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instants philosophie

De la liberté comme désastre

23 Avril 2012, 20:30pm

Publié par zwardoz

De ce que l’on ait inventé le Sujet, il n’en finit pas. Il n’en finit pas puisqu’il est un Réel. 

Il apparait un peu partout et diversement. C’est qu’auparavant il était recouvert par les constructions sociétales ; et quoi que l’on en dise (de l’aliénation etc) c’est le sujet, ce Réel, qui appert. 

Ce qui se signale par le remplacement de l’être de l’homme comme raison, tel qu’il était prévu par la rationalité et l’humanisme antérieur et postérieur à la révolution (il n’y eut qu’une seule révolution valide, celle qui installât un monde nouveau),  de l’homme comme raison par l’homme comme liberté. 

Laquelle s’utilise généralement selon une immédiateté ; chacun est apte, théoriquement, à gérer ou inventer son donné. Use-t-on en cela de la raison ? Apparemment très peu ; elle n’est qu’un encadrement, constitutionnel, ou un moyen plus ou moins perfectionné de réaliser certaines finalités qui n’ont en elles-mêmes d’autre fondation que celle du monde, donné, là, inerte ontologiquement. 

Or pourtant la liberté doit être considérée comme étant elle-même une structure ; et une structure rationnelle. Autrement dit, ruse en somme, elle pousse à recomposer le donné, partout où elle s’active (et elle s’active en chacun et elle s’active en toute personnalisation, en toute relationnalité, en tout échange, etc) selon une structuralité qui possède, a priori, en elle-même la puissance rationnelle en propre. 

Mais la compréhension jusqu’alors pensable de la rationalité comptait surtout sur un contenu de raison ; lequel serait idéalement partagé entre tous, (de l’esthétique à la morale, en passant par la sociétalité et l’Etat universel, etc). Or il est apparut que la liberté se déchainant est devenue à part entière la validation de tout contenu (quel qu’il soit, et serait-il même non plus de raison, mais de nécessités, de contingences, d’imaginations, d’objets, etc). Tout contenu est validé puisque toute liberté est à elle-même sa propre unité (puisque chacun est libre face à soi) et qu’elle admet ainsi la validité de n’importe quel désir. Immédiatement. 

Mais immédiatement sous la forme qui est déjà médiatisée puisque l’on n’est pas libre « en soi » ; toute liberté s’ajoute à elle-même, par définition. Aussi même les finalités immédiates, qui viennent combler le vide de la structure libre de l’homme, sont transformées. 

De manière générale, il y eut donc une constitution universelle de chacune en tant que libre et il était sous entendu que le contenu de cette liberté serait un partage universel de la raison ; ou version historique du bonheur. 

Ça ne fut pas vraiment le cas ; la liberté étant pour-elle-même, (chacun existe pour soi et est seul juge), cette forme Une remplace tout autre regard et peu à peu s’impose par-delà et au-delà non seulement des traditions (encore maintenues longtemps) mais aussi au-delà des idéologies (qui s’effondrent les unes sur les autres), au-delà des morales, et au-delà en fait de toute donnée humaine ; que cela prenne la formulation des échanges et de l’ultra libéralisme, par exemple,  n’est pas étonnant. Le libre est intégralement la forme pure qui est, si l’on veut qui Est. 

Est, au sens où elle structure toute réalité puisqu’elle est la structure même. (Nous n’appartenons à aucun monde, nous n’appartenons à rien qui soit). De ce que cela puisse imposer la mort et la destruction est déjà compris dans cette définition même ; puisque ça ne tient à rien du tout qui soit du monde. 

 

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Le réel est ce qui n’apparaît pas

14 Avril 2012, 16:26pm

Publié par zwardoz

Si la conscience est seulement un retour, elle n’a aucun contenu et est toujours réflexive ; or cette réflexion de ce fait absorbe tout contenu ; elle est indéfiniment ouverte à tout ce qui arrive (dans son champ)

De sorte que toute irréflexion est déjà aussi réflexion. Mais à perte.  A perte parce qu’il s’y perd, constamment, attendant ou non un retour éventuel qui vient ou non, mais peu importe parce que ce retour surgit indépendamment.

