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instants philosophie

L'articulation, la jonction

25 Novembre 2023, 10:20am

Publié par pascal doyelle

On rapporte ainsi l’infini, l’absolu, la perfection, et ce genre d’idée, à cette structure que nous sommes, en forme de rapport. Le rapport n’est nullement limité par la détermination, par ce qui est déterminé et les idées sus-dites sont des déterminations, ou si l’on veut des déterminations négatives. Ne sont que le fini, le relatif, le déterminé. Ainsi le moi seul est, dont on n’observe aucune part qui suréminente permettrait de définir ce que le moi est ; pour la raison que le moi n’est pas sinon dans le mouvement qu’est la conscience intentionnelle ; ou donc l’être est second, l’exister existe : le mouvement, l’arc de conscience dans l’arc du présent existent.

Et donc dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont les absolus mouvements ; s’il est quantité de déterminations, par contre il n’est qu’un seul mouvement, puisque celui-ci est non-déterminé et ne peut donc pas être confronté, comparé, distingué de quelque autre sorte que ce soit ; en un mot le mouvement est incomparable.

Ce « rapport » c’est ce que René, Descartes, nommait « volonté », volonté infinie puisque non limitée (sinon il nous eut été difficile de nous adapter à la diversité des milieux naturels, soit dit en passant…). Et volonté sceau, marque de dieu en nous, en tant que « nous », en tant que « nous-même », plus nous-même que nous-même (à chaque fois au singulier, en tant que je, puisque formel).

René commençait de saisir que les « deux substances », corps et pensée, ne tenaient pas concrètement (il prévoyait une « troisième substance »). Le déverrouillage pensée-corps est évidemment impossible, aussi bien pour Descartes que Spinoza, puisqu’il faut sortir de cette dualité ou différenciation, bien qu'ils saisissaient tout à fait la problématique, et attendre Husserl et Freud ; à savoir que la phénoménologie et la psychanalyse, ou le champ intentionnel de conscience et le champ du vivant qui perçoit, ressent, etc, qui, dès lors qu’ils sont ciblés comme « champs », sont susceptibles de s’interpénétrer. Ou encore ; le champ des signifiants (l’intentionnel) absorbe ou reprend ou intègre, plus ou moins, le champ de perceptions de cet être vivant qui « pense », ce qui veut dire qui utilise des signes (pour découper dans la perception et recombiner, selon son intellect ou selon son imagination ou hallucination, qui lui fait croire à une « jouissance », qui n’existe pas, étant imaginaire, ou selon son désir, qui isole un objet-désirable, etc).

L’articulation est la jonction. Nous sommes, de fait et à la source, divisés, coupés, séparés, ou si l’on préfère distincts et capable d’une, a priori, infinité de distinctions.

Et il ne correspond à rien dans le monde. Il est son propre repérage, ayant ainsi à se signifier et élaborer cette significativité en propre ;

Le rapport est ainsi parfait, non-fini, et absolu (indéterminé et don formel) ; pour nous, dans la vie vécue ou la réalité, le rapport produit les contenus ou les choses et les êtres ; mais cette capacité (de signifier tous les contenus donnés, imaginables ou potentiels) doit se désigner elle-même dans son activité même ; le sacré du groupe humain, du communautaire ; le divin pour que fonctionne l’interruption et qu’elle intervienne comme telle dans cette activité (soit donc une communauté reconstituée, juive ou chrétienne ou musulmane, ou révolutionnaire et instituée historiquement par une constitution).

Lorsque l’on se confie à dieu, s’investit dans la vérité (comme principe et non comme tel ou tel système), se livre (corps et vie vécue » au christique, se rend étrange et autre à ses propres yeux dans la conscience de « soi » (cartésienne et suivants, les fameux automates qui présagent tout l’existentiel), est saisi par la réalisation (révolutionnaire, d’humanisation ou de personnalisation, de rapport à soi en sa liberté et de relation entre libertés), alors on installe le rapport dans ses possibilités ; « ses » possibilités puisque le « rapport » ne peut pas se traduire tel quel dans la réalité et offre donc quantité d’aperçus de sa capacité. Le rapport est de fait structurellement plus grand que quelque réalité que ce soit.

Ce qui ne l’empêche pas de tenir son unité (tels judaïsme, Grèce, France, années soixante : pour faire court).

Et non seulement nous avons découvert et nommé le rapport (ou il s’est nommé à entente, si l’on est croyant), mais de plus il fut possible de le développer, de le déployer, et de l’inventer, le créer ; étant entendu que si le réel est rapport, alors il nous revient de créer le réel effectivement actif et ce ontologiquement ; ontologiquement nous créons le réel (ce qui veut dire nous créons « ce qui se peut »).

Aussi le dieu, ontologique (unique, puisque formel, tout autre, puisque structurel, exclusif, puisque réalisant le rapport lequel n’est comparable à rien) se définit-il comme « celui qui sera, qui est en cours de devenir ».

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On a vu (et revu) que nous sommes un rapport. Ce qui peut sembler une facilité commune, mais en vérité très compliqué, puisqu’un rapport on ne sait jamais « où » il est. Ce qui est pensé,, représenté, aimé, signifié dans les quatre finalités, dieu, la pensée, le sujet et le réel, c’est ce rapport de telle sorte qu’il introduise à tout ce qui est possible,

et ce sans tomber dans telle ou telle détermination ; dieu, l’être, le sujet ou le réel ne signifient rien, ils sont formels, et s’offrant à notre conscience ils permettent à notre intentionnalité (et donc notre intention, notre intention d’exister) de se stabiliser dans l’élévation ; non pas plier l’intentionnalité vers le bas (cad la désignation des choses immédiates, qui évidemment s’affaissent dans le donné et ne dressent pas un horizon) mais installer l’intention dans la représentation et donc offrir, dans les quatre cas, l’horizon de la représentation (qui sinon appartient au groupe, au communautaire) aux individualités ; dieu s’adresse à chacun, la pensée est pensée (et donc par chacun), le sujet, christique ou cartésien, cad révolutionnaire, constitue chacun (comme unité antérieure au groupe), et le réel est perçu (esthétiquement, éthiquement ou politiquement ou originellement ontologiquement depuis Descartes, par et pour le sujet). On a vu que le « sujet » est la structure absolue de ‘l’universel, puisque le « sujet » est cela qui se réfère à lui-même (transcendant) dans l’ensemble de toutes les immanences (choses et réalités et projets et acculturations de toute sorte) sans être transformé par ces immanences, ces immédiatetés ; il est au contraire celui par lequel viennent, apparaissent les immédiatetés et qui épuise le monde, le donné ou le vécu ; le moi tend à épuiser sa propre vie par ex, l’humanisation à épuiser la terre, la pensée à épuiser tous les systèmes possibles ; ou plus généralement le signifiant rend possible tous les signifiants en nombre indéfini (raison pour laquelle le signifiant doit être organisé ; non pas « tout est possible » (imaginairement) mais « le possible est le possible », qui arc-bouté sur le réel (ou autrui ou le je ou l’unité intentionnelle formelle ou l’universel) peut s’auto organiser et ajouter à l’organisé encore de l’organisé qui rendra possible encore de l’organisation ; ainsi la révolution renvoie à « chacun », ajoute un possible au possible (chacun ayant à se transformer par lui-même, ou autrui, puisque seuls les sujets sont susceptibles de se transformer, seuls les sujets ont accès à la structure, à l’universel, au réel, au temps, au possible, et seuls ils touchent du doigt le rapport qui est absolument le possible même, dieu, le formel, le je, l’historicité ou la révolution ou enfin le réel ).

