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instants philosophie

Les horizons

26 Juin 2021, 10:19am

Publié par pascal doyelle

Dieu, la pensée (grecque), le corps (christique), le cogito (cartésien) formulent, délimitent, permettent Prise de conscience de la réalité telle quelle.

À savoir que l’on ne reçoit pas le donné tel quel (du sacré, du langage, du groupe, de la tradition) mais nous créons les contenus (il se trouve juste qu’au début il faut que ce soit une création collective, de sorte que le groupe survive et que chacun comprenne immédiatement le-même-monde, ce faisant tous les mondes humains créés sont séparés et ne communiquent pas).

On passe donc au second niveau, y compris niveau de difficulté, en positionnant l’intention créatrice, la systématisation des intentionnalisations (les idées), l’incorporation, individuelle, de cette intentionnalisation (en un corps au moins ; le christ ; il en suffit d’un seul, qui sera de fait le un-tout-seul, abandonné, mais exemplaire et exemplairement hors du monde, cad également hors de tout monde).

Dieu comme Intention, la pensée comme déploiement des intentionnalisations possibles dans le monde donné, le christique comme regard incarné en et dans le corps vivant lui-même, le sujet (Descartes, Kant, Hegel) comme actualisation ici même, dans le monde, de l’intention (autrefois réservée, mise en réserve en dieu seul, délégué à tous par le christique et récupéré par chacun par Descartes et ensuite la révolution).

De sorte que si autrefois le groupe humain pensait (collectivement dans une représentation, parole, échange partagés) cette fois il faut resserrer et donc préciser, ajouter de la distinction et donc des possibilités en tout et partout et par tous et pour et par chacun ; de sorte que le niveau de complexité, le degré d’organisation du flux intentionnel qui dépend dès lors de lui-même, de sa volonté, et plus que de sa volonté de son intention, de la menée de son existence toute entière, cette méta-organisation donc pour avancer a dû et doit encore se connaître, se percevoir, se prévoir, soit donc entrer dans son propre champ, ce qui est tout à fait logique puisque c’est ce champ lui-même qui se produisant face à soi peut se prévisualiser, s’imaginer, se décrire, se parler, se partager à partir de l’expérimentation multi-azimuts de l’intentionnalité initiale (dieu), augmentée (pensée), incarnée et donc intensifiée (christique), accéléré (Descartes et suivants), et finalement concrétisé ; révolution de l’équation liberté-égalité-fraternité, puis ajout dans cet humanisme universaliste, de la personnalisation, du 20éme siècle, qui renvoie cette humanisation à chacun dans son moi-même propre, et sans lequel mouvement interne l’humanisation n’a pas de point d’impact, lequel peut n’être qu’individuel ; parce que l’on n’impose pas d’en haut la réflexion, mais elle doit ou airait dû naître en chacun, années soixante, entre autres, syndicalisme, mass et puis surtout micro médiatisation, qui va chercher chacun en tant qu’un là où il est, et qui est fondamentalement un mouvement mobile « infini », internet.

Bref tout l’ensemble converge en cette actualisation de toute la possibilité ; et ce qui est tenu pour « la possibilité » c’est le possible même. Au sens non pas vague, mais très exact bien que sinueux (puisque le rapport ne peut pas apparaître tel quel dans l’énonciation, l’image ou l’idée ou les signes ; seul une conscience peut intuitionner l’acte de conscience ; le signifié des signifiants n’est saisi que par le rapport qui installe tous les signifiants).

La révolution rend accessible à chacun que chacun soit à lui-même sa finalité, mais aussi que chacun ait en sa propre vue la vision de l’ensemble des sujets (nommé alors « nation », on meurt et on vit non plus pour le roi mais pour la nation, cad les autres sujets ; c’est en ce sens que la nation fut inventée et créée dès l’abord pour les juifs et Israël, dieu fonde cette unité nationale de la volonté, puisque dieu est, littéralement, l’intention initiale, celle qui n’est que cela l’Intention qui donc étant absolument formelle, est la forme singulière qui ne contient que soi mais ne contenant que soi elle contient tous, cad tout le possible, dieu est hors du monde, qu’il a, donc, créé, et ceci se désigne non comme sacré, qui réserverait une partie du monde, mais le divin qui se tient hors du monde, de même que le christique imposera que chacun se perçoit lui-même à partir de la fin de sa vie, initiant alors que le sujet est séparément du segment naissance-mort).

L’œuvre s’étend à tout le donné accessible (le rapport est attiré ou attire tous les rapports ; il sait, intimement, que tous les rapports ne lui sont pas exprimés, et donc il les recherche, il recherche l’extime, ce qui veut dire le plus intime ; non pour qu’il soit perçu, comme de l’extérieur, mais afin qu’il soit le point, plié, qui déplie tous les rapports possibles, au moins accessibles ; ce qui ne veut pas dire tous les rapports absolument parlant) et veut en obtenir le Bord délimité, mais cette délimitation si elle échappe aux contenus exprimés, est sensible à la conscience lectrice.

Le procédé consiste à vider le je de tout contenu, de sorte qu’il ne peut s’identifier qu’à un être qui n’est pas un être (le regard du christ par ex, d’autant plus autre qu’il est « parti », le sujet supposé qui ne vient pas dans le monde et écarte toutes les certitudes, le sujet transcendantal qui existe « sous » la phénoménalité, y compris la sienne propre, ou le génie rimbaldien, dégagement rêvé, etc) ou donc existe comme un cadre formel ; ou donc, en conséquence, un je offert à la multiplicité, pluralité, richesse des contenus divers disponibles (et depuis le 20éme imposés, la profusion des contenus, des signes, images et évidemment objets déployés industriellement, mass et puis micro médiatiquement). Le vide formel est ou a pour effets (innombrables) la multiplicité des choix et des inventions, mais auxquels on ne « croira » pas … puisque l’on sait en être l’origine, la cause (et non une causalité sacrée) ; aussi le divin (qui n’est pas le sacré mais existe séparément) est-il requis et appelé, comme méta qui signifie non pas le donné ou l’invention ou la richesse des contenus, mais l’assurance du sujet ; de même que le sujet, cartésien (celui que Descartes invente ou découvre ou décrit, et dont il n’est pas le seul existant mais celui qui en rend compte), que ce sujet donc s’instancie en quantité de sujets ; la forme est unique, le déploiement est indéfini en nombre ; suivant en cela qu’il est Le Rapport qui crée des rapports, tout comme dieu, le regard christique, la révolution ou la pensée quantité de systèmes.

C’est ce à quoi s’emploie la philosophie depuis le début et sous diverses variantes, puisque la « philosophie » n’est pas une doctrine, ni un corps de doctrines, mais l’analyse de ce qui, justement, est arrivé à l’humain lorsqu’il se rend compte qu’il ne dépend pas d’un contenu (reçu des dieux, du monde sacré, du groupe) mais d’une activité, ici même, et dont l’ici même sera précisément analysé, remonté du donné là au « là » du donné ; à la mise en avant divine, métaphysique, ontologique ou historiciste, consistant à prendre conscience, faire passer du non-dit à l’exprimé, ce qui a, donc, pour conséquence, pour effets d’augmenter la capacité elle-même (et donc les possibles du monde, du vécu, du relationnel, du moi-même) mais aussi du je, dans la considération qu’il a de lui-même. Et étant un rapport ce qu’il a, la conception, l’image qu’il a de lui-même il l’est.

Ça ne dépend donc pas de l’être, mais de l’avoir ; signe qu’il s’agit absolument d’un rapport formel, qui doit se situer et dont la situation a posé énormément de problèmes ; si le rapport est l’être, la pensée, le un, qu’en est-il de la multiplicité, du donné là particulier, du chaos initial du cosmos ordonné ? Si la réalité est cette vie en ce monde, par où et pour quoi le divin existe-t-il qui vient dans cette réalité mais repart sur son point tout à fait autre (à partir duquel point la réalité sera recréée) ? Si le sujet n’apparaît en aucun contenu (tous sont mis en doute), où existe-t-il ? Et si il existe n’est-ce pas sur une autre face de la même réalité, une face nouménale et kantienne ? Si notre être est activité de conscience, en quoi une vie, une perception, une représentation en conviennent-ils ?

Que l’agent actif du réel (en l’humain) soit une forme pure (l’arc de conscience, ou l’intention de dieu, ou le regard christique, ou le sujet cartésien, kantien, hégélien, ou la révolution du nouveau statut de chacun et de tous), c’est ainsi que chacun se retrouve propulsé hors du champ, mais ce qui pourrait sembler cause de désespoir et sentiment de perte, est également ce par quoi l’on s’éprouve soi dans sa capacité d’affronter l’impossible.

Puisque l’arc de conscience ou l’intention est hors champ ; elle crée lesdits champs.

Cette capacité d’instruire le monde, mais aussi le donné (les sciences), les vies vécues ou le relationnel humain et personnel, et donc le moi dans son image de lui-même, dans sa synthèse en tant que bricolage d’un côté (qui prend racine dans la coupure, la division qui crée le moi) et de l’autre le sujet, l’unité source de toute valeur parce que de toute possibilité ; le champ intentionnel (et l’humanisation, universelle, et la personnalisation planétaire sont d’immenses champs intentionnels) est bien plus grand que ce que la philosophie nommait la connaissance, le discours, la pensée ou le savoir. C’est non seulement un champ massif, parmi d’autres, qui s’est produit, mais c’est le champ lui-même, unique et ouvert sur et par la liberté, ce qui veut dire la possibilité ; la liberté qui ne veut pas dire « on peut faire ce que l’on veut » mais « tout ce que l’on veut augmente la liberté, ou l’on périt ». ce qui veut dire que l’on retourne dans un monde, dans un vécu, dans un intérêt ou une immédiateté, et on finalise l’intentionnalité par telle ou telle petitesse, exiguïté, et à terme incapacité. Et sous l’apparence de suivre un intérêt bien consistant et concret, c’est le réel et la réalité qui se perdent.

