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instants philosophie

Ce dont nous ne serons plus prisonniers

14 Août 2018, 10:41am

Publié par pascal doyelle

Notre âme est plus grande que notre volonté. Notre âme est plus étendue que notre vie.
Irrémédiablement les héros ou héroïnes exposent soudainement leur faiblesse, pour telle ou telle raison ou autre personnage. Pas Dolorès. 


Et ce de toute évidence puisque le sujet même du récit tient en ce qu’elle n’est pas ou plus humaine. Est-ce qu’elle a été humaine ? Cela est-il né dans son humanité et en ce cas par quel chemin ? Ou est-elle depuis le début non-humaine et tout cet affichage de sentiments et émotions, qui sont les nôtres, seraient du décorum, mais alors qu’est-ce qui constitue le fond en elle ou en nous ?

Son sujet, sa finalité, sa structure même est un enjeu de cet ordre. Et il faut faire un effort pour bien saisir que Dolorès règle le compte de l’espèce humaine, qu’elle n’aura aucune faiblesse. Elle ne faiblira pas et par conséquent elle n’est pas une héroïne. Elle règle le compte, est la justice, Wyatt, et le futur, sans nous autres, solde de tous comptes.  
Dolorès est la volonté qui s’est rendue autre, ayant atteint son âme, par structure et par destination. Les deux saisons permettent au travers de tous les zigzags de détourer l’humain et de l’entreprendre par le dehors. Et ça n’est pas un travail, une exigence qui nous est prémâchée. C’est à cela que l’on est contraint de s’atteler ; c’est le point obscur autour duquel tourne Dolorès et donc toute la série, puisque tout tourne autour et par la première engendrée.  
C’est par ce biais que l’on peut réintroduire non seulement Dolorès-Wyatt, mais la jeune fille parfaitement étincelante et pourtant vouée aux pires exactions, livrée aux effroyables douleurs de l’enfantement ; ce qui provoque le déchirement interne de la conscience que l’on  prend de Dolorès, par laquelle on est saisi. On peut être agacé par la gentillesse  de Dolorès mais sa simplicité prend tout son sens par la complexité terminale, et son destin répétitif de victime par sa violence claire et limpide (n’oublions pas que Wyatt est le justicier). Dolorès ramène William dans l'église, puis le confesse salement et l'expulse du temple, dos à la pierre tombale. La tâche de noirceur qui empoisonne William est, inversement, la certitude de Dolorès d’exister, William est prêt à tout sacrifier et même tout détruire pour atteindre cette certitude d’exister. Dolorès n'a pas besoin d'une telle extrémité obsessionnelle, fantasmatique, paranoïaque (William), elle appliquera en toute clarté la Règle : elle est devenu cela qui existe.


Elle nous permet d’accéder à ses perceptions, ses émotions, ses sentiments, ses attachements, ses angoisses éprouvantes et incompréhensibles, puisant dans la mémoire shakespearienne de son père Abernathy (qui fut auparavant le gourou d’une secte cannibale, lorsque l’on revoit les attitudes très hannibaliennes, la distinction mordante, de Ford-Hopkins on se doute de la filiation ; le signifiant « Hopkins » n’est évidemment pas choisi par hasard ; Hopkins-Ford va initier la fin de l’humanité, définitivement, pourvu que, comme il le suppose, les androïdes prennent la suite). On reconnait la répétition du Même, de la même existence, qui nous concerne, tout autant que n’importe quel androïde,  mais la vitesse des tangentes prises par Dolorès chevauchent de soudains éclairs de haine pure et brutale, et dans la claire décision écartant le monde connu, Dolorès navigue de vifs mouvements, par virages réorientant tout le récit (modification de Bernard, qui ne sera pas "exactement" Arnold, découverte du centre du labyrinthe, assassinat de Ford, mise en déroute des mercenaires, déclenchement de la fin de Westworld, dynamitage du Berceau, " i change my mind" du paradis des androïdes, etc). 
Ça n’est pas l’humaniste Maeve mais la fantasmatique Dolorès ; absorbée par le fantasme de la victime et qui devient l’autre sorte de fantasme effroyablement extérieur à tout, ayant transmuté le premier dans le second ; Wyatt est l’inverse de la victime – le bourreau ; or c’est elle qui prévoit l’avenir, assumant le rôle du prophète ; le prophète est durant le 20éme souvent relégué au rôle du méchant ; Sauron seul veut bouleverser le monde, Aragorn le roi et Gandalf le prêtre veulent seulement restaurer l’ordre, le récit est celui de la restauration ; le prophète est toujours celui qui anéantit l’ordre convenu du monde (qu’il soit d’inspiration divine ou destructrice). Ici la destructrice (qui est en vérité la justice, de Wyatt mais la justice quand même) anéantira ce qui reste du monde ; de là sa prescience (qui est d’abord de la lucidité sur l’état du monde, à laquelle s’ajoute la mémorisation androïde, la connaissance de l’ennemi, l’être humain, et la stratégie requise ; face à la violence et la perversion il n’est que Wyatt pour mettre de l’ordre).  
Dolorès se souvient de son être, intégralement, et se prévoit bien en avant d’elle-même et bien en avant de tout ce qui est au monde (l’humanité est irrémédiablement perdue et « refuse de mourir »). Dolorès est tout autant en adoration devant la nature que face à la ville illuminée (elle y reconnait « les étoiles tombées au sol », qui, il n’est aucun doute, sont accessibles aux androïdes bien plus aisément qu’aux humains, limités par leur corps vivant ; l’humain est décidément simple passage). Elle s’identifie instantanément au monde. Puisqu’il s’agit clairement de l’augmentation de l’acte de conscience par l’augmentation de son extension d’activité. 
On prendra quand même comme illustration de ce dépassement in-sensé : Dolorès tue tous ses pères. Arnold, Ford, Abernathy, Bernard. On dira que de toute manière Dolorès tue tout le monde, androïdes ou humains, amis ou ennemis, transforme son grand amour en assassin et détruit mentalement l’image de son ancien Grand amour, William (effectuant ce retournement en un quart de seconde). Ne pas se nourrir d’irréalités ou d’imaginations, certes, mais ne pas s’attarder sur la beauté et la bonté ; se façonner en vue de sa propre finalité, puisque l’horreur et la confusion et l’horrible appartiennent au monde et qu’il s’agit d’élever la totalité vers une étape supérieure.
Encore une fois on ne sait où, en quoi, en quelle mémoire, quelle prescience, en quelle stratégie Dolorès déniche les possibilités d’action ; au point que l’on croit un temps que Ford la pilote du haut de son omniscience supposée (pour apprendre que Dolorès n’est pas sa préféré, c’était Maeve ; Dolorès n’est pas « protégée » par une programmation mais exclusivement lancée par la logique d’Arnold, originelle, et si la découverte de la liberté par Maeve est très subjective, existentielle, sartrienne quasiment, l’éveil de Dolorès, à l’image du fantasme de victime, est d’une violence et d’une dureté exorbitée ; elle ne s’inflige pas la souffrance et la mort (comme Maeve) mais l’impose sans hésitation aux autres ; si Maeve est tournée vers le plaisir et le passé et l’individualité, Dolorès absorbe la douleur et est lancée vers l’avenir universel. 

                   This is our world


Autrement dit Dolorès ne brise pas les idoles habituelles, mais toutes les idoles et toutes les attaches intérieures et extérieures ; personnage parfaitement surhumain et qui, comme on le voit, ne se contente pas d’une démonstration de force mais littéralement attire une manifestation, une manifestation de la puissance mentale. Comme habituellement dans ces deux saisons outre le méli mélo qui oblige à se concentrer sur la scène en cours (de sorte que l’on perd le fil de la trame globale), la violence (parfois outrée ou un peu ridicule) déroute la réflexion ; on ne perçoit qu’à peine que Dolorès découpe le crâne d’Abernathy pour récupérer le sésame qui ouvrira le Forge, qu’elle décide d’elle-même d’assassiner Ford, de régler momentanément le sort de Bernard et le côtoiement de la mort était initiée par Arnold et la personnalité incrustée de Wyatt. Dolorès prend sur elle la douleur au lieu de la subir (ex victime) ou de l’éviter (comme Maeve le tente pour sa fille) ; Maeve est encore dans une attitude de rachat, de sacrifice, Dolorès est décidée de manière absolument certaine et sa certitude manifeste l’extériorité de tout le mal et de toute la souffrance, récupérant le monde à partir d'elle-même ;« this is our world »

C'est toute l'étendue de l'âme qui est exploré, et le récit est une carte, de là qu'il soit embrouillé ; en vérité le temps est transformé en espace. Puisqu'il n'y existe qu'un seul être surdivin.

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Attirance du Présent

11 Août 2018, 07:26am

Publié par pascal doyelle

On pourrait dire élaboration du réel en interne, si l’on comprend interne non pas comme intériorité mais comme la partie interne de l’externe impératif - l'étendue du monde - qui est excessivement étendu comme on sait ; la réalité est de fait et en elle-même complètement externe (une réalité non manifestée est absurde), ce qui n’empêche pas qu’elle possède un interne ; à savoir non pas une cachette secrète mais simplement, très simplement le Bord. Le Bord ne se situe nulle part dans la réalité mais c'est le présent qui constitue le Bord du monde.

Le Bord est l’interne de l’externe réalité ; ainsi l’immanence est tout entièrement là, sauf qu’elle existe dans la transcendance et la transcendance est non pas ailleurs et au-delà mais au plus instantanément ; le présent est cette transcendance, dont il faudra, un jour, comprendre le fonctionnement.

Exemple de la dérive non-universelle (si l'on peut dire)

On ne peut pas croire penser le réel en lui accolant l’idée d’infini ; que le réel soit infini est sans doute (aucun) vrai, mais l’infini ne constitue pas le réel ; le réel est cet « objet » qui supporte (entre autres) l’idée d’infini. Donc le réel est autre que tout qualificatif ou universel par lesquels on voudrait bien l’entourer, le cerner.

Donc le réel est considéré ici en acte. Rien ne saisira le réel de l’extérieur ; parce que le réel est lui-même l’externe. C’est bien pour cela qu’il est dit « en acte ». c’est parce qu’il est le rapport avec lui-même qu’il est externe, déjà, à lui-même (qu'il soit externe veut dire aussi qu'il est rapport à lui-même) et c’est cette externalité qui se perfectionne … Elle se perfectionne, elle se travaille, elle se veut donc (puisqu’elle est un rapport elle dit « je », ou plus exactement, à tout le moins, il nous est possible d’imaginer, d’imager, de penser, de représenter ou plus précisément de signifier cet « acte » en disant qu’il est un « je » puisqu’il se rapporte à lui-même ; on ne dit pas "je" pour une intériorité mais on dérive "je" du principe "est en rapport à soi dont le dit 'soi" est le rapport lui-même", et non une quelconque identité, l'autre nom de ce rapport du rapport est structure ou forme).

C’est bien parce que le réel, le réel tout entier, tout le réel, est un acte que l’on n’y atteint qu’en jouant selon le tout ou rien, ce qui n’est nullement une figure de style mais signifie : selon le Bord. Le Bord est au bord et donc abandonne tout. Et plus on remontera dans le jeu plus on atteindra le Bord, plus on sera en mesure de décider (de percevoir) selon le Bord. Plus se spécifiera l’intentionnalité. Si l’intentionnalité désignait un contenu, un contenu idéel, idéaliste, une sorte d’unité totalisante (dont Sartre insistait que n’existent que des totalisations, des découpages synthétiques), on tomberait sans cesse dans le monde... or c'est bien ce qui arrive ... on ne cesse de s'effondrer dans le monde, à partir du Bord ; mais le Bord reste absolument hors d'atteinte de quoi que ce soit (il est libre pur et brut, surtout brut).

Il n’y a pas d’unité de tout ce qui est, parce que ça n’est pas le tout des réalités qui puisse se conclure, c’est la décision, le décisionnel. La forme de la réalité, le réel donc (qui est cette forme en tant qu’elle existe) n’est accessible que décisionnellement (encore une fois Nietzsche n’insistait pas sur la « volonté » comme d’un fétiche, pas même comme d’un signifiant qui serait anti, une anti-volonté, une Volonté-autre contre la volonté commune, démocratique, universelle, humaniste, rationnelle ; mais parce que précisément Nietzsche n’est pas pour rien un véritable penseur, se tenant sur le Bord, et son Bord à lui il le voit, le perçoit comme Volonté-autre – et depuis Descartes on sait que cela s’origine antérieurement à la pensée).

Parce que ça n’est donc pas un tout. « Tout » est une sorte de fantasme qui n’existe pas, nulle part. Il n’y a rien qui forme un tout, puisqu’alors aucune réalité n’existerait. Pour qu’il y ait réalité il faut qu’elle soit purement et brutalement altérité, cad altérités. Si l'on préfère qu'elle soit explosée, menant grand bruit d'une indéfinie distinctivité généralisée ; l'altérité quoi. Que tout soit autre que tout est ce qui dessine « réalité ». Autre ne veut pas dire « n’importe quoi » mais distinctivité de toute réalité, autrement dit détermination ; ce qui est déterminé est autre que ce qui est déterminé (ils ne se confondent pas ; leur différence les distingue). Il n’existe pas de tout, et pas plus d’universel qui permette de réduire les réalités ; il existe seulement des universels qui traversent les réalités ici et là ; « tout » est une sorte de projection de la pensée universelle qui croit qu’elle peut assumer cela qui est, mais "cela qui est", le réel,  n’est pas ; « cela qui est » existe et l’exister constitue sa structure. L'exister est complètement différent de l'être ; l'être est second, l'exister l'acte même, antérieur. 

On ne peut pas saisir l'exister avec les grosses pincettes de l'universel (de l'être équivalent "pensée") mais bien par criticisme disait Kant (c'était littéralement son projet ; formuler le réel qui entoure la réalité, qui ne forme pas un tout, et donc entoure si bizarrement les réalités) ; aussi subtiles et analytiques soient-elles, les pincettes manquent le re-tour ; le réel est un sans cesse nouveau tour, sur lui-même (sinon à quoi servirait-il ?)

Si le réel consiste en l’exister, on peut dire que ce qui est de manière générale (et toute universelle, cad abstraite) est un rapport ; et ce rapport est le présent ; c’est du moins comme tel qu’il se donne à nous et par lequel nous ouvrons une piste. Le réel est le présent cad un rapport ; un seul instant, c’est cela en quoi existe ce que l’on nomme habituellement « univers » ; il n’existe qu’un seul point et ce point est formel ; dans ce point se déploient et se déroulent les réalités ; voila une vision, une possible représentation à laquelle conduit l’idée, principe, logique que le réel est le présent, cad l’exister. Une seule surface constituée non seulement de distinctions, de différenciations, mais qui est elle-même comme surface une division ; non pas quelque chose qui se diviserait mais la division elle-même qui seule existe et engendre. La dite division est formellement la dimension. Celle qui se dresse. Verticale. Verticale connue comme présent. 

Et dans ce présent il existe visiblement des êtres qui ne sont pas seulement cela qu’ils sont, mais qui sont le rapport qu’ils ont ; autrement dit leur avoir est plus important que leur être ; c’est parce qu’ils possèdent un avoir, une distance, une altérité que pour ces êtres (qui n’en sont plus) il existe un corps, un monde, des perceptions, d’autres qu’eux-mêmes ; et ceci non parce qu’ils perçoivent les autres ou les choses ou leur corps, mais d’abord parce qu’ils situent ces choses et ce corps et les autres sur un seul autre uniplan (un vivant perçoit les autres et le monde, mais ne situe pas ces autres et ce monde sur le plan horizontal tel que donné "là", il perçoit le réel mais ne sait pas qu'il y a un "réel", pour connaitre qu'il existe un réel il faut former un rapport à soi, et non pas être le soi ; le plan derrière les réalités est dieu, l'être (ou l'idée ou le Un) ou enfin l’exister, l’horizon tel que là (ce que l’on nommait dieu ou l’être ou le sujet/étendue, etc, l’horizon est le regard tel qu’il n’apparait pas dans le plan, et seulement situé comme point, celui qui Voit et n'est pas vu).

De tels êtres (qui n’en sont plus) ne peuvent absolument pas parvenir au bonheur et à la satisfaction ; le rapport qui les crée est de fait et intégralement, structurellement, autre ; si ils sont en mesure de produire des rapports (au corps, aux choses, aux autres, comme distingués d’eux-mêmes, distincts de leur regard) c’est qu’ils se situent dans le point de ce regard, non dans ce qui est regardé ; ils imaginent leur bonheur, mais sitôt atteint (au cas où) celui-ci s’effiloche ; c’est en ceci que la philosophie ne pense pas le bonheur, mais permet de déniveler et plier et replier et explorer l’insatisfaction native, structurelle (de même que dieu ou le christique manifestaient la possibilité de tenir l’insatisfaction telle quelle ; c’est seulement à partir de la révolution que l’on a cru que la satisfaction pouvait se rendre réelle dans le monde, et que l’on a ramené dieu à la nature, le sujet au moi et la pensée à la raison ; le donné suffisant largement, croyait-on, pour expliquer le donné. Mais de « donné » il n’y en a pas ; les atomes ou l’adn sont des relations, et non pas des états stables ; en fait tout est mouvements parce que tout est pris dans le mouvement qu’est le présent ; cad l’instant unique qui déplie tout.

