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instants philosophie

Stratégie du bout du monde

24 Février 2018, 08:42am

Publié par pascal doyelle

Nous existons à partir du Bord ; du bord du monde mais également du Bord du corps. Et donc ce qui existe (effectivement) n’est pas dans le monde ; l’exister est cause de cet effet qu’est le monde. Et c’est pour cela qu’il existe un présent.

Le principe, général, est de comprendre que l’inattendu est déjà arrivé et que c’est seulement notre vision tronquée du réel qui intervient et nous bouche la vue. C’est déjà arrivé (la description de la forme qui Existe suivi de ses effets,  soit donc l’être) et c’est notre historicité telle qu’à partir de la méditerranée elle fut poursuivie.

Et ce qui est arrivé c’est la mise en forme du Bord de la réalité et donc l’élévation, l’élaboration, le dressage du réel, comme paroir structurelle (et qui se dit, s’énonce, se représente et surtout se signifie par dieu, la pensée et l’être, le sujet et l’altérité ; elle se signifie en ceci qu’elle n’apparait pas dans l’énoncé mais dans l’activisme intentionnel qui seul perçoit le présent, le réel, le réel position « là », l’autre arc de conscience et sa propre structure de sujet) et son approfondissement ; la ligne très fine et subtile qui sépare l’être de lui-même, mais non pas au sens où il y aurait l’être et ensuite une séparation, mais en cela que la ligne est ce qui existe et que le reste sont des effets. Les choses et les êtres n’existent pas (ils sont, selon l’être), excepté ces êtres spéciaux qui existent comme rapport-à ; ce qui est rapport-à est un ex-sister et non pas un être. Est une indétermination et non pas un déterminé. C’est bien pour cela qu’il épuise toutes les déterminations (tous les mondes humains, toute l’acculturation qui en cesse de se révolutionner, toutes les personnalisations et humanisations qui sont harassées, et même tout monde naturel puisque l’arc structurel de conscience est antérieur au monde, et prend appui sur le réel, le présent qui ex-siste et n’est pas).

Ce qui existe vraiment c’est la ligne, le présent et non les choses ou les êtres. jusqu’alors on admettait tel monde donné là et on en opérait une synthèse (dans une parole, un langage, des échanges, un groupe et sa mythologie générale, etc), et cette fois on sait que l’on produit des contenus et que donc nous ne sommes pas ces contenus mais Autre et c’est cette altérité qui est explorée, cartographiée, dessinée et comme cette altérité n’est pas Dans le monde, elle doit s’élaborer, s’inventer, se créer, se représenter malgré qu’elle ne soit pas représentable et cela qui peut mémoriser cette affectation, cette assignation ce sont chacun des arcs de conscience en eux-mêmes ; la pensée ou dieu ou le christique ou le sujet ou l’altérité ensuite (du 19éme-20éme) effectuent cette assignation à et par chacun, chaque’un.

A partir de ce retournement et renouvellement (les grecs retournent le monde, le christique renouvelle constamment notre structure) chacun a un corps dans ce monde. On juge généralement que grecs et christique ont colonisé le monde et les corps en raison de leur puissance, pouvoir, influence, dans une sorte de vague causalité « idéologique » ; évidemment c’est archi faux ; ils ont colonisé le monde et les corps parce qu’ils manifestent le réel tel quel et qu’en comparaison toutes les autres positions sont, elles, idéologiques (dans la, les réalités) et non pas effectives (dans le réel agissant).

Ce retournement, renouvellement a retourné l’humain comme une crêpe ; il fallait dès lors retomber quelque peu sur ses pattes ; comprendre « cela », cette structure qui permet que nous existions en suspension hors du monde, du langage, du groupe humain ; penser cette distance c’est penser (le reste aussi complexe soit-il est de la représentation, ici il ne s’agit pas de complexité mais de réflexivité, de retour-sur et demande pour ainsi dire un double effort). On pourrait nettement dire que l’on est passé de l’élaboration de cultures humaines, séparées, à l’élaboration de l’acculturation forcément unique (il n’y a qu’un seul corps pour chacun et un seul monde pour tous), tel le passage du cyclique (qui relance le même monde et le réinscrit dans son ordre collectif) au linéaire (de dieu qui intervient dans le monde et l’humain, à la révolution ou Lacan ou qui l’on voudra puisque le processus est dorénavant de révolutionner le donné en fonction de la forme non atteinte de ce donné ; la forme est autre que tout donné, l’arc de conscience est autre que tous ses contenus).

La révolution généralisée qu’intègre, comme processus en tant que tel, l’acculturation de tout et de tous, un par un, est une cessation, un arrêt de toute immédiateté ; il s’agit de remplacer la construction de contenus (de mondes humains ou d’identités ou de représentations) par la conscience de cette production ; on crée librement un contenu mais ici il faut penser que le libre même est la structure ; que donc le contenu qui constituaient l’horizon indépassable est relativisé et qu’un autre horizon se lève qui doit être représenté lui-même malgré qu’il ne passe pas dans la représentation ; raison pour laquelle chacun doit et se doit de devenir cette conscience, cette distance ; il n’y a que les consciences qui puissent penser des non-contenus, des structures ; vous n’êtes pas le monde mais la pensée du monde, vous n’êtes pas votre corps ou votre vie mais la conscience de votre vie ; cela veut dire que de fait vous vous situez à l’extérieur de la pensée, comme du monde, et à l’extérieur de votre psychologie, du psychique comme du corps ; si l’on perçoit le monde, le langage, les choses, le corps, le vécu c’est que l’on existe d’un point-autre.

De deux choses l’une ; soit le point-autre est relatif à un contenu, soit il existe en lui-même et par lui-même. Soit la conscience est prise dans ce dont elle est conscience, soit elle déploie sa propre dimension (dans laquelle se déroulent indifféremment les contenus). Ou donc ; il n’est aucun contenu qui les résume tous ou aucun être qui synthétise tous les êtres ; si dieu existe il est une conscience, une intention et non ce qui est intentionnalisé ; croire que l’on puisse réduire le regard intentionnel de dieu ou du christique ou du sujet à tel ou tel contenu de pensée est absurde. Croire que le regard est stupidement subjectif et toute la valeur enclose dans l’objectivité est absurde ; la cohérence qui rend possible n’importe quelle objectivité (ou subjectivité) est plus grande que celles-ci. C’est la description de cette cohérence, de structure, antérieure à tous les contenus qui est entreprise par l’occidentalisation ; elle est faite pour cela.

Ce qui se tient de l’esthétique ou de la politique, de l’humanisation ou de la personnalisation qui s’en suivit, s’utilisent afin que l’acte de conscience se précise, se distingue, se perfectionne et, étant non pas hors du monde et du corps mais tout indique que le mouvement se tient en tant que Bord du corps et du monde, qui en tant que Bord travaille immédiatement, extensivement comme les grecs et intensivement comme le christique, le donné, la perception, le vécu et progresse, avance dans la réalité en créant évidemment ces réalités, ces réalisations ; dans le rapport qu’est tout arc de conscience se produisent quantité de distinctions ; détenant le secret du rapport (qu’est notre être, qui est donc une ex-sistence, une structure mais ouverte et active et autre qu’elle-même, bref un rapport, une intentionnalité vers le monde, les autres, elle-même comme identité ou comme étant ce rapport lui-même, ce que désignent dieu, la pensée, le sujet et l’altérité) se produit le dit rapport comme telle esthétique, telle politique, de sorte à avancer dans le retour que nous offrent cette esthétique ou cette politique, avancée comprise dans le rapport et le tissage.

Ce qui compte ça n’est pas l’œuvre mais le retour qu’elle contient et qui cisèle notre regard, notre intentionnalité, notre stratégie et nous amène sur le Bord qui devient le point de regard, invisible, qui perçoit tous les visibles ; qui devient ce qu’il est, mais inaperçu, et qui se soupçonne par telle œuvre, poétique, éthique, idéelle, philosophique, qui se présuppose ce qu’il était déjà, mais inconnu et non manifestable, excepté alors que selon les œuvres le point de perception, de rupture vient au-devant dans le monde et se signifie ; de sorte qu’il puisse, toujours dans les extrêmes limites de sa structure, et repêché du bout du monde, du vécu et du corps,  qu’il puisse de signifiant en signifiant créer sa stratégie, son intentionnalité de structure.

Le regard que crée l’œuvre et qu’elle oblige à instancier (sinon on n’y accède tout simplement pas ; il n’y a que le moi qui croit que les images sont immédiates ; le moi roule sur la stéréotypie qui reproduit son schéma, jusqu’au ridicule) formule une stratégie, intentionnalisatrice. Et ce à quoi cette formation, cette information, instruction de l’acte de conscience s’adresse à l’extrémité du monde, du vécu et du corps.