Que ce retour soit un être épiphénoménale quand bien même, c’est sa structure même. Et rien n’égale la fureur nietzschéenne d’affirmer que ce non être de retour est la mesure même de ce qui est vraiment. Que cette disparition qui ressurgit de rien est la seule dimension. Que sa destination est de maximiser la radicale perfection de son advenue intermittente.

Aussi l’affirmation nietzschéenne est un total lâcher-prise ; il abonde d’une confiance sans âme à son être propre. Mais c’est aussi qu’il se situe au plus de cet être ; il ne s’amoindrira pas dans de la bassesse de désirs faciles, puisqu’il est le savoir de son être le plus débarrassé de tout (contenu) et infiniment présent à sa structure même, qui permet de trier en toutes intentionnalités, puisque cet être se connaissant (comme être et non pas comme connu) ne peut presque plus désirer en deçà de lui-même, en deçà de sa logique structurelle.

Il n’est donc pas de « moi ». Ou plutôt il n’est de moi que construit ; et ce moi construit bien qu’effectivement réel, effectivement un peut tout autant fonctionner comme plusieurs fois Un. Puisque son être réel est le seul retour, qui peut installer ceci ou cela, puisque ce retour vide est l’unité (active ou passive) de toute détermination intentionnalisée, mais unité seulement et rien que structurelle. Pas plus.

Qu’il n’y ait qu’une structure signifie qu’il n’y a pas d’unité (ni substantielle, ni construite, ni intentionnelle, ni de détermination agrégée, etc). Mais qu’il existe une unité formelle qui survient ici ou là. Et que ce surgissement constitue notre être.

Evidemment on est aussi un tel-moi, une pensée, une conscience de soi (quel que soit le soi), une personnalité et relationnelle, etc. Tout ce que l’on voudra. Mais c’est seulement que « être » ne s’emploie pas de la même manière en tant que moi et identité(s), ou identifications (par ex objectivement dans une science), et d’autre part en tant que structure. Que l’on tienne à cette structure formelle comme étant réellement notre être et notre être seul, est question de choix du « soi ». Du soi que l’on veut exister, ou non.

Il n’est donc pas lieu de définir notre être selon une unité ; notre être est un (dans ses interventions ponctuelles), mais il Est cette unité. Si pour le dire, ou le penser, nous devons lui accoler un qualificatif, un prédicat ou du même genre, peu importe ; notre être n’a pas besoin de se nommer, puisqu’il est de fait un. Un structurellement, cad actif.

Et sans doute pour référer lui-même, il se nomme, cette nomination est suspendue dans l’activité et non pas penser extérieurement par une autre conscience. Elle est donc cette auto dénomination, vivante, mouvante, non statique et ne permet pas d’en déduire son être mais seulement ses/ces identités.

Actif autour de tas de contenus ; sans jamais y adhérer entièrement puisqu’il n’est rien, lui, d’entièreté.

Il n’est donc pas une identité (qui est toujours seconde du point de vue ontologique, si l’être est effectivement le structurel et non le déterminé), mais il est indivis. Il est un en tant qu’existant et en se soumet à aucune dénomination ; il n’en a pas besoin.  Continuer de limiter cet être à la nécessité de le parler ou de se parler, revient à l’exprimer hors de lui-même.

Sans doute la rationalité tendait à affirmer l’indépendance de la raison. Mais acquise, cette indépendance est déposée en chacun, et il n’est pas dit, nulle part, que l’indépendance soit une raison raisonnable ; puisque de raison il reste essentiellement cette structure de chacun, qui EST absolument et n’est que structurelle et il se peut qu’elle soit et devienne irraisonnable en comparaison de l’ancienne rationalité, mais relevant d’une plus grande rationalité si l’on est optimiste, ou un invraisemblable gouffre, pessimiste. 