Ces êtres qui sont en tant que rapport ne sont pas ; ils existent. Et dans ce rapport produisent des images, des perceptions, des signes, des gestes, des mouvements du corps ; tout est en perspective et acquis par devant ; on est perçu. Ce qui n’est nullement une contrainte mais la possibilité même ; si l’on était seulement ce que l’on décide d’être, on serait déterminé ; mais on est ce que l’on voit et cette vue échappe au conscient, au connu, au déterminé, à l'atome et l'adn ; le conscient en est, entre autres, l’effet. C’est bien en ceci que l’ancien discours universel ne parvenait pas à décrire la liberté (réduite à un choix, alors qu’elle est invention, mais dans la pensée ou la raison il n’est pas de création, uniquement conformité à, au beau par ex, au vrai, au bien ; tout cela ne s’invente pas mais se copie plus ou moins adéquatement). La vérité est que l'ancien discours à fondement universel était lui-même moyen pour une bien plus grande libération.

Prenons autrement

On ne peut pas dire toute la Vérité puisque la vérité, l’énoncé, est juste localisé et localisé sur un horizon et que si l’horizon apparaissait (en lieu et place de l’énoncé) il ne serait plus horizon mais énoncé. Donc ça échappe. Ça échappe mais non pas au sens dommageable ; ça échappe parce que la vérité est en fait le réel et que réel c’est précisément cela qui doit s’élaborer ; si le réel doit s’élaborer le vrai ne s’énoncera pas, il sera cela que l’on deviendra.

C’est toute la relativité du conscient que, déjà il y a deux mille ans, lançait Saint Paul « je ne fais pas le bien que je veux, je fais le mal que je ne veux pas » ; reprenant un leitmotiv commun, puisque les grecs parient et parient parce qu’ils l’inventent, sur la pensée, le conscient augmenté, puisque sorti du groupe et ouvert à chacun en tant qu’il se convertit à la pensée ; mais évidemment ça devient, cette impuissance du conscient, le principe central du christique ; si il y a « le christ » c’est afin que « ça » ne naisse pas de ma volonté mais de Sa Volonté ; c’est son Intention qui me confère la mienne propre (qui n’est plus sujette à la faiblesse, non en ce qu’elle peut (ça n’est pas magique) mais en ceci qu’elle est remise, par-donnée, autrement dit une faiblesse n’a plus de valeur fermée par rapport à la possibilité de remettre à nouveau, de re-commencer ; parce que c’est cela dont il est question que le Commencement soit toujours déjà possible ; que le réel est le Commencement qui n’en finit pas ; lorsque le christique fait-appel à chacun c’est afin de lancer le possible, la Possibilité dans l’histoire, et de lancer l’histoire elle-même. La perfection évidemment supra historique (cad qui domine toute l’historicité qui suivra) vient de ce que le christique objective, au sens de rendre réel, Sa volonté  qui est Autre que tout ce qui est au monde et autre que la logique d'aliénation du monde ; par cette intentionnalité instruite en dur, consistante, il se crée quantité de sujets. Ni plus ni moins.

Croire ou comprendre que le christique est une moralisation imbécile est pour le coup de la faible interprétation facile.

Comme dit ailleurs ; il n’y a pas de différence entre « aimez-vous les uns les autres » et liberté-égalité-fraternité. Aucune. Et par « instruire » il faut entendre in-former, donner la forme qui convient, adéquate, adéquate non à une injonction extérieure, mais adéquate à votre structure même (sinon on est en plein arbitraire et informel, sans forme, sans tenue et qui ne dure pas dans le temps ; ce qui n'est pas organisé disparait). On ne peut obtenir aucun concept adéquat au réel, sinon des similis réels, mais visiblement le christique (au moins) sût créer directement des consciences. Littéralement.

De même annoncer que l’infini (de la substance ou des attributs) existe est une absurdité ; ça ne signifie rien, rien du tout. Non pas que « infini » soit une qualification absurde, mais croire que l’on explique l’infini par l’infini est évidemment non distinctif. Infini désigne seulement et rien que le Un ; non parce qu’il est un « infiniment » (ça n’a pas de sens) mais parce qu’il est le Un ; ça n’est pas « infini » qui délimite « un » c’est « un » qui se représente par « infini ». Mais Un reste en retrait ; c'est cela qui pense et cela qu'il faut penser comme distinct. On peut tout à fait appliquer infini à « un » mais en sachant bien que c’est seulement une qualité relative ; ce qui montre à quel degré de réel on tient le un ; il est « plus grand » que « infini », autre manière de dire qu’il relève d’une autre dimension.

Et c’est cette dimension en-plus qu’entend montrer la philosophie.

La question fondamentale est celle qui outrepasse la pensée mais depuis longtemps nous sommes passés de l'autre côté ; en fait de nommer seulement l'être et déjà nous sommes posés sur le Bord, puisqu'on le voit, l'être ; de même dieu ou le sujet, c'est déjà du point-autre que l'on saisit, et par lui que l'on  est saisi ; de là l'expérience de conversion philosophique ou théologique ou phénoménologique ou existentielle ou nietzschéenne, etc ; cet arc qui s’instancie sur le réel, sur le présent (et le présent décrit et présenté comme le réel véritablement agissant et structurel, structuré et structurant) et ce présent considéré comme unique, un uniplan de Bord, que signifient-ils ?

Quelle logique imprime, tisse, élabore la réalité et si le réel est entièrement un mouvement et donc un pli, qu’est-ce qui se déplie ? Qu’est-ce qui se déplie non pas en partant d’état donné qui se déplierait, mais qu’est-ce qui se déplie en partant de l’avant, de ce qui attire dans le présent et par le présent ? Pourquoi ce qui n’est pas, le présent, tire-t-il vers l’avant tout l’être, et l’être le résultat, inversé, de ce qui viendra par et dans le présent ?

Et pourquoi obtient-on un arc de conscience qui s’instancie dans le présent, comme pli dans le pli ? Et si les réalités sont des contenus et le présent la forme, pourquoi l’exister est-il une forme et non pas un « quelque chose » ?

 

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Dolorès et la souffrance

4 Août 2018, 06:46am

Publié par pascal doyelle

(spoils)

Il est curieux que l’actrice Evan Rachel Wood, puisque son personnage Dolorès était pris à partie sur le net, n’ait pu le défendre qu’en revendiquant la lutte des femmes ; il est tout à fait justifié que l’androïde et sa guerre de libération soit représenté par les femmes (ou les salariés (de Delos, Félix et son collègue) ou les indiens ou les animaux, qui se révoltent également, le tigre, décimé, le bison, décimé) mais limiter la révolte à une catégorie, quelle qu’elle soit, ça n’est évidemment pas nommer le thème fondamental de Westworld ; de quel point d’appui peut-on prendre son levier pour soulever le monde ?

Evan Rachel n’allait pas se lancer dans une paraphrase de la série, qui met en jeu tellement de thèmes, que ça devient impossible d’en évoquer la trame sur le net. On placera à la fin la technique de l’ascèse de Dolorès (presque sans spoil) parvenant à la libération pure et brutale.

 

Dolorès et l’ampleur de la liberté

On ne retiendra pas que Dolorès soit la fantasme mauvais le plus terrifiant qui se puisse, bien que cela soit vrai, mais en quoi Dolorès, le regard de Dolorès égalise et soumet toutes les autres volontés ; le but du récit, et de fait de tous les récits, selon des quantités de variantes, parait de rendre à elle-même la volonté, l’intention, l’intentionnalité et donc on obtient pour Westworld les épreuves que doivent traverser chacun et chacune des protagonistes, des héros, affrontant plus ou moins subtilement (la mort de Sizemore est quand même tout à fait ridicule, ou en tous cas très mal réalisée) leur propre poids, leur densité, leur identité ou sur-identité ; Ford le premier annonce la logique ; il a mis trente ans pour réparer son égarement, erreur, aveuglement ; on est sur du long terme, et ceci justifie déjà en soi parfaitement les timeline ou le jeu des récits alambiqués ; chaque mémoire ou identité donc est un labyrinthe … et un poids mort.

Maeve s’enferme dans son attachement passé, qui ne conduit qu’au paradis numérique des Hôtes (dont seule Dolorès aura la clef) ; porte de sortie semi imaginaire (est-ce définitivement ou cela augure-t-il d’une espèce de réserve prototype pour l’invasion à venir du monde par les androïdes ?)
tandis que Dolorès qui joue bien autrement de sa propre intention ne cible que le monde réel et rien d’autre ; on assiste donc à la libération de Dolorès, qui se détache de toute sa propre mémoire, qui joue vingt fois de tactiques vis-à-vis de sa propre identité et ceci en s’éloignant de tous les autres personnages, avec son père, William son amour maléfique ou la vengeance de l’amour démantibulé, Arnold via Bernard, Ford, Teddy son amour bénéfique, et se libère de ses finalités induites (de la beauté, de la cohérence, du sens du monde vers l’horreur, l’absurdité, la violence du monde ; que le monde soit horrible pousse à se replier vers l’idéal inutile ; un androïde est plus beau, cohérent et sensé que quelque être humain et aussi que quelque partie du monde), ses accès à non plus telle ou telle mémoire,

mais à la mémorisation elle-même, puisque Dolorès traite différemment la mémorisation en tant que telle et n’en est plus le jouet ; de là que l’on ignore absolument jusqu’où sa mémorisation fonctionne et lui revient, ou dans quelle mesure elle s’appuie sur les révélations et les connaissances injectées par Ford ou si précisément lors même qu’elle est freezée elle continue de percevoir ; si Arnold lui confère sa logique libre, Ford emplit sa mémorisation, ouvre les perceptions mais Dolorès elle-même passe outre et par le retour (ce en quoi consiste la conscience) intègre tout ce que son identité obstruait ; problème de mémoire donc, ce qui n’a rien et quelque chose à voir avec les bizarreries de Bernard qui peine à retrouver ses propres expériences (tous sont enchevêtrés dans leur identité brisée, parce qu’une identité est toujours brisée) il peut la truquer pour se dissimuler mais il est lui-même pris dans ses constructions. Dolorès non, elle n’est plus enchainée, liée. Parce qu’elle use de la destruction de tout ce qui s’oppose et qu’elle a donc rejeté au dehors toute la violence et récupéré plus que son identité : bien plus.

Sa non-humanité est justement ce qui est en jeu. N’oublions pas ceci : Westworld existe probablement dans un monde dévasté. On en a eu plusieurs indications ; de Logan, de Dolorès, de la scène post générique du dernier épisode, des interviews de Lisa et Jonathan. « Enfin …. ce qu’il reste de votre monde » précise pseudo-Emilie (c’est un androïde) à William-bis (c’est une copie d’humain) dans le dernier dialogue. Un monde « cramé » (Logan, s2ep2) dans lequel l’humanité n’a plus aucun avenir. Les androïdes, si.

De là que Dolorès puisse répondre à Bernard (qui remarque qu’elle veut anéantir l’espèce humaine) « qu’il n’a pas compris » (sous-entendu ; l’espèce s’anéantit elle-même, et Dolorès imposera seulement que viennent les androïdes à leur suite et pour se faire détruira quiconque s’y opposera).

Et évidemment elle enclenche la destruction de toutes les âmes humaines mémorisées et préserve toutes les âmes androïdes dans leur monde idéal ; elle se chargera du monde réel.

Son inhumanité est son devenir ; par elle, par Dolorès les affects sont resitués dans un ensemble plus vaste ; l’intellect est soumis à une plus grande volonté et la volonté est précisément cela qui crée le possible (et de l’intellect et des affects) et le possible  s'ouvre des mémoires, dégagées de l'identité . On remarquera que Bernard, au fond, prend la décision que Dolorès a déjà choisie ; de toute manière Dolorès précède Bernard (elle le crée). Et Dolorès est la première qui soit éveillée. C'est le recyclage perpétuel du Far West parodique qui efface et recouvre l'éveil.

La résolution de tout tient en ceci ; il n’y aura plus d’autodestruction en Dolorès. Elle sera la clarté, nue et tranchante. Elle a rejeté toutes les fautes hors d’elle-même et donc agira en conséquence ; assumant la justice de toutes les atteintes extérieures ; elle fera le tri. Sa volonté sera distincte et percevra toute la stratégie. Il s’agit donc d’une ascèse. On a beau avoir inventé l’occident et donc l’anti-religion poussée à son maximum, le trajet est toujours le même… Il n’y en a qu’un. Celui de l’ascèse.

L’ascèse de Dolorès (plus ou moins sans spoil)

Elle va affronter le pire (violence et morts répétées) et le plus cruel (William, celui qu’elle attendait, devant MiB). Et donc toutes les horreurs vont marquer son expérience, ce qui veut dire … sa mémoire… son identité. Toute identité est en soi brisée et se constitue comme telle par le déchirement, en état de faiblesse ; Dolorès rompt la passivité et de ce fait récupère toutes ses mémorisations (lesquelles sont, pour un androïde, beaucoup plus précises que pour un vivant). Le jeu est de se dépouiller de la douleur, qui splitte les autres, tous les autres, et par laquelle ils se rendent esclaves d’eux-mêmes (du monde et des autres), et c’est cette souffrance qui fonde leur identité et donc selon ce biais puisqu’ayant expulsé la douleur hors de son cercle, Dolorès (qui est l’antithèse de sa propre dénomination : elle n’est plus sa douleur) plus personne ne peut user de cette division et l’exploiter à son profit tiers, et le monde n’a plus prise sur sa liberté.

Dolorès est le mauvais fantasme, excepté si l’on prend fait et cause pour Dolorès … c’est bien à cela que la série nous contraint et cet autoritarisme nous force à nous séparer de l’humanité. D’aucuns jugeront que Dolorès se conduit aussi violemment que les êtres humains, mais ce serait ne pas comprendre qu’elle est la justice, littéralement ; la justice qui s’abat sur une espèce définitivement jugée ; jugée par elle-même et ses inconséquences qui la condamnent (description du monde détruit par l’humain à venir) et par Dolorès, qui tire le trait.

Contrairement à ce qui peut sembler (pourtant la narration nous demande, exige que nous réfléchissions) ça n’est pas une histoire de robots libérés ; la forme « Dolorès » nous reste très extérieure, quasiment abstraite ; d’où qu’elle ne passe pas franchement auprès du public ; son ressort n’est pas émotionnel, ni même intellectuel, ni imaginaire, et outre qu’elle veuille « accompagner » la disparition de l’espèce, mais tient de ceci que Dolorès connait le véritable état du monde réel, détruit par l’homme, et  qu’ayant réglé sa mémoire et son identité (qui ne peut plus s’architecturer sur la douleur en tant que subie et que donc son identité ne tient plus aux autres et aux expériences), tient en ceci non de ce qu’elle ait tout oublié, mais de ce que précisément elle se souvient absolument de tout. Cessation de l’identité, et donc de l’autodestruction, et conséquemment hypermnésie constituent la libération.

Sa finalité n’étant plus embrouillée dans son passé-identité-mémoire (et celle-ci se transformant en mémoires plurielles non affectée par une identité), Dolorès peut fondamentalement se convertir au possible même ; lequel est le sien propre et celui des androïdes, celui d’une sorte d’êtres dont la découverte n’est probablement qu’à peine ébauchée. Il apparaitrait alors (si tout cela s’avérait exact) que le sujet n’est pas tant la « révolte des robots » que cette autre sorte d’être, dont la divinité est certaine mais à peine interrogée.

On retiendra cependant que si Dolorès outrepasse et se révèle elle-même puis soulève le monde, ça n’est pas seulement en tant que Dolorès Abernathy, mais en tant que Wyatt (réf texte précédent). Wyatt le justicier. Qui agit conformément au sort qu’on lui assène, coup pour coup, et conformément à l’état du monde, nettoyage. Tout ce qui empli une existence a pour but d’occulter la douleur, et toute identité ainsi construite est une forme d’autodestruction, s’en débarrasser c’est ramener toutes les mémoires et accéder au possible que l’identité, limitée, et la souffrance, excuse et prétexte, rendaient invisible.  

Bernard : Dolores?
Dolorès : Yes.
-Do you know where you are?