C’est donc dans le passage, d’un contenu à l’autre, d’une identité à l’autre, que l’on est introduit.

Dieu, la pensée (évidemment), le sujet (christique ou cartésien), le réel (la réalisation, du monde humain, humaniste universel, collective et ensuite individuelle, personnalisée, et le réel, ce sur quoi l’individu, livré, seul au monde, et tombant nez à nez face au réel donné « là ») introduisent au mouvement pur et brut.

Il n’y a aucun contenu adéquat à dieu, à la pensée, au sujet et au réel.

Leur finalité (telle quelle) est d’instruire chacun de la forme qu’ils, les quatre, communiquent, transmettent (on ne pense pas sans penser, on ne sait pas l’intention formelle si on ne ne sait pas l’intention formelle unique, et donc universelle, qu’est dieu, et tout le monde a « entendu parler » de dieu, on ne sait pas le je si l’on n’a pas dit soi-même « je » et toute conscience est conscience / de / soi, dans le « de » est porté l’essence même de la capacité de chacun ; ou si l’on veut la coupure, la distinction de soi et de soi ; ce par quoi chacun sait qu’il n’est pas le centre du monde, comme un enfant, mais sait qu’il se perçoit du dehors, à partir de l’horizon ; que celui-ci soit dieu, autrui christiquement, le je qui se signifie et donc n’est plus un « moi », qu’il y ait humanité universelle et révolution, ayant à stabiliser à la fois autrui, égalité, et soi-même, liberté ; chacun qui doit être tenu comme tel, un par un : il est clair que outre la transparence christique, qui établit autrui, beaucoup du travail qui suivit, au cours des siècles qui suivirent, fut d’instancier en et par chacun non seulement autrui mais que ce je soit un « je » justement ; ou enfin que chacun se conçoive à partir de l’historicité, celle qui l’institue, chacun, un par un, en tant que révolution de liberté et égalité, le « et » contient formellement la totalité du possible. Et du possible possible, puisque rendant à chacun et à tous que naisse de part la volonté (individuelle ou générale) ou si l’on préfère de par l’intention de tous et de chacun.

Que chacun se conçoive à partir de l’historicité, cad du temps.

Le temps est, bien sur, la grande affaire du je ; il ne sait pas comment s’y prendre puisqu’il ne peut pas, en gros, se connaître avant de se connaître, mais il ne s’agit pas de connaissance, exclusivement, mais de décision, et plus généralement (et absolument, formellement) d’intention.

Quelle est notre intention (d’exister) ?

Ce qui pose non tel ou tel objet de désir, mais la question de la logique dont on se soutiendra, de celle qui soutiendra nos efforts (quels qu’ils soient).

Face à l’échec, ou la réussite, de telle finalité vécue, ou vis-à-vis des moyens que l’on y emploiera ou de quelle doctrine ou pratique (ou religion ou idéologie ou science ou domaine spécifique, la poésie par ex) se tiendra-t-on, ou comment délimiter tel ou tel projet, et pourquoi même déterminer une capacité plutôt que de se laisser être comme ça vient ? (dont on sent bien que ce serait impossible… en quoi le devoir-être, le vouloir-exister sont inhérents à notre intentionnalité, qui est, comme il est dit, une tension). Qui signifient toujours une distance.

Non seulement gérer une tension (qui est l’attention,à quoi fait-on « attention »?comment conduire son existence? Ou que peut-on espérer ou attendre comme disait l’autre), comme si il s’agissait d’un état à ordonner, mais tout autant comment organiser et donc comment inventer, créer cette attention en ces (quantité de) diverses possibilités ?

On a dit déjà ; un « moi » n’est pas un état mais déjà une invention ; on n’est jamais soi-même comme si cela allait de soi. On a dû péniblement élaborer, et élaborer à même son propre corps, vivant, ce corps vivant, ce corps qui est vivant (et donc un en sa bio-physiologie et une grande partie du psychisme évidemment) et qui souffre de se scinder en observant-observé ; de ce que initialement nous sommes paranoïaques ; puisque rien de pire pour un vivant (qui risque fort d’être mangé) que d’être perçu du dehors. Il fallait donc, pour chacun, de dépasser cette douleur, et cette absurdité, que représente, s’impose pour un vivant qu’il soit « conscience ».

c’est pour cela que nous ne sommes pas « de la pensée » (ça n’a aucun sens) ; mais une structure intentionnelle qui contient déjà en elle-même la coupure (la castration par ex) et déjà autre-que-soi (de quoi, donc, il n’est pas de « soi » sinon comme un signifiant, vide, d’un regroupement de diversité et non pas une unité monolithique d’identité ; l’identité vraie, elle, est dans l’intention que l’on a de sa propre vie, de son ex-sistence ; de ce que l’on fait de ce que les autres, le monde, la vie ou nous-même ont fait de nous ; on doit faire-avec, comme Lacan disait que l’on ne guérit pas l’inconscient mais que l’on « fait avec », on compose, mieux, plus facilement ou moins malheureusement plutôt).

De ce que y compris nous-même (nous maltraitant ou négligeant ou illusionnant, etc) de ce que donc nous avons fait de nous-même ; qui doit être amender, corriger, repris, relancer, réinstallé, même à demi ou au dixième ou au centième, puisque l’on a vu que ça n’est pas ce qui se répète qui compte, le déjà là, le déjà acquis, le mémorisé, mais ce qui n’est pas là, ce qui dénote (ou donc ce qui est possible). Et ceci, ce principe de la nouvelle redistribution de « moi », de re-naissance en somme, s’impose d’autant que, on l’a dit, historiquement le je existe… le je est apparu à ses propres yeux (qui était ignoré dans les groupes humains, les communautés d’avant) ; il doit se prendre sous son attention, intention, attente, possibilité (et non pas se considérer comme donné là, comme une chose imbécile ou nauséeuse). Il doit prendre ses distances de lui-même, puisque le danger est que le moi se prenne pour « qui » il croit être ; cet être-là du moi est son danger, et qu’il ne soit pas seulement « cela qu’il est ».

Soit donc l’interruption (de tout ce qui est, de l’humain, du temps, etc), celle qui signifie cette fois chacun, chaque un ; à savoir le corps (individuel) nu en sa propre mort, le christique. Qui découpe absolument (puisque c’est le divin qui vient en personne et ce en un corps, un corps vivant) l’individualité hors de tout, et dans le seul regard d’un seul, du un tout-seul (qui se relie ensuite au un tout-autre, via le tous-ensemble un-par-un, le dit saint esprit, que l’on y croit ou non c’est prévu, on ne sait comment, de cette manière là).

