Le rapport radical
Si ce qui fut découvert et inventé à la fois, à savoir l’articulation de la conscience au réel, est effectivement ce qui s’est passé, alors c’est cette articulation que chaque conscience a à charge de structurer.
Plutôt que d’attendre d’on ne sait quel contenu de conscience, de quelque vérité qui trainerait, la concrétisation de notre être, il faut partir de ce que notre être est déjà réellement existant en plein et que c’est cette positivité radicale qui se cherche ; ça n’est pas de remplir ce dont on manque, on en manque de rien, mais d’ajouter à cet être un en-plus qui l’invente, le restructure, le porte plus loin à être.
Autrement dit, il nous revient de créer un peu plus, de poursuivre l’être qui est en cours, étendre la structure, d’autres articulations au donné là. C’est ce à quoi s’emploie chaque moi avec son corps.
Chaque moi dont on a reconnu la complète validité dans le processus ontologique (qui part de la pensée grecque, du sujet puis des mois, chacun pour soi et entre eux, réemployant à chaque fois autrement la même réflexivité, élaborant le grand système formel unique et universel qui étage ses progressions et qui doit impérativement garantir et l’universalité et extensivité des grecs, et le sujet et l’intensité cartésienne, et la densité lacanienne de cet être autre que tout, qu’est chaque moi), chaque moi est déjà engagé dans son propre processus et les mois sont engagés entre eux.
Si la réflexivité a pris naissance en et par la pensée on a reconnu que la pensée était l’élaboration intentionnalisatrice qui s’ajoute à tous les mondes humains particuliers, hors de chaque groupe-langage-immédiateté, et déploie non pas la « pensée » ou la « raison » mais le système surélaboré de l‘intentionnalisation, articulé au monde donné là, au là gigantesque, et que ce système s’est imposé absolument puisqu’il est l »unique représentation adéquate de notre être, de tout être dit humain, ou plus exactement dont l’humain et la personnalisation sont les effets.
La recollection de toute la réflexivité dans tous les mondes humains, de toutes les pensées, de tous els systèmes, permet à chaque conscience de choisir, mais bien plus réellement de créer, produire, inventer son élaboration, ce qui signifie engendrer partout le Même processus de distinctions et de différences. Comme dans le système du libre, les choix et les inventions sont secondes (et non pas secondaires) pourvu que le système libre s’existe ; c’est le libre qui est le possible qui rend possible les inventions, parce que c’est le libre qui est vécu, et c’est le libre qui permet la réalisation de tel ou tel possible, c’est au fondement de telle ou telle réalité qu’est l’essence réelle de telle ou telle réalité.
Le libre est donc ce qui, cette nature, cette essence de cette structure là, ce qui s’est maintenu ; en révolutionnant incessamment ; ces devenirs dis-rompus, ces explorations, humaine sou inhumaines, personnalisées ou destructrices, forment l’entretien par lui-même du libre au fondement. Il s’entraine incessamment se rendre tel. Il active et réactive la structure par elle-même. Quitte à se fourvoyer, se perdre, et partout en et par chaque moi, il se renouvelle.
Ce qui mène grand train, la puissance même, (qui signifie la potentialité et non le rapport de pouvoir), creuse donc tout ce qui est, et épuise littéralement toutes ses possibilités, non pas seulement les possibilités du monde en tel état à tel moment, mais aussi ajoutent à celles-ci ses possibilités propres et crée, poursuit le devenir de l’être réel. Notre historicité est la volonté, l’intentionnalisation excessive, le radicalisme extrême, l’activisme pur et simple de cette entité dite réflexivité pure et formelle, qui a pris le pas sur tous les contenus, et qui a engendré toutes ces quantités de machineries intentionnalisatrices, en se remémorant sa propre origine structurelle.
Ce que l’on nomme raison ou pensée, dieu ou esprit, sujet ou moi, révolution ou devenir, volonté ou énergie, amour désir, autant de signes-relatifs, sont des points d’attirance qui créent la superstructure réelle qui aimante les consciences et ces points d’attirances sont aussi des rapports au corps, à tel ou tel corps, à telle ou telle partie du domaine réel, du donné là gigantesque ou au « là » lui-même de ce donné.
Nous voici donc à la plus grande extrémité de ce qui est, nous nous y tenions déjà depuis le début, depuis l’accès grec à la réflexivité se nommant et s’existant de se montrer cachée qu’elle était jusqu’alors ou non encore apparue en son nom propre), et le système formel qui s’est déclenché alors, nous poursuit sans aucune trêve puisqu’il est « cela qui est », l’être et la réflexivité pure, le sans rien, le hors du propre, le « ce qui n’a affaire qu’avec (soi) ». Ceci réalisant, rendant réelle la structure incessante (qui n’a rapport avec rien du tout qui existe) mais ouvrant donc la dimension même de « ce qui est, tel que cela est » puisqu’alors le réel est ce qui comporte un truc, un machin, une bizarrerie, un rapport innommable, un gouffre horrifique, une impossibilité exclusive ; ce qui a rapport à (soi) ne peut pas être un rapport déterminé, auquel cas il ne le serait à (soi) (mais à une identité quelconque), ce rapport est donc radical en ce que précisément il n’est rapport que purement à (soi). Ce rapport, l’être qui a un rapport à (soi) ne peut être que radical, activiste, horrible.