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instants philosophie

Interprétation de l’infini

25 Juin 2022, 08:55am

Publié par pascal doyelle

On envisage le présent comme la structure au travers surtout par laquelle tout apparaît, tout se maintient, tout devient. On envisage l’arc de conscience comme la structure qui ouvre tous les champs intentionnels, qui donnent accès au monde donné, à l’humanisation et au vécu. Le présent comme la dimension unique et exclusive qui seule existe, la cause de tous les effets mais de plus le présent comme étant cela même qui devient (toutes les choses et tous les êtres sont, de leur nature finie, ce qui veut dire déterminée).

Il se peut qu’il n’est de réalité que cet étalement de choses et d’êtres (que l’on nomme aux dernières nouvelles, univers), qu’il n’est rien que la matérialité ou l’énergie. Cette hypothèse n’annulerait pas ce que l’on propose ici ; elle réduit juste l’ampleur de ce développement de structure du présent et du Possible ; au lieu d’une description dimensionnelle on n’admettrait qu’une description fonctionnelle ; différence entre (dimensionnellement) « l’axe de fonctionnement du réel se dresse unanimement et unilatéralement en tant que forme absolument formelle mais effective » d’avec (fonctionnellement) « le réel fonctionne sur l’axe de la structure du présent et de la structure de conscience ».

Autrement dit dans le premier cas (le dimensionnel) l’arc de présent et l’arc de conscience instruisent le réel de la réalité et tiennent en tant que tels, il existe un point absolu (la « fin des (du) temps ») qui perçoit, qui voit tout ce qui est et c’est ce point dernier, au bout du temps (ou de tous les univers) qui se transforme, tout au long des réalités.

Dans le second cas la réalité fonctionne selon une articulation du présent d’une part et de l’arc de conscience d’autre part.

Ou donc le Possible existe comme structure fonctionnelle (le réel qui articule la réalité) ou comme structure dimensionnelle (le réel existe en lui-même et constitue la cinquième dimension, la seule qui soit réelle) ; chacun choisira.

Inversement la raison de douter que la réalité soit cette « matérialité » (ou cette énergétique) est très simple et reprend en quelque manière la validité ou l’invalidité de la problématique finitude/infini.

Étant entendu que cet univers (qui fait office de réalité globale, pour nous) est un tel déploiement d’énergie et de matérialités, à quoi servirait cette dépense fastueuse qui n’aboutirait qu’au presque néant (le refroidissement et la dispersion et le déchirement physique de la trame de cet univers) ?

Il paraît a priori absurde que l’énormité, le gigantisme de la réalité ne parvienne au final qu’à la dispersion et la nuit. Une sorte de pétard mouillé. Puisque dans les ténèbres de la fin des temps physiques plus personne pour se souvenir de quoi que ce soit, non seulement de moi ou de vous-même, mais de Mozart ou Rimbaud, aucun souvenir, néant, rien du tout, nada.

Ce qui semble quand même d’une absurdité, d’un ratage, d’une inutilité totale. Et hypothèse terminale négative que l’on ne retient pas (si c’est pour affirmer le grand néant du bout du monde, ça ne servirait pas à grand-chose)

on admet ainsi l’autre version à savoir que la mémoire du réel, de « ce qui a eut lieu », de ce qui vaut la peine, de la conséquence des actes (Kant par ex), de la possibilité toujours re-commencée, du grand Commencement en tant que véritable réel et véritable principe,

on admet donc que cette affirmation absolument positive du réel comme dimension qui emplit tout le réel au point de jouer du devenir continuel et continué du réel (inversion de toute évidence « immédiate » de laquelle voudrait nous convaincre notre monde réaliste ou naturaliste)

on admet ainsi que cette affirmation absolue est la substance, ce qui veut dire le mouvement-même, du Possible pur et brut.

Possible, mouvement, rapport, présent décrivent la structure du dit devenir, en somme le devenir du devenir en ceci que la finalité n’est pas d’aboutir à un « état inerte » de la réalité (un Ordre accompli ou une dispersion dans les ténèbres) mais d’agrandir toujours plus avant le possible même. Comme on va voir.

 

Tout « ce qui est » est ainsi suspendu dans l’unique présent qui active tout ce qui fut, est, sera, et se dresse en lui-même comme feuilletage de toutes les réalités, entendons de toutes les différentes versions de la réalité.

En quoi le présent est la Dimension (la 5éme) qui est instantanément toujours « là » et qui déplie constamment la même réalité selon diverses feuilles de réalités (qui sont des séries, des systèmes de rapports, dans lesquels se rendent réels les rapports que sont les arcs de conscience ; il n’est pas de consistance dans las réalités, l’unique consistance est celle qui lit les champs de perceptions).

Selon le présent il est donc une réalité brute et inachevée mais également une réalisation intégrale de tout le possible à la fin du temps, soit la succession des possibles manifestations, des manifestations possibles au cours d’une pluralité temporelle, qui n’est pas cependant selon le temps ou les temporalités mais en vue de rapports, qui seuls existent.

Il est évident que si l’on « oublie » que le réel est constitué selon les rapports, cad les mouvements, on tient les choses et les êtres pour seuls réels, solides, en dur ; mais qui ne sait qu’ils sont insaisissables et s’écoulent entre nos doigts, et disparaissent constamment ?

Donc soit le réel est l’ensemble des mouvements, mais alors il faut amener la compréhension de ces mouvements tels et comme ils existent (en tant que mouvements et non chosifiés),

soit il faut accepter que tout est destiné à la disparition.

Que le réel soit un possible brut, et donc l’ensemble des rapports, nous est accessible puisque précisément la structure de notre exister est un tel rapport ... il faut donc que la conscience saute des contenus à, vers, pour ce mouvement qui crée (quantité) de contenus (mais n’est contenue elle-même par aucun).

Aussi tout nous échappe-t-il sauf si le mouvement nous saisit (rappel ; on ne peut pas le saisir, sinon de le transformer en contenu). Le mouvement ; dieu, la pensée, le sujet, le réel, une œuvre, autrui, etc. Ce qui ne manque pas, puisqu’il n’est pas de conscience sans une soudaine saisie (serait-ce le tomber-amoureux pour les mois, les personnalisations).

Autre rappel ; une œuvre, esthétique ou poétique par ex, veut convertir votre regard, votre attention, de même que le christique ou Descartes ou Nietzsche veulent transformer votre intentionnalité.

Pour illustrer ; dieu attend patiemment que tous soient sauvés (ce qui ne contredit nullement les paroles du christ, soit dit en passant). Ou donc il existera autant de réalisations qu’il faudra pour que tous soient sauvés. Ou, dans l’hypothèse messianique juive, le Royaume se dresse verticalement et lentement au fur et à mesure des rituels et des prescriptions librement réalisées, le Royaume se crée. Il existe une « temporalité » qui est cachée en dessous du temps, et non tellement dissimulée que couverte par ce que l’on nomme le présent habituellement, et qui, présent ontologique, est tout à fait autre que le « temps ». Le temps est un effet de la structure-présent.

Dit autrement encore ; pour chacun la vie vécue se transforme petit à petit, ou plus ou moins, ou brusquement dans telle ou telle fulgurance incompréhensible, et ce de telle sorte qu’il nous viendra ici et là que notre être réel, la véritable décision d’exister, celle qui est la vôtre naisse.

Ce principe est au fondement du christianisme (mais également en quantité de religions, qui chacune vous déplace jusqu’au moment de décision, jusqu’à la butée d’orientation de votre existence, et que l’on pourrait synthétiser comme suit ; vous déciderez-vous vers le haut ou vers le bas?)

À la racine même de cette structure de soi qui s’active dans l’actualité et ce parce que dans la décision ; on ne peut pas lancer le rapport à autrui ou le rapport à soi sans l’intentionnaliser (ou alors c’est que l’on vit encore dans un monde immédiat qui se manifeste hors toute décision et s’impose en tant que monde perçu-parlé-échangé, dans la coïncidence du sacré et du profane et non dans la séparation du donné et du divin). Autrui n’apparaît que désigné en tant qu’autre, et cette altérité est absolument formelle (ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni juif ni païen, etc), altérité qui valide non pas que l’autre sujet soit comme ci ou comme ça mais purement en tant que libre et un. On ne peut reconnaître autrui ou se reconnaître soi que dans et par un rapport explicitement supposé et posé comme tel.

Ou comme on a dit ; le dieu unique est unique, ce qui impose qu’on ne peut pas le déterminer (par des signifiés naturels ou humains ou plus généralement donnés là dans le monde), et nous renvoie instantanément à son statut, définitivement absolu, de rapport sans contenu, de signifiant pur, de signifiant de tous les signifiants (et donc de tous les signifiés rangés sous ceux-ci).

Remarquons que l’on saisit bien que l’on se doit à l’humanité, à autrui, à la méta-organisation d’une société humaine, mais l’autre versant est précisément l’attention que chacun doit se porter à lui-même ; c’est tout aussi bien autrui que soi-même qui se présentent absolument parlant.

Toutes les images, les romans, les récits, les représentations à profusion veulent atteindre chacun là où il existe. Afin de réorienter, potentiellement, le regard, l’attention, l’intention vers le haut. Et si l’on admet que même les esthétiques et les poétiques (bref les grandes élévations de la perception formelle et de la métaphysique du soi-même) se garantissent de nous instruire, de nous informer, de paramétrer nos champs intentionnels et ce au plus haut, au plus universellement singulier (l’œuvre picturale n’est pas le paysage n’est pas, la reproduction du dit paysage), d’une part et d’autre part non pas de transférer des informations (filtrées) mais de créer en nous le je, l’arc de conscience, l’intentionnalité et sa structure ; jusqu’à quel point notre conscience peut-elle élaborer les rapports (intentionnels) les plus élevés possibles ?

Exemple général et d’historicité brute : la révolution (brute, parce que l’on ne sait encore jusqu’où il nous est possible d’avancer) ; la révolution n’a pas réalisé quelque chose, elle a instancié, dans l’historicité (raison pour laquelle il est une historicité, qui se situe dans la séparation du donné-monde et du divin, hors du monde, et hors de la vie vécue, depuis le christique),

elle a instancié donc la capacité plus grande pour chacun et pour tous (les deux) de réaliser encore plus de réalités, humaines en l’occurrence, mais aussi encore plus de liberté, pour chacun, encore plus de structure ; c’est en ceci que depuis la révolution non seulement chacun doit apprendre à exister avec les autres, avec autrui, et apprendre une coordination sur tous les niveaux de la société, des relations humaines (du subjectif aux objectivités, droit, État, déploiement de la société civile, etc, ce qui fut fait), mais également apprendre à se-vivre soi ; de là qu’il s’étende un tel régime extrême et hyper étendu du devenir individuel, de la possibilité de ce qui se nomme « le moi », la personnalisation, qui est peut-être la plus diversifiée invention des deux derniers siècles (des romantiques au psychotique du 20éme, des romans aux séries télé, en passant par le cinéma et la représentation de soi, et de soi parmi les autres, et de soi dans le monde, etc).