Comme ce qui prédomine est structurel, chaque je se doit à cette renaissance ; il est amené au sujet, à l’individualité cette renaissance qui était auparavant l’apanage du divin (ou du sacré) ; chacun obtiendra de la sorte un point vide, cad une forme, qui lui permet d’annuler tout contenu de conscience ; lors même que ce serait tout à fait idéal et idéaliste, abstrait ou illusoire, il n’empêche que la possibilité demeure et que dés lors (et à chaque renouvellement) elle puisse intervenir, et si elle inter-vient c’est de l’extérieur…

si le réel est structurel il s’impose une distance, absolue cad formelle, constitutive ; on ne peut pas croire en une immanence exclusive ; que l’on nomme même « immanence » implique que l’on n’y est pas, dans l’immanence. Et ainsi le je n’est pas sa vie vécue, mais son existence, au sens d’ex-sistence et la question doit se développer ; de où paraît ce point externe ? Dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le réel développent cette Distance.

Se définit donc, se donne à signifier cette distance qui est non seulement interne mais antérieure à toute réalité ; la forme des réalités est cet acte du réel en tant que présent qui navigue à vue, qui se voit afin de se déployer ; il y a une visibilité en et par cette distance ; raison pour laquelle le Un ou le tout ou le dieu clos ou la pensée figée ne permettent pas de saisir « qu’il y a une réalité » ; il y a une manifestation afin que se percevant, entrant dans son propre champ, elle se modifie.

Sinon pourquoi y aurait-il une « réalité » ? Si ce n’est pour se transformer, pour le réel, la structure de ce qui est, devienne. Et ne pas tenir la distance, c’est se fixer, se figer en un être, lequel paraîtra toujours quelconque comparativement au rapport, conduisant inexorablement à la dé-pression, à la perte de tension qu’est un arc, intentionnel, de conscience.

Rapport donc qui seul conduit, mène par, selon et pour, peut-être, en l’in-fini.

Ce qui veut dire que l’arc est alors converti en l’articulation comme seule réelle, au lieu de quoi notre conscience resterait attachée, ancrée, agglutinée au corps ; ce qui veut dire à des désirs immédiats. Il est clair que c’est péniblement, très difficilement, voire impossiblement que nous nous convainquons que le seul réel soit le mouvement, le devenir, le possible, et non cette chose, ce corps qui jouit (fantasmatiquement, au mieux, ou hallucinatoirement, au pire), cet objet (de désir) comme accumulation

(accumulation de quoi ? si le réel est le mouvement, bien plus grand que n’importe quel objet ou quelle chose)

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Dieu, l’activiste

11 Novembre 2023, 17:55pm

Publié par pascal doyelle

Dieu ne peut nullement être selon le monde. On a vu que l’on ne reconnaissait que deux seules sortes de réel qui ne soient pas selon le monde

et il s’agit de la forme du monde, à savoir le présent,

et de la forme de notre être, qui n’est pas un être, à savoir l’arc de conscience.

Le « présent » n’est nulle part déterminé, ni visible. La « conscience » ne se perçoit jamais telle quelle, et il faut prévoir que la pensée, l’imagination, les affects ou les perceptions n’existent, pur nous, que dans un champ intentionnel ; « pour-nous » parce que précisément tout ceci et tout cela existe pour-nous, vers-nous, ce qui veut dire en conscience.

Si tel ceci entre dans le champ intentionnel on peut le modifier, et d’autant plus le modifier si ce champ est collectif, soit selon le groupe (et telle communauté particulière), soit individuellement (lorsque le champ collectif est tendu vers l’émergence individuelle, la raison par ex, ou la littérature ou internet, etc).

On désigne ces réels qui outrepassent la réalité, ces indéterminés, en tant qu’ils sont formels ; il n’est aucune représentation et aucune réalité du « présent », de même aucune de la « conscience ».

En parallèle de quoi on impose cette proposition que si une réalité il y a, et qu’elle est comme présent, alors c’est que « quelque réel » doit advenir. Il y a un présent afin que ce réel, inattendu, apparaisse. Il y a un présent afin que ce réel nouveau se tienne de lui-même, au sens où ce qui existe, existe activement et est activement lui-même. Si la réalité subissait un ordre éternel ou imperturbable, il n’y aurait pas de réalité ; il y a réalité parce que celle-ci, toute entière, est, existe activement et que les choses et les êtres (et donc les consciences) existent activement en tant que rapports. (aussi cette réalité peut-elle tout à fait entrer dans les mathématiques, qui sont des rapports, le nombre étant le rapport à -soi- de n’importe quel objet, unité).

Et c’est de cette activité, qui se-sait, qui se-voit, qui se-ressent, que naît, qu’est possible le plus grand possible possible. Une réalité s’apparaît et donc entrant dans son propre champ se transforme.

Si le réel n’est pas articulé par, dans et pour le possible, il n’a aucune raison d’exister. Pourquoi voulez-vous que le Un sorte de lui-même ? Sinon pour devenir encore plus.

Et que précisément le véritable un c’est celui qui deviendra.

Qui deviendra, et non pas qui est devenu. Puisque l’on ne sait pas « où », jusqu’où il va. Dire que c’est le possible qui doit advenir, c’est dire qu’il se crée. Le corollaire du possible, comme règle de tout ce qui est, c’est le Créé.

On poursuivra même la semblable logique ; si le réel devient, c’est qu’il naît de son devenir, sinon il ne deviendrait pas et il n’y aurait pas de réalité de manière générale (ou alors un ordre immuable dont on n’a aucune idée ni intuition ni imagination) ; si le réel naît de son devenir, la règle est le possible ; si le possible est la règle et donc la substance même de « ce qui se peut » (y compris de ce qui se peut exister), alors le possible est non fini.

Il existe un point in-finiment reculé qui accumule la totalité de tout le possible (et c’est cela dieu).

Il est clair que si l’on peut supposer ceci ou cela de telle ou telle substance déterminée, il est impossible de connaître ou imaginer le possible intégralement réalisé. Et ce d’autant plus que ça n’a aucun sens ; parce que si le possible est la substance même, alors il y aura toujours un plus grand possible. Parce que le possible est sujet, ce qui veut dire « rapport », et que l’on ne peut assigner de terme à un rapport, qui existe formellement.

Par un autre bout, reprenons selon le néant et l’être ; il n’y a pas à choisir entre le néant et l’être ; comme si ils occupaient, virtuellement, le même « lieu » (de toute manière il n’y a pas de lieu antérieur). Et le néant n’a rien du tout qu’il puisse opposer à l’être ; le « rien du tout » ne s’oppose pas à « l’être » (désigné génériquement) ; aussi le néant existe-t-il tout autant que l’être ; tout le possible est absolument réalisé (on se demande même alors comment il serait pensable, admissible, conséquent, que la réalité ne soit pas tout le possible possible ; le possible n’étant pas l’imaginaire évidemment, l’imaginaire qui est toujours une composition du connu, du perçu ; une licorne est un cheval avec une corne).

