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instants philosophie

Le centre externe

27 Février 2021, 09:02am

Publié par pascal doyelle

La question ; veut-on percevoir et éprouver et décider réellement tout ce qui est, tel que cela est, tel que cela nous est accessible, avant que de mourir ?

Et ce indépendamment d’affirmer que notre rayon de perception atteigne réellement cela même qui est, existe, parce que qu’est-ce que l’on en sait ?

On n’en sait rien, mais quand même on existe bien, là, tel quel, qui est difficilement explicable sans une hyperbole, une extrapolation, une poursuite de la logique qui s’instancie telle quelle.

Ou alors attendez les résultats des sciences, éventuels, hypothétiques et qui ne rentrent pas même dans leur programme initial. Ou encore cessez toute question et sacrifiez cette part de vous-même ; saut que ça n'est pas une partie mais la racine, la source, l'attachement lui-même.

On a vu pourquoi ; nous sommes un rapport (une pierre est cela qu’elle est, mais Pierre est ce qui fera de ce qu’il est, créant et se créant en tant que rapport à (soi) ou à soi si l’on préfère) et étant un rapport il est ouvert, ouverte comment (on commence d’y voir un peu) et sur quoi (on ne sait pas).

On suppose donc.

Mais l’inverse, ne pas se poser de questions, est intenable ; supprimer la question éteint le rapport lui-même et le remplace par un être, soit quelconque (une composition physico-chimique éventuelle, un conglomérat socio-culturel, etc), soit une entité imaginaire (la race, typiquement, l’identité de ceci ou cela, symboliquement parlant, homme ou femme par ex, ou même le moi qui croit qu’il est le moi qu’il se représente, alors qu’il est un rapport entraîné bien au-delà de ce lui-même).

Le rapport n’est pas un être, et on prétend ici que depuis le début (depuis le début) c’est justement le rapport qui est interrogé, examiné, analysé, visualisé, ciblé ; par dieu, l’universel - la vérité - la pensée, le christique - le sujet, le sujet- la révolution qui instaure un monde humanisé qui permet que se déploient des « mois », des personnalisations qui font suite à l’humanisation universelle (et ce jusqu’à ce que les mois oublient leur universalité au profit d’une sorte d’ego, quel qu’il soit).

Dieu, l’universel, le sujet, le réel sont des rapports ; puisque le réel existe selon la logique du possible, lequel est effectivement et réellement l’unité, et donc la non-unité, du monde, de ce qui est.

De là donc que l’on ne trouvera pas d’unité dans la réalité ; parce que l’unité est de structure (fonctionnelle ou dimensionnelle) et qu’elle consiste en un mouvement ; le présent est le représentant pour autant qu’on le constate, de ce mouvement ; tout est naît et se déroule à partir du présent qui pousse à être toutes les déterminations ; peut-être même existe-t-il une causalité effectuatrice dans le mouvement et sa manifestation ; il faudrait parvenir à remonter scientifiquement des déterminations à la génération des déterminations ; pourquoi par exemple un vivant tout au long de son évolution intègre-t-il à ce point son expérience ? Pourquoi le chat s’est-il perfectionné à ce point ? Comment la vie obtient-elle ses qualifications et comment l’expérience passe-t-elle dans l’adn ? Dans le système nerveux ? Il est, à notre sens, impossible que seule une sélection bio-chimique hasardeuse opère ; il existe un lien de perceptions et de mémorisation dans toute la détermination, même l’inerte et l’inorganique ; les choses ne sont pas des « choses » mais des champs en interaction avec tous les autres champs.

On abolit et abomine que la réalité relève de la causalité massive et froide et passive ; la réalité est auto-articulée (en plus d’être prise dans l’exister qui l’arc-ticule dans le présent, dont on ne sait pas « où » il va). Tout ce que l’on sait du vivant est identiquement instruit en tout donné ; la chora est le « lieu indéterminé » en lequel les choses se produisent au sens propre ; elles s’autoproduisent.

Bref.

Il se trouve qu’en plus il existe, au moins, un être dont le champ se place en interaction tout à fait autre ; selon non plus une mémorisation acquise mais par une auto-mémorisation dite en conscience ; ce qui est mémorisé s’intègre non pas dans des adn mais dans un ensemble de signes systématiques (un langage, une mise en forme culturelle, une acculturation, une historicité, une personnalisation, un relationnel, etc). Lequel champ nouveau est doué de cette spécificité ; qu’il se tient actuellement de son activité … dans le présent il instancie une performance d’accumulations et de modification potentielle in-finie ; un signe, serait-il dans un ensemble, se reproduit et se produit distinctement ; et comme il est non de lui-même (comme une mémoire intégrée une fois) mais de et dans l’activité de conscience, il se recrée dans le rapport sus-dit.

Hypothèse. De même l’univers est une auto-composition dont on ne peut supposer son ordonnance a priori, peut-être (sauf si l’on croit en dieu, mais même alors d’autres perspectives s’ouvrent, de comprendre ce qu’est son intention et comment il intentionnalise, dieu), et dont on doit supposer que cette ordonnance se Voit ; dit autrement les processus physiques interagissent et se crée une ouverture qui agit et réagit à son action ; comment en serait-il autrement ?

Supposer qu’il existerait un « ordre » antérieur à tout qui prédéterminerait l’univers ? Mais où se rencontrerait cet ordre ? Si cet ordre ne précède pas la réalité alors il est « dedans » ; la réalité s’autodétermine. Son intelligence consiste précisément à se percevoir et c’est pour cela qu’il y a quelque chose comme « la réalité » ; comme « cela qui se perçoit » et agit et réagit à sa propre perceptions (laquelle réalité existe toujours dans son altérisation continuelle, l’altérité ne peut pas cesser, et en ce sens là elle pense, elle compute, elle estime et oriente et reprend et redevient peut-être dans et par son auto-expérimentation).

De même si il faut réinterroger toute l’historicité c’est bien parce que les précédents (tous) n’étaient pas de imbéciles ou des idiots mais ont pointé très précisément les articulations de ce rapport face, dans, par, pour le réel (quel qu’il soit ; dieu, l’être, le un, le bien, le sujet, le donné « là » qui existe).

Si on croit encore que notre être dépend de tel contenu, alors effectivement les contenus varient. Mais il est tenu ici que notre être n’est pas un être, n’est pas déterminé mais jeu entre les déterminations, et que par conséquent il n’est pas mais existe ; ce qui permet de recomprendre ce qui eut lieu en tant que ce rapport s’anime ; se pointe, se repère, se balise, se dresse comme une carte et l’historicité en constitue la cartographie des tracés de ces trajets ; les consciences élaborent, inventent, créent des trajets, personnels, qui se formulent comme tracés à la surface du réel, qu’est le réel plus précisément ; et il y a une surface parce que le réel a pour principe le possible ; si le réel était l’être il serait un ordre et non un devenir.

Les trajets sont tous profondément investis ; et non accessibles si on n’entre pas en rapport justement ; si on considère que dieu, l’être, l’universel, le sujet sont de vieilles notions, passez votre chemin, de même si on ne les existe pas ; les Idées de Platon donnent réellement à voir le monde, qui autrement n’est qu’opinions, ou imaginations ; dieu est réellement l’Intention brute, que l’on croit ou non à l’existence de dieu, il se trouve que de toute manière cela a joué pour nous un rôle fondamental, initiateur, initialisant une autre-historicité, cad en fait l’historicité elle-même, et non plus un monde cyclique et holiste.

Chaque trajet est constitué de tracés, et donc pour ce rapport, que chaque conscience existe, constitué de signes. Les signes n’apparaissent que perçus, et nous sommes des enfants trop gâtés. Les autres, les anciens, les précédents étaient plongés dans le malheur et la difficulté, un mal de dent c’était une épreuve. On s’est habitué à considérer la facilité du monde, et la spontanéité (pour parler plus précisément) d’être soi, d’être ce moi-même et tous ses objets mais également tous ces signes, ces longues chaînes attirantes de signes qui nous imaginent être (quantité de ceci et de cela). Mais dès lors on ne sait plus s’immerger dans les structures antérieures, puisque celle de sujet libre a pris tout son ampleur, absolument réelle ; et étant libres il nous revient et ne peut que revenir à nous seuls de re-trouver les structures antérieures, puisque sinon nous nous conviendrons tellement de notre image et cette spontanéité, cette facilité d’être un moi, une vie, un vécu, ces rencontres et ces amours qui figurent notre « destin » ; quelle destinée ??

Dit autrement ; d’un premier point de vue on constate et tente d’expliciter ou d’expliquer ce qui eut lieu (depuis dieu, l’universel, le sujet et le réel), se bornant de poursuivre la logique et son historicité. En second point de vue on admet que cette explicitation est fonctionnelle et expose effectivement le mécanisme de l’arc de conscience dans un réel unique et exclusif, le présent. En troisième lieu on se convainc (tel quel) que cette fonctionnalité du réel est dimensionnelle ; que donc seul existe le présent et comme pourtour de tout ce qui est, de tout univers ; ou donc l’unité est autour de la réalité et non pas centrale, de sorte que ce qui arrive dans la réalité aboutit, se dirige, va vers le Bord qui entoure tout ce qui est. Le contenu (la réalité) modifie la forme (le réel).

Il serait à vrai dire bizarre que le fait même d’exister, le présent, ne soit qu’un vague effet (insituable) ; on présente ici que ce présent est l’acte lui-même, le grand rapport des rapports, le pli de l’ensemble de tous les plis qui constituent la réalité ; il n’y a pas lieu de séparer la cause de sa manifestation purique par ailleurs la manifestation remonte vers le Bord qui seul est l’unité, le centre extérieur.

Fonctionnalité ou dimensionnalité permettent d’étirer la logique de l’intentionnalité, mais également de percevoir quelque chose du réel, dans cette station fondamentalement étrange qu’un présent il y a (ou que la réalité devient).

Aussi revient-on constamment sur l’historicité, puisque l’on considère que les expériences passées sont des explorations de la même structure ; l’arc de conscience modifie les contenus mais aucun contenu ne transforme l’arc de conscience, qui est seul identique à lui-même (étant formel).

L’articulation (de l’arc de conscience) a toujours eu affaire avec l’absolu, et c’est peu à peu que l’on s’est avancé dans le cercle interne du réel ; lequel cercle, on l’a dit, est externe, autour de la réalité, du monde, du vécu. Au centre il n’y a rien ; il n’est que des déterminations plus ou moins, sans jamais parvenir à l’indétermination totale, à l’indistinction ; il y a toujours du distingué, des vibrations par exemple, parce que le réel est le mouvement et se perçoit dans la perspective du réel absolu, cad du Bord. L’être n’est que dans la vue de l’exister. Il n’y a pas de substrat indépendant de la vue à-venir, c’est l’à-venir qui vient vers le monde, et c’est donc nous-même qui venons vers nous-même.

De là l’étrange manipulation christique par exemple (mais cela s’entend aussi de l’universel de la pensée) ; c’est le point le plus éloigné qui est la vérité. Et ce contre toute intuition immédiate qui vous fait prendre pour vrai ce qui est réel et le réel sous l’auspice de la réalité donnée là ; et donc tout cela méritera d’être crucifié, mis à mort, dépouillé, nu. Tout cela n’est pas vous, n’est pas vous-même, l’exister c’est autre chose autrement. Par quoi on en déduira, un jour, que l’au-delà n’est pas un autre (même) monde (à quoi servirait-il?).

Rappelons que le but est de définir ou à tout le moins délimiter cela même qui se situe au Bord.

Soit donc l’extrémité du monde ou de ce qui est ; par quoi c’est ce bord qui oriente, fait être, existe la direction de la réalité par le réel (de cette réalité, le présent est la forme de ce qui est, et l’actualisation est la forme du moi, et auparavant de l’humain, lorsqu’il s’agissait de la régulation selon le groupe, la conscience et organisation collective, tribu, royaume, empire).

Il y a un Bord à la réalité, qui n’est perceptible nulle part dans le monde, le donné et qui est le présent ; le présent est le bord du monde, et tout autant de la vie, du vécu ; de même que l’arc de conscience consiste en une actualité qui dresse soudainement le champ intentionnel, par lequel nous existons pour nous-même (nous ne percevons pas seulement l’horizon, nous nous percevons à partir de l’horizon).

Dans cet extrémité, cet extrémisme du réel (dont le principe est le possible et qui donc se précipite dès l’abord au plus loin et au plus brutal et au plus difficile, sinon on ne voit pas pourquoi il existerait une existence, un réel ; sinon pour accomplir l’impossible, justement, et afin que le réel soit plus grand que lui-même), dans cet extrémisme nous voici jeté comme dans un à-venir infini.

Sauf que l’on meurt. Ce qui est évidemment contradictoire.

C’est que la forme de conscience est un rapport et qu’il ne peut pas imaginer, envisager que ce rapport cesse. Il se nierait lui-même intégralement.

répétons ; peu importe le choix élu (que le monde ait un sens et que le présent soit dimensionnel, ou que le monde n’en ait pas, et soit idiot, parce que dans ce dernier cas la logique qui préside à l’accomplissement de cela qui existe se pose ainsi ; soit vous entendez éprouver intégralement tout le possible, soit vous vous admettez le donné immédiat (sans plus d’interrogation, sinon à l’intérieur de cet acquis, qui n’est nullement négligeable mais qui n’élève pas outre mesure votre propre actualisation ; Pierre est content d’être Pierre, voila tout).

Il s‘agit donc de parcourir au plus loin possible ou au plus concret possible ; on estime que dieu, l’universel, le sujet ou le réel se déplacent vitesse grand V du plus lointain au plus concret. Dieu, l’universel, le sujet ou le réel permettent de percevoir plus et de mieux saisir notre intention ; on ne peut pas mieux que d’amener vers la précision de la perception (et cela consiste à ajouter des signes) et de l’intention (ce qui veut dire définir ce que l’on veut vraiment, instruire la vérité jusque dans cela que l’on oriente).

Deux remarques ; si on doit ajouter des signes (au langage commun) il faut puiser dans non plus l’expérience ou l’accumulation d’expériences collectivisées qui sont de fait systématisées), mais dans la perception sans a priori et même originale, originelle, voire même énervée, excèdée, hystérique, sortie des gonds, de chacun. En ceci nous n’avons accès au monde donné là que via cette incertitude du sujet (dieu et les prophètes, la pensée et les philosophes et chacun son système original, les œuvres, le sujet, etc).