C’est le tissage de cette structuralité intentionnalisatrice et signifiante que tout se tient ; le moi peut bien ne pas se trouver lui-même, jamais, le regard qu’il se porte est lui structurel et ne cessera pas ; ce regard sur lui-même, le rapport, est plus grand que tout le vécu de ce moi, et ne vient pas du moi (c’est l’inverse, mais l’inverse est non-accessible… bien qu’on le sache absolument et formellement et que toute œuvre nous y re-vient) ; de même que tout moi psychique, psychologique se tient d’un sujet bien plus étendu que cette limitation du moi (ce que Sartre recherche par tous les bouts dans les plus proches densités effectives).  C’est le tissage des signifiants qui tient le monde et le corps : on se perçoit du Bout du réel. 

De où pourrions-nous percevoir ? Sinon du Bout de la réalité ? À revers, à rebours. Sinon de quelle partie du monde, qui déjà nous en boucherait la vue et rendrait que percevoir soit impossible. Que nous ne percevions pas comme un vivant est évident : qu’y-a-t-il d’autre que le vivant ? Qu’y-a-t-il d’autre qui contienne y compris le vivant ? 

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Avancer vers le Bord du corps

17 Février 2018, 08:53am

Publié par pascal doyelle

Il existe un Bord au monde et c’est le présent. Le présent est constamment et continument actif et chaque conscience est articulée vers et par le présent ; l’articulation est un arc, une tension qui sort de la cervelle vers le réel, sous l’apparaitre du donné là, du monde, des déterminations. 
Articulée au présent, seulement elle ne le voit pas puisque le « présent » ne se « voit » pas ; ce que l’on voit c’est le monde ou le donné, le corps ou le perçu, les signes ou les images. Mais comme quand même le Je est un rapport à « soi » on postule toujours une unité ; on a voulu que cette unité soit un quelque chose (que ce soit les mathématiques ou la pensée ou l’esprit ou l’âme ou l’identité, etc), mais il se trouve que l’unité n’est rien de tout cela et que n’étant pas du monde, de la détermination, l’unité est la forme (ce que pré(voit Kant) ; le présent est la forme du monde et l’arc de conscience est la forme du corps.
 
Evidemment ça n’est pas le corps lui-même, qui est un être-vivant et doué comme tel. Ce qui est le-corps pour une conscience c’est la surface, nouvelle, qui se crée de (se) regarder ; on place (se) entre parenthèses parce dès que l’on entre via la conscience on ne sait plus « où » elle est ; elle est l’énoncé, l’énonciateur, l’auditeur, la chose montrée, n’importe quel rapport. Puisque c’est de ce que l’on a conscience que l’on est. Et comme c’est un rapport on n’est pas ; on ex-siste ; on sort-de, on sort de ce rapport. Et il n’en est qu’un seul ; une seule sorte de rapport qui se nomme « conscience » (identique pour tous mais tous ça ne signifie rien, il n’est que des arcs de conscience un par un et exclusif et autres à chaque fois).
Lorsque la tension sort de la cervelle et, revenant, elle re-vient ; l’arc vient-à-nouveau et  vient-à-neuf (remettant les compteurs à zéro, non au néant mais au vide formel étincelant), il vient de l’en-avant, du donné « là » et couvre le corps de signes, et par là crée la surface-autre du corps, ce par quoi l’arc est la forme du corps (de signes, pas de langage exclusivement, mais de signes, l’activité de signifier est plus grande que les signes).
Évidemment quantité de systèmes (de déterminations) s’y intègre, mais la perception s’effectue dans l’immédiat présent et on ne sait pas ce qu’il s’y passe. L’immédiat présent est le gouffre par lequel tout surgit.  Le choc d’une œuvre, esthétique, poétique, une rencontre, une révolution, une vision mystique, un drame, un danger ou une urgence quelconque ; l’arc de conscience s’utilise afin d’intégrer immédiatement la réalité actuelle dans la masse de la cervelle, dans la mémorisation, dans les systèmes tissés par ces mémorisations, par cette mémorisation de « soi » qu’est le moi, la manière d’être de telle identité. L’arc de conscience est ce qui impose des ruptures, des désordres, des désorientations et des orientations, des possibilités ; et qui les impose à et dans la mémorisation.

Ce que l’on a nommé l’occidentalisation (ça a pris ce nom là, ça aurait pu se dérouler ailleurs et ici et là ça s’est effectivement approché ailleurs, hindouisme par ex), et ce qui distingue cette structuralité découverte autour de la méditerranée (que la forme qui produit des contenus, des représentations, des mondes humains, des cultures, est plus grande que ces produits, ces mondes), l’occidentalisation donc, la structuralité consiste à découpler l’acte de ce qui est agi, de ces identités ("la" pensée, "la" vérité, l'être lui-même, sont des opérateurs, tout comme dieu, le christique ou le sujet qui opèrent à vif et créent ce qu'ils signifient et sot augmentent soit intensifient la réalité par le réel injecté) ; par quoi on récupère une identité plus grande parce que cette fois non attachée aux contenus et qui par conséquent doit se dénommer (dieu, pensée et être, christique et sujet, altérité et structure) et s’élaborer (se créer comme forme en créant et en épaississant ce Bord sans épaisseur et qui doit, pour respecter sa nature même de Bord, de ligne, s’épaissir sans s’énormiser  et donc utiliser la pensée/vers l’être, l’humain/vers dieu, le sujet/vers la liberté, préserver sa forme contre ses contenus et produire des contenus tels qu’ils appellent la forme en et par chacun ; la philosophie, l’esthétique, l’éthique, le christique, la ; politique n’existent que si ça appelle les sujets, les arcs, un par un et ne les recouvrent pas, ne les écrasent pas en on ne sait quelle vérité ou image ou immédiateté ou facilité).  
Le christianisme, en tant qu’institution, humaine, a comme toute institution déliré énormément, mais le christ non ; il se peut que l’église se soit trompé mille fois, mais le christique est hors, hors champ : celui par lequel un champ s’est créé. On ne peut pas apprendre par cœur les philosophies ; il faut y exister. On ne peut pas aimer Rimbaud sans devenir-Rimbaud. Toute formule scolastique ou scolaire ou universitaire, tout cela c’est très bien, mais comme moyens ou en tant qu’outils ; ça ne vaut en réalité, dans le réel du face à face, rien ; c’est vous qui allez faire le boulot.  

La mémorisation ce sont les choses. Les réalités, les mondes humains, les mois, etc, les œuvres par exemple. Mais on remarquera que l’on n’accède pas aux œuvres facilement ; ni esthétiques ni philosophiques ; parfois on est submergé et extatiques et on ne sait pourquoi, mais souvent et même alors il faut apprendre ; tout comme être en un monde humain suppose que l’on y soit né (et qu’il soit déjà, imprégnant, ce monde, notre corps, nos gestes, nos images, notre langage). Une œuvre, qui est créée par un-seul, un singulier, réclame d’autant plus que tout autre-chacun apprenne à aimer cette œuvre ; on de-vient Rimbaud, bien que l’on ne sache toujours pas pour-quoi, ni comment. Rimbaud se situe dans le Point antérieur, celui constitue le réel et les réalités. 
Dans la surprise, dans l’ajout que constitue la perception, l’inattendu (étant donné le danger et la multiplicité et le hasard « des choses qui arrivent » et à quoi une cervelle, organisée, ne peut pas répondre, il faut inventer ; non pas choisir mais inventer des solutions et de plus inventer sinon des problèmes du moins la reformulation des problèmes, souvent, dans le monde, cruciaux, vitaux, dangereux) dans l'inattendu on peut visualiser, et organiser la simple visualisation. On peut organiser l’inattendu. Soit donc entamer l’actualité et non plus se tenir du temps et du passé, de la mémorisation, du langage ou du groupe, du vécu ou du corps, de l‘héritage ou de l’ambiance du monde. Lorsque Roquentin sort du monde, il le Voit. 
Il faut alors fabriquer les cadres de cette actualité et de telle sorte que chacun puisse dans l’immédiateté reconstituer les choses, les êtres mais aussi et surtout que chacun soit capable de repérer l’acte même, le présent qui éclaire toutes les réalités, les intentionnalités, les intentions et les images ; le miroir, dans lequel apparaissent les images ; et que chacun se réfère à soi comme actuel et bel et bien « là », réel, existant, dans le regard-même et non pas « vu on ne sait de où » (de l'au-delà, du divin éloigné et regard aveugle, ou vu et subissant "les autres" pour Sartre : à l'inverse rappelons que le dieu unique inter-vient, lui, constamment pour changer le monde et le christique vous crée par le regard neuf, le christique est le renouvellement instantané). Non plus se référer à la mémorisation, et pour nous à la mémoire que sont les groupes humains, les mondes humains, mais se référer à notre expérience ; la pensée ou le christique (ou dieu, qui pousse les juifs à sortir de leurs conditions) demandent que chacun puise dans sa possibilité et que la possibilité même est justement ce qui « doit » être parce que cela « peut » être.
 
