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instants philosophie

Le sentiment réel de l'exister

29 Août 2020, 08:17am

Publié par pascal doyelle

« Le silence des espaces infinis effraie », oui certes, l'univers est gigantesque, et peut-être infini (on ne perçoit pas au-delà de l'horizon accessible, rien ne dit qu'il ne se continue par indéfiniment, ni donc qu'il y en ait d'autres, comme des bulles immenses). Et par ailleurs même infini, il n'est apparemment pas "éternel" ... ce qui change beaucoup. Et nous nous sommes laissés impressionnés par cette réalité sans ordre, sans destination, imposante, s'imposant comme dernière réalité effective, nous clouant sur place, sidérés. Il ne peut rien être d'autre puisque tout est ici.

Et tout le monde, chacun est parfaitement délaissé, abandonné, sans aucun recours et tout paraît glisser imperturbablement dans la dispersion d'une réalité, d'un univers indifférent, froid, qui traînera longtemps sa lente dissolution.

Mais toutes ces réalités déterminées ne sont que finies, limitées, par définition destinées à la dissolution ; ce qui est déterminé est fini et donc disparaît sitôt apparu et ce, au final, sans qu'aucune mémoire n'en demeure.

Face à la réalité massive et énormissime on ne pouvait opposer que l'esprit, soit donc une bien faible détermination, d'une autre sorte sans doute, peut-être, mais déterminée et ainsi promise à la même clôture terminale. Les quelques « idées », en ce cas, que l'on est capable d'agiter, plus ou moins et avec plus ou moins de cohérence, paraissent disproportionnées et ridicules face à ces immensités de déterminations de galaxies, d'étoiles, milliards de milliards. Il devenait incompréhensible de considérer l'esprit comme déterminations, et comme tel noyé dans l’immensité de toutes les déterminations ; il était impossible de définir en quoi pouvait bien consister notre conscience si celle-ci n'était que le faire-valoir, la fonction d'une pensée ou d'une identité personnelle, composé de certaines déterminations, laissée, abandonnée, cette identité, à tout le reste, massif et écrasant.

Mais si cette distinction existe, si nous nous tenons à distance et percevons toutes réalités d'un certain point (et c'est un fait), et donc parce qu'à distance les choses apparaissent et non plus comme paquets de perceptions mais objets, cette opération très étrange de distance augure de distinctions nouvelles, en plus, s'ajoutant ; nous sommes à distance et nous ne réquisitionnons pas l'adn pour lire les réalités ; démultipliant la possibilité de percevoir, distinction donc de chaque arc de conscience, qui ne consiste pas en une détermination, mais ouvre et rend possible quantité de réorganisations mais tout autant sinon plus de champs de perceptions créés.

Champs de perceptions créé de tel ou tel groupe, communauté humaine ou champs de perceptions en capacité individuée et de ce fait ouvrant à la pluralité mais également abordant les réalités même, le réel tel que donné là (l'intention de dieu, la pensée universelle, le regard christique qui vous engendre, le sujet qui se tient face à face, l’œuvre tel un kaléidoscope qui ajoute).

 

Et l'on a signifié cette distance comme rapport. Dès que l'on entre dans ce rapport on ne peut plus en sortir ; puisqu'il est cela même qui ouvre à tout, à tous les regroupements que désigne ce rapport ; c'est parce qu'il est rapport qu'il perçoit quantités de rapports, qui ne sont plus des datas donnés, ce que perçoivent les vivants, mais des tissages et des renouvellements.

Sitôt que l'on y entre c'est que l'on se tient en ce rapport lui-même, tel quel, en tant que rapport, et sans que jamais aucun des contenus de ce rapport ne soit en mesure de remonter dans le rapport lui-même ; le rapport étant formel est, avant tout et après tout, le point absolu, absolument formel, de la réalité et donc il est signifié, signé comme étant le Réel lui-même.

Hegel nous dit que l'universel est le lieu de l'universel, point ; un cercle qui s'augmente en connaissant les étapes de son historicité mais un cercle vide (sinon de dire que « l'esprit est l'esprit » et c'est tout) ; et toutes les idées sont le déroulement temporel de l'universel, lequel est unique et formel ; qui n'a aucun autre contenu que ces contenus-là déroulés historiquement ; pour son moment Hegel conclut, sans insister, qu'il est le point nodal, celui qui rassemble, mais ne résume pas, puisque ce sont les distinctions parcourues qui sont la connaissance.

« Avec Descartes l'esprit devient sujet » (Hegel) ; le se-savoir (de Descartes, purement formel) est devenu connaissance ; on n'insistera jamais sur ceci que Hegel nous sèche, littéralement, il supprime toute connaissance possible, puisque toute connaissance métaphysique est assumée par lui.

Hegel conclut, et ce sans insister ; parce qu'il ne peut pas, peut plus redescendre de la hauteur de vue, à savoir que la connaissance est identique au se-savoir … Que la pensée est égale à la conscience de la pensée. Qu'il n'a pas dépassé Descartes ; qui le premier origine la pensée à un sujet, ou donc en l’occurrence à la volonté, qui seule est identique à dieu et non pas tel ou tel contenu, au point que même les plus élaborées idées pourraient se dessiner autrement si dieu le voulait. Que personne ne peut dépasser Descartes ou le christ ou dieu ou Plotin parce que l'on aboutit au bout, au bout du bout ; c'est de là que l'on Voit, cad que se crée un champ (de se-savoir) intentionnel. Le Un plotinien absorbe et renvoie à toutes les réalités. Le christique vous donnera de percevoir qu'elle fut la véritable Intention de votre vie.

Hegel peut tout re-prendre parce qu'il perçoit dans le formel tous les contenus et les articulations d'une forme (de conscience) qui cible des idées et des systèmes d'idées dans la vue, la finalité de l'être, de l'être universel tel que pensé (phénoménologiquement).

Ou donc, l’universel est dans le sujet. Le sujet est plus-grand que l'universel.

Et cependant Hegel ne peut pas « penser la pensée », ses développements oui mais la structure en laquelle se produit la pensée, non. C'était pourtant ce que ciblait Descartes ; le sujet originel antérieur et dont il fut si ému.

Pour commencer d'avancer dans la structure, celle qui est antérieure à la pensée, il faut remonter dans la forme ; ce que saura initier Husserl  et ce que Sartre durcira, puisque visiblement on ne peut pas même déduire des vérités à partir de l'idéalisme phénoménologique (qui évidemment par contre permet d'inventorier quantité de « domaines », démultipliant la capacité phénoménologique). Et Sartre durcira la dite structure qu'il nommera conscience de soi, ou pour-soi.

Mais cependant il lui est, à Sartre, impossible de penser ce pour-soi ; qu'il op-pose, comme dirait Hegel, à l'en-soi, l'un et l'autre demeurant aussi mystérieux ou bizarres ou étranges et produisant, manifestant l’étrangeté de l'affect absurde, de ce qui fut la déréliction ou l'angoisse.

Mais pour penser le pour-soi, derechef, il faut l'intégrer dans un plan plus vaste, de même que Sartre tente d'intégrer ceux qui le précèdent en réduisant au seul pour-soi (qui annule tout le reste) ; et cette intégration ne pourra tenir que si elle parvient à placer, déplacer le sujet/pour-soi sur son propre plan, à savoir le réel, l'exister pur et brut ; cela même au seuil de quoi nous amenait Sartre ; la bizarrerie, ou l'étrangeté. Ce plan rend possible de percevoir la structure « là où elle est » et là où elle est, elle ex-siste, dixit Sartre,

Or donc nous ne sommes en aucun cas et aucune manière un « esprit », qui consisterait. Et qui consisterait ainsi en choses composées (idées et systèmes, représentations et langages ou ce genre de déterminations), elles-mêmes nécessairement pauvres et promises à la disparition, à l’effacement. Mais composés qui sont générés par et dans un champ, unique et exclusif d'intentionnalisations. Précisons ; à chaque fois unique et exclusif … ce commence de donner une idée du processus « sujet », qui rend possible cette infinie pluralité de structure.

Sauf donc que l'on a admis que la réalité, les réalités ne disposent pas d'une unité forte qui les centraliserait toutes, toutes ces quantités de déterminations étalées, les réalités donc sont elles-mêmes prises dans un mouvement, le présent, qui les déroulent et que ce présent on a dit qu'il n’était autre que l'exister. Ce disant la forme des réalités (l'exister) est l'unité elle-même des réalités ; soit donc non pas une « autre réalité » (dont on ne voit pas ce qu'elle signifierait, ni ce qu'elle viendrait y faire), mais une structure, laquelle se déroule comme et en tant que présent.

On se tient donc toujours à distance de soi, même si l'on désire spontanément être en tant que « soi-même ». Cela ne veut pas dire que le moi-même n'existe pas, mais que son être est déposé dans le mouvement ; on n'existe en fait, dans le fait même d'exister, en tant que regard, intention, intentionnalité ou comme aime le croire le moi, en tant que désir. Mais tout ce qui se tient dans la vue du regard est construit ; on a un corps, et vivant, et l'esprit ou la raison sont des solidifications de telle partie du champ. De même que le moi s'imagine être un-tel et découpe dans la masse perçue la surface de son apparition, et s'assure constamment de son identité (ou de l’identité de ses objets, par lesquels il « croit » en sa propre vie, et que l'on nous conditionne afin de changer continuellement d'objets, qui sont ainsi des procédures d'identité, n'est vraiment pas une bonne orientation de l'existence).

Or donc pourtant nous ne sommes pas, nous existons, en mouvement, et nulle part n'existe l'être ou cette fiction imaginée de « soi ». Ce qui sera tenu de nous-même ne consistera pas du tout en quelque « quelque chose » que ce soit. Mais dans le signe. Le signe est l'ensemble des signes par lesquels nous avons pu orienter notre vie, ou sa transformation en existence ; or tout moi, du fait qu'il naît dans et par un champ intentionnel, est une telle existence et recèle, quelque part, son propre mouvement, ses propres signes dont la consistance n'est nulle part ailleurs qu'en son intention ; celui par lequel ce je est né ; durant peut-être une fulgurance, expérience, évidence, cruauté, désir émotionnel, oublié ou remarqué, marqué doublement, triplement, quadruplement, cette expérience bien à soi que l'on Existe, tel l'évidence de l'ensoïté sartrienne de « la chose ».

Lors d'un laps de temps infiniment court (puisqu'il s'agit d'un rapport) l'arc de conscience est sorti vers le là-du-réel et est revenu, engendrant le je.

Le je naît du contact de l'arc avec le réel tel que là. Une expérience durant ce laps a résolument marqué, signifié ce corps qui s'est perçu soudainement du dehors. Ainsi a pu cesser la centralisation biologique que tout corps vivant, doué de vie, possède de par lui-même et selon lequel centre, laquelle pesanteur un vivant perçoit le monde. Cette fois le vivant est défait et il se perçoit de l'autre côté, du côté de l'horizon ; il a cessé d'être lui-même. Il est devenu le regard du dehors, la forme de rapport qui voit le rapport, et non plus se satisfait de seulement tenir telle chose dans la main. Cette relativisation de tout, cela même qui se dessine par Sartre lorsque le regard d'autrui décentre mon propre regard, que la conscience d'autrui devient la mienne et que je me vois par ces yeux là (honte ou admiration peu importe, mais la honte m'enferme si l’admiration étend ma propre intention, faussement souvent, de sorte que c'est encore un piège, personne n'étant « admirable » à ce point, ni aimable du reste). Et cet autre régime rompu de présentation de la réalité c'est ce que tente de récupérer constamment le moi en ajoutant sans cesse son intention à tout ce que le monde, les autres, les idéologies, les images lui imposent du dehors.

Or il ne s'agit donc pas seulement de ce fait humain d'un regard venu d'ailleurs qui perturbe ou abolit ma propre intention (comme de me prêter une volonté, un désir honteux que je n'ai pas peut-être mais dont l’interprétation d'autrui s'impose violemment à moi)

mais de la structure même de cet être qui est un rapport

et donc structurellement autre que « soi » ; et pour cause il n'a pas de « soi » ; son soi est second puisque sa forme est de structure et vide qui rend possible que dans ce champ se construise un « moi », une identité composée de signes et de perceptions qui se constituent d'un point-autre ce qu'il désigne et en l’occurrence non seulement mais aussi et surtout d'affects, d'émotions, d'investissements. Il est clair que l'on n'est jamais convaincu de rien (intellectuellement) si n'y président pas des affects …

Sans les affects les idées ne sont rien ; parce que ce qui est en jeu, et dans le je, ça n'est pas le système, théorique et sa division en petites parties que l'on nomme les idées,

mais l'activité au monde, dans le vécu et selon le corps et selon ce retour sans cesse battant du regard, de l'intention qui re-vient constamment du donné, du monde, du vécu, d'autrui, du corps, du désir et de l'objet. Et cela qui re-vient sans cesse et se-voit est un arc de cercle, et non une petite partie d'idée ou un petit jugement mais l'aperception de « soi », de cet affect qu'est le « moi-même ». Dont on ne sait si il est globale ou singulier, particulier ou extérieur, intérieur ou eschatologique (tout peut être imaginé).

C'est pour cela que le christique sera si aisément rejeté ; c'est parce qu'il impose une vision externe du corps, de l'affect et établit la vérité (de structure), si haute qu'elle semble tout à fait hors de la réalité, hors des investissements donnés, vivants, humains, psychologiques, désirables, etc. Ou qu'il fut si unanimement accepté, parce qu'il prit en charge la capacité du point-autre, par lequel « on est perçu » et que tout se déroule selon ce point tout à fait externe ; qui peut dire qui Voit ? Puisque l'on perçoit effectivement l’objet mais où est le regard ? Est-ce moi ou mon passé qui perçoit ? Est-ce moi qui désire ou « désire-t-on » à ma place ? Est-ce que j'ai décidé ou cela s'est-il décidé on en sait de où, de qui ? Comprenons que ça n'est pas seulement le bien que je veux et le mal que je fais (Sain Paul), c'est si général que se pose la question ; qui perçoit ?

Sartre remarque que lorsque l'on s'évanouit, c'est afin de fuit imaginairement ou émotionnellement la situation... On prédispose la perception elle-même. Certes Saint Paul dresse la structure sur une planification morale de soi (puisqu'il s'agissait à l'époque de créer des sujets, prenant l'habitude de leur propre volonté, de leur individuel promesse), mais ce qu'il lance est bien autrement étendu et approfondi ; qui perçoit et quoi et comment ? On écrira des romans innombrables et quantités d'esthétiques afin de commencer-de-prévoir ce qui peut être attendu d'une vie, transformant alors toutes les vies données-là, en Existences.