Deuxièmement, on ne peut pas compter sur la « volonté » (je fais le mal que je ne veux pas et ne fais pas le bien que je veux) mais il s’agit de motiver ou sur-motiver le conscient par ruse ou par conviction, de telle sorte que le conscient puisse atteindre l’arc de conscience lequel est calé sur le corps, sur la perception du corps vu du dehors à partir de l’autre conscience, ce qui veut dire l’Autre-conscience, la conscience en tant qu’autre (autre que tout, puisqu’elle est un rapport et que au moins un bout est échappé) ; ce qui serait très difficile sans l’expérience qui précisément nous montre que la réalité « ça n’est pas ça », ça n’est pas ce que l’on veut, ce que l’on veut ressort d’une autre logique et on est bien incapable de discerner en quoi et comment. Or donc c’est justement cela même qui doit être appréhendé depuis le début, depuis que l’on se demande ce que veut dieu, ce que la pensée organise, ce que le christique nous expose, ce que Descartes et suivants poursuivent, dans leurs analyses.

Le christique interroge au-delà du bien et vers ce qui prélude au bien ; de même qu’il n’attaque pas directement la volonté et le conscient mais la motivation (à exister). La philosophie aimerait substituer à la volonté velléitaire une connaissance, mais il existe exclusivement un savoir ; déjà, lire de la philosophie implique vous ayez déjà compris ; il ne s’agit jamais d’un positionnement moral, mais, dans ce registre, de la fondation de la morale, et donc c’est d’ontologie dont il est question. Notre être n’est pas stable et ne trouvera jamais dans le donné de quoi se satisfaire, mettre le doigt sur le hiatus, le différentiel, l’écart entre nous et tout le reste, veut dire que ce sera également entre nous et n’importe quel « nous-même » ; que nous ne soyons pas cela que nous sommes, introduit la capacité et la perspective de l’Autre.

Autant dire que se désigne par là que l’arc de conscience est un rapport qui ne « contrôle » pas l’autre bout ; une conscience ne sait jamais exactement qui regarde, ni même ce qui est vu. C’est le problème de l’intentionnalité qui perçoit ceci qui est signifié mais toute signification est sur fond de son horizon ; cad sur un déroulé de signes. Ça n’est pas seulement que ce déroulé soit celui commun, du langage ou de la représentation, c’est aussi que tout signe placé en avant génère son propre horizon ; au point même de n’obtenir de sens que de cet horizon. Le champ est structurellement mouvant. Et d’horizon en horizon on passe au moi lui-même, à sa condition sociale, à son milieu, bien sur, mais surtout à son donné vécu, à son passé, oui encore mais également et peut-être surtout à ce qu’il veut signifier, à l’horizon temporel de ce qu’il envisage comme sa destination, sa logique propre, son activité ou sa passivité et comment tout le mécanisme de son réel est bel et bien effectif et affecte son corps, son corps vivant. Il existe une boucle, un bouclage qui ne se termine jamais et positionne le corps, ce qui veut dire sa jouissance en psychanalyse.

C’est que si l’on existe comme rapport il faut bien que chacun se fixe sur son corps, selon une implantation tout à fait extérieure mais une extériorité qui ne peut être reprise, recousue, réécrite, qui s’écrira sans cesse tout au long de la vie (et lorsqu’elle se fige, elle devient invivable). Le corps en est soulevé dans un horizon. Pourquoi ? Parce que le rapport ne détient qu’une partie du rapport qu’il existe ; l’autre partie est en plus, l’autre part échappe et vient de son extériorité (sinon il ne s’articulerait pas dans le réel, dans la position du réel et incapable de saisir les signes dans leur altérité, il ne parlerait pas). Que le corps soit pris dans le regard externe (un peu mais pas trop, ce qui veut dire que le moi puisse résister à ce regard et acquérir le sien en sa part) permet que l’on puisse parler, signifier, et donc désirer, décider, élaborer un projet propre.

Mais cette articulation désarticule le corps, l’identité, le regard ; on ne peut plus se ressentir comme un vivant ; et on passe difficilement du vivant à l’existant (seul le christique peut se le permettre puisque lui a tout créé, sauf que si c’est par lui que tout fut créé, c’est le père qui influe, qui crée et sans qui rien ne serait, comme quoi la distance interne au rapport est in-finie).

On peut faire semblant mais on sait que non ; nous ne sommes pas. Cessant d’être, ce corps, on devient le signe du corps qui étant signe n’est pas du tout corps ; rendant possible que défile toutes les quantités de signes, de mots, de phrases et de capacité d’organiser du dehors. Il suffira alors d’au moins un signe pour échapper à la claudication du corps signifié (qui n’est plus de l’ordre du signifiant et qui donc happe les signes en définitive, dans le corps doté de sa propre inertie, de vivant mais qui est un poids pour les signes tels quels, et même si entre-temps, entre le début de sortie du corps par le regard et l’absorption dans l’état de corps, mort, on peut signifier, comme un moi, plus ou moins coincé ou allégé) ; d’au moins un signe donc pour recréer inversement l’extériorité ; dieu, la pensée, le sujet, la révolution, les domaines (esthétiques, etc), les œuvres permettent de détacher (selon un plus ou moins, puisque rien n’est figé) le regard en dehors de l’extériorité ; de détacher le regard mais momentanément ; il faut sans cesse relancer l’embrayage de l’altérité ; aussi que ce soit l’esthétique, la politique, la pensée, dieu il est impératif de re-vouloir, de réinscrire l’intentionnalisation spécifique et libératrice dans le corps, et ceci sans sombrer dans le subjectif (qui n’est qu’immédiateté) ou l’arbitraire qui ne supportent, ni l’un ni l’autre, le temps, la temporalité ; dans la temporalité seul ce qui est organisé (et donc réel dans le réel, dans l’effectivité) dure ; ce qui dure (et supporte le temps) c’est l’organisé.

Si l’arc de conscience n’est plus même signifié, si aucun signifiant n’y renvoie, disparaît la dimension mais également la fonction de structure.

Soit donc votre véritable intention (dieu, le christique, le sujet) ou la vérité (l’universel, la logique, la science, l’organisation de la vie, plutôt que la dispersion, ou de la société humaines, plutôt que la corruption, la décomposition), ou évidemment les différentes possibilités structurées, comme les esthétiques, éthiques.

 

Tout ceci, cette architecture de structures, est bien sûr noyé dans le déversement de déterminations, humaines, d’immédiatetés, d’objets (de production et d’objets de désir, qui contrairement au besoin communiste s’invente constamment), de signes et d’images qui prennent de fait l’apparence de monde. Mais c’est un monde artificiel et constructiviste ; il n’y a rien qui arrime l’arc de conscience au réel, sinon sa propre loi (celle de l’absolu, ailleurs, ou anciennement, pour nous, de dieu, de l’universel, du sujet et évidemment du réel même) ; et cette loi ne peut pas se rencontrer dans le donné, dans le monde (sinon autrefois les nécessités et les raretés, la dureté de la survie, ou de l’organisation sociétale stricte, qui devait se reproduire à l’identique sous peine de se perdre, de lâcher sa parole, ses échanges, son ordonnance transmise) ; ne se rencontrant pas dans le donné, elle ne rencontre pas d’opposition, organise un irréalisme généralisé, et réimagine constamment et se perd dans son labyrinthe.

Si elle ne suscite pas elle-même l’opposition à sa structure libre (ce qui se présentait autrefois dans l’externe de dieu, de la pensée, de la religion en général, du corps christique et de ce qu’il désigne dans le réel même, du sujet et de sa comparution devant lui-même « comme un autre ») elle se dissout dans ses contenus.

L’idée de soi du moi, le moi-même, s’oppose frontalement à son accès au sujet ; on interprète les absolues structures (y compris le plus simple universalité, la victoire en somme de la liberté anglo-saxonne à la liberté-égalité française, qui pourtant est le seul contrat social valide, puisqu’il assure à chacun un minimum du minimum et non l’abandon dans la faune sauvage de la rivalité), on les interprètes ramenées à la proportion, faiblardes, du moi, de la composition humaine, dissolvant lors même son objet prétendu, abolissant l’humain lui-même (sous l’influence des imaginaires allemands en particulier, qui n’ont jamais cessé de rêver l’absolu, de combler le manque au centre, de ne pas y admettre l’universel transparent ; ils ont, croient-ils, une identité, alors que les français ont l’identité oui mais universelle, c’est leur boulot, ils la produisent sans même le vouloir, savoir, comprendre, mais ils y arrivent). Le moi-même ne voit plus du tout qu’il ex-siste, il croit, dur comme fer, qu’il est, trompé en cela par son interprétation qui lui fait accroire « qu’il sera satisfait » et que cette satisfaction, véritable biais qui plie son intention et son attention, pèsera comme un corps réel (qui ne possède d’ontos qu’imaginaire et pas du tout réel) ; il n’a aucune appréhension, aperception autre que matérialiste, cad fantasmatique.

Le moi-même ne comprend plus, ne com-prend, plus-avec, autrement ni autre chose que la composition, la détermination (duquel il tient son « bonheur » parait-il, son rêve publicitaire, son m’as-tu-vu y compris, sa rivalité encore). Il n’y a, pour le moi-même, aucune porte de sortie ; il est coincé, comme un animal, puisque c’est à son corps, à la satisfaction de son corps (totalement perturbé et qui, en tant que simplement vivant animal, n’y comprend rien du tout et se dévore lui-même), à son corps qu’il se confie, qu’il a pu plier son intentionnalité vers le bas.

Abandonnée à elle-même l’intentionnalité ne rencontrera rien et doit se réguler de par soi. Elle alimentera au contraire la machine fantasmatique, l’addiction, la dépendance aux effets, ayant perdu de vue la cause, et donc n’agissant sur cette cause en elle-même ; or cela suppose ceci que la cause n’est vraiment cause que par et pour cette action sur elle-même ; or de cela elle est juste lâchée dans le monde, de même qu’elle éreinte chaque vécu, de chaque moi, d’une manière ou d’une autre. Elle épuise par le fantasmatique, l’image, la vie rêvée, l’objet magique, les désirs irrégulés, le naturalisme et le réalisme ; qui présupposant que notre être est un être et qu’il est du monde, trouvera dans ce monde la correspondance de ces volontés ou de ses désirs, et n’envisage jamais que la cause en nous est tellement puissante et hors monde, qu’elle peut très bien dévaster le monde, le donné, la réalité, la vie.

Or cependant et ayant vaincu, repoussé loin de nous cette attirance obnubilante du monde et de ses immédiatetés (de toute manière nous avons déjà tout vécu, tout entassé dans nos musées, tout écrit et tout dessiné, tout vécu et tout éprouvé, tout projeté et tout attendu du monde et de notre vie), ne reste que la structure ; cela par quoi l’arc du présent s’avance.

Le présent étant le contraire de l’impersistence, est donc ce par quoi la persistance/l’existence s’avance. Elle vient devant, de face, rigoureuse et inarrêtable.

Et ainsi puisque la vérité est le réel, que le réel est une forme, et que notre être n’est pas un être mais un arc, de structure, alors nous venons en face de nous-même. Le Bord est en avant, et ce qui n’est pas arrive, vient à exister. Et voilà que nous venons à la rencontre non de ce que nous serons mais de ce que nous pouvons (ici le devoir être est évidemment identique au pouvoir être).

On dit cela mais ça n’est pas tout à fait exact. Il se peut que l’on se trompe, s’égare, se perde. Mais le christique (qui est bien loin du rigorisme kantien, lequel déjà s’éloignait de la souplesse cartésienne) nous a fait comprendre que tout égarement est une capacité d’élévation ou de salvation, selon l’art et la manière de prendre ces erreurs ; et dépend de ce que l’on veut entendre. La durabilité dans le temps, dans la temporalité, soumise à la seule structure qui la surplombe ; celle du présent intentionnel, et au final du présent tout court, interne au temps lui-même.

De ce en quoi l’on croit d’une part et, en cette foi (dieu, l’universel, le sujet, la révolution qui fait office de réel ou le réel comme tel) de ‘comment’ l’on croit, ce qui veut dire avec quelle intensité ou quelle intégrité ; sachant que l’on n’est jamais totalement « honnête » puisque notre structure de rapport implique l’incertitude. Ce que toute identité (le moi-même, telle communauté, telle unité substantiellement conçue ou imaginée, puisque l’on a vu que l’être est uniquement une imagination, une substantialisation prêtée) ne peut que refuser lorsqu’elle n’en condamne l’aspect abstrait ou éthéré ou hypothétique ; le réel est abstrait, éthéré et hypothétique. C’est sa fonction ou sa dimension même. Et sachant que l’on ne peut pas vraiment vouloir selon la volonté idéalisée, mais qu’il est possible d’intentionnaliser, de guider, de discerner, de distinguer avec suffisamment de ruse et de dérouter notre intentionnalité qui tend à tomber dans ses contenus (qui s’imposent si immédiatement) afin qu’elle s’augmente, intensifie, concrétise sa structure intentionnelle comme telle ; la liberté est déjà toujours créatrice de contenus, de super-contenues (telle les vérités), et ne s’en vient pas sur le devant de la scène sans modifier le donné.

 

Si il vous faut défendre votre survie, votre liberté est réduite à rien, ou si on vous tient constamment dans la concurrence des libertés entre elles, mais non pas lorsque l’égalité vient aplanir la rivalité et la science, technique, pétrole ou acculturation en général permettent d’écarter la rareté et les nécessités. Et plus structurellement cet investissement de l’attention, cette intégrité de l’intention, non seulement sa pureté mais son caractère brut et la sorte d’unilatéralité qui n’entend pas plier, c’est celle qui sait intimement que, fondé sur le réel (soit donc le moins inconsistant qui soit, serait-il le mouvement même et justement parce qu’il est le mouvement), sait qu’il ne manquera pas ; de même que l’on ne peut sérieusement admettre la faillite de dieu, de la pensée, du christique ou du sujet ou de la révolution ; ce que Kant nommait principe et Hegel certitude interne du penser, qui ne peut pas sortir de son intériorité de savoir pour Hegel, même si il croit parfois que si. La volonté se laisse aller ici et là et la plupart du temps, mais pas le principe, pas la certitude.

La fausse indifférence

Ce qui se passe, ce qui arrive, ce qui est généralisé c’est le non questionnement ; si on se tient en dessous du questionnement, on évite le choix, la décision, l’angoisse, la possibilité même. Dès que l’on se pose la question, il faut répondre. Et s’engager dans le questionnement c’est un investissement dit formel ; qui met en jeu la structure, celle qui dispose de tout le reste (l’arc de conscience qui crée tous les champs en reprenant tout ce qui vient, l’absorbant et en en créant de nouveaux). Pareillement si l’on se ‘décide’, de l’insondable décision, pour la poésie c’est intégralement que l’arc qui surinvestit et choisit sa discipline, littéralement discipline, rigueur et intégrité (sinon on n’y parvient tout simplement pas ; le plus effort disponible ne vient pas si l’on ne s’y soumet pas).

