Approfondir
Puisque le néant et l’être existent équivalemment, le principe du réel (génériquement parlant) est le possible.
Seul ce qui existe comme rapport peut supporter (et activement) le possible brut. Si le possible est la règle, il ne peut exister qu’activement. Et un rapport est de fait et structurellement actif.
Si le possible est le réel de tout ce qui est (génériquement parlant) alors le possible est cela même qui devient.Tout le reste est déterminé et donc périt.
Qu’il existe un devenir du possible, suppose qu’il soit un « être », et donc un être non-déterminé.
Ce qui n’est pas du tout une évidence, on le conçoit, mais précisément l’indéterminé est désigné ici comme le réel même (et à la base « le fait d’exister » est l’indéterminé fondamental et par définition, structure, évidence comme on veut, indéterminé unique).
On a qualifié deux réels, au moins, qui ne sont pas des réalités (déterminées) ; l’arc du présent et l’arc de conscience. Il est curieux que l’on n’ait pas plus interrogé la « conscience » comme telle, l’identifiant probablement à la « connaissance », cad la pensée, et la supposant spontanément en tant qu’horizon ultime (celui par lequel on comprend tout le reste, et qui en soi devait, devrait explicitement s’expliciter, en transparence). La pensée pense, et dans la pensée résiderait la « conscience ». Mais aucune idée n’est plus grande que l’arc de conscience ; dieu n’est pas une idée, l’être n’est pas un objet, le réel n’est aucune des réalités.
On a vu que la « conscience » est en elle-même indérivable (de quelque autre horizon que ce soit), sauf qu’elle est en tant que telle le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même ; celui en et par lequel toute autre sorte de rapports peut, potentiellement, se manifester ; y compris l’exister…
Puisque l’exister qui doit supporter le Possible-même est, au mieux (et autant que l’on sache) exprimer en, par et pour un sujet ou une structure-sujet ; puisque seul un sujet, dit autrement un rapport à (soi), n’annule pas le Possible mais le double, le triple, le quadruple, etc ; il est le Possible indéfiniment possible étant entendu qu’aucun contenu, identité, réalité, ne réabsorbent le rapport. Le rapport ou le possible sont les catégories fondamentales.
Dieu, la pensée, le christ, le sujet, le réel supposent le renouvellement absolu et formel de tout. Le rapport, si il est le-réel, suspend toute réalité, toute détermination dans sa possibilité.
Conséquemment ce que l’on nommait depuis l’être et les grecs, l’universel, revient à une des séquences de ce « rapport ». Tel que lui-même il se décrit ; il est en capacité de se décrire puisque c’est un rapport et qu’il ne peut pas ne pas savoir son activité ; on dit « ne peut pas ne pas savoir », en opérant une distinction ; en ceci qu’il ne connaît pas ce qu’il fait (en terme de « connaissance ») mais qu’il le sait (en terme de se-savoir).
Or réfléchissons bien que s’il est rapport, il n’identifie pas du tout ce rapport qu’il est ; si l’on veut pour faire image, il est un mouvement, se constate comme tel (qu’il se désigne comme dieu, pensée, sujet ou réel), mais ne connaît pas « où » il va. Puisqu’il n’existe pas de fin assignée (qui sortirait on ne sait de où) mais que la fin, la finalité se crée du rapport lui-même en tant que brut ou pur agissement, activité. Lorsque Descartes annonce que la liberté est à elle-même sa propre réjouissance, cela paraît tautologique et comme d’un semblant, mais en vérité il faut comprendre qu’elle ne s’obtient pas seulement comme sa propre fin, mais qu’elle se saisit de soi afin de s’exercer ; ce qui veut dire que produire de prochaines finalités ; Descartes qui prévoyait l’utilité de la raison instruite à partir du sujet, ce qui veut dire des sujets (maître et possesseur de la nature afin de soulager les hommes, médecine, science, mathématiques, morale de l’estime juste de soi, etc), ne laisse pas de penser, d’envisager l’action.
Puisqu’il saisit spontanément que le tissage des rapports effectivement réels a commencé. Il a obtenu le point net planté ici même et maintenant, au centre du monde donné là.
Rappelons ce qui est fondamental ; on ne sait pas ce que l’on veut. Notre véritable intention doit être prise de très, très loin ; de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel, etc (ou de la poésie par ex). Parce que c’est un rapport et que l’on ne tient pas le Bout du rapport (et ce faisant l’autre bout n’est pas plus clair). C’est le passage de la Loi (judaïque) à l’Intention (christique) ; de la condamnation au pardon (sous condition évidemment, imposant de travailler notre intention, de l’éprouver, en termes d’affects, et de la comprendre, mettant en œuvre tout ce que l’on sait). Ou donc ; on n’épuise pas notre structure si elle est un rapport ; le « rapport » est tout à fait in-fini (de même que la négativité de Hegel ou le nouménal, etc, tout cela ne vient pas par hasard ou pour combler les trous ; c’est en soi un trou dans la réalité, dans le donné là, qui est tout déterminé, sauf cette mise en place de la perception qu’est le champ intentionnel, avec, au beau milieu, un vertige, un gouffre, un néant, comme il fut dit souvent, et ici un être formel de structure).