La vérité est ainsi que la structure n'aboutit pas à la satisfaction … alors qu'évidemment l'activité humaine est, elle, encore et toujours harnaché à la supposée plénitude ; ce dont a contrario la société moderne aurait du nous écarter, de ces nécessités, sauf que selon le manifeste-du-Désir, accepté unanimement, la même règle de la « satisfaction » s'est déployée, selon un autre niveau d'enjeux certes, mais un niveau encore et toujours organisé par la satisfaction, d'autant plus libidineux, pour ainsi dire, que débarrassé des nécessités, qui limitées les désirs, l’imagination put s'emparer de toutes les possibilités, publicitaires en quelque sorte ; de sorte que tout moi au lieu de se désincarner (c’eût été un peu beaucoup et peu réaliste) ou plus réellement d'élever son incarnation, c'est enferré dans la dite facilité ; imaginer sa vie, son moi-même. Laquelle vie, étant non pas animale ou seulement vivante mais prise dans le pli de structure, devient in-finie, ce qui veut dire indéfinie, vague, grouillante, dévorante, obsessionnelle, fantasmatique, imaginale ; comme si l'unité que l'on attend pouvait se découvrir et s’éprouver dans le monde, le vécu ou selon le corps et qu'elle soit un état comblé et de plénitude selon le monde, jouissante selon le corps ; ce qui bien sûr totalement impossible (et ne possède pas même le début du sens, mais nous sommes en état d’imagination rêvée).

Il ne s'agit pas de vouloir la désincarnation comme telle, mais de saisir que si l'incarnation équivalait à une « incorporation » et qui paraît nous libérer en tel ou tel désir,

dans les faits cette libération va borner notre horizon ; en ce qu'elle imprime une logique dont les rouages, les mécanismes reviennent au corps et non un point par lequel « un corps apparaît ». Et l'intentionnalité sera pliée par le poids, la pesanteur de la satisfaction attendue.

La vérité est cruelle. On pourra bien certainement réaliser ceci et cela, dans le monde, et, depuis la révolution, dans son propre vécu individuel (qui rend possible que chacun des mois soit possiblement représenté en tant que « lui-même », et non plus appartenant d'abord à un ordre, le tiers-état par ex ou l'homme soumis à l'église, etc).

Mais on ne trouvera pas dans le monde donné la structure initiale. Jamais.

Lorsque le christique énonce que le monde est enténébré, il l'est fondamentalement. Ce mouvement « naturel » (dont on a vu qu'il ne l'était en rien, naturel, mais investit d'une puissance qui se prend comme immédiateté du monde, du vécu ou du corps, alors qu'il ne trouvera sa mesure et donc sa liberté que de s'adresser au-delà, par l'horizon et non pas de quelque chose qui se rencontre sous l'horizon),

ce mouvement a-structurel (qui se nie lui-même en tant que structure, bien qu'il emprunte celle-ci pour s'énormiser et nous faire croire en ces ténèbres, et mouvement qui se présente comme bienfaisant selon le monde)

est une prison extérieure qui absorbe tout l’investissement de structure de conscience ; et l'investissement en conscience, en structure n'est pas en quantité d'effort infini.

On ne peut pas côtoyer des chefs d’œuvres (en quelque domaine que ce soit) quotidiennement et continuellement se tenir en un degré si élevé, parce que l'effort et la réception requiert énormément d'attention et que celle-ci s'use rapidement, demande un entraînement, une éducation, une pratique, une sensibilité, laquelle ne doit pas rechercher d'abord la satisfaction... ça n'est pas de satisfaction dont il est question alors, mais de la soif des distinctions poussées au plus loin, d'une seule virgule ou d'un affect poétique si subtil.

Ça n'est pas même un report, à l'infini, de la satisfaction (une plus grande satisfaction promise en échange d'une satisfaction immédiate). C'est un affect spécifique et un affect prioritaire. Ce que Descartes aimait dénommer sa liberté.

Et c'est cet affect que les œuvres sont chargés de propager ; on n’atteint pas une œuvre sans l'effort requis... (il faut se débarrasser des œuvres selon-et-pour le moi, les produits finalisés afin d'être consommer, sans que le moi ait à s'y efforcer, sans qu'il soit impliqué dans sa propre modification ; le moi, cad la ligne structurelle, psychanalytique, qui a généré le moi n'y sera pas déviée, bifurquée, et le moi ronronnera, il ne demande que cela, répéter son cycle de signes, son endormissement).

Cet affect est pour sa part cela même qui est recherché ; instancier qu'il naisse, qu'il occupe le regard, qu'il remonte comme Intention, qu'il s'élabore en intentionnalités, qu'il surprenne la surface du corps, en tant qu'autre-surface, celle qui supporte les signes (en ceci le christique est la règle même de l'autre corps, cad de toute possibilité, et chacun historiquement le sait, croyant ou non ; le fait majeur structurel est l’historicité même, cad notre naissance en actualité pure et brute, la mort christique est la brutalité même, non par hasard) ; la surface venu d'on ne sait où qui perçoit les œuvres, celle que les œuvres suscitent (la raison d'être des œuvres est de structurer l’attention, l'intention, le regard, la surface du corps, en tant qu'elle échappe à la nécessité de la satisfaction). C'est cette affection, ce que l'on reçoit, qui s'impose via le christique, la pensée, dieu, le sujet, l'historicité, les œuvres (en tous les sens, des éthiques aux esthétiques).

Or il est très difficile de concevoir, ou d'envisager cet affect. Parce que l'on considère, hypothèse qui se donne pour « donnée », que l'affect relève de la « nature humaine » ; qu'il est ressenti, ou non. Mais on a vu que tout ce que nous sommes, naît de et par le champ intentionnel.

Et que si de manière générale on croit que le monde est donné tel quel, là, en vérité on a vu également que le Pli est antérieur ; qu'en vérité donc le véritable affect est précisément celui-là, splitté, déjà splitté, déjà divisé, parce que c'est la scission qui crée ; cet affect, que l'on ne ressent pas dans le monde, le vécu ou le corps donné, est celui que l'on acquiert en plus, en plus dans l'actualité, l’actualisation, la décision intentionnalisatrice, l'inévidence des œuvres, le récit qui soudainement ne ressemble plus, l'image qui est beaucoup plus qu'image, celle-là que l'on doit incorporer envers et contre la pesanteur immédiate, en dehors de la satisfaction immédiate, c'est la non-immédiateté, la médiateté, dirait Hegel, qui est le vrai, et, disons donc, qui est le réel.

Et c'est toujours de ce point de vue là que l'on perçoit, que l'on a toujours perçu. Nous sommes déjà dans le Pli, déjà acquis par la structure transcendante. La structure ne consiste pas, n'a jamais consisté à nier le monde, le donné, le vécu ou le corps mais en l'élévation. De même que l’œuvre élève le regard ou l'esthétique au sens propre. Et donc élève le regard non en proposant seulement le reflet, plus ou moins exact ou plus ou moins embelli du donné, mais en le re-Créant. Il faut comprendre que le Créé et donc le Créer est cela même que l'on opère, constamment. On ajoute, au monde, au vécu, au corps, à soi, à tout champ de perceptions ou d'expressions. Le moindre moi se produit lui-même (lors même qu'il se compose, de bric et de broc, comme tout le monde, comme bricolage, de là que nous n'y sommes pas bien à l'aise, ni avec le sien propre ni avec celui d'autrui). Ce qui paraît, a priori, le plus difficile, créer, est cela même qui a lieu. Ceci est le véritable affect.

Ou donc la plus aisée immédiateté pour le moi est déjà un effort. C'est pour cela qu'il souffre. La règle consiste à ne pas reproduire le même et cela ne vient pas sans l'effort, la distinction et la distinction requiert l'effort. Le tomber-amoureux du moi, sa grande expérience à lui, est un tel effort, dont on connaît qu'il n'est pas si agréable, il se doute, le pauvre. L’orientation de l'effort est ce qui se pré-programme non pas dans la « décision consciente » mais dans la conviction intentionnelle qui prédispose les intentionnalités, celles qui viendront. L’œuvre ne dit pas ceci ou cela doit être, mais prévient de ce qui sera perçu, tôt ou tard, un jour, demain ou dans un an, se gardant selon la réserve qui viendra, la possibilité de la perception (et non la satisfaction qui tombe dans la consommation, l'absorption, la digestion si aisée, si facile, si immédiate).

C'est cette distance interne qui préside à tout l'externe. En fait on ne perçoit vraiment que dans le pli interne qui est tout sauf intérieur (dont s'affublerait alors le moi) ; il s'agit de l'interne de cet externe tout entièrement donné au dehors ; c'est pour cela que l’œuvre n'est possible que dans l’extériorité, ce qui veut dire l'externe, de la perception, et que la philosophie décentre l'attention, et que le christique ou dieu ou l'historicité et la révolution anéantissent l'absorption, celle qui déglutit vers le bas du corps inerte, le corps de décomposition, celui qui tombe dans la dispersion indéfinie du monde, mais aussi du vécu et du corps, dans la digestion du moi, celui qui cherche la satisfaction et que cela soit bien consistant, et qui n'est qu'imaginaire. Le sujet et la structure sont l'inverse de l'imaginaire, du fantasmatique, de l'image que le moi suscite pour désirer « des objets », il s'y efforce, il se force et il épuise le monde et parfois son propre corps (en ceci qu'il n'est pas seulement vivant) afin de remplir la forme qui est-vide, puisqu'elle existe formellement.

L'indéterminé est le réel et c'est sa photographie, forcément au risque de la fixité, qui est tirée ; on lui tire le portrait.

Et le moi, quant à lui, est très tendre, très piteux, très perdu, se délaisse dans la facilité, il saisit ce qu'il peut, au hasard du bricolage qu'il voudrait ennoblir à toute force, tout lui prouve sans cesse qu'il est si peu, si rien, dévoré par ses objets.

Et le je, à l'inverse, veut durement et ne faiblira pas.

 

Ce qui ne se peut pas. Une telle dureté est impossible. Sauf que c'est elle qui Existe.

Le reste est, tout le reste appartient à l'être, mais l'être est cela même qui se dissout, se désintègre, s'atomise, se refroidit et meurt longuement dans la dissolution.

L'exister est ce qui s'utilise afin de remonter, d'élever, par-dessus, et du point de vue qui proposait justement la dispersion, la multiplicité, afin que le créé revienne encore plus à l'acte de Créer, celui qui reconduit et qui remet en jeu, mais d'une puissance plus distincte encore que celle qui fut ; le renouvellement est non pas la perfection, non pas la distinction qui offrit toute cette multiplicité, mais le renouvellement est le sans-cesse-perfectionnement, et qui reviendra en tant que tel, la distinction qui distinguera encore.

Si elle est la structure même du réel, comment pourrait-elle cesser ? Le Pli ne s'arrêtera jamais. Il n'est pas ce qui arrive à quelque chose qui serait en soi et autre, il est ce en quoi arrive les quelques choses, essentiellement mues.

Les figurations que l'on se fait sont prises dans la configuration qui se dresse, l'intégrale transcendante dont les figurations, choses et esprits, sont les tangentes relatives. Ne sentez-vous pas comme il est possible de mouvoir les tangentes de votre vie ?

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Le je interne

22 Août 2020, 10:57am

Publié par pascal doyelle

Puisque l'on a reconnu, admis que la réalité était finalement dépourvue de consistance (elle tend irrémédiablement vers la dispersion, ce qui veut dire, pour nous, êtres humains, qu'il se peut que ce soit là toute le réel effectif, et que donc toute intention se perd totalement dans l'absence de mémorisation ; quoi que vous fassiez, vos œuvres (au sens large, y compris votre propre vie), vos systèmes, vos communautés ou vos civilisations, tout cela s'effacera et disparaîtra totalement sans qu'aucune trace ne reste, puisque tous les « lieux » seront anéantis par le temps et dévorés par l'espace, qu'ils s'étendent dans la glaciation de tout ou qu'ils brûlent dans quelque déflagration terminale. Cette absence de mémoire que quoi que ce soit, ce néant qui rattrape par l'arrière la réalité s'opposant à l'attirance qui s'impose jusqu'au plus antérieur, à savoir le présent qui pré-existe à tous les déroulements de réalités dans leurs différenciations (il existe des différenciations puisqu'il existe une ou des réalités) ; le présent, cette activisme absolu (cad formel et « intouchable », singulièrement autre que tout monde déterminé, forme pure et brute, très brute) prélude à tout ; il est antérieurement et tire vers l'avant ; c'est l'avant ou l'en-avant qui existe …

donc un rien, si l'on veut (que l'on a pu nommer néant parfois, Heidegger, Sartre, Hegel comme négativité agissante en tant que « conscience » dont on ne sait pas très bien ce qu'il désigne par là, sinon comme faire valoir de « la pensée », comme si c’était la pensée qui était et non pas l'arc de conscience qui ex-siste et fait surgir, fait apparaître toutes réalités, signifiées chacune pour nous et pour le moins).

Ce rien, cette forme du présent, totalement non mesurable, non repérable, est tel ce présent qui n'a lieu nulle part, puisqu'il est le lieu avant les lieux du monde, du vécu ou du moi. Cette forme est cela en quoi on existe, on se meut, la vague qui déroule toutes les réalités, univers, mondes ou existences.

Comme de juste cette logique du déroulement (du possible, de la Possibilité) a construit une de ses ressemblances ; dont on présuppose qu'elles sont en nombre infini, ou donc nous connaissons l'arc de conscience mais ignorons tout des autres possibilités structurelles (dieu, l'universel, le sujet étaient in/imaginables) ; et du moins en est-on conduit à cet a priori, puisque l'on ignorait que « dieu » ou « la pensée » ou « le sujet » pouvaient exister avant de les rencontrer ; on ne peut pas -imaginer- une structure, ça ne se perçoit pas ni ne s'imagine ; une de ses ressemblances tient en cet arc de conscience qui est, lui-même, tout entièrement mouvement ; seul ce qui est pur et brut mouvement, un rapport, peut exister, puisque le réel est structurellement formel.

Cela, ce mouvement, gigantesque on est d'accord, qui courre depuis 3000 ans, dessine le plan vertical pur ; à savoir la structure du présent. Celle-là même qui ne se perd plus dans tels ou tels contenus mais qui étant venue au-devant, sur la scène (en refluant les mondes-contenus au profit de l'intentionnalisation qui est à l'origine, la cause des contenus) et qui se dresse, donc, dans l'antériorité à toute représentation ; il est, après tous, logique, normal, compréhensible que cessant de produire ceci ou cela, la structure apparaissant elle-même sans son propre champ (puisqu'étant un rapport et non un « être » elle se signifie, se rapporte à elle-même ; dieu, l'être ou le bien ou le un, le christique-corps ou le sujet acte cartésien, etc, qui désignent des formes et non des « êtres »), cette structure donc commence de se repérer et ensuite de cartographier son propre plan, son organisation, l'organisation du mouvement qu'elle non pas « est » mais existe.

