Notre expérience, notre histoire
On résume les deux grands arcs, descriptif et narratif.
Descriptif
Notre être n’est pas un être ; il ne tient pas dans une « pensée » qui se connaîtrait elle-même, ce qui n’est aucun sens, de même Pierre n’est pas la conscience-de-Pierre, mais Pierre est seulement une synthèse hâtive, de contenus subsumés sous le nom, le signifiant « Pierre », et ce sans désindividualiser le dit Je ; le je (de Pierre) est encore plus singulier que Pierre lui-même (son je est son âme, si l’on veut) et cette synthèse hâtive, ce moi, le je, l’arc de conscience, l’intentionnalité en Pierre aurait pu, aurait, dû, devra la développer. Donc ce-corps/ce-passé/cette-identité/ce-moi/ce-je et le tout s’effectuant à par d’une structure.
Notre être est une structure et une structure dite intentionnelle, ce qui veut dire une conscience, une conscience-de. Cette conscience, cet arc est une tension, un mouvement, un rapport vers le « là » du donné, ce qui veut dire l’horizon, et cet horizon est coupé, découpé, séparé de et par le champ intentionnel, qui accolent signes et perceptions ; signes et signifiants en tant que toujours on re/présente les perceptions, on les imagine donc (ce qui rend l’imagination indépendante, en passant), et signifiant dont on hallucine, parfois, le signifié, croyant par définir un contenu (désiré par ex) de cette forme qu’est le signifiant.
L’arc de conscience est le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » n’est pas un quelque chose ou une identité, quelconque, mais dans lequel rapport le soi est le rapport lui-même (qui dit je) ; et il dit je par dieu, la pensée, le sujet ou le réel. Dans tous les cas il est le rapport qui, en tant que tel, a rapport à plus grand que lui-même… puisque ce lui-même tient en tant que rapport, tendu, extensible, intensif, d’actualité brute (le rapport est toujours activité et ne se repose en aucun contenu, ou terme initial ou final, et donc il n’est pas de fin et pas de cause antérieure à lui-même comme cause ; il n’y a qu’une seule cause qui se modifie elle-même, et reproduit toujours encore plus d’effets). Et ce que l’on croit en dieu, l’intention première (et dernière) ou non ; que le rapport soit révélé ou s’expose lui-même. À chacun de croire ou non. Le « rapport » est l’astuce que la réalité a inventé afin que le simple être là devienne pour-lui-même et ainsi qu’il existe véritablement un devenir (puisque les choses disparaissent selon leur détermination, le rapport n’étant pas limité par ses déterminations continue d’exister, indépendamment). Ou : le rapport est l’exister, l’acte, l’activité absolue, cad formelle, du réel qui contient tous les contenus, la cause de tous les effets, le rapport à (soi) absolument existant ou vivant, et seule existe, véritablement, cette activité en tant que telle (et elle seule devient).
Tout aussi bien que le moindre, le découpage intentionnel vous signifie, en tant que moi, par quelques signes, et images et affects et sentiments, etc ; créant un horizon qui permet de déployer des champs divers et variés ; du psychisme, ics, au psychologique, habituel, aux mathématiques ou ce que l’on voudra ; tout est pris dans la capacité de créer des signes qui distinguent, mais évidemment notre structure ne dépend pas des signes ; elle les crée et relève non des signes mais de l’intentionnalité. Et champs intentionnels donc et découpage qui ne peut pas se refermer sinon d’une autre conscience (qui vous cloue le bec) ou d’une obsession, d’un fantasme, d’une inscription que vous prenez pour votre identité ou votre objet de désir ; ce qui est absurde, on n’a, en vérité, aucun désir, mais une Intention, formelle, par ex la liberté cartésienne ou l’autre volonté de Nietzsche, la volonté comme Autre, ce qui est impossible et donc vrai et seul réel, qui vient d’en-avant. Ce retour interne du champ, cette structure requiert de se délimiter, signifier, puisque, enfin, par dieu, l’universelle pensée, le sujet ou le réel, elle entre dans son propre champ et ainsi peut tisser d’innombrables liens, rapports en plus dans son rapport primordial, et accélérer son activité, réorganiser en elle-même individuellement mais bien sûr collectivement et donc dans et par une historicité, qui note pointilleusement son, ses devenirs.
