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instants philosophie

L’impossibilité dite « humaine »

26 Août 2017, 10:17am

Publié par pascal doyelle

Auparavant la nécessité nous tenait lieu de contrainte, mais depuis que nous en sommes plus ou moins libérés, nous nous révélons tels ; sans contenance, sans tenue, tout molasse.

Je ne sais trop comment le dire : nous ne sommes pas du monde. Inutile de chercher ceci ou cela, nous n’y sommes pas. Et le monde est lui-même si peu le monde qu’il y a le présent. Et que le présent est la négation de tout monde. Ce qui veut dire : est le dépassement de tout monde. Et le présent les absorbe tous. Nous ne sommes pas du monde, signifie que nous sommes à partir d’une structure autre, antérieure, en plus du monde et autre que le corps.

Rien ne dit que cette structure survit après la mort ou autre imaginations (ou révélations si on est croyant et on peut tout à fait être croyant), mais le fait est que nous ne sommes pas ce corps que l’on est.

Il faut donc doubler le monde, le corps, le vécu, la détermination, la réalité à partir d’une structure – dont on a pu imaginer ou figurer ou rêver ou prévoir ou deviner peut-être qu’elle était un autre monde, mais ça on n’en sait rien du tout ; on ne peut pas avancer au-delà du constatable et dans le constatable il y a ceci que l’on n’est pas le corps que l’on est, point. Puisqu’on le voit. Si on le voit, de même que l’on voit le monde ou tel autre corps ou telle chose, de même que l’on voit sa propre mort, par ex, c’est que « cela qui voit n’apparait jamais dans la vue ».  On peut supposer que l’on saisit cela qui voit, l'imagine en réalité ; on dit « c’est la cervelle » ou « c’est l’âme » ; ce genre de présupposition c’est tout un ; parce que cela qui voit ne peut pas être déterminé ; si il était déterminé il ne verrait rien ; il serait la détermination elle-même, pas la distance envers la détermination. Si la vision de la réalité tenait à la cervelle on ne verrait que les informations engrammées dans la cervelle ; auquel cas on ne voit pas à quoi servirait un acte de conscience qui précisément s’utilise de faire attention à l’inattendu.

Ce qui est à distance d’une seule détermination (ce corps par ex) est distant aussi et de fait de tout le reste. Il faut donc penser la distance. L’écart, la différence, le heurt, l’anfractuosité, l’altérité.

Ce que situaient la pensée grecque, le dieu juif, le christique, le sujet (et ce que tentent de réintroduire Nietzsche et Heidegger, une différence dans l’être même, par quoi il est un réel d’une part et une réalité d’autre part ; la Volonté ou l’Etre ne sont pas les effets dont ils sont la Cause) ce que visualisaient les grandes configurations donc, cette sur-hyper-méta (puis anti) structure a été bannie à partir du 18éme ; lorsque l’on a remplacé dieu par la nature, la pensée par la raison et le sujet par le moi (humaniste ou personnaliste). Il devenait alors impossible de dessiner une borne au désir ; en ceci que la pensée, dieu, le christique ou le sujet admettaient une non réalisation de notre réel dans cette réalité, dans ce monde, et s'en référaient à une structure de l'insatisfaction, tandis que le rabat vers la nature, le donné, le moi, la raison et l’humain supposaient qu’ici dans le monde on pouvait se réaliser ; puisque plus aucune part de nous-mêmes n’existait ailleurs.

Alors on a cherché à être pleinement et totalement heureux, satisfaits ; ce qui est absurde. Et on a pris nos désirs pour des réalités ; le mot même de « désir » n’a aucun sens ; il n’existe nulle part dans la nature de désir « indéfini » qui passe d’un objet à un autre indistinctement ; « désir » est juste une appellation hypocritement « naturaliste » et « réaliste » pour signifier le mélange de la structure infinie et du fini du monde ou du corps, une belle farce oui, et désir supposément accessible, puisque tellement naturel et spontané et « authentique », quelle bêtise, mélange fantasmatique qui ne signifie rien, auprès duquel on court constamment sans rien attraper du tout. De même que certes Nietzsche et Heidegger antériorisent à partir de la Volonté et de l’Etre, mais c’est d’une gigantesque hypocrisie que ceux-là ; volonté et « force » s’empruntant d’une pseudo scientificité, et Etre d’une absurde révélation délirante et totalitaire intégralement. Au moins Sartre et Lacan ne supposent rien de tel ; ils décrivent l'étrangeté sans fard, sans enluminures, sans fioritures, sans images, sans ‘poésie’ élucubrée (même si ils tombent un peu plus loin en une élucubration relative, à leur manière : ce qui les sauve c’est leur orgueil natif de français, bien trop individuels pour succomber à quoi que ce soit au-delà d’eux-mêmes, d’eux-seuls, cela forme leur saine limite).

Et comme on constatait bien sérieusement que vraiment on n’était pas heureux, achevés, satisfaits on a accusé l’idéalisme, le christianisme, les juifs, les pseudo-grecs Socrate et Platon (il faut le faire quand même, il faut le vouloir pour délirer à ce point là), ou même comme un chien se mordant la queue on a pointé du doigt la raison, la démocratie, le sujet, la liberté, la vérité ; comme si quoi que ce soit pouvait tenir comme par magie, par magie et esprit embrumé, en dehors de la pensée-raison, dieu-naturalité, sujet-moi, universel-humanisme, liberté-vérité – donc ce sans quoi tout s’effondre par le dedans. C’est parce que l’on a obtenu toutes ces structures que l’on peut, parfois, ici et là, se lâcher par délire intempestif et jouer de-ci de-là les grands pontes. Supprimez tous les acquis, et voyez ce qu’il vous reste : rien, juste des débris de fantasmes.   

La vérité c’est celle-ci ; on n’a pas su tenir la promesse que l’on s’était faite. Jusqu’alors la nécessité du monde nous tenait lieu de logique, de contrainte, et on se devait alors de se préserver, bien forcé. Mais sitôt qu’au travers de tous ces acquis on a pu se laisser-aller, la facilité institutionnelle de l’Etat, la facilité technique et scientifique, la facilité d’acculturation généralisée (chacun disposant de tous les récits du monde, et tous les récits au lieu d’en retirer le structure forte furent transformés en distractions ; dieu, le christique, le sujet, la pensée, le Un, l’universel lui-même furent réduits en récits caricaturaux, interprétations absolument pas au niveau de l’enjeu, interprétations réductrices à la dimension du petit désir bouseux), alors  en vérité finalement débarrassés de la nécessité il s’est révélé que nous étions dépourvus de colonne vertébrale interne, intrinsèque, structurelle, et débarrassés de la nécessité qui nous soutenait, nous nous sommes effondrés, avachis, effilochés, laissés dévorer par le monde : l’immédiat et la bassesse.

Le cadre démocratique universel tient, mais c’est le cadre institutionnel qui tient, en-dedans le mental humain, les images humaines sont totalement mangés, engloutis par les fantasmes, dévorés par les petites immédiatetés sans envergure et immédiatetés, bien salement réalistes, que l’on a fini par prendre pour la réalité même ou plutôt pour le réel de la réalité. La liberté tient parce que c’est une structure et qu’elle existe solidement, mais l’utilisation de la liberté est totalement dépenaillée, en loques, et tombe sans cesse dans quantité de mirages suscités de la facilité du monde et du vécu ; on ne sait pas se tenir debout, en quelque sens qu’on le prenne, on ne sait pas, on ne dispose pas de la volonté intentionnalisatrice suffisante, on ne sait pas mobiliser l’attention et la constante, on ne sait pas utiliser la puissance absolue de la structure. Nous n’avons aucune stratégie quant à l’existence, l’exister, et on se laisse glisser vers l'effilochage de notre arc structurel. Et par puissance absolue il faut entendre ; la possibilité même d’exister, de devenir DANS l’articulation au réel. On se réfugie dans de pseudo-interprétations qui n’ont que cette fonction de faciliter nos plus communes et collectives ou immédiates et individuelles petites envies.

Et le comble c’est que l’on ne peut pas prétendre que « vraiment la nature humaine est ainsi faite ». Parce que ça ne relevait pas de la nature, on a quitté la nature depuis des dizaines voire des centaines de milliers d’années, on n’y a jamais foutu les pieds dans la « nature ». C’est juste que l’on n’a pas su décider et vouloir, ni intelligemment, ni suffisamment.

Parce que si l’on a bien suivi, ce qui se veut dans la réalité et qui découvre que la réalité, donnée là, la détermination, se dédouble d’un réel (et ce doublement de l'être, de la réalité, c'est objectivement l'actuel, le présent) alors le réel, la structure doit se décider d’elle-même ; que serait le Un si il ne se décidait de par soi ? Il ne serait pas. Ce que Platon signifiait par les Idées ou les juifs par Dieu ou ce que signifiait le christique et le sujet et la pensée et l’universel, c’était précisément les articulations gigantesquement possibles de la structure dans le monde, dans et par ce monde ;ces articulations qui ne Sont pas, nulle part, mais qui Ex-sistent ou devaient Ex-sister, sortir, toutes exactes, de l’actualité du présent et de la décision ; dieu, le christique, la pensée, le sujet, voila ce qui nait soudainement et emporte le réel ; et abandonner ces structures c’était immédiatement retomber dans le monde mais exigu, écrabouillé en petits morceaux malléables au service de petits désirs ou de volontés pitoyables. Et même piteuses. Parce qu’elles le savent, elles s’en doutent.

Les grandes configurations (dieu, pensée, christique, sujet) étaient en mesure d’orienter l’arc du réel (l’articulation conscience/présent, forme/contenu, sujet/réel que l’on a pu extraire du donné monde, grâce à ces structures), mais sitôt que l’on réduit les paramètres (en pensant atteindre un réalisme mais tenant la réalité on ne tient que des bouts de réalité, et non le réel) et que l’on recalibre l’attention et la conscience-de à ce seul niveau du donné, l’arc tombe au niveau de ses contenus et ne peut plus d’auto-organiser en tant que réel ; c’est non pas de connaitre les réalités mais de penser le réel de ces réalités qui devait être continué. C’est ce que l’on a ciblé depuis Descartes et malgré tout par Nietzsche et Heidegger (bien que leurs mouvements se retournent dans le retour et n’accroche plus l’arc du réel) et que l’on a repris plus strictement par Sartre et Lacan ; l’articulation telle quelle, au plus proche (et en ce cas on y est en plein, DANS l’arc lui-même).

Qu’il y ait la science oui, mais qu’il n’y ait que la science, non. Qu’il y ait le désir, oui, mais que le désir soit toute l’explication que l’on puisse avancer, non. Qu’il y ait le monde et rien d’autre, non. Parce que quoi que l’on fasse, dise, imagine ou pense, nous sommes déjà Autres que le monde et chacun est Autre que sa vie et Autre que son corps ; c’est comme ça, c’est le fait majeur et formel, et c’est parce que la distance existe que l’on A un corps, une vie, un monde. Sinon nous n’aurions rien de tout cela ; nous serions ce corps, ce milieu, ce donné. A vouloir tout ramener à un être-là parfaitement stupide et sans articulation (sous prétexte que vraiment l’articulation relevait de l’idéalisme ou de dieu ou de ces ‘machins’ semblables) on a éteint l’arc de la possibilité ; les grandes configurations, dieu, la pensée, le christique, le sujet et même les divagantes pensées de l’altérité (qui voient bien qu’il leur manque un truc et qui en font des tonnes dans l’enflage, dans l’avenir grandiloquent, et le communisme dont on ne sait absolument pas ce que signifie la société radieuse) les configurations au moins assumaient et fondaient une énorme articulation et donc LA possibilité ; celle-là même dont nous sommes issus, et dont nous amassons les bienfaits, les effets, oublieux de la structure même, la vomissant, tellement arrogants et malsains, et les petits atermoiements, les fantasmes avérés, les immédiatetés sans profondeur, le nez dessus, ont rabattu l’ampleur au plus ridicule niveau de la vision, ce qui veut dire de la perception. Les corps eux-mêmes ne se perçoivent plus vraiment ; ils s’empêtrent.

Le nez dans la soupe.