C'est pour cela que les grecs ne se tiennent, en vérité, pas dans l'être, mais le montre (en pensant le démontrer, par ailleurs) et donc le perçoit de l’extérieur. De même Descartes ne se rive pas au « sujet » mais le montre et donc n'y « est » déjà plus ; et se pose constamment la question, d’accord, certes, mais alors « où » sommes-nous ? De où percevons-nous ?

C'est évidemment à cette question que l'on tente ici de répondre.

On a nommé cela le Bord du monde, du vécu (et du relationnel) et du corps (et du moi).

Pareillement dieu est le Bord, ce qui veut dire l'intention-même (celle formelle qui permet de saisir quelque réel de ce mouvement pur et brut, qui est, de fait et techniquement si l'on peut dire, éternellement mouvement, puisque sinon, cessant de se mouvoir, il disparaît, et si l'on préfère n'aurait jamais existé ; un « réel » ça n'est que de et par le mouvement, de là que l'on considère, bien entendu, qu'il est une compréhension fonctionnelle du réel, sans préjuger de son ontologie absolue, mais aussi que l'on maximalement porté à admettre ce fonctionnel comme dimensionnel ; le réel, le mouvement « se meut », est pur et brut mouvement, et il existe tel quel dimensionnellement, en soi si l'on reprend une vieille formulation).

Le biais qui nous a induit en erreur est grec ; on a cru que l'on tenait, dans nos mains, physiquement pour ainsi dire, le réel en décrivant (et comprenant) les réalités dans les filets de la-pensée, comme une chose, une détermination ; mais en fait, en Fait Monumental d'historicité pure, le christique et Descartes (et finalement tous les autres qui se tiennent en ce niveau) manifestent le réel comme en plus, autre et antérieur à toute réalité. Et donc le christique autorise de reprendre l'intégralité de la pensée grecque, ou Descartes d'originer la-pensée (scolastique, etc, en l’occurrence) dans la structure du sujet, qui dès lors n'est plus, n'a jamais été subjective mais structurellement (fonctionnellement) ou ontologique (dimensionnellement).

Nous avons donc depuis longtemps, très longtemps dépassé la représentation, mythique, de la-pensée, de la-raison, et nous nous situons dans la perspective de la structure de sujet, de la structure en forme de sujet, que l'on rapporte, elle-même, à un mystérieux dispositif-sujet général, en tant que seul, reconnaissons-nous ici, un tel sujet est capable d'admettre, de supporter et de produire un perfectionnement (déniant à la « perfection en soi » qu'elle puisse être en quelque manière que ce soit, si le réel est il se meut, et si il se meut il ne cesse pas, n'a jamais cessé et ne cessera jamais de se-mouvoir »).

Si on considère le caractère dimensionnel de la structure, cela nous envoie extrêmement loin, ou donc, autant que cela nous est accessible, vers le pur et absolument divin, comme intention originelle qui tient toute la réalité dans sa visée (en somme les réalités sont des champs de perceptions du divin extrêmement divin, et il y a des distinctions, des différenciations ou donc des déterminations (soit des réalités, des choses, des êtres) dans la mesure où le divin les perçoit, de là que l’ensemble de tout ce qui est, qu'il se trouve une ou plusieurs ou des tas de réalités, d’univers, -apparaît- littéralement, pour un sujet-qui-perçoit).

Remarquons bien que l'on admet également que la réalité n'est pas du tout en elle-même consistante (tout ce qui « est », qui relève de l'être, disparaît, se destine à la disparition, à la dispersion des données, seul ce qui est rapport à soi (comme rapport) existe ; un rapport n'est pas « déterminé », sinon le rapport se perdrait dans toute détermination, or tel n'est pas le cas ; même si je change en trente ans, le -je - est le Même) ; elle se compose et se décompose (ce que l'on nommait autrefois le fini, ou le multiple) et au final disparaît. Cela seul qui existe est le mouvement. Lui seul sur-être, pour ainsi dire. Donc la consistance du réel est le mouvement lui-même ; ce qui se dit plus illustrativement qu'il n'existe qu'un Pli et que tout le reste ce sont des pliures du Pli.

La difficulté de la philosophie est donc non plus d'élaborer un système (on en a produit des quantités) mais de saisir le mouvement comme tel, et surtout en tant que mouvement, de ne pas le dénaturer en objectivité (qu'elle soit philosophique ou rationnelle ou scientifique ou scientiste ou idéologique ou idéomaniaque).

Pareillement la pensée grecque nous égare en croyant saisir objectivement la réalité (composée de choses et de choses liées qui plus est) objet par objet ; de sorte que le sujet se transforme en regard tout à fait abstrait et pour le dire la question du dit sujet n'est pas même posée ; il est faire valoir de ce discours qui définit des objets et qui produit un système de notions ; il est convaincu de se placer au niveau du contenu organisé ; ça n'est plus le groupe qui ordonne la réalité, qui constitue le centre ou le rempart de la véridicité (la vérité comme principe n'est pas isolé comme tel, la véridicité du groupe est ce-monde-là tel qu'il est perçu, ordonné, se présente 'naturellement et sacré' en lui-même, donc le sacré n'est pas remis en cause, et on ne sacrifie pas Socrate, puisqu’il n'y a pas de Socrate) ; la production des vérités doit être reproduite par chacun en tant qu'il pense.

Avec le christique on passe sur un autre plan, c'est vous-même, votre vécu et votre corps qui doivent s'élever et s’analyser et se décider, c'est vous-même et donc tout ce qui se présente dans ce champ qui est « vous », qui entre dans le champ d'investigation, puis d'expression, puisque si vous êtes en charge, intégralement et non plus seulement par la raison, vous pouvez créer et d'autant plus créer que vous n'êtes plus assignés non plus à la perfection grecque du Beau, il s'agira plus et toujours plus d'expression (de ce que l'on voit, de ce que le Je, le sujet voit du monde donné là) ; utilisant le champ d'expression dans le champ de perception, et démultipliant donc les champs d’expression (autant de champs que de sujets, d’individus qui se sont haussés au niveau du sujet comme dispositif).

Dit autrement

Le Pli (la forme, l'exister) génère des pliures (les réalités, les univers). Le Pli n'est pas ce qui arrive à « quelque chose » ; toutes choses sont dans, par et peut-être pour le Pli (distinction fonctionnelle ou dimensionnelle).

Donc qu'il y ait d'une part le néant (qui n'oppose rien à quoi que ce soit) et d'autre part l'être (au sens générique).

Que le néant soit équivalent à l'être veut dire que c'est le possible qui règle 'ce qui est '.

L'être générique qui est apparemment un « quelque chose », un quelque chose de déterminé.

On considère habituellement que le fait d'exister est simplement un résultat et n'est pas même interrogé comme tel ; on cherche la raison d'être de l'être, pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien (on a vu qu'il y a « rien » et « quelque chose » à la fois et que donc cette question ne se pose pas comme telle, en opposant l'un et l'autre, l'être et le néant, qu'ils existent également et que le Possible est la loi, le principe ; tout ce qui est possible, est. Une licorne n'est pas, autant que l'on sache, mais elle est juste une imagination, composée à partir d'un cheval doté d'une corne, etc, ça n'est pas ce possible imaginaire là dont on parle).

Inversement donc ici le fait d'exister est absolu (et non pas à peine évoqué ou sous-entendu mais admis à l’inverse comme fondamental) ; il y a quelque chose dans l'activité, absolue, de l'exister ; soit donc pour nous du présent (qui seul existe).

Et donc.

Dans l'être générique il convient de distinguer le quelque chose qui est et le fait d'exister ; l'être est, tout entièrement, pris-dans l'exister.

De sorte que n'importe quelle chose est emportée dans et par le mouvement (et peut-être -pour- le mouvement).

L'exister est cela dont nous saisissons le réel ; ou plutôt nous en sommes saisis ; notre être n'est pas un être (déterminé) mais un mouvement, l'arc de conscience, rapport qui tisse des rapports (qui colle des perceptions aux signes, des signes aux signes, et se situe de cette sorte immédiatement dans l'universalisation, si on lance un rapport entre deux entités, déterminées, c'est le rapport qui compte ; ainsi le un est le rapport, vide, que tel objet entretient avec lui-même, on peut donc le calculer, si il y a addition ou soustraction, etc).

Comme précédemment ; il existe un Pli et dans ce Pli des pliures ; l'exister, indéterminé, est intégralement acquis avec les déterminations ; les immanences sont, réellement, mais prises dans la transcendance, la transcendance est au début, au milieu et à la fin ; il n'est qu'un seul plan unique (ou si l'on veut un seul Instant qui « voit » tous les déroulements, toutes les manifestations, toutes les différenciations, toutes les réalisations, tous les univers et les formes, éventuellement, diverses des univers ou de quelque réalité que ce soit).

Cela signifie qu'effectivement aucune chose n'est consistante et a fortiori il n'existe aucune « chose géante » qui contiendrait toutes les choses ; il n'y a pas un Étant supérieur qui ramasserait tous les étants, du reste une super-détermination de déterminations est ne absurdité ; si unité il y a (de toutes les déterminations) ça ne peut pas être une détermination ; dire « la raison » ou « l'esprit » qui contiendraient en réduction les réalités, rend « esprit » et « raison » comme cheveux sur la soupe, incompréhensibles, à moins de borner, fasciné, son regard à ces représentations. Et donc tout est relatif au mouvement mais le mouvement lui ne l'est pas, relatif. Il est le réel même. On verra une autre fois les conséquences du Fait monumental unique. Quant à la pliure étrange du temps.

 

On abandonne donc l'être (mais cela date d'au moins Descartes qui ne pense plus en terme de « pensée », en récupérant son acte le sujet récupère sa pensée propre du monde donné là et ne cherche plus « la pensée pré-organisatrice de dieu », platonicienne ou aristotélicienne qui se réglait sur la notion, l'idée, tandis que Descartes passe au calculable, relevant par ailleurs le sujet dans son unité, comme volonté libre et non plus « intellect », initiant ainsi Kant, Hegel, Husserl, Sartre).

Le centre se déplace impérativement ici même, attendant son ici et maintenant (puisque le présent est le réel agissant, le mouvement qui se meut et qui meut toutes les réalités). Et on abandonne l'idée d'un « sujet substantiel » ; tout ce que nous sommes se tient d'un dispositif qui crée un champ intentionnel (ce qui l'autorise de reprendre la totalité des influx, des datas que le vivant perçoit en tant que vivant, puisqu’il ne s'agit plus d'un « esprit » consistant qui posséderait son unité massive et dont on ne sait pas quoi faire en vérité, mais d'une structure, vide et formelle, intentionnalisatrice, un rapport, strictement rapport, qui crée des rapports, dont sont tirés l'esprit, la raison, les esthétiques, les œuvres, les sociétés humaines etc ; le dispositif sujet est donc amplement capable des plus étendues cohérences, et incohérences, orientations et désorientations : son caractère indéterminé le fit passer sous les radars, nous concentrant sur le manifeste, le conscient (l'arc de conscience n'est pas le conscient, le champ intentionnel n'est pas la « volonté » ; conséquence importante : ces réalisations ne tiennent que si elles sont intentionnalisées, ce qui veut dire investies, investies par toute la médiation et la vigueur du corps vivant ; il n'y a rien d'abstrait dans cet investissement intentionnel.

C'est par là, par ce moyen, par ce chemin, qu'il faut comprendre que si l'intellect ou le conscient ou la « volonté » (roide) demeurent abstraits, par contre l'intentionnalisation est forcément et immédiatement ce-corps.

Ce qui se produit dans l’historicité comme l’individualité libre et égale, apte à son propre jugment (qui réclame une mise en forme culturelle, en tant qu'acculturation, et acculturation du jugement qui est bien plus étendu que celui de raison ; chacun est à soi-même et devant les autres l'assurance d’une part et assumation d'autre part de son jugement, de sa capacité de décision mais aussi de coordination, d’organisation, ce qui ne se rend possible que via autrui).

Puisque l'intentionnalité produit un champ intentionnel de perception qui, structurellement, fait-retour vers « soi-même » et dans la réelle mesure où c'est ce retour qui crée ce « soi-même » … il n'y a pas un soi-même puis « ça fait retour », mais un retour-vers (soi) qui rend possible et actuel ce « soi » (ce à quoi ne dérogent ni Sartre ni Lacan) et « soi » qui n'est donc plus du tout une identité première, mais une identité seconde ; le moi, le soi est produit secondement et se tient dans la vue du champ intentionnel.

Et cela signifie que le « soi » est pris dans un champ et une unité bien plus grande que le « moi ». Et que cette structure est celle dénommée « sujet » ou plus exactement dispositif sujet. Qui tient, détient dieu, l'universel et la pensée, le christique et le sujet, le réel et l'autre-corps (celui qui perçoit les signes et non pas seulement les reçoit en sa satisfaction donnée) ; ou donc, puisque c'est un rapport, celui qui non pas saisit mais est saisi de dieu, de la pensée, du sujet ou du réel (et dont le corps est forcément Autre, marqué du sceau de l'Autre, qui n'est évidemment pas autrui, auquel cas il s'agirait d'une image dans le miroir et non du miroir lui-même).

C'est ce champ qui est tenu par et dans une intention, dont toute l'étendue est donc significative ; le je du moi se signifie dans cet acte, cette activité, cet activisme de l'intention (ce qui revient au christique) et de l'intentionnalité (depuis Descartes).

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Le début de la fin des temps

15 Août 2020, 15:51pm

Publié par pascal doyelle

 On a donc accompli le grand looping, celui qui ramène à l'origine historique afin de récupérer l’ensemble des possibilités, des aperçus que l'on a acquis durant 3000 ans (depuis le judaïsme, dieu, puis les grecs et l'universelle intentionnalisation, puis le christique, l'intentionnalité incarnée, c'est le cas de le dire et annoncé tel quel, l'intentionnalité actualisée, Descartes et suivants), la stabilisation que fut la révolution, qui s'est imposée on ne sait comment et les français qui réalisèrent la liberté et l'égalité en une fois, ce qui est fou, personne n'a rien compris mais personne n'entend réellement le christique, ni l'universel, ni dieu.

Et au travers de tout cela les labyrinthiques systèmes-visions philosophiques dont la substance n'est pas du tout substantielle, mais structurelle ; à savoir qu'il s'agit d'être en mesure de positionner le réel ; il est où le réel ?