Tout existe ainsi sous forme de rapports, de signes, dans le découpage afférant et qui donc fait-exister, fait-apparaître tous ces champs réels ou potentiels (puisque le réel est pour-nous les signifiants possibles, le réel ne se limite pas aux choses-données-là, desquelles nous n’avons de toute façon aucune connaissance immédiate, mais seulement des perceptions serties par des signes, et donc organisées en langage ; un langage désordonné n’existe pas). Sans les signes qui séparent les choses, les êtres, nous-même, notre vie n’existeraient pas à nos yeux, et n’existeraient pas du tout. Nous sommes construits, fabriqués, et au mieux élaborés (ce qui veut dire que si l’on y met du sien on peut avancer dans et par cette élaboration).
Dit autrement les choses, les êtres, soi-même nous les pressentons comme réels dans la mesure où nous les investissons imaginairement ; l’idée structurelle tient en ceci que ces choses et ces êtres, et nous-même ne pouvons pas nous contenter de seulement imaginer leur être… Ilf aut en plus les investir structurellement ; la cité n’est pas seulement la cité, mais la cité juste ; autrui n’est pas seulement l’objet de mon désir (qu’il soit à peu près correct ou pervers ou fantasmé ) mais être considéré comme sujet. La vérité, selon l’intention de dieu et la Loi, la pensée universelle, le christique, le sujet, la révolution, le réel consistent non pas à seulement imaginer ce que l’on voit (auquel cas cela tombe dans le fantasme et sa probable dérive, effondrement, irréalité, arbitraire) et pas plus seulement penser (qui tient, se maintient peut-être un peu plus solidement) mais à admettre, en soi, la position-autre ; dieu est absolument autre, autrui, le monde (en soi par ex), et notre propre vie comme étrangeté. Bref à positionner structurellement les réels, ce qui ne peut s’effectuer que dans l’effort de l’arc qui part de l’horizon ; et non pas situe ses objets dans, sous un horizon non désigné, et à partir duquel on peut élaborer une stratégie, une ouverture dans l’intentionnalité, au lieu que celle-ci se clôt, se referme sur la satisfaction qu’elle tienne, soutienne l’in-satisfaction.
Ce en quoi on entre (via dieu, la pensée, le christique, le sujet, le réel, l’intentionnalité, l’arc de conscience, l’exister) c’est dans le mouvement même. Dieu, la pensée universelle, le sujet et le réel s’instituent telles des formes vides mais en vérité des formes réelles ; inutile et impossible de les saisir comme des choses, des objets ou des discours ; ces formes s’adressent exclusivement aux je (y compris lorsque l’on pense et pense universellement, le je étant évidemment capable de l’universalisation étant à l’origine, étant la cause, étant le rapport premier qui rend possible des rapports universels ; l’arc de conscience est l’universel encore-plus-universel.
Narratif
Autour de la méditerranée s’effondre, disparaissent, s’oublient quantité de mondes humains qui jusqu’alors reposaient en et par eux-mêmes, chacun (pour comprendre l’Égypte il fallait naître égyptien), quantité de mondes humains particuliers, mais émerge le monde humain général universalisé, supposant cette fois un seul et unique monde donné là (le monde « naturel », perçu en dehors de tout groupe) mais aussi le monde humain universel du droit, romain en l’occurrence.
Apparaît alors l’autre rapport général, à savoir que chacun existe en dehors de tout groupe, toute communauté, et jeté dans et vers sa propre vie vécue individuelle ; ce qui se signifie par et dans le christique. Le christ est le regard qui a commencé, à la suite de l’effacement progressif de l’empire romain (et des autres mondes), commencé de soutenir chacun, chaque un.
