Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

Quelque chose plutôt que rien

28 Septembre 2019, 08:24am

Publié par pascal doyelle

On l'a déjà dit, la question n’est pas « pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Parce que rien existe déjà, autant que ce qui est ; un néant infini (n’étant rien il est infini ou indéfini, qui est rien-du-tout et ne s'oppose en aucune manière à l'être), et un être potentiellement infini (qu’il y ait un ou mille univers). Et dans cet « être » (de manière générique et comme simple désignation générale) on a pu opérer une distinction ; l’être (à strictement parler) déposé par l’exister (plus grand que l’être toujours déterminé tandis que l’exister est indéterminé) l’être donc déposé par le présent qui déroule l’ensemble des réalités. La question du quelque-chose-plutôt-que-rien revient à ceci ; de tout l’être qui se déroule restera-t-il « quelque chose » ou rien ?

Puisque le néant existe effectivement , qu’il ne gène en rien qu’il y ait l’être (au sens générique) et puisque l’on a distingué dans l’être-générique, l’être à proprement parlé et l’exister, le présent déroulant l’ensemble de toutes les réalités (qu’il y ait ou non plusieurs univers ou un univers infini, tout indique que si le néant est infini, par concept pur, l’être l’est tout autant), alors, ceci étant tenu que le possible est le principe même de tout (ce qui est logique en soi, la « réalité » est forcément « le possible », le néant existe autant que l’être, l’être existe dans le présent, le présent actualise tout l’être et existe en soi comme dimension), face au déroulé du présent, au temps et puisqu’il est connu qu’un =jour tout équivaudra au néant glacé, mort, inerte de la dispersion, que restera-t-il de tout ceci qui en ce jour lointain aura disparu, sans mémoire aucune, plus aucune signe de quoi que ce soit ? Il est donc question de mémoire.

Rappelons que les choses, les êtres, les réalités sont comprises ici comme mémorisations du déroulé du présent. Une chose est ce qu’elle est et ces déterminations instruisent son «être » au sens strict de déterminé. Ce qui est toujours plu grand que toutes les déterminités, est le présent ; ce en quoi et par quoi tout est et existe ou a existé.

Et donc

Une idée n’a pas conscience d’elle-même. Le conscient n’est pas la conscience. Supposer que la connaissance se connait est absurde. Mais ramener le conscient à l’acte exclusif de conscience n’est pas éteindre l’objectivité ; c’est supposer que l’acte de conscience est suffisamment grand ou cohérent qu’il puisse admettre et même donc créer le conscient. Que donc la raison ou la science ou l’universel ou la pensée sont effectivement logés, comme quantité d’autres performances, dans le sujet.

Parce que si le conscient et donc la raison, ce que l’on désigne comme tel, depuis les grecs, et qui deviendra, un peu schématiquement, cette objectivité à laquelle se rapportait le sujet, suite à Descartes, si conscient et raison constituaient la substance même de la réalité, l’ensemble de toutes nos activités ne trouveraient pas preneur ; que fait la raison des centaines d’esthétiques extrêmement spécifiques et spécifiées, spécifiées au plus loin, au plus haut, au plus précisément perçu ? Peut-elle penser adéquatement la multiplicité d’une part (la détermination donnée) et la pluralité  (la déterminité spécifiée par une cohérence en conscience) ?

Si l’arc de conscience existe avant le conscient et la raison, et qu’il existe après, et qu’il constitue la substance même de tout agissement et de toute réalisation, dans le monde, le donné, le vécu, alors il n’est pas substance mais rapport. Il n’est pas selon l’être, chosifié et fixé et figé, mais est selon l’exister ; il est activité, rapport. Et en tant que rapport il reprend tous les rapports donnés, et crée tous les rapports possibles.

Ce sujet-là nie absolument qu’il ne se définisse que de son ego, de son moi-même, de ce tourment aberrant qui s’enfonce considérablement dans la facilité. Le sujet ça n’est pas rien, ça n’est pas un vague composé d’éléments livrés au hasard de sa conception, biologique, au croisement d’un langage, il n’est pas un corps-langage. Et si on el signifie par « liberté » c’est au sens où en lui et par lui tous les rapports sont accédés. De là qu’il se prévoit dans le Rapport absolu, le Rapport qui aurait rapport à tous les autres rapports, dieu, l’être, le sujet et le réel. 

Ceux qui veulent vous réduire à ce statut d’idiot, vont vous exploiter : ils vous ont déjà aliénés. Ils anéantiront dieu, la pensée et l’universel et l’être et la métaphysique et l’ontologie, cad le sujet, au nom de telle ou telle partie de monde, de vécu ou du corps, qu’ils pourront manipuler, et donc par cessera le réel. Rien que cela… Vous vous enfoncerez dans le fantasme. Ce qui veut dire dans la version fantasmatique de votre être, de votre vie, de votre existence. Vous n’êtes en vérité plus rien du tout.

Et donc nous voici dans la récupération profonde de notre historicité qui est tout autant et encore plus l’expérimentation, intégrale, de notre être, qui n’est pas un être mais une structure, autrement dit un rapport. On récupère, prend pour et par soi-même tous les rapports, les plus hauts possibles et admis tels quels, tels qu’ils se donnèrent, puisque c’est par cette élévation que nous existons. Le reste, tout le reste nous rabaisse. Dans le mépris et la honte de soi. On n’a pas honte ni ne se méprise, ici, et en aucun cas.

Ce que l’on expérimente, ce que l’on vit, ce que l’on éprouve, ce que l’on pense et ce que l’on récupère sont des rapports et on peut bien signifier dieu, l’être et l‘universel, le sujet et le réel comme des rapports.

Et comme nous sommes un rapport, rien, nulle part et en aucune manière, ne peut démettre un tel rapport. Il n’y a pas une identité qui entrerait en rapport avec elle-même via la conscience qu’elle a. c’est qu’elle soit un arc de conscience qui crée, phénoménologiquement et intentionnellement et dans le champ de perception spécifique qu’elle provoque, qu’il y ait un moi.

Si nous étions ceci ou cela il serait si aisé de nous en rabattre mais nous sommes un rapport, que rien ne peut combler mais que rien ne peut atteindre. A moins qu’il le veuille et qu’il adore ne pas se promettre et se moque des « anciennes idoles », sans s’apercevoir qu’il n’est rien et n’accède pas même au début de sa possibilité si il néglige son historicité, l’ensemble des rapports que son expérimentation a créé ; il se croit donné, là, comme une chose ignoble et aime les images ignobles et basses, il ne sait pas comment occuper ses journées et les consciences qui l’abaissent doivent le nourrir quotidiennement, puisque chaque jour il doit éviter le réel. Jour après jour.

Le rapport que nous sommes se crée donc dans l’apparition, la manifestation, le réel tel que donné « là » comme surface d’existence pour nous et surface d’exister pour le présent. Et pour cela le langage est seulement un moyen, qui n’est rien que rapports, ce qui veut dire signes et à partir du langage on peut re-signifier encore plus et par tous les bouts. Répétons : le langage nous utilise au sens où il nous entraine ici et là selon ses systèmes, mais aussi on utilise le langage afin de percevoir plus ; s’appuyant sur un signe on perçoit plus loin et ceux-ci servent de marquage du donné, du vécu et du corps. cela se conçoit bien pour le donné, plus difficilement pour le vécu et encore plus incompréhensiblement par le corps ; parce qu’évoquer le corps, c’est l’invoquer ; on ne fait pas le tour du corps par un signe, le corps qui formule une unité, laquelle ne rentre pas dans un contenu ; au contraire tout contenu simule l’unité du corps (mais n’y parvient pas ; il débordera toujours puisque sa surface est sustendue au-dehors, dans la perception ouverte sur cette autre surface qui couvre invisiblement et sans limite le dit corps).

L’arc de conscience, qui est une tension, devient si rapidement une structure (un ensemble ordonné ou désordonné plus ou moins de tensions), ça n’est certes pas afin de se recoudre, de se clore, de se simuler compactement, mais dans l’ouverture de la perception ou si l’on  veut, du champ entier et interminable. Lorsque le champ se recourbe, c’est sur l’arc lui-même (sinon il resterait clos et ne répondrait aux inattendus et inattentions et diversités d’attentions) ; autrement dit il ne se referme pas, jamais et demeure suspendu dans l’attente pure et réelle. Cette rapidité est de structure ; parce qu’il s’agit d’un rapport il en crée une quantité indéfinie. C’est pour cela que ça ne s’arrête absolument pas au langage ; ça court partout, et non seulement à la surface du corps mais dans tous les mondes, les vécus, et tous les champs de perception (et il en existe une quantité phénoménale, au sens propre, dans la surface neutre du réel quantité de champs de perceptions sont posisbles ; les choses sont déterminées, mais la surface sur laquelle elles existent ne l’est pas). Aussi espérer trouver dans le « langage » élucubré en recel mystérieux de la vérité, est intéressant, comme beaucoup d’explorations et de connaissances, mais ça ne clouera pas le « là ». Le « là » est ouvert indéfiniment sur le monde, le donné, le vécu et le corps.

Et donc c’est cette ouverture (de structure, non refermable) qui impose tout l’enjeu ; par où et comment décide-t-on ? L’insondable décision d’être (Lacan).  Et bien on ne sait pas, parce qu’il faut l’inventer et l’inventer objectivement et hyper objectivement tout autant que subjectivement ; la structure est le réel même tel qu’il s’opère, à vif. Il est quand même remarquable qu’à chaque fois on est absolument surpris. On ne sait pas ce qui va venir. On ne savait pas pour dieu, pour l’être et l‘universel, pour le christique et le sujet, pour l’existence et le réel. Mais pour quantité d’autres expériences on en ignorait tout, avant que cela paraisse. Croire que la réalité est déterminée, c’est ne pas avoir les yeux en face des trous.