Mais on a dit « l’être génériquement parlant » ; il n’y a pas d’être où que ce soit, rien qui soit stable et solide ou consistant ; l’être génériquement parlant c’est l’exister ; l’acte de devenir ; le mouvement (ou l’énergie qui traverse différentes formulations, et que l’on ne connaît pas en soi, ni ce qu’elle signifie, sinon de ceci que l’on n’oppose pas « matière » et « esprit », et que l’on admet que la matière est instanciée partout et intégralement comme distinctions ; il y a réalités déterminées parce qu’elles se distinguent toutes en et par leurs déterminations mêmes ; une abeille n’est pas une guêpe).

Or cependant, il n’y a nulle part l’être (le néant, qui est « rien du tout » existe forcément ; le néant n’est pas un quelque chose qui serait « rien », mais est « rien » ; on croit pouvoir dire que le néant est ce en quoi existe l’être, mais un « rien » n’est pas un « ce en quoi », c’est un « rien du tout »), mais ce qui est réel c’est l’exister.

Dit autrement le réel étant le possible est absolument et rien que le rapport même. Et cela suffit puisque le rapport produit tous les rapports. Or on a vu que le rapport est, autant qu’il nous est possible de l’envisager, intellectuellement ou par expérience et donc intuitionnablement, le rapport est sujet ; puisque le sujet est ce rapport qui peut revenir sur lui-même, dont la nature, la structure même est un tel retour et un tel re-tour (un nouveau tour, inédit) ; et réintroduire des déterminations dans sa détermination, réécrire son passé, relancer sa capacité ; et donc le rapport, qui est l’exister, est dieu.

Et dieu, cad le rapport, vient tout entier en une fois mais sans cesse se réécrit. Ce qu’il demande (on ne sait si effectivement dieu nous le demande ou si nous imaginons ou croyons qu’il existe un dieu unique tout-autre universel, mais depuis la parution du dieu-un (qui exclut absolument qu’il soit composé et est donc unique et exclusif, et jaloux, et formel, et exigeant, etc) il s’est introduit dans le champ qu’il se sait, lui, le champ, et donc se nomme (dieu, la pensée, le sujet ou le réel).

Ou : dieu est en acte et ne cesse pas son absolue activité et qui plus est, ce que dieu crée ce sont des rapports ; choses, êtres ou consciences. Soit donc des activités. De même que les mathématiques ou le nombre sont des rapports. Ainsi donc le rapport est un, mais d’une unité impensable, que l’on ne connaît que dans la mesure où l’on sait ; on a vu la différence entre le se-savoir et le connaître ; Descartes ayant remplacé la connaissance, métaphysique, par le se-savoir du sujet ; le se-savoir au sens où le sujet se désigne et consiste en cette désignation ; soit donc le signifiant absolu, absolu parce que formel ; il est lui-même le signifié du signifiant qu’il existe, et donc n’est pas un signifié…

et dès lors entre en substitution de tous les signifiants possibles ; il y a des signifiants (des langages) parce que le sujet est un signe vers le signe ; « conscience » veut dire ‘qui se signifie comme rapport ».

soit donc la pure activité, autant que l’on sache ou autant qu’on en ait l’expérience ; rappelons qu’étant donné que notre « être » est non un être mais un rapport (ce que signifient, impliquent Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre ou Lacan, à sa manière, et quantité d’autres, puisque même la « pensée » n’est pas définie définitivement, ou alors selon quel système parmi tous les systèmes ?), puisque notre être est un rapport, celui-ci se-sait ; il se signifie et cpate quelque chose de cela qu’il existe.

Il est bien évident qu’il ne s’agit, peut-être, que d’un face à face ; ou donc la nature, la réalité ont inventé, créé un être tel qu’il soit indéfiniment adaptable (relativement s’entend, puisqu’apparemment cet être si exceptionnel est en train de signer sa propre disparition) et qu’il ne dépende pas, plus de son milieu, comme le tyrannosaure ou l’abeille, et qui, étant conscient de « soi », peut remplacer ce soi par n’importe quoi, cad signifier n’importe quoi, inventant alors lui-même le langage-dans-un-groupe et puis ensuite le langage-pour-lui-même (puisque du groupe communautaire, il passe à l’individualité, qui suppose une société, non communautaire de ce fait, et donc structurelle, constitutionnelle, dans telle civilisation, relativement précise, et non pas dans n’importe quel rassemblement humain, au sens où chacun en une société constitutionnelle doit se savoir lui-même et autrui, librement d’abord et à égalité ensuite).

Bref.

Cette invention de la réalité, d’un être qui se tient du rapport qu’il existe (dont on ne peut plus dire qu’il « est », puisqu’il outrepasse la détermination), est peut-être purement factuelle, et destinée à disparaître ; mais il ne fait aucun doute que même si il s’agissait d’un « extraterrestre » ou de la domination de la terre par les poulpes dans 5 millions d’années, il s’agirait dans tous les cas de la même « conscience » ; ce qui veut dire d’un rapport à soi en tant que ce soi est le rapport lui-même, conscient de (soi) donc, dans lequel rapport le « soi » est non une identité ou une détermination, mais le rapport lui-même, qui, donc, se-sait.

Et ce se-savoir est dieu ; ou la marque de dieu en nous, comme dit Descartes, qui, le premier, pose le doigt sur la précision et la technicité de notre être (qui n’est pas un être, comme dira Sartre, et pour Descartes il s’agit de « la pensée », notion très peu précisée, qui contient tout ce que nous sommes et pouvons être ; idée, imagination et image, sensation et émotion, sentiment et passions, etc, Descartes était sur la piste de la troisième substance pensée-corps, mais on ne peut pas tout en une fois et il faudra attendre Husserl, suite à Hegel, pour aboutir à pointer cette « intentionnalité » de la conscience, et puis à Sartre qui dénoyautera la conscience de tout idéalisme).

Ce se-savoir donc est in-fini ; puisque la volonté, qui en fait office pour Descartes, est non finie, et ce en quoi nous sommes semblables à dieu.

Ce se-savoir est le signifiant (du sujet), celui-là même qui inaugure la pensée moderne, Descartes, et à partir duquel tout sera repensé (et non plus autour du concept métaphysique, rappelons que Hegel n’est pas « les aventures du concept » mais « la phénoménologie de la conscience », et le savoir absolu est celui de l’esprit, et non pas d’un discours métaphysique, la différence étant que l'esprit se-signifie comme tel, tandis que la pensée pense, comme éternellement, la Vérité ; pour Hegel en effet la pensée devient, ne tient en aucun système mais l'esprit les rassemble tous).

