Le devenir fou
Chacun se tient sur son horizon. et c’est pourtant une pure idéalité. parce que chacun, en vérité cad en réalité, n’a affaire qu’au donné ; aux objets et aux désirs, aux pulsions et aux perceptions, lesquels ne sont jamais abstraits. On pourrait y croire.
Mais le fond sur lequel tous ces objets et désirs, et signes et images, se détachent (il faut bien qu’ils se détachent puisque les signifiants différencient les objets dans la masse de perception, de même qu’ils distinguent en nous les émotions et les sentiments qui ne restent pas à l’état de pulsions, dit autrement émotions et sentiments parce que construits, construits parce que signifiés, signifiés dans un champ et donc un champ organisé, dit champ intentionnel) le fond au-delà qui fait paraitre .
On ne “voit” pas l’horizon sur lequel on se tient ; la “conscience” n’est jamais “dite” dans la phrase ; je peux bien dire “la conscience la conscience la conscience” rien ne passe du rapport qu’elle est, dans ce mini réseau de l’énoncé qui dit “la conscience”. de là que le “je suis” n’est pas le “je pense” ; le suis n’est pas “de la pensée ; le terme “la pensée” fait signe vers cet être ; qui s’auto désigne, mais ce faisant il ne désigne pas un “être”, mais le mouvement de signifier ; et qui n’est compréhensible que par les êtres qui ne sont pas des êtres mais saisissent cet être comme mouvement, comme “non être” disait faussement Hegel (et suivants, jusqu’à Heidegger et Sartre).
Or donc ça n’est pas du tout un néant. Qu’il ne passe pas dans l’énoncé, ne le disqualifie nullement ; il serait bien plutôt la condition de possibilité de tout énoncé (ce que pointe Kant évidemment, et de quoi Hegel tire le nouménal, l’ensoïté n’est pas, il n’est que la pensée-se-mouvant, et qu’il institue comme “esprit”, dont on ne sait pas du tout ce qu’il veut dire ; puisque cet esprit est l’arc de conscience et qu’il est, en fait, bien plus grand que toute pensée, que toutes les pensées.
Les pensées sont en vérité les moyens de cet arc ; les signifiants sont utilisés par l’intentionnalité.
Et c’est le déploiement de cette intentionnalité qui est explicité, qui doit être déplié ; non plus comme faire valoir de quoi que ce soit, mais en tant que cette intentionnalité fait valoir tout le reste.
Mais alors quel système déploie-t-elle ? qui dépasse toutes les déterminations, cad tous les énoncés. Puisque l'arc est antérieur et postérieur à toute énonciation, tout signifiant et disposant en fait, en fait réel, tous les signifiants sur et par un horizon ; horizons enchâssés les uns dans les autres ; mais horizons qui au final (ou à l’initial) se suppose du fait absolu monumental et unique et exclusif du réel.
Il y a “réel” pour l’arc de conscience de ce que celui-ci est non pas ceci ou cela (qu’il faudrait qualifier et qualifier selon le monde, ou le langage) mais de cette position “qu’un réel il y a”.
Le réel est le point tout à fait externe qui n’est compréhensible, comme énoncé, que par une conscience, un arc de conscience.
Le réel heurte la structure de conscience, qui voudrait, sans celui-là, se refermer sur elle-même : elle voudrait se lover dans son contenu, faire une avec l'objet de son désir ; retrouver l’unité du corps, vivant, qu’elle n’a jamais réellement vécu, mais qu’elle imagine, hallucine et hallucination qui alimente ses désirs.
Sauf à s’élever dans le seul véritable arc qui ne cesse pas en tant que possible, renouvelé. par quoi le réel, le présent est le continuel re-commencement (par lequel la chance, la capacité du possible, du grand possible, est sans cesse remise). On a vu que le christique se distingue de ceci qu’il remplace la Loi par l’Intention ; si la loi vous condamne, l’intention peut vous renouveler ; de telle sorte que chaque fois l'individu “sujet” peut à nouveau et encore produire, inventer, créer, tenir ou maintenir, installer ou proposer de nouveaux rapports ; de là que le christique passe d'abord par et via autrui ; aimez autrui, afin que tôt ou tard chacun puisse, éventuellement, trouver sa propre activité ; si autrui, si aucun autrui n’accorde la possibilité, alors jamais aucun sujet ne naîtra (le surhomme qui “impose” sa propre ‘loi’, est une vue de l’esprit, pas une réalité).
Pour un arc de conscience, qui tend à se clore, à former un cercle ; pour cet arc le “réel”, cette position, brise constamment le dit cercle ; il souhaiterait abolir la distance, joindre son objet à son désir ; mais si il annulait le “réel” et la distance, c’est lui-même qu’il annihilerait ; c’est il existe parce qu’il est un rapport ; pour et par un rapport il y a un autre bout et cet autre point c’est, au final, le réel ou la position “d’un réel il y a”.
De fait aucun objet ne sera susceptible de combler le désir ; au point qu’en vérité le désir obtiendra lui-même sa clôture dans le devoir ou le droit ; l’amoureux ‘doit’ un jour ou l’autre se marier ; et se mariant ils (les deux) entrent dans une autre-structure ; celle d’un ordre qui permet de passer au-delà du seul désir (en quoi voudrait nous restreindre le “libéralisme marchand”, pour illustrer) ; ce sont les stades de Kierkegaard par ex, ou les étayages de Freud, etc. Lacan nous révélant que jamais la pulsion, le fantasme, la jouissance (hallucinée) ne devraient être étouffés ; puisque la source inconsciente est pulsionnelle (suppression qui aboutirait à une dépression, une non tension, l'incapacité d’intentionnaliser, de produire un champ de désir et d’objets).
