On oublie de croire ou non en dieu, au christique, à la pensée, au sujet. Et on reconnait que de toute manière tout cela nous a informé, instruit, formalisé : de fait.
Et que de plus ce qui se nomme l’occidentalisation, ou la structuralité pure, c’est précisément l’aventure, l’exploration, qui est née autour de la méditerranée (Moyen-Orient compris) et qui consiste à repérer, cartographier, inventer et créer, explorer et analyser ce décalage par lequel un être humain n’est jamais son milieu, ni ce monde, ni ce corps, ni ce vécu mais en-dehors et n’appartient pas plus à tel ou tel groupe. On analyse, avec la philosophie, la mystique, le christique, la poétique, l’esthétique, on remonte au travers des images vers le miroir (images ou idées ou lois et théories, ou récits ou perceptions, ou désirs pour le moi) et on pose en principe que l’occidentalisation est la recherche non plus des images mais du miroir, de sa structure.
Si l’on découvre en remontant vers le miroir même, si l’on découvre le corps ou le désir ou le monde ou les choses, ça n’est pas étonnant puisque que miroir est le Bord de ce monde-çi et, déplaçant le miroir, on éclaire, éclate, démultiplie le monde et le vécu : ce qui eut lieu. Mais désirs, représentations, mondes humains, humanisme et personnalisations, perception et poétiques, tout cela nait d’un arc formel ; indéterminé puisqu’il supporte les déterminations enregistrées. Enregistrées comme mémorisations, mondes humains, langages, systèmes, identités, personnalisations, tout ce que l’on voudra puisque c’est à partir du Bord et que le Bord est en-dehors, en plus.
L’occidentalisation (dénommée telle exprès, pour agacer, mais aussi puisque tout ceci a mené une expérimentation, grandeur nature, absolument pharamineuse et ayant, on le sait, on le voit, une infinité d’effets et de conséquences sur toute la planète et tous les mondes humains) est donc le réel tel que dressé en une seule longue fois depuis les grecs ou plus loin le dieu monothéiste et qui dure depuis lors étant entendu que ce que cette structuralité a découvert ce ne sont nullement des contenus, des idées, des représentations, mais une structure qui prit nom de dieu, de la pensée, du christique et sujet et enfin de l’altérité (avec Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan).
On a ainsi dessiné les bords pluriels du réel ; du réel qui borde les réalités et les mondes. L’occidentalisation n’est pas due à « l’occident ». C’est le processus, procédé qui enfin a vu le jour et permit de comprendre que l’on ne se loge pas dans des contenus mais dans la forme des contenus. Vous pouvez parler le polonais, le japonais, nanti de telle ou telle personnalité, être homme ou femme, du 5éme siècle ou du 21éme, peu importe puisque vous avez la même forme de conscience. « conscience » est une structure en dehors de toute détermination, de tout monde humain, de toute religion, de tout corps ou de tout distance de temps ou de territoire. Tout cela n’a aucune importance, puisqu’il n’existe que des structures en forme de conscience, et pas une « conscience générale ou humaine » mais une seule forme-structurelle répétée indivis et individuellement une par une. Séparément.
De sorte que chacun ne possède à vrai dire que deux faits absolus majeurs ; il est dans le monde et dans un corps. ce qui correspond au monde tel que découvert par les grecs (unique, extérieur, universel et donné là) et au christique (le regard qui expose en une fois votre vie de la naissance à votre mort et vous éjecte hors de vous-même comme identité ; vous devenez le regard que vous portez sur vous-même, et non plus homme ou femme, riche ou pauvre, esclave ou libre ; bref vous devenez Autre et cet altérité c’est cela même qui vous « consiste » en individu, sinon vous retombez dans une catégorie intérieure au monde, au monde humain, au groupe, etc). C’est bien en cela que grec et christique ont pu se synthétiser en un seul mouvement (le christianisme reprend toute la pensée grecque) et que l’Europe, puisqu’il ne s’agit pas d’idées, de systèmes, de représentations, de langage, mais d’un mouvement de structure antérieure à toutes les déterminations, c’est bien en cela que l’Europe a continué la même recherche, expérimentation, découverte et que somme toute entre « aimez-vous les uns les autres » et liberté-égalité-fraternité il n’est pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette.