Tout ceci ne visant pas à seulement réaliser un monde humain, universalisé, puis personnalisé (toutes choses très bonnes) mais cherchant à amener chaque conscience, chaque arc de conscience à maîtriser, mesurer, réguler, et surtout inventer, créer de toujours plus explicites relations intentionnelles ; ce qui veut dire se jugeant et s’appréciant et s’élaborant de plus en plus profondément et de plus en plus précisément. Non seulement donc des relations entre chacun, mais de chacun avec lui-même.

Et plus généralement il s’agissait d’un forçage gigantesque qui a soumis l’humanité à sa plus effarante possibilité ; ordonner les libertés en elles-mêmes, une par une et entre elles, toutes réunies.

Et de fait la mass et puis micro médiatisation (du roman à la télévision, puis à internet et au digital en général, qui s’avance jusqu’au plus petit bout de moi, de personnalisation) ne consistent pas uniquement à offrir à chacun la vision de tous les autres, et d’obtenir une image-idée de tout par tous et par chacun, mais aussi à détailler toujours plus explicitement l’image-idée que chacun a, peut espérer, attendre, imaginer, que chacun a de lui-même (ce qui rend la vie, la vie vécue personnelle, les variations de plus en plus étendues du moi pour, par lui-même assez difficiles à vivre en un sens, mais aussi un intérêt, une passion, une folie de « soi » qui nourrit toutes et chacune de ces vies vécues individuelles, on a le bénéfice et le maléfice concomitant, évidemment).

Et donc où l’on voit que la performance, absolue, cad formelle, et totale (qui occupe toutes les possibilités de ce monde humain universel et individuel, humanisé et personnalisé) tient d’une part en d’innombrables réalisations (de l’État à l’entreprise, de la nation à la vie personnelle, des objets produits aux œuvres en passant par l’incroyable quantité d’idées et d’images, etc) mais aussi à l’ensemble de tous les tissages intentionnels (de rapports donc, puisque l’intentionnalité est le rapport même, et que les internationalisations n’existent qu’explicitement signifiées, ce qui réclame une énorme quantité d’énergie déployée, à tous les sens du mot « énergie », y compris le gaz ou le pétrole, sans lesquels rien ne serait possible).

Et donc la finalité interne consiste à démultiplier les rapports, ce qui veut dire les intentionnalisations (et de la sorte ce monde humain est la réalisation, très idéaliste au fond, de toutes nos intentions, intentionnalités telles que matérialisées dans une humanisation et une personnalisation, c’est notre passion totale et ravageuse ; elle croit ce monde ou cette vie qu’elle imagine, jusqu’à confondre l’image et la réalité, l’intention rêvée et sa réalisation, ce qui rend à peu près tout le monde fou).

Et ce non pas pour produire, comme on le croit, un monde à profusion, mais afin ou qui aurait dû instaurer en chacun la régulation, la compréhension, la maîtrise de sa propre volonté… et plus exactement encore la manifestation, l’expression et ainsi l’invention, de soi, des relations, de l’organisé humain (que l’on songe à toutes les versions de la ‘démocratie’). Maîtrise de sa volonté ou donc de cette version améliorée de la « volonté » qu’est l’intentionnalité. Il s’agissait de rendre encore-plus-réel la réalité, le monde humain, son expression, sa représentation, ses intentions, et ce absolument visiblement afin que chacun cache où il en était et où en étaient les autres.

Dans la grande visibilité toutes ces Intentions devaient se connaître et fondamentalement s’éprouver, élaborer les affects, les affections, les passions (comme il se disait lorsque l’on entendait l’intentionnalité comme volonté, troisième, et seule substance réelle, de Descartes, l’unité du corps et de l’esprit). En ceci que c’est uniquement en tant qu’exprimées, signifiées que les possibilités, bien sûr, existent, existent à nos yeux et sont susceptibles de s’organiser pour nous-même, chacun, et pour tous les autres.

Il est devenu inenvisageable que l’on puisse se sauver seul. Le christique (mais aussi les monothéismes et diverses religions mais également nos idéologies depuis 2 siècles, remarquons-le) implique chacun envers autrui, puisque le christ crée le lien entre lui et nous-même, et entend engendrer cette communauté en conscience (ce qui eut lieu) ; chacun est isolé, séparé et puis relié, relancé dans le monde, le vécu et ce en considération de tout autre, dans l’élévation de la considération d’autrui, et ce compte-tenu des erreurs, des égarements, des fautes et des perversités, qui ne manquent pas (en vérité il n’y a que des égarements, et seulement à l’opposé l’intention qui réengage sa bonne Foi, son humanisme ou sa liberté, etc).

Dans la compréhension que le réel s’est imposé à l’humain et a forcé, poussé au plus loin nos capacités de conscience (entraînant toutes les autres perspectives, sciences et objectivités, droit et État, communauté et subjectivités, et ainsi de suite) il faut se rendre compte qu’il s’agit de créer les plus précis et les plus étendus rapports possibles. Pourquoi insister sur cette notion de rapport ?

Parce qu’il n’est ni dans l’initial ni dans le terme, mais dans le mouvement du début et de la fin, et que pour nous, en tant que conscience, le terme, le résultat re-vient sur le début et l’initial. Dit autrement le rapport relève de l’inconditionné (de ce que Kant nommait l’inconditionné), ou de l’indétermination.

Il n’est pas un infini qui serait indéterminé, mais il est un rapport qui outrepasse ses déterminations. C’est ce que Hegel tenait en vue ; que les idées étaient contenues dans et par le mouvement de la pensée (la négativité contradictrice pour lui, ou l’arc de conscience) ; laquelle était indistincte et n’existait pas sans tous les mouvements de la connaissance absolue.

L’idée de ‘rapport’ nous entraîne là même où nous existons ; nulle part ; dans le non-lieu et le non-temps. Et ce non-lieu et ce non-temps n’est pas inaccessible, on le nomme ‘présent’. Le présent (ontologique si l’on veut) est la structure qui actualise tout le possible.

Mais alors (et ça se corse) si le présent est la structure actualisatrice qui seule existe (le reste, les effets sont, l’être est second dans l’exister), et si le possible est la Règle (de « ce qui est » au sens générique), alors le possible ou donc l’actualité, l’actualisation, ce procédé (d’actualisation de toutes choses et de tous êtres, qui est aussi un processus) occupe toute la possibilité et la possibilité ne peut pas cesser ; elle sera encore et toujours plus possible ; ce qui se nomme dieu, l’universelle pensée, le sujet ou le réel.

Lorsqu’Aristote enclenche la pensée de la pensée, le Un de Plotin, le dieu cartésien de volonté pure, cette redondance ne signifie rien que « le rapport » à proprement parler, le Pli de tous les plis.

La répercussion fondamentale de cette (hypothétique) dimensionnalité du réel aboutit à ceci ; si vous existez en tant que rapport, où se tient votre identité ? Qui êtes-vous, de où vous vient votre devenir ? Vous n’êtes pas dans le monde, selon l’être (puisque votre être est un non-être, cad un mouvement) mais selon le rapport qui naît avec-lui-même (il est son propre mouvement, puisque se rapport se-voit, de même qu’initialement il-est-vu par le christique et donc apparaît et qu’ensuite Descartes-voit-René, et Sartre tente de saisir le vif-même de l’arc de conscience) d’une part

et d’autre part dont une partie manque toujours (une conscience voit ce dont elle a conscience mais ne se voit pas elle-même ; l’horizon sur lequel apparaissent les choses, les signes, n’apparaît pas lui-même, sinon il devient un signe ou une réalité désignée d’un autre-horizon) ; cet arc n’est jamais tel ou tel contenu ; mais il se signifie, il se-sait, fondation cartésienne du mouvement pur qu’est ce rapport qu’est une conscience, et on ignore quel est l’autre versant, dont on n’en sait jamais qu’une moitié et pas la bonne.

On s’égarera constamment mais il faut tenir l’intentionnel brut, et ce dès le christique (et cent autres explorations qui traversent et créent cette historicité) ; en quoi il s’ouvre, cet arc, du côté que l’on ignore et qui conduit, instruit vers l’élévation ; ou alors il se prend pour lui-même, un pauvre moi ; remarquons que le jugement hautain de Rimbaud sur toute cette vie relève de cette élévation possible/impossible.

Il est admis, si le réel est le présent ou l’actualisme ou la dimension de l’exister, que cet autre côté est organisé et que parfois, ici et là, il nous vient (du futur ou du passé ou d’autres versions de la réalité ou de cette vie vécue ou du vécu de cette vie) des transversalités fulgurantes, des possibilités pures et brutes de notre capacité et qui nous contraignent à une exigence ; que nous puissions saisir les quelques autres côtés, versions, articulations du rapport de conscience qui glissent d’une possibilité à l’autre et ouvrent qu’une existence ne soit pas d’une seule ligne, d’une seule traite, mais plurielle, diffractée et qu’ici et là « ça nous vient » de la dimension même.

Dit autrement, encore, si le réel est le Possible, alors plusieurs possibilités glissent les unes vers les autres et doivent être lues, retenues, attendues (comme on attend le royaume) et loin d’être figé, fixé dans une matérialité, le réel est constitué de possibles entremêlés.

Étant entendu que la fin du temps, la fin des temps détient le nœud de toutes les possibilisations qui sont seules réelles (seuls les rapports existent, le reste est selon l’être) ; le dernier présent contient les actualisations (les décisions, les orientations, les perceptions) dans sa dimension exclusive ; c’est de là-bas que l’on se perçoit, de même qu’autrefois dieu percevait à partir du terme de tout et pour qui tous les temps existaient en un même « temps ».

Si seuls les rapports existent, le reste est selon l’être, en tant qu’effets ; il faut ainsi se décider pour l’adoration envers les effets ou selon l’attachement à la cause et s’ordonner selon, par et dans cette cause, comme si elle était, bien que non visible, notre habitation seule réelle.

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Révélation(s) des secrets

18 Juin 2022, 06:41am

Publié par pascal doyelle

Il est précisé « la pensée » puisque l’on ne considère pas qu’il s’agisse seulement de la raison, mais de « ce qui est arrivé à l’humain ».

Il lui est arrivé une bizarrerie qu’il s’agit de transformer en étrangeté et puis en énigme et puis en mystère. Histoire de réenchanter le réel, en quelque sorte. De rendre bizarre, étrange, énigmatique, mystérieux ce qui est tel que cela est.

Chaque monde humain d’avant les révélations s’est imposé à lui-même tel un contenu sacré et magique, lorsque la parole et la perception étaient identiquement admis en une fois et par tous ; parole, échange, communication entre les vivants, transmission entre les générations ; l’ordre devait se copier de l’un à l’autre rigoureusement et ne jamais être remis en question, puisqu’aussi bien cet ordre est immédiatement celui du monde tel que perçu et vécu selon la communauté et parlé, échangé.

Vient donc ce qui arrive à l’espèce humaine.

Qu’elle s’aperçoit que les contenus de conscience sont produits, et dès lors immanquablement il s’agissait d’exposer explicitement cette structure productrice de tous les contenus ; soit dieu, la pensée, le sujet et puis le réel.

