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instants philosophie

Le sérieux du réel

25 Mai 2019, 14:44pm

Publié par pascal doyelle

D’une manière générale on ne prend pas au sérieux la philosophie de même que depuis le 18éme, la religion, et on mésestime toutes les expérimentations et les explorations qui eurent lieu, comme si Bouddha ou jésus, Platon ou Hegel étaient de pauvres idiots et nous-autres tellement intelligents et lucides. On ne peut pas réfléchir sur ce qui eu et a lieu, si on part du principe que tout est erroné.

On a pris donc l’hypothèse inverse à savoir ; tout est vrai. Reste à analyser les perspectives ouvertes par ces vérités, parce que ce ne sont pas des « idées » mais des perceptions et les devenirs s’y révèlent nus et immédiatement, immédiatement à condition de s’y situer à niveau et donc de repérer la carte sur laquelle les devenirs s’expérimentent ; que ces expérimentations ne coïncident pas avec le donné naturaliste, humaniste ou réaliste habituels, c’est justement ce qui permet de ne pas succomber au milieu ambiant et à l’idéologie générale si communément partagée ; en somme si l’on n’est pas révolté  « contre vieilles lunes » on n’est pas libre ou rationnel ou lucide, ce qui, ce refus de la grande tradition dite d’occidentalisation, paradoxalement permet de laisser libre court aux émois subjectifs et comme le gout individuel est bien peu de chose, de se laisser aller aux pouvoirs et aux idéologies voire idéomanies, modes par ex, l’esprit du temps momentané, du moment donc et des intérêts … or en admettant la véracité de toutes les positions on est obligé d’en passer à l’objectivité décidée et décisive, l’hyper-objectivité qui mit en branle toute l’historicité et de récupérer l’ensemble des positions de structure ; il faudra tout justifier au sens de « tout expliciter ».

C’est typiquement ce qu’a commencé de composer Hegel ; trouver le point commun entre toutes les « notions » (c’est une typologie plus étendue que de seules « idées ») ; et on dit ici que le point commun est une jointure, puisqu’il n’est pas seulement question d’idées ou de systèmes mais de toute intentionnalité plus ou moins cohérente qui adhère aux réalités ou au réel (aux contenus ou vécus et d’autre part aux feuilletages de l’être, de dieu, du un, du christique, du sujet ou de l’altérité, quelle que soit sa forme). Ça ne peut pas être un contenu qui résumerait ou permettrait d’atteindre tous les contenus ; il est impensable et il est impensable parce qu’il n’existe pas ; ce qui existe c’est l’articulation entre tous les contenus ; qui réclame dira-t-on un autre contenu encore … ce serait tourner en rond, mais on a dit et on a vu que la philosophie (ou la religion) n’est pas une question de « contenu » mais de position, non d’un concept ou d’une idée (qui sont des relais) mais de signifiants qui disposent votre corps sur la surface non du monde (étendue) mais de l’exister ; l’être, des grecs, prend position sur le réel ; dieu, ou le christique ou le sujet ou l’altérité sont des variations de structure sur … la structure ; et donc sont adéquatement coordonnés au réel.

Le super-contenu n’est pas impossible parce que « hors de portée » c’est impossible parce que ça n’existe pas (c’est ce que montre Kant, il remplace la métaphysique par le transcendant, bien réel, d’un sujet) et que ce qui existe (qui est plus grand que l’être et que l’idée) c’est une structure soit donc un rapport et le rapport structurel c’est le présent. Donc tout s’affecte fondamentalement, à la source, de ce présent et c’est la structure de présent dont il faut tirer la leçon. Soit donc « ce qui est situé sur la surface même » qu’est le réel ; dont les devenirs de structure marquent, balisent le parcours, le chemin, la vérité et la vie (celle existante).

Il s’agit donc d’établir la diagonale qui réunit toutes les positions et cela ne peut pas se tirer comme une tangente notionnelle ou conceptuelle, puisque ces positions ne sont pas des « idées » mais des intentions, des intentionnalités ; croire que l’on échappe à la catégorisation rationnelle parce que l’on emploie le réel qu’est le Sujet, est absurde ; la cohérence des concepts, de la métaphysique ou hégélienne est remplacée par la cohérence des sujets intentionnels, qui naviguent et parcourent la surface du réel, cad du possible ; il existe un, des quantités de sujets et il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas les saisir dans leur mouvement ; c’est ce que l’on fait depuis au moins Descartes … Ou plus exactement les systèmes , grecs, étaient déjà des sujets mais avec Descartes il se dit « je » et ce « je » est plus objectif que toutes les représentations qu’il pourra former ; il en est l’origine et donc il est plus grand qu’elles toutes.  

C’est également ce qui fut mené très sérieusement par Sartre et Lacan,  qui incarnent littéralement ce qui pour Husserl semblait encore abstrait et relevant de la Vérité ; cad d’une énonciation supposément idéaliste rationnelle. Il suffisait de basculer dans le réel, le je actuellement assuré (dans un Etat  structurel, ayant imposé la liberté et l’égalité et ayant au moins à sa disposition toutes ou suffisamment d’objectivités, de sciences, d’idéologies réelles, et toutes ces altérisations que sont la psychanalyse, le marxisme, structuralisme, qui basculent incessamment notre regard d’un autre côté, de même que l’image, mentale de soi est renversée par le déploiement des médias, du roman ou du surréalisme, ou des ésotérismes, des esthétiques et poétiques, etc).

Comme Sartre et Lacan prennent le simple jeté-là de l’arc de conscience ils affrontent toutes les situations et le corps même comme portant, supportant cet arc. Il n’y a d’arc que d’un corps et il faut être entouré, assuré de liberté et d’égalité, pour accéder à ce corps-même tel que « là » ; sinon on l’engage dans les fourberies shakespeariennes de la liberté seule, ou dans ces sociétés humaines souvent moralisatrice (il faut bien « tenir » les libertés livrées à elles seules)  ou du sensualisme et de l’abstraction objective sur les sensations et les perceptions et le cognitivisme et autres curiosités mais non conclusives (qui examinent la subjectivité au sens objectif pour ainsi dire), ou les étroitesses de l’égalité introuvable, tentant d’animer la notion vide de l’homme générique, du besoin, ou de la « vérité » sans sujet ; les deux aplaties et non pas actives.

Et donc « intentionnalité » prend soudainement un autre sens. Ça n’est plus le sens alloué par Husserl ; il y a un retournement qui n’indique plus la pensée (ou ce qui restait de la pensée telle que comprise par Husserl), mais le corps. Et ce pour la raison fort simple mais extrêmement difficile qu’une « conscience » ne s’utilise pas préférentiellement pour penser mais pour percevoir et que dès lors se pose la question : à quoi cela sert-il ? De percevoir, et de percevoir sur-activement (ça n’est ni une perception selon le vivant, ni selon la mise en forme culturelle d’un groupe plus ou moins clos, c’est une perception dite historiquement selon l’acculturation, qui instancie chacun comme centre d’une expérimentation des réalités, des mondes, des choses mais aussi des autres et du réel même, de sa structure, dont chaque je est au fait) et donc de non pas seulement juger mais orienter, moduler cette autre surface qui vient se couler sur le corps donné là, celui d’un vivant, et qui le porte tellement plus loin que ce corps est désarticulé dans l’articulation qu’un champ de conscience lui impose ; de l’externe selon le réel « là ».

Et cette extériorité n’est pas celle du monde, mais l’exposition maximale ; nous donnons sur le présent, sur ce qui, activiste, tisse la trame des réalités et qui n’est pas lui-même une réalité. Il nous est offert d’éprouver au moins une version du réel pur et brut, soit donc l’articulation présent/arc de conscience dans ce présent ; et cela seul peut nous permettre de remonter jusqu’à ce que hypothétiquement on peut nommer « sujet » et dont l’arc présent/conscience est probablement un des effets, en tout cas celui là seul que l’on constate. Rappelons qu’antérieurement à dieu on n’imaginait pas cette structure, de même antérieurement à la pensée, l’être et l’universel, pareillement avant le christique ou le sujet, de telles structures étaient non imaginables. L’invention ontologique est fondamentale ; c’est le réel qui se crée, se délimite à nouveau frais, dessine son visage, élabore la structure du miroir du bout du monde, et les réalités suivent.

Ce qu’il faut retenir c’est la relativité, si l’on peut dire, de la structure ontologique qui non pas relativise les positions, mais au contraire les affirme comme totalement valides, légitimes, réelles et actives ; relativisme au sens où les parcours, les trajets manifestent le possible structurel, comprenons que le centre, le réel-même, n’est pas défini et que les flèches qui en partent créent le Bord lui-même du centre.