Évidemment il est possible de soutenir que l’arc de conscience fonctionne comme complément de la mémorisation (qui contient donc des tas de systèmes, innés et acquis, le langage, la capacité de percevoir, etc) et qu’il ne déploie aucunement une Dimension. Il servirait en ce sens à réinscrire dans des systèmes préformés des données, datas et rien de plus ; sauf que bien sur le système culturel est déjà lui-même opéré du dedans et modifiable, et donc on peut s’attendre à ce qu’une extériorité intervienne à cette fin de ne point respecter les systèmes mais les modifier, plus ou moins sensiblement, ne serait-ce que pour qu’ils s‘adaptent. Et cette modification intérieure aux cultures  est décuplée lorsqu’il s’agit du système d’acculturation, qui requiert l’expérience vécue, perçue, et dans tous les cas actuels et qui ne sont eux-mêmes compréhensibles que par … compréhension, attention, activité responsable d’elle-même et possiblement créatrice ; il faut calculer mathématiquement pour accéder aux mathématiques. 
L’hypothèse ici est que cette fonction vaut en et par elle-même et non comme faire valoir d’une mémorisation (autrement dit on préfère valider la transformation de tout système que la répétition continuelle des mêmes systèmes ; puisque de fait depuis la méditerranée, depuis 25 ou 35 siècles ça ne cesse de se révolutionner, on a pris en somme l’habitude ou adopter l’astuce de remodeler constamment, d’inventer) ; au sens où ne serait-ce que parce qu’aucune des mémorisations, des langages, des mondes n’existeraient si ils n’existaient pas pour-quelqu’un ou plus exactement pour un Point. 

Et y compris que cette fonction ne vient pas non plus se loger en une synthèse ; la conscience de Jean-Pierre n’est pas celle  « de » Jean-Pierre  (comme si Jean-Pierre existait en lui-même) mais c’est Jean-Pierre qui est remodelé sans cesse par la conscience qui l’existe ; il est manifestement faux de prétendre que J-P ne peut pas comprendre Paul ; ils parlent du même monde, du même corps, de la même expérience générale et particulière ; ce que l’on ne sait pas c’est comment Paul ou J-p se projettent et donnent « sens » à toutes les matières données ; ce sens échappe mais il échappe aussi à l’un comme à l’autre chacun pour lui-même ; non par manque mais par excès en quelque sorte, autrement dit parce que l’on existe ce « sens », ce possible, ce réel, qu'il est tout notre corps se déplaçant et couvert de signes, qui donc n’est pas lui-même défini au sens strict ; puisque, comme tout présent, il est en cours de réal-isation. Et que le tissage que chacun opère sur lui-même réfère au présent, à la structure du réel et non à une essence (qui existerait on ne sait où) et à la structuralité des réalités. Structure qui cadre parfaitement avec les explorations et descriptions sartriennes (la philosophie décrit hyper-objectivement la mise en forme du réel). 

Les systèmes culturels sont une catégorie mais le système d’acculturation est celui qui s'ajoute à toute culturalité particulière ; historiquement, il est en plus. On a créé des mises en forme culturelles, les mondes humains,  et puis ensuite on s’est rendu compte que l’on produisait des représentations et c’est cette prise de conscience (de notre être comme structure d’inventions) qui se définit comme acculturation et si il existait mille mondes humains diversifiés, il existe une seule acculturation généralisée ; celle qui suppose un seul monde, réel, et un seul corps, unique à chaque fois par la forme de l’arc qui vous rend tel que vous-même, tel que vous-seul.  
Etant entendu que les systèmes culturels ou les systèmes d’acculturation réclament donc l’activité voire l’activisme des consciences, une par une, que ce soit la pensée ou le christique ou le sujet ou la révolution (et le statut de citoyen), ou les esthétiques et les éthiques, et n’existent que comme mémorisations (l’une reposant sur le trésor du groupe partagé et perçu comme monde donné là, territorialement pour ainsi dire et l’autre sur la transmission d’un découvert, d’un hiatus, d’une possibilité et qui produit une historicité et non un temps cyclique, qui impose dieu, la pensée, le sujet ou l’altérité) et ce sera donc en tant que  mémorisations-pour-des-sujets ; sélectivement comme les grecs (celui qui pense est sujet de la pensée, sous condition de penser donc, et ça l’augmente, extensivement) ou instantanément  comme le christique (vous êtes déjà devenu infinis lorsque vous en prenez conscience, sans condition aucune, par le christique, et le regard l’accélère, intensivement). 
Pareillement on ne comprend les esthétiques ou poétiques que sous la forme du sujet qui ressent, perçoit, imagine, veut, décide, en bref intentionnalise. Ce sont des mises en forme qui lui sont données, offertes, et qui l’appellent, lui, en tant que sujet (si il n'était qu'un moi il n'y comprendrait rien) ; les mois, depuis la moitié du 20éme, reçoivent la forme de héros qu’ils réclament (et ce jusque dans la téléréalité, et auparavant via la pop-rock ou la SF, et auparavant encore selon le cinéma et les dieux et déesses), tout comme auparavant la dérpession touché Baudelaire ou Flaubert, ça s'est généralisé. Oeuvres qui sont destinées à l’appeler ; on crée esthétiquement afin de tirer chacun via le Bout qui signifie ; via l’arc qui s’attache soudainement à telle Œuvre et par ce fil éduque, met en forme, formalise l’attention, l’intention, l’intentionnalité, la stratégie (esthétique, éthique, politique, idéelle, philosophique, humanisée ou personnalisée). Toute œuvre se tient sur le Bord et tire sur le Bout de notre être (qui n’est pas un être mais ex-siste) et ne nous donne pas un contenu mais un Point.
  
C’est d’autant plus requis (que ce soit une Dimension et non une fonction) que fondamentalement n’importe quel système n’aura d’utilité réelle que s’il est maintenu sur l’horizon. C’est parce qu’il y a un monde ou donc parce qu’il y a un point (un sujet) dans un monde (sur un horizon) ; et l’horizon n’est de fait et de fonction jamais compris dans n’importe quel système. Jamais. Croire que l’on maintienne tout dans un horizon « clos » c’est admettre qu’il ne se passe jamais rien ; ce qui est faux. C’est par là que les sciences, lorsqu’elles se prennent les pieds dans le tapis (non lorsqu’elles opèrent scientifiquement mais lorsqu’un-tel pense les sciences et y « croit »), reprennent le même vieux système de la connaissance comme close et fixée voire figée. De cette science totale et achevée personne n’en connait quoi que ce soit. Kant nous dit qu’elle est impossible ; aucun objet sur l’horizon ne détient l’horizon et le « monde » comme un tout est impensable ; c’est qu’il n’est nullement question de monde, mais de forme ; le présent est l’unité, formelle, des mondes. Les arcs de conscience sont les actes des corps, images et langages. Les arcs, bien plus grands que tout cela.   
Et ça n’empêche rien ; cette ignorance de la Connaissance totale n’empêche absolument pas que nous soyons nous-mêmes, notre corps, notre vie, nos décisions, etc ; parce que ça n’a rien à voir ; c’est un autre système (ouvert celui-là ou donc formel) qui se charge du réel. L’être, la connaissance sont des moyens et utilisés par un autre-système, tout à fait formel ; celui que dessinent déjà Descartes du sujet-infini ou Kant du sujet-disparu sous la barre du monde ou Sartre du sujet structurel de conscience. Mais c'est aussi le sujet de la pensée ou christique, qui prennent appui antérieurement. C’est tout à fait autre chose que la connaissance qui fut réalisée.
C’est ce système là que l’on a créé et secondement des systèmes esthétiques, éthiques, politiques, etc ; tous systèmes ouverts du moins dans leurs principes ; et il y eut tant de systèmes, de formes parce que la dite cohérence antérieure touche à la structure même qui existe avant tout, en avant de tout. Et donc on peut et on a effectivement tiré quantité de systèmes qui dépendent, en étoile si l’on veut à partir d’un centre qui est le Point originel (sans lequel aucun effet, aucune système n’existerait). Et ce point originel (qui n’apparait nulle part puisque c’est celui à partir duquel le reste apparait) c’est celui qui se tourne et se détourne en chacun et qu’aucune image ne peut représenter puisque c’est le miroir même.  Du point d’une Œuvre vous Regardez, qu’elle soit éthique ou christique ou esthétique ou politique ou imaginaire. Et les Œuvres, y compris les révolutions et les esthétiques, en ce sens fonctionnent bien mieux et plus efficacement que les sciences et les étatismes très lourds. C'est effectivement que les mondes sur-humains, sur-culturels se sont élaborés. On est éclairé pleins phares via quelques œuvres, esthétiques ou révolutions, ou éthiques et trajectoires qui tissent sur la surface du réel les possibilités structurelles qui chaque fois soulèvent les réalités, le donné, le corps, la perception. 