Il faut constater que le christique voulut impliquer chacun, chacun, au plus loin, au plus haut, au plus élevé de lui-même. Et c’est ce qui se passe, réellement, dans le réel, on n’est pas une « conscience » sans exister ce rapport-même.

Il s’agit donc de la décision d’avant la décision, de la conviction d’avant la conviction, et au final (si on tente de synthétiser) de votre « véritable intention » ; celle qui se révèle tout au long et qui a transformé, possiblement votre vie en existence (ce dont rien ni personne ne peut juger, sinon vous-même, peut-être, ou le christique, au cas où). Votre intention véritable est cela qui vous permet de lire structurellement votre existence ; Rimbaud a lu sa vie comme une existence (et il n’a pas tenu très longtemps, puisque c’est très difficile d’imposer à un corps, un vivant, la structure qui, elle, n’est pas vivante selon la vie, ni d’un corps ; rappelons que vous avez un corps parce que vous ne l’êtes pas…)

Ou encore ; l’intention réelle est au centre mais le centre est le Bord (il faut suivre). Une unité centrale serait un concept séparé et non réel ; l’unité externe est elle le Bord tout à fait exact et précis ; soit donc le présent tel qu’ici même et maintenant.

Aussi cette extrapolation permet de comprendre que les trajets (dans le monde, la vie, le relationnel, les signes, les œuvres) créent les tracés, sur le Bord. Le Bord externe est la surface de la sphère. Que le centre soit exogène rend possible de comprendre pour quoi il y a une réalité, une vie, une pensée, un moi ou des mondes humains ; parce qu’ils créent le cercle externe (qui est le seul interne cohérent).

C’est pour cette raison que ce qui arrive, « ce qui arrive réellement » naît du bout du champ intentionnel (de conscience) ou au bout du champ existant (le présent) ; c’est ce qui est en-plus qui compte ; et cet en-plus ne s’acquiert que dans l’actualité, l’actualisation de l’exister.

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Le Bord aimanté

20 Février 2021, 09:16am

Publié par pascal doyelle

On dira d’abord que la technique, ici, est de reprendre le même afin de le déplier toujours identique et toujours autre. Puisque si le réel est un rapport, cad un mouvement, il est insituable ; il est ce par quoi on situe. Ce par quoi on situe le temps comme l’espace, les essences des choses ou l’identité des êtres, le caractère cyclique et sacré et holistique des mondes humains ou le devenir de ces mondes humains lorsque s’initie l’historicité, par le divin, dieu ou la pensée, puis leur actualisation absolue, christique, celle du sujet, celle de la révolution, celle de chaque un.

Ce par quoi existent les réalités et les sujets re-vient sans cesse et explore cela même qui constitue son essence qui n’en est pas une, à savoir sa possibilité.

Il faut comprendre que l’on ne revient jamais deux fois identique (à soi-même). Le revenir est toujours un re-venir. Le commencement qui commence ; l’indéfini ou infini commencement. Et ce afin que s’explorant plus avant le commencement soit toujours plus grand.

Revenez mille fois sur Rimbaud ou les évangiles ou sur Kant ou Nietzsche, et en vérité à chaque fois la porte, la possibilité, s’ouvre. La porte a toujours été déjà ouverte, et c’est seulement que vous ne le saviez pas. Et que vous l’oubliez, parce que l’ouverture ne se mémorise pas ; elle insiste en direct.

Si vous quittez le laps de la possibilité ouverte, ça disparaît. Vous avez déjà oublié. L'acte seul pré-voit et continue. 

Le seul présent

On décrit de la sorte un réel intégralement positif et ouvert sur lui-même et ce au sens propre et non figuré. Le réel est le présent qui déroule constamment la réalité.

S’il est fonctionnel, ce réel, alors il produit toutes les réalités.

S’il est dimensionnel, alors il re-produit, recycle, relance, reprend, ré-élabore constamment les réalités.

Et cela, dans les deux cas, signifie que le possible n’est jamais écrit.

Il peut, il sera, il a été toujours plus grand que lui-même. Il s’arc-boute contre sa propre petitesse. Parce que si tel n’était pas le cas, il n’existerait pas. Le réel est en lui-même et partout le possible. Et le possible déjà réalisé n’y suffit pas ; il faut que plus étendu encore il devienne. Aussi s’en prend-on au temps. Il n’y a pas de raison que le temps passe, de cette manière apparemment habituelle et constatée telle ; dit autrement le temps n’a pas de sens ; si il est tel quel (« qui passe ») il est idiot et idiot au sens de stupide. Donc le sens, la signification, le sens ou l’orientation, la direction du temps n’est pas celle que l’on croit (avec effroi ou résignation ou exubérance, on peut se réjouir de la multiplicité), mais autre. Le temps (en fait l'exister, le présent, l'actualisation) est vertical. Perpendiculaire, disait l'autre. C'est pour cela qu'il est désigné comme Dimension. C’est ce que veut dire que le présent, qui déroule toute réalité, est la structure absolue ; la structure non-finie.

Rappelons la bizarrerie, sinon l’étrangeté, et peut-être le mystère absolu ; si le mouvement est seul réel (et tout le reste effets), alors la réalité (cela qui est dans le réel, la détermination dans le présent) est seconde et n’existe pas ; elle est (en tant que déterminations finies, il est hors de question de prétendre que la réalité n’est pas, que l’être n’est pas ; c’est bien plutôt qu’il existe bien plus grand que l’être) ; l’être est mais il n’existe pas. La stabilité (l’être) est relatif au mouvement brut et pur (le réel, le présent). C’est en ce sens que l’on a dit que le présent est la colonne des réalités.

C’est cela même dont il faut décider.

Remarquons bien ; ce qui existe comme rapport, en sens inverse n’est pas. Il n’y a pas d’être du rapport. Le rapport fait défiler ou le permet quantité de réalités (et on a dit déjà qu’il est incommensurablement plus facile de manipuler des signes des réalités plutôt que les réalités elles-mêmes) mais le rapport est juste et rien qu’un rapport (les maths sont des rapports, comme tout langage).

Si le rapport n’est pas, alors il dépend de nous ; il dépend du rapport qui s’installe, qui s’instancie ; l’instanciation vient de là ; ça n’existe que parce que ça se veut (et ça se veut forcément, puisque vous êtes déjà la conscience que vous existez, sinon vous ne seriez pas, et encore moins ici). Il dépend de son auto création ou de sa propre motivation ; il doit choisir par, vers et pour lui-même. Le rapport est cela seul qui est « cause de soi » ; non pas qu’il crée son existence mais il crée sa capacité.

Ceci passant outre l’habituelle conception qui croit en son contenu ; qui croit que « la pensée » ou « l’esprit » sont en eux-mêmes quelque réel. Que le réel soit plus grand que la réalité ; ce qui permet de désigner, de pointer ce qu’autrefois on entendait par le dialogue fini-infini, ici ils désignent quelque réel ou quelque réalité effective ; les choses et le présent et non des abstractions ; des abstractions qui elles-mêmes n’ont de vérité qu’en tant que signifiant ces deux « objets » ; l’infini est le présent, l’exister est le présent ; le fini est la détermination, l’être est la particularité qui contient quantité d’universalités, qui se donnent, à nous et pour nous, comme universalisations, comme capacité, native, de signifier universellement ; ce qu’opère tout langage, dès sa nature même, puisque tout signe est un rapport et donc universalisant.

Dans les deux cas, cette forme externe est le réel même, ainsi que l’indiquent aussi bien Descartes que Kant, Hegel ou Sartre. Mais c’est également ce que donne le Un ou le Bien, et finalement l’être qui sont tout entièrement dans le débordement, la dépense, l’amplification du possible.

N’oublions pas qu’il y a la vue toute extérieure et inerte, la vue réaliste naturaliste rationaliste ou scientiste, qui va traduire dieu ou le un ou le sujet en objets (divers et variés ou en système mort composé) mais en vérité il n’existe que la vue du dedans, de l’intérieur de cette activité qui perçoit via l'être, le bien, le un, dieu, le sujet ou le réel.

Ou donc. Soit la conscience qui fait comme si elle n’existait pas (et que l’objet mort traduisait le donné et le « là » du donné, ce qui est absurde). Soit l’arc de conscience qui intègre l’activisme de la structure, qui existe l’intentionnalité et saisit que par là il en est saisi.

Dit autrement il est d’autant plus actif qu’il reçoit passivement son exister du dehors (tout est au-dehors mais il est un dehors plus grand qui supporte tous les autres ; le présent ou dieu ou le structurel ou le réel, etc)  ; recevoir passivement que l’on est saisi signifie saisi de dieu, de la vérité et la pensée, de la liberté entendue selon son exigence et non son pseudo arbitraire (c’est pour cela que la liberté conduit immanquablement vers la révolution, la pensée, dieu, le sujet ; on est déjà articulé au plus loin, au maximum, on saisit tout de suite ce que dieu ou le réel signifient même si on ne comprend ni l’un ni l’autre), le réel comme brut et autre, etc.

Ceci s’explique de ce qu’il ne produit pas arbitrairement tel contenu, mais de ce qu’il rend articulé un contenu-autre qui lui indique non pas ceci ou cela mais l’articulation même ; si on philosophe on doit s’astreindre à la vérité (sous les distinctives points absolus, l’être, le un, le théos, le logos, la raison, la loi ou la Loi) ; on ne peut pas ne pas inscrire la règle même (de l’intention) sans l’énoncer (ou alors on prétend n’importe quoi, on ne se réfère pas à une architecture ou une cohérence).

De même pour initier la subjectivité sont requis outre le christique, Saint Paul, le roman, les essais, les méditations, les œuvres, les esthétiques ; il ne s’agit nullement de l’immédiateté ; ce que le christique implique lorsqu’il soumet l’intention à sa question ; que veux-tu vraiment ? L’arc de conscience est un effort instantané, qui sait toujours déjà qu’il s’existe hein au-delà de quelque lui-même que ce soit.

Retenons que l’on existe toujours déjà à partir de très-loin, on ex-siste (il n’y a pas de conscience sans cette dureté ontologique, le tomber-amoureux du moi qui croit soudainement à un nœud de son bricolage). À partir d’une articulation très complexe et surtout ontologiquement signifiée (sinon on ne signifierait rien du tout, et il est très difficile de signifier, c’est un effort, et constant).

L’activisme insistant

Ce retour est constitutif ; les énoncés qui suivront n’auraient pas lieu d’être si la position initiale n’était actée ; ce ne sont pas des parties de monde que l’on découvre, ça n’est pas une « nature humaine », avant la révolution il n’y avait pas de révolution, et « révolution » est fondée sur la capacité de chaque un ; chaque un est renvoyé à lui-même et rien de ce qui en découlera n’existait auparavant. Évidemment chacun se précipite sur ses envies, ses désirs, ses entreprises, ses projets et ne voit plus que cela ; mais en vérité ce qui devait, aurait dû être épinglé c’est justement que cela même qui doit être vécu, ou dit autrement éprouvé, ça n’est pas la liberté comme moyen de n’importe quel ceci ou cela, mais la liberté elle-même telle quelle.

Si l’on se demande en quoi elle consiste il suffit de reprendre l’intégralité des exigences qui ont produit cette historicité, toute cette historicité ; et cesser, du même coup, de limiter la liberté comme faire-valoir de finalités immédiates en lesquelles s’absorbent nos consciences et par lesquelles notre moi, le pauvre, tente de surnager, en élisant quelques déterminations, au pif, bricolées, qui le dessinerait, être chiffonné ; mais il ne ressemble pas à grand-chose sans son sujet.

Le problème n’est pas de définir, à la liberté, un point de chute, déterminable, mais qu’elle soit en mesure de hiérarchiser. De Hiérarchiser cela même qui constitue notre réalité (la liberté est le réel, le seul réel, le pur mouvement). De hiérarchiser les intentionnalisations ; de sorte que l’on puisse commencer de se situer, sur la vague du mouvement ontologique et non de par ses résidus écumeux. C’est la hiérarchisation et donc l’organisation et ainsi la coordination (entre les consciences, si ne sont pas exprimées les finalités réelles elles seront encore moins, pour ainsi dire, partageables) annulent le possible ; cette fermeture rend possibles les finalités immédiates (celles qui satisfont le moi, le groupe limité, l’identité) mais rendent impossibles les organisations de stratégie.

Aussi se retrouve-t-on débordés de toutes parts en des quantités de faisceaux d’intentionnalisations, de projets, de désirs, d’envies qui, se présupposant « naturels » et donnés tels quels, se croient totalement légitimés et même réalisables spontanément dans le monde, le vécu ou le corps ; il ne vient pas du tout à l’esprit d’un moi qu’il ne se réalisera jamais. Il faut qu’il rencontre la dureté du mur du réel pour sans cesse recommencer de désirer ailleurs et avec variations, mais de désirer. Cette infantilisation manifeste l’impossibilité de saisir l’ensemble et impose la seule régulation minimaliste, celle du plus simple à gérer, plus facile à négocier, plus rapidement perçu et ayant effectivement un effet sur le corps (comme toute addiction, qui tombe toujours dans le monde, qui, lui, est destiné à disparaître). Au lieu que l’organisation de l’intentionnel réclame d’y comprendre, de se percevoir ontologiquement ou historiquement ou religieusement si l’on préfère ou esthétiquement etc (bref tout cela que l’on a créé afin de s’y retrouver).

De même quant aux maîtres du soupçon (de ceux, des philosophies qui sous-entendent ou affirment le plein du monde donné et le vide, l’abstraction, l’illusion de la conscience) qui font bien de pointer les nécessités, causalités, systèmes du monde donné, mais qui ne parviennent pas à appuyer sur le vrai mouvement de structure ; il y eut révolution pour quantité de raisons et de causes (physiques, économiques, chimiques, etc) mais il y eut révolution afin que la liberté devienne une possibilité dans le monde (et non plus assignée à un ordre ou une hiérarchie de castes, ou un ancien monde ou une église) ; lors même qu’effectivement ce mouvement n’a vraiment profité qu’à quelques-uns, économiquement, mais qui fut profitable à beaucoup dans quantité d’autres domaines, et de réalisations, culturelles évidemment mais aussi personnelles, relationnelles, individuelles, d’associations, de classes, de libérations et de révoltes (qui étaient inimaginables dans l’ancien monde, qui n’étaient pas même pensables) ; c’est l’invraisemblable potentialité de développement qui aspire les découvertes, attire et provoque les inventions, les projets (et donc aussi les entreprises au sens propre). Chaque individu est vide, si il n’y prend pas garde, et il faut le remplir ; et ils ne demandent que cela, ils s’y précipitent, ils meublent leur corps en l’imaginant comme étant leur âme. Le roman, le cinéma, et tout le reste se prennent pour leur âme (en quantité de formules dégradées qui ne réclament d’y comprendre universellement ou historiquement ou divinement quoi que ce soit).