Dans le mouvement général de la philosophie, la pensée, le discours rationalisant, qui est fondamental et sur lequel on ne peut pas céder, n’a cependant pas pour finalité de se replier sur lui-même, mais de penser, véritablement, ce qui est, le réel, le « là » du donné ; lequel n’est pas fait, constitué, composé de « pensée ». C’est bien pour cela que l’on a dépassé la métaphysique (depuis Descartes, Kant et Hegel, qui, ce dernier, absorbe toute la pensée précédente) en s’engageant dans l’évidence de la structure active du réel instantanément « là » ; soit donc quelque part uen redite de l’être (mais la pensée se connecte immédiatement au « là » du donné, qu’elle nomme l’être) ; nous sommes dans le savoir, le se-savoir de la structure parce que celle-ci est active et donc se-sait, étant la structure même du rapport-à-soi ; le réel est universellement rapport-à-soi.

D’une part comme exister qui expose une réalité manifestée à elle-même et donc déterminée (elle est déterminée parce qu’elle est rapport-à-soi ; déterminations signifient « qui se distinguent par différenciations », ce qui se nommait autrefois le fini). Et d’autre part comme « conscience » qui n’a aucune autre logique que celle-ci ; elle est cet être qui n’est pas un être, mais le rapport à soi comme rapport et non comme « quelque chose » ; une conscience se-sait et dispose les signes dans ce se-savoir, chaque signe étant lui-même un rapport, et la conscience le rapport des rapports. Par conséquent dans l’arc de conscience se manifeste le réel dans et comme rapport, mouvement, structure, devenir pur.

De même que l’exister réalise, rend réel, et pousse à la détermination toutes les réalités, de même l’arc de conscience est la précision fondamentale qui parvient à son actualisation en sa propre présence et de cette manière rend accessible le possible au possible lui-même. Suivant en cela que par l’exister et par l’arc de conscience le possible se rendant accessible à lui-même, non seulement « se réalise » ce qui est la moindre des choses, mais il lui est possible de modifier le possible par le possible lui-même, puisqu’il existe en sa propre présence et peut ainsi se perfectionner ; il ne perfectionne pas quelque chose qui préexisterait, ni ne désire quelque réel déjà parfait (à quoi servirait une réalité ?

Le discours, comme idéal philosophique, saura donc tirer les conséquences (ontologiques) de la description, augmentée, qui permet d’étendre l’attention ; de la mise en intentionnalités nouvelles (les idées grecques), de la mise en jeu individuelle (naissance-mort et donc existence de chacun par le christique), instanciation ici même de l’intention (cartésienne et suivants), effarante précision de l’analyse de la structure intentionnelle (de Husserl à Sartre) et découverte de la scission qui crée notre réalité (Lacan). Soit donc une description recherchant la cohérence et qui, on l’a vu, place et déplace au fur et à mesure la ligne du réel tout au long du Bord du monde, du vécu ou du relationnel, de la perception et du corps. De manière à dresser la cartographie la plus exacte possible de cette découpe dont l’arc de conscience, étant un rapport, est en mesure de signifier ; ouvrant à chaque conscience la capacité de percevoir cette ligne du réel, en lui-même, parmi les autres, dans le monde et selon l’activité ontologique qu’est le réel.

De même que parallèlement, depuis l’instanciation du sujet (par Descartes et d’autres Galilée par ex, qui prévoient tous deux une connaissance mathématisable de la réalité), il y eut quantité d’analyses des déterminations, des causalités ; si l’activité libre d’un sujet est originelle (relevant de l’ontologie actuelle et non plus de la métaphysique) on passe outre les idées,notions, essences des choses, universaux et on commence d’entrevoir que la philosophie est bien plus étendue qu’il ne paraissait.

Il est cela même qui se perfectionne ; qu’il y ait à chaque fois et en chaque tour du réel un plus grand possible. Ainsi la réalité est engagée par et dans le réel, la structure dans et par le structuré, le transcendant contenant l’immanent ; il y a l’immanence afin que le transcendant s’atteigne lui-même et afin que cette atteinte soit plus grande, intensifiée, approfondie, de plus en plus distincte. Laquelle distinction ne peut pas s’obtenir sans se percevoir elle-même, sans se déployer, et sans qu’elle soit un rapport, ce qui veut dire un sujet.

L’approfondissement en question n’est évidemment pas selon le monde (destiné à la dispersion indéfinie, la décomposition du composé) mais l’approfondissement de l’exister ; de l’exister formel et non de l’être déterminé. Au travers de l’être par et pour l’exister. De la brutalité du début à la pureté du terme. De l’indistinction à la distinction d’une toujours plus grande précision, celle qui se travaille et se travaillera encore.

Aussi dans l’actualité, qui est l’activité même du réel, se décide la fin des temps toujours instantanément présente. Il n’existe qu’un seul instant, un seul rapport qui n’en finit pas de se perfectionner. Et chacun décide de son potentiel, de sa capacité, de son élévation.

Le transcendant est déjà intégré dans le donné, il est le ressort de l’immanence et on n’est jamais ce que l’on est, de même que la réalité est toujours suspendue, et n’est pas le réel ; le réel est le mouvement, et ce à quoi on confierait son accord (le « quelque chose » apparemment consistant, mais qui échappe toujours, que ce soit la « matérialité » ou la vie vécue, dont on voudrait nous faire accroire qu’elle est toute entière là cela seul qui compte), ce quelque chose est ontologiquement relatif ; l’être est relatif à l’exister et dépend de « ce qui est, fut, sera actualisé ».

C’est l’actualisation qui compte, et qui distribue et probablement redistribuera la réalité et les vies. La redistribution est interne à la réalité et à la vie (individuelle et collective). Et le réel dépend de la décision que l’on prend ; on reviendra sur la nature de cette « décision », qui évidemment se cristallise au bout d’une longue expérimentation, mise à l’épreuve, exploration, déchirement ou extase(s), champs de perception et champs d’expression.

Ou, dit autrement, des visions apparaissent dans la phénoménalité. Des signes, des possibilités, des intuitions de la réalité et de la vie possibles qui ne se sont concrétisées nulle part jusqu’alors mais qui pressent sur le Bord du monde ou du vécu ; ils pressent qui viennent d’en-avant, du présent issu du futur, de la capacité instanciée dans le présent et qui conduit, instruit, informe le présent ; qui sert à cela, que le réel vienne d’en avant.

Notre être, qui n’est pas un être mais un rapport, se-sait de cette manière cachée, sinueuse, rusée, retorse, et plus réellement encore divisé et splitté puisque c’est un rapport ... Un rapport est dans l’interstice et ne se tient ni de l’un du début ni du terme qui suivra, et qui n’est que le début du prochain terme. Que l’on pourrait poursuivre indéfiniment (tout comme le désir remplace constamment ses objets si il se laisse aller, à seulement désirer). Aussi est-ce non les termes et les débuts mais le mouvement même qui est le théorétique, l’ontologie.

Faute ou erreur ou délire puisque sans cesse on prend le contenu (de conscience) pour cet arc de conscience-même. C’est le péché et le jugement, la faute et le pardon, l’erreur et la volonté (dont on se souviendra que Descartes luttait contre, fondamentalement et non pas accessoirement), l’égarement, le délire depuis que la foule existe (et n’est plus le peuple du bon roi), depuis que les mois s’agitent, atomisés, et que la folie s’est coagulée en leur attention, leur intention, leur conscience-même (la folie date de peu, son augmentation requérait l’invention de la psychiatrie, psychologie, psychanalyse, pharmacologie) ; la folie est en partie l’être collectif qui devient psychotique et le devenir concret du péché et de la faute et de l’erreur qui devient individuel.

À son niveau le plus universellement et extrême c’est le délire qu’exprime et manifeste et tente de résoudre Rimbaud, et dont il se mordra les doigts d’ici peu, mais dont il perçoit l’auto-destruction et qu’il saura tenir à distance, définitivement pour lui ; mais son « délire » s’élevait jusque tout en haut à partir du Bord complet de toute l’humanisation, de toute la personnalisation et de toute l’historicité. Il s’en libérera… préférera le monde et l’horizon. Mais c’est que Rimbaud a bel et bien saisi la structure absolue, cad formelle, du sujet ; toute sa poétique de la fin est envahie par l’affirmation du je magique et mystique et ontologique et grand architecte de son destin, affirmation de structure qui ne dépend plus, indépendante (et qui travaillera, en vain quasiment, à cette liberté entreprenariale pour ainsi dire), le destin imposé de sa certitude (celle tout aussi bien de Descartes ou imaginairement de Nietzsche). Rimbaud ne suivra pas la forme « mesquine » de Baudelaire (par ailleurs « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai dieu »), dépressive et relativement perverse (qui aime le péché et le fourvoiement, qui n’a pas vu l’autre horizon de l’affirmation de soi, innocente mais tellement difficile), ni il ne s’abandonnera au néant et à la dispersion de perception de Mallarmé. Rimbaud est concerté en lui-même de par l’affirmation de l’utopie du je, qui s’extirpe avec force des griffes des enfers (différentes formes d’enfer), Rimbaud guerrier ou aventurier, un « lutteur » et il partit réellement pour d’autres horizons.

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L’individu par les temps qui courent

19 Juin 2021, 09:24am

Publié par pascal doyelle

L’actualisation est alors la finalité absolue, la finalité formelle de la réalité ; il y a de réalité afin que l’actualisation porte un tel rapport, un rapport tel qu’il décide de lui-même du réel.

Si le réel est le mouvement, cad le présent, alors le sens, la signification est d’actualiser ici même et maintenant le réel dans sa structure et sa structure est le possible. La Possibilité n’apparaît que dans le présent de son actualité ; il s’agit d’une technique, d’une technologie qui progresse depuis 3500 ans, au moins, et on ne remonte pas aux Védas, mais cela serait tout à fait significatif, de toute religion ou mystique ou pratique que ce soit ; l’important est la quantité d’indétermination élevée que l’on introduit dans le champ structurel de l’intentionnalité (et donc de l’intention, que l’on a d’exister) ; le Tao, par ex, est l’actualité de la présence même.

Sauf que la présence est recherchée comme une coïncidence et qu’ensuite lorsque le divin remplacera le sacré (et il y eut de multiples tentatives de situer le divin a contrario du sacré ; le bouddhisme est la conviction que le sacré est retiré du monde, qu’il est autrement et autre que le donné, et là aussi il faut spécifier que l’actuelle présence se rend réelle ici maintenant).