Mais si il existe effectivement des Créés impossibles à prévoir, que dire de « cela » qui en ouvre les possibilités ? Comprend-on l’étrangeté de la structure antérieure à ce qu’elle produit et ce qu’elle crée et rend possible, cad inscriptible dans la réalité et en l’occurrence dans le réel, dans la structure qu’est le réel, qu’existe le réel et qui ne tient que dans et par l’intentionnalité ; aucune œuvre n’est lisible en soi, il faut un sujet. Un tableau n’est qu’un tas de couleurs. Ce qui lui donne un sens, c’est une orientation, physique et lui-même, comme tableau s’utilise par une conscience pour être lu sur l’horizon du monde, du corps, de la perception ; autrement dit il existe une potentialité qui s’ouvre et se ferme en tant que structure du réel en et par chaque champ intentionnel. Nulle part ailleurs. 

Et donc dans le présent se crée un champ intentionnel créé et porté par un arc de conscience et cet arc produit une surface sur laquelle elle crée, mais le Créé ce sont les possibilités. Il existe des tas de possibilités, selon le monde, la réalité, la détermination, les vécus, les corps, et la forme (présent/arc de conscience) et il existe un certain nombre de possibilités de structure. Ce qui est tenu ici par hypothèse est qu’en vérité ce nombre est non pas limité, mais strict. Ce qui est encore pire, si l’on veut.

Il n’y a pas trente-six possibilités structurelles ; il n’y en a qu’une. Sauf que comme ça n’est pas du tout du monde, ça ne doit pas être pensé, jugé, considéré comme une exclusivité impérative telle qu’on la pense, habituellement et naturellement, dans le monde. La seule possibilité structurelle c’est celle qui rend toutes les autres possibles. Et donc il faut le dire nous avons atteint la racine, la source, le principe même, l’antériorité de toute réalité (ici ou ailleurs), et ça n’est pas pour de faux…

(Ou si l’on préfère, si l’on est croyant, la source de ce qui est, soit donc l’Exister, est venu vers nous)

Remarquons bien ceci. Question de mémoire. Si l’on ne suppose pas que l’Exister est La Dimension, qu’il s’gait seulement du simple présent comme structure active, et donc hyper active (on ne peut pas moins). Alors tout ce qui se déroule, partout, est sans mémoire… Tout ce que vous faites mais aussi tout ce qui fut, sera, est, aboutit à rien, rien du tout. Ça se perd. Ça dure un moment et puis d’ici à plusieurs milliards d’années les galaxies seront éparpillées dans l’espace distendu et les soleils éteints et les planètes gelées et plus rien ni personne ne se souviendra de quoi que ce soit. Il faut le dire. L’utilité d’une telle interprétation ? Aucune.dit autrement, toute cette énergie, toute cette matière, ces galaxies, ces planètes avec des vivants et des gens là-dessus, disparaitront, et tout cela aura été une dépense somptuaire totalement oublié pour l’éternité du temps-néant qui suivra.  

Chacun fait comme il veut. On peut choisir le néant de tout et donc le feu d’artifice momentané qui disparaitra en tout et partout. Pourquoi pas. Cela regarde chacun. Il est certain que tout ce qui est dans le temps s’anéantira avec le temps. Donc s’il se garde une mémoire, quelle qu’elle soit, ça n’est pas dans le temps. Ce qui revient à relativiser le temps ; par quoi le présent est la matrice bien au-delà de la simple structure du temps (qui n’est jamais que reconstitué par une conscience qui signifie, qui signifie le monde et le vécu, mais aussi le temps, les modifications ; on sait que des dinosaures il y eut parce que l’on en a repéré les signes, sinon tout serait oublié). Et la matrice antérieure au temps, soit donc ce dont on observe le signe absolu (qu’est le présent), est ici supposée hors norme, hors temps, hors monde, hors vécu.

Et c’est ce que l’on nomme le splittage du réel, ou plus précisément que le réel est cette division ; c’est parce que le réel est « en acte » et donc déjà autre-que-soi, qu’il y a un réel. On ne peut en aucune manière imaginer l’être comme une fixité éternelle, un Ordre tout constitué ; le réel est un acte, cad un rapport, et il est toujours constamment en acte. Ce qui est acte, perfection absolue (capable de toujours une plus grande perfection) ne va pas perdre cette insigne qualité, laquelle comme Acte est au-delà même d’elle-même, elle est toujours en plus, soit donc la Possibilité même  du possible.

De même l’infini du néant rend possible l’infini de l’être, qui rend possible qu’en lui se déploie encore une infinité, et ainsi de suite ; si le réel ne sert pas à créer, rendre possible les infinités, à quoi sert-il ? à disparaitre à tout jamais pour rien, pour personne ?

On dira donc que la brutalité réelle de ce qui est, cet univers, cette vie, et la violence ontologique, notre isolement, notre douleur, notre angoisse, manifestent non pas un Ordre éternel, mais un Acte infini au sein de tous les infinis réels. Un acte en plus. Et la loi qui règne est le principe du possible mais son sens est la Possibilité des possibles et ceci vaut structurellement. Mais si l’on veut exprimer la signification de cette structure on peut avancer que le réel s’ajoute à lui-même ; que serait une réalité qui n’inventerait pas ? Mais si il s’invente, il continue de s’inventer et c’est bien en cela que consiste et la raison d’être de la liberté ontologique.

Voir les commentaires

La structure étrange

21 Septembre 2019, 09:03am

Publié par pascal doyelle

Compréhension du réel

Un

On ne mettra certes pas un point final au réel ; mais on cessera de croire le définir à partir d’on ne sait quelle connaissance aussi suffisante qu’inutile ; elle croit par une analyse et un développement de concepts, de notions, seraient-elles « multiplicités » ou « diversités »  venir à bout de ce réel dont toute la substance consiste en un mouvement absolument invincible ; le présent qui avance (et en qui quelque Réel se réalise). Nous sommes engagés dans le processus qu’est le réel et ce réel est le présent, en tant que tout s’origine et continue de se tenir dans le présent. Mais cela n’est que le début. Il faudra, il fallut déduire selon ce présent la dimension adéquate. Le présent est la manifestation, l’expression, structurelle donc, de la dimension. Peut-être n’existe-t-il aucune « dimension » et peut-être le présent est-il le seul « être » hyper actif qui soit. Mais peut-être le présent est-il ici et maintenant le représentant de toute sa lignée, sa verticalité qui tire vers encore plus de possible. Les plis internes au réel créent formellement des réalités et l’être est relatif à l’Exister, à l’acte lui-même. C’est la structure de cet acte qui est la patience même.

On a reconnu, ici, comme hypothèse, que l’on suivrait le principe d’une dimension ; la raison essentielle étant que si le réel est le présent, celui-ci est l’activité brute, et s’instancie comme rapport ; si le réel est un rapport, alors il ne cesse pas, jamais. On y reviendra, puisqu’il s’agira de comprendre, d’imaginer, de conceptualiser comme le rapport, s’il ex-siste tel quel, est tout entièrement actif. De sorte, comme on l’a vu, que l’on suppose que le réel étant intégralement le présent, peut et est déjà re-venu sur lui-même (principe si l’on veut d’auto révélation, mais on décantera cela plus tard ; il ne s’agit pas vraiment d’une « autorévélation », puisque cela présupposerait qu’il soit et puis ensuite qu’il se révèle, or son acte, son activisme, signifie bel et bien qu’il se Crée, le Un est continuellement en suspension d’être afin d’ex-sister continuellement).

Deux

Par ailleurs l’essentiel du travail est de récupérer, pour le moi que nous sommes, l’entièreté de l’historicité. Il n’est pas digne du tout de n’être conformer par son siècle, son moment, l’horizon étriqué de son temps, qui n’est rien qu’idéologie d’intérêts plus ou moins délayée. Il est impératif de reprendre l’ensemble de tout le devenir et de comprendre, donc, que l’on s’origine d’une structure ; il est admis que tout ce qui est humain nait de et par une structure et une seule, l’arc de conscience intentionnel qui crée dans l’actualité du réel, du présent, un champ de perception.

Cet arc est un rapport et aucun contenu produit intentionnellement par cet arc n’est plus grand que l’arc lui-même. Si chacun est un tel rapport, il exclut de fait tout autre rapport, aussi pour être en mesure de vivre dans le monde, cet arc doit reconstituer un champ qui prenne en charge les déterminations soit comme monde culturel particulier, soit ensuite comme acculturation universelle (dieu et l’intention pure, l’être et l’universel, le christique et le sujet sont ces  repérages qui créent un champ intentionnel structuré). Du monde donné on ne sait rien sauf de le recomposer en intentions. Ce qui évidemment est admis c’est que le champ intentionnel absorbe toutes les données sensibles, perceptives, biologiques accessibles dans la manifestation mais ne les retient que dans des systèmes de signes ; fondamentalement le langage, mais le langage est utilisé afin de produire d’autres systèmes, dont un, au moins, constitué par le système propre de chacun, sa mémorisation personnelle qui n’est pas une identité mais une activité qui crée de l’identité comme mémoire, un « moi-même », et ce qui lui est structurellement fondamental c’est son intention, chaque sujet est l’intention, l’intentionnalité qu’il existe. Le moi, ses effets.