On sait que l’on n’y retrouvera pas la structure de conscience. Qu’au contraire on n’éprouve une œuvre que si on admet la distance. C’est pour cela que comprendre Rimbaud ou Proust ou Céline est difficile, ou si l’on préfère impossible ; ils parlent à partir d’un point-autre. On saisit toujours à partir de ce point, sauf qu’il est plus ou moins manifesté, signifié ; et si il est signifié, ce point autre, alors l’œuvre est non évidente. Et si on croit comprendre une œuvre, c’est que l’on ne comprend pas. On ne la comprend pas comme distance in-finie ; on a dit que l’on ne comprenait pas le christique, et on ignore de où parle Rimbaud, et on ne saisit pas le point que délimite Descartes (avec tous ses paramètres qui nous éjectent sans cesse hors du point).

On ne sait pas où conduit la structure du réel, mais on sait que l’on perçoit (ouvre un, des champs de perceptions et d’expressions et d’invention) à partir de la dite structure. On comprend aussi que l’enjeu tient à cette question ; s’il se produit quelque chose, ce quelque chose est-il destiné à disparaître dans le néant ou plus précisément la dispersion indéfinie, qui des étoiles mortes ne retiendra plus aucune mémoire ?

Si on suit les œuvres, qui gardent traces, elles, des parcours, des trajets et gardent au-dedans le point d’origine, on n’en sait pas plus, on ne connaît pas le dit point, mais on l’existe, on commence de l’exister ; on sent bien (de tout son corps parce qu’il l’a écrit avec son corps adolescent) que Rimbaud nous projette avant, ou après, d’une part la vie de Rimbaud et d’autre part l’histoire de la France (gaulois, dit-il, l’ensemble étant tourné et pas tourné du tout en dérision, littéralement tout y est dé-mesuré). Et entre les deux, de tout le reste. Le plus lointain passé, l’antique bible, l’enfer, les illuminations de l’après déluge, d’après la fin des temps, les court-circuits du temps. Pourquoi Kafka met-il en scène ‘celui qui est jugé’ et qui ne parvient pas du tout à comprendre, et ce avec une insouciance immature, que justement il sera jugé ?

Le point de compréhension recule parce que c’est justement ce repli qui est seul en cause ; c’est cela qu’il faut non pas résoudre, mais il est requis, appelé que le pion doit être avancé, et dessinée la partie. Aucune n’est écrite ; parce qu’aucun je ne rentre dans sa vie donnée ; il n’y est jamais quoi que ce soit qui manifeste l’intention que l’on a voulue ; où existe-t-elle ?

Se déplace tout à coup Descartes, d’un pas de côté ; ce qui est là-maintenant, est, en soi, réel. Un en-soi dont il faut rendre compte (indépendamment de dieu). Et à tout le moins le sujet existe réellement ici même et se tient de par soi ; même si dieu nous crée, il nous crée libres, ce qui veut dire relatif à nous-même, et pas seulement relatif à lui ; mais être relatif à soi-même c’est ne plus être relatif… mais absolu ; comment rendre compte, prendre en compte, penser cette indépendance ?

L’en-soi de notre être c’est bien ce qu’interroge Sartre ; il est obligé de supposer un « truc » tel que le « pour-soi » pour montrer qu’il existe deux sortes de problématiques ; se condamnant de ce fait à dualiser le réel. Il réserve le mouvement exclusivement (et absolument) au pour-soi (qui est pure néantisation). Or donc la résolution réelle, effective c’est d’admettre et de penser le mouvement (en redéfinissant sa nature même) comme total et constitutif et finalité ; le mouvement n’est pas ce qui arrive à quelque chose, mais le quelque chose est par le mouvement (dont la nature, l’essence, la structure est cela même en jeu) ; aussi du néant à la structure-sujet, on ne peut pas même dire qu’ils apparaissent dans le même temps, en une seule fois, parce qu’ils « n’apparaissent pas » ; il n’y a que cela ; le mouvement du néant vers la possibilité, rien qui précède, rien qui suit puisque tout le possible est réaliser ‘dedans’. On y reviendra, parce que cela revient à interroger l’intention que l’on a, que l’on existe (et que l’on n’est pas), et dont on a dit que l’on ignorait « où » elle existait.

Remarque donc ; le christique (qui initie tout, toute cette méta-structure) oriente vers cette intention, à partir de son point tellement autre que l’on se demande (comme cela a pu être possible).

En vérité Descartes pousse très loin la logique ontologique, et la rend, enfin, accessible et plus qu’immédiate ; il la produit sur la scène (du réel) comme instantanée. Le cogito est élevé comme fonctionnel (Kant) et dimensionnel (Descartes, Kant, Hegel, qui comprendra bien que le christianisme est la religion absolue, que faire d’autre une fois que dieu s’est incarné et mort en croix ?). Descartes impose la logique christique absolument et, enfin, il en crée la conclusion tout à fait réelle ; le christ nous remet les clefs du royaume (qui dépend de nous dans la communauté des croyants, ce qui veut dire, prenons-y garde, communauté ‘en esprit’ qui est le troisième de la trinité, tout est placé, ainsi, très exactement et revient à ce qui se réalisera dans l’histoire ; liberté (Descartes) égalité (christique) fraternité.

Mais intensité qui se continuera dans ce maelstrom de réalisation humaine ; l’universelle révolution humaniste est aussi la révolution personnaliste qui viendra (qui pour nous « est venue »). Le chiasme de l’incarnation est la nature difficile et paradoxale de tout « moi » qui est un sujet (et qui un moi parce qu’il est, qu’il le sache ou non, un sujet).

Il y a irruption sur la scène de la pensée (qui tablait sur la pensabilité, l’universalisation) de l’existence qui soudainement dépasse le penser, et situe, donc, le sujet sur un autre-plan ; le plan du monde donné là (l’étendue pour Descartes, qui deviendra la phénoménalité de Kant, l’histoire de Hegel, l’univers des sciences et l’existence existentialiste, soit donc le réel, massif, des réalités).

Ou donc ; si il apparaît que Descartes introduit le je, qui se tient lui-même (et donc n’est pas tenu par la pensée), alors le donné « là », la réalité, prend toute son importance et ce jusqu’à s’imposer comme ‘réel’ hors de la pensée, hors du sens d’abord (le donné là est absurdement là et possiblement idiot) et hors de « nous », hors de notre acte, activité de conscience ; n’existe-t-il aucun lien entre le réel donné là et l’arc de conscience ; on dit que si, effectivement, il existe un lien et ce lien est le présent comme activisme.

Le sujet cartésien exigeant de toute manière l’inquiétude totale du je. L’inquiétude originelle et ontologique ; le réel ne sait pas où il va, mais il se pré-voit, puisqu’il n’existe aucun programme antérieur à l’articulation de toutes les réalités dans et par le présent. Le je cartésien, ayant de toute façon repoussé toutes les facultés et les performativités de notre être, n’est nulle part ; il dé-couvre cela même à partir de quoi tout le reste paraît.

L’os. L’ontos. Qui est mouvement.

À partir de Descartes l’être n’est plus imaginé (qui se lovait dans le connaître de la pensée, comme creux non pensable, le Bien, le Un, l’Être lui-même, etc). Et donc il doit être pensé, mais avec une autre sorte de pensée ; on pourrait dire que la pensée grecque découvre et dé-couvre le « là » (qu’il y ait un monde, et par ex qu’il soit un seul, et non une multitude de mondes humains inventifs) mais que Descartes dé-couvre qu’il existe un ici-même ; il se retourne (ce que personne n’avait prévu) et se-voit. Mais il ne peut pas se voir, et donc il se déduit lui-même ; il faut bien qu’il y ait quelqu’un, quelque un, pour qu’il se retourne. Et ce faisant, donc, il fait re-tour, un nouveau tour. Une plus grande spirale.

Hegel dira que par Descartes la pensée est enfin « sujet ». Curieux embarras pour Hegel parce que l’horizon sur lequel il pense toutes les distinctions (de manière absolument magistrale) qui eurent lieu (dans ces deux phénoménologies, on tient en effet le savoir absolu non pour un savoir mais pour une phénoménologie, tout comme le devenir de la conscience) cet horizon donc est l’universel (tel qu’il se pose, se contre-dit et ensuite se sait en re-posant à nouveau sous un nouvel horizon ; il faut un supposé horizon (qui n’apparaît forcément) pour installer des objets). Hegel est fondamentalement pour et par la liberté, mais elle est pur mouvement (négativité, vide, formel) ; ce pur mouvement n’a pas d’attache, pas de réel existant vraiment, l’esprit est l’esprit et il veut seulement exister dans son seul mouvement ; il n’y a pas de miroir mais exclusivement une image, cad une idée ; rien ni personne n’utilise l’idée, c’est l’idée, l’universel, qui utilise tout le reste. Ce qui peut sembler un peu fou, mais c’est l’idéal de la pensée, la transparence, et que rien ne résiste à la perception telle que perfectionnée par la pensée (sans quoi nous nous enfonçons plus ou moins dans l’immédiateté, ce que la médiateté du penser repousse, jusqu’à proposer sa propre totale médiateté).

Il apparaît ainsi que si sujet il y a, alors il récupère la mise ; de toute façon on ne voit pas ce que la pensée restreinte à elle seule, peut vraiment apporter ; la complétude qu’elle paraît supposer, et installer en nous, est illusoire ; on imagine l’être, ou le Bien ou le Un, on ne le pense pas ; la « substance » (qui est l’ancien sujet pour ainsi dire) est extérieure au je. Le je serait alors destiné à l’effacer dans l’universel (de quelque manière qu’on le tourne).

Or nous prenons ici le contre-pied absolu, cad christique ; si le je n’est pas intégré, alors la vérité n’est pas atteinte ; une universalité sans sujet est incomplète. Bien sur que le sujet soit intégré rend beaucoup plus difficile de penser ; qui n’a plus le support (la substance) pour analyser les qualités, les catégories, la systématique. De par le sujet on passe par-dessus ; depuis Descartes on passe nommément par-dessus, on a besoin d’une matière, d’une perception (puisque l’on se dirige vers l’au-delà du monde, au-delà de la limite kantienne de la phénoménalité ; ce qui était le but explicite de Kant) et cette perception de l’invisible, de la forme qui entoure la manifestation, l’apparaître, la détermination, soit donc cette forme indéterminée consiste à intuitionner cela même qui constitue son vide, son caractère formel.

On estime ici que la forme de l’arc de conscience constitue la forme invisible de notre être (il n’y a aucun être, aucune essence humaine qui n’apparaisse pas dans un champ intentionnel, vous avez un corps parce que vous ne l’êtes pas), et que la forme du présent est l’articulation seule qui existe qui précède absolument toutes les réalités. Il y a un Bord de l’univers, qui ne se situe pas au bord mais « au-dedans » en tant que le présent est le Bord de toute la réalité.

On a dit (précédemment) que le Bord n’est pas le centre unifié qui rayonne et cause les effets que seraient les choses et les êtres, les individus et les pensées, mais que le Bord est externe ; et que les réalités sont internes à ce Bord externe ; de sorte que ce qui se déroule au-dedans se dirige vers son écriture sur le Bord externe et qu’ainsi le Bord re-vient constamment dans son espace interne.

Ce qu’il faut impérativement s’incorporer c’est que le réel n’est pas massif et dense mais externe et à la limite externe ; l’arc de conscience se réalise actuellement dans un champ effectivement existant (il n’y a pas une « essence » de Pierre ou de Catherine mais c’est ce qu’ils feront de ce qu’ils sont et c’est ce qu’ils existeront qui comptera).

Ce qui compte, au final, de par le choix du sujet, de l’individualité, du non effacement du je dans une indistinction (ce qui serait le contraire de tout ce qui se montre, se perçoit, s’imagine ou se désire, on y recherche la distinction au contraire) c’est l’affrontement à la brutalité. Le réel est immensément brutal. Si on préfère croire que tout cet univers est seulement un gaspillage non seulement absurde mais idiot, stupide, alors il n’existe à vrai dire que cette brutalité sans rémission (le tout aboutissant au néant glacial de la fin des temps, sans plus aucun soleil vivace).

Et il ne faut pas entendre « présent » comme impersistence. Le dit présent n’est pas le présent coincé entre le passé et le futur. On considère ici que la véritable perspective qui fait-voir et montre la réalité est le présent ; le présent qui est l’exister. Brut.

Le présent qui est l’exister tient dans sa vue, dans sa perception, les réalités, y compris passées et futures. On croit savoir qu’il n’existe pas de borne à l’univers (que celui-ci soit infini ou qu’il soit sphérique, la ligne d’horizon reculant de fait) ; sauf le présent. Le présent est en chaque point, pour ainsi dire, la borne, le Bord de l’univers, de tout ce qui est, fut ou sera.

L’univers a un Bord et un « bout » au-delà duquel il n’y a rien, et ce Bout c’est le Bord et le Bord c’est le présent. Qui traverse toutes les couches. Et sans lequel rien ne serait.

Il n’existe, de quelque côté que l’on se tourne (et dans tous les sens possibles, extérieurs ou intérieurs) que le brutal mouvement. Rien n’est fixe et encore moins figé. L’être n’est pas, sauf dans et par l’exister. Et en ce cas l’être est vraiment cela qui est, sauf qu’il est pris dans le mouvement absolu (il est unique) ; de sorte que l’on a dit déjà que dieu, la pensée et l’universel, le sujet ou le réel sont des moyens de fixer momentanément le mouvement ; on ne sait pas ce que cela ou ceux-là signifient. Parce que le mouvement est précisément « en cours ».

Il n’y a pas un programme disions-nous parce que le programme est la structure elle-même. Le programme est l’exister, le présent qui actualise tout, et le programme est l’arc de conscience qui en lui-même ne comporte « rien ».

Et la brutalité du mouvement on ne saurait s’en satisfaire puisque à quoi servirait-il sinon de le perfectionner ? À quoi sert qu’il y ait un présent.

