Il faut en somme saisir notre être comme une unité cachée. Il n’est pas si évident que cela , et non seulement on n’en sait rien individuellement , personnellement , mais aussi et pareillement , on n’en sait rien universellement , représentativement , collectivement : ni pour-soi , ni en-soi .
Que cela soit précisément en pure question depuis deux siècles est assez troublant : via le grand double début : Descartes et Hegel. La duplicité est épuisante ; entre ce que l’on projette - pense être, et ce qui agit réellement. Notre être se cherche, et chacun se reconnaît intimement ou le désire mille fois en une vie, mais impossible de mettre la main dessus.
Quant à se résigner d’être, simplement, nul ne le peut : ni même à validement remplir le temps d’activités réalisatrices, efficaces, de créations ou de perfections : ça ne suffit pas.
Je veux dire que cela « pense » : en nous ça cogite. Une sorte de miroir réfléchissant qui ne sait pas quoi réfléchir. Qui a besoin de refléter une image de quelque chose ; mais aucun objet qui soit en mesure : ça n’a pas de visage apparemment.
De là à glisser dans le monstrueux visage nietzschéen, il est bien certain que c’est extraordinairement infini, Nietzsche, mais ça n’est pas une solution : puisqu’il risque fort de voler en éclats, le miroir : il est en notre pouvoir de tant ressembler à la cruauté du monde, son énorme folie terrassante, si peu stable et statistique, que notre individualité , notre préservation , notre nécessité collective (de s’y entraîner à plusieurs à cette fin ) , n’y résiste pas du tout.
Alors, le miroir qu’interroge-t-il ? est-il une question sans réponse , cad un être fonctionnel , ayant à animer une ou des machineries et dont une plus constante torture , travail , n’aurait qu’une para signification mystique de métaphysique inutile ?