D’une part l’universel est réalisé (Hegel) ; sous la forme de l’Etat, et des statuts institués, notamment des individualités mais aussi sous la forme du
discours parfait, achevé, absolu ; hégélien. D’autre part en tant que l’équivalence généralisée est obtenue via l’argent (Hegel, Marx, Baudrillard) ; tout est équivalent dans un
échange intégral ; opérant ainsi un moyen absolument parfait de toute activité.
Il est bien certain que la propriété privée de l’argent vînt radicalement se révéler ; l’argent appartient non pas à l’Etat mais, on s’en rend compte, à la
domination de quelques uns. Que le processus puisse sinon s’inverser ou au moins se réguler, cela signifie que l’Etat se réapproprie l’argent et que se réduise la domination. Ce qui n’a de sens
que si l’argent redevient une répartition plus exacte et que l’on sache individuellement en user.
Dans la mesure où l’efficace de l’argent n’est pas seulement d’échanger, mais d’investir, il est pensable que les charges d’investissements, au lieu d’appartenir
à quelques uns, qui concentrent et développent le potentiel sans qu’aucune réflexion soit articulée ; sinon celle prétendue du marché ; que les charges d’investissements comme les
principes de l’échange puissent être réorganisés ; ils se déploient sans loi, et l’économie investigue l’ensemble comme un donné, une naturalité, un objet qui serait en soi et tel quel ;
il n’est aucune régulation envisagée, probablement parce qu’il serait extrêmement complexe et nécessiterait surtout que les acteurs intègrent une série de régulations, un comportement non pas
moral, mais précisément pragmatique au sens où ce pragmatisme comporterait lui-même une compréhension des enjeux, des vrais enjeux et non seulement des mises de jeu strictement
personnelles ; complexité réglée en partie alors par des comportements intelligents et coordonnés. Le désordre incoordonné des investissements n’est rien d ‘autre que l’absence de
pensée, de savoir, de finalité, d’intentionnalité manifeste ; de même qu’il n’est aucune finalité au développement individuel, sinon de se consommer soi. Et la consommation (la
transmission, la communication, la production, etc) des objets ou des autruis n’est rien d‘autre que l’absorption dévoratrice de ce vécu comme « là », cad gouffre négatif de toute
conscience réelle de soi. Là où la réflexion s’affaisse dans la pauvreté et l’indigence de pensée.
Or donc le moi, la personnalisation comme principe pourtant effectif, s’enfonce dans le gouffre de sa propre absorption ; il n’est aucune cesse aux désirs,
envies, représentations de soi, des autres ou des objets ; c’est le domaine de l’indéfini, de « ce qui ne sait pas se limiter, ne sait pas se mesurer ». Qui attend du monde, des
autres, du vécu, qu’un signe paraisse qui nous résolve l’être …
Hors de toute mesure, le moi s’indiffère et ne parvient pas à passer outre sa propre liberté ; laquelle non maitrisée, parce qu’inarticulée, au propre comme
au figuré, retombe dans les immédiatetés, les indéfinis commentaires et interprétations de ces immédiatetés ; corps, objets, autruis, images, décisions, organisations, représentations
culturelles, les techniques et technologies ; l’ensemble de tous les moyens (de communication, de transmission, de production, de consommation, de personnalisation) s’absentent dans
une in-finalité.
Dans l’indéfini qui n’est pas sa propre mesure, sa propre rigueur, son autonome exactitude, sa mesure décidée.
Le moi ne sait pas quoi faire de sa liberté ; il ne lui vient pas que cet être libre contient déjà quelque chose qui n’est pas, pas du tout, son vécu, son
idole, son attachement, son adoration continuelle, mais est bel et bien la suite, la perfection, la volition de l’universel, que le moi déteste, hait, vomit, qui lui répugne de tout cœur,
duquel universel il tient pourtant son statut et donc son être mais qu’il a oublié en substituant sa formulation personnelle à la forme libre exacte de l’universel incarné, qu’il est par
en-dessous les miasmes de ses vécus. Une liberté ne peut pas ne pas être intelligente, intellective.