La structure du sujet ou la structure sujet (du réel qualifié tel afin de montrer qu’il est destinalement le possible-même) permet de visualiser en une fois toute la brutalité initiale jusqu’à la possibilité infinie de perfectionnement. Ce qui revient à donner sens, d’une part et d’autre part à remettre entre nos mains cela même qui apporte.

Qui augmente, qui intensifie, qui concrétise.

Soit donc les grecs, dieu et le christique, Descartes et la révolution.

On ne parvient à saisir ce mouvement que de sa nature de rapport ; le rapport n’est ni dans le début ni le terme mais dans le passage. Contrairement à Hegel qui n’y voyait rien sinon la dialectique (et qui consistait en des idées, formant un savoir) le dit passage est réel ; c’est un être spécifique, un être indéterminé. La performance de la réalité, de la nature, du donné est bien évidemment que cet arc est disposé par des déterminations ; l’arc de conscience se tient du lien entre les signes, et les perceptions traitées en tant que signes ; non par la magie du « signe » mais parce qu’il existe une conscience dont la nature même, l’essence, la structure est de relier. Dans le système vivant de la perception, s’impose un mini-système vide, formel qui attache perceptions et signes ; et qui, pourtant, ne quitte jamais l’horizon unique du donné tel que « là ».

Tournés vers le Bord. Bord du champ intentionnel, de perception et de réalité.

L’importance décisive d’un bord n’est pas seulement attenante au présent mais à la perception même, et qu’il existe un au-devant ; tout être, toute chose est assignée à un au-devant ; l’espace et le temps sont le dépliement de cet au-devant ; autre manière de dire que l’on ne peut pas imaginer une réalité sans un tel déploiement.

Et autre manière de dire que cette autre manière de soulever que si il existe un « au-delà » non seulement ce ne sera pas une copie du (même) monde (pourquoi reproduire le « même », doubler ce monde d’un autre monde), mais qu’il réalisera cet au-delà autre chose autrement dont les prémices. Pourquoi les prémices ? Parce que s’il s’agissait d’un au-delà déterminé (un autre monde) on pourrait imaginer ou concocter différentes sortes de déterminations, mais ici le réel, pour nous, n’est pas un donné, mais un mouvement, et ce caractère formel empêche qu’il en existe plusieurs ; on peut supposer diverses variations formelles (mais on n’en a aucune idée, avant dieu, l’être, le un, le sujet, le réel ont n’en possédait pas l’image, l’imagination, n’étant pas de l’ordre de l’imagination, de la composition, raison pour laquelle on a admis l’existence de la raison », « pensée »).

Et donc ça n’est pas un au-delà qui est ciblé, mais le déploiement du mouvement même ; soit donc de plus nettes distinctions ; dit autrement votre sujet sera plus distinct que votre moi… De par votre je (soit donc l’actualité, l’actualisation ici dans cette existence de votre je, qui n’existe qu’en acte et selon cet acte, et pas ‘en-soi’) le sujet sur-existera en suivant le même mouvement ; c’est bien pour cela que l’on ne comprend pas du tout que le je puisse « disparaître » dans l’absolu … ce serait totalement différent de toute l’expérience ici et maintenant, et ce par quoi sans doute on admettait jadis l’effacement du je dans l’absolu, mais en ne posant tout simplement que l’absolu, comme contenu contenant tout.

Or on s’est découvert comme existant. Le christique est l’existence de chacun (à partir du point autre au-delà de la mort par quoi se perçoit la vie en une fois). La société, l’humanité, l’humanisation s’est élaborée en ajoutant constamment de l’altérité, et chacun en tant qu’autre et un (chacun est un, et donc forcément autre). On peut bien regretter l’effacement du sujet dans, jadis, la béatitude, mais alors il faudra également abandonner toute l’humanisation, toute la représentation, les esthétiques, les éthiques, etc (qui autrefois étaient incluses dans le rituel ou ne manifestaient que l’absolu ; pour toutes ces plis dépliés ou non, voir Hegel qui raconte cela excellemment, comment la complexité se déplie et donc nous offre à chacun d’exister, bien que lui-même n’y voit pas le sujet mais l’universel).

On se rend donc au bout du Bord ; et ce bout c’est l’extrême à partir duquel (présent ou arc de conscience) il existe un monde, une réalité (ou une représentation comme champ intentionnel de perceptions signifiantes). Tout existe à partir du bout en tant que rétroaction. Le bout étire tous les champs. Ce qui vaut pour la réalité, l’univers comme nous le dénommons, mais aussi pour chacun ; chacun se voit à partir du Bout de son existence.

Et le problème, puisque tout, matérialité ou idées, s’effiloche constamment, est d’admettre que si le mouvement existe, alors n’existe que le mouvement. Soit donc le présent. Il existe une colonne de présent, et tout le reste lui est relatif. Il n’existe que l’attirance du Bord, tout au Bout.

 

Le présent non seulement n’est pas du tout l’impersistence, mais le présent insiste. Le présent, le temps en tant qu’exister est cela seul qui existe (tout le reste est). Le présent, et c’est pour cela que l’on tend à le définir comme dimensionnel, le présent re-vient. Il modèle la réalité et, si il est exact que le mouvement seul existe, alors toute réalité est relative à l’actualisation.

Ou dit autrement, sous forme de flash, tout est toujours intégralement (de A à Z, du moindre iota) continuellement actualisation.

Il n’existe que l’actualisation, laquelle est non-finie ; ce qui ne veut pas dire « infinie » ; l’infini est habituellement une donnée du monde ou du vécu qui est infinitisée (« ça dure longuement ») ; le non-fini correspond non pas à une grandeur (de temps, d’espace, etc) mais à une nature, un être, un réel spécifique. Une conscience est-elle finie ? Non. Est-elle infinie ? Non. Elle est un rapport qui n’est ni fini ni infini ; ou si l’on préfère on a imaginé l’infini de temps parce que l’on est un rapport qui n’est pas fini, et qui a nommé cette non-finité (qui ne tient ni dans son début ni dans son terme mais dans le mouvement) qui l’a nommé « infinité ».

Or, et c’est fondamental, ramener l’infinité à ce ‘rapport’ qu’est ‘conscience’ ça n’est pas le réduire… mais centrer le regard sur une structure absolument étrange (absolument cad formelle et dont la formalité est justement interrogée ) ; qui a commencé d’être aperçue comme telle depuis Husserl et repris par Sartre (si l’on excepte Heidegger qui se situe en vérité existentiellement). Dit autrement le rapport est plus grand que l’infini et le réel est précisément la possibilité brute, emplie d’infinis.

On est ainsi orienté non plus vers des notions, des concepts qui présupposent leur infinité (ou leur finité, dans le cas des sciences par ex) qui demeuraient métaphysiques, vers des faits réels donnés tels quels et quand bien même seraient-ils étranges ; l’acte de conscience, l’acte de présent (ou jadis l’acte de dieu, de l’universel grec, du christique, du sujet cartésien ou kantien ou de l’esprit hégélien, ou la Volonté nietzschéenne, l’Être de Heidegger, etc). Il existe un « être » spécifique nommé ‘conscience’, identique en tout sujet, qui dépend de sa capacité à se motiver.

Tant que vous n’actez pas votre conscience, vous n’existez pas. Mais puisque vous existez, vous avez toujours déjà actualisé votre conscience ; dans quel repli ? Rappelons que dans l’enfance nous sommes, chacun, dans-la-conscience-autre, qui prend évidemment celle d’autrui, des parents, mais qui en fait installe en chacun la conscience-autre avant qu’elle devienne mienne, lors de la traumatisante adolescence, mais actualisation qui reviendra instamment sur et par son propre réel. Nous sommes alors sous la forme-de, de la conscience-autre. Et se met en place le champ existentiel de chacun, mais comme il s’agit d’un rapport (de tous les rapports que l’on voudra) il n’est en lui pas d’immédiateté totalisant tout, mais des placements et des déplacements d’immédiatetés locales ; il reviendra toujours au champ actuel, dans son actualisation constante, de redéplacer ici et là. Et comme on a dit déjà ; dans un système, qui est plus ou moins systématique, ce qui compte ce ne sont pas les nécessités et les ensembles constitués mais ce qui dénote, ce qui s’ajoute, ce qui dérive et potentiellement ce qui s’imposera comme nouvel ensemble.

Or donc la finalité, en ceci, consiste sans l’ombre d’un doute à récupérer la grande stratégie qui s’existe depuis le début et qui s’est perdue dans les marécages historiques, non pas par trop d’activisme mais par imbécillité de l’énervement généralisé ; on a voulu tout, trop, n’importe quoi et n’importe comment.

C’est ainsi que l’on oriente le regard, en focalisant l’attention en, par et selon son actualité ; l’actualisation est le moment lors duquel une intention se fraie un chemin, s’étaye, s’élabore, invente ou crée.

La conversion

(vers dieu, le christique, la pensée, la révolution, la liberté ou la vérité, ou l’esthétique ou le poétique, qui vaut comme absolue pour le poète, qui s’instancie comme son point-autre, hors de laquelle attention, intention il n’est pas, et effectivement il n’est pas, il n’est plus ; il existe, il a saisi et donc été saisi de ce point, qui ne tient que de et par son activisme, qui lui fait, ensuite, cruellement défaut, l’articulation de conscience est une souffrance pour un être vivant, qui ne la supporte pas, et un manque effroyable pour elle-même lorsque s’est imprimé en ce corps la morsure indescriptible de la Possibilité ; religion, mystique, poésie ou pensée creusent infiniment le donné naturel là, soit donc ce corps)

la conversion donc s’effectue dans l’instantanéité et dans la brute actualité qui emplit totalement tout ce que l’on est parce que l’on est en tant que l’on existe comme fine pointe très ponctuelle et infiniment performante ; la capacité d’attention, la conscience-de, l’intentionnalité. Et la conversion, qui marque absolument le temps, la temporalité de chacun (à l’adolescence par ex, dans le tomber-amoureux, grande aventure du moi, et ce au minimum), la conversion est précisément « cela qui veut durer » ; elle ne veut pas, ne peut plus s’éteindre ; elle s’entretiendra et sacrifiera tout, pour peu qu’elle y tienne plus qu’à sa vie (ce que montre doublement le christique ; par qu’il meurt, parce qu’il signifie que la tension du réel est plus grande que la décomposition de la réalité).

Et donc, qu’il existe, possiblement, une dimension en tant que présent et non pas seulement une fonction ; et, cela étant, la possibilité de dimension rend accessible les paramètres les plus hauts de la fonction ; le plus éclaire le moins, de même que Kant supposait le nouménal de l’infinité du sujet, dans, par et pour sa perfection pratique, morale, éthique et fondamentalement « de structure » nommée en l’occurrence transcendantale (finalité fondamentale du kantisme) ; la distance (infinie) entre nous et nous-même atteint, parfois et sous conditions, sa capacité ; et ceci, rappelons-le, hors du conscient, qui est déterminé, tandis que l’arc de conscience s’ajoute aux déterminations, est la stratégie dont le moi forme les tactiques, qui finissent par tomber dans le monde, le vécu ou le corps (comme attractions et pesanteurs, faiblesse interprétative qui nous incline à n’acter comme satisfactions que celles du corps, de l’immédiateté, du monde, alors que notre être, qui n’en est pas un, consiste en l’insatisfaction).

Que cet infini se situe hors du conscient rend impératif de penser, de penser le paramètre s’ajoutant à la seule raison ; que Kant et Hegel dénomment entendement et que les suivants désigneront de tout un tas de signifiants ; de la volonté à la durée, ou évidemment de l’intentionnalité au pour-soi de la conscience ; dont on comprend somme toute qu’il puisse emprunter des formulations non-raisonnables. Ce qui est hors du conscient peut être tel signifiant désignant (faussement) un signifié, qui n’est en vérité que construit, imaginé ; il n’est de possibilité théorique que de renvoyer la conscience à une forme, de structure, vide (qui n’a rien à voir avec le néant, sur lequel on a glosé énormément) ; seul l’indéterminé (non signifié, sans contenu) existe.

L’intentionnalité en tant que conscience n’a cependant de réel effet ontologique que si on installe l’arc de conscience dans l’exister, dont on a dit que la seule pensée possible est celle du présent comme structure.

Le monde, le corps, l’immédiateté s’imposent d’eux-mêmes et s’installent comme chez eux, tandis que l’insatisfaction est autre. Et conduit justement à la dimension (immesurable) comme seule véritablement réel. L’incrédulité quant au monde, au vécu et au corps n’est pourtant pas une opposition ; c’est bien plutôt que l’on comprend ou est saisi que le vraiment réel est une dynamique qui ajoute au monde, au vécu et au corps et à l’immédiateté ; qu’en vérité il n’est pas d’immédiateté sans la Médiation non seulement universelle mais structurelle.

Et c’est ici que l’on entre dans l’avancée ; il ne s’agit plus (depuis la révolution et initialement depuis le christique) de réaliser l’universel (comme une instance extérieure au moi), mais de vouloir au sens d’intentionnaliser selon le structurel ; il s’agit de se convertir, de transmuter le moi par ne serait-ce qu’un seul Bout vers le sujet ; le sujet par lequel seul il existe un moi quand bien même celui-ci se croit identique à son être (il n’a pas d’être, et de toute manière l’être n’est pas sinon pris dans le mouvement, au fond il est inutile de lutter, mais on en pourra pas s’empêcher de prendre les morceaux de réalité pour le réel même). Admettre le point tenu bien au-delà afin de retranscrire, dans son faisceau intentionnel, l’ensemble des intentionnalisations qui eurent lieu.

Ce que l’on a exploré ce ne sont pas les idées, les concepts, les notions, les systèmes mais le mouvement, ou sa capacité.

On a tenté au 20éme siècle de pousser au plus loin notre capacité, la capacité de notre capacité. Il ya des mois afin que chacun énormise au plus concret (de chaque vie, de chaque vécu ou corps ou perceptions) la capacité. Non seulement de dominer toute la réalité de ce monde (et donc de le détruire, effectivement) mais de pousser toute la capacité de chacun (en tant que chaque un se prend abusivement pour un « moi », ce qui a pu épuiser la réalité même de cette complexion, de cette composition, de ce bricolage qu’est un moi, vite rapiécé et qui tente une synthèse, imaginée immédiate et saine et naturelle et tout ce que l’on voudra de donné ; ce qu’il n’est absolument pas ; le moi n’avance pas suffisamment loin ses pions, il reçoit une partie en héritage, d’adn ou psychique ou sociologique, et joue-t-il réellement cette partie d’échecs ? À quel point peut-il, a-t-il, sait-il augmenter la partie ?).