Si il l’était ce ne serait qu’une partie du monde ou encore un double-monde ou bien un sur-monde concentrant la réalité (tout ce dont on ne sait pas quoi faire en somme). Son indéfinition est son mouvement et de même que l’on ne peut pas philosopher sans penser ou croire au christique sans entrer dans la conversion, la dimension de l’articulation ne s’ouvre pas sans s’y « décider » de cette manière encore étrange et inconnue (dont la grâce christique est signe, ça vient il faut la prendre avec-soi). Mais l’altérité, par ex l’auto-affirmation nietzschéenne qui bouleverse tant d’adolescents et les autres, ou l’existence de Sartre, sont aussi des points de vue, ou plutôt des points obtenus par les avancées de l’articulation présent-conscience. Ce que l’on doit dire c’est que cette articulation use des signes (et donc du monde, en l’occurrence nous) afin de déplier ses possibilités ; et si l’on s’étonne de la pluralité (qui n’est pas une multiplicité, réservée à la détermination) pluralité des versions ou des positions de sujet, c’est que l’on a affaire à la structure réelle du réel, cad à la Possibilité même (qui est cela qui devient, strictement parlant), laquelle possibilité consiste justement à s’inventer.

Si l’on se demande quel exemple pour manifester cette invention on pourra prendre dieu, le un tout autre, le christique et son corps, l’être et l’universel, le sujet et le monde, la structure (Sartre, Lacan) et l’exister ; puisque la structure (du réel) est au centre, et que c’est le devenir de cette structure qui est en cause (qui est la Cause et l’Effet) et qu’elle est indescriptible et ne peut pas être signifiée (puisque c’est elle qui signifie), alors tous les devenirs sont des possibilités. La structure cherche à connaitre, éprouver, réaliser, expérimenter, poursuivre aussi loin qu’il se peut sa potentialité ; exemple déjà exposé, la liberté est un ajout absolu et formel, mais la liberté et l’égalité est une plus grande périodicité encore, un plus grand possible en ceci que l’égalité pousse la liberté à s’étendre et à introduire une seconde logique dans sa destination ; une contrainte qui ne nie pas la liberté (même si a priori c’est le cas), et qui a posteriori démultipliant les libertés ajoute à nouveau et en plus.

De même si l’on prend la moralité ; celle que voulut instituer le christique et donc maintes fois il fut moqué ; pareillement pour Platon ; sans cette moralité ou les Idées ce qui doit apparaitre, peut apparaitre n’apparait pas… C’est seulement une fois acquises les idées ou la moralité que l’on pourra les critiquer et donc ajouter aux Idées des idées et à la moralité des moralités différentes. Or pourtant il sera impossible de contredire telle ou telle position ; il ne sera possible que d’y ajouter une autre, en plus. Sitôt les mondes particuliers abandonnés (qui coagulaient forme et contenu, le monde est le langage est la parole), et dès que la forme apparait dans le donné (non comme contenu mais comme signifiant) alors il faut embrayer sur et par la forme seule ; or adopter la forme (et on peut dire que l’on est appelé par la forme, comme la grâce du dieu via le christ ou comme la pensée par l’universel) c’est accélérer (ou augmenter par les grecs, la pensée est du langage accéléré).

Etant accéléré le rythme de conscience non seulement ouvre quantité de possibilités mais puise dans l’expérience (et non plus la transmission) ; penser selon l’être ou expérimenter selon la science (au 15éme siècle) c’est la même activité ; puiser à même le réel tel qu’actuel ou actualisé. C’est parce que l’on est sorti des mondes (clos qui s’autovalidaient pour ainsi dire dans le groupe humain et sa perception de monde) que l’on accède au réel tel que donné « là » (l’être des grecs ou l’existence au 20éme ou le monde-étendue de Descartes ou le champ phénoménal de Kant etc). Et ceci à partir du sujet qui se nomme et se signifie et doit dresser le réel de son intervention ; pourquoi existe-t-il un être tel qu’il perçoit au sens apparemment indéfini et exige dans l’actualité de résoudre la réalité (dieu ou la pensée ou le sujet) ? La plus grande difficulté incompréhensible sous le registre de l’objet est précisément qu’un sujet ça ne rentre pas dans l’objet. Et l’inquiétude quant au « sujet », à « cela qu’il veut vraiment », est l’appel incompréhensible du christ ou le surcroit nietzschéen ou le corps lacanien.

On a vu que, dans le réel, la philosophie n’a jamais parié sur la platitude de l’objet ; même les grecs, l’être, le bien, le moteur, le un ça s’enroule, ça n’ « est » pas. C’est seulement vu de l’extérieur (d’un point non philosophique du monde) qu’on prend l’être pour l’être-mou-solidifié-chosiste.   Ce sur quoi enquête la philosophie on l’a dit, c’est l’articulation ; usant tant et plus de « mots » pour délimiter des signifiants, qui ne s’adressent qu’à l’instance qui les reçoit ; à savoir les sujets, les arcs de conscience. Et si l’objet et son registre paraissent objectifs (ce qui est vrai, mais non constant, ni continuel, les concepts de science ne cessent de se modifier) ils n’existent que dans l’articulation et ce que la pensée, celle réelle, celle qui a effectivement eu lieu, dessine c’est de montrer (à tout arc) le mouvement d’articulation, parce que le concept (vivant, entendons existant) de la liberté (par ex) est le plus grand ; lui seul permet d’énoncer les intentionnalisations. C’est le signe qui est suivi et c’est lui que l’on poursuit et si on étend ainsi la liberté c’est qu’elle autorise d’entreprendre, d’entamer la réalité, les réalités (comme l’on dit depuis Kant) et d’organiser le sujet ; depuis que l’on a supposé sur le devant de la scène non plus le monde (relevant d’une auto révélation du groupe) mais la structure (qui pose en l’externe toutes les représentations et toutes les activités et les contenus) tout contenu, mot, idée, activité sont des signes de.

Nous n’avons pas créé une société dite de production-consommation afin de consommer et de produire mais bien parce que par là un autre-signifiant se manifeste. Et évidemment il est bien plus ample et fondamental que l‘ensemble des petites actions, décisions, images et imaginations qui peuplent le monde empli de l’humanisation et de la personnalisation. Il traduit (et c’est pour cela qu’il désire constamment « se voir » lui-même) une totale extériorisation dont l’effet est de nous laisser vides et sans rien, soit donc un immense détachement dont nous préserve uniquement, exclusivement le nécessitarisme entretenu et le recyclage assourdissant des mêmes images, des mêmes désirs sous l’apparente diversité et le faux renouvellement ; si nos désirs n’étaient pas renouvelés artificiellement (renouvellement qui épuise nos fantasmes, cad l’irréalité qui couvre la réalité et nous jette bien que nous le sachions pas dans l’altérité surfacielle du réel seul) nous basculerions dans la forme (du réel). Ce qui arrive effectivement à quantité de sujets, dépressions ou extases ou exposition à l’altérité (la cruauté) du réel brut.

Il est clair que la multiplicité des images et désirs c’est cela même qui anéantit l’intention, la conviction, la décision. Aucune suite n’est donnée à rien.   Ce qui est démantibulé c’est la construction même de l’attention ; l’attention, l’acte de conscience de, étant ce qui inaugure tout (et qui réclame une architecture de l’attention elle-même avant même les stratégies de l’intention ou de l’intentionnalité) rien n’est possible sans le champ intentionnel qui permet de cartographier les réalités selon les signes et autour des signes (les signes, le langage une fois énoncé permettent de percevoir « autour » de l’énonciation, il est bien évident que l’on ne se limite pas à ce qui consciemment est énoncé, on perçoit en plus et en plus parce que l’on signifie telle chose, tel data, telle situation, le langage permet de rebondir).