Ce qui débute avec l'être, qui est « là » ; et qu'il s'agit de percevoir et pour se faire l'invention de signes, de mots, est requise ; le système, philosophique, permet de passer outre le langage du groupe, et de rendre accessible l'expérience du donné « là », de sorte que comme le comprend parfaitement Platon, avec les idées on perçoit plus et surtout on perçoit ce qui autrement, sans les idées, ne serait pas accessible.

Mais d'une manière générale dieu, ses révélations et ses prophètes, la pensée donc, le christique et le sujet rendent possible que peu à peu le réel, la structure antérieure au monde, au vécu, au corps, et généralement antérieure à la perception entre justement dans la perception ; le champ d'expression s'étend,  requérant que chacun s'y mette et élève son immédiateté à une expression organisée, admissible par d'autres sujets, et que chacun se structure.

Par là on voit que la disposition du sujet n'est nullement subjective ou préalable à la raison, l'objectivité ou la société humaine, mais que le sujet rend possible, de par son champ intentionnel et parce que c'est en lui que se réalise un tel champ, et que lui, le sujet, puise infiniment loin dedans son « être » au point de se décaler absolument, ce qui veut dire formellement ; dieu est le grand décalage qui se puisse ; l'universel et la pensée ; le christique et son corps, le sujet et la révolution (liberté et égalité se désignent des sujets, selon un plus grand possible qui ne prend source que dans la capacité de chacun et de chacun avec tous les autres ; on n'imagine pas ma liberté sans l'égalité des libertés, la solution anglo-saxonne est une rivalité continuelle, et le destin des empires qui s'étendent librement sur le monde, mais non pas « en esprit »).

Donc le sujet se suppose d'une courbe descendante qui rejoint la courbe ascendante de l'humanisation et de la personnalisation.

Et il y a lieu de croire que constamment tous ont cru que le moment du croisement de l'une et de l'autre s'instanciait de son vivant, de son actualité ; dieu évidemment, la pensée (les grecs comprennent bien qu'ils réalisent une organisation formidable potentielle), le christique c'est sans discussion, Descartes et suivants, la révolution.

À chaque fois que la structure envahit le regard, elle rend possible des mondes humains, qui retrouvent constamment leurs plis « selon les intérêts du monde ou de la vie comme elle va ». De sorte que la hiérarchie, domination, organisation selon la nécessité, les pouvoirs et les aliénations remontent sans cesse et reviennent sur le monde ; parce que la structure pré-organise la réalité, la réalisation humaine, mais ne gouverne pas toutes les immédiatetés, les déterminations, les intérêts, et on voit bien, alors, que l'engagement christique (ou l'idéal révolutionnaire, tous deux très difficiles à mettre en œuvre mais également dont il est peu évident que l'on poursuive rigoureusement toutes les conséquences, les effets dans le monde même, dans le vécu ? E sur quoi s'est égaré le communisme qui prétendit réguler jusqu’au détail des vies humaines, en usant d'un réglage grossier, universalisant (les besoins humains génériques, tandis que le libéralisme suivait les désirs individuels).

Non la règle, la véritable règle voulait que chacun puisse parvenir à un tel degré de développement (collectif, organisationnel, ce que liberté-égalité signifiait, impliquait) et de déploiement, de déploiement de son propre sujet, capable de réalisations (puisque c'est sur la structure de perception que cela repose et le champ d'expression), engageant son être dans la grande possibilité de structure soit fonctionnelle (la réalité est selon le réel et le réel est instancié tel quel) ou dimensionnel (le christ ou le sujet ou le réel signifient plus, beaucoup plus on s'en doute, que le stricte régime fonctionnel).

Au lieu qu'il y eut une sorte de fascination restrictive qui voulut que l'on n'a désiré que le plus immédiat et offrant au corps, à la satisfaction, la régulation même, plutôt que de supposer celle plus grande et plus concertée et plus distinguée du sujet. Le peu de dispositif-sujet qui fut instancié, fut utilisé, comme d'une loupe grossissante qui énormisait chaque et tout désir, quel qu'il soit, telle intention fusse-t-elle pauvre, pourvu qu'elle soit immédiate, que l'on en obtienne immédiatement un résultat, supprimant du même coup toute vision d’ensemble et refoulant loin de l'horizon ainsi réduit une coordination qui se devait de s'élever et d'élever tout un chacun ; et donc tout un chacun put sombrer dans la facilité. Mais la facilité est difficile, c'est ainsi qu'est l'enfer, il faut énormément de ressources (en tous sens) pour satisfaire à ces désirs.

De là que le christique initiait absolument, cad formellement, notre être « par-delà »; ce dont on peut se moquer, éventuellement, mais sans oublier, quand même, que toute une civilisation, plutôt efficace, s'est élaboré sur la capacité toute entière contenu, comme ramassée, dans ce simple fait d'existence du christique ; manifestant par là que soudainement une complexité bien plus grande était susceptible de s’imposer, et ce via ce que l'on attendait le moins ; l'intention individuelle (que l'antiquité n'adoptait que pour les dieux, les héros ou les empereurs, et non comme valant en et par lui-même en tant que simple individualité). Cette plus grande complexité ouvrait donc quantité de champs d'expressions et conséquemment de perceptions.

Il faut cependant remarquer que si l'on utilise « complexité » ça n'est pas au sens où une confluence de déterminations plus imposante viendrait au jour à tel ou tel moment ; parce que les vagues structurelles qui touchent les juifs, les grecs, les chrétiens, la renaissance ou les révolutionnaires aboutissent à quantité de déterminations nouvelles, et on ne voit pas qu'une seul soit déterminante et puisse résumer toutes les autres ; la cause de l'afflux potentiel de nouvelles déterminations prend pied selon une position sise-jointe qui affecte non pas telle part du monde ou du vécu, mais les articulations réelles. Que dieu, cad le réel, soit une Intention. Que l'intentionnalisation des perceptions se nomme « idées » et « systèmes ». Que le corps soit investi par l'intention elle-même. Que l'intention puisse se coordonner et même se pré-coordonner par une Constitution, par et selon dieu, par un sujet ; dont la finalité n'est pas telle part de monde mais la structure intentionnelle afin qu'elle ait accès à elle-même, et puisse, donc, relativiser les contenus et les re-présenter, en deuxième part, selon, forcément, un autre horizon ; cette restructuration de l'intentionnalité crée de nouveaux horizons parce que sont déplacés le poids (du monde) et le contre-poids (dieu, la pensée, le sujet, le réel).

D'abord il est dit qu'il n'existe aucune réalité ; elles sont créées. Ensuite il est dit que lors même que nous sommes dans le monde, nous existons selon les idées, cad la vision, envers le monde (qu'elle soit idéaliste ou réaliste, Platon ou Aristote, dimensionnelle ou fonctionnelle). Mais il est un basculement encore plus important ; un levier bien plus conséquent, engendrant un déferlement de possibilités ; lorsqu'il nous est donné de voir du dehors la crucifixion du corps et de l’individualité ; car alors paraît le corps et l'individualité. Et de par ce levier il devient possible de modifier non plus telle ou telle idée mais l'entièreté et de l'esprit, et de l’individualité et de sa vie (transformée en Existante) et de ce corps.

De sorte que ça ne pouvait pas se situer, se placer, se déplacer ailleurs ni autrement « qu'en un corps ». Tout était dit. Le jeu était enfin lancé. On s'était déplacé jusqu'en avant de tout le reste. Aussi fut-ce un jeu d'enfant d'enrôler dans l'intentionnel individuel (qui est le dispositif sujet capable de tout le perfectionnement) l’ensemble de toutes les structuralités ; dieu ou la pensée, l'acculturation ou le droit, l’État ou la nation ; il s'agissait (et il s'agit encore) de transformer la réalité humaine en articulations, et en articulations d'arc de conscience, puisque c'est cela seul qui supporte la potentialité (à la fois de perception, d'adaptation, d'expression et de décisions).

Que puissent se rendre réelles les structures et à vrai dire la structure unique ; au sens où admettant ma liberté, je coalise toute autre liberté ; au sens où l'intention qu'est dieu est toujours la même intention où qu'elle se trouve … cela veut dire que cette intention intègre chaque arc de conscience, et non pas désintègre chaque arc de conscience ; c'est, littéralement, le Un qui se duplique et qui se duplique non en tant qu'images dans le miroir qu'il est, mais en tant qu'il se duplique comme miroir...

Et c'est cela même le sens extrême et l'extrémité de la réalité (telle qu'elle nous est admise), et l'extrémisme de ce que « réel » signifie (autant que de notre expérience propre nous en sachions). On comprend donc que ce qui est dit par dieu est dès le début le sens absolu et absolument formel (selon encore une fois notre limite et sans être en mesure de préjuger de tout ce que nous nommons le dispositif-sujet autorise).

L'intention est le réel de tout, parce que sinon toutes les réalités effondrement dans la dispersion, les réalités ne sont pas et ne peuvent pas être le réel. La réalité n’est pas du tout destinée à durer. On peut très bien admettre la dispersion et la perte de tout ce qui fut, est, sera selon le monde. C'est effectivement ce qui s'imposera, si le réel est seulement l'être et la détermination et non pas la forme et l'indéterminé, dont la nature, la « substance », la consistance est un insondable mystère. Qu'est-ce que ce lien, ce rapport, qu'est-ce qu'avoir-conscience-de signifie ? Quelle est sa « matière » ? Pourquoi existe-t-il en tant que « rapport », qui n'est donc ni dans le début ni dans la fin du rapport mais « entre les deux » ?

Il y a donc, depuis le christ, ce corps avec dedans un rapport.

Le rapport n'est plus externe, serait-il origine de tout, dieu, ou dans les choses ou la raison (grecques, en tant que pensées intentionnalisantes qui ouvrent la perception du monde donné ; rappelons que l'universel, l’universalisation est un procédé, peut-être un processus, par lequel il est possible de tisser des rapports dits universellement valables (ou relativement à telle région de l'objectivité), aussi les idées ne contiennent pas de « choses » mais des rapports, de signes ou de signes et de perceptions).

Mais ce rapport est dans ce corps.

Ce qui se dit ; le dit jésus, dieu, existe dans ce corps. Intelligence qu'il y eut de garder l'une et l’autre nature, homme et dieu à la fois, en même temps, dans le même lieu, selon le même corps vivant. Ce qui nous jeta dans une spirale de complexité. Et surtout cela même nous évite les fausses divisions. C'est en tant que corps (individuel) et en tant que corps (composé de matière et de plus réellement un vivant, tout comme les animaux) que l'intention transporte toutes les réalités. Il ne s'agit pas de maudire la réalité, le monde, la vie, ou le vécu, mais de commencer de percevoir dans toutes les réalités l'intention elle-même et qui plus est toutes les réalités en tant qu'intention-qui-veut.

Selon l'intentionnalité absolue, formelle (qui supposait l'intention divine non plus autre et hors du monde et du vivant et de l'humanité) mais ici même et maintenant (« ça a déjà commencé », «vous existez déjà dans le renouvellement selon l'intention de par la foi en mon regard, en mon intention qui crée la vôtre ») et dans un corps.

Ou donc loin des misérabilismes gnostiques (nous sommes enfermés dans un corps et notre esprit est ailleurs), il est autrement question de bien autre chose dans le christique ; c'est la création, la totalité et c'est ce corps, le vôtre, qui est renouvelé et ce constamment, selon le pardon infini (puisque si votre existence est intentionnelle, il devient impossible de la « juger », en vérité elle se jugera elle-même, le christique tend continuellement la main pour récupérer cette intention qui est la vôtre, de même que le sujet cartésien préconise la générosité, la générosité en tout, la largesse et la noblesse d'un possible toujours entendu ; il sait qu'il inaugure bien plus loin antérieurement que la pensée, métaphysique, et instaure l’ontologie du sujet qui est avant tout donné du monde, du vécu ou de la société humaine).

Dit autrement, il ne s'agit en aucun cas de s'adonner à l'angélisme. On ne peut pas réaliser une société humaine-humanisée en se fondant sur la bonne volonté abstraite et éthérée. Il faut un corps spécial, un corps non pas seulement voulu mais intentionnel, un corps suffisamment travaillé et intégré, une mise en forme culturelle adéquate, un non-communautarisme, puisqu’il s'agit de la forme universelle de la liberté de chaque sujet et de leur égalité, et une non divinité ; on peut croire en ce que l'on veut mais on ne peut pas organiser le monde humain selon dieu. Rappelons que le privilège absolu du christique est justement qu'il nous laisse là et nous demande d'élaborer la suite (posant par ailleurs très loin le point-autre du regard, extrêmement élevé et à ce point instancié que l'on ne sait toujours pas réellement interpréter ce qu'il a, pourtant, dit, énoncé, annoncé). Un dieu-qui-n'est-plus-là et surtout (c'est le sens du mouvement) qui rend actuel pour chacun qu'il ne se tienne plus à quelque part, partie, intérêt, facilité du monde ou du vécu. Et on retrouve ce que l'on disait ; il faut que la liberté-égalité s'incarne d'un corps qui soit en lui-même et surtout par lui-même (et non pas de l’extérieur) libre et se considère égal aux autres. Et pour cela il faut que ce sujet soit non pas abstrait et tout-vide mais investi, écrit, éduqué, autodidacte, peuplé, empli des possibilités, etc.

Et on tombe ainsi sur l'hypothèse de la nature humaine ; laquelle est une conquête et une véridicité fondamentale mais non suffisante ; parce qu'elle semble placer notre être en tant qu'être, alors que nous ex-sistons (relevant non d'une détermination mais d'une structure) ; or cependant il faut bien se souvenir que convoquer la nature humaine n'impose pas une essence mais place cette essence sous le regard et sous le regard des sujets ; sans doute aucun on va se prendre pour ce que l'on dit que l'on est, mais en vérité ce qui se passe est en ce sens hégélien, de simplement nommer une essence et déjà on n'est plus cette essence … c'est déjà autre chose et Autrement qui arrive ; c'est le regard qui s’aiguise, ce qui veut dire qu'il se produit, s'invente, se crée des distinctions, qui n’existaient pas auparavant.

Toute acquisition de structure crée des possibilités et puisqu’elle resserre la conscience-que-l'on-en-a reformule l'acte de conscience (ce qui veut dire toutes les distinctions de perception et toutes les créations de perception). Mais ces instanciations structurelles ne s'arrachent si aisément ; ce ne sont pas des parties de monde. C'est seulement à la suite de telle performativité structurelle que seront disponibles telles et telles parties du monde, mais aussi du vécu, du corps, et de la perception elle-même. On perçoit toujours en fonction de son monde humain alentour. Mais sitôt que la structure prend le pas (et que l'on se rend compte que plutôt que de recevoir un monde donné là tout fait, par les dieux, on produit les contenus ; ce que veut dire la pensée, grecque, la manière de créer ou découvrir des contenus nouveaux, accessibles individuellement et non plus selon le groupe et le langage-parole commun, la question se posant ; que sont-ils, par quoi, comment, qui ?) sitôt donc que l'on saisit la structure (que dieu crée tout ce qui est, qu'il est une intention vide formelle et autre et donc Une, puisque non composé et hors de toute partie du monde) alors celle-ci développe ses propres affects ; dont il ne faut certes pas s'obnubiler par leur négativité (la séparation de chacun hors de tout groupe, toute communauté, toute immédiateté) parce que la structure vous-rend-seul.