Mais cette expansion du mouvement date évidemment du tout début ; lorsque cessant de croire en tel monde particulier, cyclique, holiste, communautaire, la structure est passée sur le devant de la scène. Et c’est d’abandonner ou de se fixer trop rapidement et trop immédiatement qui rendit impossible que toutes les intentionnalisations puissent s’élever en stratégie,

en historicité (en récupérant toute l’exploration structurelle, le naturalisme réalisme rationaliste faisant barrage, additionné aux désirs qui nourrissent tout vécu de chaque moi, dans l’idéalisme de l’immédiateté, qui voudrait que les objets correspondent aux désirs,)

et en coordination (en partageant la vérité, sur le vide, la forme de notre être, qui n’en est pas un, subsumant les intéressements fades et immédiats, destinés à la disparition),

puisque ne parvenant pas même à son expression (du moi passant vers son sujet, via le je) elle s’éloigne d’autant d’un accord entre tous, et anéantit la concordance de sa intention (laquelle ne désigne pas sa réalisation mais son impossibilité, qui est donc structurellement ce qui seul existe) ; elle croit être, tel ceci ou tel cela, son identité ou l’objet de son désir ou ces objets de désir, ces remplissages du bricolage en quoi consiste, si peu, un moi. Il faut tendre l’arc du début à la fin, puisque c’est le mouvement qui structure les choses et les êtres, l’historicité et les mois.

Rappelons, à l’inverse, qu’il faut bien qu’il y ait un moi pour que le Bord du moi soit son sujet. Il ne s’agit nullement de nier quoi que ce soit, mais de tirer l’actualité de conscience en partant du Bout du Bord.

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La Super Structure

13 Février 2021, 13:47pm

Publié par pascal doyelle

On laisse donc derrière nous quantité de mondes humains particuliers et il vient soudainement (parce que ce fut toujours une rupture) sur le devant de la scène ce qui jusqu’alors était sous-jacent.

Soit donc l’activité de conscience intentionnelle qui autrefois se saisissait dans des contenus (des mondes humains, des langages, de échanges, chaque fois particuliers et singuliers)

et qui dorénavant sait qu’elle produit ces contenus (lesquels se mettront à s’inventer à tout bout de champ, tout bout de champ intentionnel, puisque cela revient à libérer le faisceau de conscience).

Ce qui se nomme l’historicité. 

Il y a historicité depuis que l’on se sait produire des contenus ; et on sait cela en assignant à une structure spécifique la découverte ou l’invention des nouveaux contenus; dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution, le réel (et leurs dérivés). Qui sont des machines intégrées (elles se savent comme telles, comme machines qui produisent), intégrées à leur propre accès mais externes au monde (comme dieu crée le monde ou la pensée est l’ordonnance de la réalité ou le sujet est dit libre et donc autre, possédant à lui-même son propre rapport ; reste donc que l’on s’aperçoit que le réel est lui-même non immédiat mais articulé, par le présent, l’actualisation de tout).

Ici on approuve tous ces opérateurs ; dieu, la pensée, le sujet, le réel. Parce que l’on considère que l’arc de conscience qui intentionnalise et qui sait qu’il intentionnalise est instantanément, non pas immédiatement seulement mais instantanément, en contact direct avec lui-même. L’arc intentionnel de conscience crée un champ de signes qui lui permet de percevoir ; il a un adn, un corps, c’est un vivant, il naît dans une société humaine, doté de tel héritage, de représentations, etc, mais il est à lui-même le rapport qu’il est.

Rien ne peut enlever à ce rapport (cette conscience-de) d’être le rapport qu’il est ; et comme il est un rapport, il n’est pas mais ex-xiste. Évidemment les contenus seront la plupart du temps déterminés (par le langage, la position sociale, etc) mais le rapport (qui n’est pas de la même nature que la détermination qui absorbe ou qu’il provoque, puisque son champ est malléable, c’est sa finalité technique, sinon on ne voit pas à quoi servirait qu’il y ait « conscience » cad présence actuelle agissante, ou réagissante), le rapport donc reprend constamment sa capacité ; ce qu’il ne vainc pas sur le moment, un jour il passera par-dessus.

C’est pour cela qu’il faut parler, psychanalytiquement, « à » quelqu’un. L’arc de conscience se met à la place de celui qui entend ou écoute. On parle toujours à quelqu’un ; l’arc de conscience est un rapport et se constitue comme rapport (de même que le fou croit que le monde entier lui parle, comme autrefois le monde entier parlait en tant que groupe humain et donné là perçu-parlé, sauf que pour le fou c’est dans sa tête à lui ; il reproduit le monde communiquant). Un rapport on ne sait jamais par quel bout il signifie. De là que l’enfant est dans-une-autre conscience (celle de son entourage et plus loin dans l’autre-conscience, symbolisée par le langage par ex ; il « s’est perçu » du dehors, et si cela coince il reste bloqué dans cette extériorité, qui inclut une partie au moins de son intériorité, qu’il croit cependant tout à lui, mais qui est autre depuis le début ; de toute manière un moi est bricolé et il ne trouve de solution que dans le sujet, qui déplace en fait le problème mais aucun moyen qu’il en soit autrement ; dieu, la pensée ou la révolution, le christique ou le sujet, les œuvres, la poésie pour le poète, etc ).

On entend toujours ce que l’on dit, mais cela ne signifie pas que l’on écoute, ça glisse ; or cependant la perception est première ; si je commets un lapsus, je l’ai entendu mais pas écouté, parce que j’entends d’abord (je dis ce que je perçois, non ce que je pense ; l’arc de conscience est dans la perception, et dans la perception on trouve, entre autre, le conscient mais non exclusivement et l’intentionnalité accélérée ou augmentée, est en plus du seul conscient, qui est, grosso modo, ce que l’autre, autrui peut, doit recevoir), de même que je perçois quantité de phénomènes ou de signes mais je ne les retiens pas tous (ils ne sont pas mémorisés dans un arc, un rapport ; le rapport de tel signe n’est pas explicite, mais il est perçu parce que nous sommes faits, en conscience, pour percevoir les signes et parfois les re-prendre, les intégrer ou les ré-intégrer). Ce dé-placement du rapport est toute son ambiguïté mais aussi toute sa puissance, sa potentialité ; comme il est rapport, visant ceci il dit cela, percevant cette chose il saisit son signe, de tel signe il sait les signes alentour ; ce qui existe comme rapport existe dans des ensembles (gestes, regards, couleurs, signes, mots, etc) des ensembles reliés.

Rien, rien du tout, dans le monde, le donné, la vie, le corps ne peut réduire qu’il est cet arc qui crée un champ donné « là », dans son actualité ; dit autrement c’est un rapport. Ce qui est rapport peut bien rencontrer dix mille obstacles, il n’en demeure pas moins qu’il est, qu’il existe, qu’il ex-siste ce rapport. Il l’ex-siste parce qu’il est de la nature, de la structure d’un rapport de n’être ni ceci dont il part ni cela à quoi il arrive, mais d’être le mouvement. Un rapport est un mouvement. Ni le début ni le terme mais le passage ; il n’y a pas seulement passage d’une réalité à une autre réalité ; la réalité qui est produite par le rapport n’est pas sans ce rapport ; si Platon ne pense pas les idées (les intentionnalisations actuelles pensées par un sujet) il ne perçoit pas ce que ces idées, précisément, lui montre (que le groupe, celui grec que son temps, ne percevait pas ; Socrate se promène dans les rues et il fait-voir, et une fois que l’on a vu, on ne peut plus l’oublier, non seulement que l’on peut percevoir, en plus, mais le fait même que notre activité, en tant que sujet, nous montre des choses réelles).

Dire que le langage nous conditionne est vrai. Mais le langage s’utilise, il est utilisé, c’est un moyen de lecture de la réalité et ça n’est pas tant qu’il ordonne l’expérience que l’expérience le modifie, lui, le langage, dont la finalité n’est pas interne au langage (quel sens cela aurait-il?) mais de servir chaque conscience et les unes vers les autres. On dira que beaucoup de mondes humains se sont trompés et ont cru en des « rêveries », mais elles n’étaient pas imaginations dans le groupe lui-même mais bel et bien son organisation effective et mémorisée et parlée et échangée, qui telle se vivait et s’éprouvait, un monde qui fonctionnait.

Il n’y a jamais eu d’arbitraire ; même nos fantasmes, si personnels soient-ils, sont organisés. Ça ne veut pas dire que le champ de conscience soit contraint (ce qui est en partie vrai) mais à l’inverse qu’il est capable de la plus grande cohérence ; il tisse, un champ de conscience tisse selon sa capacité, et donc d’abord sa liberté (aussi la thérapie peut-elle être requise

Cela veut dire que l’activité de conscience (celle donc qui produit des contenus) est hyper efficace.

Que la systématique du langage soit bien concrète, c’est certain ; mais ça n’est pas ce qui est stocké en mémoire mais ce qui s’impose dans telle actualité qui compte ; le langage existe afin de réagir et donc d’agir tout court à ce qui arrive, l’inattendu.

Et lorsque la structure qui jusqu’alors était recouverte par tel monde, de telles représentations, vient sur le devant alors la réactivité et ainsi l’activité est décuplée (dieu, la pensée, le sujet qui embraient dans la réalité une pluri-intentionnalisation) ; et de plus lorsque non seulement il s’agira de l’activité d’un seul (Platon ou jésus) mais de l’activité de chacun, démultipliant les possibles (la révolution).

On ne croit plus aux contenus, veut dire que l’on pourra en créer en quantité ; ce qui pourrait se circonscrire objectivement par ; au lieu d’utiliser les ressources selon et par la communauté (qui subissait et organisait la pénurie ou la rareté) et qui fonctionnait comme un moteur collectif à énergie limitée en ressources, nous sommes passés à la mise en marche de chacun comme mini moteur redoublant exponentiellement l’utilisation des ressources ; un moteur géré collectivement, ou une accumulation effarante de petits moteurs requérant de plus en plus d’énergie.

Or cet être qui outre consomme, n’est pas, ici, considéré comme une composition plus performante (par comparaison aux autres vivants) mais comme un être qui démultiplie ses capacités en raison d’une structure spécifique. Ce qui a joué ce ne sont pas les découvertes ou les performances mais l’esprit qui a déclenché les inventions, les a rendues possibles ; soit donc la compréhension ou au moins l’évidence soudaine que tout contenu pouvait s’augmenter (par les grecs et l’universalisation intentionnelle, les idées), ou s’initier (dieu ou l’intention pure et formelle, qui appelle celle de l’humanité), s’intensifier (cette intention réside en et par chaque vie et chaque individu, le christique, ou chaque conscience de soi, Descartes), et enfin se concrétiser (par la révolution en et par chaque un).

Donc on perçoit bien le mouvement qui se resserre au fur et à mesure et évidemment cherche, étant conscient de lui-même comme producteur, à se définir ; dieu, la pensée (et la vérité), le christique (et l’égalité), le sujet (et la liberté de soi-même), la réalisation humaine ; décuplée et se re-présentant elle-même dans ses médias (et ses objets), mass et micro médiatisations, visant la mass et micro médiation, ce par quoi chacun se coordonne à tous les autres, un par un ou comme un ensemble exprimé et donc en capacité de se coordonner.

La finalité méta historique pour ainsi dire, consistait à prendre conscience de la conscience afin de n’être plus le jouet des contenus, et à redéfinir constamment les possibilités ; parce que si l’on croit que l’on est ceci ou cela, la possibilité est annulée ; on s’enterre dans tel état du monde, commun ou ensuite naturaliste (lorsque l’on commence de croire en la « nature humaine », et que chacun croit en lui-même comme identité, ce qui ne se compose que très tardivement ; lorsque les moyens globaux permettent que chacun obtienne par choix démultipliés, sa propre vie, son relationnel, sa représentation de soi, ses goûts et ses couleurs, bref explosivement dans les années soixante).

Mais le problème n’est pas qu’il y ait des « moi-même » ; le problème est qu’ils se limitent à cette identité et ne comprennent pas qu’ils sont des sujets. Qu’ils sont des mois parce qu’ils sont des sujets, lors même que du « sujet » on ne sait pas du tout ce que cela signifie (puisque c’est le sens même, la signification qui doit être découverte au cours de l’historicité ; qu’est-ce non pas seulement que le suent que j’existe, mais qu’est-ce qu’une communauté de sujets ? Puisque la communauté, spontanée pour ainsi dire, n’est plus, alors les uns et les autres doivent inventer un moyen de se relier ; c’est le programme que se fixe dieu, la pensée (dès le début, la cité), le christianisme (évidemment et le Saint Esprit, la communauté de foi, qui est, quand même, le troisième divin de la trinité), la révolution et le partage ou la mise en commun des possibilités (de perception, par les esthétiques par ex, ou des récits, poésie, etc).

Ce qui distingue la démarche dite occidentale c’est bien sur son réalisme intégral ; il faut entendre la causalité non pas au sens restrictif scientifique mais au sens général et généralisé de cause ayant des effets que l’on perçoit. Lorsque Platon invente, découvre les idées il se rend compte immédiatement qu’il perçoit plus que le groupe humain et son langage auquel il appartient (et donc crée des mots en plus, ou réécrit les mots communs).

De là également que par « conscience » on fut amené à réduire son implication ; des quantités énormes de réalités existent, et la conscience, cette activité, est juste et rien qu’un point exigu, minuscule, très limité mais celui par lequel on perçoit ; il y a des réalités pour nous (nous avons un corps par ex) parce qu’elles sont signifiées. Le jeu, au sens du jeu des pièces dans une mécanique, veut situer au plus près possible les effets de cette cause qu’est la conscience que l’on prend, que l’on prend de tout ceci et cela, de n’importe quoi et de tout ce qui est.

Aussi l’acte de conscience est-il identique à ce qui est énoncé ; c’est ce qui se passe par Aristote, par jésus, par Kant ou par Nietzsche ; ce qui est énoncé et perçu, retentit. Ça modifie votre conscience ; et d’autant pus que vous vous y investissez. Si vous lisez Hegel sans l’intégrer, ça reste lettre morte. La cause, les effets. On repérera sa propre cause par les effets qui nous viendront ; la musique ou la manifestation révolutionnaire, tout ce que l’on voudra. Mais ça restera attaché non seulement à l’universel, l’universalisation (comme dit Badiou, en somme), mais à cette encore-plus-grande universalité qu’est le fait, massif et singulier, que chacun est un Sujet.