Trois

On peut considérer que l’arc de conscience existe dans le présent, comme un pli second dans le pli gigantesque du réel. L’aspect ou le sens général est celui-ci ; le mouvement est seul réel, ça n’est pas quelque chose qui est en mouvement, c’est le mouvement qui crée des êtres et des choses. Et donc le mouvement est un « réel », consistant selon son mode qui n’est pas du tout le mode du monde, de la détermination ; la forme entoure le monde, les réalités, les choses, les êtres, les identités, et la forme absolue pour cet univers connu, est le présent. C’est pour cela que le réel est intégralement en activité, et comme il est le réel (il n’y a rien d’autre) il est donc hyperactif ou activiste (il ne se repose nulle part et jamais ; les réalités sont des mémorisations des effets du mouvement, on verra plus tard comment disposer ce qui apparemment dualise le donné en choses et en mouvement). Et ce qui est réellement mémorisé, outre donc les mémoires que sont les choses ou les identités, ce sont les mouvements, que l’on nomme trajets, pour nous, et tracés pour l’éventuel autre côté. Ce que vous êtes est un exister, cad un mouvement ou un rapport que vous concrétisez en trajet, et donc hypothétiquement, un tracé (sur une surface).

Retenons bien ceci ; en vérité qu’il y ait ou non dimension (cad que l’exister soit plus grand que l’être, le mouvement plus réel que les choses ou les identités) doit être recalé en seconde place ; parce qu’à tout le moins cette description a pour but premier de nous représenter, de nous figurer notre réel et par ce biais (qu’il soit réel ici et maintenant ou réel en plus et au-delà) de nous configurer ; pour organiser une réalité il faut la poser dans un horizon, nommé, et donc on a nommé cet horizon, dit absolu ou formel ou présent ou arc de conscience, afin d’élaborer des stratégies (sinon il serait impossible de prévoir, littéralement, de pré-voir quoi que ce soit ou pas suffisamment et de se retrouver coincé dans de simples tactiques).

Et un exemple tout trouvé de son efficace est la révolution qui a imposé, historiquement, une politique structurelle ; qui exige. Et on peut très bien s’en passer… mais alors on redescendra de niveau. Le niveau de structure est constamment rattrapé par la densité et la prégnance du monde, du donné, des choses, des identités.

Y compris en et pour chaque moi, qui est continuellement débordé par son identité et abandonne son sujet, sa structure. Aussi est-il impératif de récupérer l‘ensemble des structures réelles acquises en et par l’historicité et de remonter aussi loin que possible et d’inscrire cette supposition, qui est une élaboration de chacun, dans le corps. Ce qui veut dire :

Quatre

Dans le champ de perception ouvert au-devant pour et par chacun, on peut tout à fait se contenter de gérer la mémorisation de « qui » l’on est. Mais le champ ouvre sur tout à fait autre chose et ce champ s’émeut, tout entier par ce corps, d’un réel hyper actif (selon l’esthétique, la poétique, l’éthique, la politique, l’idéel ou le philosophique, le panache, le rire, des réels superfétatoires, apparemment). Par quoi ce champ de perception est sans cesse et constamment actualisé ; l’actualisation est la remise à jour des mémoires, si l’on veut, mais les mémoires n’existent pas en elles-mêmes ; rien n’existe « en soi » ; tout existe par et dans le mouvement (du présent ou de l’arc de conscience). Si vous effondrez votre synthèse (ou si s’effondre l’intentionnalité) par la dépression, tout le champ s’insupporte et ce de manière extrêmement incompréhensible … ça n’est pas « psychologique » si l’on veut. L’atteinte est dans la construction (du psychisme comme articulation de soi dans une mémorisation de champs) et on ne sait pas par quelle entrée le retrouver, ce champ de tous les champs.

Le tomber-amoureux du moi est explicitement, quasiment, la nouvelle instruction réelle qui percute intégralement tout l’être, ce qui veut dire le transcende, puisque prenant acte et point en dehors de l’identité. Toute l’occidentalisation consiste à élaborer la possibilité d’un sujet par qui tout s’organise (et non plus par et via un groupe qui parle entre soi) ; il s’agit de composer l’intentionnalité laquelle n’ayant plus affaire à la vérité du groupe (le groupe n’est plus la vérité, ni la perception, ni le corps signifié par le mythe, etc) cette intentionnalité se doit à la vérité, à l’être, autant dire au réel. Et le réel est Autre. Et pour le moi, tout à fait commun, la grande expérience est le tomber-amoureux ; ce point tout à fait autre, de structure, qui tient soudainement le champ (et donc tout, en apparence et en sa manifestation).

Le moi croit être en mesure de mélanger la satisfaction et son architecture structurelle. Mais il n’en est rien, seule l’architecture elle-même supporte la puissance, la potentialité de l’intentionnel. C’est la mise en jeu du structurel qui accorde éventuellement valeur aux parties de monde, aux morceaux de vécus, aux fragments de corps et jamais l’inverse. Il est impossible de former un idéal au sens propre, mais uniquement de se supposer de la cause (invisible, intouchable, inéprouvable) vers les effets portés dans le monde, le vécu, le corps ou la perception. Ce qui est l’idée nietzschéenne centrale, que cela soit voulu « pour rien », et ici le rien désigne la forme qui entoure les réalités (à savoir le présent et l’arc de conscience, qui est le pli dans le pli, la vague interne à la vague toute externe qu’est la réalité).

 Cinq

L’altérité est la brutalité de cet univers, de la réalité et la violence ontologique absolue (cad formelle) du réel comme tel ; l’existence est originellement l’exister ; aucune intentionnalité ne peut s’aimer dans un contenu ; tout contenu est relatif à la forme, qui n’en a aucun ; aussi est-ce la structure même qui doit se prendre en charge et non pas croire qu’elle se réconciliera avec quoi que ce soit ; c’est l’insatisfaction qui doit être instruite, informée, élaborée et non pas telle version de satisfaction. L’activisme est la seule (non) résolution de cet être qui n’est pas un être.

On peut s’en plaindre, puisque l’arc de conscience qui obéit à sa propre logique, peut pousser un corps, un vivant jusqu’à sa limite et le tuer. Et plus quotidiennement le fourvoyer dans des attachements ou des envies ou des mirages par lesquels la structure espère se percevoir et se saisir, ce qui la renverra toujours vers son vide (comme on disait jadis, Heidegger, Sartre, qui circonscrit réellement ce que Heidegger laisser dans le fourre-trou très trouble de sa pensée) autrement dit renverra vers la forme du réel à laquelle il est impossible d’échapper ; le réel sera toujours là et impossiblement. Toute détermination, et identité, repose sur sa propre différenciation et se regroupe et s’effondre, le réel est structurel. La technique unique est celle de prendre sur soi. Sinon le réel se métamorphosera et reviendra déformé et astreignant ; on investira ce qui existe structurellement comme si cela s’incarnait dans le monde ; ça ne se peut pas.

Et donc ce qui vous a saisi (dans la mesure où vous vous êtes saisi effectivement, et c’est le cas de tout le monde, il n’existe aucune conscience qui ne se signifie pas) n’existe nulle part ailleurs que dans votre propre regard ; votre propre regard est toujours Autre, autre que tout et autre que lui-même ; ce qui est vu n’est jamais cette structure qui-voit ; on ne peut élaborer que le regard, les choses vues, une œuvre par ex, est celle qui remonte et signifie le regard qui en est saisi, lequel regard est, second temps absolument fondamental, re-situé par cette œuvre, sur et vers l’horizon du réel, et non pas idéalistement ou angéliquement ou essentiellement ; il est des essences mais elles sont prises dans et par un mouvement. L’œuvre unifie, obnubile le regard (du « lecteur ») et réinstancie ce sujet vers la surface du réel, du vécu, du corps et cette relance ontologique est l’œuvre elle-même.

Inutile de croire en ceci ou cela ; ce ne sera pas une identité, une chose, une détermination, une réalité. Ne croire qu’en ce qui demeure purement formel. Le christique ou l’être sont formels, ou Nietzsche si l’on cesse de croire qu’il s’agit d’une « force » ou d’un chaos de pulsions, ça n’est ni chaos ni pas chaos, c’est Autre.  Et on dit, on a déjà, depuis longtemps, depuis le début identifié cette altérité ; dieu, l’être, le sujet, le réel. Etant entendu qu’il s’agit de positions, de mouvements et non d’états.

Nietzsche rencontre tout naturellement les bornes, puisque Nietzsche est, occupe la position de l’auto affirmation de cela qui Existe, développant le sujet cartésien mais séparément et l’originant là où il se trouve, cad dans et par l’altérité (et la Volonté est la figure, imaginaire, de cette altérité pure et bien autrement brute que ce moyen-terme qu’est la « Volonté »). Et en éprouve instantanément la dureté et la volonté, l’intention, soit donc la direction ; ça avance selon un sens en-avant. Mais il est faux de croire qu’il s’agit d’une pure position imaginaire (Nietzsche ou Heidegger) ou abstraite (Kant ou Hegel)  ; ça a une dénomination ; l’exister et le présent, le sujet et l’intentionnel.

La forme théorique nietzschéenne (qui se cherche selon l’imaginaire) a véritablement un exister effectif. La conscience est effectivement avant le conscient, et l’intention bien avant quelque volonté que ce soit, et par conséquent absolument prise en tant que perception ; l‘intentionnalisation est un méta-sur-système qui produit que « perception il y a », le choix, les distinctions, les différenciations, les décisions dans, du et par le champ intentionnel établissent constamment les significations avant la volonté et le conscient ; les stratégies.

Six

Et s’il s’agit de positions, c’est que ce ne sont pas des contenus, mais des réels tels que signifiés. Ils sont signifiés et ne sont perçus que par un sujet, un arc de conscience. Le signifié est autre que le défini ou le concept ou la chose ou l’identité ; le signifié est le rapport et en tant que le rapport qu’est l’arc de conscience s’y engage, et donc s’y investit, s’y investit de tout son corps, de toute son existence, de son exister même.