Le christique est le un-tout-seul (abandonné, méprisé, torturé, tué).

Si la structure sépare et chacun existe hors du groupe mais le groupe est la réunion mais en-esprit ou en humanité ou en révolution ou en œuvre esthétique ou autre ; et se produisent alors un regroupement humain arcbouté sur chacun et démultipliant ainsi la complexité rendue possible, de par ce ressort que chacun existe selon un trouble, un tourment, une élévation, une capacité interne qu'il reconnaît aux autres.

Il fallait Descartes pour que l'on se saisisse de la division ; l’individu est à lui-même son unité, qui est antérieure à la pensée, donc le réel est bien plus compliqué ou plutôt complexe ou encore retors que suggéré par la pensée qui stabilisait dans « la raison », l’animal raisonnable ou social, ça ne marche plus ; il faut creuser et déployer l'ontologie du sujet et donc le réel qui fonctionne avec ou le réel dimensionnel adéquat).

Par Descartes se précise le rapport, et cela qui est en rapport ; ce qu’initiait le christique comme structure absolument, formellement agissante dans et par et pour l’historicité (comme regard structurel créant notre regard) Descartes nous le montre ; il montre le rapport. Et comme nous sommes des sujets, nous comprenons. C'est le se-savoir, qui n'est pas une connaissance, qui est antérieur à toute connaissance.

Si l'on se demande ce que c'est qu'un corps-intentionnel, c'est un corps parcouru non pas seulement de ses désirs, mais parcouru par des champs de perceptions, d'expression et d'intentionnalités. Le désir est le moindre déplacement, qu'il se structure en champ signifie qu'il s'élève. On peut aimer lire un bon roman, mais il est difficile d'entrer dans une œuvre ; il est faux de croire que cela s'obtient en claquant des doigts. Toutes les esthétiques, les poétiques, les récits veulent créer leur lecteur. Ce qui se crée ce sont les déroulements de signes, de rapports, dans et par votre conscience, votre attention ; qu'est-ce qui s'ouvre ; s'initie, s'instancie sinon d'apprendre que l'élévation de l’activité de conscience voit le monde, les choses, les corps, les autres intentions, les autres sujets ? Qu'apprend-t-on sinon d'utiliser l'activité elle-même et que cet apprentissage est cela même qui est la racine, la source, la finalité et la possibilité ? Comment en aurions-nous l'idée, l’imagination, le sentiment sinon de soulever le monde, le corps, le vivant, la perception du vivant, le sentiment de soi ou la possibilité de rapport universel ?

Ce que nous tenons pour évident ne l'est pas du tout, et n'est venu à paraître et n'a tenu à devenir que selon l’historicité ; c'est la raison pour laquelle dieu, la pensée grecque, le christique, le sujet ou la révolution sont immédiatement cette sorte-là d'histoire.

Que l'on puisse augmenter le niveau de réel en en passant par le degré d'intentionnalité est tout sauf évident. L’intentionnalité ça se paie sur l’animal vivant, le corps mais également sur l'humanisation, en ceci que les anciens mondes sont outrepassées par l'acculturation, la seconde anthropologisation ; si on a nommé acculturation « ce qui est arrivé autour de la méditerranée », soit donc la mise en avant de la structure par dessus et avant les contenus produits par la structure, cela veut dire que nous sommes passés des mondes de mise en forme culturel à cette énorme articulation et cette réanthropologisation qui frise à chaque fois non seulement la violence et la barbarie et finalement ce que l'on a aussitôt désigné comme l'enfer ; d'une part la négation d'autrui et d'autre part la négation de soi, le mauvais jugement sur soi, la mauvaise tournure que prennent les choses, la vie, et ce par quoi, cet enfer, on se juge, est jugé par soi-même...

Il est en tous cas ici évident que le christique est cette instance qui nous prévient que la réalité lorsque le réel est dénié, peut se retourner contre nous et entièrement nous enterrer. Il nous prévient de la difficulté à s'aimer et du risque effroyable de mauvais rapports qui embraient vers le bas. Lorsque l’articulation paraît au devant de la scène, la division règne en tout et partout ;

« Matthieu 10.34. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. 35 Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; 36 et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison.» (Matth 10-34).

Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. (Luc 14-26)

Il faut comprendre cette division comme limite interne non pas dans le réel, mais en tant que réel ; il n'y a que par la division, la distinction et plus on s’avance ontologiquement plus la distinction est élevée et elle appelle à encore plus de distinction. La matière ou l'énergie ne sont pas consistantes, sinon dans le mouvement ; le mouvement seul est réel.

Et en tant que joug qui doit être assumé et relevé, par la plus petite unité de rapport qui soit (autant que l'on sache)  à savoir l'arc de conscience individuel (ce qui ex-siste comme rapport ne peut qu'être un, selon la forme même qu'il est qui n'est pas composé) ; et ce en tant que levier. Bien que cette déperdition (de tout monde commun au profit de la liberté de chaque-un) puisse, au lieu d'atteindre à une plus grande complexité et une plus grande possibilité, ce levier puisse nous précipiter dans la seule division ; la distinction inversant son effet, s'écroulant en dispersion selon le monde et l'indéfinité des déterminations (ou des désirs, spontanés et immédiats ou produits industriellement) ; supporter et relever et élever la distinction implique l'effondrement éventuel dans la dispersion, la lente désagrégation.

Distinctivité qui ouvre les possibilités ; il y a des possibilités, et donc une, des réalités, puisqu'elle distingue et originellement rend possible une réalité, pour nous cet univers, mais rien ne dit que -l'ensemble de la manifestation- soit réduit à cette réalité ; après tout si la Possibilité est la loi du réel pourquoi serait-il limité ? Tout indique au contraire qu'il est activité continue et continuelle ; si l'on préfère le Un crée des uns, et ne cesse jamais (puisque ce qui existe en tant que mouvement … se meut, sinon tout cesse). Ce qui est sidérant puisque cela correspond pour nous à cette distinction ; chaque conscience est distincte de toute autre, une, quels que soient les contenus ; la distinction formelle est la racine même. Aucune conscience, aucun un ne se confond avec un autre et pourtant ils sont strictement semblables... Comment le un peut-il se dupliquer toujours autre et pourtant le même ?

On prend donc au sérieux qu'il ait pu exister tous ces occurrences et donc historicités (dieu, universelle pensée, christique et sujet, etc) . Elles se sont annoncées littéralement comme telles.

« ça va changer, beaucoup de choses au monde vont changer, peut-être la base même du monde, de tout monde, vous est venu, inspirée ou révélée ».

Si la pensée est divine pour les grecs ou si jésus le christ est fils de l'homme et fils de dieu, si la révolution est unique (en diverses variantes), si toute conscience, tout sujet est parfaitement égal à tout autre (lors bien même que l'on rencontre d’innombrables contenus différents) c'est que la distinction formelle ou l'historicité structurelle ou l’intuition du dispositif-sujet est la racine.

C'est le début de l'accès à la structure même qui vient formellement tout en une fois. Depuis 3000 ans.

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Le point qui compte.

8 Août 2020, 06:47am

Publié par pascal doyelle

Le christique, Sartre et Lacan.  Les erreurs existentielles ou ontologiques n'en sont pas.

Il s'agit donc de mesurer, de définir ce qui n'est pas définissable, mesurable, mais on a reconnu que c'est précisément cela qui est amené dans le champ, jusqu'alors occupé par le groupe humain, telle communauté dans son monde, ou par l'immédiateté (mais il n'existe aucune immédiateté, qui est toujours médié, médiatisée par une représentation, cad un champ intentionnelle, qu'il soit maya, aborigène ou grecque).

Et lorsque l'immensurable vient au devant de la scène, que l’invisible se produit dans le visible, il parle à cela même qui peut saisir de quoi il retourne, à savoir le sujet ; le sujet qui est un rapport comprend très bien, ou intuitionne vaguement, ce dont il est question dans l’invisible, puisqu’il en est. Il en est en ceci que le champ intentionnel est toujours le champ de « quelque chose » mais le point de vue par lequel il y a un quelque chose qui apparaît, se tient au-dehors ; il peut surgir dix mille milliards de contenus qui ne changeraient rien à la structure les pourvoie, les produit, les renouvelle. Il existe donc un arc de conscience qui produit des contenus ; et c'est à partir de cet arc qui est un arc ou donc un rapport, que les choses nous apparaissent ; ce Bord du champ qui doit se présenter dans le champ d'expression (puisque l'on est sorti des mondes) se signifie comme dieu, universalité, christique et sujet, révolution et réel.

Ce ne sont pas des contenus comme les autres (cad qui désignent une chose dans le monde) mais des repérages tournés vers la seule et unique structure (qu'elle se nomme dieu, l'universel, le sujet ou le réel, qui sont des positions, des positions de rapport, or de rapport il n'en existe qu'un seul) et ils servent de leviers pour soulever les intentionnalisations, qui dès lors changent de nature ; les idées ou le christique sont tout à fait différents des anciens mots, des anciens contenus ; ils obligent tout arc à se modifier, se modifier en actualisant, et il doit actualiser parce qu'il fait paraître l’invisible dans le visible, qui autrement ne serait pas en mesure d'être signifié (et donc n’apparaîtrait pas).

Et ainsi dieu, l'universel, le christique, le sujet et le réel nous regardent. On ne les regarde pas, ce sont eux qui nous regardent. Nous existons en tant que rapport ; pense-t-on que nous détenions ce rapport ? Comment un rapport pourrait-il être détenu ? De manière plus générale encore comment pourrait-il se limiter ? On doit supposer qu'il nous contient, bien que cela soit également partial ; puisqu’il est quand même le rapport que nous existons ; on entre par cette voie dans l’indéterminé lui-même, au moins tel qui nous est accessible ; on ne sait plus qui regarde, qui intentionnalise. Puisque l'on ne définit plus selon un contenu, qui se tiendrait dans le champ, mais on saisit par le champ lui-même ; comprend-t-on alors que si l'on dépasse la réalité et ses divisions (par lesquelles il y a une réalité déterminée, de réalités indéfiniment), on ne sait plus « quel est le champ en question » ? De même que l'on peut mesurer ceci ou cela en établissant des rapports (les mesures, les nombres sont des rapports) mais on ne peut pas mesurer le présent, le temps ou l'espace comme pures distances.

Si vous ne voulez pas nommer ce rapport en tant que dieu, la pensée, le sujet ou le réel, même alors il est une structure fonctionnelle (et non plus dimensionnelle) qui vous éjecte de toute façon de toute identité, de tout contenu ; vous n'êtes pas une idée de la raison, une loi physique ou une version mathématique (puisque l'on peut en produire des tas, utiles ou non). Il y a le rapport, et puis le reste. Un point c'est tout. Vous pouvez décider que ça n'est qu'un rapport qui ne permet de supposer rien d'autre (qui est fonction de divers contenus, mais le rapport sera de toute manière autre que ceux-ci.

Dit autrement ; ce ne sont pas Les Lumières qui expliquent la révolution, c'est la Révolution qui permet de percevoir Les Lumières. C'est pour cela qu'aussi déterminés, par des causes, vous pourriez être, si le christique, Descartes ou Sartre (ou Rimbaud ou qui vous voulez) suppose un point, alors c'est ce point, qui dénote, qui s'ajoute, qui est-autre, c'est ce point qui compte.

Je sais qu'il existe là au dehors un « réel » parce qu'il est autre que l'unité que je suis. Schématiquement c'est ce que vous allez intentionnaliser dans le champ et qui va singulièrement dénoter (avec toute réalité déterminée, vécue, mémorisée) qui permettra de modifier. De modifier quoi ? L'apparaître. Et donc le réel.

Il y a un champ intentionnel et ainsi un champ de perception afin que via la perception le réel se modifie. La réalité est justement, de la même manière, un tel champ de modification ; sinon à quoi tout-cela servirait-il ?

Évidemment ici, à ce moment et comme ailleurs, il est loisible de choisir une structure fonctionnelle (le réel est tel quel) ou dimensionnel (il existe en soi un réel, dont nous n'apercevons que le début du commencement, quel qu'il soit).

Mais l'unité que je suis c'est un rapport et non pas une « connaissance », un se-savoir purement signalétique ; qui « se-sait » ; se désigne comme rapport, étant donné qu’il est dans la nature même du rapport de se reconnaître (sans se connaître, puisqu’il n'est pas déterminé ; c'est bien en ceci que l'on a toujours déjà glissé dans l'indétermination, et que l'on utilise ceci ou cela, de déterminé, un contenu, une image, comme signifiant, comme représentant (qui ne comble jamais ce qu'il représente), comme prétexte et part du monde qui permet d'entrer et d'avancer dans le monde ; aussi lorsque le levier formel est très exactement saisi en tant que position il rend possible qu'il y ait devenirs à partir de la même structure ; ce qui veut dire que dieu, l'universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel avancent du même pied, articulent l'intentionnalité ce qui génère des intentionnalisations en tous les sens disponibles. De la nation (juive) à la liberté-égalité. De l'intention (de dieu) à l'intentionnalisation (grecque) vers l'intentionnalité (en forme de sujet réel).

Tout entièrement ils formulent le déploiement de la même intentionnalité qui est une structure, antérieure à tous les contenus, sinon comment comprendre que tous les contenus défilent mais qu'il s'agit toujours de la même conscience ? Est-ce une « conscience différente » variant de par chaque contenu ? Ce serait absurde.

Pourquoi comprenons-nous une autre conscience ? Sinon de ce que le langage est relatif à cette structure d'une part (universelle et pourtant chaque fois singulière) et d'autre part situé, ce langage sur le même monde, réel. On ne comprend pas toutes les implications du mot « ciel » mais de fait il s'agit d'un seul et même ciel, tout là-haut ; le langage est évidemment un système (sinon il ne se retiendrait pas, il faut qu'il soit organisé) mais utilisé par et pour des sujets ; qui tissent et retissent,

Et n'oublions pas que ce n'en sont que de pauvres formulations ; ou, si l'on veut, avant le dieu-un-tout-autre (qui est purement intentionnel, il est l'Intention telle quelle, vide, formelle, de là qu'il soit Autre et Un, mais aussi simple ou éloigné ou autre soit-il il manifeste entièrement le réel en acte, le réel en tant qu'acte, en tant qu'intentionnel sujet qui seul supporte la perfection continuée) ou encore l'être ou le sujet, avant ceux-là on ignorait totalement que ces perspectives existaient, et donc on suppose que l'on ignore absolument les formulations possibles du dispositif de structure originel ou fondamental ou possible.

