pour le monde unique) et qui s’ensuivent concrètement encore plus depuis la révolution, qui concrétise ou rend possible que chacun concrétise, son entreprise, son désir, son projet, son fantasme (de « moi-même » depuis les années soixante).

Remarquons donc que le moi, ou l’individu, et y compris le « sujet » (vu et éprouvé de notre côté) sont de ce fait les versions en attente de la structure-sujet gigantesque, absolue, formelle, le Pli (de tous les plis, le rapport de tous les rapports)

ou donc du possible tel qu’il œuvre à sa Perfectibilité. Or il n’est rien de plus grand que la perfectibilité puisqu’elle est ici considérée et admise comme étant la finalité (et non comme moyen d’un ordre qui serait de toute manière second ; si le possible est la règle et la finalité, c’est lui qui s’augmente, s’intensifie, s’accélère, se distingue toujours plus avant). En un mot ; la perfectibilité : qu’elle soit plus grande. C’est la capacité de la possibilité (ce que le christique nomme « amour », le plus grand rapport qui puise en lui-même de s’étendre en tant que déléguant sa capacité de rapports) ; et rien de plus grand que la capacité d’œuvrer à la structure même de la perfectibilité (ce qui n’est pas d’œuvrer à la perfection selon un ordre, lequel programme resterait en deçà de la Possibilité) ; celle qui se rend capable d’encore plus, de sorte que le réel soit plus grand que lui-même (et donc échapperait à toute réalisation déjà donnée, déjà passée). C’est ce que signe le christique (et les poursuivants à la suite) ; que le réel est le Commencement, le commencement qui commence, qui se re-prend et avancera encore plus grand de chaque pas. Ça n’en sera jamais que le premier. Puisque l’infini est la re-Création.

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