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instants philosophie

La conscience comme acte pur

6 Août 2013, 18:35pm

Publié par pascal doyelle

Si l’on définit l’ego cartésien comme esprit ou substance pensante en chosifiant cette « substance », il est clair que l’on passe à côté de ce que les textes cartésiens montrent littéralement en acte, en activité, en cet hyper activisme insituable. Sans doute Descartes nomme-t-il substance pensante lorsqu’il déroule sa vision de ce qui est, en opposition à l’étendue, cad à sa mathématisation dont on ne peut pas dire qu’elle soit dans son principe erronée.


Mais la substance esprit en question sert apparemment uniquement de dénommer « cela » que nous sommes et on serait bien en peine de circonscrire l’esprit en son unité supposée (par d’autres que Descartes) puisque la pensée que l’on est se présente comme un ensemble ; doute-cogito-infini ; puisque ce que décrit Descartes est l’activité même de cet « esprit » dont il n’est de fait aucune preuve que sa monstration ; en quoi consiste la méthode qui fait-voir, à laquelle on assiste en direct. Ce qui marque si fortement est que c’est d’une actualité réelle sous nos yeux par laquelle la pensée se prouve et se montre en même temps.
Cette actualisation de l’esprit n’est donc dans le texte rien que l’attention qui agit, avance, se retient, se suspend, se rive et se dérive, s’articule ou se désarticule. Que cette activité soit absolument là, présente et agissante, on n’a rien pu lui opposer.
D’autant que la pensée comme myriades de variations Descartes la constate et en rend compte ; il n’est rien que description presque totalement lucide de « ce qui se passe », inaugurant toutes les descriptions et expériences de soi comme « attention-à » qui suivront.


De là, on portera attention à ce qui est, dans la conscience que l’on a.
Le nihilisme des « peu de foi » consistera donc à ne pas croire que cet être de conscience a de soi un accès à ce qui est sous la forme d’être ce que l’on est ; si l’hypothèse que la conscience existe et est réellement conscience, alors il n’est pas sot de penser que cette conscience, qui est se-sachant (aucune conscience n’est ignorante de son être, de son exister, par définition), que cette conscience contient dans sa forme simple (elle apparait à elle-même quel que soit son nom d’emprunt) son intuition.
S’il n’était question que d’une intuition d’une extériorité, ce serait complètement discutable. Mais cette intuition n’est pas dépourvue ; elle est de par soi réflexive et cherche toute armée de ses idées, universalités, pensées, logiques, et autres, à définir, préciser, analyser, penser cette description de soi, de son être. Cette intuition est donc argumentée.


A quoi on oppose la qualification de la réalité telle qu’elle se présente objectivement ; on entend par là que si la conscience existait, elle serait représentée, représentable dans une théorie descriptive qui parviendrait à en discerner les contours au lieu que Descartes simplement se montre agissant. Ce discours objectif décrirait toute-organisée une essence, une composition de notre être.
Autrement dit cette objectivité donnerait expliquée cette conscience dont on n’a aucune représentation puisque c’est elle qui re-présente ceci ou cela ; son être est un réel, ce qui veut dire que l’on ne peut dériver « avoir conscience de » de quoi que ce soit. c’est comme si l’on pensait dériver « être » de quelque « chose » connue (qui est incluse dans l’être lui-même), comme si l’être sortait du Un, du Bien, du langage, etc. Etre est indérivable, tout comme avoir conscience-de est non composable.
Il y aurait sans doute à venir une description des processus physiologiques de « conscience », et cela nous en apprendra, mais même des compostions physiologiques, on ne pourra pas en remplacer la conscience-de par ces descriptions, pour la raison que « êtrecosnciencedesoi » est déjà une représentation en laquelle on est « en présence » de soi.


La question de ce « soi » se pose, et d’autant plus que Descartes est suffisamment lucide pour noter ici et là comme l’attentionnalité est plurielle et investie ici ou là. (Et de fait Descartes ne pouvait pas tout découvrir en une fois (de ce qui par la suite le suivra).
Les critiques vont bon train qui identifie la conscience au conscient et plus loin à une identité composée et enfin à une substantialisation de cet être ; alors même que Descartes nous livre d’assister non à cette substance (dans un discours tout fait) mais à une activité, une action en directe et d’autant plus étrange qu’elle reste suspendue en un doute purement virtuel et libre.
Définir la conscience comme une unité faite pourrait éventuellement porter à se contenter d’un discours, mais la conscience est non une unité « là » mais une unification et cette activité (qui déborde constamment n’importe quel conscient) ne peut pas relever d’un discours qui se refermerait sur lui-même ; il ne rendrait pas compte que la conscience est ouverte et refuse de se fermer (sinon en des discours extérieurs qui prétendent se passer des consciences réelles en activité).
Ce sera donc toujours enfermer ce qui est constitué pour précisément ne pas se clore (aucun contenu ne borne une conscience) ; si la conscience se refermait, elle serait de peu d’utilité, et n’existerait pas.

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