On admet, ici, que sitôt sortis des mondes particuliers (qui jouaient des contenus), la forme (de tous les contenus) paraît et se signifie, instantanément (cad court-circuitant le temps) vient au-devant.

L'arc de conscience est un court-circuit temporel puisque le signe qui relie deux éléments opère une jonction distanciée. Transportant tel élément en tel autre. Et dont on conserve la trace puisque c'est une intentionnalisation.

On voit donc que la structure est agissante ; elle tient par l'intentionnalité le lieu en dehors des lieux ou le temps en dehors du temps ; elle n'est pas soumise à la temporalité de la réalité, ni aux distances spatialisées (par ex il est possible de saisir une chose, en la transformant ou supposant comme objet d'intentionnalisation, et de la mouvoir « par la pensée », au point de la démonter, pièce à pièce ou de la reconstruire, de même que tel milieu donné est transposé en situation et dont il est possible de remonter dans ses conditionnements ; un animal ne meut pas les choses (même si il peut découvrir cent astuces diverses), parce qu'il ne les déboîte pas en objet-de-cosncience).

Et donc le principe opératoire de notre structure s'infiltre au travers des signes dans et antérieurement à la réalité, aux réalités une par une. Il faut remarquer que si nous pouvons agir sur telle ou telle chose, ou situation, il nous est très difficile d’obtenir ce que, un temps, on a pu nommer « pensée complexe » (Morin par ex) ; de saisir donc tout un ensemble de processus comme en une fois est très difficile ; et quant à coordonner l’ensemble de tout (de tout ce qui nous est accessible à tel moment) paraît et est hors de portée.

On ne peut pas même se saisir de notre vie dans une globalité quelconque ; mais seulement agir plus ou moins (et avec peine de plus) sur tel comportement.

Il faut revenir sur un point fondamental ; ce que l'on désigne comme arc-de-conscience, ça n'est pas le conscient et encore moins le conscient de la raison ou de la volonté raide, roide. Si il était en notre pouvoir de connaître tout de ceci ou cela on pourrait envisager une décision adéquate toujours et certaine. Mais ça n'est pas à la connaissance ni à la raison que nous nous adressons ; c'est à l'arc de conscience même. C'est pour cela qu'une intentionnalisation n'est pas dans son contenu, mais une articulation qui joint l'horizon et le détail via un système de signes (que ce soit une langue, un langage, les maths par ex, ou une symphonie ou une œuvre de formes et de couleurs) et que si l'on devait déterminer la toute fin de chaque mot, chaque signe, chaque décision, il faudrait aboutir au terme absolu, à la signification totale ; de fil en aiguille nous serons toujours reporté au-delà ; puisqu’il n'existe aucune Idée absolue qui synthétiserait toutes les idées et aucune réalité qui « contiendrait » toutes les réalités (même l’énergie du début de l'univers, si tant est qu'elle existe comme telle ne contient pas les réalités, toutes différentes, qui suivront ; puisque l'énergie a « inventé » pour ainsi dire d'autre sortes d'être, d'étants, ça n'est plus la même identité, l’enjeu consistant justement de transformer l'essence même).

On doute même ici que le monde ait une limite et que cette limite est non pas « au bout » mais au Bord et le Bord du monde est le présent ; la limite du monde est donc le présent, ce sur quoi, la ligne sur laquelle on se tient (et tout le reste de l'univers).

Ainsi la structure est à elle-même sa propre référence (c'est ce que veut dire que « cela, tout, vous revient », que la structure est « tournée » et que ce tour est le présent lui-même ou donc, pour nous, que la décision est toujours-déjà prise mais quelque part, on ne sait pas où, mais c'est là où nous sommes, là où nous existons, et bien que déjà-prise ) ; mais la structure a directement affaire au donné, avec l'horizon, réel. Aussi la décision, la « volonté », n'est pas tant selon le conscient (et l'énoncé défini) que selon la perception ; pour le dire rapidement on décide, selon l'intentionnalité et donc selon l'intention qui vous conduit de ce que l'on va percevoir et de cette perception se déroulera la, les décisions.

Rappelons que le christique est l'initialisation qui vous demande ; que voulez-vous vraiment ? Et évidemment il s'agira du sens, de la signification de la perception qui ordonnera dans une pré-disponibilité ce qu'en général « on attend de la vie », de la situation, de tel ou tel ensemble, de son propre corps, de son aperception a priori et éminemment sensible, puisque c'est, littéralement, la perception qui est en jeu ; les œuvres esthétiques existent à cette fin, vous rendre les clefs de la perception même dans une élévation qui habitue, pour ainsi dire, votre arc de conscience à agir sur elle-même hors d'elle-même ; du sens que l'on donne à la vie dépendront les perceptions ; ce qui à rebours permet que l'on n'ait pas à prévoir chaque situation particulière dont bien sûr nous ne possédons a priori aucune connaissance, mais du sens, de la signification, de l'aperception abstraite oui ; de là qu'est fondamentale l'idée, l'image, le sentiment ou pressentiment, et plus encore l'affect que l'on a de soi …

On dira que l'on ne commande pas cet affect. Est-ce bien certain ? Et si c’était précisément cela même, ce mode opératoire (au sens d’opération d'un corps vivant), qui était en cause ? Que serions-nous si nous étions limités aux affects donnés tels quels, alimentés par la vie, le vécu, le passé, les contraintes, les héritages, etc ? La révolution ne crée aucun affect ? Le christique ou le sujet, cartésien, kantien ? L'existentialité, la toute présence de l'exister tel que « là » ? Heidegger décrit de nouveaux affects, de même Nietzsche, puisque l'un et l'autre créent des fictions ontologiques. Cette implication du corps lui-même dans ce qui lui est, en tant que vivant, le plus étranger, l'arc de conscience intentionnel, est engagé dans ce processus.

Se choisir ça n'est pas élire une image ou un idéal, mais nouer une certaine capacité, un ressort, une aperception, et c'est bien ce que recherche Sartre (par ses biographies particulièrement, Flaubert, Baudelaire, lui-même) et c'est aussi ce que croit découvrir Nietzsche, une espèce d’aperception de soi, qu'il nomme tout à fait dans l'externe, la Volonté (qui n'est donc pas la « volonté » consciente). On connaît également l'ambition spinoziste de délimiter les « vrais affects ».

Que sont les récits ? Se contentent-ils de décrire, très 19éme, la « nature humaine », mais même en ce cas que l'on puisse jeter un regard sur ces sentiments, les transforme. La transformation est toujours intégrale, à chaque fois c'est « un autre-corps » qui bouge. Pareillement la psychanalyse attend un éclaircissement de nos affects, cette fois au sens beaucoup plus précis et singulièrement inventifs ; puisqu’il y eut une avalanche de nouvelles émotions qui n'ont plus même la délimitation de l'émotion mais bien plus techniques, précises, détaillées, étonnantes ou effarantes, de l'enfance aux psychoses en passant par tous les états du moi et du corps investi par l'arc de conscience ; qui dessine donc une ligne de partage que le moi lui-même ne peut pas dessiner puisqu’il est cette ligne, il perçoit en et par cette division il ne peut pas la percevoir et cette ligne traverse le corps, est écrite comme corps, de là qu'elle s'emprunte de la sexuation, puisque le corps comprend, saisit la sexualité si il est déchiré par l'arc de conscience qu'il ne comprend pas.

Mais donc si nous sommes prédéterminés par l'affect qui s'est imposé (selon la psychanalyse) à nous, en nous, cet affect lui-même est un champ intentionnel, le champ de l'autre, comme dit Lacan, ou le champ du grand autre, qui dispose des signifiants, de leur organisation (un signe qu'un autrui m'a envoyé ou que j'ai cru lire, que cela fut réel ou non, ou un nœud de signes du langage ou de mon vécu ) ; l’inconscient est structuré « comme » un langage et non pas en tant qu'il est le langage ; cela veut dire qu'il est, à un moment, la manière que l'on eut de (se) percevoir... sauf qu'il n'existait pas déjà de « soi » ; que le soi est né à ce moment de cette perception accolant un signe à notre être, notre réalité, notre corps. Perçu du dehors. C'est là le secret des secrets du moi, de la psychologie de chacun selon son être-signifié-signifiant(s), parce que c'est un nœud, un sac de nœuds. Et qui plus est impossible à trancher (comme le gordien) à moins de dissoudre toute l’organisation du moi, qui n'existe qu'en mouvement ; le désir faisant office de renouvellement et qui dépérit quand le désir se fige ou se rend la vie impossible.

Contrairement à Freud, ou plus précisément que Freud, Lacan rend impératif le désir ; c'est sa fixation et sa répétition qui anéantit le mouvement, cad coince le moi le dos au mur, le désir est salvateur, vivant et toute l'organisation mentale a pour finalité, au mieux, d'animer le moi de sorte que se préserve l'intentionnalisation). L'objet petit a, inventé par Lacan, est l'objet du désir qui se renouvelle, qui reste encore renouvelable (et non pas figé ou répétitif).

Or si notre désir dépend de l'objet petit a (cad tout objet qui provoque le désir et rend possible que l'on soit encore vivant, que malgré la douleur de la division le corps, vivant, continue de vivre et qu'il « soit encore possible de continuer d'écrire sa propre historie » qui autrement se figerait, névrose et autres obsessions, borderline, etc), alors on peut (très relativement pour la psy) modifier, contourner, biaiser, ruser (son désir) à partir de cet objet a.

Et ce qu'il faut retenir c'est que « l'on est perçu » ; ce qui veut dire que peut-être quelqu'un vous a accolé un signe (un mot, une remarque, une attitude, etc) mais que de manière générale « vous vous êtes perçu de l'extérieur selon tel signe » (on ne peut pas percevoir sans un signe). Aussi ce signe selon autrui est en vérité un signe au lieu de l'autre, du grand autre, du déroulé des signifiants ; signifiants parce qu'ils induisent « des » signifiés en nombre ; si c'était un signifié vous seriez « ceci » ou « cela », mais si c'est un signifiant il ouvre à quantité de signifiants et donc de potentiels signifiés ; si ça ne coince pas trop, auquel cas il faut dénouer les signifiants qui tournent en rond ou pire qui passent dans la perception, mélange de réalité et d’irréalité, cad hallucinations ou déformations ou altération de la réalité.

Et altération de la réalité parce qu'altération du réel ; l'arc de conscience ne parvient pas à se positionner comme horizon ; dont on a dit non pas que l'on percevait l’horizon mais que l'on se percevait à partir de l’horizon, à partir de l'autre.

Et c'est ici qu'il faut laisser intervenir cela même que l'on créé (ou qui nous a été révélé) ; dieu, la pensée universelle (qui décentre), le christique et le sujet, le réel ; qui consistent à imposer du plus grand externe possible et de surmonter le champ donné, celui du signifiant d'autrui, de l'autre (et que ensuite Lacan hésite à nommer le grand autre, à la fois dans le souvenir de dieu et dans une sorte de réinterprétation de dieu, ou les deux). En vérité ce fut celui-là qui fut d'abord créé (ou révélé) ; parce que nos maladies mentales sont toute récentes … elles naissent du moi, et donc il faut qu'existe un moi, qu'il soit reconnu comme tel dans le groupe et c'est seulement alors que ce moi génère des refus, des difficultés, des impossibilités, des inacceptabilités de lui-même, des autres, du corps, du désir, etc ; on a vu que l’éblouissement de l'altérité (par laquelle « nous sommes perçus » de l'extérieur) risque fort d'être un accablement, mais que cette extériorité nous crée comme intentionnalité, représentation ; en brisant le lieu de l'être-là de l'enfant, qui se croit tout-percevant, tout imaginant).

C'est donc dans la rupture de la continuité que se crée l'arc de conscience qui fait retour vers lui-même ; le moi croit qu'il se pense, mais en fait il est pensé en se percevant à partir du Bord (que ce Bord soit l’horizon, autrui, l'autre ce qui veut dire une extériorité, par ex la loi ou la morale ou l'objectivité ou l'irréversibilité du temps ou des événements ou la mort, la perte, etc). Division que le moi toujours veut renouer ; il veut refaire-un, gardant en mémoire son être-enfant, recoller son image et sa vie, etc.

Et donc le moi rechigne et même ne peut pas admettre sa division (qui pourtant l'instancie comme conscience de, plus loin, soi), mais au mieux il faut espérer pour lui qu'il s'y accordera ; il admettra, même de loin voire de très loin, qu'il est-autre, ce qui veut dire qu'il n'est pas mais qu'il existe ; tout le travail de Sartre fut de délimiter cette altérité (rappel ; Sartre pense le je abandonné dans l'extériorité, les choses, le monde, les autres, histoire, le groupe humain tandis que Lacan poursuit la dite division jusqu'au dedans du moi ; le moi est intégralement splitté de haut en bas et ne peut pas saisir cette ligne de division, mais cela importe peu dans la mesure où ça n'est gênant que si l'on est un moi qui veut obtenir la satisfaction, dont « satisfaction » constitue la finalité, de fait en son ordre immédiate, admise telle quelle et sans même en prendre conscience (puisqu’il lui faudrait exister-autre que cette plénitude imaginée ; on en est la proie, c'est le fantasme qui est en lui-même, prétendument, désirable, parce que si il paraissait comme étant construit désirable, on s'en détacherait, on serait déjà autre, le regard partirait d'un point et non se percevrait en tant que cet-objet, c'est le propre de l’objet petit a, qui se substitue constamment de sembler le désir lui-même).

Ce qu »évidemment la philosophie va proposer, ou dieu ou le christique mais aussi le sujet et tout ce qui se développera ensuite, de Spinoza à Lacan, en passant par tout le monde en réalité, c'est que ça n'est pas la satisfaction qui compte ; ça n'a aucun intérêt. Si notre intérêt se matérialisait selon la satisfaction, la concrétisation, ça tomberait dans le monde, ou pour le moi dans la vie (dont il croit visualiser la plus grande plénitude, mais ce sont principalement des images qu'on lui fournit et donc il aime se gorger).

La question est donc ; si ça n'est pas dans le monde, le vécu ou selon le corps (dont on a vu qu'il n'en peut mais), alors où est-ce ?