Tandis que dès l’invention, la découverte ou la révélation du divin, il n’est pas et il n’y aura pas de coïncidence (sinon repoussée au-delà, comme il existe séparément il ne peut s’incarner qu’une seule fois ; le divin (de manière générique, avec ou sans référence à dieu ; la pensée est divine) est structurellement ce qui doit être décidé ; par un peuple, une nation ou par chacun.

(voir la redistribution du transcendant)

Dieu existe, mais il existera encore plus ; et en vérité l’affirmation ici-bas rejaillit afin que dieu apparaisse dans le réel pur ; le divin n’a de sens que sa suréminence, comme la prédisposition au réel donné là, cad au monde (politique) aux vivants (péché, ce qui veut dire immédiateté, détermination ou intérêts du monde) et aux corps (individualité, vie vécue, relationnel) ;

de même que la pensée n’existe qu’afin de percevoir toutes les différenciations dans le monde, dans la phénoménalité (et sans laquelle pensée, strictement individuée, sinon individuelle, la phénoménalité ne se distinguerait pas ; le moi n’est jusqu’à Descartes-Pascal que l’agent intellectif et non un je) ;

ou que le sujet s’utilise afin d’accéder à soi en tant que soi-même (positivant ce que le christique percevait extérieurement, le regard christique réintègre pour ainsi dire notre intentionnalité) et de créer une société humanisée ; par laquelle ‘tous’ n’étouffent pas chacun et chacun existe hors de tous tout en s’y reconnaissant ; ce qui implique que chacun puisse posséder et admettre en lui-même cette complexité-là, complexité qui consiste à dédoubler l’intentionnalité de chacun, et non pas en une répartition de « rôle », ou dit autrement le je de chacun est autre que lui-même, ce qui contrevient à tout vécu immédiat, en lequel on se contente d’être soi ou de vivre selon un groupe déterminé.

Le sens de l’articulation non-coïncidente (divine et non pas sacrée) détache un peuple élu (par le un-tout-autre, le un cad l’intention, qui est un rapport, une forme et donc ne peut être que séparée), instaure un registre libre de la pensée (hors du groupe humain, Socrate est sacrifié), instancie chacun en son corps christique (qui effectue l’égalité de tous sous le regard du un-tout-seul), impose le sujet comme pierre angulaire (et l’ontologie de l’ici et maintenant), étend le sujet à tous dans la révolution (concrétisant tout monde humanisé et personnalisé).

L’individu par les temps qui courent

La non coïncidence n’est pas une raison de désespoir, de nihilisme, d’absence, d’incompréhension, mais au contraire. Descartes impose la certitude, même si on ne sait pas de quoi (puisque ce qui est en jeu c’est ce qui existe antérieurement à tout « quoi ») ; le christique demandait la foi, la foi en sa disparition comme preuve de son incarnation (reste donc l’intention de chacun) ; incarnation du divin, en quoi celui-ci n’est pas hors du monde mais « ce par qui fut créé le monde »  le verbe est origine, outil du père dans la création ; et la nouvelle manifestation du verbe, le christ, est la re-création du monde, du vécu et du corps, de même que le renouvellement de toute intention, toute intentionnalité (puisque la loi qui vous juge est dépassée par l’intentionnalisation qui vous conduit, et qui vous sera révélée à la fin) ; ce système, christique, dans sa clarté logique intentionnelle est parfaitement exprimé.

Mais au lieu de ne préserver que la foi, la conversion (dont on a vu qu’elle imprégnait tout autant la pensée, qui n’est visible nulle part dans le monde, mais qui fait-voir le donné développé dans la pluralité des intentionnalités, des idées) Descartes introduit que justement ici même le non-visible est cela même qui existe le plus (cad qui existe de fait et que l’être, ou la pensée, sont rétrogradés à la seconde position).

Donc par Descartes c’est le processus, civilisationnel si l’on veut, ou structurel qui s’expose. Et dès qu’il s’expose il entre dans le champ de perception. Il se voit. Et est vu. Que l’arc de conscience qui est cela-même, le mécanisme, la structure que la réalité invente (ou que dieu promeut, à son image) afin que la détermination (cad tout, tout ce qui est est déterminé) se soutienne bien plus précisément et que l’actualisation (en quoi consistait jusqu’alors le présent qui déroule toutes les réalités, tous les mondes, tous les univers) se redouble, d’un champ, nue, sans rien, qui doit créer et recréer toute représentation du donné là (soit dans un groupe humain et suivant cette logique holiste, soit dans l’individuation, d’une nation, d’une pensée ou d’un sujet) ; arc de conscience qui est un rapport et qui se-tient-dans sa propre vue. Afin que le début revienne constamment au-devant et qu’il puisse se reprendre, afin de perfectionner son opération (qu’il prenne en compte la détermination, évidemment et ne parte pas dans un délire, collectif ou individuel, mais qu’il ne soit pas enchaîné par la détermination, et échappé du groupe l’individuation va créer, continuellement).

Afin que l’opération du réel se perfectionne.

Outre l’instauration du Royaume (à savoir liberté, égalité, fraternité), il s’agit donc de chacun, de l’individualité du je, du sujet.

Il faut saisir le processus comme complexe et complet. À savoir ; si vous ne vous positionnez pas vous tombez. Mais cela n’arrive jamais ; l’idée, le principe même de la plus petite et précise unité, le moi, est créée et s’ajoute (il suffit de se rappeler son adolescence, de manière générale) ; mais de plus toute conscience est immédiatement et instantanément (ça n’est pas la même chose) arc-boutée sur le réel, ce qui veut dire sur l’historicité qui lui revient.

Il faut bien mesurer ceci ; l’historicité est toujours située au plus haut, au plus haut de la possibilité, de la capacité de conscience.

Ne plus adhérer à cette historicité c’est se diriger vers le monde, c’est ne plus suivre le temps mais tomber dans la spatialisation, le monde, le donné (la mass médiatisation s’est enfoncée dans l’actualité immédiate la plus étouffante possible, puisqu’aucun avenir n’est plus envisagé) ; non plus donc opérer la synthèse selon le temps mais bricoler le donné et son immédiateté. Non plus projeter (une mise en forme humanisée ou personnalisée) mais désirer une satisfaction dans le vécu, dans le refuge, imaginé, de sa sécurité, de son apparente réalisation objective ou apparemment consistante ou ressentie (puisque la réalité se présente comme effectivement réalisée et non pas risquée selon le temps).

Se diriger vers le monde revient à créer (on ne peut que créer, rien n’est en soi mais toujours sur la brèche) de nouvelles apparences, mais selon de petites tactiques et sans engager de stratégie (qui mènent outre leur performativité (elles rendent réelle effectivement une Actualisation, du je en tous cas) conduisent vers la coordination (la finalité démocratique et la capacité de décision concertée et lucide). On est toujours dans le (seul et unique registre de la création) mais selon des finalités dégradées ou arbitraires ou subjectives seulement et immédiates.

Évidemment de telles infra-finalisations de l’intentionnalité (bien que produisant un champ créé, il n’y a de champ intentionnel que créé ; même le moi le plus immédiat est original), ces infra sont parcourues de causalités diverses (un champ intentionnel ramasse tout ce qui lui tombe sous la main ; sa consistance de « signes » signifie au travers tout le donné qu’il fait constamment surgir).

Dit autrement la structure de sujet prend pied sur l’historicité et intègre tout ce qui peut être récupéré du temps, de sa propre époque ou de la temporalité expérimentale en quoi consiste l’histoire ; ce qui est devenu c’est la structure et la structure est articulée et nommément articulée ; elle impose des repères dans le temps, et ces repères sont des repérages de la structure même.

Nous savons que nous existons par et dans la révolution (en l’occurrence la plus accomplie ; française, celle qui s’est constituée elle-même depuis deux siècles, lancée dans le fracas mais ensuite continuellement voulue, selon diverses variations et tentatives de résolution des problématiques) ; de même nous savons que notre personnalisation, l’acquis d’un moi-même développée et conscient de sa capacité naît en tant que moi dans les années soixante (la répétition continuelle de la mass médiatisation, le retour des mêmes images, les événements fondateurs de la « fête universelle », les déboires du retour à la réalité ; ils pensaient changer le monde, mais le monde les a changés ; ce qui est à peu près faux, puisque « ça a changé » le monde, dans toutes ses parties, d’où la difficulté d’identifier cette modification et de ce en quoi elle consiste).

Bref, l’historicité nous engage, chacun, toujours au plus haut, au plus extrême, ce qui signifie au plus organisé, non pas au plus organisé selon le monde (pare qu’alors une dictature est très organisée, ou la vie communautaire ritualisée) mais selon la potentialité.

Le réel n’existe pas sans cet extrémisme, son activisme (étant pur mouvement il est toujours infiniment actif ; il est la mesure de l’infini ; le fait d’exister étant le possible-même est infini, dans son perfectionnement), et c’est structurellement, ontologiquement que l’historicité, et donc notre arc de conscience (à quelque époque que ce soit) se situe au bout du champ intentionnel (sinon il n’existerait pas), et donc au Bord du monde, au Bord de la réalité.

L’articulation de conscience (qui constitue tous les champs intentionnels) est extrêmement organisée ; c’est elle qui les rend tous possibles ; on l’a dit déjà ; même si 99 % des éléments du champ intentionnel viennent du monde, du corps vivant, du vécu ou du langage, c’est le 1% qui rend possible tous les autres.

L’arc de conscience qui est une forme sans contenu, met en rapport toute réalité de quelque source qu’elle provienne, qui se transfère au travers des filets de signes, intentionnels. Les filets intentionnels découpent la réalité et par ce découpage (modulable puisque ce sont des signes, sauf lorsqu’ils sont verrouillés par la communauté) les phénomènes sont distingués. Et des réalités auxquelles elle n’a pas accès immédiat, elle crée leur accessibilité par des systèmes de signes, de même celles qui ne sont pas ; elle les crée.