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On est tellement libre (2)

8 Avril 2012, 09:26am

Publié par zwardoz

La difficulté, de mon point de vue, est d’assigner un seul type d’explication à des ensembles de phénomènes déjà de grande quantité et de diverses qualités et de plus à propos de l’objet le plus complexe que nous connaissions (le cerveau et le comportement humain). biffer tout le possible de la conscience (elle est rétroaction éventuelle, affective de mouvoir le corps en retour), est aussi peu pensable que de nier la matérialité envahissante ; ça me parait peu raisonnable.
Si donc il faut accorder une place à la conscience (pour le dire vite), une autonomie (au sein de les complexités susdites de toutes sorte) il me semble que ça ne peut être qu’en ceci ; par la conscience existe « en plus » du possible : que toutes les déterminations ( actions/réactions) ne comportent pas. Non pas un Possible absolu et confondant, mais un petit possible qui suffit. Et ce dans le milieu millimétré des signes, signifiants et autres. Théorie d’une moindre variation suffisante en somme.

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Qu’il y ait des causalités de toutes sortes, c'est certain. On a donc augmenté le niveau de complexités en lançant que ces causalités ne sont pas mécanistes, mais relèvent de la complexité ; par quoi le postérieur revient sur l’antérieur ; plus ou moins et de loin

Le problème concernant l'être de l'homme est que ce retour ne se situe pas seulement dans la linéarité du temps ; puisque l'esprit existe pour lui-même, il s'éjecte par nature du temps (réel, physique) au point de se créer une temporalité (idéelle, psychique, comme on veut). Que donc déjà en l'esprit l'antériorité est suffisamment décalée et qu'il est au moins un moindre temps physique.

Ajoutons à ceci que cet état stationnaire, hors temps, mêlant des temporalités (psychiques), peut prévoir, avancer telle intention ou telle possibilité (dans telle situation donnée, la dite possibilité n'est pas donnée).

Et de plus si nous sommes non pas 'faits de signes" mais coordonnés par et selon des signes, et bien que ces signes puissent se chaîner (comme les fameux signifiants), il n'empêche que mouvoir des signes est beaucoup plus aisé que de mouvoir des quantités (des choses ou des affects qui sont, existent comme corp(s) ). Que donc aussi minuscule que soit notre capacité à "modifier" en général, il se peut, il est une chance pour qu'elle soit réelle ; on est loin de l'empire de la volonté pure, mais ce que l'on perd en grandiloquence, on le gagne depuis Descartes en précision ; il se peut qu'ici ou là, à point nommé, le libre décide de par soi.

(Encore que Descartes était bien moins caricatural qu'on ne lui prêtât ; et encore que la question alors de "le libre décide" n'est pas du tout une question close ; qui est le "libre" qui décide ?)

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On est tellement libre .... qu'on ne le "sait" pas

7 Avril 2012, 14:34pm

Publié par zwardoz

Que l’on ne puisse pas dépasser Descartes ne tient pas à son discours à proprement dit, mais en ce qu’il découvre, déshabille, met à nu un Réel. Lequel ne peut pas être converti ; il se dresse de fait et s’impose.

La description qu’il en tire (doute-cogito-infini-étendue) demeure notre seule réalité ; un sujet planté « là » sur l’étendue.

Il en reste que l’être tient à la fois d’un tel sujet (intégralement autre que tout le donné) et d’un monde effectivement là. On peut inventorier la totalité du monde, qui s’étend a priori indéfiniment, du moins tant qu’on le peut, mais cette détermination indéfinie ne permet pas de conclure du sujet ; alors même que en tant que Un le sujet se sait déjà, est déjà à soi-même la certitude d’y être.

On aura beau inventorier tout ce qui se déroule dans un monde, celui-ci ou un autre, puisque le libre est et qu’il est Un (quelle que soit sa forme d’être, il est de fait effectivement Un ou alors il n’est pas du tout et alors on se demande ce qui tel quel se constate soi, et s’ouvre de cette constatation à se modifier, quand bien même pour cette modification devrait-il en passer par des nécessités sociologiques ou des contingences psychanalytiques, ou d’autres domaines encore de ce monde), puisque le libre est, et qu’il est Un (sinon il ne s’offrirait pas un rapport à lui-même, qui signe son unité ; quelle qu’elle soit), il relève d’une autre dimension, hors de tout monde et de toute détermination.

Ce qui se corrobore de ce que n’importe quel texte philosophique est difficilement compréhensible ; il est, a-t-on dit, retors. Il s’enroule. Il parait s’enrouler sur lui-même et au bout du compte, prétendent d’autres, ne rein dire du tout.