Mais indirectement, puisque le « directement » c’est vous. Votre regard, intentionnel, lui-même. C’est lui qui se montre dans l’œuvre et non pas quelque chose qui gigoterait. 
Éblouis on détourne toujours le regard. On ne peut pas exploser le plafond de verre, au-delà duquel on est censé ne pas être en mesure d’exister. Or pourtant s’il y a des Œuvres c’est que précisément quelques-uns se sont employés à outrepasser la réalité en ramenant le réel de manière à ce que la réalité, le donné, la perception, le corps, l’existence s’utilisent par l’exister afin d’étendre le réel, de dimensionner la structure même : on y reviendra. Et c'est ce Point en dehors que l'on "perçoit" en ne le percevant pas.  Il n’y a aucune autre raison aux Œuvres que de déplacer la ligne du présent qui n’a, lui-même, aucun autre recours que la volonté, la décision, l’intentionnalité, le regard de chacun, de chaque’un. Ce qui donne des "images retorses", qui nous regardent et non pas qui montrent ceci ou cela (et bien que n'importe quel ceci ou cela soit de fait le Regard même). 
On ne sait pas ce que désigne l’arc dimensionnel de cette structure de conscience et on ne sait pas ce que cela produit dans le monde donné ni sur ce corps. Le corps, et le corps de chacun, en est absolument bouleversé ; on voudrait fixer cette altérité, qui peut se transformer en altération du corps vivant, la fixer en quelques signes ou choséité ou image ou identité, mais le mouvement qui l’affecte est de structure et non de détermination ; et en général toute conscience de moi fixe le mouvement sous la forme d’autrui (ce qui est insuffisant). La détermination est prise dans le mouvement, et on ne peut se débarrasser du mouvement sans cesser soi-même d’être, d’ex-sister. Aussi a-t-on pris le parti de cartographier et repérer le mouvement en tant que mouvement et non plus de croire le figer. Et l’occidentalisation est l’opération de ce repérage du mouvement même(contrairement aux jugements caricaturaux qui trainent partout ; on juge des fixités parce que l’on est occidentalisé et que l’on croit, soi, avoir saisi le mouvement, mais depuis le début c’est ce qui est tenu) ; tandis qu’avant l‘occidentalisation on expatriait le mouvement comme au-delà (à la fois fixé et mouvant mais se mouvant dans le divin).C’est bien en ceci que l’occidentalisation avance dans la précision de définir le hiatus, le décalage ontologique qui nous produit, le surdivin tel qu’agissant au centre même de la réalité, comme splittage qu’est l’acte réel.  
 L’arc structurel de conscience fonctionne comme un miroir placé au-devant dans le réel au milieu des réalités et son unité, formelle, produit sans cesse de nouveaux signes et images et crée constamment de la structure, des plis et replis, puisque n’étant attaché par aucun contenu, plis et replis sur le pli qu’elle est dans le pli du présent. On sait, on a commencé de savoir en dépliant la dite structure ; ses effets structurels (dieu, la pensée, l’universel et l’être, le christique et le sujet, les œuvres, la révolution, etc) mais aussi sa structure interne (soit se prêtant aux effets susdits soit en analyse interne de son intentionnalité et de son corps, Sartre et Lacan). Et surtout elle est éprouvée, mise à l’épreuve et reconstruisant le corps en une nouvelle surface ; chaque moi est cette recherche.

La structure (du réel, du présent, de l’arc de conscience) ne subit pas la réalité (la détermination), comme si elle était un pis-aller ou un effet mais en use afin que la surface du réel pur et brut, l’inépaisseur, s’étende et pour qu’elle s’étende l’inépaisseur passe de brute (le présent qui largue toutes les réalités dans toutes leurs effectuations en nombre infini) à subtil
(en ajoutant dans la réalité une extension du réel ; l’arc tendu sur le présent, sur l’originel, sur le Bord ; en créant de l’infini dans l’infini, une autre sorte d’infini dans l’infini étendu, et on peut commencer de penser que le réel est précisément de créer infini sur infini ; du reste comment pourrait-il en être autrement quant au Réel, le réel ne peut qu’infiniment se déployer ; c’est bien parce qu’il est dès l’abord infini qu’en lui, dans le réel, se crée de l’infini, des infinis en plus, le réel est le système de redondance intégrale).
Elle invente des mises en forme culturelles, et puis ensuite l’acculturation généralisée (au-delà du groupe, du langage, des mondes, vers le monde et le corps donnés là), et dans cette acculturation généralisée (qui se rend réelle, historiquement, c’est l’historicité même et non plus le cyclique de chaque monde précédent) il se produit des sujets, bien drôlement fagotés, ayant en vue le sur-divin, comme nouvelle catégorie. 
La typologie « sujet » était autrefois chaque groupe humain dans son monde de formule culturelle, outrepassée par l’acculturation atteignant le monde, unique, et puis les corps eux-mêmes, un par un ; la forme du divin en soi, séparé du monde, puis la forme du divin incarné ou l’universelle pensée grecque, et se prête comme sujet soudainement, cartésien, et en définitive la typologie « sujet » se révèle pour ce qu’elle est ; comme activisme de la structure en forme de conscience et elle ne peut pas être déléguée, ni dans le divin, ni dans la pensée (et encore moins dans tous les autres contenus), et l’individué n’est ni le divin, ni le subjectif, ni l’universel,  et est ainsi le surdivin, la forme extrêmement étrange du singulier brut, qui commence ici même, par chaque arc en un corps à la fois.  
 

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Insatisfaction structurelle

10 Février 2018, 09:12am

Publié par pascal doyelle

Si l’on s’engage à dresser le procès intégral du capitalisme, cad à la base du libéralisme, on ne s’en sort pas, mais alors pas du tout. Parce que de révolution il n’y en a qu’une et elle comporte une potentielle infinité de variations mais en elle-même est une et indivisible ; idéalement sans doute, mais la démocratie libérale est une idéation et c’est pour cela qu’elle rend possible une multi-variété de possibilités dans le monde ; elle se tient hors du monde et crée des réalités, des réalisations ; communiste en universalisant l’Etat et la définition de l’homme comme besoins, ou libérale en admettant l’humain comme désirs et dans les deux cas comme « nature humaine » susceptible étant « du monde » de définition(s) certes mais aussi comme satisfactions ; réglée par le communisme, proliférant par le libéralisme.

Du reste si on oppose deux blocs on s’encastre dans l’idéologie et donc hors sol ; d’autant que remplacer ce monde par un autre imaginé ne mène à rien (sinon à une opposition vaine et réactionnelle) et qu’enfin en s’opposant on ne peut plus réformer, réguler la réalité telle quelle (on tombe déjà dans les « idées » et les images) ; on propose d’autres fondements, idéés, et on se dispense de créer les lois et les cadres qui permettraient réellement de contraindre ou favoriser la réalité. On se condamne à l’impuissance, voire à la pose, la belle âme ou la réactionnaire.  

Il est clair que le communisme n’a pas tenu le coup puisque la règle universelle du besoin (la définition générique de l’humain) ne peut pas assumer la réalité, indéfiniment complexe et proliférant, secouée par les coupures de chaque un : il est impliqué que chacun soit sa propre loi ; sous condition de ne pas nuire etc, reste à fixer ce que « nuire » signifie, ce que le libéralisme capitaliste et « mental », comportemental, eut énormément de difficulté à reconnaitre ; il ne veut pas soumettre la liberté à l’égalité, alors que la liberté sans la tension de l’égalité ou inversement est une absurdité, un affaissement, une retombée dans le monde de l’intérêt limité et pauvre ou de l’universel abstrait et dictatorial pour l’égalité (l’assujettissement à l’universel abstrait du besoin ou, au choix, l’indéfinité plus réjouissante des désirs, de soi, des autres, du sexe, des objets, etc).

D'une manière générale et pour rappel, suite à l'humanisation universelle de la révolution, il y eut personnalisation et on doit donc lire la suite comme la perception de "soi", du moi par lui-même, en tant que la structure de réflexion ne se veut plus seulement collective mais individuelle ; de là cette profusion d'objets, de signes, d'images, des mass puis micro médias (internet par ex) ; la structure déployée individuellement absorbe et dévore indéfiniment la réalité. Le jeu étant de passer de la médiatisation (représentation) à la médiation (re-présentation), de l'image reçue extérieurement à l'intégration de sa propre image et donc de se perfectionner selon et par la liberté de chaqu'un. 

Sans compter que liberté sans égalité ça ne peut pas et ne sera pas fraternité ; ce qui veut dire que non pas que l’on en juge par les sentiments ou l’empathie, mais cela imprime une torsion des finalités ; la « fraternité » ça n’est pas un idéalisme mais une stratégie qui permet de réguler et cette régulation n’est pas un durcissement moral mais un partage, ce qui veut dire une richesse ; autrement dit en oubliant l’égalité on distancie la fraternité et on peut alors troquer une richesse véritable pour une richesse facile et immédiate, et immédiate veut dire : qui disparait. Immédiate, qui lorsqu’elle tombe dans le monde, n’étant plus relevée par la finalité, fraternité, et oubliant l’égalité, pour la seule liberté, disparait, comme tout ce qui tombe dans le monde. Et elle n’est pas relevée parce qu’absorbée par la non-fraternité et elle ne dispose plus alors d’aucun autre possible qu’elle-même, cette pauvre richesse ; alors évidemment lorsqu’elle vous arrive dans les mains, vous êtes très content, mais cette facilité même est trompeuse et erronée. Et tout l’ensemble du mouvement séparateur laisse accroire que l’on peut simplifier la réalité et supprimer la fraternité et puis l’égalité et enfin il ne restera que le squelette de la liberté, emplie de tourments et hors du définissable, inaccessible à la stratégie et tournant en rond en quête de sa jouissance infinie, sa plénitude ; ce qui est l’enfer, délicat sans doute mais horrible.

