Le devenir cartésien du monde humain
Ce en quoi repose le sujet cartésien, c’est la (non)surface de Heidegger : qui est l’inverse du monde, l’inverse du monde de la technique. Le sujet cartésien bien qu’il ait encore voulu penser le monde, là devant, selon un discours (mais placé en surveillance par le sujet et donc pris lui-même comme discours dans un projet, une intention, une volonté), est quant à lui-même limité à son être seul.
Il est dans le doute, le doute de tout, cad aussi de toute identité ; en quoi le Moi, du 20 éme, viendra s’imposer afin de combler ce vide (que le moi, n’importe qui, connait, en ce qu’il est son statut d’Etat, comme citoyen-sujet, individu-culturel, technicien-désirant). Etant dans le doute, il anéantit toute espèce de pensée ou de projet ou d’habitude d’être, connus, et se positionne devant le monde comme donné (dont « on peut faire quelque chose », ceci étant la finalité idéologique absolue qui contient toutes les idéologies futures). Dans le doute qui, mettant entre parenthèses tout discours précédent, nous donne le monde tel quel.
La difficulté de penser ce monde-là, donné, fût relevée par Spinoza et Leibniz. La configuration du sujet comme tel, pensée par Kant. Et le développement du discours non plus « en soi », mais pour nous, déposé comme un objet (absolu), par Hegel. Puisque le sujet est, il est extérieur à tout. Et l’épisode du doute emplit la totalité possible ; pour Marx ou Freud ; ou Nietzsche qui relève la volonté, comme l’intentionnalité pour Husserl. De même qu’apparemment le langage pourrait être l’objet (pour un sujet) de science extérieure, de même les choses et les êtres se donnent à voir extérieurement pour un sujet ; qui ne sait pas où il Est. Ainsi Heidegger tente-t-il de dire là où il Est, le sujet. Mais a contrario, Sartre nous montre qu’il n’Est nulle part, pas sous la forme de l’en-soi massif, mais pas plus sous la forme de la signification poétique heideggérienne.
Au discours déroulé à partir de soi, et qui détenait le sujet dans son déroulement (comme animal raisonnable générique ou comme unité spirituelle théologique, mais toujours relatif à la diction même du discours auto développé), au discours clos donc commence à échapper le monde, qui est beaucoup plus vaste et autrement organisé que ce que la pensée peut en déployer rien qu’en elle-même (elle essaie de penser le monde en général, mais non pas ce monde-çi en particulier), et commence à échapper le sujet lui-même qui sent bien qu’il n’appartient pas seulement à cette énorme intentionnalité qui clôt tout ce qui est dans Un discours (ou une institution fermée ou une société traditionnelle qui repose sur elle-même, sa propre unie pratique, plutôt que sur les pratiques de chaque sujet).
Hors de cette intentionnalité et hors des hiérarchies fermées unes, il devient ; on ne s'est pas encore habitué à penser le devenir des sujets, que déjà il faudrait penser leur identité ; qu’est-ce qui réunit les sujets ?
Si c’est le moi, et seulement la forme que nous connaissons de démocratie (résolution des conflits ), ça ne marche pas , de toute évidence … puisque les conflits résolus sont submergés par d’autres nouveaux conflits, les intérêts, au lieu de se réguler, se démultiplient et de toute manière, ce qui prend de plus en plus en charge la résolution (qui devrait être rationnelle) c’est la Hiérarchisation ; cad le mimétisme immédiat, la mauvaise reconnaissance, celle dont le fondement n’est pas du tout la connaissance, mais qui prolonge seulement le donné (comme Donné), sans conscience du tout, de sorte que tout tend à glisser dans l’inconscience , l’inconsistance , sans intellection. Ce qui ne veut pas dire sans explicitations ni bavardages, mais seulement que le nœud du réel (vécu ou organisé ou connu, etc) nous échappe absolument. Tandis que Descartes a su dénouer en son lieu et place et a instauré le minimum rationnel effectif ; ce sans quoi, sans qui ( le sujet), ce que l’on dit (et organise ) n’aurait pas d’effectivité, de réalisation (sinon dans la répétition des hiérarchies antérieures).