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instants philosophie

Ce-qui-est-en-plus

2 Septembre 2015, 08:20am

Publié par pascal doyelle

La suréminence de l’ici-même

Tout moi s’engage dans la dégradation de soi, ce qui ne signifie pas qu’il ne réussisse pas quantité d’inventions de lui-même, de son vécu, du donné ; c’est que la puissance, structurelle, ce qui veut dire le potentiel, puissance n’est pas pouvoir mais potentialité, la puissance qui l’anime est outremesure. Ce qu’elle veut est Autre, et lorsque jadis dans d’autres mondes elle s’imaginait selon ses rêves partagés et élaborés par le groupe, le langage, la perception emplie, elle ne reposait pas sur les épaules de chacun et chacun n’était pas dans la nécessité d’inscrire dans son corps, de contenir dans les limites du corps, la puissance enchainée.

Et de se concentrer en chacun. Le chacun qui a conformé notre réalité soudainement, la puissance (le potentiel du Un appliqué non plus tout là-haut mais ici-même), celle là même que Nietzsche crée en plus de la volonté cartésienne (parce qu’il n’existe pas deux sortes de réel qui se désignent par la « volonté », et c’est le même que l’intentionnalisation de Husserl, qui lui aussi éprouve la nécessité structurelle interne de surajouter à volonté un approfondissement ; on ne se lie pas par des « idées » qui passeraient de l’un à l’autre mais par une expérience, une proto expérience d’un être-réel qui veut, surjoue la volonté (N.) ou intentionnalise (H.), selon ce qu’il en éprouve surgissant de la cervelle vers le réel et dont la philosophie est le soulèvement lui-même, étant « ce qui arrive à l’humain » au sortir des mondes particuliers), la puissance donc (et ça n’est pas un hasard ou une interprétativité nietzschéenne, volonté est nommée parce qu’elle est la fine pointe qui existe en plus en chacun), la puissance est, lorsque concentrée, décuplée et ce pour cette logique qui s’impose depuis les grecs, les chrétiens ; que le Un est ici.

Beaucoup en s’agitant sur la volonté, sur l’imaginaire, sur le désir, sur le néant, tentent d’échapper en réalité au poids sur nos épaules et d’ouvrir le champ, de sorte que l’immédiateté ou la cervelle puissent reprendre la main sur l’articulation ; mais l’articulation de conscience au réel n’est pas de la cervelle, elle est en plus. Et cet en plus lui montre, à la cervelle qui en ignore tout, qu’il existe là au-dehors un réel ; et que l’articulation doit consister en sa forme et son effort, se tendre par-dessus, vers. Et que ça n’est pas écrit, inscrit, reconnu, admis par quoi que ce soit ; le corps lui-même n’en connait absolument rien, l’inscription dans la cervelle de l’articulation tend continuellement à lui échapper ; elle n’y comprend rien. Elle se replie sans cesse sur la mémoire qu’elle est, substantiellement de toutes ses déterminités intérieures, la cervelle vagit, réclame sur son propre fond, pesanteur qui embarrasse l’articulation de conscience, mais celle-ci remue la masse molle continuellement, par l’externe, en prenant appui sur le « là » du donné réel, et adore se vautrer dans la cervelle ; l’arc de conscience se tient sur ses deux pieds, créant l’interne et l’externe structurel à partir de l’intériorité et l’extériorité, à partir de toutes les divisions.

Il faut saisir que de même que le présent n’est pas le « présent » mais l’actualisation de tout en une seule fois, de même « conscience », n’étant rien sinon formellement, se tient par-dessus tout ce qui la précède, et tout la précède. Raison pour laquelle elle est sinon le Bord du monde, du moins perchée sur celui-ci.