Or si le libéralisme et sa version capitaliste voire capitalistique (en gros la financiarisation qui s’est imposée afin que le développement passe outre les Etats, les nations, les peuples et puisse coloniser toute la planète ; une telle quantité d’investissements était requise que seule la création ex nihilo de l’argent le rendait possible) si le développement reste possible et ce infiniment dans un monde aux ressources infinies (ce libéralisme est au moins possible et pourquoi pas souhaitable), par contre dans un monde aux ressources contraintes il est fort possible qu’une variante « communiste » devienne impérative ; si les richesses s’épuisent, il faudra rationner. Mais il ne faut pas rêver (si l’on peut dire). On peut tout à fait imaginer un communisme pour les pauvres, contraint et forcé, et un libéralisme pour les puissants. C’est probablement ce qui nous guette, c’est même ce qui est en cours. Lorsque la richesse est disponible, chacun peut librement organiser plus ou moins comme il veut et l’imagine ; contraint, la règle lui deviendra extérieure et pas naturelle du tout.

Idéologiquement, il est évident que la suite de l’homme naturel qui peut réaliser ses désirs (si nous sommes « naturellement » ce que nous sommes, cela trouvera dans la réalité sa satisfaction) produit en partie une vie réalisée, mais aussi une vie fantasmée et comme telle on tiendra, collera à son fantasme, à son image, en vérité plus qu’à sa propre vie … et plus qu’à sa propre survie elle-même ; parce que le fantasme plonge très loin dans l’irréalité, par définition, et peut tout à fait négliger la réalité même ; tout comme l’addiction détruit le corps par épuisement, lent ou violent. Aux satisfactions on a substitué déjà une imagination qui posséderait en elle-même la plénitude, le bonheur serait dû et pour ainsi dire chacun destiné à sa fatalité de bonheur ; ce qui est absolument faux (et nombre de mois ne s’en remettent jamais). Mais notre être n’est pas un être ; il est une structure et celle-ci est mouvement dans le mouvement du présent et ne peut en aucune partie du monde se satisfaire. Le présent ne s’arrête jamais à quelque réalisation que ce soit.

Idéologie du 18éme et depuis lors

Les accroches intérieures de l’image de nous-mêmes comme désirant, nous tire vers l’intériorité mais non pas élaborée par idéalisation, sublimation, élévation mais par accroche-au-corps, aux bienfaits, pour débuter, mais ensuite comme absorption dans les satisfactions et comme obnubilation d’une satisfaction rêvée ; parce que la naturalité 18émiste du corps (impliquée par le libéralisme et la frustration imposée par le communisme du reste) installe le corps comme juge et mesure de la satisfaction.

C’est bien en cela que les diverses réactions, les visions réactionnaires  crachent sur ce monde (et toutes les libertés, en particulier sexuelles), c’est parce qu’elles perçoivent que l’attachement à la vie, au vécu s’effectue non par sublimation et élévation mais par faiblesse et machinerie désirante mortelle, pour l’esprit et pour le corps.

Et si le corps est au fondement de la réalité fantasmée cela veut dire que toutes vos intentionnalités, vos intentions, se prétendraient-elles idéales, sont en réalité pliées vers le bas ; elles usent d’une idéalisation selon le monde, mais non pas de l’idéel, autrefois grecque ou classique ; le corps se jouera de vous, parce que tout naturellement, de par le fait, ce qui se tient du corps retourne au monde et tombe dans le monde et que tout ce qui est du monde disparait. Et la bigarrure du monde, les milles couleurs du vécu s’imposent comme déjà vraies, alors qu’elle est juste une parade, une monstration non pas mauvaise en soi (comme le jugent les réactions) mais limitée et affaiblissante. La poésie nian-nian n’est pas la poétique réelle qui eut lieu ; les mois ont créé leur monde des mois, caricatural et souvent ridicule. On peut aimer le monde (et la vie) mais n’aimer que le monde c’est d’une part se limiter mais aussi à terme supprimer le monde ; la passion naturaliste ou humaniste ou personnaliste pour le donné, sa densité, se focalise tout uniment, alors que tout cela n’apparait que par une structure séparée et autre. La logique du bonheur et du personnalisme généralisé a annulé une telle distance et ne comprend absolument qu’il ne soit pas « heureux » puisque cela lui est du si naturellement.

Et lorsque manque cette altérité, tout semble plaqué et étal, allongé et effiloché ; menant une simplification imbuvable. Alors que le réel, lui, structure les réalités, de par son altérité, et que faire l’impasse sur le réel et l’altérité ça nous manquera très durement, aussi bien en chaque moi-même que collectivement. On ne supportera plus que le fantasme, lequel ne dure pas (il est du monde) et augmente continuellement ses doses de réalités.    

On comprendra cependant « régulation par l’altérité » non seulement comme kantienne (ou selon dieu ou selon la pensée ou selon le sujet) mais aussi bien nietzschéenne, heideggérienne, sartrienne et lacanienne ; c’est le but, la finalité que ce retournement. L’ontos cartésien (ou plotinien ou christique, etc) est l’Exigence et non pas la facilité ; c’est le fantasmé qui est facilités. La réalité par suppression du réel.

De sorte qu’effectivement lorsque l’on fonde l’activité sur le corps, on permet que les humains souffrent moins, mais en même temps si l’on tombe dans la facilité du corps il se reproduit, il se déroule, indéfiniment en recherche de la satisfaction, qui, comme elle ne vient jamais, se multiplie en quantité de petites finalités et négligeant toute finalité stratégique et se contentant de tactiques à courtes vues. Ce qui parait à tout le monde sensé puisque l’on en juge selon le corps (et l’idéologie absolue du corps qu’est l’économisme) et que vraiment si l’idéel et l’altérité sont perdus de vue, par contre les satisfactions, acquises et réalisées, se perçoivent très bien et ont effets. Ont effets et donc dans le monde disparaissent (de sorte que les mois sont sous l’empire de la mort, leur angoisse irrépressible et la dissolution des objets de leurs désirs, de leurs rêves, ou images d’eux-mêmes ; pas suffisamment architecturés, sans colonne vertébrale interne, ayant répudié l’altérité).

En ce sens on a eut raison de privilégier les satisfactions à l’idéel, ou plutôt au structurel,  mais en fait, dans le fait brut du résultat c’était une version simplifiée et simpliste (de là que nos images vécues, et qu’elles soient société spectaculaire, paraissent réellement basses et pauvres et mensongères, bien qu’elles manifestent une réalisation et qu'elles demeurent aussi représentation de rapports sociaux, comme disait Debord, sauf que ça ne se dérivait pas seulement du capitalisme, mais d'un processus d'historisation générale) ; la simplification affectait tout aussi bien le libéralisme capitaliste et le communisme ; une version simplette de la réalité ; de même que de choisir la liberté plutôt que l’égalité ou vice versa.

Et c’est bien en ceci que le degré de satisfaction se situant de et par le corps, ce niveau s’affaisse et finit par ne plus ressembler à rien du tout ; c’est que dans le monde, les déterminations et les tactiques il n’est aucune mesure ; c’est juste un être là immédiat qui ne dispose d’aucun niveau de sélection interne ; l’activité de conscience s’est confiée, pieds et poings liés, au corps immédiat, mais immédiat supposément, comme si il était naturel (et donc de fait justifié), alors que c’est un corps fantasmé ; c’est bien le glissement d’un corps immédiat (littéralement impossible et jamais authentique) à un corps en réalité non immédiat et reconstitué et fallacieux dans sa structure même ; de là qu’ils, les mois, se perdent dans leurs fantasmagories qui n’ont pas de fin, qui sont littéralement infernales, l’enfer est par nature sans bornes, et les mois croient qu’il s’agit là de l’infini sous la logique, de fait cartésienne mais bifurquée, de leur infinie liberté, laquelle est déstructurée.

Remarquons que le simplisme ne signifie pas une moindre complication, mais une moindre « complexité » ou plus exactement une moindre réflexion, un moindre rapport, cousu de petitesse et de fil blanc ; les coutures se voient et veulent à toute force paraitre naturelles ou légitimes ou destinales ; parce que de se formuler selon le monde, du besoin-égalité ou des désirs-liberté, on s’engage indéfiniment dans l’indéfinition du monde, des choses, des mois ou des dictatures (les désirs n’en finissent pas et les dictatures non plus). Et c’est très compliqué. Mais pas complexe, pas réfléchi ; ça réfléchit petitement quantité de tactiques invraisemblables. Tandis que stratégie à l’inverse requiert un énorme effort intellectif (et plus que cela comme on verra) mais en un sens simplifie le réel (annulera la complication par une organisation plus structurelle et qui écarte l’indéfinition du monde) ; si par la révolution chacun est juge de soi-même, ça simplifie (de même que le dieu un unique et jaloux simplifie radicalement les dieux et toute la débauche de représentations compliquées ; de même que le christique réinstalle un degré en plus d’évidence qui annule la loi stricte par la foi infinie ici même dans un corps, cad dans chaque corps : ça réinstalle une autre logique). Ça simplifie et ça relance l’humanisation considérablement (en fait infiniment ; ce qui touche à la structure recrée le monde, le donné, le vécu, le corps, puisque tout cela est repris d’un point plus antérieur ; que l'on ne dise pas que cela ne se peut, c'est ce qui eut lieu effectivement cent fois, c'est l'historicité même de l'occidentalisation).