Et ce à partir du rien, du rien de la forme qu’est de fait l’exister. C’est par ce mouvement d’impossibilité (dans le monde il ne trouve aucune place) que se déploie la foi, la conversion (que ce soit à dieu, dans le christ, par l’universel ou par le sujet ou la révolution). C’est exclusivement l’intuitionnel de la structure qui oriente du moi vers le sujet. Le moi étant le corps déterminée et l’attachement à la satisfaction et le sujet la Possibilité maintenue de l’insatisfaction. Que ça ne sera jamais là et c’est pour cette raison qu’il faut le sur-vouloir, l’intentionnaliser ; mettre en œuvre ce que désirez Nietzsche (et en fait tous, sans exception) une réelle stratégie.

La stratégie susceptible de prendre en compte en conscience les mouvements de conscience eux-mêmes. La structure étrange. Que le Même transforme le Même. Puisque le même est Autre.

L’historicité nous ayant offert qu’en-deçà de la volonté et du conscient existent l’intentionnalité et la perception.

La structure étrange

Ce que l’on ne peut pas imaginer, conceptualiser, représenter c’est qu’une existence se retourne toujours continuellement sur elle-même et par elle-même. Et ce sans aucun point d’attache puisque rien dans le monde donné là, ou le vécu ou le corps, n’est capable de fournir un repère, repérage suffisant qui contienne cette structure puisque c’est elle qui rend possible l’ensemble. Que telle partie se rapporte à telle autre, on le comprend, mais que l’ensemble de toutes les parties se restructure sans aucun autre horizon pour relativiser et donc travailler à sa composition, est incompréhensible. La surface vient à modifier la surface et c’est cela le sens de la compréhension du réel.

Dès lors nous voici saisis par la vérité, ou donc le réel. C’est-à-dire l’altérité. C’est ce que signifiait auparavant que la vérité prévaut ou que dieu soit premier ou que la réalité soit objective (indépendamment donc de nous-même). Ce qu’il faut imaginer c’est que si notre être est formel et donc sans aucune détermination (et ainsi dans l’incapacité de juger ou de prévoir ou d’organiser quoi que ce soit) ça ne l’empêche pas, pas du tout d’orienter tout vécu. C’est bien parce que non déterminé qu’il est capable de (se) renouveler. Ce qui signifie que bien qu’existant exclusivement formellement, la structure de conscience est un réel et donc constitue en et par elle-même le référent. Et de ce point glissent multitudes de surfaces de perceptions.

La vérité doit donc se décider et par décider il faut entendre non pas une subjectivité mais une objectivité ; c’est après tout ce qu’opère la philosophie ou l’institution du sujet (de droit par ex), le principe du roman (aventure individuelle à portée universelle), la mise en forme poétique et toujours d’un immense champ perceptif. Que ces expériences soient fondamentales veut dire qu’elles sont fondatrices. Et elles ne sont pas fondatrices sans raison réelle et sérieuse. Elles constituent le sol même, sa mouvance et sa subtilité extrême, et constamment adaptative et créatrice ; c’est cela la vraie objectivité, nommée donc hyper-objectivité.

L’économie est l’idéologie elle-même, soit donc la conservation caricaturale d’un champ bien plus énorme ouvert par la (les) révolutions.

Or de ce qui semble formel et vide que peut-on retirer ? Et c’est précisément la performance fondamentale que l’on organise depuis la sortie des mondes clos et l’accroche au structurel dont les plus distinctes sont dieu, ensuite l’être, et enfin le sujet, puis le réel en lequel existe ce sujet (les expériences de l’orient n’entrent pas, pour l’instant, dans notre vue ; elles prennent de trop haut et s’imposant tout unilatéralement, dans leurs performances ontologiques, on en peut les découpler et les distinguer dans le réel expérimenté, sous la forme de ces plis que sont dieu, l’être, le sujet et le réel ; puisque l’occidentalité est l’expérimentation ici même et maintenant du réel, c’est sa, notre tradition spécifique, que l’on revendique totalement).

L’étrangeté de structure est sans cesse rabattue vers un quelconque donné ; un matérialisme, un vitalisme, une sociologie, une biochimie, ou un rationalisme, une mathématique universelle, notionnelle ou calculatoire, etc, mais aussi en une identité de monde, anciennement, une représentativité du donné, ou donc une identité du moi. Or c’est le champ ouvert au travers du moi qui compte ; ce que Sartre voulait explorer, mais pour lui c’était un champ objectif, en quoi il avait raison, mais tort de ne pas comprendre que le dit champ a une forme de sujet et c’est en tant que tel qu’il est objectif, hyper objectif, prédispose des champs à partir d’une surface qui glisse d’elle-même, au sens où le structurel est « cela » qui devient.

On ne dira pas pour le moment que la structure du réel, le sujet, la structure-sujet, qui formalise l’expérience du réel, est un Je : on ne le saura que mort. De l’autre côté si autre côté il y a. Rien n’indique, de ce que l’on analyse, que le Je soit impossible. Tout indique au contraire que la structure même du réel est le pli, constitutif du réel comme tel (ça n’est pas quelque chose qui se pli, il y a des choses parce qu’un pli il y a et qu’il n’existe que ce pli, vague de toutes les vagues). De ce Je ou plus exactement d’un Je, sujet, dont on ignore absolument la structure, dont les « sujets », que nous situons, sont les effets-miroirs (nous sommes au miroir de dieu). Et condition faite et admise, ici,  que l’on n’existe, ne perçoit qu’à partir du Bord, et de rien d’autre, c’est cela qui fait-exister. C’est bien parce que né du Bord que le Bord n’apparait jamais, ni pour nous, ni pour le monde, ni dans le monde ne se perçoit (ni dans le vécu ou le corps), mais sans lui rien n’apparait. Sans le présent, les réalités n’existeraient pas.

Le présent n’est pas le résultat du monde. Le monde, le donné, le vécu, le corps, la perception sont les moyens du présent, de l’exister, du mouvement, de l’arc de conscience pur et brut rapport. C’est ce qui se meut qui emporte les choses et les identités, et c’est la forme sujet qui se voit dans tel ou tel moi-même. Qu’il y ait une quantité indéfinie en nombre de sujets, chacun distinct, manifeste la prolixité surnaturelle de la structure du réel. C’est la distinction absolue, formelle, de chaque un qui constitue le réel même tel qu’à notre niveau il se donne, se prête, et dont il attend le re-tour, l’ensemble de tous les nouveaux tours, tous les nouveaux Royaumes.

Voir les commentaires

La perception possible

14 Septembre 2019, 08:25am

Publié par pascal doyelle

Si l’on enquête (c’est de cela dont il s’agit) sur le christique c’est que l’on considère que notre être, actuel, tout ce que nous sommes, est tenu par l’initiative nommée « christique » et que, sans que l’on puisse l’expliquer, s’est imposé à ce moment là la totalité du processus, processus qui suivra et dont nous sommes toujours les effets, et que donc analyser le christique c’est non pas remonter dans le temps, mais c’est instruire la compréhension du présent initié il y a 2000 ans.

Et il y eut initialisation de la structure de « sujet » parce que celle-ci est réelle et n’est pas une « idée ». Ça n’est pas le contenu, quel qu’il soit, qui commande le déroulement historique, c’est un réel, dur, solide, existant en lui-même, consistant, élaboré, et qui se plaçant sous son propre regard redouble, quadruple, décuple sa propre élaboration ; de ce qu’il se voit, il devient.

De se signifier, comme dieu, être ou sujet, il se rend perceptible dans le donné. Il grandit en tant que structure et non pas comme contenu. Ayant acquis, absolument, son historicité de sujet, par la révolution, on s’aperçoit plus ou moins, que c’est quasiment contre ou hors de sa « volonté » ; la structure à vrai dire s’impose du dehors, ce qui veut dire du Bord. C’est la forme, de la réalité, en tant que cette forme est le réel, qui vient se montrer dans la réalité elle-même et la forme est plus grande, en capacité, que la réalité qui est toujours déterminée.

On n’est donc jamais « qui » l’on est, mais seulement l’intention de cette identité, identité qui ne tient que par cette intention. Laquelle n’est pas définie mais sans cesse en cours ; c’est dans la continuité absolue, cad formelle, que l’on existe et que reprend constamment la possibilité ;  c’est ce que signifie le christique ; vous convaincre de ne jamais lâcher la possibilité pour l’ombre. Il n’indique rien de particulier, et au contraire toutes les dérives à partir du christique vous collerons constamment telle ou telle réalité sur le dos.

Ça n’est pas que le christique veuille remplacer le donné, le vécu ou le corps par autre chose ; c’est qu’il montre que c’est rétroactivement que tout cela pèse ou s’allège. Et qu’ainsi il est exigé de poser le point d’attirance absolument au-delà du donné ; et que c’est par là que cela se passe. Puisque la nature de notre être est une structure et qu’elle se crée en tant que rapport ; une fois institué le rapport il se tire de lui-même par en-avant ; ce qui veut dire par l’intentionnalité.

L’intentionnalité est un champ qui se crée de ce qu’un signe, un mot, est posé là au-devant et ayant été propulsé en avant, il étire à sa suite ; tout dépend donc de l’étendue ouverte par le champ et la plus grande étendue acquise est celle du christique ; toutes les autres sont copiées ; cela est clair ne serait-ce que seul le christ est encore vivant, après la mort, après le point d’existence, cette fois, le plus éloigné, pour quiconque, et que seulement par ce point là il est possible de (se) percevoir de la naissance à la mort ; cette naissance-mort est fondamentale. Ça ne peut être occupé que par un seul. Et curieusement (c’est une des nombreuses curiosités, logiques, un des fondamentaux) il est le seul qui ait affirmé l’individualité de conscience ; que chacun est indépassablement réel et qu’il n’est qu’un seul plan qui ne peut être plié à son tour puisqu’il est, ce plan, le pli lui-même ; le réel est le pli et le pli est le réel ; et donc chacun est absolument fils de dieu (cad fils du pli premier et dernier qui se déplie constamment). C’est ce que cela signifie ; indépendamment de toute croyance, l’articulation est mise en place, telle quelle.