Si le christique expose clairement l’intention (le regard), la conviction (la foi), la décision (le pardon) qui est extrêmement complexe, puisque l’on passe de l’énoncé à l’énonciateur qui remet toujours l’énoncé lui-même et permet seul de creuser non pas l’énoncé (système grec) mais l’intentionnalité ; et l’intentionnalité « ça n’a pas de fin » ; c’est le mouvement même, le réel, l’exister, le présent, antérieur à toute pensée évidemment, à tout vécu et à toute perception ; on ne peut pas échapper au mécanisme du réel, puisqu’il existe au sens de « préexister à lui-même » ; on est déjà « vu », et l’on existe de et par ce pré-regard ; que l’on peut situer soi-même comme étant le christ ou Descartes ou Rimbaud ou tel ou tel réel, au sens de s’auto-conditionner, dont les pouvoirs, le monde, veulent à tout prix commanditer la prégnance, mais que chacun va supposer quelque part dans son propre vécu, va créer le pseudo-regard qui l’a créé … et il le recevra comme Autre, alors que c’est la mouvance absolue, formelle, de l’intentionnalité qui lui échappe au sens où de ce fait il lui permet, par son altérité, d’échapper au monde ; c’est cela qui est instancié ; on ne sait « où » l’on est né et ainsi on n’appartient à aucune partie du monde ou du vécu (et on pourra renaitre en christ ou Plotin ou Nietzsche, qui simuleront la même pré-naissance pour ainsi dire mais cette fois actée) ; la pré-supposition de soi, qui est éprouvée et non pas énoncée, c’est cela qui permet la liberté de structure ; énoncé ou causé le je appartiendrait au monde ou à nous-même comme partie du monde On voit encore par ceci l’étrange naissance exogène de l’intentionnalité (ce qui est le sens même de l’enquête psychanalytique ou sartrienne) elle nait de et par l’altérité, de dieu, du christ, de la pensée, du sujet, de la révolution (dont on ne sait pas ce qu’elle veut, en vérité) ; elle est structurellement Autre.

Aussi s’emprunte-t-elle, la structure, comme divine ou surdivine (ou poétique ou existentielle, etc) et à ce point fondamentale qu’elle puisse imposer, ben avant tout monde humain, ses propres registres, comme celui de la vérité ou de la liberté, qui organisent, ensuite, la totalité du possible humain ; puisque entrant dans la dimension nous naissons réellement de l’altérité, ce qui signifie que l’altérité est originelle et si elle est originelle alors tout est engendré de l’altérité, de la forme, de la distinction ; la transcendance est le réel formel, l’antériorité qui ne cesse pas, ce qui accompagne continument toute articulation et cela qui nous est donnée (qui est notre Cause, sans quoi il n’est pas d’humanité ou de personnalité, pour le dire) le don pré-existant se prête pour nous comme présent/arc de conscience dans ce présent, sur l’autre-surface du corps.   

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Le miroir du bout du monde

18 Mai 2019, 09:37am

Publié par pascal doyelle

La désarticulation du réel humain

Le point de bascule du réel de décision

Il y a un champ de perception afin que le réel se définisse au fur et à mesure au travers des distinctivités. Le réel se regarde, créant ses champs de perception, de différentes natures, jusqu’à cet être, qui n’est pas un être, capable de générer son propre champ, et un champ constamment suspendu au mouvement très exact et très précis qu’il développe, mais qu’il n’enveloppe pas ; un champ de perception (de l’atome, de l’adn ou de l’arc de conscience) est ouvert.  

Mais il est évident que le champ ouvert par une articulation de conscience qui fonctionne comme intentionnalisante marquante (usant de signes et d’une perception actuelle, et non pas mémorisée comme l’adn ou l’atomique), ce champ de conscience est bien plus accéléré que tous les autres (à notre connaissance).

Et ce regard évidemment est immédiatement une réalité. Que les réalités se perçoivent les unes les autres c’est ce que traduisent les échanges moléculaires et les codages d’adn ; que l’on songe à l’étrangeté d’un champ général de réalité, de réalisation ; il s’y passe quelque chose qui s’échange. Jusqu’à aboutir autant que l’on sache, à un être doté d’une interface spécifique qui perçoit ce qu’il agit et dont la perception dépend de son action ; les choses ne nous viennent pas instantanément dans le regard, il faut organiser des systèmes de signes pour que dans ces signes apparaissent les choses, les datas, les êtres, les vérités (comme dit Badiou, mais s’en tenant là et ne référant pas ces champs d’action à un sujet) ; sans notre activité pas de perception (nous ne sommes pas des vivants qui décodent immédiatement leurs percepts). Étrangeté là aussi ; que cela ne vienne pas tout seul. Une réélaboration, à partir de la perception du vivant, est requise afin qu’il en soit tirer des rapports et des séries de rapports. Et au final que se définisse un sens du mouvement, de l’intentionnalité ; lequel a pu sembler tout univoque durant très longtemps ; il suffisait de suivre la réalité.

Les sociétés recouvraient la « nature humaine » d’idéologie, de représentation, religieuse, magiques, ce que l’on voudra, et comme l’arc de conscience (universel grec et individu chrétien) ont affaire au réel, il permettait, cet arc, de se diriger vers le donné là, le monde et le corps ; ce qui s’est nommé longtemps libération. Sauf qu’il ne s’agit pas d’aboutir à une « nature humaine », qui n’existe qu’à moitié (on doit être heureux ou en tous cas non-malheureux, afin de passer-à autre chose, au-delà des nécessités, du nécessitarisme, que réduplique le capitalisme en installant une concurrence artificielle généralisée), et si « nature humaine » n’existe qu’à moitié alors « moi » n’existe qu’à moitié. Mais quelle autre identité pour le « moi » ? La nature humaine qui était censée exposer notre être effectif, version 18éme, libérale ou communiste ou selon la version extrêmement complexe du 20éme (celle qui considère le « moi » comme réalité fondamentale, constitutive même l’humanisme universel) c’est alors celle qui cherche son identité, mais ne la trouve nulle part en aucune partie du monde, et aucune concrétisation du vécu ou du corps ; elle n’existe pas.

Ce qui existe c’est la structure qui rend possible (entre autre) un moi (le moi est affecté lui-même à ou selon diverses réalisations ; il peut se tenir du droit ou de l’objectivité des sciences, et le sujet seul couvre l’ensemble de ces réalisations, capable aussi bien de subjectivité ou d’objectivité, etc). Nous ne sommes pas une « identité » qui parviendrait dans l’épanouissement à se réaliser, et réalisation qui nous renverrait notre image. Nous nous verrions heureux (on sent bien que ça ne va pas).    

Et c’est bien ici que l’on achoppe sur un problème absolument fondamental ; lorsque l’on se représente le monde et que ce monde se crée comme Parole partagée entre tous dans une tribu, l’aperception est immédiate ; on pense ce que l’on parle et on parle ce que l’on voit et vice versa et l’on échange ce que l’on voit et parle, et ceci est notre corps commun.

Si on introduit une structure dans la parole ; ce qui se produit par le texte sacré par ex, venu d’ailleurs, puis par la vérité, grecque qui brise l’unité commune, ou la littérature et la multitude de récits et de poétiques, d’esthétiques, qui reviennent à l’individualité, et le tout qui n’est plus ritualisé mais libre et relevant de chacun ; si on introduit une structure il faut penser, et penser au sens de méta-ordonner ; chacun est libre et se tient à son devenir, son potentiel mais en sachant de quoi il retourne et ayant, au moins, une moralité ou une mise en forme intentionnelle suffisante (le christique est la forme intentionnelle exprimée et manifestée et représentée, tout à fait essentielle et fondatrice, la citoyenneté ou le récit individualisant, aussi bien poétique ou narratif ou esthétique et donc entrainant qu’il soit créatif) ; chacun est libre et peut accéder à diverses représentations du monde (ou de sa vie) mais chacun peut et doit, à tout le moins, gérer cette liberté. C’est en ceci que réside le méta.

Qui indique une différence, un décalage, une altérité non pas seulement systématique mais structurelle ; touchant à l’ontos même (qu’un sujet il y a et que son intention est son intentionnalité, cad une dimension à plein, et donc La Dimension, il n’y en a aucune autre, toutes les autres, qui sont des domaines, s’en déduisent ; le structurel contient le subjectif ou l’objectif).

Ce qui veut dire aussi que si le groupe parlait ce qu’il fallait penser et percevoir, cette fois l’individu est à lui-même sa propre gestion et son propre potentiel ; et ceci coïncide, il faut le remarquer, à un monde décuplé et ouvert sur quantité de multiplicités (puisque l’unité n’est plus « une réalité les commande toutes » mais « une forme rend possible le possible » ; les échanges ou les esthétiques ne sont plus régulés par le rituel ou la signification, la signification est ouverte, par ex sur la consommation et l’étirement des désirs indéfiniment, parce que l’on a accès à son propre corps délivré des règles ; et puisque l’individualité est seule susceptible d’accéder au monde, de percevoir directement le donné-là, de déployer son propre corps et son vécu et son relationnel ; elle est  seule parce que ce corps seul possède qu’il y ait un arc ouverte en sa cervelle vers le champ de perception du donné là, quel qu’il soit.