D’être descendu à ce point dans les satisfactions (dont La Satisfaction, ou le Bonheur, est un pur fantasme ontologisé) et d’admettre qu’il n’y eut qu’une seule révolution (dont toutes les autres sont des variantes et dont les réelles sont des variations en nombre indéfini), c’est supposé ou accepter que la réalité est telle qu’elle est ; que le libéralisme (qui s’est cristallisé dans le capitalisme ou la révolution universelle fixée dans le communisme) permet de déplacer le débat.

En bref : on a pu récupérer l’énergie suffisante et la technologie pour réaliser le monde tel qu’on désirait, mais une fois acquis on ne sait plus du tout quoi en faire. Il faut prendre la "fin de l’histoire" au sérieux ; mais en ceci qu’il nous est apparemment impossible de penser, d’imaginer, de projeter, de créer ou reconnaitre les finalités « supérieures » … On n’a jamais eu la capacité mentale de gérer tout ce débordement d’énergie et encore moins l’intelligence et la réflexion en mesure d’assigner à des fins réelles cette puissance. Et que pour nous « réel » ne signifiait que « monde et corps ».

Alors pour se donner le change on a continué de désirer, tout et n’importe quoi. On a rêvé de se libérer de ceci et de cela (ce qui est souhaitable), imaginant à chaque fois que ce serait la révélation de notre vraie nature , ce qui est faux, parce que le problème est que de nature on n’en a pas ; la volonté, l’intentionnalité sont notre « nature » et donc pas une nature du tout. Et intentionnalité qui était sinon signifiée du moins approchée par dieu, la pensée, le christique, le sujet, et ensuite relancée par Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan (et Rimbadu, et esthétiques, et éthiques, etc). Mais ce ne sont que des proximités, et non le cœur du rapport, du rapport qu’est chaque arc de conscience et qu’est le présent, qu’ils ex-sistent. Et c’est cette possibilité là qui nous manque ; que l’on n’imagine absolument pas.  Pour emplir ce que « intentionnalité » signifie il faut réfléchir et mener une et des stratégies énormes, réflexives et non pas croire que l’immédiateté du corps ou du monde soit le sens de la vie, puisque le présent nie que tel soit le cas !

Le bonheur oui, mais pour avancer plus loin, vers quelque chose de plus intéressant, pas pour le consommer (puisqu’en définitive il n’échappera à personne que le bonheur aboutit à une absorption et non un rehaussement vers le réel),  puisqu’il ne signifie rien en lui-même pour la structure de l’arc qui revient sans cesse, en plus du bonheur et le délégitime de fait, mais pour cela il faut admettre que notre être, comme structure, ne s’adresse à rien qui soit dans le monde. Ce que le moi, l’humanisation, le rationalisme, la naturalité, l’étatisme et les sciences et même l’historicité ne peuvent pas entendre du tout. Et donc la structure réelle leur restera inaccessible.

Remonter dans la structure du présent et de l'arc, c’est considérer que chaque arc est infiniment proche du réel puisque le réel est le présent, le Bord du monde et le Bord du corps, le Bord devant s’entendre comme le mouvement même ; c’est bien pour cela qu’il est Bord, non de clore mais de maintenir ouvert et structurellement ouvert ; ça n’est pas un quelque chose qui serait, secondement, ouvert, c’est l’ouvert et le mouvement qui produisent tout quelque chose et c’est dans le mouvement même que l’on se tient, et duquel on tient notre ex-sister ; le mouvement est la structure-même antérieure à tout ; du corps restructuré par l’arc (et dont le moi mais aussi le conscient classique sont des replis seconds, des plis et replis de ce Bord). Et c’est bien pour et par ce mouvement que dieu, la pensée, le sujet, la révolution et donc l’humanisation puis le moi prennent leur appui, antérieurement à tout.

C’est parce que nous nous tenons antérieurement à tout que l’on est ni du monde, ni du corps, du donné ou du vécu, et que l’on est capable de bouleverser la totalité de toutes les déterminations (c’est un fait planétaire, mais qui toujours eut lieu, sinon que depuis la méditerranée ou la renaissance, on a pris d’encore plus avant cette antériorité et remué encore plus de déterminations). Dans l’antériorité cela veut dire éprouvant la puissance de la structure préalable à tout monde et tout vécu. Et la philosophie, les esthétiques (les vraies non les facilités du monde des mois), les poétiques, les politiques et les éthiques, et autrefois les religions,  exigeaient de re-venir selon le Bord interne à toutes les réalités jetées dans l’externe, le moi compris, exigeaient et introduisent à ce Point (par lequel apparaissent les philosophies, les esthétiques, les éthiques, les religions de structure, la révolution, la liberté de chaque'un).  Idées, systèmes et être, dieu, loi, christique et sujet, altérité et étrangeté et structure intentionnalisatrice de notre être, tout cela sont des accélérateurs structurels de l’arc de conscience.

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3 Février 2018, 08:20am

Publié par pascal doyelle

On oublie de croire ou non en dieu, au christique, à la pensée, au sujet. Et on reconnait que de toute manière tout cela nous a informé, instruit, formalisé : de fait.

Et que de plus ce qui se nomme l’occidentalisation, ou la structuralité pure, c’est précisément l’aventure, l’exploration, qui est née autour de la méditerranée (Moyen-Orient compris) et qui consiste à repérer, cartographier, inventer et créer, explorer et analyser ce décalage par lequel un être humain n’est jamais son milieu, ni ce monde, ni ce corps, ni ce vécu mais en-dehors et n’appartient pas plus à tel ou tel groupe. On analyse, avec la philosophie, la mystique, le christique, la poétique, l’esthétique, on remonte au travers des images vers le miroir (images ou idées ou lois et théories, ou récits ou perceptions, ou désirs pour le moi) et on pose en principe que l’occidentalisation est la recherche non plus des images mais du miroir, de sa structure.

Si l’on découvre en remontant vers le miroir même, si l’on découvre le corps ou le désir ou le monde ou les choses, ça n’est pas étonnant puisque que miroir est le Bord de ce monde-çi et, déplaçant le miroir, on éclaire, éclate, démultiplie le monde et le vécu : ce qui eut lieu. Mais désirs, représentations, mondes humains, humanisme et personnalisations, perception et poétiques, tout cela nait d’un arc formel ; indéterminé puisqu’il supporte les déterminations enregistrées. Enregistrées comme mémorisations, mondes humains, langages, systèmes, identités, personnalisations, tout ce que l’on voudra puisque c’est à partir du Bord et que le Bord est en-dehors, en plus.

L’occidentalisation (dénommée telle exprès, pour agacer, mais aussi puisque tout ceci a mené une expérimentation, grandeur nature, absolument pharamineuse et ayant, on le sait, on le voit, une infinité d’effets et de conséquences sur toute la planète et tous les mondes humains) est donc le réel tel que dressé en une seule longue fois depuis les grecs ou plus loin le dieu monothéiste et qui dure depuis lors étant entendu que ce que cette structuralité a découvert ce ne sont nullement des contenus, des idées, des représentations, mais une structure qui prit nom de dieu, de la pensée, du christique et sujet et enfin de l’altérité (avec Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan).

On a ainsi dessiné les bords pluriels du réel ; du réel qui borde les réalités et les mondes. L’occidentalisation n’est pas due à « l’occident ». C’est le processus, procédé qui enfin a vu le jour et permit de comprendre que l’on ne se loge pas dans des contenus mais dans la forme des contenus. Vous pouvez parler le polonais, le japonais, nanti de telle ou telle personnalité, être homme ou femme, du 5éme siècle ou du 21éme, peu importe puisque vous avez la même forme de conscience. « conscience » est une structure en dehors de toute détermination, de tout monde humain, de toute religion, de tout corps ou de tout distance de temps ou de territoire. Tout cela n’a aucune importance, puisqu’il n’existe que des structures en forme de conscience, et pas une « conscience générale ou humaine » mais une seule forme-structurelle répétée indivis et individuellement une par une. Séparément.

De sorte que chacun ne possède à vrai dire que deux faits absolus majeurs ; il est dans le monde et dans un corps. ce qui correspond au monde tel que découvert par les grecs (unique, extérieur, universel et donné là) et au christique (le regard qui expose en une fois votre vie de la naissance à votre mort et vous éjecte hors de vous-même comme identité ; vous devenez le regard que vous portez sur vous-même, et non plus homme ou femme, riche ou pauvre, esclave ou libre ; bref vous devenez Autre et cet altérité c’est cela même qui vous « consiste » en individu, sinon vous retombez dans une catégorie intérieure au monde, au monde humain, au groupe, etc). C’est bien en cela que grec et christique ont pu se synthétiser en un seul mouvement (le christianisme reprend toute la pensée grecque) et que l’Europe, puisqu’il ne s’agit pas d’idées, de systèmes, de représentations, de langage, mais d’un mouvement de structure antérieure à toutes les déterminations, c’est bien en cela que l’Europe a continué la même recherche, expérimentation, découverte et que somme toute entre « aimez-vous les uns les autres » et liberté-égalité-fraternité il n’est pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette.