Chacun est ainsi convoqué explicitement, ce qui en effraie bon nombre qui estiment que dieu n’a pas à venir mettre son nez dans nos affaires … mais on comprend alors que ce refus est la plupart du temps mésestime de soi ou inobjectivité du rapport que l’on est, affaissement quant au réel de ce que l’on veut, fuite dans l’imaginaire et non pas maitrise de l’imaginaire vers le réel.

Rimbaud nous impose son intentionnalité découverte, mais ce faisant il nous replace dans le réel… c’est l’horizon autour de nous qui est investi et soulevé et l’œuvre s’utilise afin de se produire dans le monde donné tel que « là », ou selon ce-corps, ou de par sa surface ou une temporalité instantanée qui les contient toutes.

Mais une intention, une existence qui ne se confronterait pas à l’intention divine, à l’immense stratégie demeurerait tout simplement en deçà de ses possibilités. Ou ce qui est pire, s’imaginerait l’égal de l’intention absolue ou le substitut et penserait comme évidente que toute intention peut témoigner de soi, de soi et par soi seul ; ce qui est absurde. Même en régime agnostique ou athée, une intention qui mènerait sa propre vérité est une absurdité et doit au moins sacrifier au réel ; et le réel est autre, toujours. On ne peut pas se débarrasser de l’altérité et toute définition de l’intention comme déterminée est une identité, un collage, un copié collé.

Cependant on a cru que l’horizon du monde donné de la science ou du naturalisme, offrirait une surface d’épaisseur suffisante, et puisque dieu, l’être ou le sujet n’y entraient, autant les délaisser. Sans qu’il vienne à l’esprit que dieu, l’être ou le sujet opéraient exactement d’une même, cette fois, hyper objectivité ; et que sciences et naturalismes ne se tiennent que dans l’intention divine, métaphysique (l’être du discours universel) ou ontologique (le sujet depuis Descartes), et sans ces architectures l’intention quant au monde, au vécu ou au corps tombent dans la détermination, se perdant des myriades dans tous les sens.

Ce que signifie  dieu, comme ce que signifie que la Vérité ne soit pas telle ou telle vérité mais un principe absolu et architectural, c’est que jamais l’acte ne coïncide avec l’être. Et qu’il faut ressaisir l’acte même et donc le structurer en et par lui-même et non pas le déjeter on ne sait de quoi, de quelque partie de monde, morceau de vécu ou signe du corps. On a tenté, alors donc, de remplacer le signe, absolu, dieu, par ceci ou cela, et de fonctionner selon cette détermination et de produire un monde, une humanisation, un moi, d’une réalité donnée et apparemment acquise mais tout vient à manquer, puisque notre être est une structure, un rapport et un mouvement et non pas un quelconque être.

S’est élaborée l’architecture du réel. Et nous autres, puisque nous n’en voulions pas, de nous débattre envers et contre l’intention, tout de suite architecturée, tout de suite armée sortie de l’attirance de son champ intentionnel ; ça vient tout d’un coup et complètement et ce corps-langage, ce langage-groupe, cette réalité-contenu, s’y refuse. Elle ne voit pas du tout où cela conduit. Elle ne saisit pas qu’il existe alors une possibilité, de même que les révolutionnaires seront entrainés (y compris Robespierre) dans la révolution qui a porté dans la réalité un réel de structure absolu, formel, se déclenchant de lui-même, tout comme les juifs refusèrent l’intention divine. Ces corps-langage, ces vivants-parlant ne sont pas près pour basculer d’une unité de monde selon la détermination et le contenu de l’intentionnalité, qui peut aisément être inscrite comme corps et perception,  vers une unité structurelle et une indétermination de l’existence, qui doit se réfléchir et se signifier en plus de toute finalité mondaine, naturelle, et évidemment créer son réseau ; non seulement sa structure en propre, de chaque arc de conscience, mais son réseau entre tous un par un.

Sans structure individuée pas de réseau, aussi le réseau est second ; mais une fois la structure acquise, elle doit se retrouver dans un réseau qui l’augmente, l’accélère et la maintienne et la suppose.

Le christique veut absolument inscrire le sujet en et par lui-même ; du champ ouvert au-devant et tenu par un regard régulièrement autre, raison pour laquelle aucune église ne peut cerner le réel de la structure et que celle-ci essaimera en ensembles différents et sujets divergents ; la forme « christique » est à ce point formelle qu’elle requiert de plus fortes interprétations et étant la structure même elle ne s’usera pas facilement… et ce qui se renouvellera c’est non seulement l’ensemble de tous les contenus qu’elle rend possible, mais les plis et replis de la structure comme telle ; Descartes est un tel pli nouveau et autre, situé sur l’étendue du monde, Kant bâtit selon l’interne et Hegel déploie la perspective ouverte sur toute l’historicité … de même que Sartre augmentera vers le donné, les autres, l’histoire, tandis que Lacan repliera vers l’interne du moi-sujet et les deux ensemble régularisent l’extériorité et l’intériorité (par quoi l’on est infiniment ou intimement ou extimement proche du dévoilement) ; l’ensemble du mouvement de prospection, d’analyse, explorant la dimension même du réel tel qu’il agit, à partir du christique (qu’il soit révélation ou exploration) dans son activité et même dans son activisme.

Et il est clair que beaucoup instancieront cet activisme, Rimbaud, Nietzsche, les créateurs, les artistes, les esthétiques mais aussi les politiques et éthiques et idéels et poétiques, ceux  qui n’analysent pas mais créent l’activité forcenée du sujet ; ils donnent à voir du point extrême de sujet dans le réel, tel qu’il regarde et éprouve les réalités et le réel lui-même (un arc de conscience s’inclut lui-même dans sa recherche, son enquête). Le sujet, comme tel peut se dupliquer, à chaque fois il est autre, mais le sujet-même est hors champ.

Jusqu’alors il devenait sous des mondes, des représentations, des groupes des langages ; mais les grecs vont créer un langage en plus (de celui du groupe) qui permet de développer la pensée, cad le repérage des réalités sous des idées ; des idées sont des intentionnalisations qui débutent par et dans l’activité d’un regard, d’un sujet ; de même le christique sera l’initialisation du regard qui crée « chacun » comme infini, comme existant en tant qu’intentionnel, et ce que l’on a nommé « moralisation » du christianisme est en fait la saisie par soi-même d’une stratégie qui permet à chacun de devenir sous-ses-propres-yeux. Vous êtes responsable de l’intention qui vous anime, qui vous attire, qui vous guide, qui vous conduit, vous oriente.

On reviendra sur l’étrangeté absolue d’une structure qui s’oriente bien que non déterminée… Comme de faire un saut périlleux suspendu dans le vide ; sans point d’appui c’est impossible, c’est pourtant ce que se passe.

Si vous abandonnez cette capacité vous délaissez tout. Mais vous ne pourrez pas vous démettre ; à moins de cesser d’exister. Donc vous remplacerez telle intention par telle autre, qui sera sans doute encore plus difficile, sous couvert d’une plus grande liberté. Si vous choisissez le mal plutôt que le bien, c’est considérablement plus insupportable que le bien répudié.

Si le réel est une structure, passe soudainement au-devant ; elle passe outre le groupe humain et se signifie comme réel dans les réalités ; grecque ou christique (ou monothéiste originellement). Dont on a vu qu’aucune réalité ne peut prétendre toutes les rassembler ; la réalité c’est forcément les réalités, parce que la détermination détermine, partout, constamment et sans doute infiniment (dans cet univers ou selon d’autres).

Rappelons que l’infini n’est pas le terme mais le moyen ; la réalité est infinie (de même que le néant) et c’est ce qui se passe dans cette réalité, par ailleurs infinie, qui est intéressant… Le réel est plus grand que lui-même ; le réel est une machine infinie qui crée des infinis, en lui-même ; c’est sa finalité, son but. Le pli infini crée une infinité au-dedans et probablement cette infinité dans l’infini est elle-même encore pliée selon une logique, une Possibilité que nous ignorons ; le mouvement ne peut pas cesser. Ceci suivant donc le principe très simple que le réel est un mouvement et qu’il ne cesse pas comme mouvement ; penser ou imaginer le contraire est incohérent. De plus seul ce qui est mouvementé, pour ainsi dire, est susceptible d’exister (ce qui seulement « est » est limité et s’effondre de par son propre poids).

Et donc. Pour ceux qui croient encore qu’il s’est réalisé une plus grande performance entre le christique et maintenant, et qui croient par ex que la science ou la révolution ou Freud, ou qui ou quoi que ce soit, insiste plus profondément que le christique, on dira que l’on n’a rencontré absolument rien, aucune pensée, aucune éthique ou politique ou manifestation ou mise en forme systématique ou non qui soit équivalente au dit christique.

Nommer le christique et non le christianisme, implique que l’on considère le dit surgissement comme plus grand que les églises ou les théologies ou les idéologies qui suivirent le moment initiateur. Et il n’est pas initiatique, le dit mouvement, parce qu’il n’introduit à aucun autre plan que celui de l’historicité la plus circonstanciée et le plus précise qui soit.  

Puisque de fait le christique est radicalement le concret lui-même ; il n’exhausse pas la réalité, il nait de, dans et par la réalité la plus concrète ou la plus douloureuse ; explicitement qu’il s’agisse du corps, de chacun, du vécu, spécifiquement de la naissance à la mort, comme de juste, ou de votre intention, et de votre capacité de traitement, dirait-on, de la réalité et comment vous lui répondrez.