De là que l’on ait laissé chacun dont le seul jugement est celui de satisfaction, sans repère autre que la satisfaction incorporée, laquelle se presse sur nos yeux sans distance et sans décalage, du moins telle qu’idéalisée ; parce que si il est bien ici et là des idéaux (liberté et indépendance ou création ou révolution, aucun ne tient substantiellement face à la prégnance du monde qui happe de toutes parts, le christique était autre, mais ces idéaux sont du-monde aussi élevés soient-ils)  d’une part et si ils se présentent dans le monde comme « idéalisés » c’est pris dans le faisceau qui ajoute aux réalités et aux réalisations le poids ontologique de sa structure ; il insuffle que « cela sera si infiniment renouvelant » ; ce qui ne serra pas ou plutôt pas à ce point là, ontologique ; on surinvestit et alors le monde et le vécu piègent l’arc de conscience qui perd ce qu’il croyait acquérir.

Et en vérité le décalage se réintroduit par cent écarts et insatisfactions innommables puisque seul l’idéal de réalisation est nommé, le décalage n’a aucune autre moyen que de se traduire dans et par le malaise du corps ou diverses astuces de structure qui contournent la massive identité supposée de soi-même.

Et seule la décentralisation de la décision (qui n’appartient plus au groupe ou à la Parole commune) en quoi consiste la révolution, devait permettre que chacun soit réellement la structure qu’il est ; or on a réduit cet être qui est un exister à son seul être donné là : la nature humaine et le moi issu et admis comme synthèse selon une hypothèse dite du « sens de la vie» ; le fameux sens de la vie, qui ne signifie rien (au niveau ontologique il ne signifie pas selon le monde, même si il est hors de question de renier l’acquisition du monde et du vécu, le moi est la base ou plus exactement la possibilité du sujet ; en gros tant que la révolution n’a pas eu lieu on vise l’horizon de l’humanisme, une fois qu’elle a eu lieu, un moi peut se dire « ceci existe », Sartre et existentiels et atteindre par là le Bord même de l’Acte du Réel).

Parce qu’il n’existe pas de moi qui serait une « synthèse » et du reste il ne peut pas même se situer lui-même en tant que lui-même comme synthèse, c’est et n’est qu’une imagination, non un réel ; ce qui est bien agréable, cette imagination, du moins au début … Ce serait une performance parce qu’alors il objectiverait un « être » qu’il doit accepter comme naturel et sensé, alors que c’est justement un arrangement synthétique purement facticiel, déterminé et donc composé de bric et de broc, un bricolage auquel sa structure de sujet donne sens (imaginaire). Il est clair que le christique ou la pensée, grecque, n’étaient pas dans l’imaginaire : s’y réaliser effectivement cela même qui Ex-siste, qui n’est pas de ce monde ou de ce vécu. On ne fait sens dans le monde que si l’on exhausse le donné, ce qui permet à la fois de repérer les réalités très exactes (plutôt que de conceptualiser des idéologies ou provoquer des imaginations seules) et de signifier le réel, ce qui veut dire La Possibilité ; un monde replié sur son donné, sa nature humaine toute construite ou son moi synthétique, n’a pas d’avenir. Il croit au fantasme. Il croit en et par la synthèse qu’il croit réelle. Ça n’est pas qu’il y ait imaginations qui nous rend fous (elles sont requises) mais qu’il n’y ait que cela (et plus de structure du tout, qui s’est repliée).

Pour n’y pas sombrer il fallait atteindre à une élaboration tout à fait élevée et précise et complexe et pour le dire méta-consciente. Ce par quoi ce qui vient dans le faisceau de conscience est immédiatement accepté par le moi (sinon il devrait remettre en cause la totalité ou peu s’en faut, de sa réalité), alors qu’il devrait justement, ce moi, ne pas coïncider avec son contenu (il n’est pas le contenu qu’il est, le réel n’est pas de l’ordre des réalités, il n’y a pas de réalité-une qui synthétiserait toutes les réalités, la forme des réalités est l’unité d’exister et non pas l’être, qui est dedans la suspension qu’est ce mouvement brut qu’est l’exister).

Mais on comprend bien la difficulté, pour un moi, de se conformer au sens qu’il est ou croit être  d’une part à la conscience qu’il n’est pas et qui ex-siste d’autre part ; la liberté, l’égalité et la fraternité avaient pour but de pousser à réfléchir ; que les arcs de conscience se réfléchissent et maintiennent leur articulation réelle (cad engageant le possible et non le donné, ou l’immédiateté et l’intéressement stupide, borné, écrasé tôt ou tard ; il y aura toujours plus fort que soi ; qu’il développe un empire, anglo-saxon ou US, plutôt que l’esprit Fr, l’espace plutôt que le temps).

Pour passer du moi au sujet (c’est ce que signifie méta-conscient), de la nature humaine à la réflexion, soit on use de l’historicité dans ce qu’elle a créé de structurel (liberté, égalité, fraternité, aimez-vous les uns les autres, élevez-vous, autrement dit), soit on se « convertit ».

Mais à quoi ?

L’hypothèse ici est celle-ci ; la conversion est interne, interne à la structure, rien ne peut la préparer dans la réalité, le monde, la vie. Mais pourvu que l’on parvienne à un monde stable et assuré pour chacun (cad liberté-égalité, sinon on reste dans le challenge, la rivalité, le nécessitarisme) Soit on bascule du côté du réel, soit on reste coincé dans la réalité. L’hypothèse est qu’il y a eu déjà quantité de conversion, d’extase, de retournement, d’intériorité de structure. Ça se produit ou ça ne se produit pas. On ne peut pas l’installer du dehors, mais on peut prédisposer le dehors et que ce dehors s’instancie, mais alors décisionnellement, par chacun.

Expliquons.

 Il n’y a aucun moyen de « vouloir » entrer dans le réel. Ou plus exactement le « vouloir » vient en plus et d’ailleurs ; du dedans structurel, lequel est sans épaisseur, et donc rigoureusement imprenable de l’extérieur. On est donc confronté à cela même qui est à peine approché par le christique ; ça vient d’en haut et on y répond ou non (la grâce) mais on ne commande pas la venue d’en haut et on ne sait pas jusqu’à quel point on a répondu par l’affirmative ni à quel moment et pourquoi. Autrement dit on prend la décision mais elle n’est pas « nôtre », parce qu’il n’y a aucun point sur lequel se fonder pour accuser réception. Et ceci est logique. Mais difficile. (Personne n’a dit que ce serait facile).

C’est logique parce que la décision en question est éternellement sur-prise, pourrait-on dire si on tenait encore à la métaphore de l’éternité. La traduction logique est que cette décision est incessamment suspendue puisqu’elle est le réel. Cette décision n’est pas un point ou un cercle mais une tangente et la tangente, qui définit le cercle, n’est pas achevable. Comprendre ceci c’est saisir que le réel est ouvert par le haut. Et que de ce fait c’est insituable.

Lorsqu’il tombe vers le bas, ça tourne en rond ; parce que les réalités rebondissent entre elles-mêmes indéfiniment, et que, en toute logique, on ne peut que monter. Sauf que l’on reste constamment coincé par le bas ; le monde attire le monde, qui est-là, totalement prégnant, tandis que le haut, la structure est en-plus et ne se prouve que de soi. Le tourne-en-rond est un indéfinissable tourment, tout à fait horrible, notre quotidien (bien que l’on veuille sans cesse le renouveler artificiellement) ; un corps qui se drogue tourne, jusqu’à ce qu’il meurt. Une intentionnalité se divise à l’indéfini, et affronte l’enfer, mais basculer vers le haut n’est pas non plus une facilité ; comme on a dit, on ne sait pas ce qu’il en est. On ne sait pas ce que cela « veut ». Le haut demande toujours expressément que le je de chacun énonce, indique, oriente vers ce qui doit/peut être. En somme il faut tenir la tangente sans voir à quoi elle aboutit et sans qu’elle se replie sur un cercle. 