L’articulation au réel n’obtient aucune aide, aucun recours à sa portée ; elle est sa propre motivation et motilité ; chaque articulation doit se motiver à abandonner l’être, la détermination, pour l’indétermination et le vide ; pour une cervelle (et le moi appartient en grande partie à la cervelle, le moi est le rond-point d’échanges entre une extériorité vaguement contournée et une intériorité massive et poisseuse, qui passe partout au travers la porosité, parce tout ce que l’on connait est de la mémorisation et prisonnier dans le rêve éternisant de la cervelle, et que le moi, qui seul existe, le sujet étant impossible (mais réel), ne lui est pas de secours, le moi tente de tenir un équilibre entre tous les dispositifs, de faire fonction de synthèse, de bricolage, d’organisé le désordre, bancal et étant lui-même non-ordonné pour suffire au désordre donné), pour une cervelle le réel est une horreur, une incompréhensibilité totale.

Il est clair que « conscience » peut se prendre dans la cervelle comme pieds dans le tapis (puisque la structure de conscience reçoit quantité d’informations de partout et de tous les dispositifs) et s’enrouler dans le rêve éternel et qu’effectivement une majeure partie du moi est drapé dans le rêve éternisant (de par sa fonction de synthèse qui bricole), mais que structurellement l’arc de conscience qui sort (de par son mécanisme radical, absolu, un, de puissance pure et littéralement brut, voir brutale) de la cervelle vers le réel entraine à surajouter, réimprimer, réécrire, reprendre selon une Autre logique ce qui sinon s’enroulerait.

La division, la séparation de la pensée, du christ, du sujet, mais aussi des pensées de l’altérité (Heidegger, Nietzsche, Sartre, Lacan) est d’une cruauté abominable ; bien que, comme on le voit par Heidegger, Nietzsche, Sartre et Lacan, le mouvement est tangent… il flirte avec une magie, une authenticité, une sauvagerie, une absurdité, et toutes dangereuses ; parce que dans la mesure où l’intentionnalité, la volonté n’est pas tendue par le Un, il en résulte qu’il retombe dans l’aspiration rêveuse de la cervelle, réanimant à nouveau de ces sortes de synthèses du moi ou du groupe humain bien lovés sur eux-mêmes, de rêver d’une « humanité supérieure, authentique, non aliéné, surpuissante » ou ce que l’on voudra du même genre. En bref tout cela n’est guère raisonnable et surtout veut combler le vide formel pur et brut, sauvage mais ontologiquement sauvage et non pas s’abaissant à investir le monde et les corps de sa violence, le Un qui seul permet de rétablir par-dessus ce qui autrement tombe dans le monde, le donné, le vécu, le corps, et tombe dans la cervelle.

L’arc de conscience vers le réel est la puissance mais n’est pas la « toute puissance » ; en rien ; ce serait même le contraire ; si « conscience » était toute-puissance, cela n’aurait aucun sens parce qu’aucun effet (le monde serait son effet et cela n’a aucun sens, le Un s’appuie sur et par l’altérité, le divisé actif); c’est parce que une, séparée et pauvre et sans rien et absolument passive et activiste et désordonnée, qu’elle est. C’est la séparation qui crée le Un. Parce que rien dans la cervelle ne dit le réel. Il faut un être formel vide et simple rapport au réel pour que l’incongru réel « passe », nous revienne ou nous atteigne. La fragilité et la petitesse sont de la structure même, sans quoi elle n’aurait aucune fonction. Rien ne lui est jamais joué ; elle doit tisser et son tissage se créer comme élaboration intentionnelle jamais acquise, jamais mémorisée en réalité, jamais déposée dans la cervelle, ni dans l’être mais strictement par l’exister en plus de l’être ; elle tient par miracle, cad par excès sur elle-même qu'elle va créer dans l'arc lui-même. Elle se motive parce qu’elle se tire de son « qui sera », mais elle est seule à percevoir et dans le lointain le « qui sera », et elle le perçoit non en telle ou telle notion mais de la perception du Un mouvementé.

Rien ne l’y pousse sinon que le mécanisme de conscience est de fait surgissant et impératif sous condition de se saisir (ce qui veut dire ; être saisi). Ça se tire de (soi).

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