La vérité est qu’il est strictement clair et net. Il définit strictement ce qu’est votre être, à savoir un mouvement et donc qui ne peut pas être fixé, sauf par dieu qui est le mouvement absolu. Il vous sera donc demandé de ne vous confier qu’au pur rapport, lequel ne cesse jamais (sinon il n’existerait plus) et cela revient à analyser notre être comme intentionnalité ; c’est ce à quoi l’on a aboutit depuis au moins Hegel et soutenant même que la suspension cartésienne n’est rien d‘autre que l’examen du mouvement initial (lequel n’est compris et ne comprend en vérité que dieu, cad l’infini mouvement).

C’est, en conséquence de quoi, toutes les autres attitudes qui sont des fixités en comparaison ; ce qui se prend comme, partie du monde (matière ou énergie, économie ou inconscient, cognitivisme ou rationalisme) ne se prolonge pas vraiment et s’emberlificote dans une partie du monde, qui souvent n’obtient sa monté en épingle que de sa nouveauté toute relative (le vivant, l’inconscient, les performances économiques, le non sens, la multiplicité, etc)

L’inverse est donc le sempiternel. A savoir que l’on connait la réponse depuis le début et que l’on ne la saisit pas. Parce qu’elle ne peut pas être saisie, mais que l’on en est, sera, fut déjà saisi. C’est absolument le message (sous le message) du christique ; et de toutes les traditions en vérité, chacun peut, absolument parlant, choisir son mouvement ; comme il n’est pas « du monde » il peut se manifester ou s’exprimer et s’expérimenter diversement, ou plus exactement pluriellement, à voir si cette pluralité possède une systématique, quelque part, ou si il s’agit strictement d’invention, d’invention du chemin lui-même ; ce qui ne serait pas surprenant à vrai dire, puisque le mouvement est la création elle-même … le réel crée.

De même que le christ est ce par qui la création apparait. Soit on considère que le christ crée effectivement, soit on prend l’interprétation selon laquelle le christique indique qu’il existe un regard qui crée par sa vision seule ; c’est pour cela qu’il faut rendre à césar ce qui lui appartient et à dieu ce qui est à dieu ; c’est parce que le travail christique se situe à un autre niveau ; ce qu’il lance sera toujours antérieur, et de même la révolution ou la liberté du sujet (Sartre pense antérieurement les possibilités de chacun).

La vérité, la logique interne est donc celle-ci ; il faut pré-penser les intentions que l’on aura. Il n’y a pas de dogme préétabli, mais la capacité et celle-ci doit se-prendre-en-copte. On indique par là que l’on ne peut pas se considérer comme « naturel » ou « donné », mais qu’il faut se-vouloir et que ça ne se réalise pas sans se-réfléchir (le christique est le miroir qui ouvre la grande réflexion globale et spécifique). Il faut se penser-en-avant, ce qui veut dire bien avant la pensée grecque, avant le conscient, avant la décision, et cependant sans que ce soit un corpus strict et défini ; d’om l’insistance sur l’amour, l’élévation, la charité et sans que l’on sache de quoi il s’agit vraiment. Puisque ce qui doit être exécuter c’est l’arc de conscience que l’on a et qui n’est pas du monde, du vécu ou du corps. Donc il faut chercher plus loin, plus en avant ; selon une typologie inattendue, inouïe, inaccessible, non par manque et obstacle mais parce qu’elle est l’accès lui-même ; c’est déjà là mais on ne sait pas « où », parce que ça n’est pas, ne sera jamais de l’ordre du « où ».

Et donc ça inquiète et ça inquiète d’une manière incompréhensible ; on ne peut pas coller à plat l’interrogation, c’est impossible ; il faut déplier quelque réel insituable ; et cela se comprend, a priori et tout théoriquement, abstraitement, en tant que le réel est un pli et qu’à la fois ce pli est inaccessible avec les moyens du monde et puisqu’il est un pli, cependant, il se communique à lui-même étant une articulation. Parce qu’il est une articulation et bien qu’impossible, il est exactement là.

Introduire à la forme de toute réalité, en quoi consiste le réel, c’est poser la « question », si l’on peut dire, du Fait du réel, « il y a quelque chose, plutôt que rien ». À quoi on répond, d’abord qu’il y a « rien » (qui n’oppose rien du tout à quoi que ce soit) et que donc le Possible est le principe. Et si le possible est le principe du réel, alors le réel est mouvement ; la possibilité indéfiniment ouverte.   

Et donc le christique est la mise en route du réel ; lequel n’existe, pour nous, nulle part ailleurs que dans l’attention, la capacité intentionnelle, celle là même qu’il faut convaincre, mais surtout qui doit se convaincre … elle, qui est une, doit non pas devenir double mais se supposer double ; se supposer comme christ ou comme sujet cartésien ou kantien ou citoyen ou héros de roman, de récit ; cette supposition est tout. Tout ce qui suivra, dans le vécu, se tirera du présupposé accédé.  L’adolescent se précipite de combler cette présupposition, il se prend pour Rimbaud ou Nietzsche.

La présupposition se nommait pour les grecs « vérité » ; on ne décide pas de la vérité, pareillement on se tient extérieurement d’une figure, cad  d’une intention située au dehors, qui tient lieu d’objectivité et pour atteindre à la volonté du sujet (en clair à son intentionnalité) il fallait un sujet. Et si l’on peut mentir à quiconque, à ce sujet là c’est impossible, puisqu’il est l’intention même en ceci qu’il vous renvoie non pas à une quelconque réponse mais à la si difficilement intention qui est la vôtre ; de même que le christique n’anéantit nullement le corps, de même il n’impose pas une moralité, mais l’inquiétude de l’indéfinition de ce qu’est l’intention d’exister.  

Plus généralement la mise en place christique s’étend absolument à toutes les possibilités qu’atteint l’intentionnalité et ce pour une raison à la fois simple et complètement aberrante ; le christique ne définit pas, il montre, il expose, il suppose notre être comme une structure et un mouvement ; il fait-voir un être réel, une structure effectivement active qui ne consiste en aucun mot, aucune idée, aucune image, aucune représentation, aucun discours (et donc outrepasse les discours grecs, comme les mythologies habituelles), et donc il renvoie instantanément à votre conscience intentionnelle. C’est ce qu’il impose partout, toujours, constamment et quelle que soit le moment historique. Ce qui arrive dans la réalité, le monde, le vécu et toute société humaine c’est la structure nue et formelle de l’arc de conscience. Et c’est parce qu’il se manifeste comme sujet qu’il appelle chaque sujet comme réel.

Autrement dit le dispositif n’est pas sans cause ; il a pour effet cela même qu’il instancie, qu’il expose ; et ce qu’il expose n’est pas une formulation hasardeuse ou arbitraire ou subjective ou accidentelle ou de facticité ou simplement une disposition, une congruence facticielle, une « secte ayant réussi » (ce qui est le comble de l’absurdité et l’incompréhension, anti rationnel au possible sous ses airs de naturalisme). Mais c’est la structure même tout à fait réelle qui soudainement apparait et apparait toute entière ; de là l’ampleur que cette disposition prit. Si l’universel n’était qu’un contenu rien n’expliquerait sa performance. Ce qui est mis en jeu aussi bien chez les grecs que dans le christique c’est l’arc de conscience non plus comme contenu de l’intentionnel mais comme structure intentionnelle et donc s’élabore les paramètres de cette structure.  

On ne s’étonne jamais suffisamment de la disposition générale de toute cette scène ; qu’elle soit mise en scène ou révélée est quasiment le même ; comment, si elle est inventée, a-t-on pu créer, instancier l’ensemble de toute cette monstration ? Qui a écrit « cela » ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que mentalement, idéellement, psychiquement, métaphysiquement et ontologiquement une telle extrapolation structurelle s’impose comme fondatrice de 20 siècles ? Que l’on considère l’événement comme une détermination, cela revient à la situer parmi d’autres ; parce que si l’on n’affecte pas une unité ontologique à une détermination, la série entière des déterminations s’impose et noie le poisson.

L’ontologie (le métaphysique selon l’ancien discours avant Descartes) s’utilise afin de passer par-dessus la détermination, les contenus enfilés incontinents, et de créer une organisation qui puisse se juger selon le réel ; c’est la finalité, superposer le réel aux réalités (qui cesse d’être signifiée en tant que « la réalité » comme si il était possible qu’existe une réalité les réunissant toutes, si il y a une unité, elle est autre). L’ontologique permet une gradation, et la gradation entraine l’articulation, laquelle articulation est le réel même (dont on a dit qu’il s’offrait pour nous en tant que présent, ce qui est, littéralement, une articulation, formelle, non situable étant ce par quoi tout est placé).

On voit par ceci que c’est de fait le réel même, en tant qu’il se meut, qui est analysé via ce moyen qu’est la « pensée », cad la dénivellation ou la remontée des intentionnalisations, de l’intentionnalité même, qui est faite pour cela, bien qu’elle s’imagine qu’elle se figure, se représente un contenu ; c’est ce qui trouble intensément à partir de Descartes ; on ne comprend pas tout de suite qu’ici même en et par chaque sujet le réel se juge et ré-articule le présent, cette structure. Aussi faut-il purifier, élaguer, abandonner ses illusions et non plus seulement se convertir à la pensée universelle (alors même que les grecs avaient parfaitement saisi qu’il s’agissait d’une ascèse.