Descartes et Kant voulaient établir la grande articulation structurelle et/ou transcendantale, on n’en a retenu que les faciles évidences, et non l’empire de volonté tendue et arrachée au donné et au monde et au corps, histoire de ne pas trop se torturer le mental. La révolution supposait qu’elle n’était pas close et se devait de s’approfondir, on a caricaturé toute la possibilité et réduite à un tas d’intérêts débiles, on a nommé cela « l’économie », cette caricature de pensée, et scientifique et philosophique, entre autres. La représentation voulût s’augmenter si fort qu’elle pouvait devenir la conscience-du-monde, court laps de temps réflexif des années soixante, c’est retombé dans les raccourcis des pires pouvoirs crasseux et les diverses catatonies psychiques de tout un chacun ; on ne mérite pas mieux.

L’affirmation de la liberté n’impliquait pas la « toute puissance » ; c’est l’interprétation dégradée de la liberté qui a lâché le fantasme dans la réalité, l’irréalisme et la bassesse ; c’est le milieu humain qui n’a pas voulu reprendre les grandes articulations ; il n’a pas opéré l’historicité toute vivante, la transformant en cadavre, par « sens de la révolte et libération de la multiplicité ou de la nature spontanée » ou autres conneries, mais par facilité et abaissement de soi ; parce que c’était bien plus simple de se laisser-aller plutôt que de reprendre et contenir, en soi, les grandes articulations. Descartes ne se croit pas « maitre et possesseur de la nature » mais maitre et possesseur « pour le bien humain », et non pour délirer sans mesure ; refuser à Descartes sa capacité, lui si précautionneux et si lucide (qui ne s’emmêle jamais les pinceaux et ne nomme pas même sa découverte « sujet ») c’était ruiner la tension verticale non-finie, la distance rigoureuse, qu’il se permettait de lancer dans le réel. Ne retenir de Kant que l’abandon de la métaphysique c’était à bon compte nier qu’il entendait élaborer toute la conscience possible de nos limites et dresser de cela la carte même du Bord de la réalité. Ne retenir de Sartre que son communisme (qu’il tentât si durement de repenser intégralement) c’est ne pas dessiner tous les embrayages de conscience (vis à vis de soi, des autres, du monde, de l’histoire, et de l’ensoïté du donné) dont il rend le compte exact afin que nous n’en soyons plus les jouets.

Bizarre mentalité qui croit interpréter avec réalisme supposé le réel et l’historicité, alors qu’elle ne pense pas du tout au même niveau, ni selon le même degré de réel,  et n’a pour finalité que la facilité de ses petites envies à satisfaire.

Et qui refusant de considérer rien de plus élevé que son moi, laisse celui-ci intouché et fade, ramenant à sa fausse-dimension tout ce qui lui tombe sous la main. Il ne lui vient pas à l’idée que derrière son propre moi s’étend le sujet réel, la structure et son architecture, et que cette hypothèse ne signifie nullement céder à l’irréel, mais qu’au contraire ce moi disparait dans ses propres images. Le moi nomme irréel ce qui ne convient pas à ses propres images de gosse pataud, lourdaud, avec ses grosses mains avides, cette gueule énorme, cette monstruosité. 

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Histoire de la philo, en quatre points

23 Août 2017, 09:34am

Publié par pascal doyelle

 

Surintentionnalisation ; les grecs, qui passent outre le langage, le groupe et sa mythologie, l’immédiat et le corps, puisqu’est découverte la capacité de non pas recevoir des contenus, des représentations, mais de les produire ; de les produire en augmentant considérablement l’intentionnalisation ; et intentionnalisation qui apparait comme telle au grand jour et se nomme « pensée » ; une intentionnalisation, une idée. Il existait de la pensée avant les grecs, et qui se connaissait comme pensée mais se référait à un super contenu (dieu, l’absolu, l’éternité, etc qui ne sont pas « ici », et donc que l’on ne peut pas penser correctement, dont on ne peut pas acter la cohérence, on doit y croire et non pas l’analyser et le comprendre, mais si la pensée est cohérente-ici alors le réel est tout entier ici … il n’y manque rien, c’est juste que l’on ne sait pas tout ce qui est, tout ce qu’il faut comprendre). Ici la pensée se connait face à la réalité et s’introduit dans la réalité en démultipliant ses activités (esthétique, éthique, politique, idéel, philosophie). Face au donné tel que «là » ; divisant instantanément le donné en « ce monde » et le « là » du monde ; le monde apparait parce que dessous ou au-dessus, il est un horizon, l’être, sur lequel le monde, la détermination apparait. On peut en raison supposer que l’horizon synthétise toutes les déterminations que, via la pensée et l’universalisation, on pourra tirer de ce monde tel que là. Il suffit, a priori, pour cela d’élever de plus en plus l’universalisation et la connaissance et l’horizon produisant toutes les différenciations du monde réel, nous animera au travers de toutes les distinctions idéelles de notre pensée ; la réalité est une différenciations et la pensée en produisant les distinctions idéelles, nous égale à l’architecture du monde, et de ceci augmente de toute manière (même si l’on ne parvient pas jusqu’au Un qui est Tout), augmente considérablement « ce que l’on perçoit du monde ». C’est cela que les grecs comprennent et dont ils s’entichent à juste titre ; par la pensée et l’universalisation de l’intentionnalisation qui produit quantité de distinctions, mentales, on perçoit quantité de différenciations, réelles.

Ce qui implique que chacun fasse l’expérience du monde ; on ne pense que si l’on pense, sinon on ne voit, littéralement, rien. On voit des images ou des reflets d’images (puisqu’il est avéré que certaines « images » sont des images-idées ou même des idées-images, mais on sortirait du cadre).

Chacun mais non pas individuellement ; on se convertit à « la pensée » ; elle est universelle et chacun doit se séparer de « soi ». 

L’hyper intentionnalisation – le christique ; hyper signifie que l’intensité prend entièrement l’individualité ; l’individualité va se retourner intégralement sur elle-même et ce à partir du point-Autre, qu’est le christ, le christ qui manifeste de fait et en une fois que l’Autre-point existe et qu’il est le réel ; ce à partir de quoi ou de qui on perçoit que l’on existe ; si on sait que l’on existe (et que l’on va mourir) on le sait à partir d’une perspective ; quelle est-elle ? Le christique est le regard autre qui vous crée ; il vous foudroie sur place et vous montre que vous vous percevez de l’extérieur et que cet extérieur est absolu ; bien plus grand que la vie que vous menez. C’est cela qui s’introduit absolument, cad formellement, par le christique ; la forme de votre regard est plus grande que tout ce que vous pourrez percevoir. Le christique est l’ensemble des possibilités qui nous tombent dessus lorsque l’on s’aperçoit que l’on est en-plus. On regarde en-plus à partir d’un point absolument Autre et on ne sait pas pourquoi ni pour quoi.

Et cela prend radicalement, à la racine ; et la racine (outre celle structurelle, sur laquelle on n’introduira pas ici) est le corps ; il est clair que c’est intensément que tout ce que l’on est, durant une vie, entre en scène ou sort de scène, comme l’on veut ; saisi à vif, comme sur la poêle, à vif d’un Point qui est Autre.

Il est clair que l’individuel est alors bien plus profond que pour les grecs ; jamais à partir de l’universel on n’obtiendra la sidération de se percevoir d’un point autre que soi ; lorsque les grecs saisissent l’individu ou l’humain ou le monde, c’est sous couvert de l’universalité, de l’universalisation, de la pensée, de cette interface monumentale et architecturant universellement la réalité. Lors que le christique sur-existe soudainement, l’architecture universelle ne peut pas intégrer une telle divergence.

Il faudra, intégralement, toute l’historicité qui suivra pour commencer d’appréhender l’irruption individuelle dite christique ; Sartre et Lacan commencent à peine de saisir le début de cette individualité structurelle. En vérité l’organisation intégrale, le déploiement de l’historicité tente de déplier la structure mise à jour (ou révélée si l’on est croyant) par le christique.

Il est vrai que cette structure ne s’anime a priori que dans la conversion ; le regard christique crée votre âme, ni plus ni moins. Ou dit autrement le regard recrée votre corps ; un autre-corps. Et cela ne tient que d’être vu, vous-même, par le christ.

Ce qui est considérablement à la fois repris et bouleversé par Descartes.  

La méta-intentionnalisation. Descartes mine de rien, substitue singulièrement le Regard christique ou si l’on préfère l’approfondit ; il le remplace par un méta regard de soi sur soi ; sauf que de ce fait ça n’est plus le même soi… Le regard cartésien, est qualifié de retour sur soi ; mais au sens de « se retourner sur/vers soi » et de re-tour, de nouveau tour joué.

Ce qui était réflexivité dans la pensée, grecque, soit donc la capacité de mesurer la totalité des intentionnalités, des idées, en une fois, une fois qui rende la cohérence de la pensée, par quoi la réflexivité est l’auto-vérification de toutes les intentionnalités dans et par la cohérence que l’on admet (se rendant capable de saisir la cohérence de la réalité), devient par Descartes réflexivité au sens de retour sur cet-être que l’on est ; il faut même dire de cet-être que l’on existe (de là que la méthode ait cette structure de récit, de devenir, de devenir autre que soi et qui rend autre tout ce qui est, par le rêve, le malin génie, les marionnettes humaines, la folie, etc). Pareillement si l’on revient sur soi comme étant cet-être qui est « là », Descartes va disposer la réalité comme étendue (mathématisable et non plus pensable, ce qui fait s’écrouler toute la pensée métaphysique) ; cet-être qui est le « nôtre » est posé « là » sur le monde-étendue, comme cloué et ne disposant d’autre ressource que la sorte de performance interne de la volonté (identique à celle de dieu), et performance du doute par son circuit. Et sur l’horizon du monde, sur l’horizontalité, s’impose, toute verticale, la conscience de « soi », laquelle est quand même très étrange ; elle parait non pas une structure personnelle mais pourtant absolument singulière et ne relevant plus de l’universel, non par défaut mais par excès.   

De même que l’on ne peut plus universaliser le monde selon la pensée mais selon la mathématisation (et les sciences), de même on ne peut plus penser notre être comme un écho, pour ainsi dire, de la pensée du monde, et qui descendrait jusqu’à la connaissance, lorsque l’on s’y efforce. Notre être n’est pas un agent pensant qui recevrait la pensée toute faite, ni qui consisterait en l’universalité. Il faut une description bien autrement outillée pour saisir que cette « âme » dans chaque corps, humain, est un arc de conscience qui s’élabore et qui s’architecture (en tant que sujet et en tant qu’historicité qui a déployé toutes ces facettes et ses possibilités). 

On a ainsi dû recourir à une nouvelle interprétation ; soit saisir toute la constitution du monde donné et de la pensée elle-même à partir d’un « sujet » dit sujet transcendantal (kantien) ; soit retrouver toute l’historicité des déplacements de cet arc de conscience au travers des deux phénoménologies (celle de l’esprit et celle du savoir absolu, de Hegel) ; et puis enfin d’entrer dans le vif en remplaçant la « pensée » (qui est seconde depuis Descartes, qui est effet et non plus cause) par l’intentionnalité ; et tout ceci en se maintenant dans la réflection (la réflexivité de second degré, plus antérieure) ; l’image de lui-même que le miroir, en personne, tente de définir ; soit donc de pénétrer dans le secret du divin en quelque sorte. Non plus de s’animer dans des idées ou des images, mais d’explorer la structure même qui génère toutes les images et toutes les idées (et les mondes humains, les langages, les identités, etc)

L’anti-intentionnalité

Dès lors la structure est lâchée dans le monde, nue et sans rien. De là qu’elle comprenne sa propre liberté. Mais Descartes a également montré le monde tel que là ; l’étendue du monde, le silence éternel des espaces infinis qui effraient. Tout arc de conscience parait alors isolé et perdu dans l’altérité totale du donné, l’immensité de l’univers réel, ses ultra complexités, et les déboires de toute vie individuelle, son absurdité, accidentalité, non sens ; on usera par l’anti-intentionnalité de toutes les figurations de cette altérité, puisque l’on ne croit plus à l’être, à dieu, au christique ou au sujet, (ne comprenant pas que par sujet il faut entendre tout à fait autre chose qu’une « substance » ou un idéel ou un idéal ou une identité quelconque ; le sujet kantien, hégélien, husserlien est bien éloigné de toute substantialisation). La vérité est que le sujet, structurel, se sait instantanément comme sujet, mais que le miroir n’admet pas, refuse, nie qu’il soit ce miroir ; il voudrait encore se mirer dans une image ; il emploiera l’Etre (Heidegger), ou la Volonté ou le langage, ou l’inconscient, ou ce que l’on voudra (l’économie ou la neurobiologie, etc) pour travestir et couvrir le miroir même.