C’est qu’effectivement il ne dit rien de conséquent sur le monde, le donné, tel qu’objectivement (mais en tous les cas possibles n’importe quelle objectivité est elle-même construite et non pas si immédiate et évidente en quoi que ce soit).

Sauf qu’il entame ce qui en nous, en chacun, en tous, permet qu’il y ait un monde et s’immisce radicalement à la racine qui prédispose toute la postérité. Et pour ce faire, il ne faut pas seulement créer le vocabulaire (inexistant tel quel dans le vécu ou le monde concerné), il faut encore que ce vocabulaire soit en plus d’être détourné (de son usage commun), qu’il soit retourné ; retourné en ce qu’il témoigne de l’unité de la pensée, du libre, de la volonté ou quel que soit la manière d’approcher cet être, à part, que l’on est.

Que cet être existe pour lui-même manifeste donc qu’il est une unité et que cette unité qui ne prévoit rien du monde, du vécu, du donné, et parait reprendre cela à partir de zéro, du rien, du vide, du neutre, on peut dire que cette unité est une dimension en soi ; et comme on n’en connait pas d’autre, visiblement, qu’elle est la dimension ou en tous cas celle qui nous pré-occupe.

On en conclut donc, partout, que quelque dimension en-plus (de n’importe quel monde) existe.

Que l’on puisse amoindrir cette unité, en remarquant ses nombreuses incarcérations dans les nécessités ou les contingences, ne l’annule pas ; ces approches exogènes s’effectuent de toute façon en et par cette externalité de notre être qui est hors du monde.

Il est certes apparent que Descartes pense identifier cet être en sa « pensée » ; tout en déliant si bien les rapports que l’on ne sait trop où s’arrête ce qu’il nomme « pensée ». Ce en quoi se précipiteront de la découper en langage, causes mondaines, installations psychologiques, mais sans parvenir à la rompre. Puisque cet être ne se tient de nulle part ; on peut lui opposer ses propres contenus, mais aucun ne justifie de ce que cet être tient de par soi, puisqu’il est de faire référence à son tourbillon majeur ; ce maelstrom interne à sa structure qui fait être cette structure ; il est en acte. Et Descartes activiste pur.

Comme il surgit d’un ensemble de rapports, cet être n’est pas lié ; il se dégage des contenus idéels ou émotionnels, des fonctions psychologiques ou physiologiques, des capacités intellectives ou caractérielles, des réalités activées, de la perception même, des influx ou des désirs. Ça « apparait ». Ça apparait à soi.

On peut supposer que cette apparition est absolument dépendante des déterminations qui apparaissent. Et puisqu’il n’est rien (de déterminé) le sujet passe de lui-même sous, en-dessous des conditions de pensabilité ; on ne peut rien en dire et l’on se trouve contraint de le penser selon ses déterminations, qui sont alors bien vite Ces déterminations là. Le sujet a donc sa cause dans l’altérité, dans autre que soi.

Mais cependant c’est toujours sa structure qui revient par-dessus et quand bien même n’aurait-elle rien à dire ; puisque c’est « elle qui dit ». « Ce qui dit » n’a rien à dire : ça existe de fait, et que ça existe de par soi ne signifie qu’il, cet être, se précède. Il fait seulement et uniquement retour. Il fait-retour. Il ne tient que dans le retour sur « soi » : bien que ça ne soit pas lui, ce sur quoi il fait retour, ça n’est pas lui ; lui, ne tient que dans le retour.

Il peut donc s’intercéder quantité de données, de contenus, d’informations antérieurement au retour. Mais aussi ce Retour sur un « soi » ne touche aucun « soi ». il lui faut l’imaginer. Il imagine ce sur qui, quoi, il fait-retour.

D’une manière ou d’une autre, d’une part c’est un mensonge, une illusion, parce qu’une construction, et d’autre part cela garantit que pas lui-même il ne peut se contraindre… Autrement dit qu’il est purement libre puisqu’il ne peut pas même se soumettre à soi (n’étant aucun soi préalable mais seulement en seconde partie, et supposant toujours une image, idée, illusion de « soi »). 