Imaginons-nous dieu ou l’infini ou l’absolu parce que cette conscience rendue fonctionnelle, croit bizarrement en son mouvement, qui ne signifierait rien de plus que l’adaptation ?

Ou alors cette conscience fonctionnelle est-elle dimensionnelle et emporte-t-elle bien plus loin que simplement la composition de déterminations (dans un champ intentionnel, un langage ou une représentation culturelle) ?

de toute manière nous avons cette "idée" de l'infini, de l'absolu, de l'indéterminé, ou selon les interprétations modernes comme une négativité (Hegel), une "volonté", une énergie ou un désir (nietzschéen par ex), un néant (Heidegger), ou encore une néantisation (Sartre), nous avons cette idée ou intuition parce que notre être est un rapport (et donc pas un être) et que ce rapport consiste justement en se-savoir, en ce signifiant qui se signifie

(qui signifie évidemment l'arc de "conscience" dans une cervelle, puisque l'on ne prétend pas du tout que cet arc soit "spirituel", on ne confère pas à cet arc une substantialité, mais uniquement par la négative une in-susbtantialité ; ce que l’on nomme formel, structurel et dont on possède une véritable expérience en ce champ intentionnel, qui use de signifiants, de signes, afin de marquer le dit territoire et de se remarquer lui-même ; or cependant si il n’est pas substantiel, cela revient à re-dire, à nouveau, que l’être est second et que ce qui existe est l’exister et non l’être ; le réel n’est pas substantiel, mais mouvement, et c’est d’entrer dans ce mouvement que les pointes extrêmes, que l’on a expérimentées, amènent ; dieu, l’universel, le sujet et le réel).

Se-savoir, champ intentionnel, forme ou structure ou arc de conscience c’est le même réel, la même activité (qui n’existe qu’en tant qu’activité).

Mallarmé

« Cher  Je viens de passer une année effrayante: ma Pensée s'est pensée, et est arrivée à une Conception pure.
Tout ce que, par contrecoup, mon être a souffert, pendant cette longue agonie, est inénarrable, mais, heureusement, je suis parfaitement mort, et la région la plus impure où mon Esprit puisse s'aventurer est l'Éternité, mon Esprit, ce solitaire habituel de sa propre Pureté, que n'obscurcit plus même le reflet du Temps.
Malheureusement, j'en suis arrivé là par une horrible sensibilité, et il est temps que je l'enveloppe d'une indifférence extérieure, qui remplacera pour moi la force perdue.
J'en suis, après une synthèse suprême, à cette lente acquisition de la force - incapable tu le vois de me distraire.
Mais combien plus je l'étais, il y a plusieurs mois, d'abord dans ma lutte terrible avec ce vieux et méchant plumage, terrassé, heureusement, Dieu.
Mais comme cette lutte s'était passée sur son aile osseuse qui, par une agonie plus vigoureuse que je ne l'eusse soupçonné chez lui, m'avait emporté dans les Ténèbres, je tombai, victorieux, éperdument et infiniment - jusqu'à ce qu'enfin je me sois revu un jour devant ma glace de Venise, tel que je m'étais oublié plusieurs mois auparavant.
J'avoue du reste, mais à toi seul, que j'ai encore besoin, tant ont été grandes les avanies de mon triomphe, de me regarder dans cette glace pour penser et que si elle n'était pas devant la table où je t'écris cette lettre, je redeviendrais le Néant.
C'est t'apprendre que je suis maintenant impersonnel et non plus Stéphane que tu as connu, - mais une aptitude qu'a l'Univers spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi.
Fragile comme est mon apparition terrestre, je ne puis subir que les développements absolument nécessaires pour que l'Univers retrouve, en ce moi, son identité. Ainsi je viens, à l'heure de la Synthèse, de délimiter l’œuvre qui sera l'image de ce développement.
Trois poèmes en vers, dont Hérodiade est l'Ouverture, mais d'une pureté que l'homme n'a pas atteinte et n'atteindra peut-être jamais, car il se pourrait que je ne fusse le jouet que d'une illusion, et que la machine humaine ne soit pas assez parfaite pour arriver à de tels résultats.
Et quatre poèmes en prose, sur la conception spirituelle du Néant. »

De ce que Rimbaud découvre que le signifiant crée le (nouveau) monde ou le (nouveau) désir (et ainsi l’inouï, également l’inentendu, et donc le désespoir radical, puisque l’on ne peut trouver dans le monde, la vie vécue ou le corps, le rapport à (soi) qu’est cette « conscience »),

alors Mallarmé est saisi du signifiant, qui se signifie lui-même, cad « le néant », mais du néant tout paraît, toute perception, toute esthétique, sauf qu’ayant à s’assigner à une éminente pureté, ou un mystère énoncé-impensable, puisque le rapport de conscience n’est aucun de ses/ces contenus.

Or de même que dieu nous vient de notre structure de conscience (ou qu’il a exprimé son ‘image’ en tant que nous, sa structure en tant que notre structure), de même chaque conscience est le devenir (non fini) du sujet ; chacun de par son « je » (cad la prononciation par chacun du sujet) crée la nouvelle possibilité. Mais cela veut dire que chacun est, dès lors, infiniment ouvert à tous les autres je.

De là que notre acculturation généralisée est fermement celle des sujets, d’un sujet à l’autre. Chacun devenant, plus que l’image, le miroir qui, lui, peut se voir, se perce-voir une in/finité de fois, se perce-voir d’une in/finité de formulations ; chaque je, qu’on le veuille ou pas, est la formulation singulière du Rapport (que ce soit dieu ou pas, chacun choisira).

On comprend bien qu’il n’est pas question, sinon de très très loin, de définir dieu (ou la dimension de structure du réel comme formel, arc de conscience dans l’arc du présent), mais d’instruire une série de signes, de signifiants, de dénotations vers le creuset de ce qui existe. La forme qui, parce qu’elle exprime absolument, formellement, le possible est l’intégralité de la réalité de celle qui fut à celle qui sera.

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Le champ de conscience brute

4 Novembre 2023, 11:06am

Publié par pascal doyelle

Que nous soyons déterminés, causés, évidemment.

Là n’est pas la vérité. La vérité est que l’on a créé un champ ou plus exactement ce champ nous a créés. Et en ce champ les réalités, cad les perceptions, sont transmuées en et par les signes ; à la base les signifiants du langage. Que le langage corme système, évidemment ; sinon ça ne serait pas du tout mémorisable. Que le langage ne se produit pas n’importe comment, très certainement mais notre pensée (nos sciences) ne sont pas parvenues encore jusque là.