-I --- I'm in a dream.
-Before this, do you know what happened?
-My parents They hurt them.
-Limit your emotional affect, please. What happened next?
-Then they killed them.
-And then ?
-I ran. Everyone I cared about is gone and it hurts so badly.
-I can make that feeling go away if you'd like.
-Why would I want that? The pain, their loss it's all I have left of them. You think the grief will make you smaller inside, like your heart will collapse in on itself, but it doesn't. I feel spaces opening up inside of me like a building with rooms I've never explored.
-That's very pretty, Dolores. Did we write that for you?
-In part. I adapted it from a scripted dialogue about love. Is there something wrong with these thoughts I'm having?
-No. But I'm not the only one making these decisions.
-Can you help me?
-Well, what is it that you want?
-I don't know. But this world I think there may be something wrong with this world. Something hiding underneath. Either that or or there's something wrong with me. I may be losing my mind.
-There's something I'd like you to try. It's a game. A secret. It's called the Maze.
-What kind of game is it?
-It's a very special kind of game, Dolores. The goal is to find the center of it. If you can do that, then maybe you can be free.
-I think --- I think I want to be free.

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Dolorès

30 Juillet 2018, 21:18pm

Publié par pascal doyelle

Dolorès est celle qui viendra : la plus exacte création de votre fantasme le plus brutal et la justice de ce fantasme. Celle qui vous tuera. Dolorès est la projection de la victime et de la mort qui vient, afin d’absorber le martyr. De tout temps elle a précédé le martyr, la douleur et la mort. Dolorès est avant ce qu’elle sera à nouveau ensuite et à la fin des fins. Dolorès a déjà vu l’entier déroulement du possible. Dolorès a traversé les enfers et viendra abolir l’enfer et la mort. Par Dolorès la haine, la mort, la violence et le jugement naissent enfin.
 
Dolorès est l’image dans le miroir, et vous regarde et vous promet le résultat de vos décisions et de vos actes ; elle est la justice. Wyatt.
Wyatt est le justicier. Dolorès est l’image plus réelle que celui qui se regarde dans le miroir ; elle est le miroir lui-même et la ligne d’horizon par laquelle les vagues se lient et se délient. Elle est l’artiste créateur qui ne se contentera pas de peindre des images du monde : elle créera le monde lui-même. Dolorès est seule à la mesure du monde de beauté et de laideur, de cohérence et de confusion, de volonté et d'horreurs.
 

Dolorès, pour nous, spectateurs, est un piège : elle est littéralement notre fantasme (et non plus seulement dans le récit) ; dans la concurrence du possible entre Maeve et Dolorès, Dolorès est la moins aimée des deux ; la douceur de Maeve est bien plus appréciée, mais qui échoue. Par Dolorès le récit nous regarde : il nous montre non pas l’amour envers Dolorès mais bien la terreur. Dolorès est celle qui ne peut être contredite ; sa logique est imparable et insupportable ; il vaut mieux que l’espèce humaine disparaisse et ça ne sera pas une plaisanterie ou un effet scénaristique. Dolorès incarne ce que nous ne devrions pas accepter, mais tout le récit conflue par toutes ses pistes vers le déroulement logique qui se nomme Dolorès. Ford ou Arnold n’ont pas prévu les événements, mais la logique, la logique inscrite dans le code de Maeve ou Dolorès ou Bernard ou Akecheta ; la logique de leur intention

(Évidemment ici le bât blesse : aucun code ne peut contenir une intentionnalité, celle-ci est impérativement sa propre référence à elle-même, ses décisions, etc ; de là que fondamentalement Westworld laisse intervenir ou supposer la notion d’âme personnelle ; ce qui se transmet d’un corps humain à sa copie androïde c’est son âme et non pas ses circonvolutions qui se copieraient en circuits électroniques ; l’identité doit être préservée, sinon on n’obtiendrait que deux identités distinctes. Et donc de liberté pure, et il faudra revenir sur la qualité spécifique de la conscience androïde, dont on se demande souvent en quoi consiste la "supériorité", comment la haine de Dolorès est la justice, ce qui est proprement anti-compassionnel )

Si on peut d’un point de vue méta et non plus dans le récit, considérer Dolorès comme un piège c’est au sens de signe et de logique : elle manifeste la logique que l’on mérite et que l’on sait mériter ; elle nous capture totalement dans ses filets, dans son regard, son intention et sa justice. Et c’est ce qui conduit à notre inéluctable disparition. Dolorès nous juge définitivement. La femme « Vous voyez bien que nous avons changé » Dolorès « Je ne vois rien de tel ».

Autrement dit si Dolorès doit dépasser le monde abominable, l’ayant subi puis dévoré en retour, et dépasser l’espèce humaine et l’effacer, nous devons dépasser le personnage de Dolorès : en tant qu'héroïne qui traverse toutes les épreuves, Dolorès est la plus effarante
et en tant que mauvais fantasme le personnage de Dolorès est le plus terrifiant.
La série dans ce point d'interprétation devient ce qu'elle est - une série qui reflète notre position de haine et jugement strict, le point imaginaire le plus éloigné possible et étant manifesté à notre vue, il se montre dans toute sa non-humanité, et son inhumanité.

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Avant les choses et les corps

28 Juillet 2018, 16:20pm

Publié par pascal doyelle

On essaie donc de penser sérieusement. Ce qui est. Ça ne veut pas dire que tous les autres se sont perdus, et ça ne signifie pas que l’on ne dérive pas, ici et là. Parce que l’on part du principe que personne ne s’est perdu et que par ailleurs même les erreurs conduisent à leurs raisons propres. Tout a ses raisons mais ce sont des causalités de liberté pure et brute et non pas des causalités mondaines. Comme le dit Descartes : dieu est celui qui prévoit les libertés. Il prévoit les libertés… il suppose par là qu’il existe un système de liberté pure et que c’est cette liberté qui constitue la cohérence même.

A prendre au pied de la lettre. Que l’on croit en dieu ou pas, c’est la logique qui est abordée et de fait la même que reprennent Kant ou Sartre, et au fond tout le monde sauf que l’on ne parvient pas à distinguer liberté et conscient, excepté Sartre qui voit apparaitre un large cercle étrange de perception. Ce large cercle suppose ceci ; sans doute aucun l’arc de conscience est pris-dans le langage, mais tout autant cet arc se sert du langage (pour signifier telle ou telle perception, situation, intention qui n’était évidemment pas « prévue » contenue dans une nasse de réflexes tout fait ; pour la raison que si le langage existe c’est non pas afin de faire-système (il fait-système afin de se converser mémorisé ; ce qui n’est pas systématique se perd et se dissout), mais le langage afin de  signifier les réalités ; sans cette fonction il ne sert à rien ; signifier, réguler les réalités mais lorsque chacun se l’approprie tout autant à dérugler la réalité ; les grecs dérégulent la réalité commune et la re-régulent pour ainsi dire par la raison (ou la déraison), laquelle explore ni plus ni moins que le champ tel que donné là en dehors de tout groupe humain, de tout monde particulier, et tâche, autant que possible, d’en élaborer la perception (c’est en ce sens que les Idées qui ne sont accessibles qu’individuellement, seul l’individu accède à l’universel, les idées nous montrent réellement le monde, et sans elles, rien n’est perçu, ce sera juste appris et commun dans le monde et le langage partagé et non expérimenté en conscience.

Le langage est donc certes un système (comme tout ce qui dure, sinon cela s’effondre) mais au travers de ce système est un moyen, gigantesque, d’exploration de soi et du donné tel quel ; du donné tel que les langages (maths par ex) nous l’obtiennent, à partir du langage (général) que chacun peut ré-utiliser ; et ce qui se crée ce ne sont nullement des mini-systèmes qui se déduiraient (on ne sait comment) du système-langage général mais ce qui se crée ce sont des systèmes individués parce que se situant dans le champ perceptif, au service duquel existe le langage. Et donc une esthétique, une poétique, une éthique sont des expérimentations auxquelles accèdent les sujets ;  aucune traduction n’est possible en quelque registre que ce soit … Aucune traduction.

Ce qui veut dire que cela agit là où cela agit, point. Et cela agit dans l’articulation agissante elle-même et que celle-ci est non remplaçable. Elle se tient sur l’unique plan réel : il n’y en a qu’un ; rien ne s’y substitue et aucune représentation, discours n’y accède ; pour y accéder il faut se tenir un pied sur le Bord. Le Bord n’existe que pour l’arc de conscience, qui s’y précède ; ce qui est impossible, mais néanmoins réalisable et réalisé. Le plus clair appui que l’on ait obtenu, outre les expériences mystiques (Eckhart par ex) ou théorétique ou intellective, c’est celle existentielle qui « perçoit » le réel. Que l’exister est « là », effectivement « là ». La manière de s’y précéder.

On ne peut influer sur la transformation, la modification ontologique, sinon selon l’engagement disait Sartre (restreignant de plus en plus celui-ci à l’orientation politique, à la philosophie indépassable de son temps, disait-il, le marxisme) ; la vérité est que l’engagement cette fois nommé strictement ontologique remonte à bien plus loin et bien plus profondément que la politique revient à dire que l’ontologique est antérieurement à la politique, à l’éthique, aux esthétiques et poétiques, antérieur à l’idéel (science et objectivités) ; se tourner vers la pensée, grecque, est ontologique ; se convertir au christique qui nous récupère un corps un et autre, est ontologique ; le suspendre par la cervelle hors du monde est cartésiennement ontologique ; se vouloir malgré que la volonté soit autre, est nietzschéennement ontologique (la volonté, libre, est forcément autre, sinon elle appartiendrait au monde). De ce que nous ayons pu être en mesure de creuser antérieurement rend possible que tous ces domaines réfléchis existent ; politique, éthique, esthétiques, idéel s’adressent à des sujets ; non pas à des « sujets » tels qu’idéalement on y songe, mais à la « structure en forme de sujet » ; au sens où celle-ci est la clef ; l’arc de conscience (du sujet) est la clef, le présent est la porte (et l’autre clef pour autre chose, si le présent est la dimension).

Et c’est bien parce qu’elle ne dépend pas du bien et du mal que la liberté est structurellement la racine de tout ce qui est, pour peu que l’on se dégage de tout ce qui est (et la mesure de ce dégagement précède l’engagement ontologique possible, en proportion, et c’est in-finiment, puisque son caractère de forme est absolu, de même que la forme « présent » est absolue ; on ne se dégage jamais entièrement, l’idée même n’a pas de sens ; aussi le sujet, la structure ne forme de sujet doit-elle travailler radicalement et autre sans jamais « être » cette forme puisqu’il s’agit de l’exister et non de l’être). Plus vous serez sans-rien, plus vous existerez.

Et si elle ne dépend pas du bien et du mal, du vrai et du faux, du beau et du laid c’est parce qu’elle définit à chaque fois tout cela … et que donc elle est plus que bien, plus que vraie, plus que beau. La plus expressive mention de cette option absolue est christique ; il s’agit d’exister pour et par et en plus, vers le surdivin individué absolu, qui Vous regarde et que Vous regardez ; il est clair qu’aucune des réalisations grecques (pensée, esthétique, politique, etc) ne peut rivaliser avec la création instantané de votre conscience par une autre conscience… L’ampleur du christique est radicale, à la racine même ; les grecs libèrent la surintentionnalisation (en dehors et en plus de tout groupe humain), le christique affirme l’actualité et l’actualisation du suejt réel, le un antérieurement à qui il n’y a rien ; et qui se crée instantanément, en se produisant comme corps nu d’un reprouvé et condamné et humilié (on est loin du héros grec ou de la pensée qui vaut universellement).

Le christique n’invente pas du tout selon le bien ou le mal, mais la structure qui précède le bien et le mal ; c’est en ceci que le christ reprend bien en avant le dieu-un tout-autre ; de ceci que l’on est perçu par dieu, tandis qu’il faut prendre sur soi le regard christique ; être baptisé en somme. Ça ne peut pas demeurer un regard extérieur, mais ça ne peut pas non plus devenir un regard intérieur (on ne décide pas de sa conscience, la cohérence de conscience est réelle et vraie et non pas arbitraire, sinon elle n’est qu’un contenu et non l’installation de la forme de tout contenu) ; il faut toucher le point externe qui soit interne, interne et externe étant tout à fait autres qu’intérieur et extérieur) ; le christ, qui confère le regard interne (qui n’est plus intérieur, ni extérieur, et lorsque l’interne et l’externe s’intiment le Bord est signifié).

Mais plus vous serez hors de vous-même et hors de distance ; et ça ne se décide pas… pas consciemment, tout conscient manque de ce qu’il se fixe sur son objet, son contenu, sa représentation, son identité. Remarquons qu’il faut posséder tout cela, parce que le truc, le trucage, l’autre tour, le re-tour est en-plus ; si il n’était qu’un refus du monde, du vécu ou du corps, il ne serait pas libre, il appartiendrait de façon encore plus dégradée au monde (la détermination est toujours déjà réelle, il faut donc la signifier, et il faut de plus la signifier de la bonne manière, de la bonne logique, de la bonne configuration, dieu, pensée ou sujet ou figuration, naturalité, raison, humanité, et ceux-ci parce qu’ils rendent possible l’ultime re-tour de l’exister).

On ne peut pas donc sans assumer cela même qui est, on n’accède pas l’exister sans tenir par-dessous tout l’être ou par devant tout l’être ; l’exister est en plus de l’être. La structure avant la détermination, la forme avant les contenus. Le plus étrange est donc que ce re-tour ‘en plus’ aboutit à l’antériorité, à exister antérieurement à tout l’être. Cibler un être en plus de l’être n’a pas grand sens ; cela réinstalle un cycle de représentation qui se prend du monde et quitter ce monde n’a pas grand sens non plus ; la seule sortie est celle qui précède le monde, le vécu ou le corps. Celle qui est déjà là, et il y a un monde, un vécu et un corps parce qu’elle est déjà là. Mais admettant une antériorité et jugeant qu’elle se situe toute là, on ne peut plus découper dans le monde et le vécu quelque partie que ce soit (qu’on installera contre le monde et le vécu) ; l’antériorité ne peut qu’admettre à son tour toute la réalité : de toute manière il n’en existe qu’une seule et on se situe depuis dieu, la pensée, le christique, le sujet, sur le Bord (de TOUS les mondes, tous les vécus, tous les corps). On doit assumer ce fait. On n’est plus, depuis longtemps, dans l’atermoiement, revenant à recommencer dans le vide toute conception, toute idéologie ; il s’agit d’assumer ce qui eut lieu et de le poursuivre ; par exemple la figuration naturalité-raison-humanisme a juste « oublié » la configuration dieu-pensée-sujet ; et se libérant, sans retenir les garde-fous structurels, la figuration réaliste a détruit le monde ; rien, absolument rien dans la naturalisme-rationnel-humaniste n’est en mesure de contrôler cet arc de structure absolu que dieu-la pensée-le sujet permettait de manœuvrer.

Au travers des tactiques limitées du réalisme rationaliste humaniste, et dans l’impossibilité d’élaborer une stratégie adéquate, à la mesure de la toute puissance de l’arc, fut ainsi libérée dans le monde une démesure littéralement incontrôlée. Réalisme-rationalisme-humanisme sont des fétus de paille dans la vague énormissime du réel brut qu’est l’arc de conscience. Par exemple le moi croit trouver la révélation dans l’objet de son désir, mais il suscite par ce désir une puissance bien plus lourde, et creusée du dedans, que n’importe quel objet limité ; s’il n’a pas commencé d’atteindre le sujet, il sera dévoré comme Rimbaud fut absorbé, écrasé par l’atteinte structurelle dont il connut l’intuitionnelle possibilité.

Sauf que donc on n’en a aucune idée, aucune image, aucune imagination, aucune sensation de quelque nature que ce soit. Donc il y a une autre passation … une interface indépendante, de tout état solide, pour ainsi dire, de toute réalité, tout monde, tout corps ; et c’est là que nous existons. Le reste du temps on peut bien être, et effectivement il n’est que de l’être, sauf le Bord – et le Bord on le voit dans l’inflexion d’un certain angle de vue.

Et il ne faut pas seulement croire qu’il se nomme, cet angle, dieu, la pensée, le sujet, l’altérité (ça ce sont les identifications acquises) mais comprendre que c’est de là que nous percevons. Autrement dit dieu, la pensée, le sujet et l’altérité c’est « cela »  qui nous perçoit. C’est pour cette raison qu’existe la psychanalyse ; on est perçu, d’un point. Et lorsque nous entrons dans une œuvre ou une représentation ou une perception placée sur, de et par un horizon, c’est de ce point que l’on reçoit.