Nous sommes ce faisant infiniment loin de toute complétude. De même que le je du christique se soutient du seul regard du christ. Et cela est parfaitement ce que Sartre expose ; il n'y a pas de moi (sinon dans le champ de la conscience et pour Lacan pas plus de moi sinon selon la fracture qui brise le corps et pousse le moi ou l'objet dans le faire-semblant, qui seul entretient le désir et donc rend possible le moi, qui n'existe que dans le retour que son objet lui provoque (si il ne sait plus désirer, intentionnaliser un objet, il déprime, parfois sévèrement ; si il le perd étant amoureux, il perd tout, parce qu'il perd le regard lui-même ; etc). Le moi n'est, son être n'est que dans le mouvement, son être est dans son exister ; ou donc dans le regard qui vous crée sinon sujet du moins « je » ; votre baptême.

Il n'y a pas de « moi », ou dit autrement il y a un moi (qui est donc, qui se détermine, qui perçoit et qui s'exprime) il y a un moi dans et par le mouvement de l'arc de conscience (qui lui existe, ex-siste) ; le je qui se situe entre le moi et le sujet (qui renvoie bien-au-delà ou à la racine ou on-ne-sait-pas-où, sur le Bord) est le je du rapport de conscience de (soi), dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même ; or on dit, avec jésus et avec Sartre (…) que moi est individualisé parce que le je est lui absolument singulier ; il n'existe qu'une conscience à chaque fois, unique, et son moi, sa vie, son vécu, élevés à son existence ; tout l'enjeu étant de porter le moi qui se produit mécaniquement si l'on peut dire (c'est un bricolage, on fait ce qu'on peut avec ce que l'on a), de le porter à l'existence ; de base le tomber-amoureux est une telle élévation, par ex. Le christique, Socrate, dieu, la révolution, une œuvre, celle qui vous sied, etc, ouvrent la réalité, donnée, au réel, structuré.

En somme il s'agit de planter un clou le plus loin possible et de se soutirer à partir de ce point (inutile de dire que le christique arcboute infiniment lointainement le sujet, extirpant le je du moi, et le sujet du je, et le sujet est placé auprès du père, ce qui signifie dans l'intention en avant de tout, dans le commencement qui commence et ne cesse).

Que le je sartrien soit à ce point sous pression (c'est extraordinairement exigeant, l'engagement, de toute manière ça s'éjecte de la normalité, dès La nausée) veut dire qu'il doit- se vouloir (et qu'il y parvienne ou non), mais tandis que le christique, au moins, vous accordez une structure, on a quand même l’impression que le je sartrien est là « pour rien » (c'est ce qu'il dit, de fait). Il est l'extrémité absolue, formelle, de toute cette trajectoire de 20 siècles. Il est arrivé au bout, comme Céline (qui est dix fois plus au bout du bout, par ailleurs). On voit donc que ça se dirige « en avant » et c'est cette avancée dans le vide (en fait une avancée dans le formel pur et brut, en l’occurrence, de la structure) qui est au 20éme (par les trois français, Céline, Sartre, Lacan) explorée. Cela même que le christ a initié.

Rappelons que la structure est telle quelle. Elle existe « en dur », et non pas soumise aux contenus, c'est elle qui produit dans le champ intentionnel, les contenus (et comme elle est structurelle et non pas « subjective » elle se rend capable de n’importe quelle objectivité, perception, connaissance, intuition, émotion, signification, champ d'expression de toute sorte ; rien de tout cela n’apparaîtrait sans le champ intentionnel qui s'ajoute à la perception donnée là, celle de ce vivant donc)L'arc de conscience ne diffère pas selon les contenus, et il les épuise tous. Et il demeure. Et le sujet cartésien est le regard christique comme Sartre est un des bouts du Bout de l'être, ce qui revient à dire que tout cela s'arcboute sur l'exister et le seul unique et instantané présent.

Il est donc arrivé, immédiatement et même instantanément (tout ce qui est structurel relève de l’instantanéité, du pur et brut et unique et unilatéral présent), que sitôt découverte la structure se donne entièrement ; par dieu, l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel. Ce qui est formel est entier et rond comme un ballon, si l'on peut dire. Nous avons, pour le dire, directement, absolument et intégralement découvert la forme même du réel brut. De toute manière dès que l'arc apparaît dans son propre champ, il se-sait ; ce se-savoir (dont Descartes est le sur-initiateur, après dieu, l'être universel, le christique) n'a pas à entrer en connaissance ; mais son acquisition provoque, en chaîne, quantité d'intentionnalisations à chaque fois et martèle la réalité. Il est le marteau et elle est l'enclume.

C'est la forge du réel que nous avons immanquablement découvert depuis 3000 ans (et cette découverte ne se peut que si elle s'invente, se crée, continue la Création, évidemment ; c'est tout entier le but), ceci sans préjuger de la saisie du dispositif-sujet ; dont on a admis, une fois pour toute, que seul il est susceptible de relever le seul défi qui vaille ; modifier la Possibilité, continuer la perfectionnement universel absolu, puisque seul un tel « sujet », dont on a que le début du commencement de sa capacité, seul un sujet peut modifier sa propre causalité, donc on admet que le réel est cela même qui se-modifie.

Et ce qui s'impose dans le champ de la perception via dieu, l'universel, le christique, le sujet et le réel c'est qu'il existe, dans le champ, non seulement des choses, des signes, autrui ou le langage, mais au moins Un Point qui n'appartient à rien. Et donc le christ est mort ; il est parti. Mais il perçoit. Le sujet, cartésien, est intemporellement suspendu selon sa propre intention. Le je sartrien est déjà mort (Huit-clos) et il (se) voit. On ne peut pas voir autrement qu'en un je, inutile de faire comme si (la science est limitée dans son ordre même, il n'y a pas d’objets infinis, mais délimités). Même si c'est ce je qui se trompe. Mais se trompe-t-il vraiment ? Est-ce que l'on se trompe vraiment ne serait-ce que d'un iota ? On se trompe sans doute comparativement à la science, à propos de tel ou tel objet, mais à propos de la vie prenant une décision irraisonnée, est-ce que l'on se trompe ? Qu'est-ce que l'erreur en ce cas ? Existe-t-elle ?

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Interstice au-delà du Je

1 Août 2020, 09:37am

Publié par pascal doyelle

Il faut reconnaître que l'espèce humaine n'est pas à la mesure de l’articulation de conscience.

Il s'agissait de ne pas perdre le fil, la ligne du possible de telle sorte que malgré le monde et par le monde (malgré le vécu, malgré le corps) la structure de conscience demeure intacte et toujours recelant son brut et pur potentiel.

Que donc une fois acquise la structure de conscience, on ne s'égare pas dans les déterminations. Et fondamentalement que l'arc de conscience puisse continuer de reposer sur lui-même, et non pas que le champ de conscience, d'intentionnalité induit par l'arc de conscience, soit subordonné à l'attraction du corps, du donné immédiat, des réalités, des intérêts du monde, des désirs et autres fantasmes et imaginations.

Si l'arc de conscience doit conserver son articulation, alors aucune détermination ne doit prévaloir sur l’articulation elle-même ; ce faisant on obtient le maximum d'amplitude de l'activité de conscience. L'exemple demeurant la révolution qui instaure le principe (double) liberté-égalité, ce qui veut dire la mesure de l'un par l'autre et réciproquement. Mais c'est également ce qui est supposé de toute œuvre ; un roman, une esthétique ou une poétique, ou un éthique ou une politique (qui entrent dans les œuvres comme telles) s’adressent uniment à chacun en tant que chacun ; toute œuvre creuse la réalité jusqu'à atteindre le point-qui-perçoit.

Ce qui suppose d'abandonner le fantasme, la rêverie, l’imagination qui s'empruntent des choses et des affects, du corps et des désirs divers. On ne peut pas glisser de la structure à quelque réalité non formelle ; une réalité non formelle c'est celle qui n'entre pas dans l'intentionnalisation,dans le rapport, dans l'universel, dans le regard comme regard. Ainsi un mot désigne une chose mais disparaît dans la chose, tandis que cette chose prise dans une loi, une universalisation, un rapport devient beaucoup plus grande ; c'est ce que pèse l'idée ou l'essence des choses qui outrepasse toute chose particulière. Le tomber amoureux du moi voudrait bien que son objet d'élection soit saisi, mais ce désir tombe régulièrement dans la matérialité ; ce dont on ne retient jamais rien. L’éblouissement était le mirage alimenté par la structure de conscience, par l'intention que l'on en avait et qui destinée au monde, aux sensations nous possédait. On rechigne en vérité au tomber amoureux, parce que chacun sent bien que c'est l'emballement qui nous fléchit, et on voudrait l'entretenir, mais c'est l'arc de conscience, le champ intentionnel qui foudroie la réalité, la réalisation, la matérialisation de cette intention-là, et la réalité, le vécu ou le corps ne retiennent pas l'arc de puissance, de potentialité, de capacité.

Puisque cet arc est cela même qui crée notre perception, on ne peut sérieusement songer combler le vide formel qu'il provoque par quelques données situées dans le monde, selon le vécu ou le corps. L'intentionnalité, notre spécificité, reprend la perception du vivant, son corps, ses sensations, tout ce qui peut venir du monde ou du corps, mais l’ensemble réinstallé dans le nouveau champ de perception signifié ; un signe accolé à une perception qui relance celle-ci et mêle les unes et les autres, et les perceptions entre elles et les signes entre eux, et tout autant sinon plus permet de produire une unité de « soi » puisque l'ensemble des rapports que tisse l'intentionnalité est centralisé et rendu à soi-même comme rapport ; c'est le rapport à ce « soi », ce « soi-même » qui permet de gérer mais aussi de produire, d'inventer, de créer de nouveaux rapports et donc même si au début, pour chacun, les rapports sont reçus, en état d'enfance, il suffira de l'ouverture d'un rapport intérieur pour que tout se décuple ; dès que l'on se découvre comme unité soi-même, durant l'adolescence, lorsque le désir force en vous une unification ou une représentation de soi perçu du dehors, par autrui, par les autres consciences et que l'on parvient à se décentrer par rapport à soi-même (en se percevant extérieurement, de là le bouleversement qui s'impose aux adolescents, ils passent d'un sentiment d'eux-mêmes à une perception autre de leur « moi-même »), alors ce décentrement devient, s'instancie comme rapport justement.

Un tel rapport inclus sa propre altérité alors que l'enfance nous imaginait tout entier et sans scission intérieure, cad sans intériorité au sens net ; ici on ne nourrit pas seulement une pensée à soi (une dissimulation enfantine par ex), on est/se perçoit selon un point autre et tout à fait étrange. C'est intégralement différent ; cela ouvre mais aussi terrifie toute conscience adolescente. Et il se peut même que l'on éprouve une difficulté très sèche, mais aussi qu'il y ait impossibilité en quelque part. Parce que la psychanalyse nomme « castration » acceptée l'abandon des objets idéaux, mais en vérité il s'agit bien plus clairement de se décentrer soi, et d'abolir l'immédiateté qui s'imaginait lorsqu'enfant.

On ne pourra plus rien atteindre, adulte, de même manière que le désir passait immédiatement dans le monde lorsqu'enfant. Et il ne s'agissait pas de sexualité mais de tout le corps, c'est seulement ensuite, lorsque se sera imposé une intériorité (qui naît du désir et de la représentation de ce désir pour et par autrui) que le corps d'autrefois sera ramené à la sexualité ; réduction du Corps (qui n'en finit pas d'être vivant) à un organe. Sauf lorsque justement il n'est plus de désirs possibles ou à tout le moins plus de renouvellement du désir ; le malaise ne vient pas de désirs contrariés mais de la répétition d'un même fantasme, d'un signifiant qui empêche qu'il y ait pluralités et substitutions du désir.

Et cette pluralité, tout sera formellement médié, re-lié diversement en une existence, si tant est que cela nous arrive ; mais cela qui n’est pas certain, et on peut se tromper mille fois, ou trahi et nié cent fois au cours d'une vie. Ce qui réactualisera la douleur, la souffrance que, non, décidément nous ne sommes pas un « nous-même » immédiat mais perçu du dehors et ce dehors est inadéquat, inadéquat au désir ou au sentiment ou l'affect que l'on éprouve et qui envahit le corps, tout l'esprit et toute la perception, sauf qu'au sortir de l'enfance toute cette facilité se révèle comme fausse et même risible ou ridicule. C'est une douleur abjecte de se déjeter hors du moi d'enfance, parce que ce que l'on perçoit alors, du point de vue de l'autre, c'est cette pauvre chose dérisoire que l'on est (Sartre explore toutes les nuances de cette scission de soi, puisque pour Sartre la conscience singulière-universelle est elle-même autre que le moi qui n'est juste qu'un objet, une chose dans le champ, universel, de perception de l'intentionnalité). Ça n'ira pas en s’améliorant au cours de la vie vécue.

Comment désirer la fadeur ou le misérabilisme de la vie vécue ? Pourquoi nous donnerions-nous du mal ? Que l'idéal soit une rêverie, soit. Mais que la vie vécue soit cette chose-là … cette chose geignarde, cette chose qui se plaint.

Cette chose douloureuse et le choc du regard non seulement des autres (ce qui peut se renier, pour peu que l'on tienne à soi, et nourrisse une relative hostilité, ou en bref un minimum d’amour propre … ou de ruse, c'est très utile la ruse), mais le heurt du regard-autre qui semble régner indubitablement sur le monde (par exemple le monde de Céline ; les humains veulent votre peau, rien de moins et le corps se traîne sur la route, n'en pouvant plus déjà dès le début ; il était médecin, sa vision extrêmement biologique, comme il se devait pour son œuvre).

Et donc on nomme scission ce que la psychanalyse désigne comme « castration », abandon des objets imaginaires ou des attachements et capacité de produire cependant de nouveaux objets, de fantasmes à peu près normaux (cad non psychopathiques, qui ne sont pas nécessairement violents envers les autres, ou sociopathiques, sérial killers et autres négateurs du regard-autre, destruction effrayante de l'altérité, mégalomaniaque, il ne s'agit plus de ruse ou d'amour-propre mais de haine brute, une haine qui veut contempler le résultat, réel, effectif). Le désir est donc, à proprement parler, non pas seulement de désirer (on peut désirer infantilement ou irréellement ou perversement) mais de créer et recréer des désirs différents ; bien que grosso modo chacun reste relativement limité, il faut d'abord que cette limite ne fige pas ou ne se rende pas elle-même presqu'impossible ou désagréable ou difficile ou répétitive. Bref le moi, dans son organisation intérieure (ce que la psychanalyse examine, ces articulations internes) est prolixe dans ses inventions psychiques, , à moins de se scléroser, relevant du soin, inventions psychologiques diverses et pas nécessairement heureuses. Il invente autant selon sa névrose douloureuse et ses perversions en nombre, que dans ses désirs heureux. Voir plus … (de ceci cet immense catalogue de folies diverses, c'est quand même une collection toute entièrement inventée)

L’impossibilité qu'il y ait communauté humaine, parole partagée, monde perçue de tous, et voilà que la folie crie à plusieurs voix dans la tête du pauvre égaré. Perceptions et paroles se mélangent, en hallucinations, littéralement (les voix se matérialisent puisque la distinction de soi et d'autrui est perdue) et s'imposent dans l'extériorité ; ce qui est insensé.

