Feuilletage du réel
Il faut bien s’étonner des extrêmes possibilités qui furent ouvertes et que soi-disant il faudrait mépriser. Il n’est pas normal qu’il y ait eu, au long de l’histoire, des révélations et que celles-ci impliquèrent excessivement l’effet de nous créer ; ça n’est pas normal, c’est stupéfiant. Dieu, l’être, le sujet (christique, cartésien et la révolution) et l’altérité se sont abattus sur la tête de la petite humanité et du pauvre moi. Et ils n’en sont pas revenus.
Au point de dresser un barrage envers et contre l’ampleur qui eut lieu. Et ce barrage c’est la limitation, en fait absolument stricte et intransigeante, la limitation entre l’ampleur de structure et la petitesse du monde réaliste humaniste personnaliste.
Sans doute l’effet absolument sidérant de la structure (dieu, l’être, el sujet puis l’altérite) devait aboutir à un monde humanisé et personnalisé ; mais il n’était pas dit que cette humanisation personnaliste finirait par se recroqueviller d’un horizon aplati. Il devait s’instruire dans l’humanisation un effet de structure ; qui échoua et qui eut pour toute révélation celle de l’existence, de l’horreur d’exister, de l'effondrement mental face à l'univers infini, du découpage de notre conscience en pulsions immédiates, incapable qu’elle fut alors d’élever sa Possibilité dans la ligne d'horizon des anciennes structures de dieu, de l’être, et du sujet. L’existence est certes la révélation, de l’altérité du réel, mais aussi l’échec de le relever.
L’invincibilité de l'horreur on ne peut le nier, puisque le réel est gouverné par l’altérité (la distinction de toutes choses et de tous les êtres, soit donc une souffrance et un extrémisme fondamental, au prix de quoi il y a distinction et possibilité même qu'un réalité il y a).
On a comblé comme on peut le franchissement ouvert par les structures ; empilant objets et mois, divers et variés, désirs et libérations, facilités et immédiatetés, pulsions et désordres mentaux du moi qui gigote dans les linges de son vécu.
Le moi attend son bonheur comme la science la vérité. Et tous deux s’enferment dans la limitation. Il n’est que le donné qui explique le donné, et le moi ne désire, si simplement croit-il, que réaliser ce qu’il est déjà. Que le monde humain et la science, le moi et le désir soient bels et bons, ne signifient pas que ça s’arrête là. La scie de la représentation décapite la totalité des mois en les basculant dans l’exhibition, la monstration ; soit donc en leur principe, tout appartiendrait au monde. C'est-à-dire à la mort.
Ça ne s’arrête pas là, et ça continue et ça continue ailleurs, et c’est même en cet ailleurs précisément que tout le fatras et déversement de monde ont une signification. On intentionnalise à partir du Bord et le Bord c’est le présent. Et le présent se dresse comme le tissage de tout ce qui est ; l'exister tricote l'être et se tient telle la forme pure et brute, très brute.
Tout n’est que parce que l’on signifie, et c’est la significativité qui oriente en plus de faire apparaitre. Ce ne sont pas les choses et les objets qui remplissent la forme du réel, ce sur quoi se penche l'esprit et qu'il connait adéquatement, plus ou moins, c'est la forme antérieure aux réalités qui est explorée et cartographiée par dieu, l'être, le sujet et l'altérité. L’exister n’est présent que dans la fine pointe, le reste suit. Et donc quelques-uns ressentirent le besoin de ne se vivre et percevoir qu’à l’extrémité des réalités ; sur la pointe du réel, sur la pointe, la surface primitive qu’est le réel.tandis que les sciences analysent le donné, la philosophie, la réflexion de notre structure sur elle-même , sur son champ de perception (y compris esthétique et poétique, éthique et politique, idéel et donc philosophique), ce champ est étiré comme d'un point vers une surface (l'autre-corps comme surface du corps du christ, originellement, la nation politique révolutionnaire plus tard).
Et ce qui signifie c’est l’intentionnalité ; le champ intentionnel reprend le champ de perception du vivant qui reprenait le champ de la matérialité inerte, etc, et n’existe pour nous un corps, un monde, un vécu, une société humaine que par l’intentionnalité qui tient tout cela à partir, vers, par la fine pointe intentionnelle ; aussi est-ce crucial de gouverner cette orientation et de ne pas perdre le fil.
