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instants philosophie

Les conditions de vérité et du libre pur

8 Septembre 2013, 11:32am

Publié par pascal doyelle

L'immanence contenant la transcendance

Qu’il n’y ait pas de vérité, ne signifie pas qu’il n’y ait pas de vérité ; c’est qu’il est une vérité première qui inclut des connaissances secondairement. Le second n’est pas négligé par le premier ; les deux existent à la fois, mais il est un fondement puis ses conséquences ; il est requis un ensemble philosophique pour qu’il puisse se poursuivre des connaissances.

Dans les deux cas la philosophie remonte dans les conditions de vérité ; puisque l’objet propre de la philosophie est de comprendre qu’il y est "de la vérité". Et qu’elle fonde ce principe "la vérité" en général, indépendamment de toute vérité énoncée réellement. De même qu’elle va fonder la liberté comme antérieure à la vérité ; cela n’annule pas la vérité comme principe, mais explique d’abord qu’il y ait plusieurs expressions de la vérité, et que celle-ci est relative ; mais elle est relative à un être qui ne l’est pas. Et donc elle n’est pas relative comme subjective ou hasardeuse, mais relative dans la hiérarchie ontologique ; il n’est rien au-delà ou en-deçà de l’être libre ; on atteint la structure même de notre être. On ne pourra pas donc relativiser le libre en fonction d’une autre position ; toute autre position redescendra dans le monde, or de fait nous sommes hors du monde.

Le se-savoir

Que cet hors du monde soit limité et restreint, c’est certain ; mais ici c’est la plus petite différence, la dérogation minimale et presque ridicule qui produit la divergence ; elle ajoute en plus un « truc » innommable. Le libre est un truc, une astuce, un court-circuit, un périphérique ; mais il suffit, puisque cette astuce, cette technologie ontologique, en somme, se sait. Elle est « se-sachant ».

Ce se-savoir est en soi indépendant ; puisqu’il stabilise une détermination au moins comme relative à la conscience qu’il en a. il n’est pas exigé que tout et constamment soit en conscience ; parce qu’alors on interprète la conscience comme étant « le conscient ». Cet idéal qui voudrait que tout soit consciemment produit par le conscient ; ce qui est absurde. La conscience est plutôt de saisir telle détermination qui puisse être rapportée ailleurs et autrement ; pour cela il suffit outre par exemple la motivation de modifier les réalités, il suffit d’une erreur ; on se trompe et on voit bien qu’il va falloir remodeler les conditions de cette action ou de cette pensée ; la remodulation, c’est remonter aux conditions et non pas prendre le donné « là », tel quel, sans le penser et buter constamment sur le même problème.

Or comme la conscience est un rapport de rapports, quantité de rapports potentiels sont à disposition ; sans compter les rapports que l’on n’a pas établi, qui existent ou qui n’existent pas déjà. Comme la conscience est se-cachant, elle est le dispositif au sein de tas d’autres dispositifs ; et au lieu de comprendre qu’elle en est dépendante (ce qui est vrai), c’est au contraire pour cette raison qu’elle en est non dépendante ; qui empêche de se saisir d’un dispositif autre, inaperçu, inutilisé, pour résoudre ce qui posait problème ?

Si le conscient est figé et abstrait, la conscience est en plein dans le donné, qu’elle approuve intégralement, ou plutôt qu’elle reçoit, ou plutôt en réalité, en vérité, elle est « ce qui nait des données » ; elle ne les inclut pas comme le conscient s’y obligerait, elle s’y ajoute.

Les conditions de vérité et de liberté

Remonter dans les conditions de vérité ou de liberté c’est admettre que l’on va cartographier une structure active, qu’aucune abstraction, discours, objectivité, fixation, ne peut garder et isoler ; il n’est aucun discours qui exprime la conscience, parce que la conscience est « ce qui réunit dans son activité tous les vérités énonçables ». Il n’est aucune vérité qui remplace l’horizon réel de chaque conscience. Ça n’anéantit pas le discours, quel qu’il soit, la pensée, la théorie ; cela signifie que toute connaissance est en vue de et pour une conscience.

La conscience comme extrémité

Si l’on admet une vérité hors la conscience, qui ne serait pas produite et développée par la conscience, outre que ce serait par un discours qui décrit telle détermination comme générant notre conscience (discours qui est lui-même une position, la position d’une conscience, dont on ne voit pas pourquoi on la subirait ; d’autant que toute objectivité est essentiellement partielle voir possiblement erronée, ou remplaçable par d’autres à venir), ce serait ne pas s’apercevoir que d’abord elle est le bord du réel, (qu’il n’est rien en-deçà, rien au-delà en ce monde, elle est en dehors puisque formelle ; on atteint par la conscience l’extrémité, l’extrémité ontologique), et ensuite c’est remplacer la structure agissante, passivement (en recevant tout ce qui la précède, dépendante radicalement) et activement (elle reprend n’importe quel donné pour le basculer ou parachuter en d’autres rapports, étant dispositifs au sein des dispositifs, des physiologies aux signes ou ce que ‘on voudra, elle est en-plus de ce qui est-déjà), remplacer la structure agissante par la croyance que la détermination est totale.

Les fausses transcendances, les immanences erronées

Comme si le réel, le réel réel, pouvait ne pas comporter en lui-même (dans son immanence) une transcendance … Si il est le réel, il est immanent, d’un seul plan, mais il serait incompréhensible que « ce qui est » ne comporte pas déjà en lui-même et de lui-même une extériorité ; il serait pour tout dire impossible que le réel soit si simple voir simpliste, qu’il n’ait pas créé en lui-même sa transcendance propre. Tournicoter alentour de la vérité comme seul horizon, ce sera toujours exporter dans cette idéalité, l’activité de conscience et l’imposer comme « vérité » alors qu’elle est structurelle et est le libre. Le libre est ce à quoi doivent se soumettre les vérités, parce que les vérités sont incluses dans le principe de la vérité. Si l’on présente cette vérité comme un contenu, on dispose dans l’immanence du réel, une transcendance substantielle, une détermination dans la détermination. Si l’on présente la transcendance comme structurelle, formelle, il existe alors un être réel qui ne comporte pas en lui-même une réalité dans la réalité, mais une structure de et pour la détermination.

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