Le dieu des juifs, musulmans, chrétiens (nation, oumma et catholique, ce qui veut dire universel)

la pensée et État et droit des grecs et romains.

le sujet du christianisme, et de la révolution.

Le réel de la mise en exposition totale de toute humanité et de toute personne humaine (qui parvient à son apogée durant les années soixante du 20éme, et se mondialise ; imposant partout et pour tous un monde humanisé personnalisé, et un de ces aboutissements, internet).

Dit autrement ;

- l’intention pure, unique, formelle, une, externe à tout ce qui « est »

- le réseau des intentionalisations, des idées, et leurs systèmes, soit diverses configurations de réseau, en tant qu’il pense, objective le donné tel que « là » (l’être), dans, donc, des universalisations acquises dans l’actualité (on ne pense pas si on ne pense pas activement, reliant l’horizon du donné-monde par des idées, nouvelles, dans l’acquisition par chacun)

- le corps de chacun, la vie de chacun, tels que perçus d’un point-autre (le christ), et explorant toute la dimension individuée et donc son actualisation formelle (de la naissance à la mort et au-delà, puisque l’on perçoit ce segment naissance-mort de cette externalité du regard qui crée chacun, dans la foi (en l’incarnation et la résurrection) en tant que singulier et non fini, et donc n’appartenant pas au monde)

- le réel en tant que sujet tel que planté « là » dans l’étendue du monde, et sujet qui se découvre libre et égal à tout autrui ; Descartes et la révolution ; rappelons que l’égalité est installée par le christique, puis la liberté par Descartes, puisqu’il faut que un-tel (ici René) s’initie comme liberté de par lui-même. Le réel, structurel, puisque l’on passe de l’idée ou la distance (christique) à la réalisation ; et de fait le monde humain et personnalisé qui en résultera produira l’ensemble de toutes les intentionnalisations (projets, sciences, technologies) et de toutes les intentions (individuelles et collectives, toutes les psychologies, toutes les politiques possibles). Tout bascule de l’idéel à la réalisation.

Et cette réalisation se transmet comme liberté et égalité ; la liberté seule aboutit à la rivalité ; l’égalité à l’écrasement des individus pas des universalités (le besoin pour le communisme, à l’opposé le désir, individualisé, pour le libéralisme). Équilibrer l’un et l’autre se désigne comme coordination ; il faut que chacun comprenne sa liberté et la liberté d’autrui ; que chacun soit suffisamment « littéraire ou poétique », éthique et politique, pour trouver un intérêt certain et immédiat, physique, sensible, imaginaire, envers autrui (on ne peut pas décréter cet intéressement à autrui et il faut suffisamment être certain de soi pour admettre autrui en tant que lui-même, et donc est appelée une acculturation générale dans au moins un peuple, une nation, un organisationnel historique, qui se sache comme tel ; qui annonce à tous et pour tous et par tous qu’il exprime la coordination de la liberté qui n’est plus seulement arbitraire mais réelle parce qu’égale à toute autre, et qu’ainsi le niveau, le degré d’acceptation et d’élévation permette une complexité et une communauté distincte comportant ses distinctions en propre ; qu’elle se sache comme telle ; qu’elle se-sache.

Le se-savoir est le principe de la philosophie ; comment penser, comment exister en tant que sujet. Dans l’activité donc, dans l’activisme d’une actualité, d’une actualisation qui se manifestant se propage, se partage et crée l’historicité en déployant les possibilités de la structure.

La structure, celle qui, donc, est passée sur l’avant-scène au détriment de tous les contenus et n’est accessible elle-même, comme structure, que dans et par l’activité de chacun ; la pensée, mais aussi le droit de ces grandes sociétés humaines (tel Rome), l’individualité qui se-sait en et par le christique (qui expose l’ensemble des catégories d’une vie humaine personnelle, mais encore perçue dans la distance du un-tout-seul, celui qui meurt seul et abandonné, torturé et mis à mort) mais qui sur-vit ; il était là, il n’est plus là, il est encore là et il sera à la fin de toute la Création (que l’on y croit ou pas n’est pas la question). Et qui dans un seul regard perçoit tout, toutes les distinctions, indiquant à chacun l’ensemble de tous les rapports possibles et que l’on découvrira au cours de toute l’historicité (nous envoyant donc le saint-esprit, à cette fin, afin que nous commencions de comprendre… ce qui arriva, saint-esprit ou non).

Récupérant donc la pensée, la raison, les esthétiques ou les politiques, bref tout, puisque dans les deux cas (grec et christique)il s’agit de la même réflexivité, le retour sur ce qui est-là ; le monde (grec) et la vie vécue (christique). Lesquels ne sont plus englobés dans une seul monde commun, communauté, partagé en plein, dans l’immédiateté (complexe en elle-même mais qui n’est pas exportable, pour être maya il faut naître maya et le rester) mais, monde et vie vécue, doivent se recomposer, s’actualiser dans la considération actualisée par chacun (selon la pensée, le droit romain ou la catholicité, cad l’universalité, de la nouvelle église, qui, de fait, sait parler à chacun en tant que chaque un).

Dans cette historicité monumentale la philosophie ne peut pas se définir comme connaissance, ce qui serait restrictif et qui ne correspondrait pas du tout à ses différentes ouvertures et bilans, mais comme réflexivité ; ce qui veut dire retour, retour-sur ; d’une part retour sur, vers le monde donné « là » (les grecs) et retour sur soi en tant que corps et vivant et en tant que vie vécue (le christique). (Les grecs) le monde (le christique) le corps et la vie vécue ; deux réflexivités qui s’appliquent au travers de toute l’historicité, et couvrent l’ensemble de tout le possible (puisqu’effectivement il n’est plus dans l’effondrement et l’effacement des mondes immédiats et clos que le monde et l’individu). Et rendront possible l’ensemble de tous les rapports ; inaugurant en somme la capacité de multiplier les signifiants (de même que les esthétiques créeront par l’activité d’un tel ou de tel autre des registres extensifs, des œuvres).

Ainsi lorsque la pensée reprend l’idée de dieu, la théologie ; Descartes promeut le sujet (avec Kant, Hegel, Husserl, jusque Lacan) ; lorsque Nietzsche ou Heidegger entendent sortir des Idées ; quand la philosophie reprend telle ou telle partition du monde, ou tel discours représentant telle partie du monde (l’économie par ex) ; il n’est plus question de la pensée, mais de cette capacité de revenir sur ce que l’on considère comme l’expérience fondatrice.

Réflexivité, et c’est beaucoup plus compliqué ; puisque l’on se demandera à partir de quoi, à partir de quelle base est-il possible de tout tenir là au-devant. Tandis qu’au début est tenu pour assuré la raison que l’on tente de constituer comme corpus ; Idée des idées, Être et catégories, Un et processions, etc.

La raison est admise telle une matrice (dont on doit maintenir la cohérence, et travailler cette cohérence puisque tout doit s’effectuer dans la vue elle-même, dans la cohérence voulue et assumée et assurée) qui permet de percevoir le monde, le donné, l’humain universel ; on oublie trop vite que Platon découvre que les idées montrent le monde, sans lesquelles idées nous devrions nous contenter de la perception commune et déjà langagière et non pas dans l’obligation d’inventer de nouveaux mots ou de redéfinir les mots dans un système spécial et séparé. Conçu comme stable, éternel, immuable, hors temps, etc.

Si la philosophie est réflexivité et sans que soit abandonnée l’exigence d’universalité (ce pour quoi le système raison est un « système », afin d’assurer sa cohérence et de se rendre lisible par soi et pour chacun, et permettant de relier l’ensemble des rapports en quoi consistent les idées, de sorte tout soit transparent et ouvert à lui-même, que cette totalisation soit une totalité exprimée, non pas seulement pour cette totalisation mais afin de chaque rapport soit intégrable, sans quoi, si une partie manque l’intentionnalisation cesse, bute sur une impossibilité),

Si la philosophie est réflexivité et sans que soit abandonnée l’exigence d’universalité donc il faut dresser une autre cartographie ; et donc rechercher la nouvelle base à partir de laquelle on peut tenir la réalité face à soi ; ou donc comment il est possible de se tenir hors de la réalité et ce afin de la percevoir ; on ne perçoit qu’au départ d’un point externe ; de même que l’être comme idée bascule le monde, ou que le christique expose le segment naissance-mort, et pareillement l’être ouvre le système de la pensée universelle, et le christique ouvre le surplus de devenir ; par quoi chacun ne se limite pas à sa vie, d’esclave ou de maître, d’homme ou de femme, de riche ou de pauvre, de juif ou de païen, mais peut déployer une résonance, une correspondance outre mesure, hors du monde et du vécu, une nouvelle série de catégorisations possibles, de perceptions et d’expressions possibles, et donc inventer de nouveaux créneaux effectivement réels, puisque dans le cas grec de la pensée ou le cas christique il faut que chacun (qui pense ou qui se-sait individuellement) puisse percevoir ce qu’il se re-présente ; les idées montrent le monde et le christique expose votre corps, votre vie, votre perte, votre abandon ou votre foi en un point-autre, un point-autre qui fait-Voir, qui est la vision même ou comme dit la lumière ou la Vie, le point qui fait quoi ?

Le point qui rend possible pour chacun de plus nombreux et de plus grand rapports (qui ne sont plus médiés par le groupe, la communauté, ou donc une communauté qui laisse entrer dans son champ que chacun soit, existe individuellement, avec sa propre gestion morale ou éthique ou intellective, etc, de son intention ; rappelons que le christique est le pardon ; parce qu’il remplace la Loi (juive et même romaine) par l’intention ; vous vous égarerez mais c’est votre intention qui sera comptée et pour orienter cette « intention » qui est quand même très spéciale, difficilement pensable, on ne peut pas user de régies universelles, mais sur l’exemplarité, comme on dit, du christ…

Dit autrement il faut penser, réfléchir, mesurer, approcher non pas une image christique (ce qui demeurera le risque idolâtrique) mais s’approcher, investir, être saisi par son intention ; puisque et parce que c’est une individualité, et donc inconnaissable objectivement et dont il faut investir les signes, aussi est-il le Signifiant des signifiants et il reste impossible de le tenir au-devant, et c’est cette impossibilité même qui doit être imité, chacun doit se-savoir comme non-visible, non-objectivable ; c’est une individualité afin que l’on apprenne qu’il existe une telle « impossibilité » (qui n’est ni du monde, ni du corps, qui n’est pas de la détermination mais « au-delà »), qu’il existe en tant qu’in-fini dans, malgré tout, le fini.

C’est littéralement cette étrangeté qui est en jeu, qui entre dans la réalité ; l’impossibilité existe dans le monde, pourquoi ? Parce que c’est ce qui « n’est » pas qui va – exister ; il y a une existence (cad une réalité) afin que « quelque réel » (inimaginable, puisqu’il n’est pas composé du monde, du donné, de la perception, de la réalité) mais intuitionnable. Dans la mesure où justement notre être est une telle structure.

Comment est-il possible à la fois d’être dans le monde et d’en demeurer séparé ?

On conçoit aisément que ce qui existe séparément est, à voir en quelle mesure, au moins beaucoup plus grand que l’être donné là, et au plus tout à fait autre et valant en lui-même d’une façon que l’on ne comprend pas, puisqu’on l’envisage, cette altérité, selon le monde ou selon ce que l’on nomme idée ou langage.