On a atteint le miroir même, mais on ne veut pas le voir en face.

Malgré eux N et H manifestent d’une part l’altérité interne (par la figure de la Volonté qui est autre que nous) et d’autre part l’altérité externe (l’être, le « là » où depuis Descartes nous sommes situés, dans l’altérité du donné-monde-étendue) ; ce qui sont des figurations d’un mouvement de structure mais non pas la structure elle-même ; qui est effectivement la conscience comme plus grande que le conscient et le réel tout à fait autre que l’humain. Un degré de plus et Sartre va nous exposer la structure dans l’externe du monde, des autres et de l‘historicité et Lacan va remonter la structure tout au long de l’identité du moi humain, du corps humain. De sorte que littéralement tout a commencé d’être exposé au devant de nous, sous notre regard. Mais commencé seulement.

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22 Août 2017, 13:51pm

Publié par pascal doyelle

Histoire de la philo, en cinq points

Sur-hyper-méta-anti et analytique de l’intentionnalité

Surintentionnalisation ; les grecs, qui passent outre le langage, le groupe et sa mythologie, l’immédiat et le corps, puisqu’est découverte la capacité de non pas recevoir des contenus, des représentations, mais de les produire ; de les produire en augmentant considérablement l’intentionnalisation ; intentionnalisation qui n’apparaissait pas comme telle jusqu’alors (elle était prise-dans un contenu, les images, les mots, les héros, les dieux, les récits, etc), et intentionnalisation qui apparait comme telle au grand jour et se nomme « pensée » ; il y avait de la pensée avant les grecs, et qui se connaissait comme pensée mais se référait à un super contenu (dieu, l’absolu, l’éternité, etc qui ne sont pas « ici » et donc que l’on ne peut pas penser correctement, dont on ne peut pas acter la cohérence, on doit y croire et non pas l’analyser et le comprendre, mais si la pensée est cohérente-ici alors le réel est tout entier ici … il n’y manque rien, c’est juste que l’on ne sait pas déjà tout ce qu’il y a, tout ce qu’il faut comprendre). Ici la pensée se connait face à ; une et par anticipation ou par logique un Un qui est Tout. Face à l’être ; le donné tel que «là » ; et l’intentionnalité se connait comme telle en ceci que la pensée se définit comme tournant à partir d’elle-même et engendrant des idées (que ce soit pour de vrai, comme un logos qui génère ou pour-nous, comme une universalisation) ; de même que le réel est « là », de même la pensée est « ici » ; il n’y a pas d’extériorité à « ce qui est ».

L’hyper intentionnalisation ; le christique (en ceci que le christique ajoute à l’intentionnalité qu’est, que serait dieu, un corps en plus) ; hyper signifie que l’intensité prend entièrement l’individualité ; l’individualité va se retourner intégralement sur elle-même et ce à partir du point-Autre, qu’est le christ, le christ qui manifeste de fait et en une fois que l’Autre-point est le réel ; ce à partir de quoi ou de qui on perçoit que l’on existe ; si on sait que l’on existe (et que l’on va mourir) on le sait à partir d’une perspective ; quelle est-elle ? C’est ce qui s’introduit absolument, cad formellement, par le christique. L christique est l’ensemble des possibilités qui nous tombent dessus lorsque l’on s’aperçoit que l’on est en-plus. On regarde en-plus à partir d’un point absolument Autre et on ne sait pas pour quoi. Et cela prend radicalement, à la racine ; et la racine (outre celle structurelle, sur laquelle on n’introduira pas ici) est le corps ; il est clair que c’est intensément que tout ce que l’on est, durant une vie, entre en scène ; saisi, comme sur la poêle, à vif d’un Point qui est Autre.

Hors du christique il est extrêmement difficile de comprendre l’individuel ; l’individué peut être traduit comme en-deçà non-pensable de l’universel – universel qui seul nous fait-voir le monde, nous offre une perception considérablement augmentée du monde, et si l’individuel n’entre pas dans l’universel, alors on ne sait pas quoi en faire, comment l’organiser ;la seule solution est que l’individuel se transporte dans l’universel et s’oublie comme individuel.

Mais le christique dispose de ceci qu’il incruste absolument la positivité absolue, cad formelle, de l’existence. Il n’est pas vrai que vous n’êtes que ce corps et il n’est pas vrai que vous serez identique à dieu ; vous serez vous-même, tel quel, en même temps non pas identique à dieu, mais en rapport d’égal à égal, par quelque mystérieuse part, ce qui veut dire par quelque étrange rapport formel et tout doit être redistribué, et le sera selon ce rapport nouveau et autre.

Tout le kaléidoscope doit être remodelé ; ça ne modifie pas seulement la substance du réel  mais ça bouleverse la nature même de cette substance qui n’est plus la même (lorsqu’auparavant dieu-seul demeurait le Même) et intensifie la source par quoi cela devient l’articulation conscience/réel (et non plus seulement, si l’on peut dire, l’abnégation conscience/dieu). Il ne s’agit pas d’un état stable du croyant vers dieu tout là-haut ; il s’agit d’une dialectique, d’une autre sorte de logique formelle … qui donc crée le formel lui-même. Par le christique on passe plus encore du contenu et de la détermination au formel de l’acte, à l’indéterminé comme effecteur réel ; les grecs espéraient, attendaient une égalité de la forme et du contenu ; le contenu de l’intentionnalisation c’est la pensée. Mais l’intentionnalité commence soudainement de se découpler même de la pensée.

Descartes : la méta-intentionnalisation est un retour. Mais un re-tour : un nouveau tour. Ce par quoi on s’est saisi soi-même, par le christique, c’est selon le « point-autre » et ce point il lui vient de se retourne sur lui-même et commence, commence seulement, de se percevoir (il n’est plus seulement perçu par jésus, raison pur laquelle la conversion était si absolument et formellement essentielle, maintenant la conversion c’est le doute-cogito-infini-étendue-corps ; c’est cela que ça signifie le cogito) ; si il est un point-autre (par qui, par quoi on se perçoit) alors on peut le nommer, désigner, supposer, signifier. Descartes est ce mouvement de retour vers cet-être tel que « là ». On ne veut plus seulement connaitre le « là » au devant (le monde), ou l’être (tel qu’il est éventuellement possible de le penser en l’entourant de toutes les intentionnalisations disposées en système et en systèmes). Et on se demande : de où regarde-t-on ? De où le christique nous voit-il ? Descartes craignait de ce que l’église pourrait penser de son irruption du sujet (qui est « celui qui se voit » sans le secours du christique, et qui doit réinstaller un autre rapport, à tout ; à dieu, au monde, au corps) ; tout cela n’est pas dit tel quel, c’est montré tel quel ; c’est cela qui se vit, s’ex-siste ; tout cela est perçu par Descartes, au premier chef. Il y a une zone de rupture qui consiste à substituer au regard christique, le regard porté sur cet-être que l’on est (et qui nous structurait comme individuel, et tous les individus parviennent là à une égalité absolue, cad formelle ; ni homme, ni femme, ni riche, ni pauvre, ni esclave ni homme libre ; ce qui est une abolition totale non seulement de tous les mondes très durs et cloisonnés de l’antiquité, mais aussi de tout monde humain clos et cyclique et magique, et de toute immédiateté du corps-que-l’on-est) ; antérieurement à tout le manifesté, toute la détermination ; le retour sur cet-être est réellement un nouveau tour, qui dévoile un océan de possibilités, de possibilités structurelles.

Le méta est donc retour-sur ; il nous dépose « là » et en ce cas, puisque cette fois on est ici même sur le sol réel,  le « là » est le monde en tant que le monde est l’étendue.

Ce qui brise tout.

De là l’anti-intentionnalité.

Ça n’est pas seulement que plutôt que de désirer (ceci ou cela, dieu ou le paradis, la pensée ou l’absolu) cette fois on se prend comme « objet », ce qui inverse totalement toute qualification d’objet-et-de-sujet et oblige à une restructuration de toute la pensée (qui au lieu d’être réflexivité sur et dans et par le discours qui doit s’auto-organiser pour être compréhensible, et revenir réflexivement sur lui-même comme discours, cette fois ce qui est réclamé c’est une réflexivité sur un être, une structure réelle ; réflexivité prend donc un nouveau sens), c’est que, de plus, le réel, l’être est dit comme « étendue » ; le monde, l’être c’est ce qui est là au-devant et l’arc de conscience est strictement limité à cet-être-çi, cloué sur le sol (mais qui mène par ailleurs sa verticalité en cette limitation ; autrement dit la pensée, le penser n’a plus directement accès au donné tel que « là », sinon comme mathématisation ; l’arc a accès à l’in-fini, de sa volonté, ou à sa propre constitution mais plus à la réalité). Et c’est de cette étendue, de l’altérité manifeste (du silence des espaces infinis qui effraient) que partent les suivants ; de Kant (qui incarcère bizarrement le monde dans des « limites », le nouménal) à Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan.

De cette étendue du monde d’une part mais aussi de la possibilité visiblement qu’obtient notre être de se signifier lui-même ; on se prend pour « objet » mais on se prend aussi pour un objet … On va chercher à appliquer à notre être, cette structure, des qualifications péchées ici dans la science, là selon la poésie, ailleurs selon l’inconscient, etc ; mais toutes ces qualifications, qui rendent pourtant quelque précision sur tel ou tel ensemble dans la réalité, ces qualifications manquent l’acte même qui les pose ou qu’elles supposent ; c’est parce que l’on est intentionnalité que l’on se dit, de soi-même, « je suis selon l’inconscient et le langage » ; que cela soit vrai est seulement partiel, c’est « que l’on dise », « que l’on signifie » qui compte, philosophiquement. C’est pour redistribuer la perception, après que Descartes a originé la pensée en un être spécifique, qu’il faut renommer et désigner notre activité non plus de « pensée » mais en tant qu’intentionnalité (de même que Hegel doit supposer antérieurement à tous les mouvements dialectiques une activité négatrice constante) ; et que Husserl est contraint, si l’on peut dire, par la nature même de l’attention qui s’est déplacée de ses objets (idéels) vers cet-être que l’on est et que les idées ou concepts ou pensées ne peuvent plus y suffire.

Analytique de l’intentionnalité

Mais plutôt qu’intentionnalités (qui ciblent quand même malgré tout un contenu) il vaudrait mieux parler de signifiances ; c’est le passage entre Husserl et Sartre qui débarrasse la phénoménologie de ses/ces idéalités ; Sartre ne nous entretient pas des idéels mathématiques ou logiques ; il voit bien que l’on signifie par et avec le corps, non pas seulement le corps donné là mais le corps comme surface-autre, comme autre corps, et aussi donc comme corps de l’autre conscience, et que constamment Sartre perçoit dans le quotidien comme dans l’exceptionnel, l’engagement et l’historicité ; il étend singulièrement la capacité de signifiance. On y reviendra.

L’anti-intentionnalisation perçoit tellement que le réel ne nous attend pas du tout puisque le réel est parfaitement indifférent. On est plongé, immergé, débordé, absorbé, détruit, annihilé, parce qu’ignoré par le réel. Le réel est Autre. Tout le réel est Autre. Nous sommes dépouillés et morcelés par tous les bouts et également tous les bouts de corps, splittés par le réel Autre. Et donc l’intentionnalité (qui gouvernait par sa logique intentionnelle aussi bien son égalité pensée-réalité que son intention/vécu, aidé de jésus ou de Hegel et de la dialectisation intentionnelle généralisée) toute la réalité et notre réel, en supposant que cette intention était attendue, toute l’intention et l’intentionnalité donc s’effondrent.

Chez Nietzsche, Heidegger, (Freud, Marx), Lacan et il n’y a plus que Sartre qui résiste ; normal (arrogance des français, qui ont toujours raison : c’est comme ça). On va utiliser toutes les déterminations dans le monde donné-là (de la science à la poésie, de l’antichristianisme à l’économico-idéologique, du corps à l’inconscient, du langage à l’anthropologie, dieu lui-même devient l’Autre absolu et inquiétant, etc) et tout utiliser afin de nier l’intentionnalité, engloutir la forme dans ces nouveaux contenus ; ce faisant on utilise comme jamais cette intentionnalité, et elle se déploie dix mille fois plus qu’auparavant ; les nouveaux contenus qui étouffent la forme, la structure, sont produits à partir de la forme gagnée comme sujet. Et c’est le dit sujet qui retourne contre lui-même (puisqu’il est convaincu que l’être, l’idéel, l’idéal, le christique ne sont pas).