Mais de par Descartes il ne s’agit plus seulement de basculer de son moi vers l’universel et le non intéressement, mais de remonter plus en amont et d’une décision existentielle ; et ce jusque Sartre qui éprouve quand même une difficulté à positionner la conscience comme sujet ; il ne veut pas tomber dans ce qu’il juge être un piège, un miroir idéaliste ou universaliste, l’idée de l’homme. Et il a raison de son point de vue, parce qu’insister sur le point qu’existe le sujet, c’est rencontrer la structure comme réelle et ne dépendant pas de son existence … Si il y a un sujet, alors ce sujet a une consistance qu’il faut définir et Sartre veut garder la structure sans rien (elle est « rien », le moi ou le monde apparaissent dans le champ, le « sujet » est toujours une représentation, toujours sous condition, en somme Sartre impose le nouménal comme actif mais vide). On insiste ici au contraire sur la forme strictement individuée de l’acte de conscience, qui est un arc, ce qui veut dire non seulement un arc et non pas un cercle (ça ne forme pas une « pensée » mais des intentionnalisations, plus ou moins organisées) mais aussi un arc de la cervelle vers le donné (du monde) qui re-vient vers le corps.

Et chacun n’a qu’un seul et unique corps et tout corps est absolument individué dès l’abord en tant que vivant et surindividué en tant qu’arc de conscience créant une autre-surface du corps recevant les signes) ; un champ intentionnel, de type sartrien, ça n’existe pas ; ça peut être pensé et instruit (par les sujets, Flaubert par ex, ou par un philosophe ou un psychanalyste) mais ça existe comme naissance et mort et comme existence. Nous nommons existence cet effet total dans le monde qui se tient d’un arc de conscience, qui ex-siste. Si l’acquisition, qu’il y a un corps et un sujet tenant, est supprimé (dans un dieu-total par ex, dans un absolu de « surconscience »), cela aboutirait à supprimer l’acquisition elle-même ; ce qui est absurde. Et donc le christique est la seule perspective ouverte qui maintienne, d’une magistrale pirouette complètement insensée, qu’il y a individualité et que tout est effectivement réalisé à cette fin.  

Le christique qui est l’initialisation du réel dans la réalité (comme les grecs mais encore plus formellement), lance officiellement la possibilité indéfinie du retournement de tout champ de perception. Et il initie ce par quoi ce champ débute ; le corps. Le retournement du champ est un mystère intégral. Et ne s’explicite, et s’explique vaguement, par l’arc de conscience comme intentionnalisation (du corps, du vécu, du donné, du monde).

Présentons la même chose autrement. C’est la capacité de passer outre le langage. Le langage durant les mondes particuliers constituait l’horizon réel ; dieu, les grecs, le christique et le sujet se créent par et via le dépassement du langage. Lorsque la vérité quitte le groupe et s’installe dans le monde, l’intention, le corps individuel ou le réel. Le langage est fabriqué, créé par et dans cette mise en forme culturelle, cette invention de la culture que furent les groupes humains, mais ensuite chaque conscience s’autonomise et passe outre, outrepasse le commun. Aussi ceux qui vont commencer de créer passeront au-delà du groupe (récupérant l’intention de dieu, le donné du monde et l’universel, le corps et le sujet et enfin le réel et l’existence ; toutes perspectives qui existent en plus du groupe et du langage. De là évidemment que ce furent par ex des révolutionnaires ou des artistes ; ils perçoivent l’historicité (et non l’immédiateté du groupe) et le donné-monde (la perception, esthétique) et le récit (le poétique et le récit), etc.

Cette perception-en-plus est très exactement l’acculturation qui s’ajoute à la mise en forme culturelle (qui occupait les groupes humains dans chacun des mondes particuliers séparés). L’acculturation est à disposition des individus qui seuls perçoivent en plus ; regardent dans le monde ou regardent le regard christique (qui le leur rend bien, puisqu’il crée leur âme actuelle, celle qui vaut tout). Percevoir par au-delà du langage joue à plein non seulement selon l’acculturation, mais bien sur selon l’individualité ; qui doit faire-avec son corps … sans le groupe et la parole… individu qui doit se tenir seul face-à, et réclame ainsi son éthique absolue, c’est-à-dire formelle. C’est ce qui se cherche, de Descartes à Lacan (tandis qu’auparavant le « sujet », ce dispositif structurel, ne se signifiait pas encore individuellement).  

Il est clair que cette éthique est profondément ontologique et non simplement une disposition morale. Et le christique est originellement le regard situé hors de tout, structurellement c’est par lui que cela arrive. C’est à ce niveau que cela se joue. Le surdivin, le dieu en plus du divin.

Voir les commentaires

L’ouverture de la Possibilité

7 Septembre 2019, 08:15am

Publié par pascal doyelle

Or dieu créa l’humain. Et afin que celui-ci pallie à la facilité des anges ; bien trop parfaits et trop peu complexes, l’humain en vue et selon une idée très précise et très étrange de la « prochaine complexité » et donc « prochaine perfection » qui repose a priori, par principe sur les êtres humains. Il ne s’agissait pas de reproduire à nouveau des « anges » mais de créer un être spécifique et tout à fait autre ; de sorte qu’il soit à sa manière (encore non discernable) plus parfait que les anges. A sa manière donc, jugée supérieure.

Il s’agit pour eux, pour les humains, de ne pas s’effondrer dans et par la brutalité et la violence du monde mais de grandir et de grandir plus suréminemment que les anges. D’une autre sorte de perfection et de complexité. Et c’est cela qui est en question, en cause, qui est la Cause même, cette autre sorte de complexité et de perfection. Il s’agit pour eux d’absorber, de contenir, de relever la brutalité du monde, ou si l’on est croyant de la punition générale affectée à la désobéissance ; mais dont on peut comprendre, surtout avec le christique, qu’il est question d’acquérir une plus grande perfection.

Face à la brutalité, la brutalité du réel, le problème est ainsi la dépression, le découragement, le ressort brisé, jusques et y compris la courbe faible des intentionnalités qui retombent et ne signifient plus selon le réel, stratégies que présentaient dieu, l’universel, le sujet et qui ne se fie plus même à sa propre finalisation, mais se fixe sur des objets, des objets dits du désir, massifs, consistants, support de l’être (alors que la structure du réel est le mouvement) poisseux selon Sartre, rendu impossible dans la dépression, objet de haine pour le violent. L’objet, du désir, n’est pas idéal, il el croit seulement au début. Mais tout s’inverse rapidement et se révèle que le moyen lui-même était erroné ; le réel ne peut pas être objet de désir, le désir n’existe pas. L’assomption du sujet dans le moi est tout à fait autrement autre chose qu’une chose.

Pour ceux qui espèrent encore une vision angélique de la réalité, il n’y aurait alors rien dans le monde, le vécu ou le corps, qui soit à la mesure de leur désir, imaginaire, imaginé, et tout ceci se transforme en un piège monstrueux ; le cercle de conscience tournerait pour rien, dans la sombre malignité. Le cercle ne serait pas une tangente mais seulement la perte et la désespérance ; il creuse son trou en imaginant y échapper.

Rappelons que la folie, à proprement parler, c’est le retour du groupe parlant, dans le monde de mise en forme culturelle (ayant inventé le langage, la représentation, les échanges réglés, la famille sous diverses formes, etc) le retour du groupe parlant mais en un seul individu isolé, qui commence de babiller dans tous les sens comme si, à lui seul, il formait un groupe et semblable au monde, à la perception ; dès lors dans sa tête solitaire, tout se met à signifier. Mais hormis cette folie internée (en elle-même comme en un monde) et puisque, cessant la mise en forme culturelle, nous sommes passés à l’acculturation généralisée, laissant, délaissant chacun dans l’isolement de plus en plus intégral, en sorte que l’on se retrouve dispersé et abandonné et menacé, et donc soumis à la dépression, à l’impossibilité d’intentionnaliser ; comme si l’absence de groupe humain effectivement « vivant » supprimait radicalement que cette intentionnalité fasse cercle et enroulement et donc effets ; n’ayant plus d’effet mémorable dans la réalité ou le vécu, on cesse tout effort d’intentionnalisation. 

Le trop d’investissement, la torsion de l’intentionnalité vers le seul monde donné là, vers le bonheur du moi, dont le substrat fondateur est le corps (et l’économie l’idéologie du corps, ça ne parle que de jouissance, de plaisir, le plus grand achèvement serait la satisfaction, repue, gavée, bourrée au sens propre, droguée, et se confondant avec l’image de la plénitude, satisfaction imaginée donc et non pas réelle, parce que dans le réel il n’y en a pas. C’est précisément cette absence que le christique et la philosophie manifestent, dont ils dressent le plan, l’intentionnalité réelle.

Plus généralement et contrairement aux absurdités que l’on entend ici et là, le christianisme n’est nullement la négation du monde, mais son élévation ; le christ vient dans le monde afin d’élever le monde, le donné, et bien sûr le vécu et le corps. Il est le dimensionnement réel, l’acquisition de ce que peut et doit devenir la création ; la création dans la création même, si l’on sait lire. De là que nous soyons libres et que c’est librement qu’il faille devenir plus grands que grands. Pareillement dieu s’instancie dans le monde et s’élève lui-même encore plus que lui-même ; le christique est le surdivin, le dieu en plus. Ce qui doit ou le sens, l’orientation de ce qui doit devenir. Et cela pose la question de l’intention.

Les juifs se demandent mais qu’est-ce qu’il Veut ? À nous inquiéter tout le temps comme cela. Dieu est l’intention sans explication, ce qui veut dire sans explicitation ; il n’installe pas un monde défini, un panthéon de dieux aux fonctions strictes, une mythologie explicative ou démonstrative du monde perçu. Il impose qu’il existe une Intention, que l’on doit décrypter et dont nous sommes le lien. Ce qu’il lance c’est l’intention comme telle ; qu’elle doit régler le monde, le vécu et ensuite le corps. Que si l’on ne choisit pas l’intention, on élira une partie du monde et tout sera perdu, parce qu’aucune partie du monde ne contient le monde.

Et le christique permet d’envisager que cette intention se réalise, se rend réelle en et par un Corps, qui n’est pas le corps d’un ange, mais un corps faible et difficile et mortel et souffrant et pauvre et sans rien, nu ; il faut comprendre l’insaisissable articulation qui est sous-entendue comme jugée plus parfaite et plus complexe et plus performante, malgré qu’elle n’en ait pas l’air du tout.

