L'être déchaîné
L’universel prélude
C’est que la compréhension de l’universel ne peut pas atteindre le lieu où se situe le moi et ne peut pas en cette compréhension se dégager ; l’universel adopte le point de vue extérieur qui sera au fondement des objectivités, sans se voir lui-même en son ancienne compréhension comme strictement un point de vue singulier ; ce qui abaisserait son élévation, très justement, sauf que le point de vue qu’est le sujet est le seul et unique point de vue, le point de vue réel.
La révolte (interne) du libre
La reprise de l’universel comme couvercle pesant est le retour de l’ancienne formulation de fermeture de la représentation sur la pensée ; la pensée y étouffe ayant déjà pris son avancée en instituant l’universalité, laquelle s’est révélée trop étroite ; aussi est-ce avec l’être-libre que tous se sont arcboutés à dénouer l’universel et de révoltes en dégoûts, l’être-libre montre sans le démontrer qu’il existe dans un monde donné là auquel il n’a, libre, aucun rapport.
Le creusement dans l’existence
Il apparait aux désespérés, qu’il n’est plus alors de lien entre soi-même et la raison, que l’universel est une entreprise passée, qui ne signifie plus. Mais ce serait admettre que la réalité n’est pas parfaite, et abandonner que nous sommes capables de comprendre cette perfection (lors même qu’elle ne nous plait pas).
L’hypothèse de perfection
Or la réalité est parfaite, bien que cette perfection nous échappe considérablement ; et donc l’universel, abandonné, est en droit comme en fait de la même logique que celle de l’être-libre ; l’universel est la première avancée de l’être-libre et rien dans le libre ne devrait nous convaincre d’annuler son universalité, laquelle, (puisque l’on touche ici à la racine, radicalisme cartésien, activisme ponctuel), laquelle se creuse et se révèle ; en tant que réflexivité.
La structure réflexive comme réflexe simple inatteignable
Mais non pas comme réflexivité kantienne de limitation, mais comme attention exquise de notre activité laquelle est la Méthode ; la méthode cartésienne ne cerne rien d’autre que notre être en acte ; et notre être non pas comme contenu (toutes les vérités s’effacent) mais comme structure (la structure est la vérité, la vérité est-vide, ou donc positivement absolument formelle).
La difficulté est évidement que la structure, libre et formelle, ne peut pas être admise objectivement ; l’Etat ou les sciences, le cognitivisme ou la physiologie ne peuvent pas pénétrer à l’intérieur de la conscience de l’être-libre (et chacun se-sait libre de fait, puisque chacun se nomme et que cette nomination est re-connue constitutionnellement, au fondement de l’être-démocratique).
Ou plutôt les objectivités et les étatismes peuvent contraindre les consciences-libres, mais ce sera de fait pour les déformer, pour les réduire voir annihiler. Une conscience n’a pas d’extériorité ; bizarrement la psychanalyse lacanienne est la droite ligne qui poussât au plus loin le recul indéfini de la conscience. Ça n’est pas un hasard.
L’être positif indéfiniment réel
Or si la conscience est la forme préalable à l’universel et ne s’y contredit pas, alors le libre n’est plus l’attachement à l’universalité comme libération ; puisque l’universel visait à remplacer les nécessités limitées d’un vécu, d’in monde humain et naturel particulier, par la nécessité totale et cohérente d’un monde unique complet (étendant absolument notre expérience jusqu’alors limitée). Le libre se veut au contraire par un vide radical qui n’est rien et à partir duquel tout recommence constamment.
Autrement dit le libre est celui de totale indifférence, d’indistinction, d’indétermination ; sauf qu’il existe et que donc il n’est pas un néant, un manque ou quoi que ce soit du même genre affligé, mais est un être-positif radical. Une forme pure, sans-rien.
La conscience comme acte pur
Comme elle est vide, on ne sait comment ni par où la prendre et telle quelle elle est ignorante de tout, puisque c’est une pure forme active de découpage, cad de distinction. Ce faisant elle n’est pas non plus une forme sans-rien qui ne serait qu’un rapport sartrien au monde.
Si elle est, elle est positivement (un néant néantisant ne lui accorde aucune structure) ; c’est de toute sa puissance qu’elle s’interpose dans le monde (entre tout et tout). Ou plus exactement le néant laisse indifférente la nature de cet être ; or que la conscience soit structure signifie certes qu’elle n’est pas du monde, de la détermination, mais la cataloguer de néant empêche que cet être puisse être connu en sa dimension propre. Et surtout empêche que l’on puisse concevoir un être autre que le néant et le monde ; lorsque la conscience est dite structure et non pas vide vraiment vide indicible, elle s’incruste comme être-réel et comme tel réellement doté.