Ou donc ; puisque l’on n’avait plus de monde humain particulier, cyclique, partagé immédiatement, perçu et échangé dans le même geste, il nous était permis dés lors de nous produire dans le monde, unique, par un corps, un seul à chaque fois n’appartenant plus à la communauté (de tel ou tel groupe). Ce qui veut dire que l’ensemble de l’expérimenté ne puisait plus dans le langage ou la mythologie particulière mais dans la perception, l’éprouvé, le désirant, l’imaginé, le voulu, le décidé et pouvait créer non seulement la philosophie et la vie individuelle mais aussi les esthétiques, les éthiques, els politiques, les idéels et connaissances.
Bref une ré-anthropologisation générale fondée non plus sur l’acquisition d’un monde donné et partagé par une parole commune et acceptée (étant né dedans on n’avait pas trop le choix d’être maya ou égyptien), mais sur la conscience de produire des contenus, des mythes, des langages, des expériences, des vies, des idées.
La prise en compte de ce fait, la production de représentations, contenus, décisions, projets, etc, était ipso facto l’établissement d’une pensée ; pourquoi existe-t-il des êtres qui produisent des contenus ? Des êtres qui pensent (version grecque) ? Ou des êtres qui décident (version christique, qui basculent leur regard) ?
Evidemment on a cru un temps, très long, que l’occidentalisation était … l’occident … autrement dit qu’on avait découvert l’essence des choses et l’identité des êtres. Et que cela pouvait se formuler comme une sorte de super contenu, bien plus vrai et réel que n’importe quel contenu de n’importe quel peuple ou culture.
Ce qui est vrai c’est qu’il se trouve que l’on a découvert une structure (antérieure à tous les mondes mais aussi à toutes les personnalités, tous les langages, les représentations, bref à tout) mais que ça n’est pas un contenu. Si c’était un contenu il entrerait en concurrence avec les autres et il n’y aurait pas de raison fondamentale de choisir l’un plutôt que l’autre (sinon des raisons secondes, comme l’efficacité ou l’adéquation en vue de telle fin ; la médecine pour la santé par ex). Mais l’historicité est plus dure que cela ; on a découvert (il se trouve que ça s’est cristallisé autour de la méditerranée, ça aurait pu être ailleurs) une structure antérieure que l’on a eu un mal de chien à nommer ; puisque cette structure est antérieure au monde et aux déterminations et n’entre pas du tout dans la représentation ; elle doit se-désigner.
Se-désigner. De fait. C’est pour cela que Descartes par ex nous montre comment lui il se-désigne ; lorsque l’on entend « je pense donc je suis » on est, one x-siste instantanément que l’on existe. Vous pouvez vous débattre comme vous voulez, vous n’en sortirait pas ; ça s’impose instantanément. De même que ceux qui perçurent comme le christ les regardait se sont transformés en et par ce regard ; il était là pour cela, à cette fin. Ou lorsque vous comprenez que par l’intention il vous est possible de produire des idées, que vous formulerez en systèmes immédiatement (sinon ça n’est pas tenable, ça s’effiloche), vous basculez dans la philosophie (qui est la discipline qui s’est chargée d’expliquer pourquoi il existait des êtres capables d’orienter leur représentation, en dehors et en plus de n’importe quel groupe ou culture humaine).
L’occidentalisation est donc l’expérimentation, grandeur nature, qui a exploré le décalage à la base de tout être humain, décalage qui implique que l’on n’est pas ce que l’on est et que donc on existe, ex-siste.
De sorte qu’il ne faut pas tomber dans le piège du relativisme généralisé (qui est purement abstrait, parce que tout le monde sait qu’il a un corps et un corps dans ce monde) qui prétend que tout cela n’est qu’égarement ; en réalité tout est vrai. Dieu, la pensée, le christique, le sujet et l’altérité. Tout. Personne ne s’est trompé ou égaré (dans les lignes de force). Personne n’était stupide au point de raconter n’importe quoi (il faut vraiment l’arrogance et la veulerie pour se croire plus intelligent ou plus lucide que les autres).
Ce que l’on impose ici comme hypothèse (historiciste) c’est que tout est vrai, et qu’il faut juste comprendre pourquoi et comment (aucune raison de croire que Descartes ou Mollâ Sadra étaient des imbéciles, mais cela implique qu’à chaque fois, en chaque occurrence il faudra effectivement comprendre comment le réel, qui fut toujours expérimenté, s’est déplacé de-ci ou de-là ; ce qui veut dire aussi que les Beatles ou Led Zep se tiennent tout autant de cette logique de lignes qui dessinent le Bord de la réalité).