Il faut continuer de se tenir dans l’élan de ce que l’on a pu nommer l’esprit, ou dieu ou l’autre-corps ou donc l’intention, sinon la réalité dévore le réel. En ce sens ça ne cesse pas de penser. Aussi chaque génération est remontée, comme une pendule, et détricote et puis retricote à partir de ses obstacles. Mais à terme on aboutit littéralement sur le donné seul et chacun en tant que sujet, et là il faut décider. Et curieusement, puisque notre prouesse fut de rassembler l’ensemble de toutes les trajectoires possibles, voici que toutes les intentionnalités actées (l’historicité) nous sont données et il nous revient de les relancer. De les renouveler peut-être, parce que somme toute, tout compte fait, il est une diagonale potentielle qui relie forcément tous les trajets. Penser non plus les contenus mais les structures qui prirent signifiants par ces contenus ; en vérité de contenus il n’y en eu jamais, il n’existât jamais que les flèches. C’est ce qu’inspire en premier chef la dissolution plus ou moins lente des réalités ; pourquoi disparaissent-elles ? Parce que s’effacent les supports du mouvement.

Reste le mouvement.

Si les réalités disparaissent, de même nos pensées, nos images, nos identités disparaissent. C’est le mouvement en quoi consiste la structure qui s’inscrit, qui trace le seul Signe. Ce qui est en vérité mémorisé ce ne sont pas les datas, mais ce qui a pu apparaitre selon le monde et le vécu comme orientation du miroir ; sera-t-il ou non lui-même miroir dans le Grand Miroir terminal ? On ne sait pas. Il suffit, somme toute, de connaitre ou reconnaitre sa vrai nature  de miroir, sans se laisser prendre dans les filets des images ou idées ou représentions ou donc vécus et identités ou corps ou mondes, qui paraissent momentanément dans le miroir que l’on existe, qui se miroite, peut-être, si élevé, si haut, possiblement, dans le Grand Miroir du bout du bout. Celui qui est toujours en mouvement. Qui ne cesse de regarder et donc chaque regard est distinctif et dont la distinction est toujours plus précise et élaboratrice. Si un miroir est continuellement en mouvement, alors il se miroite continuellement. Le propre du miroir est de renvoyer ce qui passe au-devant. Ajoutons qu’ici cela influe sur la nature même de la surface, sur l’être du miroir. Et comme il n’a pas d’être, influe sur son exister.

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Analyse du mouvement du réel

11 Mai 2019, 07:57am

Publié par pascal doyelle

On nomme donc philosophie, ou plutôt elle se nomme elle-même telle, l’analyse qui va se dérouler jusqu'à présent, 25 siècles, sur « cela qui est arrivé à l’humain ».

A savoir qu’il fallut sortir de tout monde particulier (lié à un territoire, à une langue, un peuple, une localisation, une représentation, religieuse ou mythique, un système d’échanges régulés, une esthétique ritualisée, ce que l’on définit comme monde particulier). Et qu’au sortir de ces mondes nous nous sommes appuyés sur deux faits majeurs ; qu’un monde unique universel donné « là » il y a (commun à tous et à tout) et que chacun se devait de disposer d’un corps, individuel, unique et universellement égal à tout autre corps.

On admet donc une pensée et un existant ; une pensée pour observer et comprendre le monde et toutes les réalités qui s’y rencontrent (y compris des réalités humaines et des réalisations) et un existant, qui est tout aussi universellement certain qu’il existe un « chacun » qui offre et s’offre à lui-même à chaque fois une perspective réelle et influente sur l’ensemble de tout ce qui est, tout ce qui est pour lui-même ; c’est la porte d’accès à l’élaboration d’un intentionnalité individuée, à même le sol du réel tel qu’immédiatement là. Que l’on ait pu désigner comme « pensée » universelle et comme « esprit » ou individualité ces deux marqueurs absolus, cad formels, de toute humanisation possible, entendant par là qu’humanisation comporte indubitablement individualisation, personnalisation (une humanisation sans personnalisation n’a aucun sens). La pensée, grecque, de l’universel ne va pas sans l’autre, le sujet, celui qui pense ; et le sujet est potentiellement bien plus grand que la pensée et donc a pu, a du créer son propre repérage, au-delà de l’universel, de la science, de la connaissance et ce non pas seulement à partir de Descartes de manière claire et déclarée, jusqu’à Lacan, mais c’est donc non théoriquement dans l’épaisseur de l’expérience historique, d’humanisation et de personnalisation que s’est constitué l’individuel sujet ; chacun est dépositaire de cette individuation approfondie, comme articulation de fond arcbouté dans la vie elle-même, dans l’Existence. Chacun est l’enjeu même de ce que l’on a nommé acculturation généralisée ; l’individualisme ancre constamment dans tous nos récits et toutes nos transmissions ce sujet hyper actif.

Rappelons qu’acculturation veut dire d’une part culturation mais fondée sur l’absence par laquelle chacun est ce-sujet, ce-corps, indépendamment de tout communautarisme et de tout monde représenté ; chaque génération accentuant sa propre liberté et sa propre littérature et lorsque le créateur remplace le texte sacré (qui remplaçait la parole partagée des tribus). C’est par cela qu’il y eut accumulation de littératures (et de générations, d’expérimentations).

C’est ainsi que la « communauté en esprit » doit être comprise comme liberté-égalité-fraternité, qui semble la formule la plus complète et la plus dynamique qui se puisse être ou qui, à tout le moins, ait été énoncée. La liberté initie, l’égalité réfléchit et la fraternité justifie (au sens de juste ou de saint). Inutile de récriminer, c’est comme ça (on peut accentuer la liberté et c’est le monde anglo-saxon, ou l’égalité est c’est l’anciennement communisme, soit donc pousser les désirs selon le libéralisme ou les besoins génériques selon le communisme, mais on cède alors sur la logique de l’histoire).

Dans les deux cas, le monde que permet d’atteindre l’universel et la pensée, et le corps qu’autorise le christique et la communauté des croyants (pour peu que ceux-ci comprennent de quoi il retourne, la communauté en esprit des esprits individualisés, sans la liberté desquels il n’est aucune religion, mais un conformisme dangereux et un retour à la tribu), dans les deux cas la philosophie a analysé très activement cela même qui était en jeu et qui fut dès lors lancé comme historicité et devenir de toute l’humanisation et personnalisation.

Comme ces acquisitions sont relativement difficiles et performatives et littéralement créées, ajoutées, explorées, élaborées en plus de tout ce qui est – de tout ce qui est à chaque fois, à chaque moment de l’histoire humaine – il ne faut pas s’étonner que ce soit par à-coups et par double voire triple sauts que la dite élaboration a lentement pénétré la r »alité, le monde, le corps, les peuples, les représentations ; ce que l’on admire chez Montaigne ou Kant ce sont ces efforts qui passent outre et vont chercher ce qui nulle part n’est ; ils ouvrent la perception, ils décident de l’intentionnalité, ils actent que s’enclenche le réel. De même les révolutionnaires ne savent pas très nettement ce qu’ils font… ils le découvrent en expérimentant et avançant aussi loin que possible par pur (et brut) courage et effort et engagement et véritable intention, intentionnalité archi-déployée on ne sait comment et puisant en quelque effarante vision, extase, violence structurelle également, bref à même la puissance, la potentialité, la capacité interne du possible. La folie structurelle historique qui prit 1789.

Ce qui vaut pour les grands événements et l‘historicité vaut tout autant pour la ressource potentielle, virtuelle de toute individualité ; il s’agit alors, et c’est absolument fondamental, de creuser la puissance tout à fait réelle, les possibilités de toute personnalisation en tant, notamment, que tout moi, pour se tirer du mauvais pas qu’est nécessairement son « moi-même », que tout moi puisse en appeler à son sujet, à la structure qui rend possible qu’un « moi » il y a.

Et cette potentialité, la puissance littéralement, ce à quoi, effectivement, fait appel Nietzsche (dont on peut considérer qu’il est réellement dans une impasse, lui qui étouffe dans son moi, son vécu, son réel et qu’il en appelle à un grand « moi », cad un sujet) ne se situe pas dans un être donné, ou une éternité, ou un divin et un absolu, mais en-avant. Elle est en-avant et c’est en cela que nous sommes libres ; parce que le sujet est en-avant dans le présent ; on a vu que l’arc de conscience sous sa forme intentionnelle sort de la cervelle vers le donné là, le monde, et re-vient et il re-vient à chaque fois nu et identique à lui-même (peu importe les contenus), et cette articulation est actuelle, toujours, et manifeste l’actualité, l’actualité de « ce qui existe », à savoir le présent tel qu’invariant unique de toutes les diversités qui sont. Cet en-avant de l’arc qui se tend vers le donné tel que « là », est structurellement non lié ; à condition qu’il puisse (se) signifier ; se signifier formellement. Dieu, l’universel, le sujet et le christique, l’altérité signifient le formel dans la mesure où est posé un horizon-autre.