L’essentiel est bien que l’on ne peut pas du tout espérer saisir la vérité du monde, puisque la vérité n’est pas dans le monde mais autour et que la forme « autour » du monde est le présent. Or pourtant ceci est beaucoup plus intéressant que de seulement connaitre la vérité ; il s’agit de la rejoindre, de glisser dans le champ de perception de l'humanité ou du moi, de glisser la dimension d'un champ structurel qui vient travailler le champ du vivant, le champ culturel (des mondes "clos"), le champ intentionnel qui se crée par dieu, l'être, le sujet et donc la conscience prise de son activité (on sait l'intention de dieu, on sait que l'on pense ou on sait que l'on se convertit ; il y aune volonté et décision d'adhésion manifestée et structurée) ; qui ne voit plus selon un monde, mais sait la possibilité qu'il a de produire, d'intentionnaliser, avec l'aide de dieu, selon la pensée ou par le corps christique individuel et relationnel.
L’exemple effarant est celui de dieu ; dont on ne comprend que difficilement ce qu’il veut, et qui réclame, non-paradoxalement (puisque c'est la finalité de faire-retour et de nous interroger), réclame notre concours pour avancer dans le monde, pour que Lui avance dans le donné, dans la réalité ; le réel veut s’inscrire dans la réalité. Parce que le réel est plus grand que lui-même et a fortiori c’est lui qui mène les réalités ; dont on ne trouvera jamais une totalisation quelle qu’elle soit, serait-elle sur le modèle de l’être grec ; dont on a vu qu’il fut dépassé mille fois par le christique et le sujet, puisque la structure s’est alors avancée sur sa propre dimension, qu’il était impossible d’en passer par dieu (comme la théologie) mais que donc il fallut créer le sujet, cartésien. On ne tient pas à telle religion, ou pensée ou système, on suit le trajet de la structure sur le fil du réel, sur la ligne de l'Autre horizon.
Que donc nous pensons et activité consciente, nous pensions la forme du monde, du vécu et du corps et notre position sur le réel (qu'il y a quelque chose plutôt que rien et que nous sommes nous-même autre que l'autre ; l'altérité distancie tout, brutalement). Parce que nous pensons par la forme elle-même qui est atteinte dans l’arc de conscience. Lorsque l’on pense, ce qui est tissé un réseau d’intentionnalités que l’on nomme « idées », on pense la forme, ce qui revient à élaborer l’architecture intentionnelle (ce dont se chargent les grecs, les systèmes sont des systématiques de champ de perceptions possibles) ; en fait il n’y a que la forme et tout le reste parait dedans ; ce que l’on nomme l’être est dans la forme, qui est l’exister, et dont nous éprouvons au moins un représentant : le présent. De même le christique étend le champ de positionnement ; il vous force à vous saisir naissance-mort et en-plus , du point -autre "qui vous voit" et comme il vous voit, il vous crée (puisque sa structure est intentionnelle).
Le présent est la forme des réalités et pour nous l’exister se manifeste en tant que présent. Il est ce par quoi nous non pas possédons mais accrochons la dimension ; or l’arc de conscience est constitutivement instancié au présent.
Sous-entendu : l’exister peut, hypothétiquement, s’étendre au-delà et sous d’autres formes ; que le présent ; le présent n’en serait alors qu’une version ; il y aurait un regard transversal qui ouvrirait dans la dimension dont le présent est un des feuilletages et que l'on joint par effort, par réflexion sur le point ou la surface du réel.
Ce qui revient à dire que nous vivons certes dans et par le monde, mais tout cela est positionné dans une dimension et le présent, soit la forme abstraite la ,plus puissante, est qu’un des effets de cette dimension ; et nous éprouvons donc évidemment tout ce qui nous vient du monde (du donné, du vécu, du corps) mais également ce qui nous vient et est manifesté dans et par la dimension instanciée comme présent et ceci en tant que l’arc de conscience est arcbouté sur, dans, par, selon l’arc du présent. Et arcbouté sous la forme du retour… du retour du champ de perception vers le corps, lui conférant une autre-surface disposée de signes, de mots, de langages.