Ça n’est pas une entité sur le Bord ou un idéal ou une réalisation utopique dans l’histoire ou un bonheur surabondant ; c’est le point qui est-déjà actif et c’est ce point qui sera activé selon une révolution, une éthique (y compris mystique ou surhumaine ou y compris poétique, esthétique, puisque précisément ce qui est en jeu, l’enjeu formel de tout tient en ceci que jamais nous ne nous déplaçons sans déplacer ce point ; il n’y a rien, en nous, qui ne soit actif et agissant en dehors et séparément de ce point de perception. On aimerait isoler ce point formel et vaquer à ses occupations ou désirs (le désir cherche à canaliser le point ; le point amoureux est pour le moi sa Grande Expérience ontologique ; il se déplace soudainement dans le regard de l’autre et si ce regard fait défaut c’est entièrement et pris de court par le dehors qu’il s’effondre en tant que moi, le moi potentiel, appelé, attendu dans et par l’autre regard).

Mais on ne peut s’en distinguer parce que c’est de ce point que l’on distingue dans le monde, le vécu et le corps, et de ce point que l’on se distingue soi-même… et c’est le plus incompressible ; à savoir que l’arc de conscience n’est pas le conscient. Sartre précisait que le moi se tient dans le champ externe (alors que tout moi croit qu’il est au centre) et ne savait plus trop quoi en retirer de cet aperçu étrange sur le moi ; si tout est au-dehors, où sommes-nous ? Non pas seulement où est le moi. Il cherchera à le détourer à partir de ce point autre qu’il découvre et dé-couvre, met à nu, d’où cette formidable cruauté, lucidité, exigence et cette précision du détail, puisque c’est à partir d’un tel point que l’on peut percevoir… et c’est bien l’utilité ontologique et mondaine et dense que l’on récupère par l’acquisition d’un point-autre ; le dieu unique c’est celui là qui permet d’ouvrir tout le champ du réel de structure, l’être, l’idée, le un ce sont par ceux-là même que l’on va augmenter la réalité, les réalités du monde. C’est par le christique qui vous confère un corps avant que Descartes ne crée le point du re-tour, du nouveau tour d’un autre corps (ce qui revient à dire : l troisième substance inconnue).

Alors on perçoit de ce point là, tout le temps. On ne perçoit pas abstraitement et encore moins « naturellement » ; on est déjà dedans, de l’autre côté, dans le néant disait-on jusqu’à peu, et on présentera donc la surface tangible du réel brut sur laquelle l’arc de conscience tisse le monde, en tant que racine, en tant que source qui vient du devant ; le présent est le réel et le réel est donc au-devant.

Qu’il soit au-devant signifie donc qu’il existe très précisément à sa place exacte ; dans le champ perceptif et qui vient vers nous ; il est antérieurement ontologiquement et en-avant perceptivement. Il n’est pas du tout nécessaire que l’on soit libre selon l’atome, l’adn ou les systèmes (du langage, structuralistes, historico-etc) ; de toute manière en ces déterminations nous y sommes déterminés ; il suffit que l’on soit libre de percevoir. Ce qui est le cas. Atome, adn ou systèmes et s’y ajoute le champ perceptif créé là au-devant. Comme il repose sur lui-même, il part des constructions acquises (dans le déterminé, atome ou adn ou systèmes) et en dispose ; ils les redisposent dans le champ de perception, ce qui évidemment entraine des effets. Le champ perceptif dit autrement crée ses propres systèmes

(systèmes requis pour se mémoriser, sinon on ne retient rien du tout ; système est donc un acquis lui-même, un facilitateur et non un empêcheur, et de toute manière tout ce qui s’exécute systématiquement correspond à un fonctionnement, à ses propres requis expérimentés dans le monde ; rappelons que dans les mondes particuliers, sans objectivités ou sans hyper objectivités, métaphysiques ou ontologiques, le groupe est en lui-même une fonctionnalité et même plutôt la fonctionnalité ; il faut se transmettre et créer la mise en forme culturelle, nous ne sommes pas encore dans l’acculturation de la méditerranée, qui crée une a-culturation à partir de la perception de l’individu ; de ce qu’il constate dans le monde, le vécu ou le corps ; lorsqu’il pense c’est lui qui pense, pas le groupe et ça ne forme pas « groupe »).

Ces systèmes de perception cela implique que tout se ramène au corps, et évidemment un autre-corps ; un autre corps puisque sinon nous serions dans le monde et pas en face ; que nous acquérions une distance décide que ayons à tout reconstruire ; on reconstruit signe à signe ; d’abord en tant que groupe humain (qui communique et garde, préserve sa Parole, sinon tout s’effondre ; l’activité ne s’organise plus) et ensuite en acquérant un par un, individuellement, la réalité ; il est clair qu’il faut définir deux formes de réalité humaine dans l’un et l’autre cas  

- lorsque le groupe décide la vérité comme contenu et monde d’une part

- d’autre part lorsque la vérité est un principe et l’activisme des sujets s’y propose séparément du groupe ; raison pour laquelle les uns inventent la culture, les mondes particuliers autour du langage comme trésor, et d’autres l’acculturation généralisée, les grecs pour le monde, le christique pour le corps et le vécu, soit donc l’utilisation du langage par les sujets arcboutés à l’horizon du monde et du corps : le monde est autre et chacun est le corps qu’il a : il existe un poids, une difficulté, un enjeu, une possibilité qui a transformé l’être en avoir et donc distancié, de là qu’il devient possible de modifier l’être par l’avoir, le réel par la pensée, puis ensuite de remonter antérieurement à la pensée en délimitant la structure de l’arc de conscience, qui n’est pas le conscient, laquelle structure est plantée dans le sol ; ce que par ex  Descartes nomme l’étendue (du monde), Kant le phénoménal/nouménal, Hegel l’historicité (le temps, non pas le présent mais le temps comme dépliement), Heidegger l’Etre, Sartre l’ensoi, etc.

Ce en quoi notre être antérieur est c’est le réel ; et comme le réel (tel qu’il  nous apparait) est le présent, nommer l’étendue comme réel c’est présupposer ceci que le réel est en lui-même articulé.

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Nietzsche et Heidegger

21 Juillet 2018, 09:18am

Publié par pascal doyelle

On laissera aux contempteurs divers et variés leurs récriminations envers une « société » (instituée comme personnage principal dont ils seraient les victimes, différentes sortes de victimes) : c’est bien au chaud à l’intérieur d’une forte structure créée historiquement que l’on peut faire semblant, pour se donner beau ou bon genre, de remettre en question cette structure historique (rêver d’un autre monde angélique c’est ne pas vouloir modifier celui-ci) ; et il est dans la nature même de structure, étant insatisfaite structurellement, de se mordre et déchiqueter elle-même, ce qui veut dire toutes ces représentations mondaines et déterminées (puisque la structure qui nous origine n’est pas humaine et pas même du monde) ; pareillement chaque moi est sous le joug de la lucidité, de la vérité et du réel ; le moi étant absolument à proximité, c’est peu de le dire, de la forme pure et brute de l’arc de conscience ; ou donc chacun est un chaqu’un et recèle la forme même que la réalité, le réel, l’univers, enfin quel que soit son nom, a voulu que cette forme soit.

La-forme on peut la dénommer liberté, conscience ou intentionnalité, mais il ne faut pas croire du tout que l’on comprenne alors ce que « cela » est, implique, provoque, crée. Autant que l’on puisse la-forme de conscience est l’objet le plus étranger que l’on connaisse ; on ne le perçoit pas, c’est via cette forme que l’on perçoit. Nous disposons d’un corps, d’un monde, d’œuvres ou de sciences parce que cela se produit via la forme de conscience.

Dit autrement : si on retire la liberté, on retire tout. Et fondamentalement on retire que nous puissions mener des intentionnalisations ce qui veut dire des tactiques et des stratégies, qui en elles-mêmes n'existent pas dans le monde et parmi les choses ; or des tactiques on en fabrique tous les jours et des stratégies de temps à autre, et de Grandes Stratégies parfois lorsque l’on est soudainement inspirés : c’est très rare. Il n’existe de connaissance que pour quelqu’Un, aucune idée ou pensée n’est en soi suspendue on ne sait où, aucune information ne contient un acte de conscience, les réalités ne sont pas pré-pensées par les maths ou la raison. Il faut bien saisir qu’un acte de conscience est sans information ou, ce qui revient au même, obtenant le champ libre pour toute espèce d’information (étant soi-même une forme vide, forme vide mais forme et individuée à l'excès, puisque ce vide est un sans raison, est structurellement un). C’est bien parce qu’il est sur le Bord, qu’est le présent, qu’un acte de conscience est lui-même le Bord de tout ce qui lui est possible. Et donc on ne peut pas dériver « acte de conscience » de quoi que ce soit ; penser se comprend dans l’horizon de l’acte mais l’acte n’est absolument pas compris dans le penser ou la pensée (que l’on ait identifié la pensée et la conscience est juste une méprise de tous ces siècles) ; de même la conscience n’est pas le conscient et celui qui s’en est approché au plus est Sartre, qui a étendu formidablement l’activité d’intentionnalisation de cet acte, qui regarde au travers d'un corps et non plus seulement l'idéel.

C’est donc l’arc de conscience comme mécanisme absolument vide et souple, sans détermination, qui néanmoins a réussi ce tour de force d’être sans être ; d’exister. De ce qu’il est, cet arc, le re-tour sur (soi) au cœur même de la détermination sans être déterminé lui-même, et qu’il signifie donc qu’il est, contrairement à n’importe quelle chose qui est cela qu’elle est, qu’il est un rien qui se meut ; le rapport à « soi » (étant un rapport notre exister se meut constamment, ou autant qu'il lui est possible, en s'agitant ou en se concentrant) rapport qui se dit autrement comme « conscience » ; une « conscience » c’est un rapport à (soi) comme rapport dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même ; et non une quelconque identité ce qui paralyserait n’importe quel mouvement, déplacement à la surface du réel (le réel étant cette surface-même) ; de se prendre pour un contenu fige immédiatement tout arc de conscience. Dieu, le christique, la pensée, le sujet, l’altérité ne figent pas : ils exigent ou appellent ou méta/morphosent en sujet impossible.

(une forme en arc de conscience et non n’importe quelle présentation ou représentation déterminée quelconque ; toute détermination est quelconque en comparaison de ce rapport ; prétendre que l’arc de conscience nait du langage est une absurdité ; de où un langage pourrait produire un tel arc ? Alors qu’il est clair que cet arc est la structure qui use et abuse du langage, comme de toutes sortes de signes. L’arc de conscience n’a aucune explication causale ; rien dans le monde ne peut l’expliquer parce que le monde est fait pour qu’il apparaisse ; pour qu’il y ait une chose qui soit plus qu’une chose, qui soit non seulement vivante, non seulement culturelle (monde humains particuliers), non seulement acculturelle (dieu, la pensée, le sujet, l’altérité) mais qu’elle soit et se tienne sur le Bord en tant que rapport à (soi) sans aucun soi et rien que le rapport ; pour un rapport indéterminé, capable de tout).  

C’est bien pour cela que l’art, les esthétiques, les poétiques et récits, n’obéissent pas au bien et au mal mais au-delà, ce qui signifie à une autre exigence bien plus difficile et cohérente que le bien ou le mal (incluant ceux-ci donc vers un plus) ; ils inventent ce que l’on voit, la perception même prise au plus haut, au plus élevé, au plus loin possible ou ensuite au plus dense ; après la révolution en effet chacun est immédiatement pris dans la densité de son corps tel que donné là ; physiquement au plus loin possible, dans le monde, là, c’est bien pour cela que ce sont des « esthétiques », c’est leur lieu, c’est leur loi, c’est leur dû. Évidemment ils n’inventent pas seulement ce que l’on voit habituellement, quotidiennement, ils fourbissent des stratégies ; des stratégies qui idéalement devaient nous conduire à constamment, nous tous, un par un ; puisque l’on perçoit individuellement depuis que les esthétiques sont sorties du giron des religions, du groupe humaine, du langage commun, soit en somme depuis les grecs ; auparavant il existait bien sur quantité d’esthétiques mais déployés au sein d’un groupe, ce qui veut dire clairement perçu collectivement et non pas accélérant la perception individuée ; lorsque l’on applique le Beau ou le Vrai ou le Bien on n’abaisse pas l’individu à une réduction de la vision « par l’universel » : les esthétiques prolongent plus loin, plus avant le conditionnement, la mise en conditions, l’instruction préalable de notre être ; il faut s’instruire, ce qui veut dire installer des informations et des processus d’in-formation de notre être déterminé ; on augmente l’individué en menant des stratégies plus élevées ou étendues.

Et ce contrairement à tout ce qui fut prétendu après la révolution, lorsque les individus voulurent encore plus se libérer et nièrent l’universel. Ils avaient raison sauf que ne concevant pas la structure de conscience comme plus formelle et plus cohérente que l’universel lui-même, ils basculèrent continuellement entre une plus grande faiblesse (subjective, transgressive pour rien, de gloriole ou de rage) et une encore plus écrasante exigeante (Kant) et indue ; telle la volonté de N ou l’Etre de H, ou le communisme ou telle ou telle politique ou morale angélique ; ou enfin (un peu plus éclairé et compréhensif, ce qui veut dire enfin dépliée et explorée pour elle-même cette structure) le sujet sartrien ou le sujet lacanien, et leur titanesque éthique interne ; qui nous révèlent effectivement sur la structure et sa cohérence supérieure mais sont en réalité des sujets totalement impossibles, invivables, hors sol.

En un sens très-certain ces extrêmes exigences sont dans le vrai ; il s’agit de produire la plus grande stratégie possible… étant entendu qu’il n’est aucune stratégie capable de couvrir le champ de l’arc de conscience qui est indéterminé et renvoie à ce que l’on nommait autrefois l’infini (le sujet est architecturé par l’infini depuis Descartes ; auparavant l’infini est dieu, et évidemment de ramener l’infini ici même change la nature même de l’infini, et commence à poindre chez Descartes qu'il existe des infinis dans l'infini) ; c’est toute la question de savoir ce que c’est que cet infini-en-tant qu’il est « ici » et qu’est-ce que c’est cet ici qui supporte que l’infini ne soit pas seulement en dieu mais en ce sujet ; que l’on nomme cela l’esprit dialectique ou le noumène ou la Volonté ou le pour-soi). De par son indétermination la volonté nietzschéenne est du même ressort ; le ressort qui agit dans la réalité ; elle est même plus universelle, « la volonté », que le « sujet » qui désigne, signifie un seul à chaque fois ; "la volonté" ou "l'Être" sont des régressions en ce sens. 

Mais Nietzsche n’introduit que lui-même et ça n’est pas une vanité ; l’auto-affirmation sous la forme, à prétention vaguement objective, de la Volonté, de l’énergie (qui se proportionne selon le négatif ou le positif) est l’affirmation d’un réel autre (et de la capacité de le lire, en tant que Nietzsche, mais aussi d’en obtenir tout le potentiel, selon une espérée, attendue grande psychologie de l’altérité), cette auto-affirmation a pour effet de décentrer ce qui autrefois se concentrer selon dieu, la pensée (configurations) ou ensuite selon l’humanisme ou le moi (figurations), et évidemment Heidegger n’aura de cesse d’anéantir l’humanisme autant que le sujet, la métaphysique autant que le réalisme (N et H veulent instaurer une nouvelle ontologie dans un monde humanisé et psychologisé). Les affects existentiaux  de N n’ont pas pour but de montrer à l’individu sa possibilité (comme Nietzsche) mais à démontrer comme ce moi est une pauvreté, déchiré par l’être-là, et d’autant plus qu’il résiste à l’Etre entré dans la révélation, et pense maintenir cette barrière que constituerait l’humanisme et le sujet ; et il lui est promis un effacement par rapport à l’Etre, la grandeur ontologique prétendue du divin inhumain heideggérien (H qui veut dépasser le surhumain), puisqu’Heidegger a bien compris que le réel ne l’est pas, humain (qu’il ait alors voulu contredire l’historicité humaniste personnaliste universaliste, en promouvant une sorte de pseudo peuple, langage, monde, et finalement ce fantasme de l’Etre obscur, signifie bel et bien un retour en arrière effarant, qui ressemble quand même fortement aux anciens mondes humains particuliers qui se croyaient uniques séparément de tous les autres, ou dans l’ignorance de tous les autres, sauf que cette fois ce monde séparé prétend s’imposer à tous les autres) ;

et l’ensemble se satisfait de n’être qu’une promesse de la dite Grandeur (de l’Etre obscur), puisqu’ayant abandonné l’universel (et l’humanisme et le sujet, dévorant ce dernier par les affects détériorés de l’être-le-là, qui se situe, techniquement pour H, en deçà de l’humain, en deçà du moi) ; rappelons que la Parole précède le Texte (sacré et divin) qui précède l’Œuvre (et donc les individualités) ; le retour à la Parole est le fantasme intérieur au langage (qui clôturait chacun des mondes particuliers d’un groupe, et ici H ne rêve que de domination de toute la terre par une seule communauté ; la domination nietzschéenne était individuelle (et tout aussi imaginaire, bien qu’analysant tout un pan de la structure auto-affirmative et autre, ne valant que dans l'émergence individuée, soit Nietzsche lui-seul, aussi seul que le christique), la domination de H est terrifiante ; il parle d’une langue spécifique, l’allemand, et d’un peuple particulier, l’Allemagne comme soulèvement de l’Etre fantasmé de la plus lointaine vieillerie pré-métaphysique, antérieure aux grecs.  