Et en somme d’assurer ces libertés dans leur juste et vrai et aussi véritable exercice. Descartes, puisqu’ayant réglé les autres problèmes philosophiques, il s’agissait d’agir dorénavant. Ce qui eut lieu.
Chacun relevant de sa propre liberté, dotée ou douée de générosité et puisque le sujet forme un Un dorénavant, pourquoi se passionnerait-il pour la bassesse et le sordide, la petitesse et l’inefficace? Sinon de ce que croyant manquer quelque chose, il s’éprenait de n’importe quoi ; en se bricolant à la hâte un moi imaginaire. Chacun doté de sa propre liberté, de sa propre liberté de jugement, ce qui étend considérablement l’usage de la raison, qui n’est plus enfermée en quelque « système » ; au point que viendront les idéologies, des systèmes accrochant (théoriquement) à la réalité en cours (la réalité en cours libérale ou marxiste ou socialiste, puisque là aussi il faut acquérir des résultats ; l’ensemble étant guidé par la concrétisation, rappelons-le, de toutes les internationalisations possibles ; de l’entreprise économique et la société civile aux représentations et, donc, aux vies vécues individuelles, apogée à partir des années soixante, quelles que soient les dérives, le niveau général augmente parce qu’il énormise les vies personnelles, et donc aussi le relationnel humain, qui ne pouvait pas se cantonner à l’universel, qui paraît dès lors abstrait à tout un chacun, et quand bien même cet universel est, de fait, oublié, délaissé, moqué, ridiculisé. Cette mécompréhension de la liberté tombe sous le sens ; le sujet, la liberté donc, est une telle acquisition qu’elle est celle qui « repose sur soi-même » et tend à se considérer au fondement (elle ou chacun se rapporte à-soi, résumant, rassemblant tout ce qui précède en un point, qui est, également, un raccourci temporel, une émergence hors du temps, ou donc à soi-même son propre temps).
Cette acquisition de soi était déjà le christique (qui remodèle tout le créé dans la nouvelle eschatologie, qui contient tout aussi bien le messianisme sociétal), mais évidemment en élargissant totalement via les deux voies ; l’égalité (de toutes les libertés) et l’historicité ou le temps (l’alpha et l’oméga, celui antérieur à la création et celui à qui revient toute la création).
Le temps ou donc le déroulement même de tout ce qui est déterminé en ceci que la structure même du Rapport amène absolument, cad formellement, à distinguer. La distinction est cela même qui constitue la détermination ; dans un rapport le premier segment est autre que le second, et conduit au troisième, etc. Soit au déroulement indéfini de toute détermination. Le rapport est ainsi instantanément (ce qui veut dire plus qu’immédiatement, et donc est constitutivement) rapporté au déterminé en tant que tel. Conçoit-on une « réalité » non déterminée ? Non.
La plus intuitive sensation de cette intrication ; conçoit-on un moi-même sans ce corps vivant ? Non. Des signes sans le champ donné là de perceptions ? Une humanisation sans représentation et sans expression ?
Dans la mesure où le christique dégage soudainement la vue, la vision, de chacun, il re-devient le Vivant (tout ceci est dit explicitement, et ne cache rien, d’il y a 2000 ans) ; et donc par ex le nouveau-corps. Ce corps qui publicitairement et de lui-même spontanément sera parcouru d’objets et d’images. Et non plus de signes, mais qui fonctionneront comme des signes et d’un renouveau de plus en plus bigarré et envahissant et donc produit, industriellement, par les-autres-consciences ; l’objectivité ou la technologie masque la domination, et tout autant chacun en « profite », souvent agréablement mais globalement délirant, puisque fantasmatique, et n’apprenant (plus) rien de soi-même, distrait en un mot, dirait Blaise.
Rappelons que dieu est l’intention initiale ; auquel les juifs, comme nous, ne comprennent rien. Il est le rapport qui doit surnager au-dessus (et ensuite au-delà) de toutes les déterminations et subséquemment l’intention avant mon intention ; perdre le fil de dieu c’est tout effondrer, puisque cela empêche de relier les rapports entre eux, à un niveau suffisamment élevé. Ce qui s’affirmera christiquement ; puisqu’alors l’intention s’impose à toute vie vécue, individuellement ; c’est même par ce point tout à fait autre (après la mort) que se constitue le champ « ceci est ma vie », et la question de « quelle est ma véritable intention d’exister ». L’architecture universelle structurelle (celle du je, qui contient l’universel) est noyée, engloutie par le monde des mois, ce qui veut dire la production images-objets.
