Universel et révolution
Si c’est notre être qui est mis à jour par les grecs, c’est cette structure qui est devenue et qui s’est modifiée ; notre être s’est modifié et ce ontologiquement.
Ce qui se modifie n’est pas repérable dans le monde mais dans la structure qui aborde le monde, le donné, le corps, la perception, etc. notre être, la conscience-de, se situe sur le bord du donné ; elle ne se constate que de ses effets. Nous sommes « habitués » à ces effets ; nous considérons l’universel, le sujet, ou le moi comme existant de fait. Mais l’universel, le sujet et le moi n’existent que dans l’effort, la tension, l’intention, l’intentionnalité de structure, l’intentionnalisation déployée (en universalisations (éthiques, esthétiques, etc) et universalités (le vrai, le bien, le beau, la liberté), œuvres, travail, engendrement des grands sujets et incorporations des mois, toute personnalisation est une tentative de résolution des quadratures, de même que les grands sujets s’épuisent et mortifient leur moi, leur humanité ou leur corps afin de remonter dans la structure de conscience, impossible).
Le premier devenir réussi est donc la révolution unique (qui installe l’Etat, qu’il soit libéral, ou momentanément communiste, qui ne se fonde que sur l’universel), mais ce qui devient en interne de la révolution unique est le monde du libre (ce qui ne se restreint pas au libre des individus, mais s’institue de l’utilisation de l’universel, l’utilisation de la raison, des sciences, de la nature humaine, etc, cette utilisation s’effectue par les sujets, soit ceux qui s’absentent dans l’objectivisme soit ceux qui s’ignorent dans les mois).
Le libre est ce qui utilise l’universel (au lieu que l’universel se croyait la finalité même), mais le libre ne s’interroge pas du tout sur lui-même ; il se prend pour la réflexion, purement fonctionnelle, de la réalité humaine sur elle-même ; la nature humaine est ce qui se réfléchit et que cela se réfléchisse n’est pas du tout une question. Au lieu que l’on avance ici que c’est le réflexif qui produit l’universel, ou l’humanisation ou le moi. La finalité n’est pas l’humain (qui est seulement effet) ; la finalité est la structure de réflexion elle-même.
L’être réflexif n’est pas la réflexivité humaine (qui est un effet)
La complexité engendrée par la révolution unique croit trouver sa stabilisation dans l’universel seul, comme cadre général qui renvoie chacun à lui-même, et l’homme à la « nature humaine ». Cette inertie permet de développer tout ce qui s’engage du donné « là » (la société civile, le libéralisme, l’humanisation humaniste, les mois, tout ce qui n’avait pas droit d’exister auparavant) ; mais en même temps elle constitue un piège ; le donné là inerte de la « nature humaine » piège le réflexif (sous la formulation de la « raison », de l’objectivisme et de l’objectalité, qui sont très exacts mais non pas le bout du chemin), et recourbe les intentionnalités vers une finalité «donnée là ».
Autrement dit c’est l’interprétation de la pensée comme raison ; la raison est l’interprétation qui traduit la pensée (beaucoup plus ample et ambitieuse) mais à l’usage des mois et de l’universalisation. Or l’universel n’est pas le tout du problème ; s’y ajoute le sujet qui outrepasse la raison (mais n’en est pas pour cela in-cohérent) et le moi et l’incorporation (soit donc le réflexif dans et par un corps).
Ne sont tenu pour rationnels que la raison (interprétation minimale de la pensée, cad de la réflexivité) et l’universel de ce fait tellement réduit (dont pourtant Descartes institue qu’il s’origine dans un sujet). Cela livre l’universel aux finalités supposées «naturelles » (la nature humaine, le moi comme spontanément « lui-même », le libéralisme sans autre fondement que pseudo naturel, la science comme constatation unilatérale d’un simple donné inerte) et ne permet pas de comprendre que notre être n’est pas naturel du tout, et qu’il doit se déployer structurellement (et non comme déterminations saisies par des objectivismes, scientistes ou étatiques, ou des objectalités de l’idéologie pseudo libérale et du monde des mois ou des utilisations délirantes de la liberté comme fantasme irréel).
Ainsi donc l’universel ne doit valoir que par les libertés, les êtres libres en tant que libres, en tant que mois et incorporés mais de mois atteignant le sujet en eux ; nous en sommes loin. Les mois sont en difficulté de comprendre qu’ils contiennent un sujet ; la structuration même des mois est tellement problématique qu’ils deviennent fous, se dégradent, se divergent ; l’atteinte du corps par la structure est extrêmement douloureuse, insupportable. Et toute la capacité de compréhension du problème se limite (si l’on peut dire) à l’universel, l’universalisation, ou l’objectivisme ou l’objectalité ; or si il est un sujet en chaque moi, il ne peut se résoudre que structurellement.
Ceci implique que soit compris à nouveau comme s’origine notre historicité et « cela » qui est devenu. Soit donc notre-être. L’archi, grec, et l’hyper, chrétien et affiliés, se sont confondus dans l’articulation nouvelle réflexive (que décrit, et invente en partie, Descartes et suivant). Mais depuis longtemps nous avons dépassé le seul universel et depuis Descartes au moins nous recherchons au-delà de la raison, de l’universel, de la pensée et nous sommes avancés dans la structure même ; par les grands sujets et par les mois, de même que parallèlement la régulation universaliste de l’humanisation, se cherche (et ne se trouve pas ou simplement ne se découvre que petit à petit).
De même ce qui résulte de l’installation de l’universel par la révolution unique, et qui garde en soi l’universel mais comme cadre, engendre un monde humanisé restreint dans la mesure où les seules finalités intérieures à ce monde là, celui-ci, retombent dans le moi, les regroupements, les immédiatetés objectivistes ou objectales, les représentations en images puisque c’est l’image du corps qui identifie ce que l’on est…
Or du point de vue structurel, celui de la pensée, grecque, et chrétienne, et celui du sujet (qui sont une seule et même trame, un seul tissage réflexif), le un n’est pas le corps mais n’est pas non plus le non corps (dans el christianisme le corps est totu à fait autre chose que la caricature dont on a bien voulu l’affubler, dont les instances objectivistes et objectaux lui surimposèrent l’image, image produite à leur mesure, à leur norme de raison et de moi psychologique). Il faut comprendre que certes l’objectivisme et l’objectalité, les sciences et l’étatisme (dérive de l’Etat dont l’essence réelle serait la démocratie non encore advenue), la société civile grotesquement ultra libérale et les synthèses hâtives des mois (qui sont des bricolages qui y croient), tout cela est réel et réalise une réalisation humaine concrète, mais forment tout autant le piège dans lequel le structurel qui s’élançait par la pensée grecque, la réflexivité chrétienne, le réflexif cartésien, le structurel qui a soulevé le monde, l’humanisation, l’historicité, s’est enfermé. Tout le structurel est piégé dans les synthèses apocryphes de l’objectivisme et de l’objectalité.
La vérité et la réalité est qu’il faudrait comprendre en-deçà de l’universel, qu’il existe un structurel, valant en et par lui-même, de même que Descartes origine la pensée (qu’il définit comme entendement, sous-entendant que sa philosophie n’est déjà plus la pensée seule), dans l’être de l’homme dont le doute et la suspension d’être, le cogito et le réflexif qui se-sait, l’infini et l’indéfini qui a lieu manifeste, montre, expose l’activisme.