Les déterminations, qui sont réelles et effectives, entrent dans le champ intentionnel et subissent un renouvellement, une re-création, une re-production, une représentation (elles se présentent à-nouveau), et évidemment ce champ prend conscience de lui-même, et donc se nomme ; il nomme un horizon qui s’utilise comme levier ; d’abord collectivement, dans telle ou telle communauté, langage, monde particulier et puis il se saisit lui-même comme produisant les signifiants ; dieu, la pensée, le sujet, le réel. Il impose donc à la représentation du monde donné là et à la communauté, son « intervention » ; le champ devient force prégnante dans la représentation, devient intercédant en son propre champ et identifie son origine ; dieu, la pensée (ou l’universel et le droit et l’État, etc), le sujet (en-un-corps, christique, et en un sujet, cartésien, ce qui signifie par le sujet lui-même qui le dit, qui dit « je suis », je suis ce rapport que je suis et que l’on ne peut pas dériver d’ailleurs, que de lui-même, sinon en cessant d’être un rapport).

Dieu et l’intention formelle (hors de tout), la pensée et l’État, le sujet et la vie vécue (de par la littérature et les esthétiques), la révolution et la réal-isation (par soi-même, de l’humanisation puis de la personnalisation).

Quoi qu’il en soit, le langage, les signes, se distinguent non de ce qu’ils déterminent mais de ce qu’ils ne déterminent pas. Il y a un champ intentionnel, cad une conscience, parce qu’il s’agit de s’adapter constamment au donné tel que là, au monde, au vécu, aux perceptions, aux faits et gestes, littéralement. Le langage se joue d’abord et encore, entre consciences ; on ne parle pas sans entendre ce que l’on dit (et donc, parfois, on en dit beaucoup plus que ce que l’on croyait avancer, puisque l’on a déjà précédé, soi-même, notre parole, notre parole qui se place, est placé au plan de l’autre, de l’autre conscience ; c’est là que l’on s’origine. Même si cet autre, auquel on est placé, est à la fois autrui, telle personne, autrui en général, l’autre, la représentation commune voire communautaire, ou enfin l’autre en tant qu’Autre, ce qui ne signifie pas seulement dieu, mais un ordre, une ordonnance ou une organisation du signifiant (ou le « symbolique » comme direction des signifiants possédant une cohérence) ; et cet ordre, enfin, non pas seulement celui qui s’impose à nous, mais celui que l’on découvre, invente, crée au devant ; par quoi, donc, on prévoit, et pré-voit, les rapports qui seront (et qui donc ne sont pas déjà écrit, nulle part).

En somme le champ intentionnel crée un champ de signifiants, mais ces signifiants sont à ce point légers, différentiels, composables, que l’on peut penser n’importe quoi (et ce qui ne l’est pas actuellement, le sera, potentiellement, un jour, peut-être). Même si évidemment ce qui sera pensé (cad imaginé, désiré, perçu hallucinatoirement ou réellement, arbitrairement ou en cohérence) ne tiendra (dans le temps et dans l’expérience) que si cela correspond à quelque chose, à quelque réel, à quelque volition ou intention ou désir ; sinon le seulement arbitraire disparaît, s’efface.

La liberté est articulée à la cohérence ; ce qui ne veut pas dire un ordre supérieur universel, puisqu’elle est, elle, la liberté, l’ordre lui-même ; la « démocratie » est, jusqu’ici, cet ordre, cette organisation des rapports possibles (et il est possible d’organiser la liberté parce qu’elle est, précisément, universelle, ou si l’on préfère universalisable, aussi chacun sera-t-il instruit, enseigné que de lui, de ses rapports (avec autrui mais également avec soi, ce qui n’est pas rien mais fondamental) dépend le devenir, du possible ; c’est en ce sens que le possible est l’ordre lui-même ; assurer que chacun, par soi et par autrui, se tienne dans la meilleure des dispostions, afin que l’instructifs et de nouveaux rapports se créent ; nouveaux pusiqu’ici on joue sur la prédisposition, la structure qui contient le possible possible ; la révolution ou la pensée des grecs ou la science ou les esthétiques sont de telles prédispositions, qui surpassent la détermination ; l’identité de Pierre ou la communauté telle ou telle ou l’intérêt de tel ou tel groupe, ne peuvent pas définir, remonter dans la structure, sinon celle-ci est étouffée).

Évidemment ça n’est pas parce que l’on représente une chose que la chose se meut comme par magie, mais la raison ou tel système coordonné de signes, esthétique ou éthique ou politique ou religieux évidemment (ou mass et micro médiatique) qui relie des individus ou qui, plus complexe encore, qui relie l’individu à lui-même, alors que dans un groupe communautaire cet individu ne se représente pas, il est pris-dans ; tandis que dès lors est requis un système humain qui intègre, admet, développe, perfectionne l’individualisation, des systèmes dans le système général, des personnalisations dans l’humanisation universelle) ; ces systèmes donc, méga ou micro, réorganise et réorganisent continuellement la perception et l’action, et ainsi l’organisation de l’action (coordonnée entre tous et puis chacun).

La labilité des signes, leur fragilité et leurs remplacements, facilitent mais surtout rend possible leur avenir, leur constant avenir ; et les langages sont composés à partir de l’entente, de l’écoute, de la parole, de ce qui est entendu et non seulement de ce qui est parlé. De sorte que le parlé naît de l’entendu, et l’entendu est le possible. On ne sait pas ce qui est entendu, au sens où si nous sommes selon un rapport, on ignore l’autre bout du rapport (quel qu’il soit), et cet autre bout nous réclame, nous demande, nous insiste. Aussi bien ensemble, collectivement, et de l’un à l’autre, qu’individuellement. Qu’est-ce que l’on entend ?

C’est la « certitude moderne » (qui n’est pas celle de Descartes) qui croit qu’elle sait ce qu’elle dit. Depuis que la science est science ou depuis que l’ordre est bourgeois (ou prolétaire, ne nous y trompons pas), depuis que la constitutionnalité des sociétés ou la représentation spectaculaire ; Debord approche tout près du réel en tant que flux qui se déverse et produit le monde, la perception ou plus exactement crée les désirs jusque bien avant ; dans la perception, nous donnant à accepter que cette perception là est le désirable, ce que l’on admet sans preuve aucune et en toute confiance, puisque l’on ne demande que cela ; y croire, y croire parce que c’est du monde, c’est naturel ou réaliste et donc forcément en correspondance ; ainsi tous nos désirs sont réalisables, en tant que monde et en tant que monde humain et vie vécue individuelle ; ce que n’est bien sûr pas vrai du tout). Depuis que l’humanisation est entrée dans la réalisation, la concrétisation de toutes les intentionnalités, le tout-est-possible imaginaire, cad illusoire et qui-rend-fou, et bien de fait ça rend fou. On ne dira pas, comme Debord, que le spectacle est le rapport social qui se représente et qui devient désirable, atteignant chacun dans son individualité même, ou qu’il n’est pas seulement tel, mais que le spectacle est la manifestation totale de toute l’humanisation, de toute l’individualisation. Et parce qu’elle est réelle en ce sens, elle est de fait et effectivement réelle, cad tout ce qui nous occupe. Elle est l’ensemble de tous les rapports que contient le rapport (l’arc de conscience) que nous sommes.