Si on se demande de où les flashs nous viennent, c’est de là. Du splittage du réel, splittage qu’est le réel, présent qui dimensionne l’ensemble de tout ce qui se produit. Et si on parait affecter au réel une causalité, on a dit qu’il ne s’agissait pas de celle du monde ; raison pour laquelle tous nous recherchons l’ontologie adéquate.
Et par là nous sommes, ici, infiniment loin du pseudo cynisme ou nihilisme, qui n’est, de notre point de vue, que faiblesse et pauvreté. Indécision et inaccessibilité, inatteinte de soi. Et affliction qui s’entretient d’abord de l'éthique diluée (on y reviendra un jour), mais aussi de la déconsidération sidérante quant à l’historicité ; qui n'est pas une collection plus ou moins farfelue ou idéologique ; l’historicité est sérieuse et manifeste toujours très précisément le réel même : quoi d’autre? Que voulez-vous que cela puisse manifester ? Comme si la forme qu’est le réel était en mesure de se quitter… et étant entendu que c’est la Possibilité même, de tout, qui est en jeu, et comment se pourrait-il que ce ne soit pas justement l’exactitude absolue et formelle qui se tienne là, ici même, tout le temps, étant antérieur au temps lui-même.
Si l’on s’interroge sur la nature de cette exactitude ontologique, elle nous est déjà indiquée par le christique ; le christique ne surveille pas méticuleusement vos actes (c’est la Loi et le judaïsme ou la rigueur de l'être grec), mais vous estime selon l’intention ; parce que l’intention, infiniment plus étendue et souple et ponctuelle et insaisissable, est beaucoup plus précise et détaillée ; elle oblige à une organisation interne de la perception de soi, qui n'est plus perçu de l'extérieur et surtout portant l'invention et la création d'une perception décuplée ensemencée d'intentionnalisations qui créèrent l'historicité. Donc l’intention, christique (du sujet) est une technologie intentionnelle absolument plus performante que l’intentionnalité grecque, et qui explore et développe un champ intentionnel redoublé (raison pour laquelle le sujet va intégrer la totalité du discours grec).
On ne peut pas saisir le réel, puisqu’il est le splittage lui-même ; rendant possible qu’une réalité existe, qu’elle soit indéfiniment multiple et ce sans perdre son unité puisque cette unité est formelle (et non composée) ; dans la forme unique la multitude des contenus ; inutile de chercher à réduire la Possibilité à l’être, qui fut utiliser un temps comme introduction au splittage des intentionnalités (des idées) et à leur mise en forme, et inutile d’attendre de la science qu’elle saisisse la réalité qui est intégralement mouvement ou plutôt qui est, dans le mouvement initial, ce qui est mu.
C’est cela la cohérence du réel, et donc ça n’est pas du tout un Ordre (qui serait fixé sinon figé) mais un possible, et le possible même, la Possibilité. C’est la Possibilité qui doit être pensée (la pensée ne s’applique à rien d'autre, c'est pour cela qu'elle bute et revient incessamment sur l'être, le un, dieu, le sujet, ou quelque variation) et c’est ce qui fut fait ; ce qui explique l’impression fallacieuse de « vacuité » que caricature l’objectivisme, le réalisme ; on pense l’indéterminé parce que l’indéterminé est cela qui Existe. Croit-on que l'exister, le fait même "qu'il y a" ne soit rien ? Rien de pensable ? Que le présent soit juste un effet vide ? Si la forme "exister" se tient là, c'est la forme même.
Et entrer dans la possibilité (telle qu’elle fut expérimentée par chaque arc de conscience et quel que soit sa dénomination), c’est se splitter soi-même, splitter la conscience que l’on a de soi, qui s’imagine toujours comme une identité et qui en fait est un mouvement. Donc on ne saisit pas un bout du mouvement et même on ne saisit aucun des bouts du mouvement ; on est entre deux. Nous sommes le rapport lui-même et ce qui est rapporté n'existe que par le mouvement. Et penser la Possibilité n’est pas du tout une abstraction ; elle s’instancie comme Exister/présent et comme arc de conscience. Ce sont des réels effectifs. Ils sont l’effectivité même.