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Logique du seul vécu

5 Avril 2012, 14:26pm

Publié par zwardoz

Il s’agit d’une seule journée. Ou si vous resserrez encore un peu, d’un seul moment, d’un seul instant.

Une seule journée en laquelle se compilent l’ensemble des jours vécus. 

Le but est d’avancer à l’intérieur de cette unique journée, qu’est une vie. 

De la recommencer continuellement et de pousser plus loin le pion. D’approfondir et de creuser l‘énorme moment vécu, l’unique moment, qui occupe tout le temps passé et encore à venir. De telle sorte que constamment le Même soit remis en marche, relancer, recomposé, décomposé, réuni de plus en plus élargi ou creusé plus avant. 

L’énorme instant est le premier et le dernier ; il n’y en a pas d’autre.  Une seule journée. 

Le moyen est de produire une systématique ; mystique, mathématique, esthétique, philosophique, ou une exposition constante de soi aux intempéries, aux hasards, aux malheurs ou bonheurs. Mais de vouloir cela systématiquement. De penser en retirer continuellement un « savoir ». D’éprouver radicalement ce qui est tel que cela est et tel que cela est éprouvé. Un savoir de quelque ordre que ce soit, en quelque domaine que ce soit mais qui tienne au moins à ceci ; on en prendra la conscience la plus exprimée possible, la plus exposée. 

Tout moi-même est configuré d’une si minimale consommation de soi, qu’il se reçoit comme un être donné, là, inerte, sans vigueur. Il attend, il attend que « ça arrive » ; quoi ? Il n’en sait foutre rien. Il croit qu’il est déjà lui-même, tel quel, tout venant, et se rend indigne du Sujet, qu’il est, par ailleurs, sans en rien savoir. Il ne comprend pas qu’il lui faut, cessant ce moi-même épais, exiger que ce qui est, soit. Que tout soit en une fois. 

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Le sens de la politique universelle

4 Avril 2012, 13:27pm

Publié par zwardoz

Si l’ensemble d’une société consiste en sa richesse, il apparait que la version courte, limitée, absurde et sans aucun avenir (puisque cette version le supprime de fait) définit cette richesse par l’accumulation de chacun. Le reste, cad l’ensemble de toutes les conditions nécessaires qui permettent à chacun de manœuvre cahin-caha dans son seul vécu sont reléguées au titre de simples moyens, sur lesquels éventuellement selon les conjonctures, on rognera. 

Les justifications sont élucubrées de différentes façons, des religiosités aux idéologies, mais tout autant dans le silence et la dissimulation ; ne pas en parler, ne pas exposer le scandale c’est avant tout ne pas autoriser que soit mesuré le taux de profit. 

Il est bien clair que tout se joue autour de cette usure. Du boulanger au financier, si le taux d’usurpation est trop élevé et disproportionné, c’est du vol. 

Les libéraux bon teint, sont stupéfiants. Ils manient une logique si réduite qui parait couler de source d’une fondation moralisante du monde, et se confortent de leur limitation de mener tout crûment cette moralité jusqu’à ses conséquences les plus idiotes ou absurdes. Puisqu’il n’est aucune morale qui puisse couvrir assumer tout ce qui est et que toute morale en sa finalité propre (et légitime) doit aboutir (sous peine de ne plus rien signifier), déboucher sur une politique ; toute politique est le déploiement élargi et plus ou moins rationnel d’une moralité en soi limitée. 

Le libéralisme en ce sens est une vision réductrice tout comme le communisme ou les simplicités écologiques ou les passéismes divers ou les théocraties. 

Si l’on veut y contrevenir, il est alors nécessaire d’établir ce qui ne fut jamais ; la comptabilité exacte de tout ce qui constitue ce que l’on nomme « richesse » d’une société. Comptabiliser les conséquences et les effets, les conditions et les égalités comme les libertés, et de modéliser (ce qui n’est pas planifier) ce qui coute et ce qui revient. 

Au lieu de cela, de cette modélisation, on nous offre qu’il existe une nature humaine qui s’auto organiserait selon cet impératif aveugle de la seule liberté et sans ajouter que toute liberté dépourvue d’intelligence est livrée aux immédiatetés (aux petits désirs ou au gros égocentrisme qui accumule pour soi seul ou selon une soif soi-disant immanquable de reconnaissance…). L’égocentrisme des puissants est équivalent aux petitesses des moins-que-rien. 