On a donc une découverte (autour de la méditerranée) : que l’on produit des représentations, des idées dans le monde donné là, unique et auxquelles idées chacun a accès, si il en fait l’effort, et ça n’est accessible que un par un. D’une part. Et d’autre part que l’on va mourir et que l’on est et n’est pas à la fois la vie que l’on a… et que donc on est, de fait, structurellement, en-dehors de cette vie que l’on croyait être et qui se révèle comme la vie-que-l’on-a, pas que l’on est (et perçue hors de catégories homme-femme, riche-pauvre, esclave-libre et tout ce qui s’ensuit (il y avait des tas de catégories et de petites cases, ces mondes s’organisaient comme cela) ; et on a cette vie-là et donc l’ontologie ne sera pas de ce monde mais cette sorte d’être, spécifique, dont on soupçonne rapidement qu’elle ex-siste et qu’elle n’est pas. Le christique annule sans condition toute distinction ; on ne mérite pas l’infini comme pour les grecs on obtient la pensée ; non, pour le christique on est de fait méritant, acquis, c’est structurel, c’est chacun sans condition aucune, à condition exceptée de se Regarder tel.
Il est un seul monde et chacun est un, un par un. Le reste ce sont des dérivations, des surplus, des effets, des conséquences, des circonvolutions, toujours impliquées mais secondes.
La vérité est que tout cela est excessivement curieux. Par exemple il ne faut pas croire que l’on a déjà compris ce que Descartes nous montre par « je pense donc je suis » ; on saisit immédiatement le mouvement mais on ne le comprend pas, on le-sait mais on ne le connait pas ; on le sait puisqu’on l’existe, mais on ne le connait pas ; il est, ce mouvement, cela qui permettra d’avancer plus loin et détendre le rayon d’activisme, mais on ne connait pas son aboutissement ; ce que l’on sait d’une part et ce que l’on connait d’autre part au fur et à mesure de la structure ouvre tout grand le champ de retour sur cette structure et de re-tour, nouveau tour que l’on se joue et qui crée des espaces et des temps internes à la structure (c’est bien en cela qu’elle est la dimension, l’acte de conscience diversifié et repliés cent mille fois étant lui-même le pli sur le pli qu’est le présent). Il nous montre une structure réelle et une structure réelle on n’en fait pas le tour : elle devient (il est de la nature même d’une structure, formelle, n’étant pas tenue par quelque composition déterminée, de devenir ; c’est même cela qui devient ; pareillement c’est le présent qui devient, ou donc qui de-vient, qui vient vers nous). Ou pourquoi le dieu unique énonce-t-il « je suis celui qui suis » ou « je suis celui qui sera » ou « celui qui est en cours d’exister » ?
On remarquera également, par ex, que l’on n’a pas la science infuse … On tâtonne parce que si l’on possède bien la « raison » (de formuler des cohérences), on n’obtient pas les contenus par magie ; ça n’est donc pas une connaissance immédiate et toute droite mais des circonvolutions à n’en plus finir. Par contre le se-savoir est instantané ; on ne peut en aucune manière rompre l’énoncé cartésien ; on supprimerait de par le fait même qu’il y ait quelqu’un qui énonce (quoi que ce soit). Et cela fonde par exemple qu’il y ait un droit et que l’universel si il annule cette individualité formelle, que cet universel s’effondre (la révolution ne garantit pas que chacun se conduira en raison mais librement, ce qui change tout, absolument tout ; cela signifie que le processus « libre » est plus grand que le procédé « raison »).
Il est faux de prétendre que les acquis structurels sont en pure perte et illusions ; ils s’ex-sistent en fait bien plus durement et efficaces que n’importe quelle connaissance ; le se-savoir est radicalement explicite et attache chacun à son être réel de structure. Le communisme crût qu’une connaissance (universelle et humaniste en son intention) pouvait se substituer à la structure de chacun, peine perdue. Pareillement le libéralisme (anglo-saxon) croit en la liberté mais ne tenant pas cette liberté par l’égalité, il n’offre aucune historicité ; juste de « profiter » librement de notre nature, individualistement ; coup d’arrêt mortel à l’historicité (l’histoire humaine n’aura plus affaire au temps mais à l’extension spatiale).