L’astuce découverte (et ce fut, presque, une astuce, un truc, un trucage pour exprimer, peut-être figurativement, cette séparation) consiste à designer cette rupture de l’être, de la réalité comme rapport. Et on s’aperçoit alors que « conscience », considérée en elle-même et indépendamment de tous les contenus, comme structure donc, correspond à cette idée, interprétation de « rapport » ; la conscience est le rapport à (soi) non de telle identité ou tel contenu ; ce qui serait, en clair, absurde ; une idée ne contient pas en et par elle-même en tant qu’idée la conscience, la pensée ne contient pas de « conscience », ou donc la connaissance est un effet de la « conscience » mais ne possède pas cette conscience et donc la « conscience » est un je, ce qui veut dire un rapport, un rapport vide qui rend possible tous les autres rapports en quoi consistent les signes, les langages, etc.

La pensée est un raccourci, somme toute, que l’on a utilisé pour signifier la « conscience » ; mais ce qui existe en tant que conscience ne peut pas être décrit, dit, nommé ; il – se – nomme, mais n’est pas nommé sans que l’on se substitue au rapport qu’il existe ; rien ne remplace une « conscience de (soi) », puisque ça n’est pas une chose mais un mouvement vers soi-même de ce rapport.

Cette impossibilité n’est pas un manque mais un excès ; on tient ici qu’il ne s’agit plus d’une réalité doublée d’une autre réalité (l’esprit, la pensée, les idées) mais d’une nature tout à fait autre, d’une structure antérieure et distincte ; de même qu’est tenu comme autre le présent, le présent est absolument distinct de ce qui se présente (on ne mesure pas le présent, il n’est pas dénombrable ni descriptible, parce qu’il est ce à partir de quoi tout le reste est ; lui, il existe).

On est alors saisi par une structure tout à fait autre qui vient entouré la réalité ou la pensée ou la représentation ou la perception ; puisque dès lors, si notre être n’est pas la pensée, il est envisageable que toutes nos activités, de simplement vivre ou les esthétiques ou les technologies, ou les langages, les mondes culturels, etc, naissent ou sont rendues possibles de cette structure de conscience.

Comme c’est un excès cette conscience crée des mondes humains à foison. Jusqu’à donc saisir que les contenus sont produits par une opération qui n’est attachée à aucun spécifiquement. Excepté évidemment en se signifiant comme dieu, pensée universelle, sujet ou réel. Puisque ce sont des formes vides, actives et infinies.

Remarquons que par infini on peut commencer d’approcher sa nature même; parce qu’effectivement ce qui existe comme rapport ex-siste ; un rapport n’est ni dans le début ni le terme mais dans le mouvement et il est dit qu’il ne s’arrête à aucun des contenus.

En tant que rapport elle se signifie (elle se-sait sans se connaître et en l’occurrence, puisque c’est à ce moment-là que le processus du procédé se manifeste, elle se-sait en sachant le christique ; celui qui existe tout au Bout de toute la réalité et de toute vie vécue, comme point absolument autre). En tant que rapport elle n’apparaît pas ou alors toujours faussement ; elle emprunte, mais ce faisant elle se communique explicitement à elle-même ; personne ne peut remplacer votre conscience ; et elle ne peut absolument être copiée dans un disque dur d’ordinateur… ne consistant pas en datas.

Cette dernière remarque est fondamentale ; elle n’implique pas seulement que le se-savoir n’est pas de la connaissance (d’idées ou de signes ou de pensées, les signes n’étant rien que des rapports produits). Elle veut dire que l’arc de conscience est arc-bouté dans et sur et par le monde donné là (ou selon le « là » du monde, l’être du donné, des réalités, comme disaient les grecs, en ramenant le donné à cette universalisation qu’est « l’être », ou le Un, etc) et que cette position de l’arc sur l’horizon du monde est exclusif ; on ne peut pas copier une conscience parce que cette conscience implique explicitement et implicitement l’horizon effectivement réel du monde effectivement donné là.

Dit autrement (on y reviendra par ailleurs, vu la problématique) l’arc de conscience arc-bouté au réel donné là (ce qui veut dire au monde, à l’horizon du monde, à l’horizon qui tient le monde, les réalités) s’inscrivent profondément attachés, enroulés, instanciés ; que la règle de ‘ce qui est’ soit le Possible ne veut pas dire que le nœud réel-réalité soit distendu mais précisément à l’inverse absolument tendu, et cette tension se nomme présent et conscience. En gros le réel se perçoit afin de se repérer lui-même, et pareillement la conscience ; il y a une réalité afin que la réalité, la conscience, le réel se déterminent à vue (ou alors il faudrait supposer « qu’ils savent où ils vont », ce qui est absurde).

Ou donc ; conscience arc-bouté au donné là du monde, mais arc-bouté également pour chaque conscience en et par sa propre vie vécue Une vie n’est pas indifférente au rapport, qu’est un je, cad une conscience de (soi) ; on pourrait dire qu’une vie se transforme en existence lorsqu’investie par son âme. L’âme, la spiritualité, l’intentionnel reviendrait donc non pas à un « être » dans l’être, mais à un activisme tout au long d’une vie vécue (et pensée, décidée, ou intentionnalisée pour être plus exact).

Il est bien certain ou tout au moins évident que l’on recherche à préciser (par la typologie de rapport, de rapports qui peuvent être décortiqués) ce qui jusqu’alors se signifiait comme infini, âme, dieu, universel ou sujet, et autres.

On recherche activement ce point de bascule qui permettra de nous convaincre nous-même (cee que croyance, en dieu, foi selon le christique, vérité selon l’universelle pensée, je selon et par le sujet tel qu’il se-voit et donc devrait de cette vision acquérir non seulement la certitude mais la conviction que, lui, il existe et se-remplacer ; et ce point externe de la réflexivité est, on le sait, le sujet cartésien ; mais ensuite ce sera, possiblement, le monde ou telle partie du monde (Marx, l’économie, Freud, l’inconscient, etc), de la connaissance ou prise en conscience desquels on devait ou aurait dû se désaliéner ...

Or cependant ces domaines du monde sont aperçus à partir du sujet et transforment en conséquence tout en objets, ce qui vaut évidemment pour les deux grandes idéologies, libéralisme et communisme, toute l’objectivité est à la fois la réaffirmation du sujet et son éjection, hors de ce qui est, de sorte qu’il ne reste plus rien au sujet, lui-même transformé en moi, le moi est plein d’objets, ce qui veut dire de désirs, et s’y limite.

Et c’est également ce qui était, peut-être vaguement et transversalement, attendu de la mass et micro-médiatisation ; que la vue, la ,perception de nous-même (depuis la littérature jusqu’à internet en passant par le cinéma et la tv) nous communique une transformation et une éducation, une instruction, nous in-forme véritablement. Ce qui se produisit effectivement durant les années soixante, sous la ligne générale de la libération ; puisqu’en effet nous ne pourrions supporter que l’on nous modifie, il faut qu’une réelle transformation se veuille elle-même (on ne force personne à croire sincèrement et ce qui est activé alors c’est la liberté qui se veut libre, sous les conditions de respect (Kant) et surtout de vrai développement suffisamment élevé qui tienne le degré de complexité, le niveau de compréhension ; ce sont les rapports dans une conscience (qui est elle-même le Rapport initial) qui doivent s’agrandir, s’étendre, se préciser, avancer dans leurs distinctions et leur distinction (les deux).

Le but, la finalité est (était) d’installer dans le corps vivant et le monde donné, une unité autre ; qui n’est ni dans le corps, ni dans le monde. Qui n’est pas plus dans la pensée, aussi manque-t-elle toujours son coup, ni dans l’universel qui est dépassé par un plus grand universel : le je. Soit donc la structure-sujet, ou la liberté, qui veut dire, qui implique que le réel se doit à lui-même, doit se décider et se décider au sens de ‘se créer’. Ce qui correspond à la notion, profonde, de Possible.

Il y a création (ou re-création, dans le christique exemplairement) parce que cette création manifeste la plus performante efficacité d’un plus grand possible ; le possible consistant à augmenter le possible ; cad à re-venir sur ses conditions afin qu’il devienne plus grand, étendu, efficace, et puisse ouvrir une encore plus grande plage de nouveaux possibles. Le vivant qui est assis sur la matérialité, est un plus grand possible ; et dans le vivant s’ouvre une encore-plus grande voie.

Forcer l’arc de conscience en positionnant, dans cet arc, la capacité même de cet arc veut dire que le rapport seul existe (le reste est et tombe dans la détermination) ; liberté-égalité extrémise l’arc de chacun ; l’universel grec ou le dieu unique, le christique en-un-corps ou l’altérité de tout ce qui est (pour une conscience qui, elle, existe) interposent, dans le champ, la position même du champ et décuple ou ouvre de nouvelles possibilités : de nouveaux rapports. Ce qui vient au jour on pourrai croire qu’il ne s’agit que du vide (ou des vides que sont dieu, l’être, le christ qui n’y est plus, le sujet qui paraît formel, le réel pur, et brute, position du là) mais en vérité c’est de nouveaux rapports qui s’imposent et paraîtront tels lorsque seront acquis dieu et la nation, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution universelle, la révolution et le moi (la personnalisation extrême).

Le sujet étant l’auto acquisition (il devient le rapport qui se désigne, son caractère unique, qui ne correspond à rien du monde et qui, donc, se désigne ou vaut-il mieux dire, se signifie, augurant de l’origine même de tous les signifiants, soit qu’ils sont des rapports et qu’il n’existe que l’arc de conscience pour assumer le rapport premier, initial) et alors il subsume en lui et l’unicité et l’universel, sous conditions donc que cette unicité re-connaisse en autrui la même unicité et puisse dès lors accéder à une complexité (pour faire simple) suffisante ; seule la considération d’autrui influe originellement et comme antérieurement au je à inscrire les rapports, les intentionnalités de façon suffisamment amples, élevés ; antérieurement au je en tant qu’il a admis autrui, et l’égalité des regards, égalité en laquelle il doit se traduire et qui rend complexe la perception, la représentation et l’expression et la création. Et ainsi la coordination de chacun et de chaque un et de tous et au vu et au su de tous et de chacun élève la réalisation humaine. L’ampleur des relations humaines depuis 60 ans, décuplées, est probablement une manière, une tentative pour l’humanité de s’élever.

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L’unique et le trop-plein

11 Juin 2022, 08:42am

Publié par pascal doyelle

Reprenons. Reprenons quoi ? Que le réel, à strictement parler, est la forme du « rapport », consiste en un mouvement et donc ne consiste pas.

Ce qui met à bas l’idéal ou le fantasme de l’Hontologie (Lacan, pour qui l’être n’est une idée qu’illusoirement, en fait c’est un mélange d’imaginaire et d’idée, l’imaginaire l’emportant et nous laissant croire que l’on saisira l’en-soïté de l’être tout en demeurant un pour-soi, et oui Sartre et Lacan s’entendent, l’un par l’autre, parfois, comme larrons en foire).