Antérieurement il s’agissait non du christique mais de dieu ; comme Intention fondatrice, de tout. L’intention est première et crée tout le reste ; comme elle est le rapport premier, vide, cad formelle, elle est unique et expose absolument tout le reste hors de soi. L’intention est le rapport à soi
Il s’agit alors d’une élaboration ou une architecture ; on ne naît plus seulement dans une communauté qui fait office de monde, de perception, etc, mais dans le monde donné là unique et universel (grec) et de plus et en sus selon cette vie vécue qui est Vue par le regard du dieu incarné (qui a, dit-on, effectivement vécu cette vie et la plus difficile, abandonné, trahi, jugé, torturé et mis à mort, mais également réaffirmant lui-même et de lui-même la valeur infinie de la Vie, cad de l’existence, impliquant que la Création sera re-Créée).
Comme il n’existe plus de régulation communautaire, il faudra construire, instruire, ordonné, motiver, élaborer chacun dans une acculturation, une mise en forme culturelle qui puisse développer l’ensemble de tous les signes, les signifiants, les images, les récits, capables de nourrir l’individualité et décrire son monde, ses champs, innombrables, de perceptions, de représentations, d’expressions, sa vie vécue et son existence ; ce à quoi aboutissent, fourmillent 18 ou 20 siècles.
Et ce déploiement de champs d’acculturations (dans tous les sens de notre vie, individuelle ou collective, de pensées ou de perceptions, les esthétiques et les poétiques, les éthiques et politiques ne se développent pas pour rien, mais vers chaque je et tous les je à la fois, aussi tout cela se communique-t-il en tous directions réelles et provoquent quantité de techniques nouvelles ; le pétrole existait avant, mais c’est seulement alors que l’on comprend non seulement comment mais de fait l’utiliser), ce déploiement de champs intentionnels, puisque nous sommes libres explicitement (ou donc la liberté entre dans son propre champ, se nomme, se désigne, et donc s’impose et s’agrandit, Descartes ne crée pas le « sujet », mais de le nommer il l’accélère), ce déploiement est fondé sur ceci que notre être est non un être mais un champ intentionnel (qui crée et utilise les signes et démultiplie dès lors quantité de nouveaux langages) et que nous naissons « dedans ».
Nous ne naissons pas de ce corps vivant mais lui qui n’en peut mais se trouve transporté dans cet horizon intentionnel et devient tout à fait Autre que lui-même (panique totale du regard toujours ordonné à l’autre, autrui ou le grand Autre, ou la Loi, ou la raison ou le réel ou l’exigence, qu’est la liberté-même, le je), et donc acquiert un « soi » (dont il n’aurait aucune idée autrement, puisqu’il n’aurait pas d’idées… pas de représentations, il se sentirait vivant dans son milieu mais non pas je en et par un horizon qui brise en deux son corps vivant).
C’est bien parce que l’arc de conscience est un rapport qu’il est un diamètre et qu’il existe un tel diamètre. Quoi donc sinon un être qui n’est pas un être mais un rapport pourrait assumer et assurer la Possibilité du réel ? Ou donc pourquoi y aurait-il un « réel » sinon pour devenir ? Non pas un devenir qui finirait, peut-être dans 150 milliards d’années (mais peu importe) par s’effacer entièrement et disparaître, apparaître et disparaître « pour rien ». chacun choisira.
Et donc il existe un être, au moins, qui n’est pas ce qu’il est et est ce qu’il n’est pas, puisqu’il existe comme rapport ; le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est non pas telle identité ou contenu, mais est, existe le rapport lui-même ; et donc en partie vide (mais on ne sait jamais quelle côté du rapport est vide…)
C’est bien pour cela que ce rapport peut en inventer quantité d’autres, désignés comme signes, signifiants, langages, systèmes, historicités, et sciences, œuvres, ou humanisations ou personnalisations lorsque la lentille, le cercle de la lentille se resserre et que les rapports possibles deviennent des humanisations, des sociétés humaines réfléchies (réfléchies à partir de quoi?) et des mois humains qui (se) réfléchissent et sont assujettis, littéralement, par cette réflexion vers-soi, mais quel soi ?