Et ils ont raison ; il n’y a pas d’Etre. Parce qu’il y a autre chose bien autrement que l’être. Ce que découvre toute l’exploration d’occidentalisation (dont on a dit qu’elle n’est pas « l’occident »), c’est le passage du contenu sur-intentionnalisé (les grecs) et hyper intentionnalisé (le christique) qui dépassent déjà le contenu obnubilant, qui manifestent déjà leur intention de ne plus dépendre des contenus (soit d’égalité du penser et de l’être, soit de saisie du point de regard autre sur tout le vécu) et de tendre vers la forme, antérieure, qui produit les contenus,

c’est, donc, le passage du contenu vers la forme même et la forme seule, qui précède les contenus ; Descartes, Kant, Hegel, Husserl, jusque Lacan, reculent au fur et à mesure dans l’antériorité ; dans ce qui existe avant le monde, le donné, la pensée, le christique, et même avant le sujet ; vers l’antériorité de structure qui pré-dispose à tout cela. Dont Sartre et Lacan présentent la première approche. Et cette forme qui est approchée, ne relève déjà plus du penser grec ou du regard christique mais de la dimension de l’acte-même précédant toute détermination, réalité, être. 

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Pourquoi y-a-t-il des sujets ?

19 Août 2017, 09:24am

Publié par pascal doyelle

La perception différentielle

Pour raisonner sur l’exister, qui n’est ni l’être, ni l’existence, il faut plier la pensée à un fait intuitionnel : c’est évident.De là que le procédé puise être totalement discutable ; et de là qu’un tel système ait à se modeler sur une intuition non seulement du réel (perçu sous la forme de l’exister) mais de plus et bien plus en tant que totalité en mouvement.

On explique. Lorsque les grecs ciblent l’être, que l’on analyse ici d’une part comme donné là et en tant que « là » du donné, il faut entendre donné-là tel qu’il nous parvient par et pour l’universalisation, la raison en tant que pensée, et "là" du donné en tant que "là" de tout donné, de tous les donnés, le « là » qui est source de tous les autres. Mais cela ne dit rien en soi ; on n’a pas une « idée » d’un tel « là », ni même du donné tel quel ; c’est l’ensemble, la totalité des définissabilités (l’universel, cad la pensée, le monde, cad les essences des choses, leur apparescence, leur mode d’actualisation dans le monde, puissance et acte, etc) qui nous permettent de comprendre ce que les grecs visent en tant qu’être. Et l’être des grecs se délimite en tant que pensée ; le pensable c’est l’universalisable, mais c’est aussi l’actualité de cet être, sa présence immédiate remontant jusqu’à sa présence immuable, ou particulière remontant sur l’universalisable, ou la disposition hasardeuse jusqu’à la bonne disposition des choses et des êtres, l’idée de bien, le bon rapport dans tous les sens du concept.

Mais l’idée, le principe, ici, est que l’on n’est jamais séparé de son aperception absolue, donnée là, immédiate et instantanée. Autrement dit si l’on était chrétien du 1er siècle on absorberait instantanément toute la décision de se convertir, on serait même précédé de cette décision. Si l’on était un hippie des années soixante on serait déjà instantanément (préalablement) et immédiatement (dans le monde) tout ce que l’on pourrait être durant ces années là. Il n’y a aucune raison de ne pas comprendre que l’on est déjà totalement tout ce que l’on peut être et qu’un coup de pouce suffit pour accélérer la mouvance, la signifiance.

Si l’on est Sartre on sait déjà comme la racine de l’arbre noueuse et massive, existe ; on a déjà perçu cela.

Ça ne signifie pas que l’on n’est pas libre de percevoir ce que l’on veut ; cela veut dire que l’activisme, la structure sans maître,  libre, a déjà, en nous, perçu son réel, et que cette perception est différenciée (de toutes les autres) parce qu’elle est différentielle ; elle est agissante.  

Par contre si on se contente des signes extérieurs de banalité, on retrouvera très bêtement les signes adéquats, tout à fait partagés entre tous ; à la différentialité commune, qui est une répétition des circuits mémorisés, de la masse cervicale, des mémoires et de la sorte de rêve éternisé qu’est la cervelle, et non de l’acuité, de l’hyper intégration accélérée qu’est l’arc de conscience tendu vers le réel, puisque le réel n’est que actualisme pur et brut ; on pourra ainsi interpréter le 20éme comme une sorte de 19éme amélioré… ce qui est bien, mais très nettement insuffisant.

Lorsque Hegel déroule toute l’instantanéité de ses deux phénoménologies (celle de l’esprit, de la conscience  et celle du savoir absolu ; le savoir absolu hégélien est le déroulé de toutes les négativités dialectiques, autrement dit des intentionnalisations, de la conscience dans et par la pensée, en tant que cette conscience crée l’universel, l’universalisation), il est imprégné de toute l’historicité ; il en dresse le bilan et il en agit tout entièrement avec tout le Hegel, la perception, le corps hégélien, la possibilité du monde que tout immédiatement présente qu’il y ait, dans la réalité, un Etat moderne, jamais vu auparavant, nulle part.  

Il n’est donc pas question de remettre tel conscient déjà digéré, déjà digérant sur la table, mais de montrer ce que par-dessous l’arc de conscience (qui n’est pas le conscient, qui est bien plus grand que le conscient) sait déjà ; il le sait sous la forme qu’il le perçoit. C’est déjà son corps, son corps dans une certaine disposition.

On a extrait le mécanisme de conscience (comme technologie réelle, qui se couvrait auparavant dans des mondes humains séparés) et une fois sorti de tous ses contenus (de tous ces mondes), ce mécanisme travaille, torture, avance évidemment immédiatement dans le monde (le réel et la réalité seuls l’intéressent).

On a vu que l’on définissait la conscience comme un arc tendu vers le réel, tel que donné « là », qui sortait de la cervelle y échappant et tissant de ce fait de structure ses propres trames ; au fur et à mesure. Ça ne veut pas dire que l’arc peut tout, qu’il sait tout, etc ; mais qu’il garde toujours une prédominance de ceci qu’il est issu du « là » du donné ; si un guerrier de l’autre clan d’à-côté surgit dans la savane, ce mini système de rien du tout est capable d’embrayé tout autrement la mémorisation d’une cervelle et de court-circuiter celle-ci ; ni plus ni moins. On ne voit pas à quoi elle pourrait s’utiliser sinon de ce court-circuit. L’arc de conscience fonctionne dans l’actualité du danger, ou de l'inattendu, cad dans le présent. Déjà on y voit que le présent est le « lieu où cela se passe » et  activisme de tout ce qui se présente. Or la réalité, le monde est cela qui se présente, mais aussi le corps ou le moi.

En un sens on pourrait redéfinir l’arc de conscience comme pré-perception ; ce que ne manque pas Sartre. Et c’est effectivement ce qui se passe ; ce qui se passe c’est que le signe, le signifiant fonctionne comme pré-pensée, à la fois pensée et pas-pensée-du-tout. Pensée commencée et non terminée ; qui ne fait pas système. Il faut être possédé par le systématique, cad forcer le réel à la pensée définie, idéaliste scientiste ou dogmatique philosophique ou idéologique, pour ne pas voir que de système il n’y en a pas ; nulle part ; pas plus dans la pensée que dans le langage, et pas plus dans le réel ; si le réel était un système il n’existerait pas, il serait fixé, figé.

Pensée commencée et jamais terminée… ce qui permet qu’elle, outre sa non terminaison, se disjointe en toute la sensibilité ; autant selon l’ouïe ou le regard, esthétiques, le corps ou l’imagination, éthiques et récits, la peau et l’unité ou l’autre déjointement qui consiste à se parler et se signifier du point de l’autre conscience… Parce que cet acte prend instantanément qu’il se prononce du dehors, et tout autant à partir de tel autre arc, telle autre conscience.

Qu’ensuite telle préperception (cad en réalité signifiant, signifiance comme technologie adéquate à cet arc) se formule dans de la pensée très-convenue est une chose, et c'est ce qui arrive le plus communément) mais  la pré-perception est beaucoup plus étendue que l'énonciation. Et la coïncidence est impossible parce qu’alors « conscience de » n’aurait pas lieu d’être. Et si l’on décide de ramener soudainement l’ensemble de la préperception à peine signifiée telle que cette signifiance ultra immédiate (cad théoriquement instantanée) dans la réalité, cela consiste à modifier le conscient, la mémoire, le donné déjà là, en fonction du donné qui n’est pas là ; le danger, dans le monde, qui guette.

Si l’on se préperçoit selon dieu, ça n’est pas la même configuration que si l’on se préperçoit en tant que jésus, et pas non plus selon René Descartes ou si l’on se déplace mentalement comme Mozart, on se déplace tout entier comme Mozart ou se super visionne par Rimbaud. Il est, de fait et sans aucun doute, une avancée dans l’épaisseur du monde d’une part mais aussi et fondamentalement une avancée dans l’inépaisseur de la forme du monde.

Nous nous sommes avancés vraiment bien au-dedans de l’inépaisseur ; lorsque les existentialistes dénomment la forme même, soit l’exister des choses et des êtres, et perçoivent l’arc de conscience et la structure du réel comme tels, c’est la précipitation, l’accélération de la préperception qui les absorbe. Puisque l'on a pelé le monde et le corps comme des oignons.

Il s’agit donc de rejoindre ce que l’on perçoit mais ne nomme pas. Et lorsque l’on nomme enfin ce dont on est le lieu, alors reviennent toutes les préperceptions précédentes, parce que c’est toujours le même Arc et toujours le même réel, tel que « là », qui se montrent.

Ou donc ; la perception non dite, à demi dite, est consistante. Elle est non ce que l’on voit mais ce que l’on perçoit (au travers de tout les voirs qui eux reviennent au conscient). Et il ne faut pas craindre qu’exprimés ils se transforment de signes en mots, en mots du commun ; il faut faire un effort considérablement pour comprendre Platon et Haendel n’est pas moins difficile (et bien que les esthétiques s’utilisent pourtant parce qu’ils avancent instantanément et immédiatement dans la sensibilité même, sur le corps, sur la peau du corps, mais portent le corps dans le champ du retour, du nouveau tour). On ne peut pas transformer les signes (à partir de l’arc de signifiance qui entame le réel) en mots (du commun et qui résident, habitent dans les objets). Et malgré tous les efforts répétés de la rationalisation ou du sens commun pour réduire les arcs structurels, les tissages et les trames articulés ; c’est simple si on ne s’y met pas on ne comprend pas du tout Platon ou on s’entre pas dans le corps mozartien (et on ne comprend pas non plus Led Zep du dehors, mais comme ils s’existent dans la préperception actuelle, ils avancent instantanément dans le champ) ; ça n’est pas la complication qui est en jeu, c’est l’arc tissé sur le corps même dans la préperception ; le joli, le distrayant n’est pas l’esthétique, comprendre, prendre avec soi, veut dire que l’on est le je qui est externe au moi, hors de soi ; on se perçoit, on perçoit le monde et l’histoire de l'humain selon Rimbaud. Qui restera lui-même un des Bords du monde et du corps. Sinon on en reste au moi. Imbougé, intouchable, mort ou plus exactement empli de son tourment psychologique et non pas ayant accès au structurel, à la forme pro-active.

Cela veut dire ceci ; puisqu’ayant afflué dans tous les sens, l’occidentalisation permet à chacun non plus de n’avoir accès qu’à un seul modèle (dieu, le christ, tel saint ou tel idéal culturel, telle mythologie et non telle autre), mais permet de varier intégralement le point de structure du réel ; et le point de vue de chaque structure une par une et c’est ce mouvement la vraie cohérence ; non pas le subjectivisme ni d’imposer une vérité objective, mais de pourvoir en une forme exclusivisme et manier l’exclusivité elle-même comme structure du réel.