On n’ose plus dès lors sup/poser, poser en avant de tout, quoi que ce soit qui serait métaphysique ou ontologique, sans admettre que telle ou telle réalité montée en épingle est tout aussi bien idéelle ; ce qui signifierait l’âme ou le sujet ou le je (ou dieu, ou la vérité universelle) n’aboutiraient à rien

(remarquons ; à rien sauf à ce monde humanisé et puis ensuite personnalisé, empli de sciences et de technologies mais aussi d’État ordonné et de société civile fourmillante de tout ce qui peut s’imaginer ; n’oublions pas que nous avons, au moins, au minimum, réalisé, rendu effectivement concret l’ensemble de toutes nos intentions possibles… bref un monde totalement humain, qui ne vit que pour lui-même et prêt à effondrer le monde naturel du dessous, par manque de mesure et de compréhension de son origine de structure et non de la prétendue « naturalité » de son « désir », mécompréhension qui lui fait prendre ses vessies pour des lanternes)

mais cette impossibilité d’installer une antériorité méta-ontologique, laisse impensable, non représentable, et donc laisse inorganisée l’activité de conscience valant en et par elle-même ; laquelle activité est finalement localisée et limitée en et par le moi, le moi-même est l’unité subjective qui seule conserve la « conscience » ; tout le reste est seulement déposée dans le monde donné en tant que contenus (de là que l’on prenne les discours sur les réalités, scientifiques ou non, pour ces réalités mêmes, alors qu’en fait seuls les arcs de conscience ont accès au donné tel que perçu).

Par quoi, donc, ce naturalisme du moi et ce réalisme de l’objectivité déterminée (l’objet désiré est une réalité, croit-on, alors qu’il tire sa force du fantasme, proche de la jouissance horrible et anéantissante, convertie en plaisirs, valorisés sociétalement ou psychologiquement) ce naturalisme et ce réalisme donc reviennent à croire aux contenus et à ne jamais réfléchir sur la structure qui invente ces contenus. Tout comme les mondes immédiats précédents déterminaient le divin (avant qu’il devienne comme formel et se désigne lui-même, inaugurant le signifiant pur et un et donc tous les signifiants possibles et toutes les organisations nouvelles, ce qu’ignorent les mondes immédiats), le monde (avant l’universel qui sait qu’il pense), le sujet (avant qu’il soit pour-lui-même, cette forme ‘vide’), le réel (avant qu’il soit une position, abstraite au sens de structurelle).

On s’étonnera ensuite de l’état déplorable des mois. Ils sont totalement dépecés par les contenus extérieurs (discours scientifiques ou technologies, auparavant idéologiques rendus à un seul, le libéralisme, mais aussi objets et images industriellement produites et qui plus est objets et images individualisées au maximum), alors que tous ces contenus n’existent que de et par l’arc de conscience, lequel, évidemment, n’est souscrit nulle part et de quelque manière que ce soit (et même sont répudiés les langages plein de signifiants formels qui l’organisèrent, jadis ou en quelques recoins isolés). Les anciennes pensées, représentations sont répudiées, moquées, rabaissées, annulées.

De sorte que chaque moi, ce qui veut dire chaque arc de conscience (soit donc ce mini système purement formel) est littéralement absenté de lui-même, sans représentation ordonnée, et dans l’incapacité de se représenter, d’introduire sa propre activité dans son propre champ ; et empruntant donc diverses extériorités qui déjà le tirent hors de lui-même, lui coupent l’herbe sous le pied, annulent toute organisation (méta organisation, puisque visualiser ou planifier l’arc de conscience, l’opérateur de tous les contenus, ne s’effectue pas à un autre niveau, sinon celui du méta, qu’on le nomme dieu, la pensée, le sujet, le réel, la révolution, la poésie pour les poètes, etc, c’est pour cela qu’un œuvre n’est jamais, jamais immédiate et que jamais une conscience ne lit, ne perçoit, décide, ordonne les réalités toute uniment, mais engage un long total unique et non fini processus, de par le total unique et infini procédé qu’est l’arc de conscience).

Ne nous étonnons pas que tout moi soit découpé, splitté, explosé, démultiplié à tout-va ; on lui fait croire qu’il n’est que subjectif et que la véritable richesse est localisée dans les choses, les images, les objets produits, les systèmes, les discours des sciences, et lui retire des mains toute pensée.

Le monde humanisé, puis personnalisé, est tout d’un bloc et fait barrage, à la récupération par chacun de toute son historicité ; son principe est le moi humain et l’économie l’idéologie du corps (par quoi on troque le fantasme contre des objets, via l’universel de l’argent). Là seul est le réel enjeu. L’annulation de toute conscience happée dans la multiplicité des images ; plus aucun arc de conscience n’a de dimension, le moi ne dispose plus de son je,

Léconomie ou biologie, ce sont des discours ; et (tout aussi bien que l’hontologie, d’après Lacan, qui néanmoins savait bien que Descartes ou le christique ça ne s’entend pas de la même oreille) ces discours donc succombent à l’imaginaire ou cèdent à l’annulation, très hypothétique, de l’angoisse, par quoi la science ou la technologie/philie aboutiront à décupler l’angoisse, jusqu’à devenir fou.

Même logique s’agissant de la négation métaphysique ou ontologique qui annulerait la « tradition », ce qui veut dire l’historicité ; il est impossible alors de penser au même niveau. Puisque ce qui s’est réalisé et imposé dans l’historicité n’y fut pas amené par hasard. C’est justement cette déréliction, cette interprétation objectiviste ou perspectiviste qui jette toute réalisation vers l’arbitraire et au final n’obtient qu’une seule compréhension « objective », ce qui veut dire morte ou entraînant la mort. Seul débouché du perspectivisme ou de l’objectivité ; la domination ou la puissance brutale. Ceci ou cela furent fut tenu pour vrai parce que imposé et imposant la violence (de tel ou tel groupe). Enrégimentement des sciences dans les États et la guerre, déploiement partout de la pharmacopée, extension de la psychologie aux dérèglements de ces automates, tels que sont supposés les « moi-même ».

La négation de toute métaphysique ou ontologie, cest que l’on se limite à copier la scientificité, et que l’on abandonne la philosophie ; on voudrait, par quelque aberration du jugement, imiter le caractère concret et donc, par préjugé admis comme vrai parce qu’étant réalités, on voudrait que la vérité se ramène à quelque partie du monde.

Le principe est, ici, que rien ne doit ni ne peut être abandonné, aucune croyance, aucune pensée, aucune possibilité historique ; on ne peut pas renier l’historicité ou la tradition puisque celle-ci se déplace vers le haut à l’exact degré de compréhension, de toute compréhension possible et on admettra que l’on a, ici donc, seulement tenté de réintroduire tout ce qui fut, comme pensée, comme réflexivité,

et ce afin que chacun puisse se sortir de son moi, et s’instancier comme je.

(chacun en fera ce qu’il voudra, évidemment ; ce qui est arrivé à l’espèce humaine c’est que sortant de tout monde particulier, qui parlait, partageait, échangeait dans son monde donné à lui, holistique,cyclique, s’est imposée de fait et sans retour la structure de conscience (la structure qui jusqu’alors produisait des contenus, des image-mondes, structure qui dès lors passe sur le devant et donc se nomme dieu, l’universel, le sujet, le réel)

Soit donc de tenir l’arc (de conscience) le plus tendu possible et ayant la capacité d’intégrer le devenir, le temps, la transmission, la possibilité même.

Et ce en lui-même, et donc par lui-même, puisque la croyance en dieu, la foi en christ, la conversion à l’universel, l’accession au sujet ou l’engouement révolutionnaire ne s’accomplissent que dans et par l’actualité de leurs décisions respectives voici des structures qui n’existent pas sans nous, sans votre je et quelle que soit votre option.

L’indifférence objectiviste ou le laisser être du perspectivisme n’existent pas (et elles dissimulent donc une domination ou l’impuissance, celle d’organiser le donné, l’immédiateté, par quoi on resterait coincé dans son moment, son épocalité, incapable de relire la trame historique). Dans le réel nous sommes absolument dans la décision de ce qu’il en est de notre existence. C’est lorsque l’importance de cette décisionnalité de l’existence ne s’offre plus comme l’horizon non seulement ultime (qui ne serait convoqué qu’aux extrêmes) mais unique (il est cela seul dont il faut instruire l’intention, l’intentionnalité) que l’on s’effondre, que l’on décline, que l’on s’éclipse, que l’on a commencé de s’effacer, et que l’on tend vers le bas indéfiniment ; en vérité l’arc de conscience a abandonné son exigence, il ne se soumet plus à l’ampleur de l’existence et se confond avec la vie vécue et tous ses objets et ses images.

Inversement l’existence est le stade interne de la vie vécue lorsque celle-ci accepte plus grand que soi.

C’est en ceci qu’Arthur devient Rimbaud. Et sans évidemment viser une semblable accession (que le sieur Arthur n’a pas pu tenir à bout de bras très longuement, de fait) de même chaque moi est atteint d’un je.

Cette admission selon l’autre côté de la réalité, en ce sens-là, renie le moi. Mais c’est un autre problème ; pour le moment le moi est tenu en esclave, mais par où ?

Ce moi dont on sait qu’il dépend, qu’il le sache ou non, du regard, du regard de l’autre. Non pas tant du regard d’autrui mais de l’Autre ; et du signifiant en tant qu’il imprime en chacun une contrainte invincible (puisque c’est au prix de cette contrainte que l’on accroche plus ou moins à la réalité, et non pas que l’on décroche et entre en psychose, pris en otage par le signifiant sans lequel il ne récupérerait pas une, relative, unité) ; le poids de cette contrainte incluant également angoisse et difficultés et impossibilités d’être « soi » (au sens du moi-même, d’apprécier la vie, etc).

C’est donc d’un même pas, d’un même mouvement que Sartre et Lacan entendent échapper au regard, au regard de l’autre (l’autre au dehors, Sartre, ou au-dedans, Lacan) ; et ce non pas afin de fuir dans l’arbitraire, le n’importe quoi, la subjectivité, la facilité (c’est le moins que l’on puisse ; Sartre est extrêmement exigeant, Lacan pas moins), mais afin de réintroduire, en somme et si l’on est honnête, le regard de dieu, du christique, du sujet, de la vérité universelle ou de la révolution (cad de la traduction dans la réalité humaine organisationnelle que ce ne soit pas seulement la domination, l’argent ou la violence qui gouvernent, mais la règle d’humanisation et de personnalisation).

C’est que l’activité de conscience est cette mini structure à la base de tout le reste ; humanisation ou personnalisation et donc tout. Tout dépend de ce dont vous entendrez prendre véritablement conscience ; qu’est-ce qui tout au long de la vie vous importera au point de créer un programme de prise de conscience qui vous gouvernera, orientera, focalisera ?