Liberté et égalité se supposent l’une et l’autre comme horizons ; sans égalité la liberté est tenue par des objets ou par la rivalité, sans liberté l’égalité est une dénomination et une chose du monde, est seulement universel perçu par un autre-conscience qui soumet toutes les autres (dans une théorie). Liberté et égalité demeurent dans l’in-certitude, mais la fraternité ne vient pas seulement conclure et concrétiser mais bien elle seule peut orienter et agir dans cette formulation liberté-et-égalité. Le développement de la liberté isolément favorise la limite d’un horizon à conquérir, ouvre sur le monde et le vécu (la liberté et les empires anglais et américains) mais se révèle incapable de transformer cet horizon en et par l’esprit (qui relève de l’historicité seule, du temps) ; pour que l’esprit soit il faut que la liberté se propage et que la vérité se partage ; les philosophies analytiques anglo-saxonnes sont incapables d’assurer l’esprit et à proprement parler la pensée ; elles n’exhibent que le regard froid d’un sujet cartésien mais abstrait qui s’est entièrement retiré, et qui n’est plus cartésien du tout, de ce fait. Le démontage et le décorticage analytique sont juste des objectivismes résolument agressifs.

Lorsque Nietzsche impose et à coup de marteau puisque c’est ainsi que le libre pur et brut s’implique dans le monde et le vécu,  impose l’auto-affirmation, l’affirmation de « soi » il ne peut pas s’agir d’un moi, d’un moi humain, d’une liberté de conscience mais d’une « force ». L’altérité se symbolise comme autre. En tant que tel il est signe mais n’accroche pas le réel, pour cela il faudra Sartre et Lacan, qui analysent et décortiquent le mouvement même.

Mais les libertés révolutionnaires visaient à décrire des réseaux, des diagrammes, des tissages de libertés et non l’affirmation, jugée abstraite et idéaliste, d’une seule énergie. C’est dans le réseau réel que se tisse les libertés, sinon on bascule dans l’anhistoricité, la théorie et l’idéologie (libérale ou communiste). Le point d’impact absolu du réel est cette historicité d’une nation dans et par l’équilibre liberté-égalité acté par « fraternité » dont la définition est rien moins qu’évidente.  

La station élevée du sujet rend possible et pensable la cartographie des trajets sur la surface de la réalité. Et qui, pour elle-même, est autre qu’elle-même ; la dite Volonté, énergie ne se gouvernent pas selon un conscient et Nietzsche montre par là que « le réel » est inondé d’altérité pure et brute ; cet extrémisme hors du conscient (de l’humain, du moi psychologique, de la volonté et liberté, de l’humanisme et du christique) affirme l’absolument Réel. Et provoque pour celui qui lit ces écrits, un décentrement. Et ce décentrement, bien que Nietzsche ne le reconnaisse pas comme tel, est exactement celui là même qu’introduit le christique dans l’humanisation (mais N veut surtout renverser cette figuration du christianisme et de l’humanisme, celui raisonnable, rationnel, plat, réalisé historiquement, etc). Parce que de structure de conscience il n’en est qu’une et que c’est toujours la même ; grecque ou christique ou chrétienne ou révolutionnaire, elle ne dépend pas des représentations, ni des idées, ni des figurations (parties du monde ou du vécu exhaussés), ni même des configurations (dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution, l’altérité, les objectivités, etc) mais outrepasse, cette structure, n’importe quelle significativité ; elle est à l’origine de toutes.

On saisit alors la difficulté de remonter vers la Cause des Effets. On n’a aucune autre trace de la cause sinon ces effets, et sauf l’indescriptible structure qui existe antérieurement à toutes ces possibilités et dont on est évidemment l’atteinte absolue, formelle, structurelle antérieure dans toute intentionnalité. Et donc la difficulté est complète mais de plus c’est le centre même de tout ce que l’on fait, veut, décide, perçoit, imagine qui doit se retourner vers le dedans de sa forme de structure d’une part et d’autre part qui doit décider. Analyser la Cause sans interpréter celle-ci selon le monde et donc inventer les outils intentionnels qui identifient les pliures, le pli, le dépli du présent.

Ça ne peut pas s’instancier sans se décider. De là qu’il y ait conversion au sujet, au christique, à dieu, ou à l’universel (qui réclame que l’on quitte la forme égocentrée du moi pour penser universellement, Kant expose formidablement ce décentrement du sujet). Ce que symbolise Nietzsche ou Heidegger par la volonté ou l’Etre (soit donc cette fois la surhumanité ou l’inhumanité et de manière générale l’a-humanité des existentiels, de philo ou de littérature).

C’est ici que se précise de manière certaine la première des qualités du sujet ; il faut qu’il tienne, qu’il tienne le sujet qu’il non pas « est » mais qu’il ex-siste (Badiou insiste bien là-dessus ; la fidélité, mais selon une toute autre interprétation, qui se tire de l’universalisation seule, prétendue et par hypothèse générale, et non pas d’une structure de sujet). Cette certitude incertaine dépend de ceci ; se confie-t-on à sa propre foi ? Il faut prendre au pied de la lettre l’esprit qui préside ; ce qui fut autrefois nommé « foi » doit être pensé et caractérisé comme effectif-Réel-agissant ; que cela soit parut comme tel veut dire « c’est ainsi que cela existe ». C’est pourquoi Badiou va rechercher St Paul. Ce qui s’est désigné comme « foi » est littéralement ce perfectionnement de structure ; « foi » n’est pas apparu sans raison. Et ce qui se manifestait comme foi, est bien plus grand, et c’est du reste mot à mot ce qui s’annonce par la pensée ou el christique ou le suejt ou la révolution ; on a basculé du côté de l’expérimentation du structurel même (c’est cela et cela seul qui est vécu au sens d’éprouvé).

Tenir à ce qui n’est pas mais ex-siste, et se situer dans la certitude de l’expérimenté de structure, ce qui est invraisemblable (et qui deviendra le réel au moment suivant) et cette in-certitude ne va pas sans se vouloir absolument soi, le soi impossible et donc la conviction (intention, conviction, décision) que ce dont on se tient, bien que ce soit moins que rien, est fondamentalement l’essentiel. Il faut alors admettre que le miroir de toutes les images et de toutes les idées soit soudainement orienté vers le structurel (en l’occurrence le regard du christ qui crée chaque conscience). De là qu’il puisse s’imposer une fidélité aux explorations, à la tradition (et l’occident est sa propre tradition) d’une part et à l’expérimentation actuelle d’autre part. De là que la révolution (ici et partout) est la forme même de l’expérimentation historique du réel. On ne peut suivre la structure ailleurs que sur le sol réel, à la surface même du réel, soit donc comme historicité effectivement réalisée et vécue.

Ce qui se dessine (on a dit déjà qu’il fallait récupérer absolument tout ce qui fut et ramener ici même l’ensemble de toutes les expérimentations du Réel comme structure, des mystiques aux religions, des philosophies aux champs de perception esthétiques, des récits au poétique, bref tout ce qui est suffisamment articulé) c’est l’affirmation que dans le présent, tout présent évidemment, se dresse une architecture (et que cette architecture est aussi une architexture du corps, comme on a vu) et cette architecture est très exactement toutes ces avenues qui furent décrites et perçues selon l’intuitionnel intentionnel, le glissement des surfaces. Et les surfaces sont dans le réel même ; on ne les simule pas.  

Le glissement s’effectue à partir du point lorsqu’il se concerte suffisamment ; il est impossible d’ignorer à partir de ce point (comme si il était idéal) tout le réalisé ; il faut assumer toutes les pliures du corps et des signes pour aboutir au point réel (qui n’est que réel, cad articulé sur le monde donné là, sur le monde humain en ses réalités). On a vu que les idées ou les mots sont des rapports, cad des plis dans le pli qu’est l’arc de conscience sur le pli formel qu’est le présent. Ce qui veut dire porter toute l’acculturation possible au moment où l’on existe et brancher cette acculturation sur l’architecture du présent, via l’architexture du sujet en ce corps. Rimbaud porte sur ses nerfs eux-mêmes et c’est pour cela qu’il avance plus vite. Ce qu’il délègue au corps, à l’incorporation c’est autant de pliures gagnées qui accélèrent le mouvement intentionnel. Il est adolescent et son corps agit très vite.