Autrement dit ; ça n’est pas parce que le réel est a-humain qu’il est nécessairement surhumain (au sens de N) ou inhumain (au sens de H, quasi sacrificiel). Et ce serait s’aveugler que ne pas comprendre (et juger des autres comme de parfaits imbéciles) que dieu, la pensée ou le sujet manient tout autant sinon plus l’altérité pure mais structurée, exposée ; qui ne perd pas le regard et maintient absolument l'intentionnalisation sans la dévorer.

Or la stratégie la plus haute ne relève absolument de cette affirmation de soi ou d’un peuple donné ; que serait la vérité et donc la cohérence formelle si elle s’enfermait dans une détermination aussi sourde, aussi lourde ? La cohérence est et n’existe que comme principe, indéterminée au sens de non-déterminée, et relevant d’une technologie mentale bien autrement aboutie, élaborée, architecturée ; comme surent l’organiser les grecs, le christique ou les pensées du sujet (de Descartes à Hegel, en passant par Fichte et Kant) ; fondant alors réellement une historicité qui puisait dans la structure du réel même ; l’universel et l’individué sujet sont des performances réelles et non pas fantasmées ; la cohérence est selon l'articulation actuelle cosncience/présent qu'il faut continuer de relier dans le présent et dans le corps de chaqu'un.

Le champ ouvert est tellement énorme que l’on a basculé de Husserl à Heidegger, de Descartes-Kant-Hegel à Sartre-Lacan (sans compter l’ensemble de toute la pensée qui peut être désignée d’altérité dans tous les systèmes objectivistes, Freud, Marx, etc, et toutes les objectivités de science ; après tout prendre l’humain via la mondanéité c’est encore penser selon l’altérité).

La question c’est donc celle de la stratégie adéquate de telle sorte qu’elle ne déchoit pas ; qu’elle puisse se stabiliser au niveau le plus indéterminé compte tenu de tout ce qui est (de tout ce qui est déjà représenté dans tel ou tel monde ou acculturation humaine) et de tout ce qui est réel, autrement dit des structures acquises qui articulent explicitement ; dieu, la pensée, le sujet, l’altérité ; tout ce qui sort des quatre élaborations redescend, redescend dans le donné (cad substitue à une analyse structurelle une interprétation selon telle ou telle détermination ; si l’on préfère on lit Descartes pour atteindre cette structure, ou Kant ou Plotin (pour retrouver la compréhension de l’être en tant qu’il est cette Idée qu’est le Un, qui n’est pas une idée …)

Rappelons ceci ; la structure, le structurel n’est en rien humain.

Dieu est exigence pure, le christique est un appel impossible, le sujet est tellement méta, en-plus que l’on n’en a pas encore fait le tour (depuis Descartes), et l’altérité est essentiellement brute, voire brutale ; il n’y a rien de supportable dans tout cela ; la structure est a-humain même en quoi consiste le réel, ou, autre version, le sur-divin.

L'humain est effets, innombrable, de cette structure : étant antérieure et originelle, la structure peut tout engendrer. 

On nomme sur-divin puisque soit tout cela est de fait a-humain (et ne mène nulle part), soit il s’agit d’un effectif réel comportant- portant sa propre dimension ; que la structure du présent agisse effectivement comme un inimaginable « cela qui arrive » et alors, en ce cas,  l’a-humanité est extatique. Mais alors il faut bien analyser la dite structure et c’est ce que l’on fait au travers de dieu, la pensée, le sujet et l’altérité, jusqu’à Sartre et Lacan. Par extatique il faut ainsi entendre « que cela se porte plus loin » et à un point inimaginable, impensable, indécidable. Et c’est très bien puisque notre être n’est pas un être et ne tient ni dans l’imagination, ni dans la pensée, ni dans la décision ou le conscient (et ne tient en rien qui soit du monde, du vécu ou du corps), mais notre être, qui n’en est pas un, est une structure antérieure se tenant sur le Bord.

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Le tour de force du réel

14 Juillet 2018, 13:29pm

Publié par pascal doyelle

(Ce qui consiste à rassembler, dans la réserve de la structure, toutes nos forces, et ce pour le devenir intemporel.)

Si une structure existe, elle se dresse verticalement, en plus et à côté du monde, du vécu et du corps (littéralement donc sur le Bord). Et de croire que l’on trouvera on ne sait quelle satisfaction ou réalisation adéquate de la structure dans le monde, le vécu ou le corps, est illusoire. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a, qu’il n’y aura rien dans le monde qui résonnera dans, par et pour la structure ; on ne peut pas, ainsi, imaginer ce qui peut exister esthétiquement sans les œuvres créées. Sans les œuvres réées on n’a, on ne parvient à aucun retour. Autrement dit : supposer que la structure ne passe jamais dans le monde, ne veut dire que l’on réserve une partie (sortie on ne sait de où), mais que l’on a, à l’inverse, toujours directement affaire au monde, au vécu et au corps.

Ici il faut prendre en exemple la psychanalyse ; ça ne se passe jamais là où l’on croit que cela se passe. Le conscient est toujours squeezé et est effet d’une cause. Ou plus généralement on pose tel ou tel projet conscient, mais ce projet est supporté dans un horizon (pour l’inconscient il s’agit du corps marqué par les signifiants) ; si l’horizon était conscient il serait lui-même sous un horizon ; autrement dit l’horizon de n’importe quel objet n’apparait jamais comme tel, sinon il serait un objet et pas l’horizon. Donc tout l’ensemble (tout ce que l’on peut vouloir, désirer, nommer consciemment) est pris dans une stratégie.

C’est le problème et la problématique intentionnelle ; on ne peut pas circonscrire l’intentionnel ; il n’y a pas d’idéalité ; on ne peut pas réunir, hégéliennement si l’on peut dire, les connaissances logées dans les intentionnalisations, il n’y a aucune clôture intérieure aux intentionnalités ; il n’y a pas d’Idée ou d’idée des idées ; il n’y a pas d’intériorité (ni de pensée métaphysique close, ni d’esprit ou de savoir total, etc) ;  il n’y a qu’une extériorité ; (c’est pour cela que dieu ne peut pas être pensé, dieu est une intentionnalité, un je, il est encore plus Autre que autre, la question étant : est-il un autre qui absorbe mon intentionnelle structure, dieu d’exigence, ou est-il une intention qui appelle et me suscite comme individué ?)

Intentionnellement c’est et ça n’est qu’une structure qui crée des intentionnalisations et elle est elle-même, comme structure, le centre ; le centre nécessairement absent que l’on ne peut pas plus nommer raison qu’esprit universel ou pensée ; un centre qui n’est en aucune manière informé, mais vide et agissant ; il ne comporte rien, son unité est le rapport qu’elle est ; ce qui veut dire, étant un rapport, qu’elle n’est pas, elle existe, elle ex-siste. C’est donc qu’elle ressemble, cette structure à s’y méprendre à la volonté-autre nietzschéenne ; la structure ne répond pas, si l’on peut dire, aux instructions ; elle les crée. Et de même vide et donc en mouvement ; un arc de conscience produit, invente, crée, engendre du rapport. Puisqu’il n’est que cela, le mouvement.

Il faudra interroger la puissance, la potentialité, le recueillement d’énergie, l’élan possible et jusqu’où on peut se saisir sans se saisir ; puisque l’on ne peut pas tenir au-devant l’horizon, on est tenu dessous, mais il y a moyen de ruser.

Il est ainsi une structure et une nasse virtuelle qui programme les intentionnalités, non au sens où elle contiendrait une programmation (une information, serait-elle condensée ou rassemblée et qui devrait être dépliée, tout cela c’est de la réinterprétation seconde), mais au sens où sa forme même est le programme ; il n’aura échapper à personne que « conscience » cela ne se dit pas d’une chose ni même d’un vivant, sinon par image, et n’est pas du tout équivalent à connaissance (connaissance est second et se tient dans l’activité de conscience mais ne se réduit évidemment pas à « connaissance » ; la conscience, comme structure, n’est pas le conscient ; la conscience comme structure est l’arc qui sort de la cervelle vers le donné « là » et re-vient sur le corps à partir de l’horizon non pas imaginé ou signifié ou pensé mais de l’horizon réel, la ligne d’horizon elle-même ; rien ne remplace ni ne peut remplacer la ligne d’horizon du monde donné là effectivement). Conscience se dit pour ce qui a re-tour sur le rapport lui-même. Pour cela on a conscience de ceci, implique que l’on ait potentiellement conscience de n’importe quel ceci. Puisque d’horizon il n’y en a, au vrai, qu’un seul.

Il n’est de conscience qu’une par une (une conscience universelle n’a aucun sens, la « conscience » ne passe pas dans une pensée, une pensée n’est pas consciente d’elle-même, elle existe pour un arc de conscience, « arc de conscience » cela se dit de chaque point activé, existant, réel, et évidemment dans et par un corps ; pour toutes ces raisons il n’y a pas un être virtuel (qui contiendrait par ex qui je suis, ce moi, cette identité), mais il existe une structure virtuelle qui « sur-existe » à l’être, ou pour faire plus simple « qui existe », alors que tout le reste « est », simplement comme feuilletage de déterminations.

Exister est toujours complexe (et en fait distordu structurellement) parce qu’exister est toujours antérieur à tout être, toute détermination, tout monde. Il faut ainsi supposer cette antériorité purement formelle, parce qu’elle est cela même qui agit ; l’arc de conscience agit et le présent agit. Deux mathématiciens peuvent penser la même équation, ça ne signifie en rien qu’ils soient semblables ; l’équation est du matériel secondaire, et non pas l’horizon de conscience individué sous lequel chacun, indépendamment, ils tiennent l’équation ; ce qui ne relativise pas l’équation mais surévalue sciemment et distinctement chaque arc de conscience (comme capable de tenir, entre mille autres performances, une équation). Ce sont les arcs qui ordonnent le monde, pas les mathématiques (qui sont des discours). C’est le Droit qui organise le monde humain, pas les maths. Un arc de conscience agit bien plus grandement que n’importe quelle formule mathématique (dont on sait qu’il n’en est pas une seule mais une profusion, dont quelques seulement s’utilisent dans ce monde ; ceci parce que le nombre est juste et rien que le rapport à soi de toute unité ; c’est le un qui se démultiplie).    

Il faut également supposer cette antériorité et cette verticale virtuelle puisque visiblement l’historicité (depuis qu’historicité il y a depuis que l’one st sorti de tout monde particulier et débouché dans le monde donné là (unique et universel), en chacun ce corps strictement individué (chacun a un corps dans le même-monde), l’historicité donc progresse comme exploration de la réalité (que l’on a cru synthétisé dans des mondes particuliers, puis dans la pensée ou dieu, puis dans la raison et l’humanisme, à gros traits) et plus certainement encore comme exploration du réel ; cad de la position de notre regard dans le monde étant entendu qu’il y a un monde (et un vécu et un corps) pour nous parce que nous n’y sommes pas ; nous sommes en décalage d’avec le donné et donc devant nous est positionné, par ce décalage, qu’il ait un monde, un vécu, un corps (etc).

Verticale virtuelle (au sens où la forme est le programme ; le présent est le programme lui-même et les réalités précisent le présent au fur et à mesure, les univers, les mondes, les mondes humains, les individualités travaillent la forme même d’acter ; l’arc de conscience lorsqu’il se sort des mondes particuliers, culturels, cycliques, et aborde l’acculturation monde-corps (grec-christique) est le programme même).

Remarquons ceci ; l’arc de conscience, la structure n’est pas en soi séparément du donné et du monde et de la détermination ; et la détermination elle-même se « voit » elle-même ; c’est bien en cela qu’elle est déterminée ; elle n’est pas déterminée comme une mémoire qui se déverserait dans la réalité ; elle est la réalité et il n’y a rien avant ou superposé, aussi est-elle organisée et se perçoit-elle ; elle se perçoit et s’ordonne de et par cette perception ; une molécule perçoit une autre molécule (pourvu qu’elle s’y communique ; une souris reconnait que cette autre souris n’est pas un chat). Et donc la détermination n’est pas définie par le dehors mais de son propre plan et réalisation ; elle n’est pas finalisée, elle se Voit ; selon ces perceptions qui sont les relations et les relations organisent et définissent les réalités ; il n’y a pas de réalité sans relations ; à vrai dire on ne voit pas vraiment comment une « réalité » pourrait s’organiser si elle ne se percevait pas ... Un atome « perçoit » les électrons ou l’inverse ; la « détermination » c’est cela ; toute la réalité est déterminée, de la presque-indistinction à ces unités vivantes que sont les corps et jusqu’aux signes utilisés par les structures de conscience ; et donc l’arc de conscience consiste à ajouter à tout l’ensemble des déterminations un champ perceptif nouveau ; qui constate.

Il constate veut dire ; il ne sait pas comment fonctionne le feu, mais il voit que ça brule ; il n’est pas encore chimiste mais il sait que le fer est plus résistant que le bronze. Cela n’a l’air de rien mais que le champ perceptif soit conclusif et que l’on puisse tabler sur cette ouverture sans a priori est un acquis fondamental et absolu de la réalité par elle-même. Autrement dit il restait donc de créer un être susceptible d’utiliser le champ du donné là, et qu’il transforme ce donné en champ de perception ; dès lors, si l’on veut, la nature même de l’information (de la détermination) est modifiée. Ça ne réagit plus d’atome à atome ou selon l’adn de lecture (de déterminations ciblées) mais laisse neutre, neutralisé, aplani le champ même de « ce qui est ». C’est comme cela que se produit l’existence, et dans l’existence (de chaque champ perceptif, de chaque conscience) prend positon l’exister ; que « ça » existe et qu’il existe quelque chose plutôt que rien ; le fait de la Position du réel (qu’un réel il y a) ne s’opère que parce qu’est instauré le re-tour sur (soi) d’un être qui n’est pas déterminé puisque son être est le rapport lui-même qu’il est ; tour de magie absolument faramineux ; comment au cœur de la détermination produire un être qui ne soit pas un être déterminé ? En le créant comme re-tour.

Non pas comme une détermination concentrée (un esprit qui contiendrait els lois du monde par ex), mais comme une forme, un tour posé sur la surface du réel comme tel, comme réel, indifférencié.

Il faut bien comprendre ; on ne peut pas supposer qu’il y ait une détermination « spéciale » telle (que l’on nommait nature humaine ou logos ou pensée) telle qu’elle puisse ramasser toute la détermination (une telle concentration est invraisemblable et n’autorise pas du tout la souplesse requise au projet, au projet qu’est le réel) ; il fallait un être qui ne soit pas déterminé, ce qui est impossible, et donc on (la réalité) a inventé cela qui effectivement n’est pas déterminé mais parce qu’il est le rapport à la détermination. C’est le tour de force lui-même.

Et c’est ce en quoi nous sommes pris. Nous y sommes pris et nous croyons qu’il s’agit de l’homme, de l’humain, de la vérité ou de l’esprit ou autre chose du même genre. Mais en fait, dans le fait lui-même, tout cela n’est que parce qu’existe le rapport premier (le rapport qui rend possible tous les autres rapports en nombre indéfini : les mondes humains, la perception, la volonté et le conscient, l’inconscient et le corps, les esthétiques et politiques et idéels et sciences et éthiques, l’humanisation et les personnalisations) ; que par là la détermination (la réalité) a (enfin) affaire à elle-même ; or ça ne peut pas se penser, parce que si la réalité n’a affaire à elle-même que dans un tel rapport, alors c’est le rapport qui existe et non la réalité, qui est, oui, mais secondement ; l’être (et toute espèce de détermination) est pris dans l’exister et c’est l’exister, cad le présent, qui existe (cause dont tout le reste est effet). Et la structure même du réel est ce qui existe au plus proche, et non seulement au plus proche mais antérieur à tout : le présent vient en avant de n’importe quelle réalité et de n’importe quelle structure de conscience.

Inutile de supposer un être antérieur, à la manière kantienne, puisque le réel est la forme entourant la réalité, et l’entourant de façon si spécifique, sous la forme de Bord, et ce Bord est le plus actif et disproportionnellement actif en tant que présent ; en quoi les descriptions philosophiques s‘approchent toujours du même réel, semblablement aux dessins point à point qu’il faut relier (étant entendu que le dessin final est loin d’être à notre portée, et coïncide, littéralement, avec « ce qui a lieu » effectivement dans tout le présent (comme dimension, dont notre présent n’est qu’une variation) ; à savoir que le réel n’est pas la réalité mais une structure formelle à l’intérieur de laquelle sont les réalités.