Il ne se présentera pas comme tel ce programme ; vous le nommerez comme poésie si vous êtes Rimbaud, ou révolution ou éthique ou tomber-amoureux selon le moi, comme ça lui prend, ou peut-être vous convertirez-vous ; peu importe mais « il vous arrivera quelque réel » ; et tout ceci la plupart du temps générant une « passion », un effet affectif, un affect inadéquat (puisque le corps, le corps de ce vivant ne comprend pas du tout ce qui lui arrive ; il ne sait pas du tout ce que pensée, liberté, conscience ou poésie veulent dire et encore moins qu’il subisse un regard-autre, qui, pour lui, en tant que vivant implique un danger imminent, terrifiant).

Aussi est-il devenu, au début et puis milieu du 20éme (lorsque les mois sont livrés aux regards et sous le regard eux-mêmes du cinéma ou de la Tv ou d’internet, ou des objets industriels tout aussi bien) devenu impératif de repérer et cartographier les tours et détours extériorisant ou les circonvolutions au-dedans du regard.

Qui regarde ? Par Où ? On ne sait pas, on ne sait jamais. On ne peut pas définir l’orientation du regard parce que c’est une intentionnalité et qu’une intentionnalité est un rapport, lequel comporte au moins deux bouts (et donc trois ou quatre ou dix, on ne sait pas, on ne sait plus, on ne sait plus qui regarde).

À quoi s’emploient Sartre et Lacan qui à tout le moins, de par leur humanisme et leur personnalisme, si l’on veut, échappent au moins aux faux discours, aux faire-semblants, aux fétiches et … aux idoles… dont on ne dira pas que le vrai dieu unique nous a prévenus, jadis, y insistant radicalement. On n’agitera pas le monde, ou la vie, ou la Volonté, non. C’est le regard-autre qui nous voit. On ne trouvera pas une idéalisation de la Volonté ou de l’Être chez Sartre et Lacan, pas plus pour Descartes (pour un français, le pouvoir-au-centre n’appartient à personne, pas besoin d’y installer, à l’allemande, un obscur-absolu ou une Grèce-rêvée, puisque ce pays, la France, se sait, à tort ou à raison, choisissez, le pays de cocagne tel quel ; cette « juste estime de soi » est le cœur fondamental, l’affect nouveau et la décision mûrement réfléchie, par plusieurs siècles, depuis les gallo-romains, au moins ; par quoi de développer, déployer l’estime juste de soi ne va pas sans considération d’autrui ; sinon à quoi bon créer une littérature, une poésie, un classicisme, un État politique, une vie bonne et heureuse ? Beaucoup de paysans étaient déjà quasiment libres avant la révolution).

Remarque : il est vrai que l’on ne peut pas identifier l’en-soïté et que le pour-soi ne peut pas être défini ; de là qu’il faille n’admettre que l’indétermination ; c’est précisément ce qui nous intéresse ici. L’indétermination paraît condamner et ridiculiser le je (dieu, la pensée, le sujet et le réel). Dans un humanité de mécréants ça n’est pas étonnant, mais les méchants sont livrés au monde ; le je non.

Que donc l’indétermination est désignable comme rapport et comme mouvement (ce qui veut dire comme possible qui se réalise).

Auxquels rapport et mouvement on ne peut échapper ; même de désigner effectivement le mouvement ou le rapport on est pris dedans sans que l’on puisse s’en dépêtrer ; on a dit que « l’on en est saisi ». Dieu, la pensée, le sujet ou le réel nous prennent. Et ce de A à Z, du haut en bas, des pieds à la tête. Ou selon la psychanalyse ; en tant que le signifiant coupe intégralement le corps vivant et qu’il n’est ni humanité ni personnalisation ni moi ni inconscient avant cette coupure et que les morceaux qui en ressortent ne combleront jamais la coupure et que bizarrement ce que l’on désire ; soit donc la jouissance hallucinée, qui est bannie, par une organisation suffisante du moi, qui re-connait l’’autre-regard (ce que le fou ne sait pas intégrer) bannie mais récupérée par de petits désirs un peu partout durant la vie, mais jouissance folle qui alimente quand même les fantasmes sur les objets, dont originellement le petit « a ») ; repris en sens inverse l’autre-regard permet de mettre à distance, puisque l’on se-voit d’un autre point, et on peut intégrer de la diversité (alors que le fou revient constamment dans la coupure horrible qu’il a déliré ou qui le délire) ;

la jouissance donc rappellera invariablement l’horreur de la division ; que l’introduction du signifiant sur un corps vivant tue celui-ci.

Que donc, pour peu que l’on ait eu la chance de s’en sortir et de fabriquer un moi qui se tienne plus ou moins (et bien que tous soient bricolés sur la division, la séparation horrible) il faudra en somme et si l’on peut dire, prendre le train en marche et ne plus vouloir revenir à un état de complétude (qui n’a jamais était éprouvé, puisque le moi est né après la coupure du signifiant, cet état est juste imaginé, et ce lourdement, affectivement hallucinée) ; et prendre le train en marche c’est prendre sur soi plus loin que soi.

Étant entendu que précisément il existe un présent afin que quelque Réel se produise en et par ce présent. Choses, êtres naturels ou décision, intention, champs intentionnels, corps vivant ou moi ou en ce moi, le je. De fait le je ne se produit qu’au présent ; il est un rapport, qui fait re-tour vers lui-même, non pour affirmer le même, mais pour refaire un tour ; un re-tour. Par quoi lors même qu’il se re-signifie lui-même, ça n’est jamais le même ; c’est le mouvement, la structure qui est la même, le même, pas les contenus, qui sont toujours autres, déterminés autrement ; l’identité ne consiste qu’en ce vide formel, sans rien, nu, et c’est lui, ce vide, qui doit se poursuivre, devenir en tant que formel (dieu, la pensée, le sujet, le réel sont formellement, et seule la forme devient, et toute chose déterminé tombe, succombe, se disperse ; peut-on vraiment se confier, confier son existence à cela qui seulement « est » ?

Reste donc au final que chacun a affaire au regard-autre. Il ne s’agit donc nullement d’une simple disposition psychologique, mais cela engage la libre disposition de la conscience (cette structure focalisatrice, qui pointe le faisceau même, d’attention, qui rend possible tout le reste, ou non) qui est la vôtre et par laquelle vous accédez, ou pas ou plus ou moins (mais jamais intégralement, cela reste le privilège de dieu seul, en somme) vous accédez à la possibilité de votre existence.

De là qu’il y ait une historicité (et non pas un programme de développement personnel …) de l’arc de conscience, puisque ces séquences internes de la structure de conscience furent gagnées, obtenues par des explorations investies ou des créations ou des révélations. Tout arc de conscience est arc-bouté à l’architecture même de l’historicité.

Si l’on s’tonne qu’il puisse s’impliquer une prédisposition dénommée antérieurement à toute existence, il faut bien saisir que dieu, la pensée, le christique, le sujet ou donc la révolution s’utilisaient à cette fin et en tant qu’un tel moyen. Ça ne nommait tel ou tel mais enfin tout compte fait cela revenait à orienter la surface du miroir. Il devenait possible de décider, de planifier au minimum, d’ordonner, d’organiser mais surtout préalablement à tout cela de signifier qu’effectivement il revenait à chacun de penser, de croire, de décider, de vouloir, d’assembler ou de désassembler des champs de perceptions,d’expression, de décision, d’organisation.

Dit autrement il dépend de chacun d’orienter son regard ; en le récupérant de tout regard autre, mais en assumant que cette récupération soit une loi, une règle … ou une Passion, christique ou cartésienne ou poétique ou révolutionnaire, ou ce que l’on voudra, puisqu’il faudra l’inventer ou la créer, et ça ne peut s’effectuer sans en administrer absolument, cad formellement, ce que l’on nomme l’attention ; les prophètes voulaient en imposer la Vision, les créateurs, les artistes, les romanciers et les poètes entendent capturer votre regard (aussi leurs œuvres sont-elles non-évidentes).

Répétons cette idée initiale, initiatique, toute bête que le dieu unique est unique. Incomparable et donc permettant à tous et chacun d’introduire dans le champ de son intentionnalité, de son intention en propre cette unicité. Si vous saisissez, vous en serez saisi. Le rapport unique éjecte tous les autres. On ne peut rien opposer à l’idée du rapport unique. On ne peut pas, peut plus représenter cette unicité selon quelque partie du monde, du donné, de la vie vécue. Il est donc le-regard relancé par dessus tous les autres (le règne, le royaume contre les dominations, jusques et y compris remplaçant, se substituant au signifiant). Il n’existe qu’une seule affirmation unique, aucune autre. C’est comme ça, ça ne peut être qu’ainsi.

Que signifie un dieu unique auquel rien dans le monde et la vie vécue ne ressemble ?

On suit la piste ici du Rapport de tous les rapports. Et donc, comme il existe formellement, le rapport unique initial (de la forme même il n’en est qu’une, puisque incomposable et incomparable). C’est inscrit dès le début. Et donc pleinement, puisqu’indivisible : comme le présent ou l’arc de conscience. Dès que ça vient, ça vient et ça vient tout entier.

Que l’on y croit ou non, c’est ainsi que cela se dit, s’est dit. Et ça ne peut se dire qu’une fois, évidemment, alors même que ce même rapport se redira, christiquement, comme point tout à fait autre, hors du monde (comme le père) mais aussi hors de la vie vécue et ainsi par-delà la mort, ce qui veut dire le temps (comme fils, en tant que chacun, chaque un, l’unicité étant au principe, formel, de chaque conscience).

De même il n’y aura qu’un seul Descartes (une fois que le sujet (se) dit, c’est pour tous et une fois pour toutes, et il y aura quantité de variations). Et il n’y aura qu’une seule forme de révolution (et beaucoup de variantes, préalables ou postérieures, celle qui lie liberté et égalité, et donc fraternité, éventuellement).

Dans tous les cas, il est question de (se) restituer le regard, afin de n’être plus commandité de l’extérieur selon le monde (et donc impliquant une révolution, effectivement ou littéralement) ou, pareillement, selon sa propre vie, ce qui est excessivement important ; non seulement afin d’être libre, mais afin, ce que signifie la « liberté », afin d’être apte à fabriquer, inventer, créer des rapports, des rapports à partir de soi (de savoir véritablement ce que l’on veut ; les juifs se demandent ce que dieu leur veut, son Intention, le christique vous demande de discerner votre véritable intention, étant entendu que nos innombrables erreurs et égarements nous seront pardonnés).

Or pourtant la société humanisée et personnalisée vous pousse à désirer… quitte à produire industriellement vos désirs, via ces objets, lesquels sont accédés via des images, images qui utilisent (et usent, au sens figuré) votre fantasme (lequel conduit à tout objet, dont l’objet initial, inconnu pour chacun, dit objet petit « a »). Elle trafique, traficote votre fantasme (Debord).

Et donc que désire-t-on ? Qu’on le veuille ou non une société humaine va interférer dans votre désir ; elle va vous proposer ou vous imposer un régime spécifique du désir ; par offre et demande, au fond, et pour résumer ou illustrer (et ça n’est pas sans rapport au libéralisme économique, qui est l’idéologie, massive, du corps, du corps vivant). Au sens où grosso modo ne vous seront proposés ou accessibles (selon la classe sociale par ex) que les objets disponibles, lesquels sont réglés (par un organisationnel de la dite société, et réglés au niveau même de leur production ; on ne désire que le réalisé, chacun devenant la source même de son « propre désir » qu’à partir du moment, historique, de la personnalisation, le romantisme par ex qui cherche éperdument son objet, qu’il voudrait à la fois infiniment personnel et infiniment universel. Le désir étant facilité par le libéralisme (libéralisme-désir, communisme-besoin universel), et entraînant les mois dans leur désordre personnalisé, mais également se réalisant.