Ce qui, si l’on reprend le début, que chacun produit des contenus (ou les reçoit) et qu’il élabore ainsi son regard, son intentionnalité, son intention d’exister. Ou donc comme nous l’indique le christique ; quelle est votre véritable intention ? Que voulez-vous vraiment ? Et ainsi qu’est-ce que la vérité en ce cas (Lacan vous dira que la vérité est le sujet, mais le sujet inconscient, ce qui permet de remarquer l’extraordinaire variation de possibilités de compréhension depuis 30 siècles ou plus).

Nous ne sommes pas sans rien. Nous est offerte une invraisemblable richesse de compréhensions possibles, susceptibles d’augmenter, intensifier, concrétiser notre intention (d’exister) ; ce qui veut dire ce à quoi il faut faire attention, à quoi il faut porter attention ; que remarque-t-on et comment perfectionner cette capacité de faire attention (à quoi, à qui, comment, par quelle tactique ou stratégie, par quelle pensée ou projet ou planification sociale par ex ; quelle est la suréminence qui est au centre de la possibilité ?).

C’est la question qui nous est posé, que notre intérêt spécifique à la cause, qui déploie des effets, nous impose, et dont on repère les effets dans notre attention même, dans ce que l’on voit.

Ou donc ; le dieu unique, un tout autre, s’étant incarné et ayant validé par là même la valeur absolue de la vie (il répète cent fois qu’il est la Vie, l’existence même), prend la peine de provoquer dans le monde, ses effets ; il est la Cause divine dont on percevra les effets, réels, mais aussi que l’on doit, soi, un par un, propager les effets, en devenant cause nous-même, un par un.

Puisque cet acte de conscience n’existe nulle part, sauf dans et par chaque conscience ; la conscience n’existe nulle part sauf ici même, en chaque un. Ni dans la pensée, ni dans le rituel, le pur ou l’impur, en aucune essence ou identité, mais de structure.

On ne peut pas, peut plus déplacer l’activité de conscience (dans une représentation).

Et donc historiquement ; si la révolution a imposé que chacun soit son propre jugement (non pas sa raison, parce qu’il n’y a pas de corpus universel) alors pour que la réalité humaine devienne historiquement effectivement réelle il faut que cela passe par l’acquisition par chacun de lui-même, de son sujet.

Et tout ce déversement, ce gigantesque déballage, celle de la médiation, de la représentation humaine de l’humain, ce déluge de récits ou de poésie, ou depuis un siècle de cinéma et de romans, de Bande dessinée ou de télévision, revient à ceci que chacun puisse de par ces champs énormes d’expression, à se situer comme sujet. À prendre conscience de soi, lorsque le « soi » est justement ce qui est en question. Et ceci ne doit pas seulement cibler les représentations mais aussi les objets, les objets produits, les choix afférant aux choses que l’on achète ; tout est un spectacle au sens d’apparaître, de totale apparition de tout (y compris dans nos musées qui regorgent de manifestations, y compris dans l’internet qui téléporte vers chacun toute la visibilité envisageable), d’apparaître donc de toutes les possibilités et ce au cœur de toutes les vies, de tous les choix de vie. Tout est exposé.

Ne reste que le sujet. Qui perçoit tout cette exhibition à partir de son point, le seul point qui compte.

Il est impératif de repositionner ce que l’on sait, de toute manière, déjà ; le positionnement qui autrefois ou ailleurs s’empruntait de la religion, de la mystique, des révélations, est la me^me recherche qui conduit à délimiter la cause même de toutes les capacités, de toutes les facultés dirait Kant, en tant que conscience qui s’existe intentionnellement et crée des champs. Qui donc existe en telle-même en tant que structure ; partout identique (et qui ne varie pas quels que soient les contenus ou les représentations qu’elle se donne d’elle-même). Pourquoi ne serait-il justement question de la même structure ?

Les autres étaient-ils aveugles, moins éveillés, moins réalistes ? Ou sommes-nous moins profonds ? Évidemment que non.

Et la même structure pose de par elle-même la même question. Et non seulement la même question, mais surtout met en scène la même structure de telle sorte qu’elle soit en vous activée.

Et cela est extrêmement important, fondamental, essentiel. Si vous lisez Parménide, vous commencez de vous situer et donc de vous déplacer sur ce plan étrange de « l’être ». Et si vous lisez Descartes, vous suspendez soudainement votre être même dans le doute et éjecté dans un je pense, je suis » (qui n’a plus grand-chose à voir avec la pensée). Lacan vous indiquera le creux du cercle en vous qui se tord et vous montre que vous n’êtes pas là où vous croyez ‘être’, justement. Donc vous vous placez et déplacez selon un horizon (l’être, l’idée ou le Bien, le un ou le dieu incarné dans un corps, l’historicité qui se déploie selon le temps, etc).

Ce qui se montre ça n’est pas seulement qu’il y a une structure, une attention, une intention, mais un réel, en dehors (qu’il soit dieu, la vérité, le temps, la matière ou le réel). Et cet ensemble arc d’attention et réel donné « là » (ou au-delà, visible ou invisible) forme la structure effectivement instanciée ; celle par laquelle on se repère, dresse la carte de la réalité, et donc la carte du possible.

Dieu, la substance, l’esprit hégélien, le sujet kantien présentent un certain nombre de possibilités.

La révolution inscrit historiquement vos possibilités (autour du statut de citoyen dans une Constitution, une révolution communiste d’autres possibilités ou impossibilités, etc.

Ce qui est dé-couvert peu à peu ça n’est pas du tout une idéalité (ou une rêverie) mais un acte sur un horizon et un horizon effectivement réel.

Quel horizon nous confère le christique ? Le corps, le corps de chacun. Qui deviendra chaque un, augmentant sa précision et accélérant ses possibilités ; Descartes accélère considérablement la conscience-de, plus loin, soi, jusqu’à ce que le rapport du « soi » et de la « conscience » puisse s’explorer par Sartre et Lacan, in vivo, dans le vif même… du regard et du corps. Passer de tiers-état à celui de force de travail marxiste puis image spectaculaire, ça n’est pas rien.

Il existe ainsi un angle d’intervention dans la réalité qui précise l’horizon, et la structure sur cet horizon. La précision à propos de cet angle, de cette structure sur l’horizon et de cet horizon en lui-même est le problème absolu.

L’interprétation fondamentale est celle de la structure-sujet ; dieu, la pensée universelle, le sujet ou le réel. Qu’il y ait une Intention (une structure sujet) veut dire que quelque réel surgit dans le réel. Il y a un présent (et pour nous, ici, le présent est cela seul qui existe et dont on ne connaît pas la nature, l’organisation, l’activité) et il y a un présent afin que quelque réel naisse. Et de cela on passe, il est vrai, à l’autre proposition ; que le réel naît infiniment. Dit autrement le monde donné, l’univers dans notre représentation commune actuelle, les mondes humains, les vécus, en bref tout ce qui est déterminé, est relatif. L’être est (c’est tout ce que est déterminé) mais il est pris dans l’exister (dont le représentant tel que cela nous apparaît, est le présent, l’acte, l’actualité). L’exister est soit la fonction (il déroule ce monde et ces mondes et ces vécus) soit la dimension ; l’activisme est porté à son maximum de possibilité (suivant en cela que le réel est la possibilité du possible) ; le présent est la colonne du réel qui modèle constamment et continuellement et modèlera constamment la réalité, la réalisation ; si tout est mouvement, rapport, présent, actualisation alors l’actualisation ne cesse jamais de se produire. Indéfiniment (au sens où l’on ignore jusqu’où l’existence existe, comment et vers quoi le présent s’actualise).

Dit autrement ; le présent est La Dimension, il n’y en a pas d’autre, mais cela signifie que tout le reste (qui existe dans et par le présent) est justement ce qui se modifie. Il n’y a aucune raison de limiter la modification intérieure au présent, puisque rien, dans le dedans du présent, n’est supérieur, n’est supérieurement (ontologiquement) à cette dimension ; le temps ou l’espace par exemple ne sont pas en eux-mêmes ; cela seul qui existe de par soi c’est le présent, l’exister, et « de par soi » veut dire qu’il est en lui-même - le-mouvement - et que seul le mouvement existe (ou donc la possibilité est la structure du réel) ; il est impossible que la possibilité cesse d’être possible.

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Le contresens à propos du transcendant

6 Février 2021, 09:29am

Publié par pascal doyelle

Distinction de l’être et de l’exister

L’être était ainsi assigné à dieu ; seul dieu est, qui délègue son être en créant quantité de réalités ou si l’on préfère le divin en les produisant, générant ces réalités.

Remarquons (ceci au choix de chacun, en son âme et conscience, comme on dit) ; supposer un dieu intentionnel impose une théologie ou une métaphysique ou une ontologie qui se fonde et insiste sur l’intention.

Préférer un dieu qui génère de par lui-même la réalité, c’est choisir la pensée et son objectivité.

Le premier revient au dieu unique intentionnel monothéiste, le second à l’absolu universel grec, de Platon à Plotin ; ce qui n’a pas intégré ou qui ne reconnaît pas la subjectivité n’entre pas en compétition ; l’universel, la pensée expose, manifeste, révèle le lieu unique de la source ; l’être, grec, le bien, la pensée (de la pensée), le un déploient la réalisation des réalités ; on comprend bien pourquoi.

Parce que si le secret de l’être est recelé, par dieu, dans son intention, il demeure hermétique à la transparence, par principe, de la raison ; la pensée et sa pensée de l’être comme « chose » objective rend envisageable que l’on y comprenne quelque chose.

On continuera donc le projet de la rationalité en poussant aussi loin que possible la compréhension cette fois non plus de l’être (que ce soit celui universel grec, qui comptait sur un ordre, le cosmos, ramené à l’universel ou que ce soit le mystère de l’être supposé en dieu) mais de l’exister brut.

C’est ce que signifient les diverses révoltes qui eurent lieu ; Descartes, Kant, Hegel, puis les « réalistes » ; ceux qui ne comprennent plus l’intellection métaphysique et universelle, et qui cherchent soit dans le donné (le monde, la biologie, la psychologie, sciences humaines etc, psychanalyse) soit dans une interprétation singulière (Nietzsche , ou recherchant la singularité de l’existant, Kierkegaard) ou dans une intuition décidée et précise (la durée de Bergson, par ex), et toutes sortes de théories non réductibles à l’universel de jadis, comme le marxisme.

Il n’est pas question de réintroduire la métaphysique ancienne (qui garde toute sa validité par ailleurs ; puisque le cercle de la réflexion, de la mise en avant, de la mise en scène, de l’étendue de la perception s’est agrandi, et intègre a priori ce qui précédait ; dieu en tant qu’intention pure, cela nous vient directement de l’application par la phénoménologie et selon Sartre, qui pose la question du pour-soi/en-soi) ; on l’a dit déjà ; dès que la forme de conscience passe au-devant des contenus (en lesquels jusqu’alors elle croyait, comme monde donné là particulier, telle société, tel groupe humain) elle vient tout d’un coup ; dieu frappe la conscience, la pensée investit l’esprit, le corps christique s’impose pour chacun, la révolution est unanime et diverses autres « interventions » formelles (des esthétiques, des poétiques, des éthiques, etc).

Pas question donc de recommencer ce qui fut, mais d’augmenter l’universel ou l’intention ou le divin.

Puisque c’est de cela dont il s’agit. On a dit, aussi, que le divin est séparé du monde, du vécu, du relationnel, du corps ; alors que le sacré délimite le profane, tous deux dans le monde, pleins du donné tel que là. Le divin est autre et séparé ; à moins de tomber dans le dualisme, incompréhensible, il faut supposer et admettre que le transcendant est d’abord et puis ensuite l’immanent. Si on ne rencontre aucune partie du monde sacrée, alors tout ce qui est là devant est tel quel donné et le mystère ou l’interrogation ne réside pas dans le visible ; aussi dès le début la réflexion qui sort du sacré, perçoit l’invisible ; les idées ne sont pas visibles, les choses oui, mais les idées non.

Or c’est depuis cette division que s’instancie, se projette dans le monde, les capacités humaines depuis qu’elles sont découplées de tout monde immédiat, donné, holistique ou cyclique ou groupal, comme on voudra ; nation de toutes les nations, corps de tous les corps individuels, pensée de toute la pensée, révolution individuelle universelle unique (on pourra prétendre qu’il ne s’agit que de l’occident, mais on en retiendra pas cette remarque, puisque qu’aussi bien il s’est étendu à toute la planète). Et cette division (entre un point externe et la réalité) s’organise dès lors comme historicité.

Il est clair que la subjectivité, entendu de dieu, mais donc également celle du sujet (cartésien, ou kantien ou hégélien, etc) est admise comme objective et même, de la sorte, hyper objective ; c’est toute l’ambition de Descartes, de Kant, de Hegel, de Husserl ; qu’il y ait une ‘dialectique’ (que ce soit le transcendantal de Kant ou l’esprit hégélien ou la processualité husserlienne) de découvrir la pensée avant la pensée ; auquel cas on se dit que « ce ne sera pas de la pensée ».

Kant veut réellement doubler, dépasser la philosophie (métaphysique, puisque Descartes a acté cet effort) dans une nouvelle forme de philosophie ; que personne n’a compris, puisqu’elle se stoppait nette au nouménal ; comment comprendre si l’élément central est justement « le plus réel » ? Kant évoque même l’existence, ou l’exister, mais devant l’impossibilité d’universaliser, il néglige la piste ; le « là » simplement signalé comme « là » est impensable.

Hegel simplifie ; puisqu’il biffe d’un trait le nouménal et impose que la manifestation soit tout. Il n’y a pas de reste ; mais en vérité il retombe dans l’être-là du monde, la matérialité, qu’il y ait matérialité est non explicable ; soit le réel est la pensée, soit la réalité est la réalité. Ce qui somme toute revient à un dualisme, impensé de la part de Hegel.

Le principe, retenu ici, contient la matérialité ; puisque la matérialité n’a rien à opposer à la forme du présent ; aucun contenu ne remonte jusqu’à atteindre la forme (qui l’a précisé comme contenu). Le plus réel ce ne sont pas les choses ou les êtres, mais la forme qui les « entoure » et le présent entoure toutes les réalités. On l’a dit, l’être est, mais l’être n’est pas exclusif ; l’être est pris dans le mouvement et on a admis que le seul qui existe vraiment est le mouvement ; l’exister instancie (situe, positionne) l’être ; l’être est véritablement mais n’est pas la borne absolue ; l’être est relatif à l’exister, la matérialité est relative au présent. La vraie importance de ce qui est c’est cette forme en laquelle tout paraît ; le présent. Cela même qui nous est inaccessible, invisible, formel, autre et ayant seul la délégation de percevoir ; on perçoit comme vivant mais c’est ce que le mini-système de conscience fait de cette perception qui compte, comme on va voir.