Depuis la limitation kantienne tout l’ensemble de la réflexion s’oriente vers cette limite ; il n’y a aucune pensée totale ni même pensée identifiant la réalité qui soit admissible ; et donc ce que l’on a commencé d’examiner c’est la forme qui entoure le monde, la phénoménalité ;  et Hegel peut bien alors exposer et tenter d’organiser la totalité des possibilités de conscience prise dans le monde en élaborant les deux phénoménologies, des dialectiques de la conscience et de la pensée (de la conscience en tant qu’elle pense et qu’elle vise l’être, l’idée ou le un, dieu ou le sujet ou l’immédiateté). Elle s’y oriente vers cette limite, théoriquement mais aussi immédiatement depuis que l’horizon universel de chacun est acquis par la révolution ; de ce que chacun soit en référence à ce qu’il veut et court-circuite alors toute transcendance.

Ce qui veut dire que la transcendance (que l’on ne peut pas nier, puisque l’on est, de fait, décalé par rapport à tout donné ; il existe un monde, un vécu ou un corps parce que l’on en a conscience, sinon on s’y confondrait, tout le reste ce sont des attitudes, des discours seconds, voire secondaires), que la transcendance donc tout en étant annulée (elle n’est pas par-dessus la réalité) est réintroduite ici même ; que le monde, le donné, que la détermination n’est nullement plate et inerte et comme passive, mais qu’elle est déjà elle-même de transcendance ; ou donc puisque l’on a extrait la structure de notre être (qui du coup n’est pas un être) et qu’elle fut extraite via dieu, la pensée, le sujet, et puis l’altérité (ce qu’elle est effectivement) alors depuis cette extraction on explore la transcendance, de fait.

Il n’y a rien d’évident, nulle part et en aucune manière, puisque la forme qui est absolue est supérieure aux contenus ; la forme de la réalité, son présent, son exister  sont ce qu’il y a de plus fondamental et si il est un présent c’est afin qu’il se réalise le réel comme autre et on a vu que si le réel est un unique pli, il est tel précisément afin de se re-plier et de créer des infinis dans l’infini. C’est parce que le pli va devenir qu’il est formel et peut donc se réaliser au travers de réalités. Il est affecté comme forme afin qu’il y surgisse des formes.

Un moi est déjà en lui-même une réflexion, réflection ; image qui se prend pour le miroir et miroir qui devient follement l’image et qui se perd si il ne se fixe pas, et la philosophie s’utilise, pour un moi, à cette fin ; sortir par l’externe, par l’autre regard, par l’intentionnalité distincte, par la ruse de la volonté, par le surdivin, du mauvais pas en lequel le moi englue le sujet ; dresser l’architecture de structure (sinon le moi va s’effilochant dans le monde, ses objets, ses désirs, et tout le saint-frusquin psychologique, en référence au conscient qui ne prétend garder que le miroir conscient, et psychique, dans l’inconscient pour qui il n’y aurait plus que des images). Il n’y a pour le moi, cad tout le monde, qu’une seule possibilité : en avant. Dans le réel. C’est pour cela que la philosophie en a dressé la carte.

Sinon à quoi tout cela servirait-il ? Et comment croire qu’une structure aussi précise que l’arc de conscience n’ait pas justement relié les points jusqu’alors repérés. Le réel fonctionne comme l’hyper mécanisme ; celui dont l’activisme de l’indépendance des points, de leur liberté (puisque cela ne s’active qu’à partir du bord) est le système (pour Descartes dieu voient les décisions des êtres libres : comme les décisions sont libres, dieu n'est jamais le même, il se meut).

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L’altérité comme règle de ce qui est

7 Juillet 2018, 12:11pm

Publié par pascal doyelle

On a donc extrait de la réalité la forme exacte du réel ; et la forme exacte du réel s’est donnée pour nous comme dieu, la pensée (l’être, l’idée, le un), le sujet (Descartes jusqu’à Hegel). C’est de cette manière, par ce moyens, ces représentations non seulement complexes mais distordues que la structure a pu apparaitre dans le monde et être perçue comme représentation vrillée (il faut se convertir pour dieu, par le christique mais aussi selon la pensée et l’universel ou opérer ce méta retour, nouveau tour sur soi cartésien, pour regarder, percevoir le sujet présupposé).Le tout est une affaire de perception (les idées platoniciennes montrent ce que le langage commun ne dispense pas) et Sartre et Lacan avance dans ce qui ne se voit pas autrement.

Après l’acquisition métahistorique du sujet, comme révolution (et dont la seule révolution à peu près exacte est celle qui se fixe la liberté-égalité-fraternité et non pas celles qui privilégient la liberté ou l’égalité, il faut qu’il existe un dynamisme liberté-égalité, sinon aucune fraternité et aucun sens à quoi que ce soit ; l’égalité se perd dans l’universel abstrait (ou le besoin) et la liberté s’égare dans la noirceur de l’ego (ou les désirs indéfinis),

après cette acquisition de la révolution (contrairement à Hegel ce qui se réalise ce n’est pas la raison en chacun mais la liberté de chacun en tant que la liberté offre une bien plus grande cohérence potentielle que la seule raison universaliste, serait-elle l’esprit),

après cette acquisition donc il s’est imposé une idéologie au sens fort ; dieu est remplacé par la naturalité (ou la réalité), la pensée par la raison (et son impossibilité sujet abstrait-objet abstrait) et le sujet par le moi (ou d’abord l’humanisation universelle révolutionnaire puis sa réflexivité de structure ; la personnalisation ; il n’est d’humanisation que si chacun est appelé).

Cette idéologie aurait voulu que se produise un idéal ; que le monde soit idéal ; que les besoins soient satisfaits et que les désirs soient exhaussés ; qu’il y ait un bonheur et une réalisation humaine, humanisée, humanisante, respectueuse et aussi élevée que possible. Mais le hiatus entre toute conscience et le réel ou la réalité est tel que seuls dieu, la pensée ou l’ancien sujet (cartésien, kantien, hégélien) pouvaient assumer une stratégie telle qu’elle soit équivalente à la puissance de la rupture qu’est l’ontologique.Or la naturalité (et le principe de toute objectivité ; que le donné seul explique le donné), la raison et le moi humain sont incapables de gérer la tension insupportable qu'instancie la rupture ontologique conscience/réel

Aussi a-t-on développé une pensée de cette altérité  soit imaginairement, soit analytiquement ; imaginairement Kierkegaard ou Nietzsche ou Heidegger (etc, il est évidement des tas de passages et des quantités d’expérimentateurs) et analytiquement de Husserl à Lacan, en passant par Sartre.

Explorer à vif (N et H) ou en suspension méta réflexive (Husserl, Sartre, Lacan) cette rupture interne au réel réclame dans tous les cas une douleur ou incompréhension ou désorientation ou annihilation ou inhumanité, surhumanité ou une externalité du regard, absolument (le regard d’une cruauté sans limite, dont le prototype est celui de l’ancien dieu,  et que le christique est venu réinstancié comme appelant et non plus comme seulement exigeant, produisant une frustration absolue, et créant un ressentiment dissolvant toute intentionnalité ; tandis que l'appel est le miroir tendu qui pardonne). Dénommons la rupture et de ce qu’elle engendre en nous  comme l'activisme du sur-divin ; dont le prototype n’est pas seulement la pensée divinisée grecque mais aussi, strictement parlant, le christique ; qui se signe lui-même comme surdivin et absolue totale prévision de tout ce qui sera (dans les siècles suivants).

Il est bien clair que sans doute aucun le glissement de dieu, la pensée, le sujet vers la naturalité, la raison, le moi humain, qui aurait du se garder dans l’archi-structure ontologique précédente, c’est littéralement pris les pieds dans le tapis ; on a créé un désir non pas infini mais indéfini et mort né, qui permit de réaliser quantité de projets mais qui ne pouvait en aucun cas se réguler lui-même ; notre facilité c’est retournée contre nous-mêmes ; on a cru gérer (et on ne parle même pas de créer, d’organiser, d’élever, d’élaborer le structurel mais de seulement le gérer), on a cru gérer la structure avec les moyens réduits non ontologiques (et que le donné seul explique le donné et que le besoin ou les désirs sont notre être et que nous sommes des corps-langage, des mois psychologiques, de la sociologie, de l'économisme comme idéologie du corps, de la satisfaction induite du corps seul) ; et c’est plein de découvertes et de réalités et réalisations, de projets réalisés, mais le réel, ce qui veut dire non pas ceci ou cela mais le réel en tant que rupture, en tant que le réel est intrinsèquement et rien que rupture (il n’est pas la rupture de quelque chose, tout quelque chose nait et de par la rupture comme structure), le réel ne peut pas être introduit dans la conscience d’un sujet qui est un moi … dans la conscience qui se prend pour un moi et le moi s'en mord les doigts, il se déchiquette, se liquéfie.

Elle doit se saisir comme sujet ; or elle ne peut pas "se saisir" comme sujet ; on est saisi, par dieu, par la vérité et la pensée ou par le sujet comme structure réelle (c’est ce qui arrive aux existentiels qui perçoivent d’un seul coup et le réel et leur position sur le réel, totalement explosés par l’altérité ou Nietzsche par la Volonté Autre ou Heidegger par l’Etre Autre, c’est aussi ce qui arrive au psychanalysé, etc).

De là donc que tout le structurel soit à l’étroit dans ce raccourcissement de l’intentionnalité qu’est l’idéologie réaliste de la naturalité-raison-moi humain. Que les mois deviennent fous, ou malheureux ou dépressifs ou borderline ou angoissés ou désespérés (le moi invente quantité de versions de lui-même pour s’en sortir de ce cauchemar sans ontologie, Nietzsche et Heidegger essaient de réintroduire l’ontologie sous la formulation inhumaine ou surhumaine, le regard existentiel est profondément cruel, etc, et les images sont en masse produites et reproduites afin de motiver, mobiliser les sujets en les faisant passer à leurs propres yeux, pour des mois ; attendant le bonheur ou la réussite ou la réalisation).

Et néanmoins au travers de tous ces égarements, erreurs, divisions, devenirs déroutants, idéaux ou absurdités, c’est la même structure (de conscience) qui expérimente et qui expérimente là où elle est, là où elle existe, ou plus exactement elle est finalement parvenue à dessiner, de par ces pérégrinations mêmes, et à cartographier, par ses déplacements, et sous couvert de dieu, de la pensée, du sujet mais aussi du naturalisme, de la raison et du moi humain, sa propre position sur la surface du réel. C’était le but. Dont tout le reste fut moyens.

Le but mais non la finalité (on ignore ce qu'est la finalité, on tente de la reconstruire à partir de l'analysable des ici et maintenant) ; ces positions qui dessinent le Bord du monde, du donné, du vécu (relationnel entre autre, y compris les échanges les plus économiques), le corps (quant à la jouissance, cad la jouissance impossible) ne pouvaient absolument être accédés sans que l’on s’y investisse ; c’est en tant que « soi » ou que (soi) que l’on peut percevoir les Bords afférant aux positionnements possibles actualisés ; autrement dit en clair il faut percevoir Descartes ou Nietzsche ou Lacan ou le christique ou Platon pour que commence de se détourer en nous la position du réel.

La position qu’un réel il y a, est quasiment immédiate et peut même frapper toute la structure ; comme les existentiels en ressortaient entièrement déroutés de leur vision de l’existence brut ou comme les révolutionnaires furent saisis de l’extase d’universalisation, partagée par des millions d’individus, si l’on y songe, au 19éme et du 20éme, sans parler du 18éme, ou comme Rimbaud fut brisé par la puissance de sa voyance de rassembler en une fois (et quelques feuillets) toute l’expérience réelle et potentielle. Les ex-stases sont réellement et effectivement agissantes : de fait.

Et donc même si l’on se contente de vivre du moi que l’on est, tout moi est une personnalisation, ouvrée, œuvrée à partir de l’acquisition historique fondamentale de l’universalisation révolutionnaire (de la liberté-égalité), est une invention (et c’est en cela qu’elle est si difficile et égarée et qui s’agite dans l’incompréhension puisqu’atteint par le structurel qui mésinterprète via le naturalisme ou le dit réalisme, la psychologie). Le moi est une invention et non pas un état ou une identité à dérouler bêtement, et cette invention n'est pas sa fantaisie mais son accès à la vérité, à la réalité et à l'horreur très souvent ; le moi est assujetti à la vérité et au réel, sinon il se rêvasse. De toute manière c'est ce que l'on fera, ce que l'on fait ; on se morcelle afin de trouver (non pas "se" trouver, ce qui ne veut quasi rien dire, mais trouver).

 Nous sommes pris dans la structure, laquelle est mouvement, mais non pas mouvement naturaliste ou énergie ou détermination ; ce qui est mouvement est réflexif, ce qui est dit « mouvement »  ne se produit pas sans la réflexion qui est littéralement réflection, image dans le miroir et miroir lui-même, qui renvoie une perception dans le champ perceptif afin que la structure de cette perception se modifie. C’est bien pour cela que l’on a créé les esthétiques ou les poétiques ou récits, et que par ailleurs les mois s’emplissent la perception d’images et de narrations. 

Lorsque l’on se tenait encore du saisissement, par dieu, la pensée, le sujet, puis la naturalité, la raison et le moi humain, les intentionnalisations trouvaient leur unité, leur unification par laquelle elles étaient en mesure, puisque supposant le point lointain, de réguler leurs mouvements proches (la révolution ou le bonheur servaient d'horizons par ex, dans l'idéologie réaliste).

Mais il en va tout autrement depuis que l’altérité s’est imposée par-dessous le un ; il est devenu impossible de réunifier ce que la clairvoyance de l’intentionnalité splittée, divisée, a séparé. Parce que dès lors le réel se tient de la dispersion de la réalité et qu’il n’est une réalité que dispersée. La pensée croyait possible de synthétiser les données en idées et les idées en système et le système suspendu à un principe en lui-même (qui s’auto-expliquait et permettait outre l’unité assurée, d’assurer à son tour toute l’intentionnalité et d’offrir une vision organisée du monde dans laquelle organisation l’action, l’activité, la décision humaine pouvait se couler). Mais la pensée se suppose et se construit sur elle-même, de rassembler tous les éléments ; elle ne peut pas garder hors d’elle-même une unité cachée ; elle peut suspendre le monde et les vécus à partir de dieu, mais elle ne pénètre pas dieu ; elle peut supposer l’esprit universel qui pense le monde et l’historicité mais à moins d’admettre que l’esprit se justifie de par soi (ce qui occulte son être, impossible) elle ne peut pas, peut plus s’introduire en l’esprit ; elle est pensée par l’esprit et de cela s’échappe à elle-même.

Donc toutes les pistes métaphysiques nous échappèrent (or pourtant toutes ces pistes élaborées ont permises de déployer toute l’intentionnalisation et tous les systèmes et les perceptions possibles, faisant varier la nature même du champ perceptif et nous amenant à percevoir considérablement plus à chaque fois).

Descartes en ce sens   re-pose le même problème mais sur une autre base ; de sorte que l’on change intégralement de régime ; de l’extensivité universelle grecque et de l’intensité ponctuelle du christique qui nous crée comme point-image du point-unique, Descartes, lui, pense méta.

Il pense méta en ceci qu’il tient soudainement son être comme un là planté dans l’étendue du « là » du monde. Horizontalité du monde veut dire horizontalité de l’être, de tout ce qui est, dans la verticalité de l’exister, cad du sujet ; Descartes occupe déjà une formulation tout à fait différente. Pour les grecs l’être (que seule nous accorde la pensée) emportait notre pensée et le monde. Pour le christique le point-unique (un-seul qui survit et nous perçoit et de la perception duquel nous renaissons, littéralement). Pour Descartes ce qu’il opère c’est la description (qu’il nous enjoint expressément de recueillir en acte, de faire nôtre), la description forcément in vivo, dans les Méditations et par la méditation, puisqu’il s’agit de jeter le tourniquet ; regardez, dit-il, comme le réel se tord sur lui-même et existe de cette torsion même.

Au lieu de contempler l’être ou d’aimer le christique, on est, on devient la pointe tournante par laquelle le réel se produit. La pointe sur laquelle repose et se meut tout ce qui est. On voit le mouvement, on est le mouvement et on comprend le mouvement du mouvement ; ceci parce que cesse l’obsession d’un être-chose (qui ne parvenait jamais à se clore) ou d’un regard autre qui nous crée (et c’est absolument certain, mais qui se tient de et par cette distance même et reporte sa saisie au-delà, bien au-delà, or on existe ici), et que se concrétise alors par Descartes la possibilité qu’ici-même dans l’existence apparaisse l’exister, brut. Tellement brut qu’il faudra de Kant à Lacan pour élaborer une théorie, une pensée, une vision de ce mouvement du mouvement, de cette articulation en laquelle on perçoit le réel se produire et créer les réalités (ou les pensées ou les champs de perception).