Autrement dit s’ouvre indéfiniment la dimension de ceux qui eurent l’audace d’explorer le savoir instantané que la structure, formelle, de l’acte de conscience, de prendre conscience-de, implique dans sa verticalité même ; la verticalité du Bord du monde et du corps ; un Bord c’est vertical. Le monde est étal, mais le Bord est vertical. Et il est plutôt cohérent de supposer que si telle ou telle partie du monde nous est difficilement accessible, par contre la verticalité qui se rencontre partout, en tout lieu et en tout temps, dressée comme Bord, la verticalité est, elle, l’accès lui-même. Sans le Bord il n’y aurait aucunement une réalité, un monde, un corps.
L’exploration de cette capacité de produire de contenus et donc de penser « cela » qui produit des contenus, on a cru initialement qu’elle résidait dans un super contenu, la pensée, ou une super intention, dieu et ni l’une ni l’autre ne sont rejetés, ni exclues mais aux dernière nouvelles cette capacité s’est concentrée sur l’activité de prendre-conscience-de ; on ne prend pas conscience d’un contenu spécial (ce que l’on croyait auparavant et on avait raison en un sens d’interpréter dieu comme interruption du monde, la pensée comme augmentation considérable de l’intentionnalité possible et le sujet comme re-tour sur lui-même qui relançait totalement toutes les intentions), mais de tel ou tel ou tel autre contenu et donc « avoir conscience de » est en soi une fonction et si c’est une fonction c’est la fonction ; parce qu’elle commande tous les contenus potentiels ; si l’on épuise tous les mondes et tous les systèmes c’est précisément parce que l’on est hors de toutes les déterminations ; et Descartes est comme dieu, il interrompt le monde, le vécu, la pensée et étend ce qui par la pensée ou le christique se déplaçait tout là-haut et soudainement s’incruste ici même et donc sur l’étendue du monde (il re-place le sujet, l’articulation dans le monde même et de manière structurelle à propos de l’infini, devenue infinie volonté, cad intentionnalité).
Tout l’ensemble du mouvement de retour sur cet-être spécifique est ainsi une exploration, une cartographie, une description, une démonstration et monstration du mouvement pur et brut ; une conscience ça prend conscience de. C’est un rapport et qui a commencé d’absorber les réalités en créant les intentionnalisations mais requérant la compréhension de sa propre activité et cette activité est dite ontologique en ceci qu’elle instancie, pose-là, le réel comme Autre et soi-même comme vide et formelle ; l’arc de conscience est un mouvement d’intentionnalité dans le mouvement qu’est le présent et tout ce qui est apparait pour nous par l’intentionnalité et tout ce qui est dans le monde se produit du présent. Le présent est la forme unique de tout.
Cela veut dire que le présent est la forme unique de tout, l’origine elle-même, la source, la possibilité ; de même que l’on considérait que l’exister était seulement le résultat, vague, des réalités, pareillement on croyait que quelque identité contenait l’acte de conscience correspondant ; c’est tout l’inverse. L’activité de conscience et le présent génèrent les réalités et les intentionnalisations ; pour chacun cela signifie que l’on est qui l’on est, certes, mais que l’on existe ce que l’on fera de ce que l’on est ; cette activité étant elle-même déjà agissante, en ceci qu’aucun « moi » n’existe sans s’être inventé en tant que « moi » ; on ne peut pas prononcer « moi » sans modifier immédiatement ce qui entre dans l’activité de conscience ; la faiblesse immature qui voudrait nous entrainer dans la passivité et le laisser-aller est une aberration ; que l’on sache que l’on existe est déjà en soi une transformation.
Et ce qui joue alors c’est que cessant de définir notre être par la pensée ou la volition consciente, on a pu délimiter cette structure comme intentionnalité ; ce qui avance bien plus loin le rayon d’activité de l’intentionnel ; au lieu de se concentrer sur la « pensée » ou l’idée ou l’universel ou l’humain, par l’intentionnalisation la perception, le corps, la moindre petite représentation ou le moindre signe, le plus simple geste et tout autant les plus étendues stratégies sont instanciées comme réel effectivement activiste ; tout se meut, ce qui veut dire : tout.