Ni intellect ou abstrait ou spirituel comme les anges, ni évidemment divin et éternel et absolument autre, mais trempé dans et par le Corps. Ceci est absolument fondamental. Que l’on ne soit pas divins est faux ; si il s’est incarné c’est que cela, cette perfection invraisemblable, existe dans un corps et a besoin du corps faible et geignard ; et qu’il ne soit pas le corps de pur conscient et de volonté parfaite des anges. Ça n’a rien à voir avec le noyau conscient-volonté et pas plus Descartes que l’on caricaturerait allégrement si on ne distinguait pas que la volonté est déjà autre que la pensée et renvoyée infiniment, cad intentionnellement et non pas accrochée au monde ou au corps ; le corps-esprit, la troisième substance est invraisemblable, cad réelle.

Que l’on croit ou non, parce que même si l’on ne croit pas et non pas en considérant le christianisme comme une idéologie ni une possibilité soudainement « inventée », mais comme manifestant le réel même dans sa structure, alors il révèle et montre « ce qui est possible » dans la réalité ; et cela ne manque pas de poser la question ; mais comment a-t-on pu en quelques siècles, voire en 50 années (Saint Paul écrit vers 50) poser l’intégralité de tout ce qui deviendra en 20 siècles ? Le mystère reste entier.

Quoi qu’il en soit si le corps est cela même qui existe, alors ça n’est pas le corps donné là, mais le corps supposé et élevé par l’intention que l’on en a. Une intention qui n’est nulle part, au sens où elle existe, dans le présent, et en plus. Elle est en plus. Et doit donc se-vouloir. Et elle se veut de et par un sujet ; et ce sujet est par un corps ; quoi que l’on fasse et pense et imagine, il est une structure en forme de champ de perception, à partir et selon une unité corporelle, sur laquelle il faut investir beaucoup plus que simplement ce « corps donné là ». Autrement dit le « corps » est quelque réel en plus. Que la structure soit le corps signifie qu’il est perception et il y a perception afin qu’il crée ce champ lui-même. Le secret est le champ. Ou donc le réel, qui n’est dans sa formulation hyper active, rien d’autre que la perception. L’élévation de la perception est la finalité du christique (ou de Descartes ou de Kant, ou de Sartre ou de Lacan, cad du moi donné spontanément ou qui croit en sa spontanéité et n’y comprend rien du tout, ni à la perception fondue dans l’imaginer, ni au corps collé à l’intention).

Le christique ne veut pas seulement montrer le corps de chacun, par quoi se constitue exclusivement qu’il y ait une humanisation qui vaut (et vaudra) par une personnalisation. Il ne se positionne pas uniquement comme horizon de l’universalité générale et de l’individualisation singulière. Il vaut en tant qu’il montre que la structure est celle d’un champ de perception et que seulement par là « il se décide ».

Si le Un est, alors il ex-siste ;  mais donc il n’est pas, ce qui « est » c’est l’exister, l’être est ici et là dans le mouvement, le mouvement est structurellement bien plus grand que l’être. Et en l’occurrence le mouvement est la perception, ce qui revient à la possibilité du réel plus-grand-que-lui-même.

Que structurellement cela se soit exprimé et explicitement, quasiment, exposé, passons sur l’aspect apocalyptique, de révélation, et remarquons que véritablement ce qui est de l’ordre de la structure ne se communique pas par morceaux et par composition … La structure c’est ce qui vient tout entièrement et en une fois. Lorsqu’elle se signifie, s’auto-signifie, c’est déjà dépliée. L’universel est entièrement positionné par les grecs, le sujet et le corps entièrement par le christique. Descartes instancie absolument, cad formellement, tout le sujet, dans son accélération performative sur laquelle il est impossible de revenir ; après les grecs, qui augmentent l‘intentionnalité, et le christique, qui intensifie l’intentionnalité, Descartes qui accélère le sujet et le place sur la surface du réel. Dès lors on se demandera ; sur quoi place-t-il le sujet ? Et quel est ce sujet insituable puisqu’il est ce à partir de quoi, de qui le reste se positionne)?

Si les grecs expriment tout l’universel, cela ne réduit pas ce qui viendra après, qui échapperait à l’universel, vers le subjectif ou une version froide du logos ; c’est juste que les autres réalisations orienteront vers un autre pan de réalité et de réel et que donc le « logos » est plus grand que celui des grecs ou se tient d’une autre version ou mieux d’une autre extraordinaire possibilité. C’est la possibilité qui est creusée et c’est pour cela qu’il s’existera quantité de sujets, universels ou singuliers ou existentiels. Réalité et réel, pensée du monde, du vécu et du corps et ontologie puisque lorsque l’on engage dans la structure on investit dans ce qui est structuré, du réel vers et par la réalité.

Aussi faut-il imaginer la structure comme le côté face du réel, dont la réalité, les réalités positionnent le côté pile, et le champ perceptif est le devenir. La réalité devient dans le champ ; l’adn du vivant est un comportement, dans la réalité des corps et non pas une essence secrète. Il est considérablement plus de réalités que de structure ; la détermination détermine, le réel ex-siste.   

Il s’agit  de ce fait littéralement d’une création, une création qui devait se prendre en charge et se mener bien plus loin, bien plus loin que l’angélique : une création susceptible de création, en boucle, et dont la constitution est celle des corps, comme champs et bien plus découplés que les anges. Et plus loin que le seul divin, aussi devint-il nécessaire de créer, en plus du divin, le surdivin ; le dieu en plus, celui qui orientera le devenir possible. De s’incarner en tant que corps. En un sens il y a une trahison si l’on ramène la créature à une perfection d’inspiration grecque ; parce qu’il n’est pas question de ressembler à un ordre idéal, mais de créer, en tant que créature inventive, ce qui sera, créature chargée de créer. La différence est absolue ; aussi toute tradition de la Possibilité (qui court de dieu à Lacan) consistera à porter plus loin la capacité du réel.

Ce que l’on a mis en place comme Structure. Ce par quoi la structure du réel s’impose dans la réalité ; fondamentalement le corps du christ, la forme d’un corps qui n’est pas « du monde » parce qu’il est perçu selon le Bord du monde, mais aussi le Bord du vécu et du corps, inaugurant le formidable champ du possible. Et dedans la plus grande proximité possible, puisque l’on ne se place plus cette fois du haut de l’universel, mais à partir du corps ; il faut soulever le corps jusqu’à le rendre capable de porter les signes du possible, par lesquels celui-ci vient au jour, se manifeste, existe dans et comme monde, vécu et corps et est perçu par ce vivant. Lorsque l’on considère l’ensemble de tous les opérateurs et inventeurs et créateurs qui se déployèrent durant au moins 20 siècles on saisit toute l’ampleur de la problématique ; ça ne se fait pas tout seul, ni facilement.

Il faut profondément, cad dans la perception qui est le champ le plus élevé que l’on connaisse, inscrire ce corps dans le monde et donc composer, recomposer ce monde même, dans et à partir de la perception puisque ne pouvant pas même faire appel aux mondes particuliers précédents (le groupe ni le contenu de conscience ne s’utilisent plus comme fondation du réel mais bien la structure de conscience, soit intentionnel développé (l’universel grec des intentionnalités) soit intentionnelle pure (dieu) soit intentionnel et incorporé. Mais pousser outremesure le dit champ en supprimant le sujet, cad la structure intentionnelle qui le sous-tend, est une perte irrémédiable ; il y a un champ parce que marqué, encadré, instancié de sujets. La perception existe par et pour des sujets et le « sujet » doit y être exprimé et positionné explicitement. Le christ traverse le champ qu’il crée, c’est même cela qu’il annonce en s’annonçant lui-même ; « je suis le chemin, la vérité et la vie » « qui me voit, voit le père » et toutes autres formulations sidérantes.

Or depuis le christique qui assène massivement l’unique loi, il y eut le déploiement de tous les champs possibles à partir du premier sujet, le surdivin, créant la plus grande possibilité de retour dans l’articulation qu’est le réel.  

Et nous sommes encore loin de parvenir de penser ce qui peut bien se concrétiser dans et par l’instruction du donné et de la matière par ce retournement du dedans-même de la perception qu’est la perception, qui n’est rien que de la réalité ; la perception est un tel retournement mais qui aboutit à la possibilité interne qu’elle est depuis le début, alors oui il s’agit de la même création, continuée.

Traversée par le réel pur, lequel est constitutif. Et si il se manifeste comme tel, cad entièrement de sa position, ça ne sera que d’un sujet ; seul un sujet s’annonce lui-même, la forme même du christique (de Descartes, de Rimbaud, de Nietzsche, de qui l’on voudra) cette forme même est la verticale, unique et exclusive ; la perception n’est rien que la réalité en ceci que tout ce qui est déterminé, l’est dans et par la détermination. On veut dire qu’une abeille n’existe pas autrement que dans et par son comportement d’abeille ; dans la détermination il n’y a pas de second plan, second horizon ; elle est toute entière exposition et manifestation. Sauf donc la forme même. Ce qui ne se voit pas, non par dissimulation ou retrait, mais parce que c’est cette position même qui fait-voir. Rien n’est donc caché et rien n’est ignoré. Et l’initialisation du processus est intégralement exprimé dans et par le christique, qui se signale précisément de ne rien garder.   

Les choses sont intégralement ce qu’elles sont, mais l’exister des choses non.

Parce que la structure est toujours plus grande que l’acquisition et qu’elle grandit par le déploiement de la détermination. Elle est ce qui pousse la possibilité de la possibilité, la possibilité dans la possibilité. Et de cela nous sommes comptables.   

Voir les commentaires