Autrement dit on vous largue dans le réel, nu, sans rien et sans parachute. Et prenant forme comme Rimbaud ou comme Descartes non seulement il y va de la pluralité des structures, mais de plus chaque structure est en elle-même une systématique, une machine, une possibilité, une perception, un corps. Puisque la cohérence élaborée est la plus resserrée possible ; la forme structurelle d’un être, d’un réel ; l’arc de conscience (qui porte le conscient, le langage, le vécu, les échanges, le corps, etc, qui est le point, le levier qui décuple toutes les perspectives). Et aussi varié en soit le sens, il s’agit toujours de la même structure qui obtempère constamment une cohérence, une pratique, une présence active et fouillée, une possibilité élaborée ; et l’ensemble forme l’architecture du possible de tous les points, de tout point à partir de la structure telle quelle, nue, sans rien, qui s’est extrait de tout monde parce que de tout contenu ; non pour adopter une sorte de modèle religieux ni même idéal, mais afin que l’arc dans le présent ouvre sans cesse le monde, le vécu, le corps. L’arc est, dénudé, comme les fils, à même sa préperception et ramène, rassemble cette pro-intentionnalisation dans le champ de l’intentionnalisation ; laquelle se divise en sur-intentionnalisation grecque,(par-dessus le langage et le commun d’un monde), hyper intentionnalisation christique (intensification du corps), méta intentionnalisation cartésienne et suivants (réflexivité, retour-sur cet-être tel que là sur l’étendue-monde, qui crée la révolution), anti-intentionnalisation (N et H), qui comprend enfin analytique de l’intentionnalisation même (Sartre et Lacan).

Et ce qui vaut pour l’ensemble de l’acculturation généralisée (soit donc la « culture » qui passe au-delà de la culture (qui est, elle, relative à un groupe dans son langage), la culture comme acculturation généralisée qui est soudainement décuplée par l’actualisme) – c'est aussi ce qui vaut en tant qu'embrayé pour chaque arc de conscience piégé dans un moi ; non que le moi soit en aucune manière répudié, tout au contraire ; c’est parce que l’on a élaboré des mois, des personnalisations, construits à partir de l’immense universalisation, l’humanisation-humanisme qui déployé la personnalisation, que l'arc s'est approché du corps individuel, l’on peut faire surgir une telle précision de l’architecture créée, en tant que le sujet n’est plus le sujet universel mais le sujet singulier formel (ce que le sujet comme dieu, pensée, christ ou sujet cartésien ou idéaliste allemand, fut toujours ; il vient à sa non plus vérité mais à son réel brut : un corps arc-bouté, ayant booté sur le réel, pris dans la vérité en tant non pas vérité idéale ou ,modèle de religiosité, mais en tant que vérité par le réel).

Mais le moi, dont tout, toute la forclusion naturelle qui ramène le corps à un donné bêtement là (ce qui veut dire bien pire qu’un animal qui n’est jamais « bêtement » là, il est absolument là), ce moi  dont tous les pouvoirs veulent nous convaincre qu’il est notre horizon dernier,puisque les pouvoirs nous observent de l'extérieur et nous prononcent, nous nomment, est un piège ; ça n’est pas là que l’on existe. Il y a une seconde vision, deuxième regard : dans le moi lui-même, le moi qui a un corps et qui voudrait que ce corps soit beau, aimable, adoré, adorable, imagé cent mille fois par jour dans la médiasphère (cad dans le regard embouti dans le monde), mais qui ne peut exister que si il prend le Pas, le pas gagné, sur toute la réalité ; de où trouvera-t-il cette possibilité ?

Non d’une intervention extérieure, dieu au plus haut, ou une quelconque secte ou interprétation qui au contraire de dieu qui transforme, sectes qui transmutent en choses bizarres, mais  moi qui se tient de ce que cette vision Autre est déjà, absolument, depuis toujours, la sienne, et qu’il ne le savait pas.  Et qu’elle est cohérente ; elle marche avec tous les autres, pas tous les autres idéaux et parfaits, mais les Autres tels que l’occidentalisation a pu créer, élaborer, architecturer le décuplement, le décuplement ; il n’y a pas de saints ou de perfections mais d’éprouvantes et éprouvées machines-sujets, parfois terrifiantes et se rendant horribles (puisqu’il s’agit de passer outre le moi, tout comme les grecs passent outre le langage et le groupe), et quasi toujours étranges, en plus, qui purent prendre l’aspect idéal, sortes de Robespierre esthétiques, éthiques, politiques, idéels, accrochant non ce qui est (et toute formulation du monde comme pouvoir, comme ordre, comme sens prévu, ou commun) mais approchant ce qui Ex-siste ; on peut se renouveler intégralement et continuellement depuis et par l’occidentalisation ; il en Ex-siste à foison, il Ex-siste quantité de sujets Autres.  

Les sujets de l’occidentalisation ont amené au plus proche, dans le monde, sur leur corps, la structure (au lieu de la situer tout là-haut, au-delà ou installée comme groupe humain dans son langage et son monde perçu cyclique, magique, révélateur) et fabriquent des possibilités de structure, et de structure de conscience, de structure du regard même ; non de voir ceci ou cela, mais qui entrent et modifient le regard même ; adossés donc au rien, au néant, (qui n’a aucune importance) puisque antérieurement au miroir il n’est rien du tout, c’est le Bord du monde et du corps qui augmente son attention et produit, invente, crée l’anfractuosité, en tant que dans l’acte, dans le présent doit se produire la possibilité.

Il est ainsi incohérent de prétendre que le réel n’a pas de sens ; il est le sens. Il n’a pas de sens ni d’ordre en cela qu’aucun ordre ou sens ne le précèdent ni ne le surdéterminent ; mais il est sens en ceci qu’un  présent est fait pour que l’on s’en serve et qu’alors le présent est livré à la décision des structures. C’est ce rapport qui est attendu dans le réel par les trajets et les tracés des sujets et par lesquels on approche du Bord.

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Positionnement du réel

15 Août 2017, 09:18am

Publié par pascal doyelle

Mais auparavant saisie de l’historicité depuis dieu et le christ et les grecs.

On a donc découvert autour de la méditerranée (ce qui dura quand même plusieurs siècles, patients, voire un millénaire ou plus) qu’il existait une structure antérieure à toute représentation. Ce qui peut se traduire par : puisque autour du bassin il est une telle réunion de peuples et de cultures et un tel mélange, il émerge deux instances (instanciations) qui régularisent notre situation dispersée ; à savoir qu’il existe un monde et un seul (et non une pluralité de mondes séparés les uns des autres et valant certes mais chacun pour lui-même, avec son langage, son groupe qui se mythologise, écrit sa propre histoire et perçoit le monde selon ses échanges et ses esthétiques ritualisés, etc ; l’ensemble des peuples et civilisations déployant ce que l’on nomme culture, tandis que ce qui commence par la méditerranée, ce qui est quand même schématique mais bon, avec la méditerranée débute l’acculturation généralisée, comme on a vu cent fois), et qu’il existe, pour chacun, son propre corps.

Il est certain que par exemple l’islam comme originellement le judaïsme, permettent d’instruire (au sens de lancer des instructions, des informations dans la perception, le corps l’imagination, le vécu et langage etc) cette irruption de la structure et en tant que Collectif, comme communauté de second niveau, autrement architecturée ; la communauté n’y est pas une communauté fondée par ex sur la même perception du même monde, mais sur l’interruption que le Un tout-autre fait subir à toute humanisation et recadrant intégralement la réalité et les corps. Mais il est aussi assez clair que le christianisme occupe une place tellement singulière que l’on ne peut pas le passer sous silence, autant le dire. En ceci qu’il est question du corps et que, peu importe votre communauté, chacun, chaque individu est ce corps qu’il est ; et que donc est dressé, au sens propre et figuré, le corps du christique (on dit « le christique » en ceci que l’on entend, quand même, séparé le christique lui-même de l’église, de l’institution, qui est, elle, comme toute et n’importe quelle institution humaine, plus ou moins accaparée par ses propres nécessités ; se constituer, se maintenir, se développer, etc, ce qui ne va jamais sans mal).

Or cependant le christique, tellement étrangement, si il pré-voit la communauté, le Saint-Esprit, interpose bruyamment, l’individualité ; il ne fait plus corps avec le groupe, il fait corps-tout-seul, de l’un-tout-seul du christ, l’exemplarité même dans ce re-tournement qui assume le un, la division. Raison pour laquelle, sans doute, la pensée grecque sera relancée intégralement, et longuement et corps-tout-seul sur lequel tout arc de conscience tiendra, au moins, une certitude ; qu’il existe. Parce que le corps est réellement tout-seul.

Précédemment pourtant il y eut évidemment les grecs qui, eux, éberlués, devant leur propre grandeur et audace, créèrent le monde… Cad que par les grecs il n’y a pas que des corps (et isl ne parviennent pas entrer dans la structure du corps, il faut l'in-fini du christique dans-un-corps), mais il y a le monde tel que donné « là » (à savoir à la fois comme donné, monde, réalité, détermination, et comme « là » de tout donné, de tout monde, et qu’ils nomment « l’être », entendant tpar là la construction d’une super détermination qui les, censément, penserait toutes les déterminations).

Il est évidemment, mais comment et pourquoi est-ce évident, que le christianisme (tout comme en partie le judaïsme et l’islam) a pu reprendre intégralement la pensée grecque, intégralement, totalement (et bien que le sommet absolu des systèmes grecs soit néoplatonicien). Il est clair et plus encore qu’instancier l’activisme de la structure en scindant littéralement le corps-même de chacun, de chaque un, chaque unité individuelle, est une folie absolument insoutenable ; mais le réel est insoutenable, le réel ne plaisante pas du tout, le réel est la dureté telle quelle et insupportable, par quiconque, délivré des groupes soit dans la communauté guidée par le Un tout-autre qui s'interpose, soit dans le le un-tout-seul, délivré du monde mais livré au monde sans protection.

Certes tous les corps étaient, alors, convoqués un par un mais à l’imitation du christ. Ce qui veut dire qu’il est, évidemment, le seul corps qui ait survécu à la mort (excepté Marie) ; parce qu’il force tout converti à se considérer comme par-delà la mort, de se tenir d’un point absolument et formellement externe à tout, extérieur à son propre vécu, son propre corps, et hors du monde ; bref à se tenir sur le Bord. Mais pareillement les grecs pour penser le monde, et même de seulement prononcer ce mot, cette désignation de « l’être », pour réaliser cette performance, les grecs eux-mêmes énonçaient le monde à partir du Bord ; de même la Vérité ; si on annonce que l’on va préciser la vérité c’est que l’on est en –dehors ; en dehors non pas pour moins de vérité, mais précisément à l’inverse en tant que l’on est-déjà dans la sur-vérité.

Cela veut dire que ce qui s’est créé ce ne sont pas seulement le corps et le monde, mais cela même qui tient dans son intentionnalisation et le monde et le corps, et l'être et le divin. Et intentionnalisation qui n’est relative ni au monde, ni au corps, mais à cette structure antérieure, de laquelle on perçoit, désire, veut, intentionnalise.

La possibilité du réel

On parle bien ici de la structure antérieure à tout ce qui est ; antérieure à l’être et à l’individu. C’est l’articulation antérieure à tout qui commence alors de se montrer. Mais il s’agit de la structure antérieure à ce monde et à ce corps ; structure, formelle donc, et absolument contigüe à l’un comme à l’autre. Si l’on se pose la question ; comment un réel et une structure, déterminés, peuvent-ils être autres que la réalité et le monde, déterminés, c’est que l’on ne voit pas que la forme de la réalité et de notre être n’est pas déterminée.  Elle est formelle, elle entoure la réalité, ou pour mieux dire elle précède la réalité.

Nous nous sommes ainsi avancés (par dieu, par l'être, par le sujet) dans la structure antérieure à toute réalité, tout monde, tout monde humain, toute représentation, tout langage, tout corps. C’est de là que nous parlons, pensons, imaginons, désirons, et de manière générale de là, de ce Bord précédant, que nous intentionnalisons. Il est clair que ce Bord est un mouvement, un rapport, un possible. Il avait raison, 'nous ne sommes pas au monde' (R). Et si il n’est pas deux réalités mais une seule c’est que le réel est la Forme de la réalité et ce qui existe réellement, c’est cette forme, la structure ; l’être, lui, est l’ensemble des effets de l’exister, et l’exister est et n’est que le présent (bien que l’on ne sache pas si le présent avance plus loin ou si il n’est que le présent tel quel).