Rappelons que le rapport, l’arc, est une tension (une attention, une tension, électrique) et relie. Relie les désirs et les objets, les langages en tant que signes et perceptions (et affects, etc). Notre être n’est que définissable, cad n’est pas « de l’être », n’obtient aucune solidité, et donc, en vérité (et en structure) dépend du mouvement, de « là où il va » et lui seul perçoit, entrevoit où il va ; Moïse s’écoute lui-même lorsqu’il reçoit le sens de « dieu » (dieu qui se dit « celui qui est en train, en cours d’exister », celui qui devient existant, celui qui ex-siste ; ce qui n’est pas réduire dieu, évidemment, puisque le réel, l’ex-sister, est ici le possible même, en tant que règle tout ce qui est, au sens générique ; au sens absolu rien « n’est », l’être est second ; ce qui est, c’est l’exister, cad le devenir brut).

Dans le miroir aux alouettes, le naturalisme et le réalisme, qui nous laissent croire que puisqu’étant concrets, en ce monde, nos désirs trouveront forcément leur réalisation (comme si ces désirs étaient naturels, et donc recouvrables dans la vie), leur réalisation, parfois moyennant une adaptation, psychologique, on finit par n’admettre comme effectivement réels que les images dans le miroir et cesse d’exister le miroir lui-même, renvoyé à l’illusoire, au sens de non-concret, non définissable selon la science, l’humanisation, le spectacle (qui permet somme toute de relier les objets concrets aux images et les images aux signes comme si tout cela était effectivement donné mondainement ou selon la vie vécue ; il est bien clair que la définition libérale, anglo-saxonne, laisse se poursuivre ce désir, qui devient délire, de la réalisation de soi, individuellement et en rivalité avec tous les autres ; la liberté anglo-saxonne ne comportant pas du tout l’égalité, française, et n’étant pas assujettie intérieurement à autrui, et non seulement à autrui, ce que comprend la liberté anglo-saxonne parfaitement, mais à autrui en tant qu’autre ; de sorte que le dieu aux Usa est une sorte de juge, de retour de la Loi, qui jugule la dite liberté, tandis que l’égalité, française, a permis l’émancipation de chacun, puisque la « loi », cette fois, est en interne de chaque je, formant « littérature », instanciation de l’autre en moi ; aussi l’europe, les troubadours crée l’amour, forcément littéraire et forcément idéalisé et désespérant mais ligne de force, qui re-lie, et re-lit, homme et femme (ou autres diversités évidemment, puisque l’autre, autrui est toujours autre-que-moi, peu importe le sexe, la classe sociale, le groupe capulet ou pas ; l’autre, autrui n’est pas assigné à l’universel, mais à l’individualité, laquelle étant en elle-même « rapport à soi » est toujours « autre que tout le reste », le rapport qu’il est, qu’il existe, exclut tous les autres rapports, qui sont forcément seconds par rapport à la force du rapport-à-soi).

(puisqu’en effet on a dit que le rapport-à-soi est le rapport à «(soi) dans lequel rapport le « soi » est non pas ceci ou cela, mais le rapport tel quel et que ce rapport (la conscience) est la plus élevée possibilité qui nous soit donné d’atteindre, qui nous soit expérimentable et que l’on puisse éprouver ; et ce rapport manifeste, concrétise le réel en tant que la règle du réel est le possible ; il n’est qu’un sujet (cad celui qui se tient en-avant et en-suite) qui comprenne, potentiellement, ce que « possible » veut dire)

Que notre être soit ce champ intentionnel veut dire qu’il se produit actuellement ; en tant qu’actualité (aussi Descartes précise bien qu’il est je autant qu’il le pense, mais il est clair que la dite tension se mémorise, et revient dans ses formulations, qui sont des signes, cad des rapports mémorisés, et qui n’apparaissent tels que pour une conscience qui les lit parce qu’elle les relie). Dans cette actualisation, il se produit donc « du rapport » (un rapport, forcément, existe, cad existe activement ; il n’y a pas des « idées » qui subsisteraient sans une conscience ; on se demande même comme visualiser une telle existence sans conscience (la pensée, comme l’être, sont mais secondement, ce qui seul existe c’est la conscience et l’exister, respectivement) ; et puisque ces idées ne sont des « choses » que dans l’imaginaire de la conscience, les choses sont des « choses consistantes » parce qu’imaginées « solides et unitives », en fait elles sont des mouvements qui n’apparaissent que pour la conscience lectrice).

Si l’arc de conscience se produit dans l’actualisation, c’est qu’il est rapports et que les rapports n’existent qu’activement ; cette activité c’est ce qui garantit sa liberté ; puisque même si quantité de rapport sont mémorisés, ils passent et repassent tous dans tel ou tel présent ; et de toute manière leur utilité est précisément l’adaptation ciblée, pour ainsi dire ; l’adaptation susceptible de régler telle ou telle situation inattendue, non intégrée, non mémorisée. Ça n’est pas que la conscience soit utilisée par le langage (ou son dictionnaire ou la parole du groupe et de la communauté), c’est le langage qui est utilisée comme mémorisation extrêmement rapide et mobilisable, autant que susceptiblement requise, par la conscience qui ‘réunit’ sous son activité aussi bien le langage que la perception, le corps, individuel, que l’ensemble collectif, l’historicité que la concrétisation. On reviendra sur la prédominance en chacun, pour chacun, pour nous-même, de l’arc de conscience, sans lequel une vie vécue n’existerait pas. Nous ne serions pas pour-nous-même et donc pas du tout, si nous n’étions cette conscience-de (soi) ; dont on a compris que le mystère effarant, c’est ce qui doit être décrypté. Parce que si il n’est pas une pensée, une idée ou une mémorisation qui gouverneraient l’arc de conscience (car alors celui-ci et l’ensemble des internationalisations seraient condamnées à la répétition, ce qui n’est absolument pas leur logique, leur exister qui est une activité), alors l’arc de conscience, cette forme formelle, pour ainsi dire, est le programme ; le programme n’est pas un ordre (ou une idée ou une pensée ou une programmation) mais le programme est cette activité de conscience ; spécifiquement.

On a vu qu’il est impossible de dériver ‘conscience’ de quoi que ce soit, sinon de cette formulation ontologique brute ; elle est le rapport à (soi) en tant que rapport ; cad le représentant ici même (ou ici bas) de la logique même du possible brut (lequel est la logique même du réel, ce qui est réel est le possible, tout ce qui est possible est réel, et le réel, étant le possible, est plus grand que lui-même, ce qui paraît la finalité seule digne et seule logique du réel en tant que possible ; il ne peut pas demeurer « lui-même » puisque ce « lui-même » est la Possibilité même).