L’ancienne stratégie prévoyait d’imposer au devant une nasse fixe voire figée, tissée serrée, de volonté consciente (relative à un objet ou une finalité strictement définie). La stratégie intentionnelle (comme initiée par Husserl et élaborée par Sartre et à sa manière via Lacan) stipule que l’on n’a pas accès direct à quoi que ce soit (sinon dans une illusion ou une imagination), mais que l’intentionnalité est une vue extraite et Autre ; qui ressemble farouchement à l’intentionnalité christique ; on ne va pas vous contraindre à subir la loi figée, mais on va vous pardonner vos erreurs et peu à peu vous passerez du vieil homme au nouvel être humain en instance de libération ; il ne s’agit même pas de convaincre mais d’orienter et de désorienter au fur et à mesure et en percevant comme il est préférable d’agir comme ci, selon la stratégie, plutôt que comme ça, selon le monde, et d’agir et puis de penser selon telle direction, tel mouvement du corps, tel rayon d’action amplifié ; de même que les grecs découvrent que l’on peut produire des contenus, des vérités sous le règne de la vérité comme principe et non comme Vérité en soi, de même le christique et donc l’intentionnalité montrent que l’on récupère une capacité d’action, d’activité, de décision bien plus étendue (que par le monolithe imbougeable, inerte, qu’est la volonté-consciente).
Et évidemment cette motion individuelle est aussi celle de tous ; il s’agit de rendre visible que l’activité concertée de tous vaut pour et par chacun. C’est ce que démocratie veut dire ; que chacun, livré à lui-même, sache se coordonner, sous condition que chacun comprenne que stratégie il y a et non accaparement (liberté-égalité-fraternité qui donne le sens du problème et formule indépassable, c’est par faiblesse et imbécilité que l’on n’y souscrit pas).
Ce qui veut dire que l’occidentalisation, explorant le passage en dessous de tout contenu, de tout monde, de toute représentation, creuse dans l’articulation (qui rendît possible, le décalage qui permît qu’il y eut cette interface qu’est l’humain) et est donc amené à redéfinir ce que par divin, interruption divine du monde, de la vie, du corps on peut comprendre. De là qu’il faille élaborer le concept du sur-divin qui ne se tient pas du dieu au-delà du monde mais qui se produit comme articulation constante ici même ; l’occidentalisation est de récupérer au plus près, au plus proche ce qui autrefois était placé au-delà ; pourquoi sommes-nous un tel décalage ontologique, dont on a vu déjà qu’il se produisait, ce décalage, dans l’articulation évidente qu’est le présent ?
Pourquoi le réel est-il une telle machinerie ?
Et comme l’inscription dans le réel de cette logique de machinerie absolue ne s’effectue qu’arc de conscience par arc de conscience, un par un, c’est dans le processus même de personnalisation qui fait suite à l’humanisation généralisée, que « cela » se cherche.
De là l’immense effort accompli par Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan (pour les fondamentaux, il y eut évidemment d’autres sortes de tentatives, de déplacements, de plis et replis) : acquérir tout l’affect, la perception, le relationnel, le monde-autre, l’autre-intentionnalité, le corps subverti par l’arc de conscience, l’incrustation autre dans, à l’intérieur du moi le plus commun que cette position incompréhensible implique ; déplier l’articulation au Bord même du monde et au Bout du corps individué.
Pour être clair : on ne peut en aucune manière espérer atteindre la structure de réel qui gouverne toutes ces réalités, ces vécus, ces corps, ces institutions, ces sociétés et ces peuples en passant par l’universel ou la représentation ; c’est peine perdue. La seule issue est que chaque articulation se transforme elle-même par elle-même ; puisqu’elle seule a accès à sa structure propre et que rien dans le monde ne lui correspond.
Ce qui confine à la mystique, certes spécifique, mais hors de cela il n’est que la mort (mentale, c’est certain, mais dorénavant explicitement définitive).
Certes spécifique donc et pour une excellente légitimité : parce qu’il faut lire l’occidentalisation comme la poursuite de ce qui fut mystique depuis le début et poursuite selon d’autres voies ; la même exploration du décalage ontologique, et il n’est aucune raison de croire que les Védas, Plotin, Sohrawardi, Descartes ou Nietzsche puissent nous parler d’autre chose. Au début on a tenté de visualiser l’articulation arc structurel/réel, sous diverses figures voire figurines. Très bien. On remarquera que très rapidement cela conduisit jusqu’à l’abstraction logique (hindouiste par ex). Mais évoquer ce qui articule le réel et le ressort radical (à la racine) cela aboutit tôt ou tard à bouleverser le monde (les grecs), l’humain (dieu, le christique), le corps (le sujet et l’altérité), puisque cette articulation est antérieure à tout ce que l’on trouve dans le monde. L’anfractuosité va en s’approfondissant et se concrétisant. Elle crée un monde (représenté, par les cultures diverses), une humanisation (comme l’on sait depuis la méditerranée), un corps (chaque moi supportant, seul, la densité du réel ou de la réalité comme Réel).