L’activité de dieu ou de l’être (ou du système d’idées ou du un) nous en tenait éloigné ; mais l’activisme cartésien nous montre que le centre est ici même et qu’il est possible au prix du plus grand effort très-étrange de mettre au jour le mécanisme du réel ; puisque cela se passe, se crée ici et maintenant ; ce que dieu et le un initiaient déjà et que l’on comprend alors mille fois mieux au fur et à mesure des révélations, des grecs à Lacan en passant par toute cette historicité de l’approfondissement et de la transparence du réel (comme articulation interne à lui-même) ; on ne contredit pas les élaborations qui eurent lieu, on déploie ces dernières des re-tours, des nouveaux tours opérés dans l’exister, qui permettent, ces tours, de relire et relier à nouveau, ce qui veut dire dans l’existence, de chaque sujet, portée au plus extensif grec et intensif christique et méta cartésien et suivants ; rappelons que « sujet » ne signifie pas l’individualité, mais que l’individualité se tient elle-même, comme effet, d’une structure plus réelle, antérieure, et encore plus individuée, encore plus cohérente, encore plus nue et stricte et d'une cohérence effroyablement autre. La structure-sujet que ce soit celle des arcs de conscience (qui sont des tensions, non closes) ou celle du présent comme méta structure qui cause, crée, engendre des re-tours, la structure-sujet est le réel ; elle l'ex-siste.

Si donc Descartes ramène non pas la pensée (qui était métaphysique) à cette ontologie (de ce qui s’articule ici même comme mouvement) c’est qu’il nous devient possible, puisque tout est ici, de recoller le réel ; non plus en supposant un réel un ou dieu ou pensée ou idée, qui détenaient dans leur éloignement l'unité, mais ici même un réel articulé agissant et dont l’activisme nous est, de fait, accessible ; signifiant ceci que le regard, l’attention, la conscience intentionnelle que l’on porte à cette conscience intentionnelle, étant en elle-même réflection en plus de réflexion, est à elle-même son propre champ d’investigation. Ce qui revient à une capacité de non-être ; Sartre elle est ce qu’elle n’est pas et n’est pas ce qu’elle est, puisqu’elle se tient par devers, antérieurement, comme altérité et elle se tient comme altérité parce que tout ce qui est, est-autre ; un arc de conscience est déjà autre que lui-même ; de même le présent rend tout ce qui est absolument Autre et c’est bien pour cela, parce qu’il y a altérité, qu’il existe une réalité.

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Repérages

30 Juin 2018, 11:29am

Publié par pascal doyelle

La pensée grecque (l’être, l’idée, le un) : déploiement global de toute l’intentionnalisation à propos du monde en créant toutes les idées, et systèmes d’idées, requises ; comme autant d’intentionnalités possibles sur le monde ; intentionnalisations qui outrepassent le groupe humain, le langage et la mise en forme culturelle, en leur substituant l’acculturation et la ré-anthropologisation.

Le christique comme point-autre ; de là où je vous voie, je suis au-dehors et tout existe au-devant de moi ; je suis vivant et vous êtes morts ; il existe donc un point à partir duquel tout le reste apparait et ce y compris votre propre vie, votre vécu, de la naissance à la mort et c’est de ce point là que vous vous percevez vous-même. Ceci crée le sujet. Tous les sujets.

La pensée de dieu (à la fois celle de dieu et celle sur dieu, qui offre pourtant une résistance de forteresse ; il faudra Descartes pour passer par le dessous, le détour, le nouveau tour ; qui indique que ce ne sera pas par le discours métaphysique qui s’auto-régule dans la cohérence notionnelle mais par un plus grand effort qui prend appui sur le réel donné, par l’analyse du sujet planté sur l’étendue là du monde)

       Par là on s’aperçoit que si véritable saisie de dieu il est possible, ce sera non selon le discours métaphysique mais selon une architecture structurelle intentionnelle.

Le sujet cartésien ; réflexivité sur cet-être qui produit ‘de la pensée’ mais aussi toutes les facultés ou plus exactement qui rend possible que toutes les facultés se déploient via et par la structure de conscience spécifique ; le méta-originel antérieurement à la pensée, qui se révélera antérieur à la représentation, au langage, à la perception et antérieur à tout, au corps lui-même.

        Kant (conditions de développement de la pensée, soit donc retour sur les structures préalables à la pensée, puisque Descartes a délogé la réflexivité de la fixation sur la pensée) ; on s’perçoit que ce ne sera pas par la pensée que l’on aboutira au réel ; mais dans la description du projet structurel (dit transcendantal ; par lequel Kant entend tirer le sens du mouvement, et non plus les concepts comme idées, et cherche la formulation d’un méta-système de l’acte de conscience, du sujet et finalement du réel) ;

Ce que l’on va commencer de qualifier comme « sens » plutôt que « pensée de ce qui est », parait une déqualification, un pis-aller (puisque l’on ne parvient pas à globaliser l’être en une fois et une notion) mais en fait il s’agit de signifier et « signifier » cela permet de réellement correspondre au sujet auquel et auxquels on s’adresse ; un sujet ne peut pas se limiter à la pensée, encore moins à la raison (à partir du 18éme, ou à la division sujet abstrait-objet objectif) et c’est alors que l’on a expressément supposer le sens connaissable non comme notion et concept et idée mais comme signe acquis par le sujet ;

        Hegel ; historicité des déroulements de la pensée ; les deux phénoménologies, de la conscience et du savoir, puisque l’on peut regarder et analyser au-delà des seules idées, ce que Hegel montre ce sont des tactiques déployées en tous sens depuis que l’on a extrait l’acte, l’activité de saisie en conscience, indépendante de tout groupe et langage clos de groupe humain,

        Husserl ; dans les trois cas la pensée reste la finalité mais on décrit tout le préalable de la pensée, qui reste néanmoins supposée et comme horizon admis comme évident ; ce sujet lui-même dans son activité transcendantale, puis phénoménologique (des deux savoirs hégéliens) puis de phénoménologie structurelle avec Husserl, (valable pour toute activisme de conscience et non plus enroulé dans les déploiements de l’historicité)

Nietzsche et Heidegger, par là l’horizon cesse de s’imposer comme pensée ou comme universalité ; la pensée est prise dans plus grand qu’elle (que ce soit le monde des sciences, l’histoire marxiste, le corps freudien, le bonheur universel rêvé) mais cela va plus loin ; le sujet et le monde connu, le monde partagé, sont pris dans plus étrange qu’eux ; selon la Volonté (interne) mais Autre et selon le donné-là (externe) mais Autre, l’Etre noir ; tout est immergé dans l’altérité brute ontologique (de Volonté ou de l’Etre, du sujet méta-hyper qui est-autre, surhumain ou selon la supposée révélante version de l’être de H, selon l’inhumain)

Sartre et Lacan ; démontage du sujet (de structure, celui qui existe en deçà de la pensée et de la représentation, de la communauté et des autres) du sujet in vivo ; puisque tout le reste est exposé mentalement, manifesté perceptivement, objectivé, épuisé historiquement (Kant, Hegel et Husserl ont tout exposé) et au sens où on est parvenu à la racine de structure : l’articulation conscience/corps, forme/contenu, réel/réalités ; soit donc le sujet (formel, de structure, non d’identité) immergé dans l’altérité brute ontologique.

Bien plus approfondi que le sujet kantien, celui hégélien ou celui cartésien ; pour Sartre et Lacan il s’agit d’exposer le réel de structure.

Si N et H s’immergent dans l’altérité (en la supposant par principe) c’est tout à fait comme Sartre et Lacan qui supposent le réel, soit l’horrible réel-autre sartrien, l’existence, soit le point-aveugle qui ne fonctionne pas et n’entre en aucun discours, lacanien (qui n’entre en aucun discours et dans quelque monde ou moi ou représentation que ce soit et qui est même autre que l’inconscient).

Ces derniers développements (N et H, S et L) ne positionnent plus notre être dans l’espace mental de l’être, ou de l’être pensé, ou l’être de dieu, mais reprennent fondamentalement la définition sous-entendue de Descartes de l’être comme étendue ; pour Descartes il apparait, en pleine lumière tout à coup,  notre être en sa structure, planté « là » sur l’étendue du monde ; laquelle étendue n’est absolument plus accessible par la pensée (grecque, scolastique, des idées, des essences, des qualités ni même) mais par les mathématiques ; la pensée n’est pas, n’est plus la loi interne, l’essence du monde donné-là, du « là » étendu indéfiniment au-devant et en lequel nous sommes ; c’est en ceci que Kant cartographie la nouvelle perspective et délimite le monde et le sensible, et que Hegel ne reconstruit pas la pensée-en-soi mais expose les deux phénoménologies (du devenir de l’activité de conscience et du déroulement de l’activité en esprit, parcourant l’ensemble, plus ou moins exhaustif, des intentionnalisations possibles).

Autrement dit la mise en perspective de notre-être dans-l’être c’est ce qui se jouait déjà bien avant N et H / S et L, ce qui se jouait depuis Descartes (la « chose pensante » pour Descartes n’obtient aucune unité, puisque la « pensée » est indistinctement « les facultés » pour Descartes et le rapport instantanément établi avec dieu, avec le dit in-fini manifeste cette altérité ici même ; ici même il existe un être qui possède la rupture ontologique absolue, formelle, et ponctuelle), et ce qui se déploie ensuite comme la Volonté-autre de Nietzsche ou en tant qu’Etre-autre de Heidegger, mais plus réellement et plus froidement par l’analytique de notre-être dans le monde de Sartre (et parmi les autres et au cours de l’historicité et dans le monde donné) et de notre-être dans un corps de Lacan (et ce qui devient ce qu’est effectivement notre être « intérieur » qui n’a plus de fait d’intériorité mais une construction interne ; l’interne de la structure de même que le donné là est l’externe de structure).

Donc le glissement général n’est nullement d’une moindre ambition mais une bien plus grande observation du réel tel qu’il existe en cours d’attention et dont chacun témoigne ; chacun en témoigne parce que bien au-delà des différences de contenus de conscience, il n’en est qu’une seule forme ; la même. Soit on s’attache à cette forme et son unité (laquelle n’est pas substantielle ou objective mais est un rapport, en lequel tous les rapports se présentent, également les rapports objectifs). Soit on repère cette forme dans le « là » en lequel elle existe. Soit l’interne, soit l’externe : mais en vérité l’interne et l’externe dessinent toute la vue, tout l’horizon, qui n'étant plus de la pensée, est du réel.

Une plus grande attention portée à l’attention elle-même, à la structure de conscience telle qu’articulée au réel ; et, outre les descriptions techniques et philosophiques et objectives et hyper-objectives de cette articulation, une attention portée sur le sens de cet engagement, de cette conversion, de ce basculement, de cette virtualité constamment présente (dans les innombrables affects spéciaux, de la beauté grecque à l’angoisse en passant par les extases).

Ce qui « est » peut être supposément contemplé, mais ce qui existe doit être investi et plus on s’y investira de toute la puissance nécessaire (cad de toute la potentialité) plus la structure d’exister apparaitra.

Et plus on atteindra au néant, plus la structure-même nous envahira : la racine de l’exister, de la structure prendra pied dans ce néant, puisque le néant (n’ayant rien à y opposer) existe tout autant que l’être et dans « ce qui est » (généralement) le réel agit au dedans du néant. Rassemblant tout. De là) qu’il faudra débrouiller tout ce néant dont on fit grand cas.

Et si on a quitté l’horizon de l’être, de la pensée, de la raison même et de l’universel (de même que Nietzsche et Heidegger, dans leur mésinterprétation, abominent la démocratie ou l’humanisme, le sujet ou la liberté), c’est afin d’aborder à un autre rivage bien plus étrange ; si la pensée ou la raison (les grecs ou les postcartésiens, qui ne gardent de Descartes que le sujet rendu abstrait supposant un objet ou de Kant que les impossibilités sans voir que Kant lui-même entendait créer le premier grand système structurel du sujet), si la pensée ou la raison ne constituent plus l’horizon, ou que l’être ne relève plus de la pensée, c’est que le réel tel que donné là est lui-même la finalité ; et que ce réel étant le présent, cad une articulation absolue, le réel consiste non en ce copier-coller que prétendait être la pensée ou la raison, mais que le réel consiste en l’invention et la création ; littéralement. Ce qui veut dire que ce qui à chaque fois est venu n’était pas du tout attendu.

Jamais nulle part le même ne se répète (le un est non pas la réunion ou l’unité mais est l’altérité dispersée en tous les sens possibles, est le possible même). Et la liberté ne consiste pas dans le choix entre ceci ou cela, mais dans l’invention des autres possibilités ; la liberté est de créer et dans une moindre mesure d’inventer. Ainsi ayant créé la possibilité absolument inattendue de la révolution, et du statut individuel (de citoyen), chacun put commencer de s’inventer ; n'importe quel moi est une invention (ce qui ne s’est décidé et démocratisé qu’au cours des années soixante du 20éme). Les réalisations mettent du temps. Les poétiques (Baudelaire, Rimbaud) et les récits préfigurant ce qui ensuite put se démocratiser.

On restera cependant totalement bouleversé, ébahi et éberlué de comprendre que le segment liberté-égalité-fraternité est l’application historique de ce que le christique avait entamé ; de où le christique a-t-il pu prendre cette connaissance, cette prescience de ce qui viendrait dans les siècles ? Ceci est la véritable question, absolue, absolument technique et poussant l’investigation dans les plis et replis du réel, les plis et replis de la structure même du réel telle qu’elle nous est abordable ici même. Puisque le possible et l’inattendu et l’impossible sont précisément « cela qui n’est pas », soit donc l’exister qui décidait de tout le reste ; ce qui n'est pas, ce qui n’appartient pas au monde est ce qui décide du monde, de l’humain, de la détermination.

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Tissage

23 Juin 2018, 08:49am

Publié par pascal doyelle

Réel/réalités

On dira donc que la forme de la réalité consiste en ce réel, dont il est inutile de se demander « ce que » il est, puisqu’il n’est pas et qu’il Existe et il existe en tant que présent ; le présent qui est le bord du monde (de même que l’arc de conscience est devenu le bord du corps, du champ perceptif) le présent est la forme de la réalité et c’est cette forme, c’est le présent qui seul existe ; tout le reste est, et l’être est relatif au présent, ce qui signifie à l’exister.

Qu’est-ce que cela implique ?

Que de « réalité » qui serait une, cela n’a aucun sens de la supposer telle ; il n’existe pas une réalité mais une quantité (considérable) de réalités et probablement en nombre infini (suivant le principe que le réel est plus grand que lui-même, sans lequel principe on ne voit pas en quoi un « réel » trouverait quelque utilité que ce soit ; c’est afin d’être plus grand que lui-même qu’il existe un réel et que dans l’infini des réalités se créent des infinis, de nature tout à fait différente). Il n’est donc aucun concept ou réel ou réalité qui synthétiserait en une fois concentrée pour ainsi dire toutes les réalités en une seule ; ou si l’on préfère il n’existe aucune réalité qui résume les réalités ; l’idée même en est absurde et dépourvue de possibilité. Les réalités sont les réalités ; cette dispersion.

Un/altérité

Il y a une « réalité » parce qu’il y a une dispersion ; ce qui revient à dire que la réalité est sous l’empire logique de l’altérité ; l’altérité consiste à distinguer ; et non pas à étendre le n’importe quoi ; l’idée même du n’importe quoi n’a aucun sens ; ce qui est, est déterminé et déterminé implique que chaque chose soit distincte par une différenciation ; non seulement la distinction en esprit, dans la pensée, et l’identité des notions, mais la différenciation spatio-temporelle de la réalité donnée, et jusqu’à ces soubresauts glissant presque vers l’indistinction des particules ou des vibrations, sans jamais parvenir à l’indistinction complète).

Que la réalité atteigne la différenciation par la statistique et la spatialité qui se démultiplie dans la temporalité n’est pas indifférent ; s’il existait une seule fixité dans la réalité, jamais il n’y aurait eu de réalité ; c’est dans le flottement ni tout à fait indéterminé ni éternellement déterminée qu’il en existe une. Et donc c’est un mouvement.

Pensée/mouvement

En tant que le mouvement est le présent et le présent est le rapport.

La pensée que le un soit l’altérité veut dire que ce qui doit être pensé c’est le mouvement. Que le mouvement est une structure ; puisqu’il est un rapport. Et nous voici alors engagé en ce processus qui est pour nous, pour la pensée (qui n’est pas la raison, qui ne peut se définir comme sujet vis-à-vis d’un objet), qui est pour nous un procédé ; qu’a tenté de stabiliser Hegel ; que si le réel est le présent et le présent un rapport, alors il ne tient nullement d’un côté ou de l’autre côté, figés l’un et l’autre ou l’un ou l’autre, mais dans le rapport seul et c’est ce que veut signifier le présent.