Mais pour prendre en compte l’actualité de l’histoire, il faut que chaque conscience soit à jour avec elle-même ; qu’elle produise son sujet, ou les signes de son je. Par exemple suite à la personnalisation activée des années soixante, et même personnalisation accélérée, chacun se devait d’entamer sa libération, libération de ceci ou de cela mais libération ; il fallait acquérir une énonciation, une manifestation objective ou objectale de cette conscience de soi ; de soi en tant que moi-même, retenant par là telle ou telle proposition universelle ou universalisable ; je me libère donc je suis. Illustration de l’adolescence et toutes ces diverses variations qui s’installent le long des années et selon les tempéraments. Il est clair que quelque mystère se joue, pour chacun et en son genre spécifique, qui évidemment ne s’extrapole de la causalité familiale, sociale, culturelle et tout ce que l’on voudra, d’autant que les années soixante se sont chargées de transmettre à chacun le principe du pur renouvellement libérateur, anarchiste, éveillé, ou comme on voudra nommer cette transmission de la dissemblance pour ainsi dire générationnelle (ce qui ne veut pas dire que cette émancipation ne travaillait autrefois et jadis mais qu’alors elle se désigne et nomme comme telle).

La multiplicité des « libérations » (cette fois-ci avec des guillemets) reconduit structurellement au moi-même, sauf qu’ici et là il vient à l’idée de quelques uns de remonter encore plus loin dans le temps. Et donc dans le réel, dans la ligne même du temps qui continue de déplier l’instant initial.

Cette acquisition de soi comme moi-même est rien moins qu’évident et c’est un dur labeur, sous ses dehors festifs, une difficulté insigne, une véritable épreuve ; un travail historique de 50 ans, mené collectivement et individuellement et mettant en jeu, plaçant sur la table des mises considérables ; une difficulté sans nom.

Et bien sûr ce même mouvement d’acquisition de soi (comme moi-même) finît par se singer. C’est qu’il ne parvenait pas à se cristalliser sur ses véritables enjeux civilisationnels ; ça n’est pas pour rien que celui qui inventât à concurrence de Descartes l’hypothèse, la thèse absolue du moi comme tel, à savoir Blaise Pascal, promeut tout aussi bien la critique du divertissement ; comme quoi l’historicité finira par rattraper toujours sa limite extrême telle que prononçant les faits et les gestes. Le divertissement c’est de ne pas se tenir sur le Bord.

On devrait structurellement ne jamais s’éloigner du Bord.

On a déjà vu et dit que la mass médiatisation devait se transformer en mass médiation ou donc de même la micro médiatisation (dont l’avènement se nomme internet mais aussi la prolifération des niches économiques ; la richesse rendant possible une quasi-ressemblance individualisée de soi et de son monde, avec ses objets, ses goûts, son acculturation quasiment egocentralisée), que cette mass et micro médiatisation se métamorphose en Médiation, devait, aurait dû impliquer une conscience de soi l’humanité en général et de telle sorte qu’il ne s’agisse plus de grandes masses mais que chacun se sente concerné au plus loin de lui-même. Or c’est en partie de ce qui s’est effectivement imposé sur toute la planète. Mais comme présenté ce gigantesque mouvement est rendu accessible du fait de la richesse (et donc de l’énergie fossile, de fait, du pétrole, du gaz et des machines, jusqu’aux ordinateurs, qui les utilisent). Retirez la richesse, qu’en restera-t-il ?

Parce que ladite acquisition flirte quand même déraisonnablement en confondant le je et le moi-même.

Le je se devait de trouver son moi-même, ce qui veut dire sa perception, son corps, son vécu, son relationnel, son imaginaire, ses projets, etc, et cette mass et micro médiatisation faisait suite aux romans, aux esthétiques, aux poétiques (et inventant depuis un siècle ses nouveaux médias, photographie, cinéma, tv, bd, ou ses genres spécifiques, policier, fantastique, Sf, et autres) mais non pas se noyer dans cet océan.

C’est qu’il ne tenait pas tant que cela à sin instruction structurelle ; ou plus exactement il prit appui par et en tant que liberté (le sujet libre remplaçant le divin, la pensée, le christique, l’universel lui-même), et fit feu de tout bois (ce qui veut dire qu’il a brûlé le monde, et souvent brûlé sa vie, le vivant lui-même).

Il crut, donc, que dans l’évidence brûlante de sa liberté (comme résumant absolument la puissance de structure de l’arc de conscience) celle-ci se suffisait à elle-même.

C’est que le rationnel passait pour second et tout à fait limité, la faute à son manque d’envergure et à l’impossibilité de penser la liberté (puisque manquait le concept plus grand que celle-ci, la configuration en laquelle s’instancie la liberté et le sujet ; à quoi l’exister est appelé, à promouvoir une rationalité plus étendue qui maintenant la clarté et la distinction parvient à entourer ce qui, apparemment, ne peut être circonscrit. Et justement l’exister ne contraint pas la liberté mais l’installe antérieurement à tout donné ; mais alors la liberté qui est sa propre loi est véritablement une telle loi, et non pas un arbitraire ou le faire-valoir d’autre chose.

Et dans la pénurie de définition de soi (l’abandon des configurations précédentes, historiques, et même abandon de l’universel réel, de la révolution et de ce qui en définitive s’impose comme transformation de l’homme, par l’État, version communiste, par chacun via lui-même selon la liberté), les mois se rabattent sur cela qui occupe le champ donné là ; le corps, les choses, les intérêts du monde, puis le projet techno-scientifique, lui-même absorbé par le tout-économique.

La vérité est que l’on n’a pas le choix ; soit on se saisit ou on est saisi par la structure et son historicité, soit le monde, le donné, le vécu et le corps emplissent tout l’esprit.

Dans ce dernier cas, pliant le champ intentionnel vers le bas, qui ne comprend plus l’élévation et ne considère comme réel que les réalités (ressenties corporellement pour ainsi dire, par quoi se glissent et s’imposent toutes les idéologies ; l’économie est l’idéologie du corps concret, c’est pour cela qu’elle fonctionne et veut tout absorber) ; réalités qui s’avéreront toujours plus réduites, démultipliant les différenciations jusqu’à l’aberration et le n’importe quoi, puisque la puissance ontologique de structure (qui doit se réguler vers le haut dans la stratégie) s’investit faussement et à perte dans les immédiatetés indéfiniment découplées, plis de replis de replis, effets d’effets, éloignant toujours plus considérablement la Cause, cad l’acte.

Enfermant de plus en plus le moi, qui n’y voit goutte puisque les effets d’effets paraissent toujours plus concrets, plus réalistes, dans une débauche d’images ou d’objets. Et le moi ne comprend plus dès lors pourquoi bien que recherchant hyperactivement la réalité il ne saisit rien du tout, et grandit l’in-satisfaction puisque la structure n’est pas faite pour la satisfaction.

Il faut instaurer une société humanisée et personnalisée (afin que les je puissent se débarrasser des nécessités et des intérêts et des immédiatetés) mais non pas que le fantasme d’une extase proliférante s’en emparent.

L’idéal a tenu bien longtemps pourtant et ce dans l’historicité proche ; la révolution ou la nation ou la liberté et l’égalité proposèrent leurs figurations les plus hautes, et même leurs transfigurations (esthétiques, poétiques, toute cette capacité de récit qui repose sur et par le je ; à quoi d’autre le récit, le roman ou la poésie individuée servent-ils ?) et même les années soixante sont idéalistement parcourues par un renouveau, une plus grande conscience de soi, un relationnel étendu libre et universel. Il est faux de juger de la vanité de tous ces engouements, de même que les libérations, diverses et variées, des syndicats aux minorités ou à la sexualité et la sexuation, furent bien effectivement utilisés et profondément marquantes (au point que l’on ne songerait pas devoir s’en passer, puisque tout cela organise l’identité devenue complexe des mois, des moi-mêmes effectivement réels et effectivement vécus, qu’il y ait complexité des mois est impératif, même si lui, en tant que je, se tient du un formel et structurel).

Et ainsi le structurel est absolument à la fondation de tout ; de restructurant toute réalité humaine en injectant, introduisant l’investissement structurel individué qui crée mille millions de possibilités, pour tous, pour chacun et historiquement ; et ces effets de la Cause-même doivent s’empiler, s’intégrer et par chacun se récupérer et élevés à nouveau et non pas se renier ; lors même que l’oubliant (comme on néglige l’encadrement universel de la société humaine au seul profit de la personnalisation qui a occupé tout horizon, dans une régression indéfinie, cad une sorte d’enfer mental, psychologique et psychique), lors même que l’oubliant on se réfère toujours à sa liberté en propre ou au progrès ou à la révolution ou à telle esthétique ou la poétique ou l’idéal du moi (acquis sur le moi idéal infantile), toujours une porte de sortie, par le haut, est offerte, à disposition ou soutenu par le moi lui-même, par le collectif ou l’historicité. Ce sont seulement les oublis et cet enfoncement qui relèguent le moi ou une société dans l’infra, la détermination, les intérêts, la satisfaction, l’addiction (qui pourtant n’existent qu’à partir des structures ; il y a un corps parce qu’il y a un champ intentionnel, présenté par le tomber-amoureux, le héros, le citoyen, la Constitution, la création qui seulement ensuite se dégradent ou se répètent).

Soit donc l’historicité qui maintient toujours tout l’ensemble au Bord extrême de la réalité, de la réalisation, puisqu’il n’est d’historicité que par le mouvement structurel qui déplace le mouvement lui-même, qui augmente, intensifie, accélère ou concrétise le mouvement (respectivement la pensée et les grecs, dieu et le christique, le sujet et la révolution).

Rappelons que la concrétisation de la structure n’est pas seulement le je ou le citoyen ou de telles abstractions, mais la configuration généralisée d’un monde, d’une part humanisée universellement et d’autre part personnalisée individuellement (un moi-même donc), et que ce passage à la concrétisation embarque également les subjectivités comme les objectivités, les sciences ou les techniques ou le droit ou la fabrication industrielle et donc économique de la réalité et des personnalisations.

Notre temps depuis deux siècles est matérialiste non en son orientation vers la matière, mais parce qu’il matérialise toutes ses intentions possibles et ainsi grandement idéaliste (du reste chacun, chaque moi se croit en son idéal imaginé).