On reviendra sur la présence du présent une autre fois.

De l’importance du divin, séparé du sacré, du christique, du sujet et de sa transcendance.

Rappelons le principe ; il n’y a pas de transcendance au-delà du monde ; tout ce qui est du monde (du vécu, du relationnel ou du corps) est pris dans le transcendant. Il n’existe que le transcendant, qui dépose ici et là des immanences.

L’être est vraiment et matériellement (et tout ce que l’on voudra) mais il est pris dans l’exister.

La finalité consistant à non pas réaliser le possible (ça n’aboutirait qu’au monde, au vécu, ce qui serait déjà bien) mais à augmenter le possible même (ce qui est mieux).

Il y a un monde, un univers si l’on veut, qui dans son champ d’exposition généralisé permet à la structure de « se percevoir » afin que se percevant (et donc s’éprouvant) elle se modifie.

C’est pour cela que l’on ne trouvera jamais dans le monde ou le vécu rien qui corresponde à la structure qu’est l’acte de conscience. Sinon des illusions ou des mensonges, des idéologies ou des images ; au sens où l’on alimentera toujours de tels mensonges et s’embarquera toujours en de telles illusions.

C’est afin de contrevenir à cette pente naturelle, impliquée, immédiate (la structure se prenant tout de suite pour son contenu, ce qui est absurde) que le christique libère notre intention ; peu importe vos erreurs (vous y succomberez quotidiennement) c’est le fil de l’intention qui compte.

Et c’est ainsi le devenir de l’intention qui est paramétrée par toutes les différentes compréhensions (dieu, la pensée, le sujet, le réel, mais aussi la suite ininterrompue des œuvres, au sens large (éthiques, politiques, etc) et stricte (esthétique, poétique, pensée, etc). Toutes les œuvres au sens où leur principe est d’éduquer, d’instruire, de transmettre d’une structure de conscience à une autre l’organisation du champ de perception (au travers de champs d’expression).

Comme notre être n’est pas un être (déterminé) mais la possibilité (de n’importe quelle détermination), il est impératif que l’on instruire, in-forme l’attention, ce à quoi et comment il faut porter son attention, afin que chacun puisse « se raisonner » comme on disait autrefois, et « se conduire ». mais il est clair qu’il ne s’agit pas seulement de se proposer des buts précis et conscients, mais de plonger dans, prolonger, augmenter ou concentrer ou étendre et distribuer diversement l’activité de conscience.

Et donc tout.

Évidemment nous sommes en grande partie selon l’être ; nous sommes beaucoup de déterminations. Mais on a vu que l’intentionnalité déploie un champ, qui se signale par son actualité, et qui re-vient constamment sur lui-même puisqu’il est constitué de ce retour, ce re-tour ; il se crée par le maintien d’un horizon qui autorise de poser des objets sous cet horizon ; ce champ est toujours réflexif, au point qu’il nous est, à nous-même, un réflexe ; nous n’existons pas sans un tel champ, nous n’aurions pas de corps, de perceptions, de monde (nous nous vivrions dans un milieu sans représentation, sans signes qui paraphrasent les perceptions rendant possible de démultiplier ces perceptions ; nous serions livrés à l’adn par ex). Et comme de juste ça n’est pas l’information stockée qui compte au final, mais la capacité de générer de la nouvelle information, aussi minime soit-elle. Elle dénote. Et c’est de cette manière l’habitude prise et inscrite en nous, dans notre attention en quoi consiste l’instruction, l’intégration de l’attention. Une œuvre par exemple imprime en nous des lignes de possibilité.

Rappelons qu’il y a retour, champ et intentionnalité afin que cet être soit un rapport ; et que l’on ne peut pas exister comme rapport de ceci ou cela ; on est un rapport vide, sans rien, formel, structurel, ou pas. Un rapport qui serait déterminé est une chose ou un vivant ; lors même que le vivant est déjà découplé du donné, le conférant comme milieu, dont il est le centre, tandis que le rapport lui non seulement perçoit l’horizon, mais se perçoit de l’horizon ; et cet horizon qui est purement autre ; même si il se détermine de tel ou tel signe ou contenu, il emprunte cette détermination qui fait office de signifiant dont le signifié, l’intention horizontale, est en vérité lui-même un signifiant, qui renvoie au rapport même ; de sorte que tôt ou tard et quoi qui se puisse énoncer ou percevoir ce sera sur le fond de ce que l’on nommait dieu, l’être, le sujet ou le réel ou autrefois ou ailleurs tel ou tel absolu de telle religion, groupe humain, monde cyclique sacré et profane, etc ; puisque ce qui installe les champs est le rapport celui-ci se signe, se signifie toujours d’un vide, d’une structure, d’un signe infiniment élevé ; le mana ou l’âtman ou le tao ou ce que l’on voudra.

Le Un (quel qu’il soit) au bout du champ intentionnel renvoie au début et re-commence, autorisant une stratégie unique qui étant un rapport inclut des stratégies secondes (et des tactiques innombrables, l’ensemble restant coordonné si il instancie l’activité formelle). Le principe du rapport abonde dans la possibilité de créer quantité de rapports (ce dont il serait difficilement question si nous étions déterminés ou si le rapport était un super-contenu des contenus universels contenant eux-mêmes des contenus perceptifs immédiats particuliers ; ce serait invivable ; nul doute que nous sommes quand même astreints à cette computation (il faut rendre cohérent les idées, les représentations, les comportements, sinon tout s’effiloche puisque ça n’est tenu que par des rapports), mais cette astreinte d’organisation n’est pas exclusive ; elle est fondée sur l’invention ; même dans un monde cyclique holistique sacré, il faut que chacun puisse agir et réagir selon les situations (ou ne serait-ce que rire et partager et parler etc). Un champ de conscience invente constamment et lorsqu’il passe sur le devant (et que l’on abandonne le sacré-profane, le groupe et la parole commune, les échanges rituels) il invente encore plus et d’autant encore si chacun est positionné individuellement ; chacun devenant le centre (intégrant le décentrement, sinon ce serait juste de l’arbitraire, à quoi le principe « égalité » prend à nouveau tout son sens face au principe «liberté » ; une régulation ; il faut une nation de volontés ordonnées, centrées/décentrées, individualistes et universelles, plus ou moins selon les proportions, et une telle organisation ne peut pas ne pas se présenter à elle-même, se signifier ; elle ne tient pas en la conformité d’un monde, tribal, royal ou impérial, mais en l’accord des volontés, explicitement ; aussi est-ce toujours le contrat ontologique qui est en jeu).

L’actualité du champ intentionnel n’est pas du tout indifférent ni une simple prouesse technique (de l’arc de conscience produit dans le cerveau) ; le champ qui aboutit au donné tel que « là » est conclusif. On veut dire par là que peu importe les causes, le champ actuel remet les pendules à zéro. On ne juge pas d’une situation selon un adn ou une causalité mais selon l’inattendu, la perturbation (le danger par ex ou les échanges internes au groupe) ; il existe, plus généralement, un « là » global, le champ du donné qui admet le « hasard » des rencontres, entre éléments, quels qu’ils soient.

On voit donc le chemin suivi ; nous n’avons pas, depuis dieu, la pensée, le sujet ou le réel, ciblé le monde, la détermination, mais rejoint l’arc de conscience ; la structure-sujet est dans l’effectivement réel cela même qui se passe ; Si le transcendant contient l’immanence, alors cela signifie que l’immanence est le champ du transcendant ; le transcendant s’exprime dans l’immanent. Certes il est séparé, en tant que divin, mais c’est à partir de cette séparation que doit être envisagé l’immanent ; ce serait manqué, raté l’immanent que d’élire telle partie du monde, du vécu ou du corps ; le transcendant consiste justement à ne pas découper l’immanent, mais le prendre tout entièrement d’une part et en chacune de ses parties d’autres part, de plus en plus distinguées. C’est afin de gagner le transcendant qu’il fut séparé du monde, mais aussi de chaque monde particulier, et c’est afin de saisir le monde comme expression du transcendant, que le transcendant consiste à devenir par le monde, le vécu et le corps afin d’agrandir la surface du réel. Dit autrement le transcendant est tel parce que rendant possible le champ de perception qui paraît comme champ d’expression (tout champ est créé), mais aussi en tant que le présent rend possible qu’il y ait monde, réalité, détermination ; ça n’est pas seulement notre historicité (ou auparavant la diversité de nos mondes) mais tout le devenir de cet univers qui est créativité.

Il faut comprendre par là que ça n’a jamais cessé de créer ; le Créé est ininterrompu. Chaque point de la réalité existe en tant que se créant.

Que le transcendant soit séparé de l’immanent veut dire que l’immanent est la manifestation du transcendant ; il n’y a rien dans le monde qui soit impur. Que pourrait le monde, entièrement créé, contre le transcendant qui le crée de bout en bout ?

Que le transcendant soit dieu ou la structure du mouvement en tant que mouvement (ou les deux).

Pour donner à entendre ce mouvement ; une œuvre, une esthétique s’oppose-t-elle au monde, au vécu, ou au corps ? Elle est ce par quoi précisément existe un monde, un vécu ou un corps (les récits et romans proposent une perception nouvelle du vécu, de l’émotion comme des images ou idées) ; et qui plus est c’est par l’entremise de l’œuvre que l’on perçoit, ressent, désire, imagine, projette, prévoit, penser plus loin ; les œuvres sont des possibilités du monde ; mais ceci à condition de maintenir qu’il s’agisse d’une œuvre (cad que la dite œuvre prenne réserve de la liberté de chaque je ; si elle se confond avec le monde on se suicide comme Werther ou on adhère à Mein kampft ou que la vie rêvée publicitaire est la vraie-vie).

Comprenons bien ; la survenue du christique, mine de rien, met à bas tout récit illusoire … C’est bien en ceci que cela débute avec Don Quichotte, précédé par des récits de simili-incarnation (la quête du Graal) et aboutit à la désillusion absolue du Voyage au bout de la nuit ; si dieu s’est incarné, alors rien dans le monde n’est plus imaginaire au sens d’enchanté (de sacré) mais tout est imaginé (et des récits à foison).

Si dieu, l’unique, s’est incarné, rien, jamais, en aucun sens, ne pourra s’y substituer (que pourrait-on inventer de plus infini ? D’autant qu’il en est mort, et que cette mort est justement la Vraie Naissance, le re-commencement du monde, du monde créé à nouveau selon un autre sens qui était en capacité auparavant et qui enfin enfante l’ontologie réelle du je, du sujet et de la structure-sujet) ; il nous délivre de croire en tout autre instanciation ontologique ; aucune part du monde, du vécu, du récit ou de l’imaginaire ne sera pris pour vrai et réel ; parce que rien ne peut remplacer l’instance du christ, de dieu, un unique et tout autre.

Or pourtant c’est justement cette interception du réel qui rend possible quantité de fables, récit, poésies, esthétiques, éthiques, et jusqu’aux innombrables personnalisations du vécu, du corps… Puisque débarrassé de la division sacré-profane, pur et impur, le possible est définitivement ouvert, et ouvert parce que n’étant plus attaché à un rituel (qui balise et découpe une partie sacrée du monde), et c’est ce qui se donne à voir et à inventer c’est le monde même, tel quel, tel que donné là (ni sacré ni profane) mais aussi le vécu, personnel, le corps, la vie, les récits etc.

Or outre le désespoir (le monde désenchanté) ce à quoi aurait dû nous interroger le christique (et qu’il a réussi, fondamentalement) c’est ; qu’est-ce que l’esprit s’il n’est pas du monde, qu’est-ce que le je s’il n’est pas de cette vie, qu’est-ce que le réel s’il doit re-commencer ?

On a dit ; parce qu’il est, le réel, le Commencement continuel. De même que le je, votre vraie intention, est toujours sauvée (sauf si elle le refuse), ce qui signifie toujours possible. Et que l’esprit est ce par quoi il y a un monde (sinon nous n’en saurions rien). L’accès au Commencement continuel c’est qui nous occupe comme dieu, pensée, sujet ou réel.

C’est donc exclusivement dans cette dynamique, ce dynamisme, cet activisme du mouvement que tout le reste apparaît. Et c’est seulement lorsqu’on l’oublie que l’on se fige dans tel ou tel contenu, ou telle illusion, ou telle révolte, saine à l’origine, mais négatrice et mondaine au final. Le je finit par croire qu’il est ce moi, ou n’importe quel ceci ou cela. Il y a une organisation possible lorsqu’elle s’intentionnalise elle-même, et non en s’incrustant dans le monde.

Rappelons ; si l’on tient aux contenus intentionnels ils mangeront du dedans l’intentionnalité. Mais si l’intentionnalité est instanciée, alors non seulement elle ne détruit pas les contenus mais est cela même qui les rend possibles. Or en passant de l’un à l’autre on peut oublier la stratégie et ne se centrer que sur les contenus ; sans cesse la structure doit se rappeler son exister.

Sans les œuvres nous serions aveugles. Sans le Créé (qu’il soit divin ou structurel) la réalité n’existerait pas ; si le transcendant existe seul (et l’immanent au-dedans) alors le principe de la réalité (de la réalisation du réel) est que chaque point est purement et instantanément de l’ordre du Créé. Le présent est l’infini qui tisse le fini, la composition qui élabore le composé.

Pour se le figurer on peut imaginer que le transcendant n’est pas le centre de la réalité, mais le Bord. De même que l’arc de conscience est au bout des champs de signes et de perceptions ; l’arc n’est pas « dedans » ; il n’y a pas de dedans ; tout est externe, même le Bord qui est le plus dehors, le plus grand mouvement. Le transcendant est toujours tourné vers tout ce qui est possible, il est ouvert en lui-même. Le Bord du cercle est le transcendant et tout arrive en lui, mais cet « en lui » est l’externe tel quel. C’est ainsi que le transcendant est infini et qu’il rend le fini infini. Et ce afin qu’augmentant la réalité bordée, le Bord lui-même s’agrandit. S’il était au centre, inamovible, les changements dans la réalité ne l’atteindraient pas ; mais il est au Bord et toute modification retentit au long du réel qui entoure les réalités. Le réel, la structure est ainsi ce qui existe de plus étendu et de plus infini, à quoi tout le reste est relatif.

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