Or cependant ces réels sont formels et donc on ne peut pas simplement admettre que les dénominations conscience ou présent ou exister soient leurs dernières formulations ; on sait seulement que ces structures sont fondamentalement cela même que l’on vit, au sens que l’on existe ici même et maintenant. Au point, donc, que tout n’apparait que dans l’interstice du mouvement. Univers, réalités, mondes, vécus, corps sont désignés comme « êtres » mais l’être est, massivement, dans le mouvement, formel, du réel pur.
Donc il faut élaborer la compréhension de la forme et prenant conscience de cette forme comme telle on pourra la nommer dieu, l’être, le sujet ou l’altérité ; liste non limitative ; on ne peut pour le moment que cartographier ce dont nous sommes directement l’expérimentation ; même si, il est vrai, on tient plus précisément à cette tradition là, dite d’occidentalité, comme formulation la plus précise que l’on connaisse du problème ; l’articulation conscience/réel ; mais bien sur on en juge d’y être né et d’en saisir de l’intérieur les tenants.
Puisque c’est la forme qui juge de la forme on n’y atteint que dans la décision ou si l’on préfère l‘intention ou l’intentionnalité ; le réel existe sous la forme du sujet. Le sujet est une structure (qui s’est elle-même élaborée, déployée, tissée) et recouvre aussi bien dieu que l’être et l’universel, le christique et le sujet (et les sujets, puisque dès qu’il y un sujet, des sujets deviennent possibles, il se réduplique et qu'advienne la révolution), et enfin l’altérité ; soit sous l’ontologie étrange après Husserl (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan ; tout est autre, la volonté, l’Etre, le monde et les autres, le corps) soit en tant que découverte éberluée du monde tel que donné « là », devenu cet univers quasi infini (voire ces univers indéfinis en nombre) ou dans la même catégorie les réalisations en tous sens du monde, du donné, du vivant, des mondes humains et de cette historicité dont on ne sait comment la penser (Hegel déjà, Marx, ou pour l’intériorité Freud ou Lacan ou les existentiels, etc) ; bref altérité (qui suit dieu, l'être et le sujet) en tant qu’explosions du donné qui se déroulent là sous les yeux de chaque arc de conscience, transi.
Il est clair que nous considérons que depuis dieu, ou l’être ou le christique sujet ou le sujet cartésien, depuis, donc, que nous sommes jetés dans le donné là, l’histoire ou les autres (et non plus enclos dans tel monde particulier, telle communauté, telle parole-langage) nous faisons face à l’altérité ; la volonté de dieu est fondamentalement autre et exigeante ; l’être et l’universel exigent une conversion du regard, de la conscience (qui se doit à la pensée et dépasser son être immédiat), chacun doit quitter sa vie restrictive et adopter le point de vue par-delà-la-naissance-et-la-mort ; point christique du réel en tant qu’intentionnalité qui vous extrait de votre vie, puisque vous ne vivez pas, vous existez ; le champ intentionnel passe en plus du champ du vivant, le champ intentionnel outrepasse le moi en tant que vivant immédiat : vous n’êtes pas ce que vous êtes, autrement dit vous ex-sistez et il est impératif dès lors de commencer de dresser la stratégie intentionnelle qui va créer cette voie de l’existant (qui donc n’est pas sa mort, la mort est retirée de l’existant, sinon effectivement (cela on l’ignore) mais au moins structurellement).
Passage de l’être à l’exister
On peut encore croire, si on le souhaite, que l’on parviendra à définir l’être ou équivalent (serait-il multiplicités ou diffracté, etc), même en usant de paraphrases, mais en vérité et donc en réalité, dans et par le réel même, on voit bien que l’être, ici dénommé, est le présent, ce qui veut dire un Acte et qu’il n’est pas de sitôt définissable, puisqu’étant un acte il ne sait pas lui-même « où » il va, ou si l’on veut comment il sera. Sauf qu’étant un acte au début il sera un acte à la fin ; ce qui se manifeste en tant que perfection d’un acte ne saurait déchoir et perdre ainsi sa Possibilité (sa possibilité réside en son mouvement, qui seul est parfait, puisque ouvert au possible même).
On ne peut pas le définir mais il est identique à cela même que nous sommes ; en activité et un activisme assez effarant et même effrayant : tout est livré à l’altérité afin que l’altérité, ce qui veut dire la distinction, s’élève. Tout est activité. Tout se meut dans et par le présent.