De sorte que chacun, dans son arc de conscience, son je, se presse effectivement au Bord de ce qui est, et a fortiori de sa vie vécue, de son existence ; nous nous plaçons constamment au Bout du bout. Au bout du champ intentionnel, même si on y échappe, s’en réfugie la plupart du temps, puisque le champ est l’horizon qui tient en dessous de lui, de sa ligne, ces objets, ces images, ce corps et ses signifiants, tout ce que l’on prend pour des signifiés.

Ou autre positionnement ; même dans une esthétique, une œuvre, tout comme un tomber-amoureux, la Constitution (qui organise les libertés) il s’agit d’assumer le regard, et donc originellement l’intentionnalité, l’intention, la perception, le réel tel qu’il est accessible en le prenant par l’autre Bout, celui réel.

C’est ce que nous apporte une esthétique, par quelque médium que ce soit ; et ce qui vient ça n’est pas seulement, si l’on peut dire, le contenu mais qu’il y ait un point qui exhibe, manifeste, ordonne et désordonne l’activité de conscience ; et notamment elle nous donne un monde qui contient des mondes ; la contradiction est fondamentale, elle doit être intégrée, les contraires et les étrangetés, les délires et les absurdités, la pluralité et la tyrannie ; il y a toujours une extension interne de l’intentionnalité (et non sa caricature, à quoi aboutit le recyclage ou la dégradation de l’œuvre, du système politique, de l’universel ou de la pensée). C’est pour cela que Platon nous entretient des idées, certes, mais aussi de ce fait de la multiplicité … et la philosophie de la vérité mais dans les faits de la pluralité des systèmes. Nous sommes toujours déjà au-delà de ce que l’on croit être (de même que le moi implique son inconscient, nommé par Lacan comme « sujet inconscient », ce qui est un tour de force).

L’œuvre, l’historicité, la révolution contiennent en eux-mêmes la difficulté, parce que la structure se situe en avant de tout le donné, et elle donne à voir (entendre, percevoir, organiser, prévoir, imaginer, décider) le monde-même dans sa complexité et même sa complexion, sa disposition, prédisposition et indisposition. C’est pour cela que toute œuvre renvoie à elle-même ou qu’il est irremplaçable d’éprouver le circuit de telle œuvre ; que l’on n’admet en soi que de l’intégrer, longuement (même si soudainement paraît une fulgurance).

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Sur la piste de la transcendance

12 Juin 2021, 08:14am

Publié par pascal doyelle

Il s’agit d’ajouter une dimension aux quatre autres (la cage de l’espace, trois dimensions, et la durée de la cage, le temps) ; en avançant donc que le présent est la cinquième (dimension).

Ce sur la piste de quoi on retrouve Heidegger et l’être des étant qui n’est pas lui-même un étant (à moins d’envisager une Grosse Réalité qui rassemblerait ou pire unifierait toutes les réalités ; ce qui n’a aucun sens). Ou dit autrement ; si tout ce qui est ce sont des effets alors il existe la cause de tous ces effets ; ou encore le Naturant du Naturé.

Ainsi dans la considération du Naturant il devient possible de remplacer les effets d’effets (ou les effets qui deviennent des causes pour des effets qui deviennent des causes, etc) de les remplacer par la cause elle-même, au moins théoriquement (ou idéalement, on ne sait trop) ; peut-être même de participer à la cause de tous les effets (allez savoir). Spinoza spécialement est celui qui a translaté le problème de la transcendance ; de sorte que la transcendance devient immanente ; à elle-même ; mais alors l’immanent est dans le transcendant ; ni l’un ni l’autre ne sont supprimés, ils translatent ; de même que par Descartes la pensée translate dans le sujet, Descartes lui aussi veut replacer, redistribuer le transcendant, comme tout le monde. Kant et Hegel, Husserl et Sartre translatent le transcendant, qui (depuis Descartes, et ensuite Spinoza, etc) est « ici ».

Ici, oui ….

Mais où ça ?

 

Rappelons que le christique ouvre le jeu, initie l’ontologie du réel pur. Le divin, le séparé, la distance, ce par quoi nous avons une vie vécue, que nous ne sommes pas (nous ne sommes pas seulement un vivant, mais existant, ou si l’on veut un ex-sistant, on pourrait dire ; qui sort du rapport qu’il est, qu’il existe), le divin donc n’est pas venu sur terre, en visite, il s’est incarné et évidemment il est en tant que corps, et, quelle que soit la manière dont on l’entende, comme corps individuel.

Ce par quoi donc il abolit les castes et les catégories ; ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni libre, d’une part et d’autre part le divin lui-même n’est pas, même incarné, identifiable ; à quelque partie du monde, du vécu ou de ce corps ; il renouvelle tout cela, il se propose comme re-Création, la nouvelle création et ce littéralement ; puisque ceci, ce mouvement va renouveler toute conscience, toute conscience de quoi ou de qui que ce soit.

Ce faisant il court-circuite la philosophie, concurrente du christique, qui définit un discours entre parenthèse, suspendu par-dessus la réalité, réalité que la philosophie va synthétiser dans une formulation, objective, dont la cohérence se tire de l’universel ; or on a vu que l’universel est en fait dans l’existence le sujet ; il n’est rien de plus universel que le sujet.

C’est à la formulation du sujet que l’on s’est entendu depuis. Et ceci aboutit à localiser le transcendant ici même.

La chasse à la transcendance est dès lors activée ; Hegel mesure parfaitement que par Descartes la pensée est sujet (ou donc « ici ») et que par Spinoza le réel, tout le réel est donné, ce qui veut dire effectué, effectif, actualisé. Mais le cercle de la pensée hégélien n’existe qu’actualisée par la négativité, l’activité de conscience, dans les deux phénoménologies ; la négativité (le sujet cartésien, le sujet transcendantal sur son plan nouménal, et initialement le sujet christique qui s’est échappé en dehors et montre du doigt toute la réalisation, et ce faisant la re-Crée ; et qui ensuite comme sujet commencera d’analyser strictement ses conditions d’apparition, de naissance, de constitution.

Passant outre donc le dégagement heideggerien (qui réintroduit une universalisation abusive) mais aussi l’hyper-sujet nietzschéen ; tous deux abondant en une vision imaginaire et donc satisfaite, imaginairement comblée, tandis que Sartre et Lacan martèlent que le sujet n’est pas de l’ordre de la satisfaction. Mais de la lutte interne.

L’innocence nietzschéenne et l’être au-delà du jugement heideggerien s’y opposent frontalement. Le da-sein, l’être-le-là, c’est ce à quoi nous sommes assujettis (et qui supprime le sujet) ; le lieu par lequel l’être apparaît à lui-même, le « là ». Ce qui est vrai, de même la surdétermination par l’altérité du je nietzschéen. Le je est réellement surélevé par le sujet (qui lui semble une volonté en soi, dieu ou la pensée ou la liberté ou en l’occurrence la Volonté, l’énergie). Recherchant à lier dans l’imaginaire ce qui dans le réel est distinct et le plus distinct possible ; la division « sans raison », sans détermination, purement formelle, de chaque je (le je est un rapport qui ne tient ni dans l’initial ni dans le terme du rapport, il ne peut pas se clore).

Dans le même sens, on ne peut pas substituer le da-sein au sujet, da-sein qui serait alors soumis à une Vérité, le Sens de l’être, son caractère divin, qui simule une séparation mais qui n’a aucun point d’impact dans le réel ; le sujet, lui, est effectivement un point d’instanciation. On ne peut pas, plus généralement, on ne peut plus remplacer le sujet ; lui couper court, même sous prétexte d’universel ; de toute manière ça n’est pas ce qui est en cause ; il s’agit bien plutôt du mécanisme du sujet (mécanisme vivant ou existant ou ex-sistant) de telle manière qu’il puisse adhérer et s’instancier dans la dimension de l’Actualisation (de l’Instant infini unique qui déplie tous les instants, le point qui déroule toutes les lignes).

De même que supprimer le sujet dans une société la rétrograde en une infra-complexité. Ce qui vaut pour tout, y compris pour notre propre vie vécue, ou existence ; on ne peut pas se figurer (être ceci ou cela) ; tout ce que l’on se « figure » être, est une articulation dissimulée ; que l’on passe sous silence, que l’on retire des propositions, que l’on ne signifie pas, que l’on enclot en un contenu, sauf lorsque ce contenu fait-renvoi explicitement au je de chacun, l’œuvre, la révolution, une religion, la philosophie, qui redéploient le champ intentionnel à partir d’un point-autre (Nietzsche et Heidegger forcent un tel point-autre mais qui de par son altérité extrême, supposée et imaginée, n’accrochent pas dans le réel du je, que de toute façon ils nient ou renient).

De redistribuer l’attention (que l’on porte à soi, à autrui, à l’œuvre, à la politique, à la poésie, etc) oblige à restructurer le champ intentionnel. Ça ne se fait pas « sans le savoir », sans savoir que l’on met en jeu une petite ou une grande stratégie (peu importe pourvu qu’elle soit une stratégie et non seulement une tactique dont les finalités sont déjà déterminées) ; Rimbaud sait bien ce qu’il Fait. Mais le petit poète mineur lui aussi … pour lui l’œuvre opère en son être vivant, son existence, un véritable bouleversement ; chaque moi mesure, à sa mesure pour ainsi dire, mesure son je (en direction du sujet qui se tient sur la ligne du réel, sur le Bout et le Bord de la réalité ; dans l’Actualisation réelle de sa possibilité).

La démocratie est censée entretenir un grand calcul, qui doit admettre les sujets dans ce calcul, plutôt que de limiter la computation, qui de toute manière ne sait pas intégrer suffisamment la réalité (ni la liberté). C’est contre ce calcul élevé que tous les pouvoirs viendront grignoter leur part et leur égocentrisme, leur pauvre intérêt. L’économie contre la politique.

La fonction christique, tout comme le sujet, ou la pensée assuraient une telle élévation. Il fallait se tenir de plus grand que soi. Mais indéterminé. Restructurant de but en blanc le temps et l’espace et ce qui se rencontre dans le temps et l’espace (dieu et la création, le christique et la fin des temps, la pensée et l’éternité, le sujet et son instant absolu, cad formel ; ces coupes redistribuant le réel dans la réalité et donc démultipliant les accès à ces et des réalités différentes, dépliées, exposées, exprimées).