C’est pour cela que tout passe, excepté la forme, le présent. Qu’il y ait simplement un présent ou que ce présent soit une dimension est une question infinie. Littéralement (l'infini est ici même et il n'est pas ce que l'on a l'habitude de se figurer, de manière générale le "réel" est l'infini du néant, l'infini de l'être, l'infini de l'exister de l'être et "cela qui se crée dans le présent" soit donc tout cela ; le devenir, le possible des  infinités même, pluriellement dépliée : le 'réel' accumule tout, tout le possible ; le présent est, pour nous, autant que l'on sache, le moyen des infinités, il en est peut-être d'autres, peut-être également une infinité de moyens). Mais même que le présent soit simplement le présent ne signifie qu’il soit relatif ; c’est tout le reste qui est relatif au présent. Le présent n’est pas alors un vague résultat dont on est si habitué mais il est l’origine même. L’origine toujours constamment présente. Celle qui ne quitte pas et dont on ne s’écarte jamais. Il est antérieur à tout.

On ne sait rien de ce présent, et encore moins si il est une dimension (en vérité si il est une dimension, il est la dimension), mais cela n’entame en aucune manière la puissance absolue de son structurel ; puissance absolue en ceci qu’étant formel, cad sans aucune détermination, il est seul comme tel ; ce qui n’est pas composé est indécomposable ni composable et exclut d'être double ou triple, mais étant formel il rend possible toutes les déterminations que l'on veut, qui puissent être. Et d’autre part si il est l’exister, il est « ce qui propose que tout, cad le possible, soit ». Autrement dit il est le Possible lui-même. Il est « ce qui rend possible qu’il y ait une réalité » ; sans réalité, sans détermination, nous serions plutôt embêtés ; rien n’existerait et si le Un, cad la forme, était déterminé on se retrouverait comme à l’habitude dans l’impossibilité de comprendre qu’il puisse être de la détermination double, d’un côté (le réel, le présent) et de l’autre (la réalité, le monde) ; on sait bien comme cela est absurde.

C’est absurde sauf dans l’hypothèse de dieu ; puisqu’alors il est une intentionnalité (et non un Etre déterminé) qui envoie, lance la réalité ; une intentionnalité est une forme (un arc de conscience, une structure est intentionnellement, cad n’est pas en soi déterminé mais joue de toutes les déterminations disponibles ; ainsi le langage est un ensemble, évidemment systémique, sinon systématique, de rapports ; les mots ne sont pas ‘en-soi’ mais des rapports, et systémique bien que demeurant ouvert puisque telle est la fonction du langage, systémique de retisser des rapports et lorsque le groupe cesse sa contrainte, chacun est potentiellement en capacité de relier le monde et son propre corps, ce qui ne manque pas de poser problèmes, pour le moi). Il n’est absolument parlant rien qui s’oppose à ce que l’on présente le présent comme étant l’interruption intentionnelle de dieu ; on a vu déjà que le dieu judaïque est une telle capacité Autre qui entend modifier, interrompre l’humain, refonder sa création par une nouvelle intentionnalisation ; de même le christ est un renouvellement qui relance intégralement toute la réalité. Ici on ne peut pas « croire » mais on peut admettre, absolument parlant, une telle hyper-structure ; on ne peut néanmoins pas tabler sur cette intervention, puisque cela, par a priori, nous empêcherait de comprendre ; de nous introduire plus avant ; et rompre cela même pour quoi nous sommes faits ; avancer dans la structure antérieure à tout ce qui est.

Mais de ceci on comprendra que l’on ne peut utiliser cette progression pour nier  ou affirmer dieu, le christ ou toute Altérité ; puisqu’à tout le moins il est absolument clair que nous ne coïncidons pas ; nous ne sommes ce que nous sommes (nous ne sommes pas de l’ordre de l’être, mais de l’exister, et de toute manière tout l’être lui-même , ici, est relatif à la seule instanciation qui existe ; le présent).

Ce qui revient à dire ; en aucune manière on ne peut exclure les apparents ‘illusionnismes’ des religions, mystiques ou éthiques ou esthétiques profondes (cad toutes les esthétiques) qui sont amenées par leur effort suréminent à discerner le réel et la réalité ; ne serait-ce que puisque le réel est formel, il est extrêmement difficile de le saisir (on le ramène constamment au monde, à la détermination, serait-ce sous la formulation de la représentation ou des signe sou du langage), et que tous les efforts sont appelés, mobilisés ; et en vérité on ne fait que cela, tous les arcs de conscience, les structures, et les mois eux-mêmes (qui veulent tellement résoudre l'équation impossible qu'ils existent), les structures donc étant structurellement, ,antérieurement arcboutées au seul réel (à l’exister pur et brut tel que « là ») prononcent, signent, signifient le Un absolument Autre sinon comme dieu ou absolu en tous les cas comme logique de leur être. Il n’y a pas le choix, non par contrainte mais parce que le réel est originellement antérieur et « cela même qui autorise qu’il y ait (quoi que ce soit)».

Ou donc ; toutes les pratiques (ce sont toujours de fondamentaux activismes, activistes ou réactionnaires) ne peuvent pas se catégoriser comme objectives mais hyper-objectives ; on ne peut pas entrer dans l’agissement généralisé (le présent est purement Acte) sans atteindre ou attendre la cohérence de cet activisme (le moi attend le Tomber-amoureux pour rechercher l'activisme de son corps-autre, transfiguré par l'autre) ; la cohérence de cet activisme (activiste ou réactionnaire) quel qu’il soit ;  les pires sectes, qui ne s’animent nullement de l’architecture structurelle, obéissent à la détermination de leur fantasmes, lesquels sont néanmoins des attentes dérisoires et disparaissantes, mais les plus hautes connaissent et reconnaissent, manifestement, la suréminence de la forme sur les contenus et examinent, enquêtent, observent, déploient, déroulent le pli dans le Pli, l’arc dans le présent, la structure dans le réel, lors même qu’il serait saisi comme éternité ; l’éternité étant, puisqu’elle centralise tout, la forme même de notre volonté ; vouloir tout ici et maintenant en une fois ; ce qui est l’acte même du présent et dont on ne peut pas dire qu’il ne soit pas, éventuellement, peut-être et par exemple mais cela n’est pas clos, une vision kaléidoscopique de l’éternité, ou du non-temps, d’une autre face, autre logique, assumant la DImension au plus loin, même excessif ; le réel est excessif, un extrémisme effroyablement difficile ; que croit-on que le réel puisse être sinon absolument un excès ? Ceci pour les croyants, qu’ils puissent, peut-être, trouver ici et maintenant, dans, si l’on peut dire, le plus simple appareil (le présent), la voie interne du réel tel quel ; la voie en ce cas est l’ici-même, le présent est l’acte « Exister », et cet acte est non immanent, le présent est non immanent, l’immanent est dans l’exister transcendant qu’est le présent.   

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L’historicité, le retournement de tout

12 Août 2017, 07:59am

Publié par pascal doyelle

On a cru découvrir la pensée (les grecs) mais peu à peu il fallut rétrograder ou rétrocéder, apparemment ; on en est passé à la structure du sujet (Descartes, Kant, les idéalistes allemands, Hegel, Husserl) et comme ça ne suffisait pas dans la remontée de la structure il fallut Nietzsche et Heidegger pour retourner encore plus antérieurement, et ils le savaient tellement qu’ils prétendirent ébranler ou mettre à bas tout l’édifice ;

mais Sartre et Lacan clouent le spectacle en entrant dans l’analyse de « cela » qui précède toutes les réalisations humaines (le sujet de structure ; la « conscience » sartrienne et le sujet lacanien très distordu) ; ils entrent dans l’analyse très pointue de la structure de notre être (qui n’est pas une essence, une chose, un donné là et ça n’est pas seulement que le cerveau est la chose la plus complexe que l’on connaisse, c’est que l’acte de « prendre conscience » est en lui-même un réel excessivement retors, distordu, relié, replacé sans cesse à partir d’un exister très difficilement accessible et pourtant celui-là même que nous vivons tous les jours ; pour cela Sartre et Lacan sont au plus près de la vie, de l'existence ; ils avancent dans la réalité, le vécu et le corps, et ça n’est pas en désarçonnant l’acte de conscience, qui se révèle tout à fait autrement et pour la première fois clair et net).

Certains lisent ce parcours comme un abandon (de la métaphysique de jadis), mais en vérité il faut admettre tous ces parcours comme une avancée dans la forme intime du réel ; on n’a pas déchu, on a progressé absolument dans ce regard, cette attention, cette volonté, ce désir,  dans ce miroir lui-même qui précède tous les mondes humains, les vécus, les corps, les pensées et représentations. On a avancé « comme à rebours » en remontant vers, dans, par la structure du réel tel que celui-ci se donne à nous ici même (en chaque ici même, chaque ici et maintenant ; la thèse en ce qui m’occupe est que le réel est strictement le présent seul comme origine de tout ce qui est ; le monde n’a pas pour résultat ce « présent » très bête, mais le présent est la forge qui produit tout ce qui est).
En gros on n’a pas pensé le sujet comme prélude ou prédisposition vite envisagée ou simple prolégomène, non universel et non universalisable, ou repli par défaut (faute de n’avoir pas pu conduire le savoir universel on inventorie le donné là qui prédispose dans le particulier ou l’illusion égotiste), mais à l’inverse il faut saisir que l’on a pensé le sujet comme originant toute pensée, représentation, images, vécus, corps, sociétés humaines, et on a pensé cet être étrange qu’est le sujet tel quel, en lui-même.

Ce sont les deux manières de prendre Kant par ex ; soit on retient qu’il marque l’échec de la métaphysique, et voila tout, soit on insiste de ce qu’il voulût, explicitement, élaborer toute la structure de notre être-au-monde et qu’il entendait, de cette philosophie de second niveau (critique) tenir une science (comme on disait alors).

Si il est un « sujet » antérieur à toute représentation on est entré depuis que Descartes dissout la pensée et dé-couvre cet être instantanément « là », on est entré dans, sur, par le Bord du monde, tandis que précédemment on pensait à partir de ce Bord (les grecs nommaient cela « l’être », il y avait le donné là, pour la première fois le « donné là du monde », unique - auparavant existait tel ou tel monde - et d’autre part le « là » du donné, de tout donné, nommément l’être). Et quand bien même ce sujet parait naitre après, en seconde part, il est antérieur ontologiquement et ce pour la raison que ce « sujet » n’est pas le moi, une identité ou une subjectivité, mais une structure ; et que l’on remonte à partir des productions de cette structure vers la forme elle-même et la forme n’a aucun contenu ; laquelle n’est pas née de l’universel mais au contraire cette structure a produit l’universel lorsque cette structure s’est extraite avec force du langage, du commun lui-même, du groupe, des mondes représentatifs, cycliques, et puisant dans l’empirie, le donné là sous l’égide du « là » du donné (de la position de l’être). Et c’est au travers de la pensée en jugeant de l’insuffisance de l’universel que se fait met au jour que cette structure existe ci-devant, comme une telle structure-sujet, qui ne se tient pas aux vérités énoncées, à la façon de Badiou, mais qui tient à l’articulation qu’elle lance sur le réel.  Arc structurel-réel, articulation qui contient ce qui se donnait comme pensée-réalité.

Descartes étend donc la réflexivité ; la réflexivité, pas la pensée (et donc alors la pensée reçoit ou devrait recevoir une autre solution ; Kant prévoira le criticisme, comme nouvelle science, et Hegel la dialectique, cad la phénoménologie générale qui contient le vécu et le savoir, en réarticulant constamment les actes de conscience, de la négativité). Ce qui se prête comme étendue par Descartes, reviendra à l’être-là tel l’en-soi sartrien, ou la chose en soi kantienne, et ce qui sera examiné ce sera très précisément (mais non encore suffisamment) le réel effectif (la durée bergsonienne, le réel lacanien, etc) ; l’ensemble de ces schémas qui se doublent de l’ensemble des schémas qui analysent notre structure, rassemblent les possibilités de compréhension de ce que chaque je est existant sur l’étendue de la réalité, sur la réalité comme étendue (et temporalité). Mais au fondement de l’espace et du temps, il n’existe qu’un seul point ; que tout l’ensemble soit chaque point d’exister.