Ce qui ne suit pas le donné nécessiteux, des egos ou des petitesses, s’impose par-dessus comme régulation universelle ; et cela n’est pas extérieur à la liberté, puisqu’il n’est de liberté que de partage. Soit donc le seul moyen d’utiliser cette liberté qui lui rende la pareille ; qui la provoque plus libre encore. Ce qui est conservé par devers soi, est abîmé dans l’inutilisable, dans l’investissement absurde et les faux besoins ; des besoins ajoutés aux besoins réels, mais qui font, investissements, font l’impasse sur les besoins de vérité, de justice, de libertés, de réalisations et de prévisions. 

Les libertés absurdes, limitées, aboutissent à des monopoles, à la privatisation de l’avenir ; la richesse de tous est confondue avec la limitation de quelques uns. L’impossibilité d’investissements réellement historiques (qui subviennent aux réalités que les monopoles cachent, et engloutissent) c’est l’accaparement de quelques uns qui pensent toujours selon le monde précédant, de leur accumulation qui se perpétue, de leur gloire qui s’impose de plus en plus durement dans la reconnaissance figée, de leur immédiateté à laquelle se condamnent leurs productions. 

Fausse reconnaissances, productions destructives, resserrement des monopoles, accumulation inutile de la richesse par quelques uns, épuisement du possible en somme dans un mini monde. 

Un monde qui n’assume pas l’universel et reste incapable de répondre adéquatement : il demeure enferré dans son acquisition. Il manque à ce qui constitue le devenir même de l’universel ; de se remodeler constamment. L’universel est actif ou disparait. Il n’est pas un cadre achevé à quelque moment historique, mais la refonte constante qui doit subvenir à cela même qu’il provoquât ; c’est de s’inscrire comme cadre général des libertés, que l’universel pût produire un tel monde humain, qui puisât dans les ressources mis au jour par l’universalité. 

De connaissances théoriques ou appliquées, de mesures, de comptabilisation et de monnayage objectifs qui ne malmènent pas que la liberté en question ait à se réfléchir. Et de liberté individuée ou relationnelle, par quoi chacun mène son vécu comme si il était une destination, alors que ça n’est que rencontres et hasards, péniblement attaché à en former une unité qui serait prétendument vivante, organique, significative en elle-même, acteurs sur l’écran embués, emmitouflés. Dont le fondement serait le corps ; le donné-là inerte clos imprenable du corps. 

Mais l’universel qui est tout autant le sujet en chacun, et l’universel se débat pour passer outre le monde donné là, pour subvertir en plus grand, en plus puissant, en plus réflexif ce qui se contente d’être-là tel-quel. Le corps du moi, les monopoles ou l’universalité figée du cadre historique font bloc pour emprisonner, clore, replier l’universel ; toutes les réflexions en reviennent à l’être-là de « ce qui est déjà déterminé » (selon un monde acquis). Et parviennent peu, bien peu, à refondre les déterminations dans une autre, une nouvelle universalité. 

Les cadres de la liberté, de la vérité, de la réalisation (effective et non pas illusoire ou vaine et gaspilleuse soumise aux nécessités immédiates ou fantasmées) marchent sur leurs propres pas, sans avancer, figés puisque claquemurés dans l’universalité acquise utilisée seulement pour conforter un monde dont le centre s’incruste dans l’inertie (de l’être-là du corps, du relationnel, des nécessités, des fantasmes, de la fausse reconnaissance, de la limitation du libre qui ne se comprend pas lui-même) ; puisque ces encadrements ne trouvent pas dans le monde immédiat, ou historiquement déjà là, de quoi se nourrir, de quoi devenir. Encadrement universel qui célèbre sa propre fondation mais ne peut plus devenir. 

Il est donc une inertie centrale qui utilise l’universel acquis, et le replie sur les immédiatetés, et cependant un encadrement universel pur qui manque de devenirs – tant que la richesse ne sera pas assignée à son destin ; le partage dans une égalisation réelle et uen réelle comptabilité. 

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