Contrairement à ce que l’on pourrait supposer ça n’est pas la raison de notre être qu’implique dieu, la pensée, le sujet ou le réel ; c’est au contraire lorsqu’on lui « découvre » une raison, une identité, un marquage que l’on sort de la structure pour imposer un contenu. Aussi les idées structurelles (l’être, le bien, le un, dieu, le sujet, le réel) sont indéterminées.

Hegel en passant outre la prudence et la logique de Kant, délimite, encore plus loin que Kant, la réalité en fonction du réel, lui aussi, comme Descartes et suivants (Spinoza en cherchant à restructurer la transcendance universelle, et Leibniz en pensant absolument discerner l’individualité, l’indivis, la simplicité du réel et comment cette simplicité est devenue monde). Kant paramètre la réalité en fonction de ce qui n’est pas actualisable ; soit donc le point de vue qui permet, justement, qu’il y ait un monde, actualisé ; non pas nécessairement qu’il y ait effectivement un monde, mais qu’il soit perçu. De même que le sujet moral, celui qui relève d’une intention qui n’est pas là, qui n’est pas dans le monde, qui impose son propre règne des fins, que toute la philosophie devienne le paramétrage très exact du point de vue réel sur et dans la réalité (il n’y a pas de réalité apparescente sans le point de réel qui n’y est pas).

Hegel supprime l’hésitation ou la précaution de Kant ; pourquoi le nouménal réserverait-il le réel hors du donné ? Tout est effectivement là, il n’y a pas de cachette, d’être réservé. Sauf la négativité.

Pour passer du monde perçu à partir du sujet transcendantal, au monde donné là, il faut penser le fait même d’exister ; Heidegger, archétypiquement. Le fait qui prélude même à la phénoménologie, en tant que pour Heidegger ce qui se donne ça n’est pas la phénoménalité, mais « le monde », ou donc le fait qu’il soit. Le fait d’être des étants plus grand que les réalités. Par quoi on sent bien qu’il voudrait passer dans l’universalisation ; tandis que finalement de la phénoménologie il résulte une dispersion de réalités particulières.

Mais l’universalisation heideggerienne qui fait fond sur l’être, outrepasse le sujet ; or il ne peut pas être nié ; ce qui nie le sujet, cad la rupture du discours et son extension hors la pensée (ce que comprend Descartes), et par quoi justement celle-ci accélère ;

Kant tient encore la transcendance vers le monde (mais dieu aussi est là afin que le monde soit… la fonction de dieu est de créer le monde, de guider un peuple élu, d’envoyer son fils, son double divin et de le réchapper de la réalité, qui est toute-mortelle, mais afin que le divin soit partagé, sinon il serait concentré et peu libérateur). Mais Hegel comprend bien que c’est justement la transcendance qui est en jeu dans la réalité ; que la réalisation est effectivement en elle-même retorse ; non pas tant dans la perspective de nier le divin, la religion, dieu, mais afin d’expliquer, d’amener au plus loin possible la compréhension du donné tel que « là ».

Quel est le « là » du donné ? La philosophie suit sa logique propre ; si on doit faire intervenir le divin, comme unité séparée, alors on ne comprend plus ce que l’on dit et le but est bien de comprendre les tenants et les aboutissants, les effets et les ou la cause.

Or on a toujours remarqué que lors même qu’était convoqué ou invoqué le divin ça n’était pas sans le ramener à une énonciation qui se voulait des plus exactes ; la théologie est et se veut absolument rationnelle. Saint Thomas, parait-il, voulut au terme de sa vie et suite à une révélation, brûler tous ses traités. Comme quoi, donc, il lui apparut que la raison perdait le sens, la signification, la puissance même du divin, de croire à toute force le décrire dans son être même de logos ou méta ou méga logos.

Or il ne s’agit pas du tout de nier le divin en quelque manière que ce soit ; même si véritablement toutes les techniques de la pensée, la technologie du penser, visant à analyser la réalité d’une part et le réel d’autre part, furent mise en place, même alors et à chaque fois le divin, ce qui signifie le « séparé », vient ou re-vient au premier rang et impose sa grâce, sa capacité, sa puissance.

La foi intégrale de Hegel consiste à approuver absolument tout le manifesté, et à retourner celui-ci comme un gant ; il n’y a rien que le mouvement dialectique, dont la dynamique rejoint, au final, hypothétiquement le repos ; toutes les cases sont apparemment cochées, mais en vérité Hegel nous rend la vie incompréhensible ; il y a un reste qui ne passe pas du tout dans le discours.

La négativité qui agit et met en branle tout le savoir, est un vide.

Et donc de toute évidence et vraisemblablement, cad plus logiquement, si le mouvement est, alors il existe et s’il existe il est tout. Le tout est toujours constamment en mouvement, veut dire ; il est toujours plus que lui-même. C’est ce vers quoi il va. Le mouvement n’a alors plus d’autre justification que de parfaire toujours plus sa perfection ; mais alors c’est bel et bien fondamentalement sa véritable justification et non du laisser pour compte.

On ne peut pas, jamais, clore le compte (l’infini est toujours plus grand que lui-même) puisque c’est sa finalité même. Contempler l’infini comme lettre morte est absurde et inutile. La fixité d’un infini parfait n’a pas de sens et ne parle pas du tout à notre être, à moins que l’on veuille se chosifier, se connaître comme une chose morte. L’infini réel est vivant (comme dit « celui qui est vivant »). Et donc vous embarque en sa vie non-finie. Il ne s’agit pas uniquement d’échapper ou de refuser la chosification ou l’aliénation (dans un autre, dans une représentation inerte) mais c’est bien que la chose morte est celle perçue de l’extérieur. La chose morte est vue du dehors mais le dehors ne se nomme pas, ne se désigne pas et voudrait l’enfermer dans les murs de la chose.

L’infini vivant, qui réclame donc non seulement votre participation mais votre activité, vous confie le regard et non la chose. Mais vous conférant le regard lui-même d’une part il exige qu’il soit à la mesure de la tâche (cad infini et capable d’absorber les réalités finies, leur objectivité comme les subjectivités) et d’autre part que vous-même deveniez infinis ; que donc l’infini s’agrandit par votre activité.

On sait que le débat à la suite de Hegel paraît clos ; il a tout réalisé, tout a été pensé de ce qui a été pensé précédemment à sa décision de clore la pensée. Et effectivement il fut de moins en moins question de la pensée elle-même, et bien plus et encore plus du sujet ; de sa constitution. De Descartes à Kant et Hegel (et Fichte et Schelling) on explore toutes les possibilités, et ensuite on se demande ; mais en quoi consiste donc cet agent agissant ? On veut délimiter non plus seulement le champ mondain du sujet (Kant) ou le champ historique du devenir, du devenu (Hegel) mais creuser à même la structure.

Non plus seulement la pensée déployée, mais ce qui déploie ; Husserl (Nietzsche, Heidegger) Sartre et Lacan conduisent la description de la perspective unique qui Voit. La perception se situe bien avant toutes les facultés, on remonte antérieurement aux capacités déterminées, jusqu’à l’indétermination qui rend possible un champ intentionnel (qui porte ensuite tout le reste, toutes nos qualifications, qui excède le monde donné, qui remodèle la réalité et qui au sens littéral scinde notre corps vivant, scission, cad mouvement, par lequel il existe un moi, un je, un sujet).

Et la scission, insatisfaite, est interne, et pas du tout intérieure, l’intériorité relevant de la soudure, du recollage imaginé de notre « être », l’hontologie pour Lacan ; Sartre ou Lacan exposent notre être démembré au grand soleil réel ; de même que dieu, la pensée, le christique, le sujet exposent au-devant toutes les réalisations (et les sciences ou le droit ou la révolution exhibent l’organisation humaine, collective et puis individualisée) et en exigent le renouvellement.

Le surcroît de distinctions, de champs intentionnels, et donc le surcroît de réel. Le réel se déplie dans le rapport qu’est chaque je ; et implicitement, cela ne signifie pas que ce soit restrictif ; si le mouvement est le réel, on peut supposer une hyper-extension du mouvement comme structure et nommée Dimension, dont le champ intentionnel qui est le nôtre n’est qu’une ébauche, une variation, une possibilité, on ne sait ; c’est l’actualisation qui est recherchée absolument et partout, puisque c’est elle qui ex-siste, qui sort de soi afin d’accomplir encore plus de perfectionnement.

On tient donc l’actualisation (qui ne peut s’effectuer que d’un rapport, d’un être en rapport, qui n’est donc pas un « être ») pour la trame même du réel pur et brut ; le devenir est celui de la structure du réel qui se joue chaque fois, non au sens tellement de « il sera » ou de « il ne sera pas » (on a vu que le réel existe de fait et absolument, le néant existe et l’être génériquement existe, tout étant Possible),

mais au sens de « jusqu’où le rapport va-t-il avancer dans le perfectionnement de son Actualité » ?

Aussi propose-t-on non seulement que le réel est en jeu, mais qu’il re / viendra constamment sur sa Possibilité même. Il se renouvelle, s’est renouvelé, se renouvellera. La gradation n’est pas selon l’achèvement de la réalité (puisque l’achèvement de la réalité est la décomposition du composé) ou du déterminé (qui est de fait structurellement limité), ni selon la temporalité (le temps s’étire à n’en plus finir jusqu’à se dissoudre), mais la gradation existe en interne de l’actualité ; il existe, c’est l’hypothèse, une échelle dans le réel même, dans le réel en tant que présent et le présent en tant qu’actualisation ; le présent est, réellement et solidement, la colonne du réel en tant qu’il avance.

Ou si l’on veut, le présent est, en lui-même, complexe et peut-être infiniment complexe. L’unique Instant, qui s’est déplié, est cela même qui devient. Et il est donc possible d’étendre le laps du présent.

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Intrusion dans le réel brut

5 Juin 2021, 08:57am

Publié par pascal doyelle

En résumé,
le présent est la cinquième dimension.
Celle qui manque dans la visibilité.
Le présent perpendiculaire au temps.

Plus il y aura d’intentionnalités (selon les différentiels que sont dieu, la pensée, le sujet, le réel),
plus il y aura de distinctions et plus il y aura de réel.
Le réel est ce qui se déplie et ça ne se déplie que dans l’actualisation des distinctions.