Il s’agit donc d’avancer dans la structure de ce « sujet » (qui n’est pas un moi ou une subjectivité ou un corps-langage psy ou un prolétaire-histoire marxiste) et c’est ce à quoi on s’emploie depuis Descartes. Il faut avancer là où il n’y a pas de mots, d’images, de signes, d’indications de quoi que ce soit ; raison pour laquelle des tas de pensées sont incompréhensibles (mais Plotin ou st thomas ne l’étaient pas moins). Personne ne complique le réel à plaisir c’est le réel qui est compliqué et même plus que compliqué (qui se tiendrait là au-devant comme un objet complexe) et qu'il faut qualifier de distordu ; en ceci que notre être est en question dans le problème certes mais parce qu'il est un re-pli, autre que lui-même, autre que tout, et que bien plus loin encore le réel est un problème pour le réel lui-même et il faut voir là que précisément le réel se donne comme étant le présent et que l’on ignore. Et donc tout, tout ce qui est, là, maintenant, ignore, totalement, ce que veut, peut, attend, réalise, produit le présent… On ne sait pas où cela va et personne ni rien, nulle part, ne sait où cela avance (sinon dieu mais on ne peut pas intégrer ce qui n’est pas ici et maintenant présent et qui existe-ailleurs-peut-être : on ne peut pas entrer dans la foi et la croyance). Il y a donc, de cet ici même, une étrangeté structurelle du réel (et du monde, du vécu, du corps).

Dans le cœur de cette étrangeté qui est néanmoins structurelle (ce qui veut dire que le réel est étrange et non pas un être donné là bêtement ; le subjectif, l’inquiétude subjective n’est en vérité pas subjective du tout mais effectivement le réel même ; c’est objectivement ou donc hyper objectivement que le réel est Autre, et hyper objectivement puisqu’il s’agit de passer outre la simple constatation qu’une réalité il y a, et qu'au contraire il y a un réel en plus de la réalité,  tel qu’hyper-objectivement cela s’impose ; le réel/réalité est une structure, un mouvement, un rapport)

dans le cœur de cette étrangeté, donc, il est deux faits majeurs ; que l’on ne veut pas ce que l’on dit (ce que l’on dit que l’on veut) et que notre être est déposé « là » dans le réel. Ce qui parait vraiment l’antithèse de l’unité de l’être, ou de l’unification de l’être ; à savoir d’une part que le donné puisse se penser en une fois de telle sorte que ce qui est soit égal et également en notre pensée (au lieu de quoi l’être réel et la volonté réelle sont Autres, selon la Volonté de N et selon l’Etre de H) et d’autre part que notre activité, de conscience, soit en mesure d’unifier tout le donné et de faire sens ; puisque notre intentionnalisation (qui se regroupe, théoriquement, sur une notion, un concept, une idée, un être suréminent, une autre-intentionnalité (dieu, qui lui répond) cette intentionnalisation ne peut pas se clore sur un contenu (il faut ainsi penser, élaborer cette non clôture de notre-être/de la réalité/du réel) ; on ne peut pas trouver l’idée de l’être qui soit telle qu’elle s’impose unanimement à quiconque (pour la raison que la réalité n’est pas de l’ordre de la cohérence intellectuelle, intellective, et de par ce fait majeur et à vrai dire fondamental ; que le réel est en cours, il est ce présent qui ne sait pas « où » il va) et que donc si il n’est pas une unité de l’être ou une unification de l’être, c’est qu’il existe une autre sorte de cohérence ; remarquons que l’on ne baisse pas les bras, Nietzsche ou Heidegger ne baissent pas les bras ; ils avancent une unification et donc une cohérence qui n’est juste pas la cohérence de la pensée, de la pensée raison-universelle-humaniste ; autrement dit présenter l’Etre (Heidegger) ou la Volonté (Nietzsche), c’est contourner que l’intentionnalisation (humaine) ait un Sens ou un Ordre, et ce parce que … ça n’est pas l’intentionnalisation (ordonnée ou sensée) qui mène le jeu.

Le plus incompréhensible dans cette histoire c’est que malgré qu’ils imposent l’anti-intentionnalisation, c’est par l’intentionnalisation … D’où la difficulté technique pour ces deux là de proposer « ce qui doit être fait », de proposer une éthique ontologique (non pas une morale mais une éthique qui va chercher bien plus loin, dans l’épaisseur de la réalité, du réel, de l’être, sa consistance), parce que ce serait avouer qu'eux-mêmes se fondent sur une intentionnalisation. D’un type particulier et que donc effectivement on ne peut pas ne pas supposer la liberté et on ne peut pas annihiler la logique d’une cohérence, serait-elle Autre.

Mais en même temps ils ont raison de présupposer que le monde, la réalité, l’univers est Autre. Pare qu’il est Autre. Et ils ont raison de penser être en mesure de rivaliser, d’amener l’altérité en nous afin que l’on soit commensurable à l’altérité du donné a-humain, sans Ordre et sans Sens (présupposés jadis). De sorte qu’il faut en conclure que d’une part il est une cohérence mais elle est tout à fait différente de celle de l’ordre et du sens, et d’autre part il est vrai que nous sommes libres mais c’est très difficile, très impitoyable et tout à fait différent de ce que l’on a pu en penser.

Lorsque l’on croyait que l’universel résolvait la réalité, cohérence et liberté étaient identiques (et bien que l'idée de liberté ayant à se soumettre à l'universel et à la raison pour tout horizon n'était guère compréhensible ; que toute liberté admette l'universel, oui, mais qu'elle se poursuive en plus et au-delà de l'universel, Kant s'en approche et Sartre s'y épuise) ; mais on a imposé l’Etat et donc la possibilité pour chacun de se conduire lui-même, supposément en raison. Or ça n’est pas tout à fait ce qui s’est passé ; chacun s’est conduit, oui, mais selon la liberté et non selon sa raison seulement. Et par liberté on n’entend pas seulement la fantaisie, ou le "libre" jeu des désirs, mais réellement une structure ouverte à tous vents.  Parce que la liberté est une structure bien plus grande, plus étendue que la raison ; le seul qui ait investigué sur la liberté telle quelle, sans rien d ‘autre, c’est Sartre. Les pensées antérieures à la révolution régulaient la liberté par l’universel prochain ; une fois installée (par l’Etat et le statut de citoyen qui est aussi l’affirmation de toute l’acculturation humaniste des siècles antérieurs) installée dans l’historicité la liberté est lâchée et chacun commence de se réfléchir, plus loin que l’universel.

Jusques et y compris en niant l’universel ; ce qui est stupide parce que la liberté pense plus loin mais sous condition de conserver l’universel, sinon elle s’effondre (dans l’immédiateté et la facilité et croit vrai ou réel ou sensé ou ordonné des fantasmes, des réalités imaginées, montées en épingle ; la structure de conscience confère à des images des pouvoirs, de la « puissance » qui n’a pas lieu du tout, qui appartient à la structure non aux images ; de manière générale ce qui est acquis réflexivement, doit se préserver et se reprendre ; on ne peut pas délaisser l'universel ou abandonner Platon ; c'est impossible).

Sartre a pensé la liberté, certes, mais a commencé de penser la liberté ; parce que si la liberté est beaucoup plus étendue que la raison, c’est que par là on met en jeu notre être de façon extrêmement plus précise et actualisée ; en gros on peut juger immédiatement de tout. Au lieu que par la raison, il fallait réfléchir longtemps pour établir quoi que ce soit ; et encore était-ce douteux, toujours, de là que l’on se soit converti, tous, au libre même, et rien que le libre (au point donc de nier l’universel, ce qui nous tue). De là également que Nietzsche et Heidegger croient, à fond, détenir une sorte d’hyper déploiement de notre être ; même en niant la « liberté » ; peu importe le qualificatif, puisque de toute manière ils entendent « liberté » comme idéologie de l’universel, et non pas tentent de cumuler l'universel et le libre structurel, cad comme structure active et réfléchie certes, mais qui crée … et  ils lui substituent telle ou telle représentation ou présentation, qui est censée développer une presque semblable structure mais qui part dans le décor.

Ce qu’il faut c’est non pas créer (comme toute liberté structurelle en est capable) une « vision » (nietzschéenne ou heideggérienne) mais analyser cette structure, d’abord, et c’est ce que Sartre et Lacan lancent, propulsent, imposent. Ils analysent le réel de cette structure, qui est en plus de l’universel oui mais compte tenu de l’universel.

Et tout le reste en un sens s’effondre mais en réalité est restructuré à partir des acquis  ; Nietzsche ou Kant ou Platon  valent, et absolument, mais dans et par le cercle structurel dégagé par Sartre et Lacan ; autrement dit les autres sont sans force si l’arc de conscience sartrien ou l’anti-conscience lacanienne ne sont pas intégrés. Sartre n’annule pas Descartes ou Platon ; c’est juste que Platon et Descartes se sont bien trop rapidement avancés, juchés sur la structure, bien trop loin et en une fois ; il fallût revenir sur l’acquis ; retravailler et creuser plus antérieurement, et bien sur, depuis Descartes-Kant-Hegel-Husserl, si Sartre et Lacan s’y attachent c’est que ce retour sur cet être, qui s’est avancé trop vite, ce retour fut préparé par toutes les explorations précédentes.

En avançant il faut voir que Platon ou Descartes en même temps ne pouvaient pas ne pas re-venir sur la structure (Platon commence de vouloir expliciter le Bien comme Idée méta-organisatrice, jusque Plotin qui se produit fondamentalement au dedans de la procession du Un, on cherchera à découper dieu ou son discours et plus encore à être saisi, mystiquement, du dedans du Fond antérieur, maitre Eckhart ; cette mystique est une analyse fondamentale, hyper objective) ; la butée majeure est cartésienne, mais aussitôt Kant et Hegel, Husserl et à leur manière Nietzsche et Heidegger (qui ne sont absolument pas fantaisistes même si ils mènent une « vision » plutôt discutable, et profondément ambigüe, c’est le moins que l’on puisse dire) et enfin Sartre et Lacan continuent la re-prise du même être, du même être c'est-à-dire de la même structure.  

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L’orientation du miroir

5 Août 2017, 09:49am

Publié par pascal doyelle

Il faut donc clarifier la perception structurelle que l’on a, depuis toujours, du réel.

On a extrait un mécanisme très bizarre de tout contenu, mécanisme qui jusqu’alors créait les mondes humains, tous un par un, séparément, dotés de leur langage, perception, parole échangée entre tous, échanges ritualisés dans la parole et le sens, perception entremêlée de langage, corps marqué par le groupe et telle ou telle identité, les oiseux parlaient au fleuve et le sacré et le profane étalonnaient la réalité et le vécu, et le tout se préservait de toute atteinte, le langage ce trésor commun, et le temps s’enroulait selon les cycles revenant incessamment.

mais le mécanisme est autre que tous ces mondes, alors ayant acquis son indépendance, sa distance elle-même (ce par quoi précisément il se permettait de représenter des mondes), s'en ait pris au monde même, au donné tel que là, et au corps tel quel.

On a extrait le mécanisme plus qu'étrange. Au début on ne s’en rend pas vraiment compte ; mais on interrompt très violemment, métaphysiquement et ontologiquement, la réalité par l’irruption de dieu, de la pensée, du corps christique, du sujet et puis, pour nous, de l’altérité (que cet univers est horriblement Autre, que le réel n’est pas l’intention qu’on lui porte).

On a extrait le mécanisme bizarre et ce mécanisme n’ayant pas de représentation dans le monde, on épuise toutes les possibilités ; on invente l’historicité ; que l’extraction du mécanisme de conscience pure et brute, très brute, aussi brutale qu’est violent l’univers, que cette extraction aboutisse à une production incessante de représentations, d’acculturations, mais de telle sorte que ce qui fut extrait et déployé se conserve et s’accumule ; on ne renie rien des grecs, des juifs, des monothéistes mais pas plus des hindous, du christique, d’Aristote ou de Descartes ou de Kant, de la révolution ou de la théorie des quantas ou des soufis.

Parce que la certitude n’est nullement dans tel ou tel contenu mais dans le mouvement et dans le mouvement parce que ce qui fut extrait, isolé, délimité, détouré n’est pas une idée, un système, un contenu intentionnel, mais le procédé d’intentionnalisation lui-même ; les idées, grecques, sont des intentionnalisations qui reposent sur l’actualité de leur déploiement (on doit comprendre pour avancer, intégrer sans cesse de nouvelles intentionnalités dûment énoncées, effectivement perceptibles et réinstaurées par chaque arc de conscience dans son actualisme même).

Saisissant bien ce que Descartes, Kant et les idéalistes allemands, Hegel et puis ensuite Husserl manifestent, ça n’est absolument plus un contenu métaphysique mais l’attention scrupuleuse portée sur l‘intentionnalisation même ; Hegel ne rassemble pas seulement la phénoménologie de l’esprit du devenir de l’activité négatrice de la conscience, il rassemble tout autant l’activité d’intentionnalisation à propos de toute idée, de tout système et le savoir absolu (si il se prétend comme savoir réel) est le savoir de toutes les activités de la conscience dans le concept, cad la signifiance, qu’elle se forme du donné là et d’elle-même dans ce donné là.