Et ce faisant bien sûr, le rapport, la conscience, n’est pas enclose dans un cercle mais structurellement déportée vers l’altérité et l’altérité absolue, ce qui veut dire formelle ; on a ramené le terme “absolu” ou même “infini” à, en une signification effective et compréhensible ; à savoir le rapport qui n’est ni dans l’un, ni dans l’autre, mais dans le mouvement ; sans mouvement pas de rapport pas de conscience ; étant rapport il est non fini et étant rapport il est formel.
L’absolu n’est ainsi nullement une idéalité ou abstraction, mais la structure même qui crée la tension du champ dans et par lequel défile les signifiants qui découpent la perception et le pulsionnel. Mais à condition de savoir se tenir du plus loin ; ce qui veut dire de tenir le dit champ en tant que tel, et non pas le laisser absorbé par l’immédiat et les images (et les signes, mais les images finissent en ce 21éme par devenir des signes, ce qui est catastrophique) et les objets-choses monstrueuses de cette pléthore de désirs.
Et tenir le dit champ valant en et pour lui-même, c’est recréer dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le réel (et la révolution qui organise la réalité humaine, relationnelle et intentionnalisatrice) ou être en mesure d’articuler (face à l'inarticulation des images-signes, des signes réflexes en somme) d'articuler et de penser ou d’esthétiser ou de poétiser la réalité et le vécu ; or tout s'effondre dans l'abêtissement, dans l'accumulation, la concaténation imbécile, le précipité de la réalité dans la (pseudo) satisfaction (qui est rêvée publicitairement ou selon l’internet) ; dans le devenir fou.
Le devenir fou est réservé à la réalité humaine psychique ; soit donc l'impossibilité pour un être humain de supporter la densité, l’intensité, l’extensivité de l’arc de conscience logé en un corps vivant (qui par son ajout psychique devient fou). Mais dans l’historicité il s’agira d’un devenir idiot généralisé (tout étant ramené à la pente glissante vers le bas du moi immergé dans l’immédiateté et dans l’incapacité de s’élever, ce qu’il doit ou devrait certes au sociétal qui aurait à lui fournir les moyens d’une telle ambition, mais élévation qu’il devrait de et par lui-même initier et créer ; or la majorité s’affaisse dans l’imbécilité).
Et plus encore que le devenir idiot généralisé, on dira le devenir ir-réel ; le devenir qui se fuit dans la maison aux fantasmatiques, les signifiants transformés en images, les images en objets, tout cela qui se décomposera invinciblement.
Lorsqu’elle croit désirer son unité, ce cercle, il s’agira de l’effet du corps ; le corps, vivant, et un, est splitté, divisé par l’arc de conscience et espère retrouver son unité perdue ; son objet, de désir, est installé afin d’attendre une telle unité ; l’être est un fantasme qui attire à lui et la conscience et le corps, ce qui veut dire qui attire la conscience telle que prise en un corps, telle qu'elle ne s’est pas distinguée (comme par ex la pensée, et l’universel, implique que l’on se décentre afin d’installer l’objectivité), en tant que cette conscience donc dépourvue de toute unité en propre suit le trajet de la pulsion, de l’unité du corps ; mais c’est une illusion ; puisque l’arc de conscience ne peut pas se réunir, sauf à disparaître, et l’unité-avec-le-corps ce serait la satisfaction intégrale, laquelle est une totale hallucination, une fusion et une confusion, n'admettant plus de distinction, et plongé dans les ténèbres.
le régime, le rythme seul réel de l’arc de conscience est la division, la séparation, ce par quoi (et peut-être pour quoi) il est distinctions, signifiants, langages, idées, individualités, etc. Nous ne sommes pas ce corps, nous avons un corps, et ainsi prenons pour assise non pas une identité, une identification mais un caractère formel absolu (pléonasme) ; ce qui se nomme le sujet (ou dit autrement la capacité de rapports qui se sait en tant que rapport ; Rimbaud, toute proportion gardée, se sait “poète”, il se reconnaît tel ; mais cela vaut pour tout “moi”, toute personnalité, tout choix certes mais surtout toute invention de soi, laquelle, lequel “moi” on l’a dit n’est nullement négligeable, c’est même la finalité historique constitutive ; sinon pourquoi aurions-nous créé ce 20éme et puis ce 21ème siècle ?)
Hors cette distance ; qui est constitutive et pas seulement mais qui est, cette distance, cela même qui doit être créé, qui est le but, la finalité (au choix) soit de la Création, soit de l’existence entendue comme Ex-sister (comme possible du temps) ; la finalité en tant que réalisant tout le possible possible, le possible du possible, du possible qui veut redoubler sa propre possibilité, comme on l’a dit précédemment ;
dieu, la pensée et l’universel, le sujet, christique ou cartésien, le réel et la réalisation humaine et personnelle, ne rendent réels pas seulement des “mondes” mais rendent réelle la structure des possibles ; ce qui veut dire rendent réels les rapports (les rapports humains, ou de soi à soi, ou de soi à dieu, ou de la conscience au champ(s) universel(s), que sont les sciences ou les esthétiques ou les éthiques, etc. de même la retranscription de l’énergie vers la matière (après the Big bang), ou la transmutation de la matière en biosphère ; non seulement tout ceci réalise bien plus que ce qui le précède, mais ce qui suit (matière, biosphère, conscience) comporte plus de possibilités ; il est une gradation dans la possibilité.
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