Ou donc ; puisque l’on n’avait plus de monde humain particulier, cyclique, partagé immédiatement, perçu et échangé dans le même geste, il nous était permis dés lors de nous produire dans le monde, unique, par un corps, un seul à chaque fois n’appartenant plus à la communauté (de tel ou tel groupe). Ce qui veut dire que l’ensemble de l’expérimenté ne puisait plus dans le langage ou la mythologie particulière mais dans la perception, l’éprouvé, le désirant, l’imaginé, le voulu, le décidé et pouvait créer non seulement la philosophie et la vie individuelle mais aussi les esthétiques, les éthiques, els politiques, les idéels et connaissances.

Bref une ré-anthropologisation générale fondée non plus sur l’acquisition d’un monde donné et partagé par une parole commune et acceptée (étant né dedans on n’avait pas trop le choix d’être maya ou égyptien), mais sur la conscience de produire des contenus, des mythes, des langages, des expériences, des vies, des idées.

La prise en compte de ce fait, la production de représentations, contenus, décisions, projets, etc, était ipso facto l’établissement d’une pensée ; pourquoi existe-t-il des êtres qui produisent des contenus ? Des êtres qui pensent (version grecque) ? Ou des êtres qui décident (version christique, qui basculent leur regard) ?

Evidemment on a cru un temps, très long, que l’occidentalisation était … l’occident … autrement dit qu’on avait découvert l’essence des choses et l’identité des êtres. Et que cela pouvait se formuler comme une sorte de super contenu, bien plus vrai et réel que n’importe quel contenu de n’importe quel peuple ou culture.

Ce qui est vrai c’est qu’il se trouve que l’on a découvert une structure (antérieure à tous les mondes mais aussi à toutes les personnalités, tous les langages, les représentations, bref à tout) mais que ça n’est pas un contenu. Si c’était un contenu il entrerait en concurrence avec les autres et il n’y aurait pas de raison fondamentale de choisir l’un plutôt que l’autre (sinon des raisons secondes, comme l’efficacité ou l’adéquation en vue de telle fin ; la médecine pour la santé par ex). Mais l’historicité est plus dure que cela ; on a découvert (il se trouve que ça s’est cristallisé autour de la méditerranée, ça aurait pu être ailleurs) une structure antérieure que l’on a eu un mal de chien à nommer ; puisque cette structure est antérieure au monde et aux déterminations et n’entre pas du tout dans la représentation ; elle doit se-désigner.

Se-désigner. De fait. C’est pour cela que Descartes par ex nous montre comment lui il se-désigne ; lorsque l’on entend « je pense donc je suis » on est, one x-siste instantanément que l’on existe. Vous pouvez vous débattre comme vous voulez, vous n’en sortirait pas ; ça s’impose instantanément. De même que ceux qui perçurent comme le christ les regardait se sont transformés en et par ce regard ; il était là pour cela, à cette fin. Ou lorsque vous comprenez que par l’intention il vous est possible de produire des idées, que vous formulerez en systèmes immédiatement (sinon ça n’est pas tenable, ça s’effiloche), vous basculez dans la philosophie (qui est la discipline qui s’est chargée d’expliquer pourquoi il existait des êtres capables d’orienter leur représentation, en dehors et en plus de n’importe quel groupe ou culture humaine).

L’occidentalisation est donc l’expérimentation, grandeur nature, qui a exploré le décalage à la base de tout être humain, décalage qui implique que l’on n’est pas ce que l’on est et que donc on existe, ex-siste.

De sorte qu’il ne faut pas tomber dans le piège du relativisme généralisé (qui est purement abstrait, parce que tout le monde sait qu’il a un corps et un corps dans ce monde) qui prétend que tout cela n’est qu’égarement ; en réalité tout est vrai. Dieu, la pensée, le christique, le sujet et l’altérité. Tout. Personne ne s’est trompé ou égaré (dans les lignes de force). Personne n’était stupide au point de raconter n’importe quoi (il faut vraiment l’arrogance et la veulerie pour se croire plus intelligent ou plus lucide que les autres).

Ce que l’on impose ici comme hypothèse (historiciste) c’est que tout est vrai, et qu’il faut juste comprendre pourquoi et comment (aucune raison de croire que Descartes ou Mollâ Sadra étaient des imbéciles, mais cela implique qu’à chaque fois, en chaque occurrence il faudra effectivement comprendre comment le réel, qui fut toujours expérimenté, s’est déplacé de-ci ou de-là ; ce qui veut dire aussi que les Beatles ou Led Zep se tiennent tout autant de cette logique de lignes qui dessinent le Bord de la réalité).

On a donc une découverte (autour de la méditerranée) : que l’on produit des représentations, des idées dans le monde donné là, unique et auxquelles idées chacun a accès, si il en fait l’effort, et ça n’est accessible que un par un. D’une part. Et d’autre part que l’on va mourir et que l’on est et n’est pas à la fois la vie que l’on a… et que donc on est, de fait, structurellement, en-dehors de cette vie que l’on croyait être et qui se révèle comme la vie-que-l’on-a, pas que l’on est (et perçue hors de catégories homme-femme, riche-pauvre, esclave-libre et tout ce qui s’ensuit (il y avait des tas de catégories et de petites cases, ces mondes s’organisaient comme cela) ; et on a cette vie-là et donc l’ontologie ne sera pas de ce monde mais cette sorte d’être, spécifique, dont on soupçonne rapidement qu’elle ex-siste et qu’elle n’est pas. Le christique annule sans condition toute distinction ; on ne mérite pas l’infini comme pour les grecs on obtient la pensée ; non, pour le christique on est de fait méritant, acquis, c’est structurel, c’est chacun sans condition aucune, à condition exceptée de se Regarder tel.

Il est un seul monde et chacun est un, un par un. Le reste ce sont des dérivations, des surplus, des effets, des conséquences, des circonvolutions, toujours impliquées mais secondes.

La vérité est que tout cela est excessivement curieux. Par exemple il ne faut pas croire que l’on a déjà compris ce que Descartes nous montre par « je pense donc je suis » ; on saisit immédiatement le mouvement mais on ne le comprend pas, on le-sait mais on ne le connait pas ; on le sait puisqu’on l’existe, mais on ne le connait pas ; il est, ce mouvement, cela qui permettra d’avancer plus loin et détendre le rayon d’activisme, mais on ne connait pas son aboutissement ; ce que l’on sait d’une part et ce que l’on connait d’autre part au fur et à mesure de la structure ouvre tout grand le champ de retour sur cette structure et de re-tour, nouveau tour que l’on se joue et qui crée des espaces et des temps internes à la structure (c’est bien en cela qu’elle est la dimension, l’acte de conscience diversifié et repliés cent mille fois étant lui-même le pli sur le pli qu’est le présent). Il nous montre une structure réelle et une structure réelle on n’en fait pas le tour : elle devient (il est de la nature même d’une structure, formelle, n’étant pas tenue par quelque composition déterminée, de devenir ; c’est même cela qui devient ; pareillement c’est le présent qui devient, ou donc qui de-vient, qui vient vers nous). Ou pourquoi le dieu unique énonce-t-il « je suis celui qui suis » ou « je suis celui qui sera »  ou « celui qui est en cours d’exister » ?

On remarquera également, par ex, que l’on n’a pas la science infuse … On tâtonne parce que si l’on possède bien la « raison » (de formuler des cohérences), on n’obtient pas les contenus par magie ; ça n’est donc pas une connaissance immédiate et toute droite mais des circonvolutions à n’en plus finir. Par contre le se-savoir est instantané ; on ne peut en aucune manière rompre l’énoncé cartésien ; on supprimerait de par le fait même qu’il y ait quelqu’un qui énonce (quoi que ce soit). Et cela fonde par exemple qu’il y ait un droit et que l’universel si il annule cette individualité formelle, que cet universel s’effondre (la révolution ne garantit pas que chacun se conduira en raison mais librement, ce qui change tout, absolument tout ; cela signifie que le processus « libre » est plus grand que le procédé « raison »).

Il est faux de prétendre que les acquis structurels sont en pure perte et illusions ; ils s’ex-sistent en fait bien plus durement et efficaces que n’importe quelle connaissance ; le se-savoir est radicalement explicite et attache chacun à son être réel de structure. Le communisme crût qu’une connaissance (universelle et humaniste en son intention) pouvait se substituer à la structure de chacun, peine perdue. Pareillement le libéralisme (anglo-saxon) croit en la liberté mais ne tenant pas cette liberté par l’égalité, il n’offre aucune historicité ; juste de « profiter » librement de notre nature, individualistement ; coup d’arrêt mortel à l’historicité (l’histoire humaine n’aura plus affaire au temps mais à l’extension spatiale).  