L’occident c’est donc grandement trompé sur l’interprétation qu’il eut de sa propre pratique ; l’exhibition de la Vérité, sa montée en épingle tenue là au-devant, comme une fin en soi, était en fait, dans la structure, dans la motivation recherchée, un symptôme, un prétexte, non afin de définir un contenu super-vrai, mais afin de présenter, d’élaborer, d’architecturer le mécanisme découvert et extrait et déployé depuis la méditerranée, et pensées et idées, systèmes et estéhtiques, éthqiues et soudaines religions de la forme pure (dieu ou le christique) apportent dans le monde donné là unique l'unicité de la Même Structure en arc pointée au-devant de soi, gorgée d'altérité pure et brute ;

raison pour laquelle ce mécanisme revient autant aux juifs qu’aux musulmans, aux sectes et aux gnoses, aux esthétiques qui prennent leur indépendance (hors du groupe et du rituel et du cyclique) tout comme les éthiques, les politiques, les idées de connaissance etc. L’arc structurel n’appartient pas à la philosophie, la philosophie est la discipline qui se charge de montrer « cela qui agit » et se charge d’exprimer l’articulation au monde donné « là » qui s’est sorti de tout monde particulier et évidemment aboutit au monde universel et unique donné « là ». De même qu’en ce corps récupérant par ce moyen une surface-autre sur laquelle chaque-un peut inscrire les signes que ce chaque-un découvre dans le monde, dans son vécu, par son corps dans l'actualité du présent qui échappe à tout groupe et langage. Ouvrant fondamentalement le donné à son expérimentation, sans plus d’intermédiaire du groupe faisant office de vérité, et donc déblayant que là-devant il y ait une véridicité de l’activisme que chaque un ne manquera pas de créer. Il y eut profusion de l'expérimentation.

La mise en avant du mécanisme s’est effectuée en ayant dans la visibilité dieu, la pensée, le christique, le sujet, l’altérité ; rappelons que l’altérité c’est bien sur les pensées de l’altérité, les anti-intentionnelles philosophies (Nietzsche, Heidegger, ou analytiques anglo-saxonnes) mais aussi les sciences, le rationalisme, l’humanisme abstrait, qui localisent dans le monde toute la réalité certes, mais aussi partent du principe que tout est là, excluant qu’il y ait un « là », une position d’altérité effectivement absolue ; on transige donc alors pour une demi altérité (la nature, le réalisme, le donné, les neurones, l'économie, etc) et on refuse de basculer dans l’altérité pure (et brute) que le réel existe et est absolument Autre ; Nietzsche et Heidegger  imposent ainsi, pour contraindre l'humanisme et le réalisme faciles, que la volonté ou l’être absorbent toute l’intensité de réel, insistant qu’il existe une intensité, et imposent une vision ontologique, voire métaphysique (reconstituée par la pensée contre la raison, de là que H ait à redéfinir la Pensée).

Que l’intentionnalité soit relative non à un contenu (serait-ce un super contenu ou un idéalisme ou une identité) mais à une structure ‘en dur’, solidement établie physiologiquement, comme tension qui sort de la cervelle vers le réel, veut dire que cette tension, quels que soient les contenus, revient parfaitement identique à elle-même, constamment. Elle plie de la sorte, peu à peu, comme une entreprise statistique, qui se trompe et s'égare peut-être au début mais qui revient au donné tel que "là", elle plie  tous les contenus (les consciences engagées en ceci ou cela) vers le réel et même les intentionnalités signifiant la matérialité, immédiate et prégnante, sont des symptômes, des signes de l’arc réel structurel. L'arc de conscience tendu vers le réel est instantanément une lame souple, qui coupera au final ce qui doit être retranché, dont les signes et la danse signera sa Possibilité. Tout est indications pour le Bord du monde. La forme est antérieure et absolue puisque formelle et non composée.

Le mécanisme est situé sur le Bord du monde ; il n’est ni hors du monde (il n'y a rien hors du monde), ni dans le monde (il serait une chose comme les autres), et donc il faut présenter qu’il est situé sur le Bord … Il est la transcendance en tant que Bord de toute l’immanence ; non pas la transcendance de cette immanence, mais toute l’immanence est selon, dans, par la transcendance. Ou donc ; il n’existe que la transcendance et en celle-ci toute l’immanence (et possiblement plusieurs immanences, peu importe pour le moment). On ne va donc pas refuser toutes les expérimentations de la transcendance qui eurent lieu, puisqu'a priori et antérieurement il n'existe que la transcendance ; il n’y a aucune raison, aucune raison, de considérer Sankara ou Jésus comme des illusionnés ou des illusionnistes ; quelque chose du Bord se dit évidemment dans l'expérience de l'extrémité parce que le réel doit être considérer non comme une normalité bien fade mais comme un extrémisme, un redoutable activisme, qui a attiré à lui cet activisme de l’arc de conscience ; en ceci l'arc est réellement le fils de son père, aussi pur et brutal qu'une lame. Lame de présent, lame de l'arc de conscience.

Il faut donc (ce qui est tout à fait rationnel) admettre toutes les expérimentations (suffisamment élaborées) comme accès à la transcendance en tant que la transcendance est non seulement déjà là, mais que tout est déjà instantanément la transcendance même. Autrement dit lorsque l’on pense le réel, on ne le pense pas adéquatement et c’est cette adéquation qui est recherchée ; non pas imposer au monde notre « raison » mais mettre à jour, updater, notre arc de conscience au « là » du donné et c’est ce « là » du donné que la philosophie, l’occidentalisation entend préciser, rigoureusement.

On s'est aperçu, en somme, que le réel (l'être, dieu, l'existence de St Thomas ou de Molla Sadra, le sujet antérieur décrit cartésiennement, la Volonté ou le pour soi sartrien) est actuellement la transcendance et qu'il faut orienter le miroir dans le sens de l'avancée du temps. Ou, ce qui revient au même, que la cohérence est effectivement ici même, ici et maintenant, et qu’un arc de conscience est à cette fin : comprendre, prendre avec soi, l’activisme même non selon tel ou tel contenu quelconque (qui est toujours symptôme ou signe de) mais de présenter dans le monde l’architecture antérieure au monde.  

Et tout ceci expliquant pourquoi dans sa volonté de résoudre ici même l’articulation de notre être au réel, nous ne sommes tombés que sur un tourment qui ne s’explicite pas du tout dans la formule étale et morne de la raison (pas plus que des mondes particuliers ou des images ou des contenus figés) et en quoi il faut impérativement avoir recours à la pensée, et non à la raison ; mais dans le même temps c’est ici même que nous décidons de nous saisir du réel, et donc poussés à y élaborer la logique de ce qui s’existe de fait tel quel ; par quoi l’on est parti à l’assaut du Bord. Depuis le début. Et comme c’est l’arc même de conscience qui est l’activisme il s’exporte instantanément au Bord de tous les mondes et s’instancie ontologiquement sur cet autre acte du présent qui origine toute possibilité. Et en quoi donc il ne s’égare pas dans la fantaisie mais tient très durement la ligne du cercle ontologique en suivant la précision de son articulé au « là », prenant bien garde de ne pas égarer la forme dans les contenus, en élaborant les tangentes et en martelant le sol du monde, du vécu, et du corps. On a pris à rebours tout ce qui est, parce que l’on se tient antérieurement.

Comprenons bien ; il se peut que « quelque réel ou être » existe ailleurs, on ne juge pas de cela, parce que nous sommes ici, et c’est dans l’ici que l’on va dénicher et creuser l’articulation ; sans préjuger de ce qui par ailleurs peut être ou non ; on va démonter ce qui est ici même et ici même on aboutit au Bord tel quel, soit donc à l’articulation arc-présent et d’autre part à l’articulation qu’est la réalité elle-même sous la forme réalité-réel, monde-présent ; le monde résultant du présent actualisant tout. Ce qui se donne comme arc de conscience, cad décalage ontologique, qui consiste en la nature même de l’être, qu’il faut aussitôt renommer en Exister (l’être ou la détermination sont seconds ; de sorte que découpler être et exister revient à éclaircir le problème ; on ne peut plus rechercher un Etre unifié, ni même unificateur, qui résulterait par ex de notre activité ; notre activité avance par plus de distinction et non pas en une synthèse, et l’être, le un, dieu, le sujet s’utilisèrent afin de décupler les distinctions et non de les réduire).

Ce qui finalise notre activité, notre activisme c’est d’élaborer une conscience en acte qui détienne le plus possible de distinctions réelles ; aussi bien dans le monde mais surtout structurellement dans l’acte même de l'arc vers, vers, par le réel pur et brut ; de n’importe quel ceci ou cela, y compris de lui-même en tant qu’acte, activisme, ce qu’opérait Hegel par ex en ses deux phénoménologies qui exposent toutes les rives et dérives de l’actualisme de la conscience, ou ce que distingue Nietzsche, puisqu’affecter notre volonté de l’Autre Volonté c’est créer dans la distance que « nous ne sommes pas ce que nous disons que nous sommes » mais référer à une intention plus grande et autre. Cette duplication interne de la surface de conscience est le positionnement ontologique et l’orientation (comme l’on dit d’un miroir) du dispositif, de la structure.

Aussi doit-on suivre point par point Plotin, Descartes ou Nietzsche ; ça n’aboutit pas à une connaissance (qui serait objectivement là comme un objet inerte) mais réoriente l’attention, le regard et vous montre votre être en tant que surface du miroir. Réoriente dans la mesure de suivre les signes disposés sur telle ou telle nouvelle cartographie du réel.

De même il faut épouser Rimbaud, ou qui vous voulez, afin de polir et diriger l’acte même qui se montre en et par Rimbaud, pareillement Descartes va amplifier la surface réfléchissante elle-même, bien avant de vous montrer les images des choses ou les choses elles-mêmes, et votre surface prendra un certain pli à la surface du présent. L‘occidentalisation poursuit tout le travail entrepris partout, toujours, et elle décide seulement d’inscrire ici et maintenant que « cela » se réalise de fait ici même, et creuse cette instantanéité, puisque si le présent est l’origine des choses et des êtres, il est partout avant toute chose. De sorte que l’on a pénétré bel et bien dans le centre nerveux du réel depuis 2500 ou 3000 ans, lorsque l’on franchit la ligne et donc de se tenir sur le Bord ; peut-être les autres grandes expérimentations saisirent-elles l’absolu tout au-delà, mais ça ne nous concerne pour l’instant pas, puisque l’on a décidé de dénicher ici même la jonction ou disjonction, le décalage et le hiatus. Et les divers nihilismes ou le défaitisme, qui nous condamnerait à l’illusionnisme, à dénigrer les possibilités quant à l’atteinte ontologique du réel, sont une facilité qui interprète le décalage de notre regard comme une simple donnée du monde ; mais le monde n’est pas simple, ni un être-là donné pauvre et immanent ; il est déjà articulé, en torsion sur son acte. De ce qu’il existe justement un présent et qu’il est l’articulation elle-même.

Et c’est l’acte qui architecture sans cesse les Moyens (les Moyens sont l'ensemble des technologies, mentales, si l'on veut, qui permettent de ré-atteindre ce que l'on a jamais quitté mais que l'on ignore encore ; l'universel par ex, l'oeuvre, la révolution) ; ce qui est bien le projet nietzschéen, et de toutes les pensées suffisantes en élaboration en fait, mais là si il ne le nomme pas tel, il le signe ; il dit que l’acte c’est Nietzsche, c’est moi-même, dit-il ; il le signe du nom de Volonté, celle que l’on n’est pas, qui n’apparait pas dans le monde ou le vécu, qui est (apparemment) anti-intentionnelle mais qui en vérité révèle réellement l’intentionnalisation ; que l’intentionnel est plus grand que ce qu’il montre, que l’arc de conscience est plus grand que le conscient ; et Sartre et Lacan n’en disconviennent absolument pas, et Heidegger qui entend nous faire précéder d’un Etre si radicalement autre que l’on ne sait toujours pas ce qu’il veut ; l’articulation de conscience est plus grande que le conscient, le je est tout à fait autre que le moi, qui peut bien se tortiller dans tous les sens (au propre ou au figuré), le moi n’y arrivera pas. Et l’on est toujours bien plus loin que « soi ».

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