Relevons que tout l’enjeu est pour chacun de trouver son véritable objet (qui n’est pas forcément proposé sociétalement ou alors beaucoup trop imposé n’importe comment) ; et que même, si l’on sort du naturalisme, mais si on sort du naturalisme seulement, cet objet n’est pas un objet et donc ce qui est appelé n’est pas un moi. Dieu, la pensée et l’universel, le sujet et la révolution (cad la justice, ou la sainteté, c’est presque le même), ou le réel (cad la cause douée d’effets innombrables) conduisent au je, et non pas au moi.

Et alors c’est ainsi le moi qui est un piège ; non qu’il soit mauvais mais de ce que, de fait, il sera limité. Cette limitation sociétale étant en elle-même justifiée ; il faut, il est impératif que vous vous soumettiez au joug, sinon vous êtes prisonnier d’un fantasme in-objectivable, et sans cette contrainte pas de moi, pas de moi-même, pas d’unité qui tiendrait du regard autre, qui seul vous tire de votre hallucination ; que l’on ait tenté depuis les années soixante au moins, de privilégier le « désir » individuel est tout à fait admissible, mais également profondément dangereux ; annuler le joug, c’est annuler la réalité et se laisser débordé par son hallucination Mais l’intégration de la contrainte extérieure ne signifie pas que le moi soit la fin de tout et que nous soyons livrés au monde.

Ce qui peut décoincer le moi en psychanalyse, c’est précisément qu’il se « voit » tout à coup à partir d’un regard externe, figuré par le psychanalyste (qui lui permet de relativiser le signifiant qui le verrouillait ; ce qui est une formule plus large que la fameuse phrase de Freud « là où c’était, doit advenir du moi » ; un signifiant remplaçant en ce cas le signifiant, ce qui revient à dire qu’il déplace l’horizon ; l’horizon verrouillé est pris-dans un plus grand horizon, qui libère ou desserre).

Or donc passant du moi au je, cela revient à confier sa vie à l’illimité. À condition de ne pas y succomber (retour de la jouissance effroyable, de l’illusion maximum et peut-être folle, au sens propre). Et comment ne pas y succomber ? De confier cet illimité ; à dieu, à l’universel, au sujet (estime juste de soi), au réel (tout à fait Autre). Il faut que le degré de l’arc de conscience se tienne de plus grand que lui-même ; puisqu’il s’agira d’un rapport de rapports, et non d’une détermination quelconque, de sorte que le je maintienne le formel, cad le stratégique. Si on ne possède pas d’unité du regard en et par lui-même (selon un plus grand que soi, dieu, la pensée, le sujet, le réel) on ne peut mener aucune stratégie (intentionnelle), mais seulement de pauvres petites tactiques du moi-même bien circonstancié.

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Le point tout au bout

4 Juin 2022, 08:56am

Publié par pascal doyelle

On ne valide ni n’invalide dieu, la pensée, le sujet ou le réel comme réellement existant, comme hypothétiques réels réellement réels ; on dit seulement qu’ils furent les signes (en fait les signifiants, étant entendu qu’il n’est de signifiant que dans et par un « sujet » ou un regard, il faut que ça fasse signe) les signes majeurs de notre orientation (dans le monde donné, la vie vécue et la représentation en général de tous les champs) ; les autres positionnement sont seconds, seconds mais non forcément secondaires (quoi qu’il y eût quantité d’attitudes subjectives plus ou moins, ou même surtout arbitraires, qui, elles, ces attitudes, s’effondrent dans diverses immédiatetés ou intérêts, intéressements immédiats ; ce qui veut dire que leur finalité s’appesantissaient vers le monde, la vie vécue, le corps et non prenaient appui sur le haut de la structure, qui n’appartient à aucun intérêt du monde ou du vécu).

Ce faisant ces signes de structure opèrent effectivement, soit lorsqu’ils lancent la possibilité et renouvellent tout, soit de marquer le temps (puisque c’est de cela dont il s’agit, du temps ; quelque réel arrive parce que le temps achève la réalité, constamment, et la structure s’introduit dans la réalité par l’acte du présent, tel qu’il transcende et montre, voire démontre, sa transcendance ; et les dates d’apparition de dieu, la pensée, le christique, le sujet et le réel comptent, et nous comptons à partir de ces dates).

Nous sommes donc parvenus à la porte de tous les mondes. C’est ce qui se manifeste lorsque l’on admet que dieu s’est donné tel quel, que la pensée est orchestrée très rigoureusement, que le sujet est à-lui-même une unité de rapport (et aucun rapport ne se donne sans y être), que le réel est effectivement là-au-devant comme Fait absolu, cad formel.

On a dit ; dieu, la pensée, le sujet, le réel.  Faisant fond, en somme, de la phénoménologie, revue eet corrigée par Sartre, entre autres, et non plus seulement liée à la pensée, ancienne version de la philosophie, qui demeure toujours actuelle mais réintégrée dans la réflexivité, ce que Kant nommait le criticisme ou le transcendantal,

ce qui veut dire une autre-position de la pensée, de la réflexion, du retour sur ce-qui-est, Nietzsche par ex réinvente un autre transcendantalisme, mais de même Hegel ; le transcendantal prend le pas depuis que Descartes crée, produit, fabrique, installe, instaure, positionne, instancie que le je est effectivement « là », ici même et il le prouve par monstration et non par démonstration, ou à peine ou secondairement ou de toute façon ça n’est pas le but, mais, ce qui se révélera par les suivants, de dresser le mur du réel, étant entendu que tout je est arc-bouté au donné tel que « là », anciennement l’être, comme idée, mais que cette fois il s’agit de la perception structurelle de la position du je ; ce que Kant délimitera, littéralement, autour du phénoménal ; nous sommes dans la perspective de décrire ce qui se passe autour de ce qui se perçoit ; puisqu’aussi bien de la métaphysique, y compris théologique, on en a fait le tour, et visiblement la pensée métaphysique ne parvenait pas jusqu’à son extrême (l’être, le bien, le un, etc) ; raison pour laquelle le sujet cartésien réintroduit une ontologie tout à fait différente ; et, surprise, en tant que le sujet y introduit lui-même par lui-même ; en quoi il devient un je.

Il est bien évident que parvenu à ce point, il convient, nécessairement, d’installer le fond, grund, que suppose le sujet, que suppose qu’il y ait un sujet … Ce qui cause des troubles méga-graves à tous ceux qui voudraient encore définir, universellement, une réalité solide et valant en-soi ; parce que si il ya un sujet, si il y a « du sujet » alors il existe, et lui seul existe. Rien, absolument rien du tout, ne peut contrecarrer le sujet, le contredire, contre-dire ; rien ne peut remplacer, se substituer, permuter la liberté du sujet. Donc le réel est libre.

Parce que si on contredit le sujet, alors on redescend d’un cran. C’est tout simple. Si on doit établir une ontologie, métaphysique, théorie ou ce que l’on veut, elle doit se tenir au niveau de la dernière conclusion ; et celle-ci est cartésienne (ou kantienne ou sartrienne) que le sujet existe. Si on établit un « calcul » qui prétendrait englober et donc annuler le libre sujet, dans une computation, alors la computation est « plus vraie » et contraint le je. Et ça n’est pas possible.

Si à l’inverse, bien sûr, on maintient le sujet alors on le rend, ontologiquement, capable et donc plus grand que l’objectivité ou la computation ; sous-entendant que l’on tient, en maintenant le sujet, la source même de toute computation, sa raison d’être, sa validité, sa capacité du sujet lui-même. À savoir et pour faire simple, que la computation consiste en seulement ces rapports du sujet (comme structure seule réelle).

Qu’il y ait quantité de contraintes, de nécessites, causalités, etc, personne n’en doute, mais qu’en fin de compte (dans le seul compte qui vaille) l’activité du sujet soit cela même qui vaut (et le résultat par lequel tout le reste prend seul sa signification) oriente vers l’ontologie du réel comme Possible brut. Puisque si le réel consiste en Rapport(s) c’est exclusivement pour indiquer que le Possible en présente la logique.

Si la liberté existe alors la substance, la nature, la structure du réel est le possible.

C’est cela même qu’il faut penser. Il faut plier la pensée face à ce roc solidement implanté et découvrir la structure de ce je (Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan, et sous variations Nietzsche, Heidegger, Kierkegaard, etc) et supposer, projeter, visualiser la réalité que ce réel entraîne, implique ; soit donc aux dernières nouvelles, l’en-soïté de Sartre et « le-réel » de Lacan ; l’un et l’autre en tant qu’ils aperçoivent ce réel du point du sujet ; puisque le sujet se conduit de ce qu’il se constate, s’expérimente, se montre tel, s’expose et entre dans le champ (de perception d’expression de représentation de réflexivité).

Ontologiquement cela signifie que le réel est absolument, cad formellement, mouvement ; et un mouvement qui assume sa complète ampleur.

À savoir ; le possible est absolument le réel même ; dit autrement ; la finalité du réel est d’obtenir un plus grand possible. Soit fonctionnellement (un être libre, qui n’est pas un être, déterminé, mais un rapport). Soit dimensionnellement ; une structure de pure activité qui se dit en tant que je, puisque seul le « sujet » (cad le rapport) peut assumer et assurer que le possible puisse re-venir sur lui-même. Ce qui est la définition même du possible (qui ne réalise pas un être préalable mais se réalise lui-même et dispose la réalité à cette fin ; que le début soit toujours plus grand, que le réel soit encore plus positif, que le réel avance en tant que réel).

Cette finalité absolue est dite telle parce que formelle ; c’est bien pour cela que les extrémités de ce-qui-est (appellation générique), à savoir l’être, le bien, le un, etc, ou dieu, le sujet ou le réel, se révèlent indéterminés ; si difficilement descriptibles ou compréhensibles ; ça n’est pas par manque (de notre esprit, de notre condition, du monde etc) mais par excès ; et on peut alors situer l’articulation de cet excès ; il devient, il ne peut pas être décrit puisque toute description sera-déjà une perfectibilité de plus, déjà un engagement, une création ou la continuité du Créé tel quel.

Dit autrement et de très très loin …. on ne sait pas ce qui Ex-siste au Bout. Tout au Bout du réel on ne sait pas jusqu’à quel degré de perfectibilité le réel peut avancer. On n’a pu expérimenté, probablement, que les prémices exigus de ce qui ex-siste ; dieu, la pensée, le sujet, le réel (et à chaque fois il ne s’agit pas d’une perception, d’une imagination ou d’une idée mais d’une intuition structurelle invisible, inimaginable et impensable ; c’est ensuite que ces intuitions ouvrent, à rebours, tout ce qui fut précédemment, elles font butées, et pour nous historicité en plein de leurs Faits Majeurs, ontologiques). On tente donc de penser, de relier, d’universaliser (en fonction d’autres enjeux que ceux jusqu’alors installés) l’au-delà, ce qui veut dire le Bord ; les Bords à partit desquels on a avancé.