Ainsi l’éclair est jeté sur son point d’impact instantané, il cristallise la totalité de ce qui est devenu et acte le tissage nouveau, à chaque fois, de toute l’historicité jusqu’à sa limite, celle qu’il éprouve. De là que l’occidentalité est toujours invention (et tout processus civilisationnel de structure, et d’autant plus en ce cas que l’occidentalité se définit comme mise à jour et mise en avant de la structure même ; au lieu de créer une base puis un sommet de pyramide, l’occidentalité a inversé la pyramide et de la pointe vers la base cul par-dessus tête ; il fallait bien que cela advienne quelque part et cela prit le nom d’occidentalisation).

Le passage de la structure organisant un monde (particulier) à « la structure mise en avant et créant son réseau » (d’une part l’universel du monde, grec, et d’autre part le sujet, avant et après la révolution, qui induit une trame relationnelle des intentionnels, cad des libertés) est la bascule radicale dans l’histoire qui a proposé l’historicité, cad une histoire voulue, décidée, intentionnalisée. Lorsque donc la pyramide de la réalité se renverse et qu’elle repose sur la pointe.

Le parce que.

L’analyse du mouvement qu’est le réel veut dire que, pour nous, depuis la méditerranée, l’universel et le sujet, on ne va plus découvrir des raisons dans le monde, le vécu ou le corps, mais dans la structure intentionnelle telle quelle ; c’est non seulement ce que le christique entame, comme événement absolu, mais aussi ce que Nietzsche proclame ; son affirmation du réel (rendu Autre) est l’affirmation de soi de cette forme de toutes les réalités qui pré-existe, qui ex-siste avant tout et est sa propre « raison ». Et qui courre tout le long de l’occidentalité. Pourquoi voudrait-on exister ? Parce que.

« Parce que » puisque le réel est le possible pur et brut. C’est donc dans la structure même et l’invraisemblable vérité (grecque) ou l’impossible sujet (christique). Et cet invraisemblable et cet impossible sont le réel même. Appel au possible-même, à la racine, à la source.

Inutile de vouloir le néant, puisqu’il existe déjà. Tout est toujours en-plus. Le néant existe, puis l’être existe, et dans l’être il faut distinguer l’exister et l’être proprement dit, la forme et la détermination et la détermination existe parce que la forme, le un, est l’altérité et que l’altérité est la distinction ; tout avance afin de poursuivre au plus loin possible la distinctivité ; et le Un terminal, du bout de tout ce qui est, est lui-même selon toute vraisemblance, le perfectionnement de la perfection. Sans cesse le Un terminal re-vient sur lui-même et perfectionne tout le réel qui le précède et toutes les réalités qui se génèrent. Comme un kaléidoscope, qui au fur et à mesure tisse le visage du réel le plus abouti qui se puisse. C’est pour cela qu’il se meut (et que tout est mouvement du plus brute au plus pur mouvement) et c’est pour cela qu’il existe un présent.

Et on ne sait toujours pas ce qu’est ce Visage terminal. On se concentre, en tout, afin de décrire comme et comment cela arrive, le plus précisément et le plus réellement possible, comme et comment le présent ou l’arc de conscience étirent les réalités ou les représentations, les intentionnalités, comme et comment la raison d’être est en-avant et attire tout ce qui est par ce qui Ex-siste. Le présent est la ruse du réel pour finaliser les réalités, introduire dans la réalité une finalité de structure, les pousser selon la forme qui les précède ; il n’y a pas finalisation mais la finalité est dans la forme elle-même, le programme est la structure elle-même.

Le réel est instantanément les réalités dans et par le regard qui discerne au fur et à mesure selon le temps et l’espace (ou leurs variantes) et qui se différencie comme champs de perception. On peut considérer l’atome ou l’adn comme des champs de perception. C’est pour cela que le réel se manifeste comme réalités, et réalité s’entend comme « perception ».

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Le vivant et le corps

4 Mai 2019, 15:17pm

Publié par pascal doyelle

Que nous ne soyons pas un corps vivant mais un Existant.

Il existe pour nous un monde, un vécu et un corps, parce que précisément nous ne sommes rien de tout cela, mais alors la question se pose ; de où percevons-nous et que sommes-nous ?

On a situé cette position sur le Bord du monde mais aussi du vécu et du corps ; il y a un Bord du monde et, ne cherchez pas, il s’agit très simplement du présent. Le présent est le Bord de tout ce qui est ; ce qui est, est pris dans cette forme étrange qu’un présent il y a, et que le présent déroule la totalité des réalités et parmi ces réalités des choses bien sur et mais aussi des vivants et parmi ces vivants qui se définissent par une séparation (la peau, quelle qu’elle soit) et une indépendance (ils se meuvent indépendamment du milieu), sont apparus des êtres  pour lesquels le milieu se transforme en monde ; il y a un horizon, de toutes les choses et de tous les êtres, sur lequel horizon on place et déplace mentalement au moins les signes des choses et des êtres (ce qui permet ensuite de déconstruire et reconstruire des choses, des objets). Ces êtres qui se tiennent d’un horizon sont des vivants mais existant.

Pour un vivant il n’est pas d’horizon, du monde, mais seulement son milieu, lequel est lu par l’atome et l’adn, et de plus par son champ de perception de vivant en tant que tel (des échanges chimiques à la perception proprement dite ; si il se déplace il faut bien qu’il perçoit son alentour). Qu’il y ait un « monde » et donc un horizon général veut dire  que cette vision est un concept et qu’il n’existe pas (Kant on ne sait pas ce que c’est que « le monde ») ; c’est seulement l’horizon, vide, formel, par lequel on peut poser des signes qui redésignent les choses sous cet horizon ; il est toujours nommé mais comme signe lui-même ; on comprend telle idée selon l’idée plus grande de l’être ou de catégories, ou la décision sous l’horizon de « liberté », ou le chien sous mammifère. Cet horizon, de même que l’idée de l’être ou dieu ou le sujet ou l’altérité sont formels, cad vides ; ils marquent la position ; on positionne « qu’un réel il y a ». Ce qui veut dire aussi qu’il est Autre ; l’arc de conscience est formel et navigue toujours parfaitement dans le plan purement Autre, qui distingue et différencie.

Il est formel en ceci qu’il sort en tant qu’arc de la cervelle vers le donné-là et revient et c’est par ce mouvement qu’il crée un autre-corps, une autre surface du corps sur laquelle sont écrits les signes (le corps est embarqué come vivant dans une structure existante, celle donc de l’Existant supplantant le Vivant et même travaillant, torturant le corps vivant ; un corps vivant n’est pas a priori fait pour supporter l’articulation des signes, de l’arc intentionnel de conscience, qui parait pour ce corps quasi littéralement une désarticulation du vivant, un écartèlement). Cette forme se définit selon l’arc tendu vers le réel tel que donné « là », avec des guillemets, indiquant qu’il existe-autre, à distance, en un horizon précisément qui n’est plus le milieu du vivant.

Par quoi on s’aperçoit, de ce monde, de cette logique, que tout est Autre, que l’altérité règne et  il existe une réalité, une réalité composée de quantités de réalités ; la seule unité des réalités étendues tout alentour et partout, ça n’est pas une super-réalité (où existerait-elle ?) mais est, cette unité, strictement formelle ; on dit ici qu’il s’agit du présent, seul invariant de tout ce qui est et qui épuise tout ce qui est ; qui déroule toutes les réalités, et surface sur laquelle s’accrochent les arcs de conscience, qui on besoin de se positionner (étant non seulement vivant dans un milieu, mais existant dans un champ). Le champ du présent est l’origine de cet horizon du monde. On ne peut pas faire l’économie d’une description ontologique formelle ; c’est cela même qui est pensé, vécu, perçu et décidé, intentionnalisé. C’est en ceci que l’on se signifie toujours par le haut, par l’altérité, par le réel (par la vérité, l’universel, dieu, le sujet (citoyen par ex).

Dans un champ. Un champ de perception, repris du vivant, mais dérivé et rendu autre par le champ intentionnel qui crée un horizon sur lequel il situe par effort et signes des choses transformées en objets ; le champ de perception est interrompu par un champ intentionnel, qui ne supprime pas du tout le champ de perception ni le vivant (même si il le chamboule), et se produit donc un champ d’intrication (de perception et d’intentionnel).

C’est pour cela que même si on repère beaucoup de réalités, de datas par le champ intentionnel, il est également plus ou moins noyé dans le champ de perception ; un signe, « fleur », peut être retenu, mais sa couleur (de fleur) quasi oubliée, mais néanmoins enregistrée dans la mémorisation ; et à fleur on a associé telle couleur, même si celle-ci n’est pas prise dans un intentionnel explicite ; l’intentionnel lui-même n’est pas le « conscient » mais beaucoup plus large et souple, il suffit d’un signe dans un signe et non une argumentation cohérente de signes ; le conscient équivaut plus ou moins à « la raison » ou le commun, connu, trop connu, la représentation échangée etc.