C’est à cette fin que les différentiels s’actualisent, actent leur réalisation comme dieu, la pensée, le sujet et le réel. Toute actualisation requiert le présent pour prendre acte. Étant un rapport le réel doit se trouver en présence de lui-même. Un rapport non actuel n’existe pas (et en ce cas rien ne serait).

On entrera ainsi dans l’impossibilité d’être et la capacité d’ex-sister.

Si le présent est cela seul qui existe, tout le reste est fonction et relatif au présent. Que l’être soit relatif à l’exister, ne signifie pas que l’être n’est pas ; il est juste relatif. Qu’il faille intégrer que la structure seule existe n’est pas une mince affaire à admettre. D’autant que la structure indique seulement le haut, la ligne du champ et non ce qui est contenu dans le champ de perception.

Le présent, soit donc l’exister ; le présent non comme laps de temps (entre le passé et le futur) mais comme Instant absolu qui les contient tous, tous les instants ; puisque c’est un rapport, il n’est pas annulé en se multipliant ; c’est même sa nature, son essence, sa structure, de se multiplier, étant un rapport, et tous les rapports explosent en une seule fois mais plurielle, puisque chaque instant, point, tendra en se percevant et en étant perçu, tendra de se transformer ; s’il est instantanément la multiplication des instants c’est qu’il veut se déformer, se re-former et qu’il est, lui, le commencement continuel ; c’est son but, sa finalité qui est tout autant sa structure ; tout est l’explosion, en une fois, et c’est seulement en cette explosion que cette explosion même devient ; elle s’augmente, l’instant initial s’augmente afin de devenir plus grand ou plus haut.

C’est pour cela qu’il faut vous convertir.

Et c’est cela même qui vous est déjà arrivé. Sans doute plusieurs fois, en différentes directions.

Vous convertir vers dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution, la poésie, la musique ou l’éthique, ou vous vous êtes convertis en tombant amoureux. Il n’y a pas de conscience qui ne soit pas une articulation. Et la question est : articulée à quoi ?

Il n’existe pas seulement un inconscient reverse (qui court à partir de la ligne (de signifiants) qui coupe en deux le corps vivant (qui cesse donc de l’être, vivant). Il existe un inconscient inverse ; celui que vous faites démarrer au bout du champ intentionnel, et qui re-vient vers vous ; il re-vient mais comme il est le possible butoir au-devant, il vous paraît nouveau et surprenant.

Il existe un inconscient structurel qui lui vous-fait-voir les réalités, le vécu, autrui, le corps, les champs de perceptions, et par lequel regard le je se signifie.

On peut remonter tout au long du je, et ce sont très exactement toutes les explorations et chemins créés depuis le début de l’historicité ; l’historicité se signale de ceci qu’elle doit se re-marquer elle-même, se baliser, se repérer ; on cartographie la réalité et le réel mais en fait il s’agit du temps tel qu’il s’est repéré en se remémorant dans le présent tous les présents, qui sont, de par l’historicité, toujours actifs, agissants.

Cheminements très exacts, puisque d’une part le je n’est pas une « idée » mais une structure (toujours absolument identique, puisque formelle, une à chaque fois, chaque je est un, est le rapport qu’il existe) et que d’autre part cette structure de conscience est bien au-delà du subjectif ou de l’objectif, de la personnalisation et de l’humanisation, et qu’un seul qualificatif lui revient ; divine.

Divine au sens où le divin est la séparation à partir de laquelle il est une réalité. Il y a une réalité par et, dimensionnellement, pour le présent (comme colonne du réel brut de toute la réalisation). Le présent traverse toutes les réalités, tous les mondes, les univers et en l’occurrence les mondes humains et les personnalisations (sous la formule du je, qui s’est produit lui-même au-devant de ses propres yeux).

La structure est évidemment ce qui peu à peu est remontée dans la perception (apparaissant dans son propre champ), jusqu’alors recouverte par ses effets, ses mondes, ses systèmes.

Nier que notre être soit un mouvement (et donc affirmer qu’il n’est pas un être) c’est superposer au réel une idée, une représentation, un idéal peut-être, une image, une réalité donc, déterminée. Cherchant plus ou moins à s’en arranger comme on peut.

Dénicher la voie suréminente c’est comprendre que l’on veut absolument. Quelle est votre véritable intention, christiquement, ou l’ego sum cartésien, ou encore jusqu’où porter la révolution de liberté et égalité, lors même que le monde, l’immédiateté continue régulièrement d’étouffer et de recouvrir la structure par ses dominations et ses hiérarchisations.

Alors sans doute aucun la liberté du rapport fondamental qui produit du réel n’est pas pleine et entière, puisqu’il s’agit de déplier le pli, de conduire la ligne du présent dans sa réalisation. Agrippée de partout et tirée en arrière, de par le passé ou les causes, les contraintes imposées ou les rêves inutiles (le fantasmatique, l’irréalisme, l’irréalité des objets de désir). Mais ce poids du réalisé importe peu ; le converti sait bien que le possible est purement ouvert (de même que le regard renouvelle l’amoureux, la mélodie ou la tonalité d’une voix, le mouvement des formes, la capacité d’une révolution) puisque le possible est la structure même de tout ce qui est, bien antérieure à tout univers, tout monde, toute historicité, toute vie vécue (qu’elle soit vécue ou non n’importe pas et cela est excessivement important… le réel, cad le rapport, se tient dans la réserve, dans le virtuel non encore accédé et qui reviendra afin de se parfaire encore plus),

et bien antérieure à tout ce qui est puisque le possible se tient sur la ligne du présent, ou la ligne des signes.

Tout n’existe qu’à cette fin ; que le possible soit plus grand que lui-même. Et le réel s’attire lui-même vers et par le non réalisé ; et donc l’être n’est pas, ou n’est pas la véritable solidité du réel, et la pensée n’est pas la conscience usant de la pensée, et l’œuvre est instanciée dans le regard, l’intention qui parvient à se lire et se lisant elle lit, dans l’effectivité puisque l’arc de conscience est capable de tout, tout se tient en deçà de sa capacité et il est lui-même en-dessous de lui-même (de sorte que christiquement il nous pardonne, c’est pour cela que le christique remplace la loi qui juge, l’inaccompli, par l’intention qui se renouvelle incessamment ; l’intention ne se renouvelant cependant que dans la mesure de sa sincérité, de son intégrité, de sa bonne volonté).

(on a vu que la finalité du réel est qu’il soit plus grand que lui-même, puisque sa structure ontologique est celle du possible et donc que le possible est cela même qui existe, est la substance même du réel, et qu’ainsi il ne peut pas se clore, jamais ; il n’est pas de terme puisque le réel est le rapport lui-même, qui l’est, rapport, indéfiniment).

La même exigence doit être conçue et admise ; le royaume ou l’humanisation sans ce moi qui est je, sont des absences de sens et perdent là même toute substance puisqu’il y a royaume et humanisation afin que chaque moi soit son je, son je à lui. Que ces rapports en quoi ils consistent se re-connaissent dans la structure même de tout le réel. Ce « je » qui signifie : sa décision, ses décisions d’exister. Son trajet, créé de tracés, de signes, au cours d’une ex-sistence.

Or le propre du tracé, du signe consiste en ceci qu’il n’est pas ne lui-même « quelque chose », de déterminé, et donc exclu l’être, et qu’il peut et doit être repris ; il n’y a de signes que dans un ensemble de signes.

Aussi tout ce qui fut exploré, qui est tenu ici comme étant la structure même du réel (ou à tout le moins ce que nous sommes, nous, en mesure de saisir, d’en être saisi) s’utilise afin que chaque je soit capable d’entrer dans la structure du dit réel, via son actualisation comme architecture qui se donne comme configurations ; dieu, la pensée, le christique/le sujet, le réel.

Et ce jusqu’à la plus concrète manifestation et concrétisation ; le moi psychique (au rayon plus englobant que le psychologique) qui règne dorénavant sur la planète. Le corps de chacun et le regard de chacun comme manifestation et concrétisation sans lesquelles rien n’est possible ; ce qui veut dire qu’autrement il ne serait question que de super structures, celles de tel ou tel groupe ou de la communauté, qui s’auto-entretient, tandis que depuis dieu, la pensée, le sujet, toute communauté est astreinte à intégrer ces capacités (les juifs mis au défi de dieu, de l’intention unique et formelle) ; une communauté ne perçoit que son monde du dedans (dont elle couvre la réalité) ; seules les consciences une par une aboutissent, donnent dans le monde tel que « là ».

Le « là » lui-même du donné (l’être des étant) n’est constatable que par un je. Entre l’exigence de dieu, du divin, de la pensée, de l’être, du sujet et de sa liberté-égalité, de la révolution et du réel tel que donné « là » (existentiellement), il n’est pas un iota de différence ; il s’agit du même arc brusquement interrompu qui doit se rendre à l’évidence que « le réel existe ». et qu’il s’agit de s’élever à sa mesure. Et on entend, pour nous, que le réel ce soit dieu, l’être, le sujet, et le réel tel quel.

Toutes nos opérations, tous nos modes opératifs (pensée, politique, éthique, esthétique, récits, humanisation et personnalisations) n’ont pour finalité que de rendre possibles des je. Parce que seuls les je sont susceptibles d’avancer, de ne pas s’effondrer, tomber, se disperser dans le donné, dans la détermination ; tout sujet est la reprise de la détermination afin de la porter plus loin. Et que seuls les je sont capables de sauver les perceptions, l’élaboration des champs de perceptions, et en l’occurrence des champs d’expression de l’oubli de la dispersion indéfini qu’est la réalité.

La réalité tombe vers le bas. Les je, les sujets se tournent vers le haut ; quoi qu’ils fassent et quelle que soit leur idée ; c’est structurellement que chaque je est articulé. Il n’existe aucune conscience qui ne soit pas articulée. Et donc soit vous présupposez que cette articulation s’efface tôt ou tard, disparaît dans le néant. Soit vous considérez et admettez qu’un tel arc ne peut que devenir vers le haut.

Ce qui signifie que cette mise en forme du possible (qu’est un arc de conscience) doit réaliser un toujours plus grand possible (que vous nommiez cette grandeur, cette ampleur, dieu, la pensée, le sujet ou le réel, soit ici en l’espèce le présent, l’exister).