On universalise et pour ce faire on introduit des concepts étranges ; le possible, le rapport, l’ex-sister, l’arc ou les deux arcs (l’arc de conscience actuel dans l’actualité du présent brut), etc.

Reprenant donc la philosophie qui s’est inventée, à neuf, depuis Descartes. Et cherchant à catégoriser les aventures, les expérimentations, les explorations de structure qui s’incarnent évidemment par des Noms. Des sujets, des je ; dimension inaccessible sans ceux-ci.

Remarque ; n’oublions pas que l’objectivité c’est très bien (qui s’en plaindrait ? ) mais que cette objectivité est mise en œuvre par et pour un sujet ; la réalité telle que dé-couverte depuis 2 ou 3 siècles, est obtenue par l’arc de structure du je (qui s’est rendu capable de tout, y compris du tissage des mathématiques) ; que le sujet est encore-plus objectif que l’objectivité (le sujet qui supporte donc, qui porte, qui rend possible l’objectivité) ; on tient pour parfaitement parfait, si l’on peut dire, la pensée, la réflexivité, la philosophie et que son « bougé », son « indétermination » ne vient pas de son statut, son inefficacité, mais de son objet, parce que son objet c’est un sujet, une structure sujet ; dieu, la pensée, le sujet et le réel sont des structures « sujet ».

Dit autrement ; la réalité, le réel ne peuvent pas simplement ou seulement se catégoriser dans des objectivités. Ce qui revient à passer des déterminations (qui sont universalisables, en tout ou en parties), à l’indétermination en tant qu’elle doit être pensée ; en quoi donc il faut étendre l’universel (sinon on ne comprendrait rien) à l’indéterminé. Ce à quoi sert le « rapport ».

Ou donc ; ce que l’énonciation, les propositions diverses expriment doit se voir dans votre œil ; ça ne peut pas exister ailleurs. L’indéterminé est le rapport qu’un je seul peut saisir (et donc « en être saisi »). Et cela même, cette perception interne à la structure-sujet, c’est elle qui mesure votre engagement (l’éthique exclusive du comportement approprié sa dimension propre). Comme dit le christ ; vous voyez parce que vous voyez, sinon non (ce qui veut dire que vous voyez parce que le père vous a communiqué de « voir », la grâce, et ce avant même que le monde soit (st Paul) ; dieu a déjà eu affaire avec votre liberté parce que la structure du monde, du créé est la liberté, selon la forme du rapport, qui ne laisse jamais rien tranquille, qui est pure activité) ; tout ce qui « est », en vérité existe, ex-siste, ce qui veut dire qu’il demeure dans la possibilité du possible ; c’est lui qui voit et donc il voit votre liberté, il n’y a rien d’autre à Voir… ce qui est infiniment difficile à quiconque qui est dans, selon, par le monde, le vécu ou le corps (ce qui est le cas de tous) ; l’arc du réel, absolu cad formel, est l’ensemble des libertés.

Et c’est à ce point exigeant et au-delà de toute mesure, pour nous, que pour y atteindre il faudrait traverser toute l’épaisseur du monde, du donné, de la vie vécue et du corps, et néanmoins n’en être pas touché ; tout en percevoir, ressentir mais parce que l’on se sait d’une autre structure, immobile et sainte.

Un tel point, à ce point extérieur, c’est précisément ce que dieu, la pensée (l’être, le bien, le un et évidemment le premier moteur ou mouvement), le christique et le sujet, le réel viennent à situer. Puisque ce sera à chaque fois par eux que l’on se situera et localisera tout ce qui est. Les ronds points. Le rond point est non mesurable (comme le cercle).

Ce point externe est ainsi ce qui nous protège, des atteintes du monde, de la vie vécue et du corps. Si un tel point n’est pas la ténèbre nous avalera. Parce que ce ne seront pas quelques bouts de nous-même, par-ci par-là, qui, de nous appartiendront au monde (et donc à la dispersion) mais ce sera tout entier, tout entièrement composé de bouts de monde, de vie vécue que nous disparaîtrons dans le marécage de la réalité. Si un seul Bout de nous-même est hors monde mais également hors vie vécue échappe, alors « il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps » (Rimbaud, Adieu)

ce seul champ qui nous sauve est le point de vue externe absolument qui ne s’attache à aucune des déterminations, des attachements, des affects, des images ou imaginations, des rêves ou désir, idées ou projets qui, tous, appartiennent, au final, en fin de compte, tout compte fait, au monde mais aussi à la vie vécue. En vérité il n’existe que dieu, la pensée, le sujet et le réel, le reste appartient au monde, c’est-à-dire à la mort, à la dispersion de la détermination ; le reste, tout, appartient à l’être ; on ne cherchera donc pas à sauver telle ou telle partie du monde ou de la vie ; seul le Bord, le Bout tout à fait externe, existent. Seule l’âme existe.

Et contrairement à ce qui traîne ici et là (en fait partout, dans toutes sortes de discours ou d’imaginations) il ne s’agit pas de quitter le monde et abandonner la vie pour une finalité absconse et vague et éthérée, mais d’actualiser ladite âme parce que c’est par là seulement que tous les faits et gestes du monde et de la vie seront non pas du tout abandonnés, mais repris par et selon la seule perspective qui vaille.

Il est fondamental qu’un point soit externe afin que tous les effets, tous les résultats puissent valoir ce que vaut ce point externe ; la raison en est que le point externe est un rapport qui élève les autres rapports (tous ceux en quoi consistent la vie ou le monde) et même, évidemment, un rapport qui ouvre quantité d’autres rapports, qui rend possible les possibles ; lorsque les chrétiens commencent d’examiner leur vie, Montaigne son testament », Hegel l’État, ou Rimbaud recréant le sens poétique, le sens des significations poétiques (en reconduisant le langage même en cela même qu’il signifie et auquel on ne comprend plus rien, manifestant sa puissance, la puissance, la potentialité des signifiants), les années soixante les capacités du moi-même, etc.

Ou inversement Rimbaud se constitue comme point autre. Et vous êtes vous-même un tel point autre, et votre propre secours, évidemment, ce qui rejoint « l’estime juste de soi » de Descartes. Obtenir qu’un écart de conscience se tienne tout au bout du réel, du possible, c’est tout aussi bien par-delà la mort, la fin, le terme mais également hors la jouissance ; que cet arc de conscience n’y appartient pas (quelque sens que l’on donne à ce par-delà), que l’insatisfaction est la signature du signe véritable, étant entendu qu’alors le summum de la jouissance (ce qui veut dire la vraie jouissance, ce pour quoi passe la jouissance, pour un summum, une hallucination) est extrêmement proche et que l’on peut fondamentalement se tromper soi-même et ne prétendant plus atteindre la jouissance, y succomber en plein, s’égarant encore-plus, ce qui est le syndrome rimbaldien (par quoi débute quelques poèmes et une saison, qu’il l’ait trouvé amère).

Cette promiscuité, cette juxtaposition, cette confusion tout à fait profonde, c’est très précisément et très exactement ce qui est, lors d’une vie individuelle (qui a pu se mener suffisamment loin, s’approfondir), ce qui est en question ; ce par quoi, aussi, se dresse le christique ; à savoir que l’on est alors si proche de l’égarement, Dionysos ou le crucifié, que l’on y tombe, que l’on y tombera, sauf le christ, qui nous prévient et dont la Passion consiste en cette échappée ; qu’il nous rappelle donc que l’on tombera mais qu’il suffit de ne pas y croire, qu’y tomber et s’y enfermer, en cette tombe, est une question de foi et de sa compréhension (en l’occurrence qu’il est l’issue hors-monde, hors-vie, hors-désir ou intérêt, et plus fondamentalement hors temps, lui-même et en tant que messianisme eschatologique de la « fin des temps », ceux qui sont « déjà-là », de mystérieuse façon). Et cette foi non seulement alimentera l’historicité (l’histoire ontologique) mais aussi l’histoire (les faits et les gestes, soit la révolution, eschatologique liberté-égalité-fraternité, en attendant le retour du messie) et tout autant l’esprit de l’humanisation, le saint esprit, la pentecôte, l’investissement de tous et de quelques-uns, ladite acculturation généralisée (et donc universelle) de chacun, de chaque un.

Par quoi dieu, unique, s’est voulu un peuple unique (les juifs) et puis ensuite que chacun soit à neuf, entièrement à nouveau, appelé un par un (par le christ) et qu’il s’agira d’un peuple (celui de la révolution, de 1789 à 1958, ou mieux 1968) d’individus à l’exemple de laquelle nation, politique (et non pas raciale ni ethnique) s’élaborera la politique des siècles.

Pareillement l’estime juste de soi, cartésienne, c’est s’admettre soi (tout à fait éloigné du péché au fond) et avec distance et sérénité ; une sorte d’assumation du fait humain individuel, qui se pardonne et n’a qu’une seule orientation de la conduite ; que ses décisions, ses actes, ses projets aient des « effets », des effets réels (et non plus seulement des pensées) ; en quoi il ressemble encore plus au christianisme (qui ne perd pas son temps dans un légalisme ou une condamnation de soi sous le Regard de la Loi, que l’on remplacera par la Règle ; le je est sa propre loi, mais il est véritablement une loi, et non pas n’importe quoi (Kant, Hegel, Husserl, Nietzsche etc, ou Sartre ou Lacan suivront ; les lois effectives de l’être soi-même du je, qui n’est pas le moi mais ne le condamne pas, ne le condamne plus).

Pourquoi l’unique dieu divin (non dilué donc) et l’unicité (pointue, la plus pointue possible, comme extrémisme brut et comme forme pure) ? Pourquoi le messianisme et l’eschatologie ? Parce que le un est un rapport et que l’on ignore l’autre Bout du rapport, tout situé que nous sommes sur le Bord de tout ce qui est (le présent).

Parce que le rapport est seul réel, qu’il n’y en a qu’un (il n’est pas composé, par nature, par structure), et qu’il doit se confier à lui-même, lui-même en grand, en plus grand. Si votre être réel est formellement un rapport, il ne tient pas dans les contenus, les images, les vécus, les champs, mais est la pliure qui articule non seulement les réalités, mais sa propre forme réelle ; avant d’être, vérifiez les variations de votre rapport. Si Descartes offre une unique face (il installe la seule ouverture dans le monde qui existe, si on excepte dieu et le christ évidemment, ce pour quoi la religion a dû s’en méfier ; il plante le clou sur l’étendue du monde),

et toute la suite a pu analyser les plis de et à partir de cette articulation ; non seulement les plis structurels (qui tiennent à l’analyse de sa structure) mais aussi les plis inventés, créés, en tant qu’explorations de son possible, toujours à l’extrême limite du possible, forçant chacun au bout du bout (jusqu’au voyage au bout de la nuit, et au-delà depuis la rupture des années soixante) et en tant que créations de champs structuraux (décuplement des esthétiques, poétiques, éthiques, politiques, humanisations et personnalisations).

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