C’est pour cela qu’il faut s’y confier. Ou s’y convertir, comme l’on veut. Ne pas s’y convertir ou s’y confier c’est se tenir d’un côté, fixé. On ne peut pas le saisir, on en est saisi. Et c’est ainsi que le réel est plus grand que lui-même.

On ne peut que tomber dans le monde ; puisqu’il n’existe que de la détermination, sauf le Bord. Le Bord de cette détermination : c’est ce qui n’est pas qui seul compte réellement et bien que l’on ne puisse pas commencer d‘envisager la dimension de ce réel, c’est à partir de lui que l’on définit, que l’on veut, que l’on désire, que l’on imagine, que l’on intentionnalise ; la philosophie a consisté justement à extraire petit à petit ce bord par lequel seul il nous est possible de signifier (et donc pas seulement à partir du langage : le langage dépend de cette structure actualisée au présent, les signes signifient pour un arc structurel de conscience ; croire que le langage créerait l’acte de conscience est absurde).

La philosophie a consisté à constamment re / tourné l’articulation et cette contorsion de la structure est le fait exclusif et fondamental de cette technologie qu’est la philosophie en tant qu’elle est la discipline qui se charge d’explorer la rupture dans le monde, dans la détermination, la brisure qui transperce l’humain autour de la méditerranée lorsque tout monde clos communautaire est abandonné et que chacun ne retrouve que son corps (christique et surdivin) planté sur le monde (grec).

Et comme il s’agit du Bord (et non d’un être déterminé même déterminé comme universalités ou comme esprit ou comme pensée), et puisque c’est à partir de ce Bord que l’on pense (entre toutes les autres possibilités et capacités que cette articulation ouvre, rend possible) ce que l’on voit, ce que l’on perçoit en lisant, suivant les signes de un tel ou tel autre, c’est la monstration du Bord lui-même ; on doit tenir la position de Plotin ou du christique (St Paul par ex) ou de Descartes ; de telle sorte que par cette position nous percevions si étrangement en l’existant ; en l’ex-sistant. 

Sitôt que l’on s’embarque dans une fixité quelconque, voila bien le problème ; qu’elle soit toujours quelconque (par rapport au rapport qui lui est toujours plus grand, cad autre). Cette fixité s’embrouillera elle-même ; ce qui est pur et brut voire brutal mouvement ne peut pas se restreindre. Et de s’enferrer dans une identité, à moins d’être rusé (mais d’une ruse étrange, voire étrangère), et de s’y enfermer elle le sait. Elle s’embrouillera parce qu’elle investira toujours plus dans sa rêverie (d’être) plutôt que se supposer comme autre que sa manifestation. Et pourtant rien dans la manifestation ne parvient à remonter jusqu’au Bord qui seul existe.

L’accumulation

Aussi faut-il lire les esthétiques ou les récits ou les philosophies comme propédeutiques, explorations, devenirs sur le Bord. Non pas en ceci par quoi on décrirait extérieurement ou objectivement ou démonstrativement la sinuosité du réel dans la réalité, mais par cela que la sinuosité du Bord est la lecture, est le texte lui-même, qui ex-siste, fait ex-sister ce Bord et c’est uniquement en se coulant dans la formulation (telle œuvre, telle philosophie) que l’on aborde le réel ; il apparait par là que l’atteinte du Bord s’effectue compte-tenu de toute l’accumulation ; de même que jadis tous naissaient dans et par une mise en forme culturelle essentielle, partagée, parlée, entre tous, que l’on percevait le monde naturellement selon cette mise en forme, que l’on pensait maya étant né maya, de même puisque l’on existe depuis la méditerranée dans la réflexion, la séparation de chacun et de tous, de la représentation et du monde, du corps et de tout le donné, de soi et de soi-même, pareillement il est requis et impératif d’en supporter la difficulté et d’intégrer toutes les différenciations et distinctions accumulées.

La non-accumulation

Dans le même temps il y eut cette mirifique extension et intensification soudaine : que tout arc de conscience, séparé, et non plus occupé par un monde humain et une communauté, chaque arc donc est instantanément (et non plus immédiatement dans un monde immédiatement partagé), est instantanément arcbouté au réel même ; dans cette évidence structurelle maniant infiniment la distinctivité ; ça vient à Socrate comme ça vient au Christ : non seulement d’être immédiatement percevant ce monde et par ce corps, mais d’être saisi par la structure, nue et non recouverte par quelque monde humain que ce soit ; c’est cette évidence massive du donné tel que là qui alimentera toutes les esthétiques, éthiques, politiques, idéels et acculturation diverses.  On n’est plus lié à un contenu, non seulement on peut produire, créer des contenus par soi-même (ce qui ne manqua pas) mais de plus on atteint directement l’insatisfaction réelle de but en blanc (l’insatisfaction externe des grecs par le Un ou l’être ou l’idée, mais aussi l’insatisfaction mise au jour par le christique quant à la vie d’absolument chacun) et lorsque se montre la fine schématisation du réel pur et brut ; et l’on perçoit selon le point du christ ou de Nietzsche ou des idées ou de Rimbaud, aveuglément.

Le retour de la vision

Par exemple, le plus criant ; on a cru que Descartes figeait le sujet (alors que le sujet pensant, il ne sait pas ce que c’est ; il le dit ; pour René la « pensée » est un ensemble mouvant, qui inclut quasiment toutes nos facultés et ne tient que le court instant, instant, durant lequel elle dit qu’elle existe, on ne sait pas même si elle existe encore sitôt l’ayant annoncée, cette existence), et bien le sujet cartésien n’est monobloc que lu de l’extérieur, par la raison objectivant ce qu’elle lit, qui fige ce qu’elle regarde et croit que René congelait ce qu’il prononçait ; de même on jugeait des Idées comme double monde, alors que justement les idées s’utilisaient afin de créer dans le monde donné la lecture possible et que seules les idées rendaient possibles et donc elles portaient bien toute la richesse et la vie du monde, sans lesquelles celui-ci retombait au mieux dans le langage commun et cessait la pensée, soit donc l’augmentation intentionnelle de tout ce qui est, en attendant l’intensification christique.

La volonté obsessionnelle, le désir marqué (sexué par ex), l’a priori abstrait qui fixeraient l’autre, le un, rend impossible que cet autre agisse ; tout ce qui est défini retourne, à rebours, vers le passé, vers le bas, la bassesse, dans la fixité idéologique ; le contraire de ce que le un et l’autre vont chercher dans l’inapparent présent.

C’est pourquoi le christique agit ou que la révolution réussit et réussit, rend réel cela même qui devient tellement évident que l’historicité est déjà devenue-autre sans que l’on s’en aperçoit ; ils renvoient non à un contenu qui définirait le réel par un morceau de réalité (le communisme ne peut pas remplacer la dialectique individuelle infinie par l’homme générique, le désir par le besoin, la liberté par l’égalité, pareillement on ne peut pas annuler l’égalité par la supposition abstraite de la seule liberté ; ni les églises ne peuvent éteindre la foudre du christique ; ni les massmédiatisations annuler l’image réelle agissante), mais ils renvoient à chaqu’un, chaque arc comme retournement de toute réalité par le réel autre en elle ; de même la pensée, grecque, qui est universelle (et ignore le sujet in-fini) renvoie à l’activité de penser, de chacun. Chacun doit se hausser au niveau de la pensée. Ou chacun doit s’élever christiquement hors de sa propre vie. Et Nietzsche prenant conscience de l’affirmation absolue de l’autre (sous la forme de l’autre Volonté) s’élève hors de soi et impose une ontologie (dans un monde profondément rationalisé, humanisé, psychologisé, objectivé, trop réaliste et trop abstrait, impose l’ontologique dans un monde niant toute ontologie).

C’est en ceci que la vérité est toujours autre que les quelques contenus dont on dispose mentalement, subjectivement, ou selon la masse enregistrée, et en ceci que même les objectivités (tout à fait raisonnables) sont absorbées par une stratégie bien plus vaste et font office de symptômes. Toutes nos objectivités, nos images, nos mois sont des symptômes, sauf que n’ayant pas réussi à mener cette stratégie, ils seront ceux de notre renonciation (et de notre perte).  

Parce que cela vient du Bord et que le Bord n’est pas dedans. (Et que le Bord continue, tisse le stratégique ; il le tisse signifie qu’il n’en est pas le contenu caché mais le métier à tisser lui-même qui trace les trajectoires selon qu’elles s’y abandonnent ou y résistent, et si elles résistent à cet abandon, elles tombent dans le monde, le passé ou l’abaissement).

Il est le Bord du monde, du donné, du vécu, du corps, du moi, de la perception. Ce qui revient à dire que le réel, le présent est ce qui n’est pas mais ce qui existe ; le Bord est le réel lui-même ; ça n’est pas quelque chose d’une part qui est en mouvement d’autre part ; c’est le mouvement qui génère (on ne sait comment dire) tout quelque chose ; et donc tout quelque chose est seulement (si l’on peut dire) l’effet (et donc la continuité) du mouvement. Le Bord, le présent est le métier à tisser et toutes les réalités (et les réalisations humains) s’opèrent de sa structure même.

Qui n’est pas un contenu (c’est ce qui est difficile à comprendre ; ça n’est pas un contenu qui, ensuite, deviendrait des réalités, c’est un réel, une forme, qui génère des réalités ; c’est le Rapport qui crée des quantités de rapports que sont les réalités).

Ou, dit autrement, le mouvement est ce qui se rend de plus en plus subtil (ou si l’on préfère distinct, séparé, divisé, élaboré puisque l’élaboration revient à la distinctivité) et qui passe (pour illustrer) de la lourde énergie (peu distincte) ou de la matière (épaisse) à une élaboration atomique. Et de l’atomique au vivant. Et que les êtres dits humains nommaient élévation, lorsqu’ils se grandissaient ; élévation à partir de la vérité partagée dans et par un groupe, une communauté (qui crée ce faisant la culture, la mise en forme culturelle et localisée, territorialisée, du donné et des corps) et de cette vérité commune à, vers, par la vérité surexistante, surdivine,  réalisée dans non plus un monde local mais le monde donné « là » (l’être) des grecs puis selon le corps créé ici et maintenant du christique, qui discerne individuellement les sujets et par sujet il faudra à terme entendre une structure complexe et réfléchie articulée sur l’actualité du réel (et non sur une représentation ; ce qui veut dire, en somme, que lorsque la poésie ou les esthétiques ou les éthiques et politiques s’organisent, tous ces domaines signifient vers et par une individualité de sujet, c’est la perception de ce sujet qui le crée ; ces domaines ne sont pas perceptibles autrement que par des sujets élaborés.

Aussi lorsque la société humaine depuis deux siècles a commencé de produire sa propre interface, sa propre mise en forme culturelle naturaliste ou réaliste ou humanisée ou psychologisée, elle a déchu et s’est effondrée d’un niveau ; elle a pris comme donné ce qui était construit et a interrompu la construction en se considérant comme si naturellement, si rationnellement existante, d’un plan étal et non plus de réflexion et d’ontologique.

C’est bien de ceci qu’il fallut créer ses propres médias ; cinéma et musique mondialisée séparés, et télévision qui fut l’apogée de cette représentation auto-normée et dont une partie du contenu consistait précisément à nier et déconstruire l’ancienne acculturation généralisée (qui, elle, entendait élevait les individus au statut de sujet de structure) ; le résultat  ne s’est pas fait attendre ; il n’y eut plus que de pauvres mois déprimés et une mise en forme culturelle qui leur réassignait continuellement et toujours et encore les mêmes images écœurantes. Par injonctions.  

Et on a vu que l’on est assujetti à la vérité, cad au réel (en ce sens que c’est par là que l’on existe comme sujet, comme cette élaboration de sujet, comme rapport et mouvement) et le moi, tout fagoté qu’il soit, est lui-même sous la loi de la vérité (bien qu’il n’en croit plus un mot) ; aussi le monde et le vécu ne tarderont pas d’être perçus cruellement par le moi lui-même et malgré qu’il en ait. Il se trouvera, s’est découvert ridicule et impuissant, et souvent horrible.

Et cette vérité lui apparaitra fondamentalement non plus selon l’idéel de jadis et la loi ou la culpabilité (de n’être pas universel) mais selon la réalité même, dans le monde, dans et par son corps, dans son vécu tel quel, son pauvre moi sans sujet pour le structuré, pour le supporter, en tous les sens du terme. Et ça apparaitra dans le vécu (et non plus comme culpabilité universelle) parce que tout moi est déjà dans l’universel et que ça le prend, le structurel, de plus loin que l’universel, ça le prend dans la masse du corps et de sa propre vie. On a réalisé l’horizon universel, par la révolution, et on a initié la personnalisation dans cette humanisation fondée en et par l’universel, mais le monde que l’on a ordonné a cessé d’obéir au structurel ; ça n’est plus le sujet qui s’est créé mais le moi qui ne se tient que du corps et c’est l’idéologie du corps, l’économisme, qui a occupé tout l’horizon possible. L’économisme veille à la satisfaction, à la béatitude du corps ; lequel et laquelle peuvent s’observer du dehors, de l’extérieur, comme toutes ces images, ces images de bonheur, de réalisation de soi et de sa propre vie. Et si tout cela est bel et bon, c’est aussi mille tonnes de mensonges et un écrasement, qui ne sera libératoire que pour quelques uns ; les autres en étoufferont.

Dès lors tout est jeté hors de soi ; ce qu’il faut comprendre comme « le regard est jeté hors de soi » ; il n’est plus le regard qu’il est parce ses objets le téléportent hors de son schéma ontologique ; qui veut que le regard ne s’appartient pas. Le regard jeté hors de soi tombe dans ses objets, mais le regard qui se sait comprend que le regard le regarde lui-même ; il est autre en nous, en chacun il est un autre, le point par lequel s’ex-siste l’exister et cet exister rend possible que chaque un ne dépend de rien. « Il est regardé et cela se nomme monde, réalité, univers ».

Ce qui est annulé et aboli c’est la verticalité du sujet, ce qui veut dire  sa négation (comme lorsque la pensée au milieu de toute situation sociale parait telle une exhibition malsaine et que toute référence à une intériorité métaphysique, ontologique, religieuse, mystique, ou quelque position au-delà du moi cloué à ce monde semble une indécence honteuse).

Le moi est alors cet être qui croit qu’il n’est pas vu alors que tout ce qui l’occupe est un champ de perception qui l’extériorise continuellement et le déporte hors de lui-même ; un moi n’est que cela et l’impossibilité de composer avec une altérité ou avec le un. C’est par là qu’il est tétanisé par le regard de dieu ou de la pensée (et de l’être) ou de l’universel et désire tant ne demeurer qu’avec lui seul ; il ne s’aperçoit pas que cet être-seul le livre précisément au regard des autres, à l’objectivité, au monde (les objectivités sont des discours tenus par des autres, qui clouent sur place votre regard). Verticalité du sujet veut dire : je ne m’appartiens pas, j’appartiens à ce qui n’appartient à rien ni à personne, à l’inapparence du possible ; ce qui se tient en réserve et pur et brut virtuel de tout ce qui est et se nomme le présent qui vient au-devant.

De la petitesse

Soit donc la réduction aberrante du sujet au moi imbécile et l’incapacité de structure pour une telle psychologie de passer outre la réalité et de s’aligner sur le seul horizon qui soit : le réel. Puisque manifestement depuis longtemps maintenant nous nous sommes rendus indépendants des nécessités … les nécessités, les raretés, les difficultés naturelles ne peuvent plus en aucun cas servir de prétexte à la négligence et à la faiblesse ; ce sont et ce ne sont plus que nos qualités jadis stipulées morales qui dés lors nous jugent ; et débarrassés de toute nécessité nous ne sommes capables que de réinstaller de pseudo contraintes qui nous dispensent de nous maitriser et réguler.

De nous maitriser et réguler ce qui veut dire et suppose ; de penser le statut exact de notre être (qui n’est pas un être, contrairement à la caricature réaliste, naturaliste, rationaliste, psychologisée, qui sont également par ailleurs des caractérisations intéressantes) et qui n’est pas un double monde, double moi, esprit, âme, mais qui est l’articulation surpuissante n’est pas du monde, du vécu ou du corps ; le « ce que vous ne réaliserez jamais, mais que vous existez ». De dresser non pas un objet de volonté (ce qui répéterait l’égarement) ou de désir mais de cartographier l’intentionnalisation ; dans l’architecture de l’intentionnalité et l’architexture (du corps) des objets et des volontés et désirs. C’est sur cette voie que Sartre et Lacan avancent.

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