Cependant donc lorsque le sujet produit le moi, il est clair que la montagne accouche d’une souris ; sauf que sans ce moi, pas de je, et donc pas de sujet (autrefois le groupe remplaçait le sujet, ou faisait office de vérité et de véridicité : dieu intervint, détruisant toutes les images-idoles, et créant l’alliance, soit donc la séparation et la reconduction du réel au second niveau, la communauté qui sera celle du saint-esprit, le troisième divin).
Le moi et ses substituts ; le moi lui-même en vient à produire constamment ses propres substituts, les objets de son (trop) fameux désir ; alors qu’en vérité on ne désire rien du tout, sinon pour passer le temps ou pour « déconner continuellement » comme on a dit déjà. Chacun des objets étant obtenu des images (Debord) et ces images de l’égalité ou plus exactement de l’inégalité … de la hiérarchisation (médiatisée par les images-objets, surréalisme au fondement) ou de ce que Hegel nommait la reconnaissance ; en quoi le christique opposait que lui seul est la seule « image » qui vaille et conduise et manifeste le vrai rapport ; sans le christique chacun est en opposition directe, lui seul médiatise et donc absolument, puisqu’il est, quand même, dieu lui-même, on l’oublie facilement.
Le sujet de ce fait contient le rapport, cad l’universel, ou par exemple le langage (tout signe est déjà en lui-même, en structure, une universalisation, un signe n’est pas ‘en soi’ (et donc forcément dans un système, ce qui n’empêche pas son utilisation et encore moins son utilisation inventive, au contraire) ; c’est justement la malléabilité des signes qui sont articulés sur l’horizon réel ou sur une série d’horizons artificiels (comme ils le furent en tant qu’horizon de groupe, de communauté) qui rend à soi-même le sujet lorsque celui-ci est instancié dans la représentation humaine (à partir de l’arrière-fond de l’État romain doté du christianisme).
Au travers du langage (ou de la pensée) on ne saisit que le flux (comme le montre Hegel) sans aucun terme (l’être, le Bien, le Un, l’esprit, etc, qui désignent des mouvements, ou si l’on préfère des horizons et lesquels chacun en son essence ouvre ou ferme des rapports possibles). Mais ce mouvement est lui-même détectable et analysable (en tant que mouvement et non comme succédané) ; et c’est, surprenamment, cela même qui est véritablement désigné depuis le début par dieu, l’être et la pensée, le christique et le sujet cartésien, la révolution et le réel.
La parenthèse « philosophique et métaphysique » ne dure que jusque Descartes ; puisqu’alors on passe à la philosophie, certes, mais ayant élu un autre « objet » ; Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan s’en prenant gaillardement au « sujet », à la structure-de-conscience.
Et, entre-temps, Spinoza, Leibniz, Schopenhauer, Nietzsche, Heidegger, Freud, Bergson qui tentent des ouvertures hors ou anti sujet.
À partir de Descartes on nomme cette réflexivité ontologie (puisqu’il s’agit d’analyser ce qui se passe ici même dans l’activité de conscience ou ensuite d’intentionnalité), et précédemment de métaphysique, laquelle, grecque, est à la fois troublée et étendue par l’hypothèse « dieu », la théologie.
Donc monothéisme, métaphysique (grecque), théologie (chrétienne), ontologie (moderne depuis René).
Dans les trois cas (qui n’entrent pas en contradiction, puisque rien ne peut manifester le réel si celui-ci est rapport structurel) les tentatives qui sont également donc des explorations
d’une même structure, nommée en dernière instance « conscience intentionnelle »
mais aussi bien dieu intentionnel,
pensée en réseaux d’intentionnalités-idées-systèmes,
réflexivité-retour-sur-(soi) s’interrogeant sur ce « soi » (de Descartes à Lacan)
et le réel impliqué par cet être-existant
(le Créé par dieu, l’être par la philosophie, la re-Création christique, l’étendue-monde cartésienne, le nouménal kantien comme dimension, la négativité comme structure invisible et agissante hégélienne, le flux de tous les rapports husserliens, la distinction pour-soi/en-soi sartrienne, le réel-inconscient lacanien).
Et évidemment les suppositions de ceux qui ‘niant le sujet’ pensent effectivement basculer du côté de la Volonté (volonté hyperbolique qui s’objective en tant qu’autre), de l’Être (et non pas en tant que grand Étant déterminé), de la durée ou du temps, ou plus loin de la substance spinoziste ou de la monade leibnizienne ; examinant donc la compossibilité, comme dit Badiou, des réalités ou des substances ou des multiplicités ; si on suit le lien, la liaison entre indétermination (formelle) et déterminations (réalités) on ignore effectivement l’intrication (de la substance une, des possibilités ou de la multiplicité).