Étant rapport à (soi), il s’agit de la ‘conscience’ ; la pensée est dérivée, elle, de la conscience comme arc-activité ; et il est par ailleurs absolument clair qu’il n’existe pas de conscience sans un corps… vivant (aussi le christique manifeste, exprime, révèle ce que le dieu juif nommait déjà « la vie », et que l’on re-nomme, on se le permet, ici l’Existence ; puisque c’est cela qui se porte au-devant de soi, au-devant de « soi » dans lequel soi il faut entendre le rapport lui-même, qui est dirigé instantanément, cad structurellement, qui se dirige en tant qu’autre que soi ; il ne s’agit absolument pas d’une tautologie ou d’une sorte d’ego monstrueux (le dieu qui jouirait de soi infiniment, ce qui n’a aucun sens) ; si dieu est le Rapport il est toujours déjà tendu vers, par et pour autre que lui-même, c’est sa nature même que de provoquer ou donc créer des rapports ; or donc créer des rapports c’est créer des êtres qui échappent, de fait, au Rapport initial, fut-il dieu. Sinon toute cette opération n’aurait aucun sens.

Dit autrement, ce qui existe n’est pas destiné à retourner au Même. Quel sens cela aurait-il ???

il ne s’agit pas de se conformer à un ordre , puisque de programmation il n’y en a pas. La forme même (vide mais active et constituée de et par cette activité) est le programme. C’est en ceci que le christique ou Descartes ou la révolution remettent l’activité entre nos mains.

Il s’est agi, toujours, de créer, en et par notre activité, l’organisation et la signification de notre conscience-de, ou ainsi du possible brut ; quel est le possible possible ? C’est littéralement la question de dieu, aux juifs, du christique, à chacun ; nous délaissant la capacité de, il le dit ou ça se dit, comme on veut, explicitement (je pars mais je vous envoie le saint esprit, pour (pour) que vous compreniez ; ce qui est quand même bien étrange),

qui la liberté et l’égalité, la vérité et la signification donc au sens de « rendre toujours encore plus de possible possible » ;

l’unité formelle de dieu (qui n’est pas Zeus ou le grand mana, qui sont déterminés ou dans un contexte illustré, ici s’expose la forme exclusive du rapport exclusif),

la formulation rationnelle et universelle de la pensée (qui autorisera quantité de systèmes, le tissage imposé de toutes les intentionnalités en une actualisation, constante, puisque l’on ne pense pas sans penser, marquer chacun des rapports),

le sujet (christique ou cartésien qui amèneront quantité de sujets possibles, chacun parvenant à accéder à son propre champ intentionnel, et donc de perception, de pensée, de représentation, de littérature, etc),

la révolution qui ouvre la société humaine intérieure, en tant que société civile, et intérieure à et en chacun et en tous, inaugurant mais tout autant continuant absolument le dia-logue des sujets (qui sont la forme universelle du réel, an tant que le réel est le Rapport) et des je (qui sont la formulation par chacun du sujet universel). Et donc la conscience de « soi » dans lequel (soi) il devient, pour chacun, possible de « (se) » rendre possible et donc capable ; nous nous sommes acharnés à déployer toute la possibilité de notre champ intentionnel individué.

Or en même temps, puisque le sujet est la forme même de l’universel (l’universel enfin réel et concrètement là et non plus supposant une abstraction, un intellectualisme, à fondement intellectif (lorsque la « pensée » est supposément le réel de la réalité, ou ensuite lorsque l’esprit existerait en lui-même) ou, outre l’abstraction, l’universel comme tautologie ‘infinie’, puisqu’ici l’infini se prononce dans son effectivité ; le rapport de conscience, qui s’impose comme la volonté de Descartes, l’intentionnalité pour Husserl, la néantisation pour Sartre, etc ; etc par exemple le sujet transcendantal de Kant qui, rappelons-le, n’est du monde, phénoménal, mais de la structure, nouménale, qui entoure le monde, le vécu ; ou la négativité qui pour Hegel, bien qu’elle n’est pas, crée tout le devenir de sa phénoménologie, cad tout).

Si le sujet (la forme structurelle qui seule assume, et assure, le possible comme règle du réel, puisque le sujet est rapport et donc n’est pas, mais existe ; on reprend absolument Sartre, tel quel, presque, on verra) est la forme universelle seule réelle, qui ex-siste, alors sa modification modifie tout, toutes les consciences ; qui au fur et à mesure, parviennent à comprendre leurs capacités (il n’est pas évident du tout, pour chacun, au sortir de l’antiquité, de saisir qu’il dépend de lui-même, face au regard du christique, certes, mais responsable « de soi », on ne sait pas ce que cela veut dire et encore moins peut impliquer ; tout cela n’est plus régulé par le collectif, la tradition, le sacré, etc ; rappelons que le divin est séparément du monde, et vient en plus et non pas est une partie du monde, sacrée, réservée mais donnée dans, comme monde ; le sacré ordonne le monde, le divin inter-vient).

Et leurs capacités dont celle-ci ; que je suis ce je, que je suis l’unité, potentielle, de la vie vécue, des perceptions ou de la littérature ou des esthétiques ou de la politique, etc. De tout ce que comporte l’humanisation pour nous ; dont le contenu est la personnalisation (les désirs du libéralisme et non les besoins du communisme ou autre angélisme ou universalisme, qui était devenu hors de propos). Et une unité qui n’est pas simple du tout, une unité qui consiste non en un « être » mais un mouvement, une intention, le signifiant même (qui origine tous les signifiants, il y a langage parce que la cervelle crée cette tension dite « conscience », retour sur lui-même du corps vivant, lequel dispose d’un champ de perception et d’une unité corporelle, séparée du donné) ; une unité qui dépend de son propre engagement pour exister, qui doit insuffler une liberté ou une vérité ou une réalisation, si elle entend poursuivre son existence au plus loin ou au plus haut possible, cad selon les plus grands, ou profonds, rapports possibles.

Les plus « profonds » ; qu’est-ce que cela veut dire ? Cela tient de fait à l’unité de chacun en tant que chacun (et donc de la considération que l’on a d’autrui ; ce devenir, cette dimension sont lancés via autrui, par le christique, et ensuite via l’interrogation ‘sur soi’ cartésienne, et évidemment tout mélangé dans toute la nouvelle littérature qui n’est plus antique, à partir de Ch de Troyes par ex ou la poésie du Moyen Âge).

Or l’unité de « soi » n’est évidemment pas évidente du tout, puisque c’est un rapport et même le rapport le plus abscons qui se puisse (pour nous, dans ce monde ou ici-bas ou selon notre, très, limitée expérience) ; et qu’ainsi ce rapport que « je » suis est l’origine, la source, la cause, puisque la possibilité, de tous les autres rapports (le champ intentionnel, que Sartre tirait du côté d’un champ impersonnel, voire universel).

De même si dieu existe, il n’est pas un « être monobloc » pour ainsi dire, mais le mouvement de tous les mouvements et donc en aucun cas il ne voudra à la place de quiconque, et appelle justement chacun en son mouvement propre, lequel n’est jamais écrit (on ne sait où), sinon il ne serait pas un mouvement, une activité et donc ne serait pas (comme un « je » qui se prononce ou un sujet formellement parlant ou un moi-même, pour tout un chacun depuis le 20éme ; il y eut, au 20éme, une prise de conscience de soi de chacun des mois, notre invention même, partout sur la planète).

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