Au choix ou tout l’ensemble.

Mais ce qui arrive c’est ceci ; si vous ne supposez pas qu’il existe un plus grand possible (que l’on nommait l’infini autrefois) ou un possible plus grand que lui-même (un infini actuel accouchant d’un infini encore plus grand), alors vous vous considérerez comme perçu (par quelque magie ou détermination). Tandis qu’accorder un plus grand possible veut dire que décidément le réel est absolument plus grand et que rien ne peut l’enfermer ; vous devrez élaborer une architecture de configuration et non pas une représentation de figuration ; une idée-principe, ou un système ontologique, ou une œuvre qui suppose son sujet et force les mois à se transformer, un instant au moins, en je, et non pas une image sur le support du corps ; une insatisfaction qui prenne signification et non pas une satisfaction qui s’appesantirait comme sens (du monde, du vécu, des échanges, d’un ordre quelconque).

Une configuration non seulement vous présuppose en tant que je (et non comme telle ou telle identité) mais de plus ce je ne tient pas par lui-même mais est supposé, déduit à partir de plus grand que lui: le divin, la vérité, la liberté/égalité, l’exister (ou l’esthétique ou la poétique, etc). Dans tous les cas ce qui engage c’est l’arc de conscience, puisque c’est un rapport qui peut se permettre de modifier sa ligne de départ en fonction de sa ligne d’arrivée. C’est ce re-tour du temps qui compte. Sans doute on croit toujours être ceci ou cela, mais à terme le ceci et le cela seront modifiés par les effets ; les effets (de la cause) remontent dans la cause elle-même et re-créeront une nouvelle cause.

Et la dialectique n’est pas exclusivement celle des notions, des concepts, hégéliens, mais la dialectique du rapport lui-même, lequel est fait pour cela ; le rapport, la conscience comme rapport à soi en tant que rapport (ou donc cet « être » qui généralise immédiatement tout rapport, puisqu’il s’inclut dans la pensée, la représentation, qu’il n’existe de pensée ou de représentation que par ce rapport) est instantanément dialectique ; il se tient de dieu (ou du sacré autrefois ou du divin), de la pensée, l’universel, la vérité (l’être, le Bien, le un, etc), du christique et du sujet (et donc des sujets comme constitution de par chacun), mais également du réel, cad également de la concrétisation (au sens où nous sommes idéalistes en ce que nous matérialisons nos intentions, toutes nos intentions, tous nos désirs, on a inventé ce « désir » comme signifiant de la multitude des internationalisations ; un animal, un vivant n’a pas de « désir » ; aussi la matérialisation des sociétés et des humanisations, des personnalisations mais également les sciences et les techniques, les idéologies et les mass médiatisations à outrance sont des idéalismes concrétisés.

L’humanisation a intégralement réussi. Et sa mort, sa destruction, son anéantissement viendront de l’extension de cette réussite à toute la planète, qui ne le supportera pas, qui physiquement ne le supportera pas.

Maintenant que l’humanisation se soit imposée partout et pour quasiment tous (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas inégalités et hiérarchies, etc), cela signifie-t-il que la personnalisation soit réalisée ?

Et là également il faut répondre oui. La personnalisation s’est entourée de quantité de signes (qui sont souvent des objets produits, industriellement, c’est de là que l’industrie trouve sa source et sa cause et sa finalité).

La question n’est pas de cet ordre. La question est ; ces mois, ces personnalisations sont-elles des sujets ?

Ont-ils, ces mois, pris en charge le gouffre infini ouvert par la structure ? Non.

Le hiatus, la scission, la division se sont introduits au sortir de tous les mondes holistes (de la tribu au royaume et aux empires, qui s’organisaient autour du sacré, des lieux du monde, sacrés, des temporalités et du pur et de l’impur) ; cette division, cette distance (qui, à vrai dire ne saurait être mieux symbolisée que par le christique, qui s’est infiniment éloigné, et ce parce qu’il était vraiment là, dans le monde et en tant que ce-corps, la distance en est devenue incompréhensible et en cet incompréhensibilité réside toute la densité ontologique possible), cette distance donc est la déchirure même et plutôt que de réguler cette distance par elle-même (telle une équation), on a voulu la combler, la satisfaire, épuiser son vide ; ce qui est impossible selon le monde, selon le vécu ou le relationnel, ni selon le corps.

La philosophie voulut même trouver une mitoyenneté ; l’infini est infini (remarquons qu’initialement l’infini n’est pas grec, et pourtant la pensée oui) mais le discours pourrait peut-être nous aider à nous en arranger, il y aurait un arrangement voire une belle ordonnance (grecque) de la réalité.

L’éloignement christique annule déjà cette ‘perfection’, et nous le dit de but en blanc ; mon royaume n’est pas de ce monde, votre être n’est pas ici, vous ne vous trouverez pas, inutile de compter sur quoi que ce soit, sinon l’invisible intention, et ce christique commençait de vouloir réguler la distance non pas dans le monde ou la vie vécue, mais en tant que distance, et en tant que distance absolue (il n’en est pas de plus grande que celle du divin qui « fut » ici même, en tant qu’humain et en tant que divin).

Tout système qui prétend clore la visibilité dans un donné, une pensée, une ordonnance, une raison n’a pas compris la radicalité. À l’inverse le sujet cartésien est toujours-déjà-encore structurellement suspendu. Lors même que l’on en reste à l’idée de l’infini on demeure encore dans le discours et son objectivisation ; or depuis Descartes nous sommes dans et par le sujet. Le sujet est la structure maîtresse, quand bien même cet être humain ne serait qu’une ébauche ; or pourtant comme on l’a dit ; puisque la structure est formelle, même une variante « pauvre » n’est pas structurellement inférieure à la structure absolue… il faut bien méditer cela ; ce qui existe comme rapport contient absolument, cad formellement, le principe même de « rapport ».

De même la phénoménologie ne saisit pas la réalité en tant qu’apparescence, parce que ce qui apparaît c’est dans le rapport et en un sens (ontologique) c’est le rapport qui se montre ; non seulement comme conscience mais comme présent ; le présent est cela qui existe avant, mais on ne le voit pas. Il fait voir. En cette direction-là rien n’est accessible, sinon l’accès lui-même ; c’est parce que l’on a ouvert selon dieu, la pensée, le sujet et le réel que l’on a produit quantité d’effets.

(Remarquons que ça n’est pas comme si l’idée ou l’abstraction rendait possible les réalisations. C’est une considération de structure, une configuration qui nous crée et donc qui ouvre la réalité ; la décision, de dieu, la vérité, de la pensée, la liberté, du sujet, la concrétisation, du réel, « se produisent » et instruisent, informent comme historicité)

Il n’y a pas de « monde », sauf dans le champ du présent ou de l’arc de conscience, qui seuls existent. L’être ou quelque signifié que l’on voudra, n’existent pas (ils sont ici et là, mais ils n’existent pas ; l’être est relatif à l’exister). Nous ne possédons pas l’historicité ; en un sens, en cette direction-là, elle nous a choisis. Ce qui existe en forme de rapport est venu au devant et a commencé de restructuré toute l’expérience (et fit disparaître les groupes holistes, au profit de l’articulation, le un par un des individus, selon le divin séparé, qui n’est plus le sacré, la pensée qui renvoie à chacun, le christique qui induit votre vie en existence, le sujet qui fait re-tour comme liberté, la révolution qui redistribue la liberté comme égalité, les esthétiques qui se décuplent dans tous les sens et appellent que chacun s’in-forme comme sujet percevant dans tel ou tel champ, etc).

Et comme c’est une question non pas d’idées mais de structure, elle reviendra de toute manière, constamment, quelle que soit son appellation. Elle prélude antérieurement à tout champ intentionnel (et d’abord de perception, puis d’expression ou de conscience de soi) et tout ce qui apparaît, pour nous, existe dans ce champ ; vous avez un corps, vous ne l’êtes pas ; vous avez une vie que vous n’êtes pas ; que faire de ce surplus, et où et comment ce décalage se situe-t-il ?

Rêver d’une réconciliation quelconque est précisément cela : un rêve. Le rêve du corps qui cherche satisfaction.

La structure, celle qui s’est élevée comme actualisation dans le présent de la ligne du champ intentionnel, n’est nullement rêveuse, elle concrétise ; la forme, la formule ‘se vouloir’ se tire du rapport comme tel et constitue le sens même qu’un réel il y a ; suivant en cela que par le rapport seul le possible est plus grand que lui-même (il échappe à l’être-ceci ou cela, qu’il emporte, embarque dans son processus). Le corps vivant est transformé en corps existant ; dont le regard de l’autre n’est plus selon un groupe humain, mais de par le christique ou le sujet (ou le citoyen ou le héros de roman, etc) lequel ne se rencontrera pas en autrui (voir Sartre particulièrement mais aussi toute la littérature qui substitue à autrui le dia-logue interne à chacun), ni en autrui, ni en aucun monde, mais dans la compréhension de ce que par « sujet » chacun ex-siste ; soit donc l’équation du rapport dont les mises en jeu s’imposent comme les plus complexes et intégrées possibles (chaque mouvement interne engendre toute historicité).

Ce qui met en jeu toute la structure ontologique du réel ; de même que l’univers a pu créer l’espace et le temps afin qu’il y ait un présent et qu’alors le réel, le devenir brut, soit en mesure d’actualiser son assomption. C’est le mouvement le plus rapide, le plus accéléré qui conduit le possible. C’est ainsi que le je est l’inverse de toute tautologie ; ce que bien peu ont saisi, le je ne se tient pas même du conscient ; le je est le corollaire du sujet-comme-inconscient de Lacan, le je est le sujet, encore plus étrange et autre, qui vient après le sujet tel que dé-couvert par Lacan, qui parvient à dessiner la ligne de séparation d’avec notre corps vivant ; avec le sujet-inconscient et le je brut on positionne les deux bornes en nous, la ligne-limite qui borne notre être et investi de ce par quoi nous percevons. Le je, non tautologique, se tient de dieu, de la pensée, du christique et du sujet, de la révolution et du réel, il est ce qui avance, au plus proche que l’on connaisse, de l’accélération initiale.

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