L’intentionnel est précisément afin que le vivant acquiert une souplesse qui lui permet (c’est à cette fin qu’il existe) de répondre à l’inattendu ; par l’arc de conscience le vivant dispose d’une aptitude à admettre l’actualité, incompressible et dans cette actualité il monte et démonte la situation, la chose, les réalités ; son utilité est d’acter cette actualité (qui permet d’avancer dans le monde et non plus d’interagir dans un milieu, déjà un chat ou un chien ne sont pas strictement limités à l’adn, ce serait absurde, ils sont ouverts sur le champ de perception là, qui n’est pas cependant le champ de perception « là », il n’y a pas d’horizon mais un donné éprouvé, perçu et non un signe ouvert sur le champ en lui-même comme tel).

Remarquons que l’on suppose par cela qu’il y ait un corps … cad effectivement un vivant ; un corps qui soit une séparation d’avec le milieu ; il faut qu’il y ait un milieu et un corps séparé pour qu’il y ait ensuite un monde et une articulation, ou donc une médiation. La médiation pour le vivant c’est le rapport de soi-son corps et du monde (et la lecture est celle de l’adn, sans doute aucun, mais aussi du champ de perception du dit vivant, un chat ne répond pas exclusivement selon son adn, il perçoit ; il agit et réagit alentour de son être, c’est bien à quoi sert la perception (et seul un vivant perçoit). Et comme l’arc de conscience, qui vient en plus de la perception, ouvre son propre champ, il le code et le dé-code (au sens propre) par le champ des signes associés à la perception ; mais ce qui fait-signe n’existe que de se signifier ; le vivant est-déjà lui-même, mais l’arc de conscience est d’abord vide.

Le champ de perception est pour nous marqué par le champ d’intentionnalité, mais c’est une structure, pas une chose molle ; ça n’est pas une chose mais une forme extrêmement précise ; cela même qui permet une exactitude actuelle, capable de porter le donné, la perception et de démultiplier toute possibilité, autrement dit de décupler l’intentionnalisation (de même que la philosophie ou une science requiert l’invention d’un vocabulaire en plus du langage du groupe commun, pour signifier des objets et perceptions nouvelles, qui autrement ne seraient pas visibles et répertoriées, les idées de Platon sont des sur-intentionnalisations en plus qui montrent le monde) ;

et cette structure doit se positionner elle-même en même temps que positionner l’horizon ; et donc déporter le corps dans cet horizon. On ne sait pas, jamais, de « où » l’on regarde ; on pourrait dire que « la conscience intentionnalise », point, sans qu’il soit question de subjectivité, laquelle est immergé dans l’activisme de prendre-conscience, qui est toujours astreinte à une vérité, cad une réalité ; c’est bien pour cela que même si on croit au moi que l’on est, la psychanalyse nous montre que l’on « sait » la vérité, sur le mode de l’exister, cette vérité, et qu’elle, qui plus est, se renforce avec « le-corps », la jouissance du corps qui traverse le conscient parce que l’arc de conscience est plus grand et plus réel que l’énoncé clair et distinct. On ne sait pas si c’est autrui, l’autre en général, dieu, le sujet, une partie intentionnelle (qui permet de définir un mini champ dans le champ général) ; mais en ceci on voit bien que l’arc de conscience n’est pas « subjectif » mais hyper objectif ; il supporte toutes les réalités, champs, perceptions, etc, et en cela aidé, intégrant et utilisant et rebondissant par le champ de perception du vivant qu’il est.

Et on peut même comprendre que si au champ de perception du vivant s’ajoute le champ intentionnel, alors il se crée un autre-corps. Et qu’est-ce qui est réel alors ? Le simple corps donné là, ou le corps doté de cette autre-surface qui revient se superposer au corps donné et contient toutes les possibilités intentionnelles, réelles ou virtuelles ou structurelles, et fondamentalement l’intention globale et unifiée par laquelle et en laquelle on mène sa vie, et qui devient non plus seulement ce vécu mais cette-existence ? Qui devient cette existence au sens où le je est « ce qu’il fait de ce que les autres, le monde, la vie ont fait de lui » ; autant de causalités ou de systèmes de déterminations, mais au bout du compte et puisque cet arc re-commence à chaque champ d’intrication, de champ d’intentionnalité ou de champ de perception, cet arc re-commence de dresser un Présent décisif.

Intention, conviction et décision cela se décline d’une étonnante manière. Il est clair qu’au début on intentionnalise et décide au hasard ou selon des tangentes homogènes ou hétérogènes, mais peu à peu (ou soudainement) surgit à la conscience que l’on a de soi que, oui, on peut décider structurellement une certaine tenue quant à sa propre existence ; que cette aperception soit claire ou confuse, il n’existe aucune conscience qui ne sache pas comme vague unité invisible ; que ici et là se décide, fulgure une orientation dont on perçoit plus ou moins la hiérarchisation interne ; ce que l’on admettra, ce que l’on refusera, ce que l’on a entrevu dans l’interstice des tactiques de consciences prises et détaillées et vécues et éprouvées et éprouvées selon un corps (sinon par quoi ??)  et un aperçu, une aperception pour ainsi dire qui s’imposera comme stratégie, comme corps stratégique. Autant dire que toute la projection d’un autre-corps est instanciée par une stratégie et n’existe pas sans celle-ci. Aussi confuse soit-elle ou aussi rigide soit-elle (en ce cas, sa rigidité lui sera un obstacle, aussi faut-il naviguer, la navigation est fondamentale).

Ce qu’il faut imaginer c’est que par l’expérimentation existentielle que chacun réalise, il vient une « image », une orientation de miroir (de toutes les images réelles, virtuelles, possibles) qui est plus ou moins la stratégie que l’on essaie de tenir tout au long d’une existence, une image-idée-logique-perception du corps en cet autre-corps créé, de visu pour ainsi dire. Et que ce qui juge de cette stratégie ce ne sont pas seulement tel ou tel résultat, effectivité, acquis ou perte, mais une logique de l’épreuve et du vécu et du possible tel qu’au travers des aventures ou des explorations (de sa propre existence) une telle logique donc qu’un je puisse assumer ou  intégrer ou acté en tel pli ou repli qu’il fait sien et adopte, filialement, comme Réel de son existence. Et dont il est seul témoin et qu’il réaligne constamment. Il y a un miroir, qui nous regarde et dont on réaligne sans cesse la mire. Par expérimentation. Ce en quoi consiste une Existence. Et par quoi nous ne sommes pas seulement un Vivant mais un Existant.

Et cette stratégie existentielle n’est pas copiable, ni représentable, ni pensable ; elle est l’équation réelle et vivante et existante et n’a de Réel que son ex-sister, son mouvement (dans le mouvement qu’est le présent réel). Chacun est le sceau de son possible brut. C’est cette dimension totalement inconnue qui est, par la philosophie (et cent autres domaines du possible, esthétiques, poétiques, psychanalyse, etc) exploré au sens de « qui est porté au regard de chacun » afin que chacun devienne sa propre clef,  sans doute, et sa propre serrure, tout autant.

Dieu et l’intention, la pensée et l’être et l’universel, le christique et le sujet, l’altérité et l’exister  sont les marqueurs de la découverte et de l’augmentation et de l’intensification et de l’accélération de l’activisme intentionnel. Dont on ne voit pas la fin puisque sa structure est formelle (selon l’indétermination comme seul Réel) et non pas du monde, du vécu et ni du corps. Et de ceci que chacun est plongé dans l’incompréhension, la non-préhension, comme si notre être s’évanouissait alors même que croyant le saisir, et qui exige donc non pas le doute et la désespérance (l’angoisse ou l’obsessionnel, la dégradation ou la désarticulation, toute opération qui menace le moi), mais l’attention et l’exploration de cette dimension de structure : dont on n’attend alors plus du tout qu’elle soit « résolue », cela n’a plus aucun sens situé dans et par la structure de Bord. Et c’est cette préhension à même la structure de notre mouvement (de notre être qui est mouvement s’il se tient du champ d’intrication de perception et d’intentionnalité) qui est exposée par Sartre et Lacan, au plus près. Et absorbé par Rimbaud ou quiconque, c’est l’orientation de l’arc de conscience qui est au fur et à mesure éprouvé et réglé. Au sens de paramétrages de notre existence.

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