Puisque c’est un rapport, qu’il est de fait actif (sinon il ne serait pas un rapport), un rapport lancé sur la réalité et la vie, en tant qu’il les découpe, qu’il les découpe non pour les amoindrir mais afin de les multiplier, ce qui le guide c’est l’horizon du monde, mais aussi du donné là (perçu), de la représentation (qui n’est plus seulement celle partagée du groupe communautaire), de l’expression (qui devient celle de chaque un), et qui se situe ‘en-avant’. Dans l’actualisation du possible (dieu, la cité, l’eschatologie, l’utopie, la société humanisée, la vie vécue, etc).
Rappelons ceci ; le champ intentionnel provoque en quelque sorte une version noire et hallucinatoire et une version structurée et positionnelle ; elle cible le là du donné ; l’une entriane dans l’irréalité du désir qui croit qu’il est (alors que cet « être » est seulement un fantasmé, et au comble impossible il s’agit de la jouissance lacanienne, qui ne s’atteint jamais et si par malheur on croit la vivre c’est le comble de l’horreur, c’est le cauchemar dont on se réveille en nage et par ce réveil on se rendort, dans la vie normale habituelle, dans le diurne, l’éveil lui-même est l’oubli de l’horrible jouissance, le plaisir, les désirs sont justement ce que l’on oppose à la jouissance),
et ce réel de structure de conscience qui indique, oriente vers le réel de la réalité. L’irréel versus le réel. La Loi, l’universel, le christique et autrui, le sujet comme autre que lui-même (de Descartes à Rimbaud à Lacan, en passant par Sartre) ; l’exigence versus la facilité.
Et surtout le réel n’incline pas vers la réalité, parce que lorsque l’on cible la réalité ce seront des morceaux de réalités, des images, des coloris, des irréalités, des immédiatetés, qui appuieront vers le bas, tandis que le réel, qui relève de la stratégie et relève la stratégie, perçoit d’en haut. Il ne s’agit pas d’une opposition seulement de l’irréalité et de la réalité, mais de l’irréalité et réalités d’une part et du réel d’autre part. Et seul le réel sauve, permet un rétablissement du saut périlleux, et qui tenait à dieu, à l’universel, au sujet comme autre que soi, et au réel.
Le reste a pour fondement l’imaginaire, au sens psychologique, au sens surtout psychique ; cet imaginaire étant le fantasme hallucinatoire qui vous fait croire en une encore-plus-grande satisfaction ; bien plus profond que le désir sexuel, à vrai dire, et ce dernier utilisé mème en tant que substitut ou écran ou prétexte ou dérivation afin d’échapper au fantasme de la jouissance (qui n’a jamais existé ou qui n’a jamais été éprouvée, et s’impose du sourd dedans comme doublement ou triplement ou infiniment irréelle, l’infini terrifiant).
Le structurel lui c’est le réel, ce qui veut dire l’autre bout du rapport… qui sinon, imaginairement, finit (ou commence) par coller à même lui-même … et ne se perçoit plus comme rapport et meurt, meurt de l’intérieur du rapport (qui dès lors n’a plus d’extériorité, absorbe, mange, avale la réalité, les choses, les vivants, le corps, les objets, etc). C’est donc un équilibre mais qui se tient par la balance du structurel le plus éloigné (cad impossible) ; dieu, l’universel, le sujet et le réel.
Et ainsi à l’autre bout l’intentionnel de structure (d’un arc qui sort de la cervelle vers le monde donné « là », assumant la position qu’un réel il y a) se déploie les possibles intimes, extimes ;
l’exigence (du dieu monothéiste) ou la passion (l’incorporation christique dans un corps vivants de ces impossibilités, en tant qu'impossibles affects)
la vérité (universelle de la pensée)
l’égalité (sous le regard du un tout-seul christique, qui insiste sur autrui)
la liberté (manifestée depuis Descartes)
la liberté et l’égalité (en tant que révolution)
le réel, l’activité, les activités (constitutionnelles et société civile), l’agissement interne de chacun et de tous les je.