Autrement dit s’ouvre indéfiniment la dimension de ceux qui eurent l’audace d’explorer le savoir instantané que la structure, formelle, de l’acte de conscience, de prendre conscience-de, implique dans sa verticalité même ; la verticalité du Bord du monde et du corps ; un Bord c’est vertical. Le monde est étal, mais le Bord est vertical. Et il est plutôt cohérent de supposer que si telle ou telle partie du monde nous est difficilement accessible, par contre la verticalité qui se rencontre partout, en tout lieu et en tout temps, dressée comme Bord, la verticalité est, elle, l’accès lui-même. Sans le Bord il n’y aurait aucunement une réalité, un monde, un corps.  

L’exploration de cette capacité de produire de contenus et donc de penser « cela » qui produit des contenus, on a cru initialement qu’elle résidait dans un super contenu, la pensée, ou une super intention, dieu et ni l’une ni l’autre ne sont rejetés, ni exclues mais aux dernière nouvelles cette capacité s’est concentrée sur l’activité de prendre-conscience-de ; on ne prend pas conscience d’un contenu spécial (ce que l’on croyait auparavant et on avait raison en un sens d’interpréter dieu comme interruption du monde, la pensée comme augmentation considérable de l’intentionnalité possible et le sujet comme re-tour sur lui-même qui relançait totalement toutes les intentions), mais de tel ou tel ou tel autre contenu et donc « avoir conscience de » est en soi une fonction et si c’est une fonction c’est la fonction ; parce qu’elle commande tous les contenus potentiels ; si l’on épuise tous les mondes et tous les systèmes c’est précisément parce que l’on est hors de toutes les déterminations ; et Descartes est comme dieu,  il interrompt le monde, le vécu, la pensée et étend ce qui par la pensée ou le christique se déplaçait tout là-haut et soudainement s’incruste ici même et donc sur l’étendue du monde (il re-place le sujet, l’articulation dans le monde même et de manière structurelle à propos de l’infini, devenue infinie volonté, cad intentionnalité).

Tout l’ensemble du mouvement de retour sur cet-être spécifique est ainsi une exploration, une cartographie, une description, une démonstration et monstration du mouvement pur et brut ; une conscience ça prend conscience de. C’est un rapport et qui a commencé d’absorber les réalités en créant les intentionnalisations mais requérant la compréhension de sa propre activité et cette activité est dite ontologique en ceci qu’elle instancie, pose-là, le réel comme Autre et soi-même comme vide et formelle ; l’arc de conscience est un mouvement d’intentionnalité dans le mouvement qu’est le présent et tout ce qui est apparait pour nous par l’intentionnalité et tout ce qui est dans le monde se produit du présent. Le présent est la forme unique de tout.

Cela veut dire que le présent est la forme unique de tout, l’origine elle-même, la source, la possibilité ; de même que l’on considérait que l’exister était seulement le résultat, vague, des réalités, pareillement on croyait que quelque identité contenait l’acte de conscience correspondant ; c’est tout l’inverse. L’activité de conscience et le présent génèrent les réalités et les intentionnalisations ; pour chacun cela signifie que l’on est qui l’on est, certes, mais que l’on existe ce que l’on fera de ce que l’on est ; cette activité étant elle-même déjà agissante, en ceci qu’aucun « moi » n’existe sans s’être inventé en tant que « moi » ; on ne peut pas prononcer « moi » sans modifier immédiatement ce qui entre dans l’activité de conscience ; la faiblesse immature qui voudrait nous entrainer dans la passivité et le laisser-aller est une aberration ; que l’on sache que l’on existe est déjà en soi une transformation.

Et ce qui joue alors c’est que cessant de définir notre être par la pensée ou la volition consciente, on a pu délimiter cette structure comme intentionnalité ; ce qui avance bien plus loin le rayon d’activité de l’intentionnel ; au lieu de se concentrer sur la « pensée » ou l’idée ou l’universel ou l’humain, par l’intentionnalisation la perception, le corps, la moindre petite représentation ou le moindre signe, le plus simple geste et tout autant les plus étendues stratégies sont instanciées comme réel effectivement activiste ; tout se meut, ce qui veut dire : tout.

L’ancienne stratégie prévoyait d’imposer au devant une nasse fixe voire figée, tissée serrée,  de volonté consciente (relative à un objet ou une finalité strictement définie). La stratégie intentionnelle (comme initiée par Husserl et élaborée par Sartre et à sa manière via Lacan) stipule que l’on n’a pas accès direct à quoi que ce soit (sinon dans une illusion ou une imagination), mais que l’intentionnalité est une vue extraite et Autre ; qui ressemble farouchement à l’intentionnalité christique ; on ne va pas vous contraindre à subir la loi figée, mais on va vous pardonner vos erreurs et peu à peu vous passerez du vieil homme au nouvel être humain en instance de libération ; il ne s’agit même pas de convaincre mais d’orienter et de désorienter au fur et à mesure et en percevant comme il est préférable d’agir comme ci, selon la stratégie, plutôt que comme ça, selon le monde, et d’agir et puis de penser selon telle direction, tel mouvement du corps, tel rayon d’action amplifié ; de même que les grecs découvrent que l’on peut produire des contenus, des vérités sous le règne de la vérité comme principe et non comme Vérité en soi, de même le christique et donc l’intentionnalité montrent que l’on récupère une capacité d’action, d’activité, de décision bien plus étendue (que par le monolithe imbougeable, inerte, qu’est la volonté-consciente).

Et évidemment cette motion individuelle est aussi celle de tous ; il s’agit de rendre visible que l’activité concertée de tous vaut pour et par chacun. C’est ce que démocratie veut dire ; que chacun, livré à lui-même, sache se coordonner, sous condition que chacun comprenne que stratégie il y a et non accaparement (liberté-égalité-fraternité qui donne le sens du problème et formule indépassable, c’est par faiblesse et imbécilité que l’on n’y souscrit pas).

Ce qui veut dire que l’occidentalisation, explorant le passage en dessous de tout contenu, de tout monde, de toute représentation, creuse dans l’articulation (qui rendît possible, le décalage qui permît qu’il y eut cette interface qu’est l’humain) et est donc amené à redéfinir ce que par divin, interruption divine du monde, de la vie, du corps on peut comprendre. De là qu’il faille élaborer le concept du sur-divin qui ne se tient pas du dieu au-delà du monde mais qui se produit comme articulation constante ici même ; l’occidentalisation est de récupérer au plus près, au plus proche ce qui autrefois était placé au-delà ; pourquoi sommes-nous un tel décalage ontologique, dont on a vu déjà qu’il se produisait, ce décalage, dans l’articulation évidente qu’est le présent ?

Pourquoi le réel est-il une telle machinerie ?

Et comme l’inscription dans le réel de cette logique de machinerie absolue ne s’effectue qu’arc de conscience par arc de conscience, un par un, c’est dans le processus même de personnalisation qui fait suite à l’humanisation généralisée, que « cela » se cherche.

De là l’immense effort accompli par Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan (pour les fondamentaux, il y eut évidemment d’autres sortes de tentatives, de déplacements, de plis et replis) : acquérir tout l’affect, la perception, le relationnel, le monde-autre, l’autre-intentionnalité, le corps subverti par l’arc de conscience, l’incrustation autre dans, à l’intérieur du moi le plus commun que cette position incompréhensible implique ; déplier l’articulation au Bord même du monde et au Bout du corps individué.

Pour être clair : on ne peut en aucune manière espérer atteindre la structure de réel qui gouverne toutes ces réalités, ces vécus, ces corps, ces institutions, ces sociétés et ces peuples en passant par l’universel ou la représentation ; c’est peine perdue. La seule issue est que chaque articulation se transforme elle-même par elle-même ; puisqu’elle seule a accès à sa structure propre et que rien dans le monde ne lui correspond.

Ce qui confine à la mystique, certes spécifique, mais hors de cela il n’est que la mort (mentale, c’est certain, mais dorénavant explicitement définitive).

Certes spécifique donc et pour une excellente légitimité : parce qu’il faut lire l’occidentalisation comme la poursuite de ce qui fut mystique depuis le début et poursuite selon d’autres voies ; la même exploration du décalage ontologique, et il n’est aucune raison de croire que les Védas, Plotin, Sohrawardi, Descartes ou Nietzsche puissent nous parler d’autre chose. Au début on a tenté de visualiser l’articulation arc structurel/réel, sous diverses figures voire figurines. Très bien. On remarquera que très rapidement cela conduisit jusqu’à l’abstraction logique (hindouiste par ex). Mais évoquer ce qui articule le réel et le ressort radical (à la racine) cela aboutit tôt ou tard à bouleverser le monde (les grecs), l’humain (dieu, le christique), le corps (le sujet et l’altérité), puisque cette articulation est antérieure à tout ce que l’on trouve dans le monde. L’anfractuosité va en s’approfondissant et se concrétisant. Elle crée un monde (représenté, par les cultures diverses), une humanisation (comme l’on sait depuis la méditerranée), un corps (chaque moi supportant, seul, la densité du réel ou de la réalité comme Réel).     

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