C'est que l'altérité du regard, de l'autre intention, du point de vue qui détrône le moi immédiat et oblige l'adolescent a recomposer un « apparaître », un moi-même, qui soit traduisible aux autres et représentables ou qui puisse se glisser dans différents désirs suffisamment vivants et non répétitifs ou figés, et représentation du point de l'autre qui lisse quelque peu les bizarreries qui affectent chacun, et reconstruction qui peut également, parce que tout n'est pas négatif, l'élever.

L'élever.

Ça vient sans qu'on le veuille, tout à coup on s'aperçoit que, que l'on a saisi d'une vue d'un point-autre tout à fait étrange. Le suivra ? Le suivra pas ?

Oui de façon certaine, mais si l'on ne s'y accorde pas, ne s'y coordonne pas, il mordra cruellement tous les vécus, toutes les perceptions.

Et si on s'y accorde, certes on se retrouvera décalé par rapport aux autres, qui font si bien semblant. Les salauds disait Sartre. Ah mais on ne peut plus mentir si l'on ne se ment pas à soi-même.

Son élévation est bien une tendance puissante ; on s'intéresse à tout ou on idéalise telle discipline ou tel héros ou créateur ou religion ou engagement, dont on sait que Sartre en fit la capacité même, au sortir donc de l’enfance.

Or l'élévation ne se peut pas si l'on est seulement un-tel moi, assigné à son nom propre. Il faut, fallait investir ce regard et autrui et l'autre, et le grand autre : l'assomption, l'ascension de l'extériorité par l'universel, le sujet ; sinon on sera ramené à la pauvre chose, on sera toujours réduit à cette masse vivante. On a vu que l'arc de conscience, le corps ne la comprend pas du tout. Il est saisi, transi, intégralement divisé par l'intentionnalité qui contrairement au vivant ne perçoit pas de par soi, mais du dehors. Il n'y a pas d'horizon pour un vivant, mais son milieu ; il y a un horizon pour nous non de ce que nous percevons l'horizon mais de ce que nous nous percevons à partir de cet horizon, déchirés par l’altérité du point de vue autre, pris dans un rapport invraisemblable et hors de proportion ; dont on ignore « ce qu'il veut ». Comme le peuple juif face à dieu ; que veut-il ?Et donc jusqu'où va-t-on s 'élever ? Cela possède -t-il une fin, un terme, ou est-ce précisément hors de toutes proportions ?

On a cru que le monde, le vécu et le corps découvert par la révolution, comme une vague se retirant et mettant à nu le donné même, pouvaient s’idéaliser ; ce qui n'est pas illégitime en soi, mais il est impossible d'enfermer la structure dans la toute-réalisation réelle et effective de l'idéal sur cette terre. Lequel idéal est souvent bricoler, de bric et de broc, image jolie, rime facile, arrangement avec la vie.

Or on a réaliser, effectivement, tant et plus de l’idéal. Mais ce n'était pas ces réalisations qui comptaient. Il fallait donc parvenir à approfondir la dite structure. De la totalité des réalisations humaines il devait en découler une clarification, un resserrement de l'attention, une focalisation de l’intentionnalité ; autrement dit qu'il apparaisse enfin dans le moi (nouvellement inventé lui-même) un sujet.

Et ce resserrement, cette attention soutenue, celle-là même qui presse le moi, le vécu, le récréationnel, l'organisation humaine de se perfectionner (au point de tout épuiser, du moi ou de la nature), cette attention devait consister également en une plus grande précision ontologique, structurelle ; dans le registre même l'intentionnalité, de l'intention ; fallait-il agrandir le périmètre de l'universel ? Oui. Fallait-il que la liberté de chacun s'organise plus encore ? Oui. Devait-il se cristalliser une saisie bien plus millimétrée de l'activisme de conscience ? Oui. Sartre ne débute par rien d'autre (avant de promouvoir les sortes d'essences humaines du marxisme, qu'il peine évidemment à structurer selon le libre pur, dans CRD). Lacan poursuit l'enquête. Descartes inaugurait l'attention prolongée. Kant étendait la structure (dite transcendantale). Hegel dressait les deux tableaux phénoménologiques (de la conscience et du savoir).

 

Le sujet fut initié, lancé par le christique ; puisque le christique aboutissait, sciemment et prophétiquement, à ceci qu'il délaissait, qu'il abandonnait, qu'il, en vérité, confiait le réel entre nos mains (aidés par le Saint-Esprit et appelés par Dieu le Père selon la grâce, et nous ayant révélé dieu, « si vous me voyez, vous le voyez »).

Et c'est seulement donc au bout du Bout du cheminement, du long chemin historique, de tous les siècles, que l'on commençait d'être en mesure de saisir vraiment de « qui » il s'agit en cette formulation du sujet, et encore bine faiblement, puisque le dispositif-sujet, qui seul rend possible le perfectionnement infini, est originellement le réel pur.

Le moi rendu à lui seul, perdu, accuse le contrecoup de cette pointe acérée de la proximité intime (extime disait Lacan) du réel pur et brut. Lacan disait extime puisque tout le moi est jeté par lui au-devant dans l'extériorité (il n'y a aucune, aucune intériorité, sinon un faire-semblant, celui-là même qui rend possible que le désir ne cesse pas de s'écrire, sinon on se sclérose, ou qu'il puisse continuer de se signifier, au terme d'une analyse à peu près « réussie », réussie au sens de « on est encore coincé mais on peut faire avec »).

Le sentiment de déréliction, d’absurdité, de noirceur, de ténèbres, l’atomisation de tous, de chaque moi, le délitement d'y compris cette médiation qu'était l'humanisation ( au fondement de toutes les révolutions et de les Constitutions de toutes les sociétés humaines actuelles), peut-être l’écroulement du monde humain, aboutissant à cette dispersion et cette enténèbrement de toute la réalité par laquelle il sera demandé à chacun de puiser à même sa capacité, ou si l'on veut sa foi.

Parce que sinon c'est, réellement, le voyage au bout de la nuit, la mort et la dispersion qui ne mène rigoureusement, avec une mauvaiseté et une noirceur inhumaine, sans attente, sans porte de sortie, une pièce noire et froide et qui dissout les chairs.

Il ne nous resterait plus rien, sinon la source, nue, dépouillée de tout puisqu'ayant absolument tout réalisé.

Nb ; la déréliction, la dite noirceur c'est justement ce dont nous averti le premier, le un tout-seul ; c'est dans les ténèbres que le christique est jeté et par les ténèbres qu'il est délivré.

Nb ; il est hors de question d'imaginer conquérir l'univers, c'est beaucoup, beaucoup trop grand et le plus proche est déjà trop loin ; il est impossible d'imaginer briser le cadre de l'espace-temps, qui rend tout possible, et les enferme ; les distances et les temps sont trop énormes pour entrer en communication avec qui que ce soit ; il faudrait supposer que les civilisations puissent durer 3, 5 ou 10 millions d'années, ce qui serait encore peu mais déjà bien au-delà de toutes les suppositions ; nous sommes dans un univers sans mémoire, la mémoire, si elle existe, n'est pas dans les choses ou les réalités, n'est pas de ce monde-ci.

Nb ; la seule version réelle de l'enfer est ce royaume dominé par la seule liberté ; la liberté, sans l'égalité, est la mise en concurrence de tous contre tous. Sans aucune solution intermédiaire, aucune médiation ; et donc également chacun livré à l'image, Hollywood par ex, internet, la médiatisation qui n'est jamais et en aucun cas la médiation, la répartition, la justice. Chacun livré, dans le noir, aux images, isolé, horriblement obnubilé, lorsque la conscience s’abandonne, à son inconscience.

Puisque le christique crée de fait les conditions initiales (ou donc il initialise le grand passage des contenus vers la structure-qui-crée-tous les contenus, laquelle structure vient au-devant, sur la scène, qui se révèle ainsi comme étant La Scène elle-même : l'arc de conscience arcbouté sur l'arc du présent), c'est toujours dans le même pré carré que tout se joue, puisque c'est le carré-réel du cercle entièrement se-mouvant (on n'a jamais pensé en dehors de la pure et brute vérité, du réel, puisqu’il n'y a que cela ; le réel).

Aussi nomme-t-on sans aucune hésitation cette capacité de la structure en tant que foi, conversion aussi bien philosophique et universelle que christique ou singulière ou dimensionnelle ou fonctionnelle ; fonctionnelle signifiant alors (si ça n'était pas du tout dimensionnel, si le présent n’était pas la dimension méta-réelle pour ainsi dire, indiquent vers-le-haut) fonctionnel (non dimensionnel) signifiant que l'on ne viendra à bout de notre que si, justement, on reconnaît qu'il est d'ex-sistence et non pas selon l'être (et qu'il est inutile de chercher à toute force la « satisfaction » puisque sa fonctionnalité ne peut pas, ne pourra jamais se satisfaire de quelque donné que ce soit).

Fonctionnel veut donc dire que l'on ne résoudra pas les problématiques engendrées par la révolution et la auto-organisation de l'espèce humaine (par le principe double liberté/égalité qui est infiniment plus précis et inventif que n'importe quel autre, qui avance beaucoup plus loin dans le détail du monde et dans la réalisation des intentionnalités) en usant des moyens secondaires produits par cette révolution (la techno-économie, les sciences, les médias, la consommation, etc) ; mais par un recours bien plus structurel. Si on ne parvient pas à élaborer le structurel en lui-même (fonctionnel) on ne sera pas en mesure de contrôler notre intentionnalités (n'actualisant même plus le principe de liberté/égalité, l’universel, perdant le contrôle de tout donc) qui restera prisonnière de ses intentionnalisations en tous sens.

Aucune régulation donc sans la compréhension au moins fonctionnelle de l'arc de conscience (qui crée tout ce que nous voyons et donc désirons au sens large). Mais il vaudrait encore mieux en acquérir une compréhension dimensionnelle (et non plus seulement fonctionnelle).

Que l'on ait cru réaliser idéalement notre « désir » dans le monde, depuis le 18éme, est une absurdité.

De là que toute la bonne vision que l'on a eu, se métamorphose en cauchemar, en enténèbrement de notre conscience ; et ainsi de tout, alors même que sans doute aucun « nous ne sommes pas à plaindre », sauf en ce qui concerne notre attente, qui est trahie horriblement, par elle-même ou autrui ou la « société » ou l'histoire ou le désir, etc, bref par tout ce qui se rencontre (et déjà par la puissance de l'arc dans un corps vivant qui n'y comprend rien, Lacan) ; puisque là dedans « elle n'y est pas » et n'y sera jamais ; se pose immanquablement la question ; où est-elle notre attente ? En et par quel « lieu », sinon le lieu de tous les lieux, le présent. L'insatisfaction, puisque ça n'est pas de cela dont il est question réellement.

C'est somme toute ce que signalent Nietzsche ou Kant ; que « ça n'est pas de l'ordre de l'effet satisfaisant », puisque ça n'est pas un effet. C'est la cause.

Se tenir dans la cause (ce qui est extrême et extrêmement difficile) c'est agir non selon ceci ou cela d'extérieur (une cause du monde, qui est elle-même un effet, médié mais un effet) mais naître toujours de la même Cause (il n'en existe qu'une, l'exister).

Ou dit autrement ; il n'est pas moyen de se tenir d'une cause libre, sinon de se tenir de la cause même, d'agir afin d'agir, de décider pour décider (ce que Nietzsche qui manifeste, exprime, permet l'expression de l'auto-affirmation repère absolument, cad formellement ; il s’en rend compte si bien qu'il doit nommer « volonté » ce dont il tient sa seule volonté, référant par là que cette fois là elle ne tient pas des effets mais le plus purement possible de la cause seule, qui déferle « pour rien »).

or c'est effectivement de cette hors-volonté qu'est la seule volonté que l'on sache ; soit donc l'intentionnalité, qui est bel et bien la volonté avant la volonté ; la volonté qui conforme le champ de perception bien avant la décision ou bien avant l'expression ; le secret des secrets est seulement que dès la perception cela se joue et antérieurement à la perception en cette prédisposition, qui jusqu'alors était réservée au christique ; c'est pour cela qu'il est « parti ». La volonté qu'il embarque et nous envoie (sous la forme du « ne pas céder », ce qui veut dire continuer la foi, quelles que soient les raisons ou déraisons du monde et de la vie, puisque ça n'a pas de rapport, le rapport antérieur est toujours autre et plus grand que tous les rapports qui suivent, tous des effets) s'effectue à partir du hors monde, hors vécu, hors corps. Elle est évidemment le je qui suspend le moi.

Il n'existe qu'une seule cause. Et si l'on croit détenir une cause dans le monde, c'est que l'on ne voit pas qu'il s'agit d'un effet d'effet. Et c'est parce que nous-même sommes arcbouté sur la cause elle-même que l'on peut inventer des effets en plus ; modifier les conditions de toute situation et transformer la situation elle-même. Et même créant de nouvelles causes (qui s'ajoutent aux effets donnés), cela se retourne contre nous à la toute fin, puisque ça ne laisse même plus à la cause unique et antérieure la possibilité de s'exprimer ; tout est censé être rendu manifeste, exposé, et la structure, elle, n'est pas de l'ordre du monde, pas non plus de l'ordre du vécu, ni selon le corps.

Et donc nous ne cessons de mal comprendre ce qui est en jeu ; au lieu d'agir en, par et pour la cause (unique) nous nous déplaçons dans les effets et nous ne pouvons remonter dans le réel, dans le fonctionnel (ou le dimensionnel), demeurant les jouets du monde, du vécu, du relationnel et du corps.

Le point-autre (et son déploiement, son élaboration, son créé, sa possibilité) nous demeure non-accessible. Sinon de par les sortes d'aperception de dieu, de l'universel (cad du rapport), du sujet et du réel. De sorte hors de ceci toutes nos compréhensions (et nos décisions et nos intentionnalisations et donc nos perceptions) bifurquent vers le bas.

Ce point-autre c'est cela qui nous était révélé ou découvert par dieu, l'universel, le christique, le sujet et la révolution (comme principes générateurs de l'historicité pure et brute).

Le je est la jointure au-delà du moi en direction du sujet.

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